biodiversité

tous à la manif (à Nagoya)

 

Aucune conférence internationale n’arrivera à solutionner quelque problème que ce soit. A Nagoya, la dixième conférence des parties à la Convention sur la diversité biologique (CDB, 193 pays) ne fera pas exception à la règle. Que LeMonde (19 octobre 2010) consacre une page à la disparition des espèces n’y changera rien ! Une conférence internationale est par définition une rencontre entre nations : chacun défend les intérêts de son pays, pas l’intérêt commun. En 2002, on s’était engagé à freiner la disparition accélérée des espèces d’ici à 2010, aucun pays n’a respecté cet objectif. Les scientifiques démontrent qu’il n’y aura pas de planète de rechange, pourtant  rien ne change. Le Parti socialiste français souhaite dans un communiqué de presse  que « ces débats aboutissent à l’adoption d’objectifs internationaux ambitieux en faveur de la diversité biologique pour les horizons 2020 et 2050 ». Pas difficile de s’exprimer ainsi pour que rien ne change. Le WWF est présent à Nagoya pour suivre l’évolution du sommet au quotidien. La biodiversité continuera de se dégrader à un rythme inquiétant. La superficie et la qualité des habitats naturels continu à se dégrader presque partout. Le rythme auquel disparaissent les espèces est de 100 à 1000 fois plus rapide que ce qui s’est passé au cours des 500 derniers millions d’année.

Que la vie dans les forêts, les océans et les écosystèmes de notre planète constituent les fondements de notre société et de notre économie, au fond tout le monde s’en fout. La perte de biodiversité est encore une abstraction aux yeux des travailleurs. Il faudrait arrêter la déforestation, arrêter la destruction des écosystèmes, supprimer les subventions à la pêche industrielle, porter la superficie des espaces naturels protégés à 25 % (contre 13 % à l’heure actuelle), etc. Mais la perte de biodiversité est un avantage pour les industriels et les consommateurs. Tout le monde est donc complice, personne ne manifestera dans les rues pour protéger la richesse de la biodiversité.

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à la recherche de notre ancêtre commun

Certains croient faire de gros progrès en reconstituant leur généalogie familiale grâce à quelques archive usées : attitude purement anthropocentrique qui balbutie sur un ou deux siècles. Ce n’est pas là un exercice très captivant, mieux vaut le long souvenir de notre histoire commune. Remonte dans le temps, bien avant l’automobile, le téléphone et l’électricité, va encore plus loin. Tu arriveras il y a 400 générations, quand tes ancêtres commençaient à cultiver la terre et à se croire séparés de l’univers. En remontant encore, il y a 10 000 générations environ, tu trouveras ton premier ancêtre homo sapiens. Mais ton origine est encore antérieure ; il y a 100 000 générations, ceux par qui tu es arrivé étaient des hominidés. Quelques dizaines de millions d’années auparavant, ton ancêtre, un tout petit mammifère, vivait au temps des derniers dinosaures. En remontant encore, ton ancêtre était amphibien.

Et puis aujourd’hui, leMonde du 17 juillet nous apprend que notre ancêtre commun était segmenté ! Les humains partagent avec le cloporte et le ver de terre la même organisation itérative, une succession d’unités anatomiques identiques. Cette structure se retrouve d’ailleurs aussi bien chez les vertébrés que chez les arthropodes (insectes et crustacés). Car si tu continues à remonter la chaîne du vivant qui mène jusqu’à toi, tu arrives aux unicellulaires, à la formation de la Terre, à la naissance de l’univers. Cet exercice mental bien documenté par la science te permet alors d’agir selon ton âge véritable de quinze milliards d’années, et de prendre part au changement de cap vers une société qui soutient la vie, qui respecte tous les êtres vivants. Au contraire, valoriser la conscience subjective d’une existence rattachée seulement à tes derniers ancêtres t’empêche de percevoir que toutes les autres espèces vivantes forme ta parentèle, que la biodiversité est aussi une composante de ta famille.

Dès lors qu’il y a unité du vivant, la stratégie cartésienne de rupture entre l’homme et les autres espèces ne peut plus fonctionner. Il faut le répéter encore une fois : toutes les espèces qui vivent aujourd’hui sont évolutivement nos contemporains, ce qui veut dire qu’elles voyagent dans le même « train » que l’espèce humaine. Toute analyse qui voudrait opposer le genre humain aux autres formes de la vie est condamnée à l’échec, parce que toute notre existence témoigne d’une communauté de destin avec les autres êtres vivants. Les humains appartiennent à l’ordre de la vie et cette appartenance nous lie à un destin qui s’est noué en notre absence et dont tout indique qu’il va se dénouer sans nous.

Pour aller plus loin :

La fin de l’exception humaine de Jean-Marie Schaeffer (Gallimard)

Ecopsychologie pratique, retrouver un lien avec la nature de Joanna Macy  et M.Y. Brown (Le souffle d’or)

 

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un loup de moins, humanisme en berne

Une petite fille était sortie de la maison vers 23 heures. En allumant la lumière, elle a vu un loup devant elle. Le préfet des Hautes-Alpes vient donc d’autoriser l’abattage d’un loup, mardi 13 juillet. En France, en 2009, 992 attaques de loups ont causé la mort de 3 161 animaux. (LeMonde.fr, 13 juillet)

