Produire ou se reproduire, il faut choisir !

Depuis 1970 l’Homme vit à crédit sur la planète. Le Jour du dépassement,1er août en 2019, marquant le fait que nous avons dépassé à ce moment de 1,7 fois les ressources renouvelables de la planète, nous puisons dans le capital naturel. Il a été calculé que si le train de vie occidental se généralisait, on consommerait chaque année l’équivalent de près de 3,5 planètes. On voit ainsi se dessiner un “triangle des incompatibilités” ou trilemme, entre la préservation durable de l’environnement, le niveau de vie et la population mondiale. Deux objectifs peuvent être atteints, mais au détriment du troisième. Si la préservation durable de la Terre et de ses espèces est nécessaire pour perpétuer l’espèce humaine, elle ne pourra se faire qu’en diminuant la population ou en réduisant le niveau de consommation. Produire ou se reproduire, il faut choisir ! Compte tenu du refus de la classe globale de toute décroissance, on peut imaginer qu’une diminution drastique du niveau de vie (une division par cinq semble nécessaire) serait insupportable. C’est pourquoi la seule piste qui semble praticable est de réduire la population mondiale dans un facteur trois, revenir à 2,5 milliards de personnes. L’économie circulaire, recyclage des matières et des déchets, n’est que la bonne conscience qui permet de justifier la continuation du consumérisme à outrance. Toute production de biens a un impact écologique et l’unique façon de moins polluer est de moins consommer en étant moins nombreux. 

Une prise de conscience suivie d’actions mondiales à base de fortes incitations doit être entreprise d’urgence, notamment en Afrique, qui concentrera la moitié de l’augmentation mondiale. Certains hurleront au néocolonialisme, à l’impérialisme, à l’eugénisme, à la dictature. Mais au Niger par exemple, la natalité à plus de sept enfants par femme va doubler le nombre d’habitants d’ici 15 ans seulement, à 40 millions d’habitants et, si rien n’est fait, jusqu’à 100 millions à la fin du siècle alors que ce pays a des terres arables limitées à sa frange sud, a fortiori fragilisées par la désertification. Le président du Niger, Mahamadou Issoufou s’inquiète régulièrement de la démographie galopante et le ministère du Plan indique à juste titre que le développement du pays ne pourra se faire que si elle est jugulée, toute la croissance -fragile au demeurant- étant “mangée” par celle-ci. Il faut combattre le discours nataliste des Églises et de l’Islam : le respect de la vie ne saurait s’étendre au vivant non avenu que sont les enfants non encore conçus. Au niveau politique il faut assumer les mesures restrictives sans pour autant crier à la “dictature écologique” ; ce n’est pas la liberté des gens qui est atteinte, mais leurs habitudes et modes de pensée dans le rapport à l’avenir qu’exprime le fait d’avoir des enfants. Il s’agit de le faire évoluer par une prise de conscience pour répondre à l’urgence. Au-delà de mesures de moyen-terme tel que l’éducation à la contraception, la scolarisation et l’éducation des jeunes filles, telles qu’Emmanuel Macron en a rappelé l’importance pour l’Afrique au sommet du G7 de Hambourg en 2017, la politique de l’enfant unique doit être réentreprise en ayant prouvé son efficacité pour limiter les naissances. Il est essentiel que cette politique ne s’applique pas qu’aux pays en développement dans la mesure où la question de la surpopulation est globale. Il convient de questionner les politiques familiales que nous connaissons en Occident, particulièrement les allocations familiales croissantes en fonction du nombre d’enfants. Inversement, dans la mesure où l’enfant est logiquement perçu comme une assurance-vieillesse dans les pays en développement dénués de soutien collectif aux personnes âgées, il faut les aider à instaurer rapidement des régimes vieillesse permettant une prise en charge minimale. Des incitations financières et matérielles significatives versées aux familles peu nombreuses et aux personnes âgées, et inversement des pénalités, peuvent être conçues.

Force est de constater qu’aujourd’hui le discours sur l’écologie est traité “sectoriellement”, chacun se battant pour sa (juste) cause : disparition des animaux sauvages, plastiques, chemtrails, glyphosate, neurotoxiques, abeilles, nucléaire, pollution de l’air et des eaux, pollution lumineuse, artificialisation des sols, déforestation, traitement “inhumain” du bétail d’élevage, eutrophisation, acidification et médusification des océans… autant d’avatars en réalité de la surpopulation. De ceci, les écologistes sincères en sont désormais bien conscients.

