démographie

petit commentaire de commentaires anti-malthusiens

Le débat sur la question démographique est toujours passionné. Tellement passionné que même les écologistes institutionnels (les Verts ou EELV) ont refusé toute motion sur la question. Voici ce qui devrait être le point de vue majoritaire parmi les écolos sincères et ensuite quelques éléments de réponse envers ceux qui contestent les malthusiens (en faveur d’une maîtrise de la fécondité).

1) Une référence, le discours malthusien

– Malthus est un écolo avant la lettre, il appartient à notre histoire politique : il a montré l’interdépendance entre l’évolution démographique humaine et l’état des ressources naturelles, il a dit qu’il fallait agir contre la surpopulation.

– Malthus a été attaqué par les marxistes. Ceux-ci avaient confiance dans la révolution socialiste pour augmenter la production agricole, le nombre des humain importait peu. Malthus a donc été attaqué par des productivistes alors que la croissance rencontre aujourd’hui ses limites.

– La production agricole a temporairement vu ses rendements augmenter par la mentalité NPK (azote, phosphore, potassium) et la révolution verte (semences à haut rendement, agriculture intensive). Cela n’a été qu’un palliatif à la loi des rendements décroissants en agriculture sur laquelle s’appuyait Malthus. Il y a aujourd’hui stérilisation des sols par l’agriculture intensive et misère paysanne.

– L’explosion démographique (un milliard d’habitants s’ajoute tous les douze ans dans notre biosphère) conforte aujourd’hui l’analyse malthusienne de l’évolution exponentielle de la population.

2) commentaire des commentaires possibles

– Certains croyants dénoncent Malthus et la régulation des naissances puisqu’ils appliquent la sentence biblique « croître et se multiplier ». Pourtant, si les femmes souffrent du machisme sexiste, c’est bien parce qu’elles supportent le poids de la religion et des pratiques rituelles. Etre anti-malthusien ne peut que renforcer les pratiques qui font du corps des femmes simplement une machine à enfanter.

– Certains veulent vomir quand on rapproche « pollution et surpopulation ». Il est vrai que 500 millions de nantis consomment les 3/4 des ressources… d’où l’importance dans les pays riches et pour les riches des pays pauvres de limiter leur fécondité de façon consciente. Mais cela n’exonère pas les pauvres de pallier à leur propres responsabilités. Une trop forte fécondité est une cause importante de raréfaction des ressources naturelles renouvelables dans un pays agricole en voie d’urbanisation trop rapide.

– Certains redoutent la « régulation autoritaire » des naissances. C’est nier l’histoire du malthusianisme qui a vu émerger à la fin du XIXe siècle un mouvement de libération de la femme qui s’est appelé néo-malthusianisme. Nous ne pouvons que soutenir le planning familial qui a découlé dans la deuxième partie du XXe siècle de ce mouvement au départ anarchiste.

– Certains voient déjà une « planète sans enfants ». Ce n’est qu’un fantasme, une espèce animale comme la nôtre aime faire l’amour et procréer. Mais il est vrai que les écologistes ont à se pencher sur la notion d’optimum démographique comme on se penche déjà sur l’extinction des populations animales et végétales.

– Certains espèrent au contraire la « transition démographique » (baisse simultanée de la mortalité et de la fécondité) qui découlerait « d’un tas de raisons », en fait principalement le développement économique. L’agronome et écologiste René Dumont estimait au contraire que les conditions actuelles de dénuement économique posent le problème démographique dans des termes différents de ceux qu’a connus l’Europe : « C’est quand la population s’emballe que s’amplifient les dégâts du productivisme, compromettant les moyens mêmes de production ». On n’a plus les capacités d’assurer les conditions du décollage économique. La vérité oblige aujourd’hui à reconnaître que la natalité n’appelle pas la richesse et le développement n’est pas au rendez-vous pour contenir la natalité. Dans un contexte de baisse de la mortalité et de pénurie économique, la croissance de la population resserre les mailles du sous-développement et aggrave la destruction de l’environnement. Il est déjà difficile de vivre  à 7 milliards, à plus forte raison à 9 ou 10 milliards comme il est prévu par les tenants de la transition démographique.

