Une pub reçue ce jour par mail. La récupération du choc écologique par le système marchand n’a pas de limites :
« Aujourd’hui marque le Jour du Dépassement Mondial pour l’année 2023, ce jour où nous avons consommé tout ce qu’elle avait de ressources renouvelables à nous offrir en un an. CHOISIR TGV INOUI, C’EST AGIR POUR LA PLANÈTE. En moyenne, pour un trajet équivalent, le train longue distance émet 95% de CO2 en moins que les autres moyens de transport.TGV INOUI contribue à la préservation des ressources en déployant le tri sélectif à bord de ses trains, en faisant durer le plus longtemps possible ses rames, et en les recyclant ! Tout ce qui contribue à préserver la planète nous importe. »
Jules Brion : Ce « jour du dépassement » marque la date à partir de laquelle l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que les écosystèmes sont capables de produire en une année. L’équivalent de 1,7 Terre serait ainsi nécessaire pour régénérer notre consommation de ressources. Le jour du dépassement de 2022 a été recalculé et daté au 1er août. On assiste de toute façon à une relative stagnation, les multiples sommets consacrés à la défense de l’environnement et du climat n’ont pas porté leurs fruits. La France est entrée en situation de dette écologique dès le 5 mai ; il faudrait 2,9 Terres pour subvenir à nos besoins si l’humanité vivait comme la population française. Mais l’ensemble de la biosphère a-t-il pour unique vocation de régénérer les ressources consommées par les humains ?
Le point de vue des écologistes systèmiques
dekroissan : Comme si on pouvait résumer toute notre empreinte écologique avec un seul chiffre… D’ailleurs, en 1971, date à laquelle le jour du dépassement était fixé au 25 décembre, l’humanité consommait déjà 2,4 milliards de tonnes de pétrole par an. Sachant que le pétrole met en moyenne 100 millions d’années à être produit par « les écosystèmes », quel est le plaisantin qui a trouvé qu’une telle consommation de pétrole ne représentait de 6 jours de « vie à crédit » sur une année ?
Rees et Wackenagel : Les concepteurs de l’empreinte écologique n’ignoraient pas les manques de leurs calculs, ainsi :
« Aussi radicale que puisse paraître la notion de forte durabilité comme mesure de préservation, elle n’en demeure pas moins hautement anthropocentrique (centrée sur l’humain) et elle reste purement fonctionnelle. L’accent est mis sur les exigences biophysiques minimales pour la survie humaine sans égard aux autres espèces. Nous n’incluons pas non plus l’expérience du goût, du toucher et de l’odeur, de l’exubérance absolument sensuelle de la nature dans le capital naturel. Mais la préservation des avoirs biophysiques essentiels implique nécessairement la protection directe d’écosystèmes complets et de milliers d’espèces-clés, et plusieurs autres organismes en profiteraient aussi indirectement. »
Démographie Responsable : Précisons que le mode de calcul est aussi critiquable parce qu’il élude la question démographique. En effet, en raison de l’augmentation continue de la population mondiale, la biocapacité dévolue à chaque terrien diminue inexorablement. Et on arrive donc au paradoxe suivant : même en conservant la même empreinte individuelle d’une année sur l’autre, le jour du dépassement arrive automatiquement de plus en plus tôt.
Passisimple : Il faudrait compléter cette statistique avec le stock restant. Dépenser 70% de plus que ce que les écosystèmes produisent n’est pas la même chose s’il reste 10 ou 100 000 ans de stocks. Même chose pour les ressources non renouvelables comme les métaux. Ou en est le stock ?
Teslamaitre : Le métal cuivre est le plus sous tension : il reste environ 30 ans de gisements prouvés. Ensuite vient le cobalt pour environ 50 ans. Ce sont les deux métaux actuellement le plus sous tension.
Random1 : Si on réduisait de 50 % la population humaine on réglerait le problème.
Frog : Il faudrait enlever ces 50% dans les pays riches en priorité… Et il n’y aurait sans doute plus besoin d’en retirer autant, du coup !
LargoF : C’est pourquoi il faut diviser la population par 3 dans les pays développés où l’on produit plus de CO2. Il ne faut pas écouter les sirènes des primes à la natalité, n’en déplaise aux irresponsables de la croissance à tout prix.
PR1969 : Seule une toute petite partie de l’humanité tire profit du système de production capitaliste. Rappelons que quelques dizaines de personnes possèdent autant que 50% de l’humanité.
DRoman : Homo sapiens ludicus n’a pas l’intelligence nécessaire pour sauver son environnement, et donc se sauver lui-même. Il est trop frénétiquement attaché aux jeux qu’il a inventés : le capitalisme, le productivisme, la recherche de l’enrichissement illimité et le saccage de tout ce qu’il découvre. Il ne se sauvera pas.