La réaction de Catherine Larrère : « La présence des loups ne signifie pas la mort des troupeaux, et encore moins celle des hommes, mais elle incite à changer de mode de vie, à accepter que l’espace où les hommes vivent ne soit pas uniformément et uniquement humain, mais laisse place à d’autres formes de vie. Le choix n’est pas entre l’homme et la nature, mais entre un monde uniforme, modelé aux seuls intérêts économiques et un monde divers, laissant place à la pluralité des aspirations humaines comme à la pluralité des vivants. Le monde uniforme est anthropocentrique, il n’est pas certain qu’il soit humaniste. A tout mesurer à l’aune de l’humain, on risque de ne plus mesurer qu’une partie de l’humain. »

Les réactions d’internautes :

– Maman, j’ai aperçu un loup ! Vite, ma fille, un fusil et des sous ! Moi qui ai fait dix ans de transhumance, je trouve qu’elle a bon dos la « tradition pastorale » ! Des gens qui veulent leur tranquillité avant tout, et des « aides » financières au moindre inconvénient ! Les mêmes que ceux qui disent vouloir préserver la nature en éliminant le loup, le renard, le blaireau, les insectes, les mauvaises herbes, et à coups de fusils, de pesticides, de béton et d’OGM…

– Le loup est le prédateur naturel des animaux âgés ou malades et maintient le cheptel sauvage en bon état, en prévenant la plupart des épizooties. Le problème est surtout dû à la manière dont les troupeaux sont gérés en France, avec, comme ailleurs, une trop grande économie de personnel et des animaux sans protection. Il peut cependant arriver qu’un loup cherche à se nourrir sans effort et devienne franchement nuisible. Dans ce cas, capture ciblée ou abattage sont logiques.

– Comment se fait-il qu’en Espagne, en Italie, en Pologne, en Roumanie où les populations de loups sont plus importantes qu’en France, il n’y ait pas tous ces problèmes récurrents? C’est plus apaisé qu’en France, et surtout le mode de gardiennage des troupeaux s’enracine dans une pratique pastorale solide qui a fait ses preuves. On y garde vraiment les ovins…et puis voir le loup n’est pas si terrible.

– Un mouton vaut 30€ à l’abattoir mais quand le loup le tue les assurances le paient 300€. Les crocodiles pleurent aussi les zèbres qu’ils attrapent.

– A quoi sert l’homme en fait ?

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guerre contre la nature, guerre contre l’homme

Un commentateur nous écrit : « Une fois que la civilisation agro-industrielle eut décidé de s’étendre, elle se trouva en concurrence féroce avec ces volatiles voraces et envahissants » (des pigeons aux USA). Donc autant les éliminer ! Le problème, c’est que cette espèce définitivement éteinte n’est qu’un exemple particulier de l’extinction des espèces qui s’accélère aujourd’hui. Pourquoi ? D’abord, comme le souligne notre commentateur, parce que les humains se  croient en concurrence avec toutes les formes de vie, ayant oublié que l’espèce homo demens n’est qu’une forme de vie parmi d’autres, dépendante des autres.

Ensuite, comme le souligne Hervé Kempf (LeMonde du 26 mai), parce que cette guerre contre la nature est aussi une guerre contre les paysans. Partout, les maîtres des villes font la guerre à la campagne : pour y étendre faubourg et industries, ou pour imposer une agriculture industrielle à bas de machines et de pesticides au prix d’un recul continu de la biodiversité. La biodiversité, ce n’est pas simplement une question d’ours blanc et de pigeons, c’est le conflit meurtrier entre la course au profit maximal et le nécessaire respect de la terre qui nous fait vivre. Mais la raison essentielle de la perte de biodiversité, c’est l’état d’indifférence dans laquelle se trouvent plongés nos concitoyens. Les Nations unies avaient désigné le 22 mai « Journée mondiale de la biodiversité » dès le Sommet de la Terre de 1992. Cette Journée devrait être le moment fort de l’Année 2010 de la biodiversité pour lutter contre la dégradation de la biodiversité. Personne ou presque n’a entendu parlé de cette journée mondiale le 22 mai dernier ! Pourtant en 2004 une Évaluation des écosystèmes pour le millénaire (Millennium Ecosystem Assessment) avait montré que 60 % des écosystèmes (support de la biodiversité) étaient déjà dégradés.

Faute d’un changement immédiat et de grande ampleur des comportements, la perte croissante des écosystèmes naturels (purification de l’air, de l’eau, équilibre des climats…) va entraîner des modifications irréversibles. Que nous devenions possesseurs et maître de la fusion nucléaire ne ferait qu’accélérer la fin de notre civilisation thermo-industrielle, asphyxiée dans un monde de la démesure, sur une planète de moins en moins vivante, recouverte de bétons et  de terres stérilisées.

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la sixième extinction

Comment combattre la perte de biodiversité, 6ème extinction des espèces, quand on ne connaît pas la signification du mot biodiversité ? Selon un sondage récent, 79 % des Français déclarent avoir « entendu parler » de biodiversité, mais seuls 23 % en connaissent la signification (LeMonde du 25 mai). En cette année mondiale de la biodiversité, y’a un manque ! Voici quelques données pour s’y retrouver.