– Certains pensent que la surpopulation n’est pas un problème des pays riches comme la France. C’est oublier que le chômage est structurel et ne peut que s’amplifier (choc énergétique à venir), c’est passer sous silence que notre richesse actuelle découle du pillage des autres territoires, importation de pétrole, de tourteaux de soja, etc. Un pays fortement urbanisé comme la France, avec un secteur tertiaire exorbitant, est un pays très fragile pour résister à une crise qui se révèle à la fois économique (financière), sociale et écologique ; c’est à ce moment que nous prendrons conscience de notre état de surpopulation.

– Certains souhaitent « l’instauration à grande échelle du droit à pension » de retraite. Ainsi on n’aurait pas besoin de faire beaucoup d’enfant pour assurer ses vieux jours. Encore faut-il pouvoir trouver un financement durable. Le système de capitalisation du type anglo-saxon n’est viable que suivant la bonne marche des valeurs boursières, c’est donc un leurre. Le système de redistribution en France est mis en péril, nous ne comptons plus les plans de refinancement. Généraliser la retraite à tous les pays et pour toutes les générations est une tâche impossible.

– Certains croient que « le désir d’enfant ne se commande pas ». C’est nier le fait que nous sommes socialisés d’une certaine façon y compris dans nos pratiques sexuelles, que certains font des enfants « sans y penser » alors que d’autres ne veulent pas d’enfants pour un monde qui n’est pas en mesure de les accueillir dignement. C’est nier le volontarisme de la politique, qui devrait avoir son programme démographique, surtout chez « les Verts ».

Les capacités de l’agriculture à nourrir l’humanité sont nécessairement liées à une maîtrise volontaire et argumentée de la fécondité. La famine existe toujours en 2013, notre population croît encore de manière exponentielle, Malthus est donc de retour aujourd’hui… un écologiste devrait le savoir.

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Malthus mérite d’être réhabilité, n’en déplaise à certains

Commentaire d’un texte* de François Jarrige, « oublier Malthus »

Le mensuel La Décroissance avait l’habitude de dénigrer le mot « malthusien ». François Jarrige en fait une approche bien plus subtile, mais la conclusion reste la même : Oublions Malthus. La seule fonction de ce mot serait d’empêcher le débat, le malthusianisme étant considérée a priori comme une idéologie malfaisante par tous les croissancistes (et par certains décroissants).

Au lieu de mettre en évidence que Malthus était un écologiste avant la lettre, François insiste sur la réprobation « universelle » de la parabole du banquet alors que ce n’est qu’une image d’une sinistre réalité : quels sont les riches qui invitent habituellement les pauvres à leur table, nous aimerions les connaître ! D’autant plus que cette parabole décrit une autre réalité qui dépasse la lutte des classes. C’est un fait que le surnuméraire qui n’a pas de place, c’est la nature qui lui commande de s’en aller : sans maîtrise de la fécondité, il y a nécessairement tôt ou tard famines et épidémies (et même des guerres).

François Jarrige parle aussi des condamnations de la maîtrise de la fécondité par l’Eglise, les libéraux et même les socialistes. Une telle connivence a quelque chose de vraiment bizarre qui aurait mérité d’être dénoncé.

Pour l’agronome René Dumont**, à partir d’un certain seuil, la pression démographique conduit au déclin : « L’équilibre biologique est une notion à laquelle l’esprit toujours paresseux résiste. Sa nécessité est niée par une bien curieuse conjonction : celle des catholiques et des marxistesLes possibilités offertes par la nature sont limitées », écrit-il en 1966.