Maxime De Blasi 

PS : « trilemme de la Terre », ou « trilemme 3E » est un terme utilisé par des scientifiques œuvrant dans les domaines de l’énergie et de protection de l’environnement. Le trilemme réunit les trois E (économie, énergie, environnement). « Le développement économique (E : économie) se fait par l’accroissement des dépenses énergétiques (E : énergie), ce qui entraîne des enjeux environnementaux (E : environnement) par l’émission de polluants.

Conseil de lecture : « Arrêtons de faire des gosses (comment la surpopulation nous mène à notre ruine) » de Michel Sourrouille aux éditions Kiwi (collection lanceurs d’alerte)

6 réflexions sur “Produire ou se reproduire, il faut choisir !”

  1. – « la politique de l’enfant unique doit être réentreprise en ayant prouvé son efficacité.»
    ATTENTION ! Autant je suis d’accord pour qu’on cesse les politiques natalistes autant je suis en total désaccord sur une quelconque politique de l’enfant unique. Nous avons suffisamment de recul pour mesurer le conséquences de la politique menée en Chine. Nous voyons bien que l’efficacité (effets positifs) est plus que limitée, la baisse du taux de fécondité s’est également observée dans les pays voisins. Et nous savons tout le reste, stérilisations forcées, infanticides, trafics etc. Toutefois ce n’est pas parce qu’une expérience s’est soldée par un fiasco que l’idée de départ est mauvaise (comme avec le communisme).
    L’interdiction d’avoir plus d’un seul enfant restera toujours pour moi beaucoup plus liberticide que celle d’avoir plus qu’une seule bagnole (puiss. max 40 CV), de consommer plus de 1500 kWh d’électricité par an et par foyer etc. etc.

  2. « Submergés par nous mêmes » est un bon titre. On pourrait considérer que la surpopulation est une sorte de maladie auto-immune de l’humanité. L’on sait que ce genre de maladies sont difficile à guérir, tant elles sont entretenues par nos propres systèmes de défense, un peu comme une reproduction nombreuse était une bonne défense de l’humanité contre les aléas de la vie dans les périodes préhistoriques ou très peu survivaient.

    1. Bonjour Didier Barthès.
      Pour une fois je suis assez d’accord avec vous. Comme quoi je sais aussi parfois dire oui. La maladie est avant tout un phénomène multifactoriel, une tentative de la vie de rétablir une harmonie dans une situation perturbée (le fameux équilibre vital, l’homéostasie). Une tentative qui, nous le savons, mène à parfois à la mort, mais heureusement pas toujours.
      On peut en effet également considérer que le phénomène de l’«explosion démographique» est une sorte de mécanisme naturel qui vise la préservation de l’espèce. Plus le nombre d’individus est grand et plus les chances de survie de l’espèce augmentent. Là encore, au lieu de voir là une surpopulation ou une submersion, je pense qu’il vaut mieux seulement voir là un fait ou un mécanisme naturel (auto-régulation).

  3. – « Produire ou se reproduire, il faut choisir ! »
    Autrement dit il faut choisir entre la peste et le choléra. Et pourquoi devrions-nous choisir ? Dans ce genre de situation il existe une autre option, le ni-ni ou l’abstention.
    Partir du principe que cette «classe globale» refuse la décroissance, c’est oublier que pour choisir il faut être libre. Le junky n’est pas libre vis à vis de sa merde, la nymphomane et l’obsédé du cul ne sont pas maîtres de leurs pulsions, le cleptomane ne peut pas s’empêcher de voler, le mytho de raconter des salades etc.
    Le junky ici c’est vous c’est moi, c’est celui que je qualifie de petit-bourgeois. Certes il y a aussi des gros junkies. Le junky c’est celui qui possède bagnole(s), smartphone et tout le bazar qui va bien, qui dispose en terme d’énergie de l’équivalent de 500 esclaves 24H/24, etc. Et qui bien sûr ne peut pas s’en passer.

    1. – « C’est pourquoi la seule piste qui semble praticable est de réduire la population mondiale dans un facteur trois »
      Autrement dit, étant donné l’impossibilité de la première option (diminution drastique du niveau de vie du junky), la seconde s’impose comme la seule possible. Présenté comme ça c’est faux, ce n’est là qu’un paralogisme.
      Toutefois l’auteur prend quelques précautions («qui semble»). Méfions-nous donc de ces pistes qui semblent évidentes. Alors qu’elles ne sont que de fausses pistes, des voies sans issues, voire des pièges.

      – « Une prise de conscience suivie d’actions mondiales à base de fortes incitations doit être entreprise d’urgence, notamment en Afrique [etc.]  »
      C’est toujours pareil, toujours le même problème, la fameuse prise de con science ! Comme si le junky n’était pas conscient de son état. Faudrait peut-être aussi arrêter avec ça. En finir de ce mythe de la prise de conscience, qui avance et qui recule etc.

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