Nous pouvons considérer que c’est à partir du XVIIe siècle que la biodiversité commence vraiment à pâtir de l’action de l’homme. Le cas du pigeon voyageur en Amérique du Nord mérite d’être relaté. Une estimation d’un vol de migration, faite en 1810, fait état de plus de deux milliards d’individus. Vers les années 1880, l’espèce n’était plus présente qu’autour des grands lacs. En 1899, on observait le dernier oiseau sauvage en liberté et le dernier spécimen mourrait en 1914 au zoo de Cincinnati. Aujourd’hui, le rythme des extinctions semble s’être emballé  puisque les chercheurs estiment à présent qu’entre 1 % et 10 % de la biodiversité disparaissent tous les dix ans. Cette biodiversité ou diversité biologique peut être définie comme la variabilité des organismes vivants de toute origine ; cela comprend la diversité au sein des espèces et entre espèces ainsi que celle des écosystèmes. La convention sur la diversité biologique a été adoptée lors du Sommet de la Terre de Rio en 1992. Les signataires de la convention se disent (dans son préambule) conscients de « la valeur intrinsèque de la diversité biologique et de la valeur de la diversité de ses éléments constitutifs sur les plans environnemental, génétique, social, économique, scientifique, éducatif culturel, récréatif et esthétique ». Cette convention devait comporter un volet financier. Elle en a été privée sous la pression des Etats-Unis. Plus de dix ans après Rio, la conférence de La Haye sur la biodiversité a réaffirmé la nécessité de se doter d’un mécanisme financier. Avec un peu de chance, il sera adopté dans vingt ou trente ans… Les humains ne se contentent pas de s’entretuer, il éliminent aussi des espèces entières. Cela n’est pas durable.

Parce qu’elle est la condition nécessaire à la vie sur Terre, la valeur de la biodiversité est infinie. On ne peut éluder aussi la dimension éthique justifiant la conservation de la biodiversité. En vertu de quelle autorité notre espèce pourrait-elle s’arroger le droit de procéder au cours du présent siècle à l’ultime génocide, sans précédent dans l’histoire de l’humanité, qui tiendrait à l’anéantissement de plusieurs millions d’espèces vivantes ?

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des parlementaires complices de Monsanto

Rapprochons deux informations, le « plaidoyer parlementaire en faveur des pesticides » et la « journée mondiale pour sauver les grenouilles de la disparition » (LeMonde du 30 avril). Selon l’UICN, 30 % des amphibiens connus sur Terre courent actuellement un risque d’extinction. Les pauvres batraciens ne peuvent aimer l’eau polluée des ruisseaux par les engrais et pesticides, leur peau perméable absorbe trop facilement les produits chimiques toxiques. Mais les parlementaires auteur du rapport « pesticides et santé » se foutent complètement de la santé des grenouilles et des agriculteurs. Pour les maladies, comme il y a « une multiplicité des facteurs pouvant induire des symptômes identiques », pas besoin de creuser plus loin,  une surveillance épidémiologique de la population suffira.

Ce qui apparaît avec ce rapport, rendu public à la veille de l’examen du projet de loi Grenelle 2, c’est que le duo Claude Gatignol et Jean-Claude Etienne se veulent des soutiens directs en faveur des intérêts économiques. Voici leurs arguments :

– risque que ferait courir à un pan entier de notre économie une division par deux de l’utilisation de pesticides d’ici 2050 (un des engagements du Grenelle de l’environnement).

– probable diminution des rendements.

– signe négatif pour la recherche.

– nécessaire accroissement des capacités de production.

Le lobby agro-industriel a encore frappé ! Gatignol et Etienne ne méritent pas d’être des représentants des humains et des non-humains.

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NAC ou science citoyennes ?

Notre époque est soi-disant à la modération, il y a tant de saloperies dont on n’a pas besoin ; ainsi des animaux de compagnie. La France est déjà envahie, avec 10,7 millions de chats et 7,8 millions de chiens. Mais cela ne suffit plus, il faut du nouveau, de l’exceptionnel, de l’excentrique. La mode est donc au NAC, les nouveaux animaux de compagnie (LeMonde du 17 avril). Le furet arrive en tête, avec plus d’1 million de spécimens. Chacun y va de son envie du moment, serpent ou araignée, iguane ou mygale, gerbille ou cafards, sans compter les innombrables hamsters, souris et autres insectes.

Tous ces passionnés de l’observation, de la génétique et de la coloration feraient mieux de laisser les animaux dans leurs milieux naturels. Car les réseaux sciences citoyennes ont besoin de leur amour pour les animaux. Un autre article du Monde nous veut en effet « tous naturalistes » ! Des scientifiques professionnels font de plus en plus appel à des citoyens passionnés qui procèdent bénévolement à des comptages pour améliorer le recensement de la faune et de la flore : observation des oiseaux, des reptiles, des papillons, des chauve-souris, fleurs… La plupart de ces études confortent le constat d’un environnement en crise. Le modèle du savoir qui sort du laboratoire peut être efficacement relayé par un modèle de co-construction avec les citoyens. Avec des naturalistes multiples, on peut mieux cerner la dynamique des populations, Internet permettant la mise en réseau des observations de chacun.  Ainsi du programme STOC, suivi temporel des oiseaux communs  Résultat ? Ces populations ont depuis 1989 décliné de 20 % en milieu agricole.

A l’heure où la biodiversité est en péril, certaines personnes se mobilisent pour faire quelque chose. D’autres préfèrent leurs animaux de compagnie. Il n’y a sans doute rien à espérer des affectifs qui préfèrent leur NAC même quand ils sentent mauvais comme le furet. Mais peut-être qu’ils achètent leur saloperie tout en œuvrant pour la planète ? Il est permis d’espérer…