François Jarrige traite le message de Malthus*** de « pessimiste » alors que c’est un message foncièrement optimiste :

Comme d’autres aujourd’hui, Malthus écrivait pour que ce qu’il constatait, les méfaits d’une expansion démographique qui dépasse les ressources alimentaires, ne soit pas une constante de l’humanité : « Tous mes raisonnements et tous les faits que j’ai recueillis prouvent que, pour améliorer le sort des pauvres, il faut que le nombre proportionnel des naissances diminue. Il suffit d’améliorer les principes de l’administration civile et de répandre sur tous les individus les bienfaits de l’éducation. A la suite de ces opérations, on peut se tenir pour assuré qu’on verra une diminution des naissances… La petitesse de certains Etats fait bientôt connaître à tout homme capable de réfléchir la tendance qu’a la population à s’accroître au-delà des moyens de subsistance. Législateurs et philosophes ne perdirent pas de vue, comme font trop souvent les politiques modernes, un objet si immédiatement lié à la paix et au bonheur social. »

François Jarrige reprend l’argument à la mode selon lequel « le bien-être permis par la consommation de masse doit entraîner automatiquement une baisse de la fécondité ».

René Dumont estime au contraire que les conditions actuelles de dénuement économique et de crises écologiques posent le problème démographique dans des termes différents de ceux qu’a connus l’Europe : « C’est quand la population s’emballe que s’amplifient les dégâts du productivisme, compromettant les moyens mêmes de production ». On n’a plus les capacités d’assurer les conditions du décollage économique. La vérité oblige aujourd’hui à reconnaître que la natalité n’appelle pas la richesse et le développement n’est pas au rendez-vous pour contenir la natalité. Dans un contexte de baisse de la mortalité et de pénurie économique, la croissance de la population resserre les mailles du sous-développement et aggrave la destruction de l’environnement.

François Jarrige exprime aussi les réticences du mensuel la Décroissance : « Ici-même, la rédaction du journal s’était opposée aux vues d’Yves Cochet sur la question démographique, insistant sur le fait que cette dernière risquait de dissimuler les autres problèmes. »

C’est nier l’interdépendance des phénomènes. Dans un texte**** à paraître prochainement, Yves Cochet précise : « Au cours du premier semestre 2013, j’ai participé aux réunions du Conseil national du Débat sur la Transition énergétique Lors d’une des premières réunions du groupe de travail, j’ai tenté, en vain, de placer notre réflexion collective dans un cadre qui prenne en compte les facteurs les plus directs de la consommation d’énergie. Plus précisément, j’ai évoqué l’équation I = PAT, que l’on peut interpréter ainsi dans le domaine de l’énergie : « I » est l’impact des activités humaines sur l’environnement, en l’occurrence la consommation totale d’énergie, « P » représente la population du territoire examiné (le monde, la France…), « A » est la variable « affluence », c’est-à-dire la consommation moyenne d’énergie par personne, et « T » représente l’intensité énergétique de la production de biens et de services pour l’affluence. Bien entendu, des améliorations technologiques de l’efficacité énergétique peuvent réduire l’intensité énergétique représentée par le facteur « T » dans la multiplication qui constitue le second membre de l’équation I = PxAxT. Mais pourquoi se restreindre à ce seul facteur dans une réflexion politique d’ensemble sur l’énergie ? »

Mais le principal argument de François Jarrige se veut pragmatique : « L’accusation de malthusianisme vaut mort médiatique et politique… La référence à Malthus est piégée, elle vise avant tout à fermer la discussion et à empêcher tout débat sérieux… Lorsque certains mots ne permettent plus d’avancer sur le chemin de la compréhension du monde, mieux vaut simplement les abandonner. »

Adopter ce point de vue, c’est laisser libre cours aux populationnistes et aux natalistes, aux marchands de canon et aux exploiteurs des travailleurs, aux partisans de la soumission de la femme et à la fécondité précoce, c’est laisser la victoire aux discours imbéciles sans les avoir combattu. La décroissance est aussi malthusienne. Ne pas le reconnaître c’est d’une certaine façon abdiquer et oublier ainsi la loi des rendements décroissants en agriculture sur laquelle reposait principalement le raisonnement de Malthus.