Michel SOURROUILLE : Pourquoi contester le calcul du jour du dépassement ? Pourquoi ne jamais remettre en question sa cause, la croissance économique ? On ferait mieux de décoder les mensonges et errements du PIB. On ferait mieux de critiquer tous ceux qui veulent en France un accroissement continu de leur niveau de vie, tous ceux qui courent après leur retraite après avoir épuisé la planète toute leur vie. Notre surnombre et notre surconsommation sont responsables de la détérioration des conditions de vie des générations présentes et futures. Soyons à la fois malthusiens et décroissancistes !
références bibliographiques
Notre empreinte écologique de Mathis WACKERNAGEL et William REES (1996)
L’empreinte écologique d’Aurélien Boutaud et Natacha Gondran (2009
Nos articles antérieurs
« Jour du dépassement » ce 28 juillet 2022
29 juillet 2021, « le jour du dépassement »
22 août 2020, Jour du dépassement
29 juillet 2019, jour du dépassement
Le Jour du dépassement, aujourd’hui 1er août 2018
13 août 2015, le jour du dépassement des limites
Le jour du dépassement, 19 août 2014 : tous aux abris !
Aujourd’hui 22 août 2012, le jour du dépassement
Nous sommes en train de désertifier la planète pour les générations futures, et hélas, les gouvernements accrochés au PIB accélère le mouvement en aidant les multinationales à maintenir de l’emploi (surtout celui des traders), tout en demandant aux gens de la sobriété.
Mais celles-ci plantent des centaines d’arbres équivalent CO2, quand il s’en brûle des milliers.
Le maire (LR) de Mandelieu-La-Napoule a fait repeindre en vert les ronds-points de sa commue où l’herbe avait jauni :
« La véritable écologie ne consiste pas à commenter le tragique spectacle de la Terre brûlée de son canapé, mais à déployer sur le terrain une stratégie complète de mesures permettant à la Nature de survivre. »
Un défenseur comme celui-là, la Nature est prête à lui donner de l’argent, il retarde le jour du dépassement !
Je ne suis pas fan de ce concept.
– Il ne prend en compte que le renouvelable à moyenne échéance, il ne retient pas les ressources fossiles qui se renouvellent sur très longue période, en les prenant en compte, nous serions en déficit dès le 1er janvier.
– En fixant la date au mois d’août, il laisse entendre que nous pourrions nous trouver dans une société durable si nous étions 2 fois moins nombreux ou si nous consommions 2 fois moins. Or, non, nous serions encore beaucoup trop nombreux pour durer.
– Il ne prend pas en compte l’effondrement de la biodiversité. Or quand une espèce disparaît, c’est pour toujours, cette notion ne peut être annualisée.
– Les changements de règles rendent impossible les comparaisons dans le temps. Une remise en cause permanente de l’étalon n’est pas scientifique.
Reste que si l’outil semble mauvais le dépassement lui est évident
« Jules Brion : Ce « jour du dépassement » marque la date à partir de laquelle l’humanité a consommé l’ensemble des ressources que les écosystèmes sont capables de produire en une année. L’équivalent de 1,7 Terre serait ainsi nécessaire pour régénérer notre consommation de ressources »
J’en ai vraiment marre de lire ou entendre cette formule publicitaire ! Niveau régénération, concrètement ça donne quoi ? Quelles ressources se régénèrent ? Certainement pas les métaux et les énergies fossiles ! Hormis à des ères géologiques se comptant en millions d’années ! Possiblement l’eau à la condition unique que les zones aquifères ne soient pas asséchées ! C’est bien compromis avec les hausses de température selon la région ou alors les zones aquifères qui sont surexploitées provoquant ainsi l’asséchement.
(suite) Les denrées alimentaires animales, végétales ou poissonnières, à la condition unique à ce que l’on ne consomme pas les espèces plus vites qu’elles n’aient le temps de se reproduire ! A noter que nos productions de céréales fruits et légumes sont dopées par les énergies fossiles, les engrais et les phosphates qui sont en voie d’épuisement ! Autrement dit la production de viande issue de l’élevage est aussi compromise par ricochet, ainsi que la production alimentaire de manière générale pour nourrir l’humanité.
Alors j’aimerais savoir quelles sont les ressources dites renouvelables par régénération ? Et surtout des ressources qui se régénèrent en 1 an ? Puisque la formule publicitaire dit bien que les ressources se régénèrent chaque année ! Je ne vois pas de quelles ressources il s’agit ? En tout cas certainement pas les forêts qui se font décapitées à la tronçonneuse et incinérées par les incendies !