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l’écoterroriste Paul Watson

Les écoguerriers sont trop peu nombreux. LeMonde du 8 avril fait de la publicité pour Paul Watson, écoguerrier des mers. Tant mieux ! Paul Watson a commencé tôt. A 10 ans, dans son petit village de pêcheurs du Canada, il nageait avec les castors. Une année, ils ont disparu, capturé par les trappeurs. Paul a détruit tous leurs pièges. Acte violent ou non-violence ? Il ne s’attaquait pas aux personnes, mais aux moyens d’agir de ces personnes. Aujourd’hui il peut couler des navires ou être coulé, lancer des chaînes dans les hélices, entraver des activités commerciales. Est-ce de la violence ? Paul reste dans les limites de la loi, il s’attaque à la pêche illégale. Il sera bientôt en Méditerranée. En 2007, on avait officiellement autorisé 30 000 tonnes de thons rouges, on en a capturé le double. En 2010 une centaine de bateaux devront se partager un quota de 13 500 tonnes. On ne respectera ni les quotas, ni les dates de pêche et on traquera les bancs par survol aériens interdits. Paul ne fait que compenser l’incapacité volontaire des Etats à faire respecter leurs propres lois. Où est la violence, dans l’action de Paul Watson ou dans les méfaits des contrebandiers de la mer ? Trop souvent nous accusons de violence et de terrorisme ceux qui combattent la violence de notre société de prédation. Il nous faudrait beaucoup de Paul Watson, de casseurs de pub, de néo-luddites, etc.

Paul Watson a été traité de fasciste, de misanthrope, de nazi, d’extrême-droite, d’extrême-gauche, d’anarchiste, d’égocentrique et, oh oui, n’oublions pas le titre favori dont il est le plus fier – écoterroriste. Pour Paul, peu importe la façon dont les gens nous appellent. Après tout, ce sont les gens qui causent les problèmes véritables que Paul essaye de résoudre. Il n’a à répondre à aucun gouvernement, aucune société, aucun être humain. Il répond seulement à ses clients – les animaux et leurs défenseurs. Sea Shepherd Conservation society existe depuis 1977 pour sauver des vies et pour soutenir les lois de conservation internationale que les nations n’ont pas la volonté politique de soutenir elles-mêmes. Chaque baleine que Sea Shepherd Conservation society a sauvé d’un harpon est une  victoire, chaque requin libéré d’une ligne de pêche est une victoire, chaque thon rouge qui échappe aux tueurs est une victoire. Il nous faudra cesser cette guerre d’extermination contre le vivant non-humain.

Pour en savoir plus, lire le recueil de textes Ravages, adieu bel animal (éd. Descartes)

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un animal débile, l’homme

Thèse : Une expérience a montré que des singes rhésus refusaient, plusieurs jours durant, de tirer sur une chaîne libérant de la nourriture si cette action envoyait une décharge électrique à un compagnon dont ils voyaient les convulsions. » (LeMonde du 27 février)

Antithèse : Encouragé par l’animatrice Tania Young (« Nous assumons toutes les conséquences ») et un public frétillant (« Châ-ti-ment ! Châ-ti-ment ! »), chaque candidat doit électrocuter un inconnu, invisible mais audible, à chaque erreur commise lors d’une épreuve de mémoire verbale. (Jusqu’où va la télé, série documentaire en deux parties, présentée par Sciences humaines de mars 2010)

Synthèse : l’humanité poussera l’inhumanité jusqu’à anéantir tous les grands singes et à stériliser le milieu qui la fait vivre. Elle est tellement heureuse quand elle détruit : consommation, consumation, fin de partie.

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biodiversité, un objectif perdu d’avance

Les négationnistes du réchauffement climatique et les égoïsmes nationaux font en sorte que l’objectif de diminuer volontairement nos émissions de gaz à effet de serre est perdu d’avance. A plus forte raison pour l’objectif d’enrayer la disparition des espèces alors que le mot biodiversité reste incompris de deux tiers des Européens. Il faut dire aussi que les deux pages consacrées par LeMonde du 20 février 2010 aux « six pistes contre le déclin de la biodiversité » ne pèsent pas bien lourd face aux pages quasi-quotidiennes consacrées aux défilés de mode.

La stérilisation des sols opérée par l’urbanisation et les transports, la surexploitation des ressources, les pollutions, la progression des espèces invasives et le changement climatique sont à la fois des obstacles à la biodiversité et les fondements de notre niveau de vie. Nous préférons assurer notre pouvoir d’achat même si c’est au prix de la détérioration des écosystèmes. Les cris d’alarme des naturalistes pèsent encore moins que ceux des scientifiques du GIEC. D’ailleurs il n’existe pas d’organismes équivalent au GIEC pour la biodiversité alors que l’extinction des espèces est un processus analysé depuis longtemps :

1948 : « C’est chose étonnante que de voir combien il est rare de trouver une seule personne bien au fait de la destruction accélérée que nous infligeons sans arrêt aux sources même de notre vie. Par ailleurs, les rares esprits qui s’en rendent compte ne voient pas en général le lien indivisible entre ce fatal processus et les exigences irrésistibles d’une population humaine sans cesse en augmentation. Il semble n’y avoir guère d’espoir en l’avenir si nous ne décidons pas à accepter la conception suivant laquelle l’homme est, comme tous les autres êtres vivants, partie intégrante d’un vaste ensemble biologique. »( La planète au pillage Fairfield Osborn)

1962 : « L’histoire de la vie sur Terre est l’histoire d’une interaction entre les êtres vivants et ce qui les entoure. C’est seulement dans la séquence temporelle du XXe siècle qu’une espèce – l’homme – a acquis la puissance considérable d’altérer la nature du monde. Depuis vint-cinq ans, non seulement cette puissance a pris une ampleur inquiétante, mais elle a changé de forme. La plus alarmante des attaques de l’homme sur l’environnement est la contamination de l’atmosphère, du sol, des rivières et de la mer par des substances dangereuses et même mortelles. Cette pollution est en grande partie sans remède, car elle déclenche un enchaînement fatal de dommages dans les domaines où se nourrit la vie, et au sein même des tissus vivants. » (Le Printemps silencieux de Rachel Carson)