Comment nourrit-on de plus en plus de gosses ? En surexploitant les sols et les ressources naturelles jusqu’à l’épuisement, en dégradant l’écosystème. Pour l’écologiste et agronome René Dumont, il n’y a aucun doute : « L’agriculture ne peut plus assurer la sécurité alimentaire mondiale… La loi des rendements décroissants des facteurs de production domine l’agriculture. » C’est aussi un des référents des décroissants, Nicholas Georgescu-Roegen*****, qui pouvait écrire : « L’humanité devrait diminuer progressivement sa population jusqu’à un niveau où une agriculture organique suffirait à la nourrir convenablement. Bien entendu les pays qui connaissent à présent une très forte croissance démographique devront faire des efforts tout particuliers. » Pour René Dumont, la seule bonne nouvelle en matière démographique, c’est la baisse de la fécondité dans les pays riches : « Moins les riches seront nombreux, moins ils détruiront la planète. » Le retour de Malthus est avéré. Tout cela, François Jarrige pouvait-il l’ignorer ?

* La Décroissance de novembre 2013 page 10, Oublier Malthus (François Jarrige)

** René Dumont, une vie saisie par l’écologie de Jean-Paul Besset

*** Essai sur le principe de population de Malthus

**** Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie), ouvrage collectif à paraître aux éditions Sang de la Terre

***** La décroissance (entropie, écologie, économie) de Nicholas Georgescu-Roegen

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monde connecté et verrouillé, libre circulation en berne

Opposition un peu facile entre liberté des échanges de biens à l’échelle planétaire et planète cloisonnée et hérissée de clôtures, superficialité de l’analyse de Philippe Bernard (service International du MONDE*). Le journaliste prend pour postulat que la liberté d’aller et venir est un droit humain « solennellement célébré ». Contrairement à cette conception commune selon laquelle la mobilité est une constante de la société humaine, nous constatons au contraire qu’il n’y a jamais eu libre circulation des personnes. Prenons la Déclaration universelle des droits de l’Homme, elle est incomplète  : « Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays. » Le philosophe Etienne Balibar a souligné le caractère ambigu de ce texte, il manque l’obligation pour tout Etat d’accepter l’entrée des étrangers ! Quant à la libre circulation des biens et des services,  Philippe Bernard oublie de dire que c’est une condamnation du protectionnisme au XIXe siècle par la toute puissante Grande-Bretagne… pour lui permettre d’asseoir encore plus sa puissance commerciale et politique. Il n’y a ni avantage absolu (Adam Smith), ni avantage comparatif (Ricardo) à échanger entre nations à des stades différents de développement, cela accroît au contraire la spécialisation, la dépendance et les inégalités. Il est aussi absurde troquer des voitures (ou des tomates) d’un pays contre d’autres voitures (d’autres tomates) d’un autre pays. Il est idiot de faire faire au yaourt des milliers de kilomètres.

L’argument le plus développé par Philippe Bernard est le paradoxe du contrôle aux frontières alors que « les réseaux transportent images, sons et idées en n’importe quel point du globe ». Il ne lui vient pas à l’idée que cela offre le moyen de parcourir le monde en restant immobile devant sa télé. La descente énergétique qui nous attend avec la disparition des ressources fossiles va nous obliger à vivre localement même si on pourra penser globalement avec Internet (et les journaux). Il soulève cependant un point important, la diffusion médiatique du niveau de vie des riches qui pousserait au départ de leur pays les populations démunies. Soulignons que ce type de consommation n’est pas généralisable, il faudrait plusieurs planète pour cela et nous ne les avons pas. Il faut lutter contre les inégalités de fortune et de consommation en prônant la sobriété, pas les migrations et la mondialisation du consumérisme. D’ailleurs le regard des pauvres sur les riches est le plus souvent un admiratif, pas contestataire. Quand LE MONDE** du même jour fait de la publicité gratuite pour le Trax, un SUV  « à prix accessible », il propage l’idée qu’il est normal que certains n’aient pas les moyens de se payer un vélo alors que d’autres peuvent dépenser au moins 19 200 euros pour se payer un Trax « made in Korea ». Vive la mondialisation de la publicité, le libre échange des voitures et l’abêtissement des masses…

Les écologistes et les journalistes devraient dire que l’immigration (et le libre échange) maintient ou accroît la pression humaine sur le milieu naturel dans des pays où, de par le recul démographique (et la délimitation des besoins), cette pression pourrait s’atténuer. Sinon il n’y aura pas de répit. L’homme va continuer à saturer l’espace planétaire à la fois par les transferts de population et par la libre circulation des biens, ce qui n’est pas durable.

* LE MONDE du 1er novembre 2013, Monde connecté, monde verrouillé

** LE MONDE du 1er novembre 2013, La longue marche de Chevrolet en Europe

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Surpopulation, la faute aux machos et autres sexistes

Les populationnistes approuvent-ils cela :

– Chaque année, 7,3 millions d’enfants naissent d’une mère de moins de 18 ans.

– Ce phénomène des maternités précoces augmente le rythme de la croissance démographique.

– « J’étais toute petite quand on m’a donnée à mon mari. J’étais si petite que je ne rappelle même pas quand c’était. »

La grossesse précoce n’est pas le résultat d’un choix délibéré, mais d’une violation des droits de l’adolescente qui, mariée de force à l’âge enfant, est privée d’accès à des soins de santé et à l’éducation.

Chaque année, quelque 70 000 adolescentes meurent de causes liées à la grossesse ou à l’accouchement.*

Les populationnistes (ou natalistes) sont prompts à dénigrer les malthusiens, ceux qui sont en faveur d’une maîtrise de la fécondité. Pourtant leur point de vue d’une fécondité sans frein amène aux guerres, à la famine, aux épidémies, à l’exploitation des travailleurs, à la dégradation des ressources naturelles, à l’extinction de la biodiversité… et au rejet de la dignité de la femme.

* LE MONDE du 1er novembre 2013, l’état de la population mondiale selon l’UNFPA

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sans énergie fossile, seulement 2 milliards d’humains

 Les deux tiers de la population sur Terre sont aujourd’hui en vie grâce au pétrole. C’est-à-dire qu’ils sont en vie grâce à la production industrielle de nourriture, aux installations sanitaires et à la médecine moderne, tout ceci reposant sur du pétrole. Sans pétrole, nous ne pourrions plus maintenir notre niveau de population ou notre niveau de vie. Sans la technologie pour faire face à la déplétion des ressources, le coût de l’énergie et des autres ressources prendront des parts de plus en plus importantes de notre richesse. Il y aura dès lors moins d’argent pour l’éducation, les infrastructures, la consommation…

Si le système de transports tombe en panne, à cause d’un manque d’énergie ou de finances, les villes n’auront plus de nourriture. Nous perdrions le plus gros de notre système médecine industrialisée. Une maladie comme l’appendicite, qui nous considérons insignifiante, serait à nouveau une cause horrible de mortalité. Nous dépendrions à nouveau directement de l’énergie solaire, et la plupart d’entre nous seraient paysans. Mais il n’y a pas assez de terres disponibles pour que chacun puisse les cultiver. Dans une économie de subsistance, l’instruction ne serait à nouveau accessible qu’aux plus riches. Les structures sociales ressembleraient à celles du Moyen Age. Il n’y aurait pas de démocratie, sauf peut-être dans quelques localités. En quelques années, peut-être 3 ou 4 milliards de gens mourraient. La population mondiale chuterait finalement à 2 milliards, contre 7 milliards aujourd’hui. L’espérance de vie tomberait à environ 40 ans.