1965 : « Il faut avant tout que l’homme se persuade qu’il n’a pas le droit moral de mener une espèce animale ou végétale à son extinction, sous prétexte qu’elle ne sert à rien. Nous n’avons pas le droit d’exterminer ce que nous n’avons pas créé. Un humble végétal, un insecte minuscule, contiennent plus de splendeurs et de mystères que la plus merveilleuse de nos constructions. Le Parthénon ne sert à rien, Notre-Dame de Paris est complément inutile, en tout cas mal placé. On demeure confondu devant la négligence des technocrates qui laissent subsister des monuments aussi désuets et anachroniques alors qu’on pourrait faciliter la circulation et aménager des parkings. L’homme pourrait refaire dix fois le Parthénon, mais il ne pourra jamais recréer un seul canyon, façonné par des millénaires d’érosion patiente, ou reconstituer les innombrables animaux des savanes africaines, issues d’une évolution qui a déroulé ses méandres sinueux au cours de millions d’années, avant que l’homme ne commence à poindre dans un obscur phylum de Primates minuscules. » (Avant que nature meure de Jean Dorst)

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1000 articles et rien ne change

Il y a cinq ans c’était un tsunami dans le Pacifique, aujourd’hui un tremblement de terre en Haïti. Et c’est le moment d’écrire notre millième article ! L’acte fondateur de ce blog résulte en effet d’un évènement relayé par les télévisions du monde entier, le tsunami. Aujourd’hui presque autant de morts à Haïti. Notre article du 13 janvier 2005 mettait alors en parallèle le traitement sur-médiatisé des conséquences du tsunami sur les humains et d’autre part une information isolée (dans LeMonde du 1/1/2005, nos plus proches cousins sont en péril) sur la disparition prochaine des primates :

« D’un côté le tsunami pourrait faire aujourd’hui 150 000 victimes humaines, de l’autre chimpanzés, gorilles, orangs-outans et bonobos risquent de complètement disparaître dans une ou deux décennies. D’un côté les soubresauts de la planète laissent en vie largement plus de 6 milliards d’humains, de l’autre l’activité de ces mêmes humains élimine complètement  leurs plus proches cousins par la déforestation, la chasse et la pression de la démographie humaine. D’un côté les aides publiques d’urgence en faveur de l’Asie dépassent déjà 1,2 milliards de dollars (sans compter la générosité privée), de l’autre il faudrait seulement 25 millions de dollars pour enrayer l’irrésistible baisse des populations de primates.

L’humanité envoie en avion ses touristes occidentaux à l’autre bout du monde pour accélérer le changement climatique, mais elle n’a presque aucun respect pour la vie des non-humains sous toutes ses formes ; l’humanité s’apitoie sur son propre sort, mais elle n’a pas beaucoup de considération pour le déclin de la biodiversité dont elle est pourtant le principal responsable. Il y a quelque chose d’absurde sur cette planète… »

Cette première contribution « Solidarité avec les bonobos » a été suivie par une analyse de plus en plus régulière de l’information véhiculée par LeMonde, jusqu’à pouvoir écrire presque chaque jour un article, et rien ne change : janvier 2010, un tremblement de terre en Haïti, les médias se déchaînent ; 2010 année mondiale de la biodiversité, tout le monde s’en fout. La même conclusion s’impose aujourd’hui comme hier, il y a quelque chose d’absurde sur cette planète.

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à quoi sert la vie humaine ?

L’euthanasie et le suicide assisté restent illégaux au Royaume-Uni. Mais si une personne souffrant d’une maladie incurable ou en phase terminale prend l’initiative de demander l’aide d’un parent ou d’un ami intime, ce dernier est dorénavant en droit de lui rendre ce service en toute légalité. A condition qu’il soit entièrement motivé par la compassion et que son concours se limite à une aide ou une influence mineure. Encore faut-il que le futur défunt ait émis un souhait clair, définitif et informé de se suicider (LeMonde du 26 septembre). Donc, si j’ai bien  compris, un conjoint peut aller avec son malade en Suisse, pays qui a déjà légalisé le suicide assisté.

Cela me fait penser aux avortements illégaux pratiqués en Suisse par les Françaises qui subissaient avant 1975 les lois populationnistes de 1920. Avant la naissance ou au moment de la mort, il n’y a pas en soi de définition d’une vie digne d’être vécue ; tout dépend d’une élaboration sociale. Quelle décision philosophico-politique prendre dans le cas des Alzheimer qui n’ont de la dignité humaine que l’apparence charnelle ? Quelle décision philosophico-politique prendre dans le cas des fins de vie dans des hôpitaux-prisons-mouroirs ? L’acharnement des partisans de la vie malgré tout me paraît incompréhensible. Il me paraît plus sain d’empêcher la perte de biodiversité et l’extinction des espèces plutôt que de vouloir préserver la vie des humains qui ne servent plus à rien. Mais j’aurais un certain respect pour les personnes qui militent à la fois pour les deux causes, il y aurait en effet une certaine logique !

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inoubliable Rachel Carson

Rachel Carson est incontournable. En 1962, lorsque son livre Printemps silencieux est paru, le mot « environnement » n’existait pas dans le vocabulaire des politiques publiques. Ce livre contre les pesticides est arrivé comme un cri dans un désert, mais il a changé le cours de l’histoire.

            Le diagnostic de Rachel était imparable : « Nous avons à résoudre un problème de coexistence avec les autres créatures peuplant notre planète. Nous avons affaire à la vie, à des populations de créatures animées, qui possèdent leur individualité, leurs réactions, leur expansion et leur déclin. Nous ne pouvons espérer trouver un modus vivendi raisonnable avec les hordes d’insectes que si nous prenons en considération toutes ces forces vitales, et cherchons à les guider prudemment dans les directions qui nous sont favorables. La mode actuelle, celle des poisons, néglige totalement ces considérations fondamentales. Le tir de barrage chimique, arme aussi primitive que le gourdin de l’homme des cavernes, s’abat sur la trame de la vie, sur ce tissu si fragile et si délicat en un sens, mais aussi d’une élasticité et d’une résistance si admirables, capables même de renvoyer la balle de la manière la plus inattendue. »           

Cette capacité des insectes à muter contre nos pesticides existait déjà du temps de Rachel, LeMonde du 11 juillet 2009 en apporte confirmation encore aujourd’hui : un ravageur du coton résiste aux OGM de dernière génération. Nos apprentis-sorciers de la bio-ingénierie se sont  engagés ces dernières années dans le développement de plantes capables d’émettre plusieurs toxines. Mais les insectes résistent toujours à la pression chimique imposée par les humains. Comme l’écrivait aussi Rachel Carson, « vouloir contrôler la nature est une arrogante prétention, née des insuffisances d’une biologie et d’une philosophie qui en sont encore à l’âge de Neandertal. »

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le pique-prune et l’autoroute

L’objet du débat du jour : Le pique-prune est un genre de scarabée qui vit dans les troncs des vieux châtaigniers et se nourrit de bois mort. Le tracé de l’autoroute A 28, qui relie Abbeville à Tours semblait susceptible de mettre gravement en péril l’habitat et peut-être l’existence même du pique-prune dans une forêt de la Sarthe. Il y a eu gel des travaux. Le coût de la préservation de la biodiversité peut se révéler exorbitant pour les uns, ce coût est insignifiant pour moi.   

BM : «le nombre de décès par accident par milliard de véhicules*kilomètres parcourus est de 13,4 sur une nationale et de 4,7 sur une autoroute. Un calcul simple, fait sur la base d’un trafic journalier de 6.000 véhicules […] montre que la construction six ans plus tôt de ce tronçon aurait épargné plus de 15 décès, sans parler de centaines de blessures graves ».

biosphere : la facilité de prendre son véhicule, favorisée par les autoroutes, incite à rouler plus souvent, donc accroît le nombre d’accidents mortels. C’est ce qu’on appelle en langage technique l’effet rebond, il y a donc un biais statistique. De toute façon, route ou autoroute, si nos monstres mécanisés n’étaient pas utilisés, il y aurait  zéro accident automobile. 

BM: On ne peut, dès lors, mettre cet arbitrage malheureux — si favorable au scarabée, si préjudiciable à l’espèce humaine — que sur le compte de l’ignorance, de l’inadvertance. Le calcul, l’analyse coût-bénéfice, n’a, d’évidence, pas été fait.

Biosphere : La construction d’une autoroute provoque-t-elle des avantages supérieurs à la perte d’espaces naturels détruits ? Quel est le coût du réchauffement  climatique ? Le problème essentiel posé à l’exercice d’évaluation est qu’une espèce animale ou végétale, la pollution atmosphérique, etc., n’est pas échangé sur un marché.

L’évaluation monétaire de l’environnement cherche à mesurer quelque chose qui n’existe pas. La valeur est plurielle et le prix n’en est qu’un élément, particulier à la sphère marchande. Les différentes dimensions de la valeur sont irréductibles les uns aux autres, comme peuvent l’être la valeur esthétique d’une forêt (et de ses pique-prune), l’attachement émotionnel qu’en ont ses habitants, la valeur économique du bois coupé, le rôle des arbres sur le climat ou la richesse de son  écosystème. Une analyse coût-avantage, loin d’être scientifique, entretient l’illusion d’objectivité par le recours à la quantification. 

BM: On ne peut, en fait, raisonnablement imaginer que ces coûts, financiers et humains, aient été connus et acceptés lorsqu’il s’est agi, au nom de la protection de la biodiversité, d’interrompre les travaux (de l’autoroute). Sinon peut-être par les tenants de l’«écologie profonde» (ou deep ecology, analysée par Luc Ferry dans Le Nouvel Ordre écologique) qui, refusant d’établir une hiérarchie entre les espèces, n’auraient aucune raison d’être heurtés par les égards accordés aux pique-prune au détriment de la sécurité des hommes. Les partisans de cette version radicale, biocentriste, de l’écologie sont toutefois peu nombreux en France.

Biosphere : une infime partir de la population, intoxiquée par des ouvrages du type « nouvel ordre écologique », dénigre l’écologie profonde alors que cette philosophie d’Arne Naess (écologie, communauté et style de vie), à lire dans le texte, opère un nouveau renversement copernicien. On croyait autrefois que la terre était le centre du monde, on croit aujourd’hui dans l’idéologie occidentalisée que l’homme est le centre de tout. Il n’en est qu’un des éléments, cela ne devrait pas être une révélation pour qui réfléchit.

A force de vouloir dominer la nature, les humains sont devenus une force géologique qui remodèle la planète ;  ses routes, autoroutes , habitats, zones industrielles s’étendent au détriment de la biodiversité et des forêts. Bien avant que homo « sapiens » ait épuisé les dernières gouttes de pétrole, tous les travailleurs qui vivent aujourd’hui de l’automobile se retrouveront au chômage ; ils seront bien contents d’aller chercher du bois de chauffe avec les pique-prune, si les forêts n’ont pas toutes disparue. Ils ne pourront que regretter de n’avoir eu aucun respect pour notre planète et ses pique-prune.

La distinction entre la version biocentriste (la nature a une valeur en soi) et la version anthropocentriste de l’écologie (la nature est là pour servir l’homme) conserve une portée pratique qui se révélera au cours du temps de plus en plus forte. 