Seulement quelques personnes se préparent à de telles perspectives. La plupart d’entre nous ne croit pas qu’un effondrement de notre civilisation est susceptible d’arriver. Sinon, nous aurions déjà besoin d’un permis pour avoir un enfant. Les humains n’ont pas évolué jusqu’à avoir la capacité de réfléchir sur de larges échelles, de temps ou d’espace. Chacun de nous a été socialisé selon les modes de pensée propres à une culture spécifique ; nous pensons que notre manière actuelle de vivre est normale, bien qu’elle soit en fait une aberration dans l’histoire humaine. Ce futur difficile va pourtant nous apparaître, que nous le voulions ou non. Nous sommes tous soumis aux lois de la physique et de l’économie.

Extraits de l’interview de Joseph Tainter par le mensuel La Décroissance (octobre 2013)

Son livre de référence, L’effondrement des sociétés complexes, publié en 1988 en anglais, est enfin publié en français (éditions Le retour aux sources – 196 pages, 26 euros)

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chronique d’une mort annoncée, Lampedusa

Un navire coule au large de Lampedusa, faisant plus de 300 morts parmi les migrants. Jean-Léonard Touadi, spécialiste des questions migratoires au sein du Parti Démocrate italien, n’est pas étonné par cette tragédie: « D’après les estimations, depuis 1988 environ 20 000 personnes ont péri en tentant de traverser la Méditerranée. Il y a une sorte de gigantesque refoulement. On ferme les yeux sur ce drame car les ouvrir signifierait qu’il faut s’interroger sur nos responsabilités par rapport aux échanges inégaux entre nos sociétés et ces pays, à une globalisation de l’injustice qui n’a pas suivi la globalisation des flux financiers et des marchés. Le flux ne tarit pas parce que les facteurs d’expulsion que sont les instabilités politiques, les conflits et la grande guerre de la pauvreté se sont aggravés. » Le pape François avait effectué sa première visite pastorale à Lampedusa le 8 juillet 2013. Il avait parlé de globalisation de l’indifférence : « Qui est responsable du sang versé par nos frères et sœurs ? s’est-il interrogé. Personne ! Aujourd’hui, personne ne se sent responsable. Nous avons perdu le sens de la responsabilité fraternelle. Qui de nous a pleuré la mort de ses frères et sœurs ? »

Sur lemonde.fr, les commentateurs ne sont pas tendres à l’égard des migrants et se défaussent de toute responsabilité :

– Indifférence générale ? Vue la présence de cet événement dans les médias je ne le crois pas. En fait ces propos ne visent qu’à me culpabiliser mais ils n’y arrivent pas : je ne suis pas coupable de la situation en Erythrée et en Somalie qui pousse ces malheureux à payer des maffieux 5 000 euros pour passer en Europe.

– Les grandes envolées lyriques et la culpabilisation des opinions publiques européennes n’apportent aucune solution: accueillir tous ces gens pour les entasser dans des bidonvilles aux portes de nos grandes villes n’est certainement pas la solution

– La plupart de ces migrants proviennent de la corne de l’Afrique où la croissance démographique est beaucoup plus forte qu’en Afrique du nord. En somalie le taux de fécondité est encore supérieur à 6 enfants par femme. La population du continent aura doublé d’ici 2050. La pression migratoire va devenir de plus en plus forte et L’Europe ne pourra pas accueillir tous les candidats au départ.

– Que faire? Pour mettre fin à de tels drames il n’y a qu’une solution: mettre en place, sans restriction, une navette sûre et gratuite entre Tripoli et Naples.

– Si je comprends bien, 20 000 morts en 25 ans c’est un drame immense? Pendant la même période, il y a eu en France 170 000 morts sur les routes…

Ces commentateurs ont-ils raison ? Sur une planète close et saturée, peut-on parler de la fin des migrations ?

*LE MONDE du 5 octobre 2013, « C’est un drame immense qui se joue dans l’indifférence »

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le sort des Roms en France ressort-il de l’écologie ?