BM: Philippe Kourilsky et Geneviève Viney dans leur rapport sur le principe de précaution rappellent que « le côté positif de la biodiversité est souvent porteur d’une certaine charge idéologique. On s’en défendra en se remémorant que l’émergence du virus du Sida est une manifestation de la biodiversité ». La préservation de cette dernière ne saurait donc évidemment être une fin en soi.

Biosphere : Bien entendu la nature n’est pas « bonne » en soi et les formes du vivant ne sont pas toujours agréables aux hommes. Mais le fait de prendre un cas particulier, le SIDA, comme un cas général ne peut être accepté. C’est la complexité de la biodiversité, nuisible ou non, qui permet la résilience des écosystèmes ; pourtant les humains provoquent la sixième extinction des espèces.

Notre attention pour le pique-prune n’est que l’ébauche de ce qu’il faudrait faire et penser. Les humains seuls sur une Terre dévastée ne sont plus tout à fait humains. 

Source: http://www.slate.fr/story/7049/petits-scarab%C3%A9es-et-grosses-d%C3%A9penses

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valeur du singe

Tout un article de la page Planète (LeMonde du 16 avril) pour quelques centaines de notre proche cousin découvert à Bornéo. C’est vrai, ils ont du se regrouper en un espace reculé pour éviter l’action de l’homme : le PNUE estime qu’au rythme actuel, 98 % de la forêt aurait disparu de Bornéo en 2022. La journaliste Catherine Vincent pose clairement la problématique de la sauvegarde de cette espèce en fin d’article : Etude chez l’animal proche de l’homme de maladies telles que l’Alzheimer d’une part, ou frein moral valorisé avec l’orang-outang pour nous opposer à la disparition du reste du monde vivant.

La première raison repose sur l’anthropocentrisme ou utilitarisme : le monde entier est au service de l’homme, nous pouvons faire toutes les expériences que nous voulons sur n’importe quelle espèce pour soigner l’homme, nous pouvons éliminer complètement une espèce si nous jugeons cela utile pour cultiver des palmiers à huile. L’autre système de valeur relève de l’écologie profonde. A la fin des années 1970, Arne Naess et George Sessions ont formulé huit points pour une « plate-forme de l’écologie profonde » dont voici le premier : « L’épanouissement de la vie humaine et non humaine sur Terre a une valeur intrinsèque. La valeur des formes de vie non humaines est indépendante de l’utilité qu’elles peuvent avoir pour des fins humaines limitées. » (in Ecologie, communauté et style de vie)

En fait les deux raisonnements sont liés. C’est la richesse de la biodiversité qui permet la résilience de la planète aux chocs,  que ces chocs soient d’ordre physique ou d’origine anthropique. Sur une planète en proie bientôt au réchauffement climatique, ce sont les plantes qui résisteront naturellement qui pourront permettre aux humains survivants de se nourrir, ce ne sont pas les OGM…

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modèle Lotka-Volterra

Tout a déjà été dit, écrit et bien pensé. Encore faut-il trier dans l’énorme masse de documents qui sont à notre disposition pour en relever l’essentiel. Ainsi  le fait que le FMI prévoit une croissance négative mondiale en 2009 (LeMonde du 11 mars) n’a aucune importance. C’est une décroissance moyenne qui ne nous dit rien de ce qui augmente et diminue. Il est fort probable que l’industrie automobile va continuer à se casser la gueule en 2009, mais c’est une bonne nouvelle. D’autres choses peuvent augmenter, par exemple le bonheur de vivre plus simplement. Mais cela, le directeur du FMI comme le PIB s’en foutent. Donc je préfère m’intéresser aujourd’hui au modèle mathématique d’interaction proies-prédateurs, proposé par Volterra après la première guerre mondiale. Il s’agissait d’expliciter la dynamique des populations de sardines et de requins en mer Adriatique ; expliquer notamment pourquoi les quantités de sardines pêchées après l’interruption due à la guerre n’étaient plus aussi importantes que précédemment et pourquoi à la reprise de la pêche la proportion observée de requins avait augmenté.

Dans le journal La décroissance de mars 2009, Alain Gras développe : « Lorsqu’un déséquilibre entre proie et prédateurs se produit – par exemple quand la proie est affaiblie -, la population des prédateurs tend à se multiplier et son expansion à croître jusqu’à ce que la population des proies passe sous un seuil qui engendre une pénurie brutale des ressources et donc l’effondrement brutal de la population des prédateurs (…) Lorsque le point de non-retour est dépassé, le prédateur ne le sait pas car, fasciné par sa puissance, il reste à la recherche d’autres proies, jusqu’au moment où il n’aura plus rien à se mettre sous la dent. Cette inconscience est celle de la croissance et il faut une bonne dose d’optimisme béat pour croire au discours des économistes face à la crise. Il est encore temps de réagir et de décroître, sinon… »

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les abeilles ne dansent plus

Bien avant l’international passe notre planète. C’est ainsi que commence à raisonner LeMonde dont les nouvelles pages planète nous donnent souvent à réfléchir. Ainsi dans le numéro du 24 février, une brève sur la mortalité des abeilles : plus de quarante causes sont recensées par l’Afssa (agence française de sécurité sanitaire des aliments). Malheureusement l’article n’attribue un rôle prépondérant à aucune de ces causes. Nous avons donc les multiples agents biologiques, les nombreux produits chimiques, la perte de biodiversité… Qui est responsable ? Personne ? Tout le monde ?

Pourtant la réponse est simple, elle est évidente : qui c’est qui détériore les écosystèmes et entraîne la sixième extinction des espèces ? Qui invente les produits chimiques les plus vigoureux à tuer ? Qui déséquilibre le rapport complexe entre les espèces et libère les agents infectieux ?

Oui, bien sûr, pourquoi je n’y ai pas pensé ! Le coupable, c’est l’homme. Le coupable, c’est l’homme moderne et son inconscience face à la fragilité de la planète. Nous avons construit la vie meilleure, nous avons jeté nos pesticides à l’eau, nos fumées dans l’air, nous avons conduit trois voitures, nous avons vidé les mines, nous avons mangé des fraises du bout monde, nous avons voyagé en tous sens, nous avons éclairé les nuits, nous avons chaussé des tennis qui clignotent quand on marche, nous avons grossi, nous avons mouillé le désert, acidifié la pluie, créé des clones, franchement on peut dire qu’on s’est bien amusés. Mais les abeilles ne dansent plus…

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Darwin et le ver de terre

Le naturaliste Charles Darwin aurait eu 200 ans le 12 février prochain et le Monde des livres (6 février), centré sur L’origine des espèces, s’attarde sur l’évolutionnisme, le mécanisme de sélection et le jeu du hasard. Grâce à Darwin et aux progrès de la génétique, il nous faut donc admettre que toutes les formes de vie descendent d’un même organisme : les gènes qui mettent en place le plan de fabrication d’un être humain sont les mêmes que ceux fonctionnant chez un ver de terre ou une céréale.

N’oublions pas un autre aspect de Darwin, son amour de la nature. Il a d’ailleurs consacré au ver de terre un de ses premiers articles et son dernier livre. Cette vie modeste,  faite d’ingestion, de reptation et de  déjection, transforme pourtant les paysages et rend fertile la planète. On doit en effet aux vers de terre l’humus, la terre cultivable, la possiblité des récoltes. Au Tibet, trouver un ver de terre sur le fer d’une bêche arrête le travail du jardiner qui prend soin de remettre la créature en lieu sûr dans le sol. Mais Richard Layard, dans Le prix du bonheur, pense encore comme tant d’autres que l’expression « ver de terre » dégraderait notre humeur alors que « musique » est un mot positif ! Cet anthropocentrisme forcené est caractéristique de notre éloignement actuel de la source de toute vie, la biosphère et ses vers de terre : humus plutôt qu’humeur.

Nous avons oublié l’essentiel du message de Darwin : « Le plaisir que l’on ressent lorsqu’on est assis sur un tronc en décomposition au milieu de la tranquille obscurité de la forêt est indicible et ne peut pas s’oublier. »

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population minimum viable

Malgré le conflit au Congo-Kinshasa, la population de gorilles de montagne a augmenté vertigineusement, passant de 72 individus à 81 individus. Sans doute qu’on avait mal compté la fois précédente ! Par contre la population des manchots empereurs, menacée par la fonte de la banquise, pourrait chuter  de 6000 couples reproducteurs au début des années 1960 à seulement 400 à l’horizon 2100 (LeMonde du 29.01.2009) Une baisse similaire, divisée par quinze, ferait passer la population humaine de 3,04 milliards en 1960 à 202,7 millions en 2100. Ce serait un vrai soulagement pour la biodiversité de la planète. Malheureusement le pullulement humain va encore s’accroître selon les projections actuelles, entre 10 et 12 milliards de personnes en 2100. 

Quel est le minimum incompressible de population pour une espèce déterminées ? Le rhinocéros noir d’Afrique comptait un million d’individus au début du XXe siècle, 10 000 en 1950 et 2600 seulement en 2001. A ce rythme, la population humaine passerait en un siècle de 6 milliards de personnes à moins de 16 millions. Une telle évolution serait-t-elle catastrophique ? La baleine franche du Pacifique compte moins de 300 individus de par la faute des chasseurs humains, l’antilope Sao la du Vietnam subsiste grâce à son isolement avec 200 à 2000 individus. Une espèce doit-elle avoir un minimum de représentants pour survivre ? Les chercheurs ont défini le concept de « population minimum viable » et estimé à 50 femelles l’assurance de ne pas voir l’espèce s’éteindre  à moyen terme, à 500 femelles la garantie que l’espèce soit protégée à long terme : la baleine franche serait donc condamnée alors que les humains ont une marge de manœuvre immense. Le problème essentiel n’est donc pas de savoir si la Terre peut nourrir 6 ou 60 milliards d’humains, le problème est que cette espèce se répand au détriment de presque toutes les autres espèces.

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graine de bouddha

Je ne résiste pas au plaisir de partager avec toi quelques morceaux choisis du texte de Graine de Bouddha (album BD aux éditions Picquier Jeunesse). Il ne te reste plus qu’à acheter les illustrations qui vont avec  :

– Les bonzes en marchant font attention de ne pas piétiner les jeunes pousses. Pourquoi ? Pour ne pas blesser ces nouvelles vies si fragiles.

– Même une simple pierre, les bonzes ne la déplacent pas sans y réfléchir longuement. Pourquoi ? Parce tout se trouve déjà à la place qui lui convient.

– Lorsqu’ils sont confrontés à une difficulté, les bonzes gardent toujours une attitude positive. Pourquoi ? Parce que là où il y a l’ombre, il y a aussi la lumière.

– Les bonzes pensent que tous les êtres vivants ont la même importance. Pourquoi ? Parce que toute vie est précieuse.

 – Les bonzes vénèrent la nature. Lorsqu’ils vont dans la montagne, il disent qu’il « entrent en montagne », comme on entre en religion. Pourquoi ? Parce que, pour eux, c’est comme se blottir dans ses bras.

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