Le ministre de l’intérieur avait estimé que les Roms « ont des modes de vie extrêmement différents des nôtres » et qu’« une minorité de familles veut s’intégrer en France ». Cécile Duflot attaque son co-ministre manuel Valls, accusé d’aller « au-delà de ce qui met en danger le pacte républicain »*.  Les commentateurs se déchaînent sur lemonde.fr contre Cécile : « Elle ne ressoude rien du tout. Elle divise l’équipe gouvernementale en difficulté. Elle parle des roms, pour éviter de parler du reste: taxe sur le diesel reportée, report de plusieurs mois les lois sur les nitrates, les algues vertes,….autrement dit ce qui est de son ressort » ; « Duflot critique Valls pour faire oublier les problèmes internes. Tout cela relève du théâtre médiatique » ; « Un joli coup? Mais alors d’une esthétique minable, de fête foraine. Si les Verts n’ont que Valls à se mettre sous la dent pour rester ensemble, tout est dit. Ce parti n’en est plus un. Il n’est qu’une coterie politicienne » ; « Bobo aux Roms : dessert dégoulinant et bourratif. A éviter ! » ; « J’ai entendu les propos de N. Mamère sur la firme. Quand j’observe la cabotinage des petits marquis d’EELV qui ont perdu depuis longtemps toute crédibilité, ne s’agit-il pas plutôt de la frime » ; « Je vais ressortir la bonne vieille blague : la pastèque verte à l’extérieur et rouge à l’intérieur. Les soi-disant « écolos » se mobilisent davantage sur des sujets comme l’immigration, les Roms, le mariage homo, etc. que sur l’écologie proprement dite. Ce parti est donc une arnaque totale… » Pas un seul intervenant pour approuver la sortie de Cécile Duflot.

Un autre article n’y va pas avec le dos de la cuillère : « Ce n’est pas le débat stratégique que l’on retient de la crise d’EELV, c’est l’ambiance de haine recuite qui règne en son sein, les petits meurtres entre amis qui s’y commettent à intervalles réguliers, cet entre-soi que dénonce le député européen Daniel Cohn-Bendit lorsqu’il parle des « couples terrifiants qui règnent sur le mouvement ». Plus l’écologie s’impose comme l’utopie du XXIe siècle – nouveau mode de pensée, nouveau modèle de production, nouveaux comportements -, plus ceux qui en portent l’idée se rabougrissent, au point d’apparaître non seulement comme des mal aimables mais surtout comme des suicidaires. EELV doit se demander pourquoi le nombre de ses adhérents s’est réduit comme peau de chagrin. Il doit réagir vite car l’implacable phénomène de la bipolarisation est à l’œuvre, qui installe le mouvement non pas comme un parti souverain mais comme un satellite du Parti socialiste. La partie la plus radicale du mouvement écolo est légitimement fondée à penser qu’il faut poser la question de la participation au gouvernement. »**

Nous attendons des représentants de l’écologie en France qu’ils parlent d’écologie, toujours d’écolgie, seulement d’écologie. La tâche est facile, tout peut se ramener à une problématique écolo. Le sort des Roms est lié à ce qu’on peut penser des phénomènes migratoires, et les phénomènes migratoires sont en prise directe avec la difficulté ou non de vivre en symbiose avec son écosystème… La réussite d’un pacte républicain passe nécessairement par un pacte écologique : il faut obtenir les ressources nécessaires à son humanisme.

* 27 septembre 2013, Cécile Duflot ressoude les rangs écologistes

** 27 septembre 2013, le rabougrissement vert

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Procréer ou consommer, il va falloir choisir

 Le problème démographique dans sa complexité est enfin abordé publiquement par un intellectuel : « A quel niveau la population mondiale va-t-elle se stabiliser ? L’hypothèse médiane des Nations unies de 11 milliards d’habitants en 2100 est encadrée d’une hypothèse basse (6,5 milliards) et d’une hypothèse haute (18 milliards). Ce degré d’incertitude se double d’une interrogation majeure sur la qualité de ce que sera le modèle de consommation moyen de la population mondiale à cet horizon ? Le développement généralisé à l’Occidentale que l’on croyait être l’antidote par l’excellence à l’explosion démographique se retrouve le fossoyeur de la planète. Aurons-nous majoritairement adopté un modèle de consommation à l’Occidentale ou un modèle partagé de sobriété ?»* That’s the question!

La réponse de Stéphane Madaule est honnête : « Pour cesser d’être balloté de Charybde en Scylla, la solution réside peut-être dans une double rupture : un changement drastique des modes de production et de consommation afin de les rendre durables, c’est-à-dire beaucoup plus sobres en ressources naturelles ; une acception réelle de mises en œuvre de politiques de population qui régulent, dans le respect des libertés individuelles. C ‘est la démographie verte : maîtrise collective de la variable démographique considérée comme endogène et non plus exogène, associée à la maîtrise de la consommation. Il convient d’agir politiquement. Nos libertés futures en dépendent. »

Le diagnostic est bon, mais il fait l’hypothèse que les politiques humains peuvent être rationnelles alors que nous aimons par dessus tout nous entretuer, par le verbe ou par le glaive, plutôt que de raisonner. De toute façon, l’expansion exponentielle d’humains est principalement due à l’abondance énergétique fossile. Comme cette manne gratuite va se tarir, la descente énergétique s’accompagnera nécessairement d’une décroissance du nombre d’humains. Celle-ci se fera comme l’avait prévu Malthus quand nous ne sommes pas raisonnables : guerres, famines et épidémies. Dommage, nous aurions pu adopter une démographie responsable.

lemonde.fr du 26 août 2013, Evolution de la population mondiale: de Charybde en Scylla

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La chasse aux étrangers et immigrés a commencé

Les conflits d’espace vital et de ressources auront, dans les décennies à venir, des effets radicaux sur la forme que prendront les sociétés occidentales. Cela commence déjà. Illustrations !

Au Royaume-Uni, le premier ministre David Cameron s’est engagé à réduire l’afflux de migrants extra-communautaires. Une campagne de publicité, baptisée « Go Home », incite les illégaux à rentrer chez eux sous peine d’arrestation et de déportation. En Grèce, des hommes végètent derrière de hautes grilles surmontées de fils barbelés. Ce pays a été condamné onze fois en trois ans par la Cour européenne des droits de l’homme pour les conditions de rétention des migrants, traités comme des criminels. En Russie l’opposant à Poutine, Alexei Navalny, veut enrayer l’immigration illégale et propose d’inciter les Russes à prendre les emplois tenus par les immigrés. Objet de la détestation populaire, les immigrés subissent même des raids punitifs de milices nationalistes. En Egypte, des inconnus tracent des croix sur les rideaux de fer des échoppes chrétiennes et des « Allah Akbar » sur les musulmanes. Plus tard des boutiques seront pillées et incendiées. En Corse, le président du conseil exécutif propose de limiter l’accès à la propriété pour les non-résidents. Cette suggestion trouve un large écho au sein de la population corse. Tous ces éléments sont issues d’un seul numéro du quotidien de référence*.

Il se pourrait qu’un jour le modèle occidental, avec toutes ses conquêtes en matière de démocratie, de libertés, de tolérance, de créations artistiques, apparaisse aux yeux d’un historien du XXIIe siècle comme un vestige incongru. Si du moins il y a encore des historiens au XXIIe siècle. Comme les ressources vitales s’épuisent, il y aura de plus en plus d’hommes qui disposeront de moins en moins de bases pour assurer leur survie. Il est évident que cela entraînera des conflits violents entre ceux qui prétendent boire à la même source en train de se tarir, et il est non moins  évident que, dans un proche avenir, on ne pourra plus faire de distinction pertinente entre les réfugiés fuyant la guerre et ceux qui fuient leur environnement. Le XXIe siècle verra non seulement des migrations massives, mais des solutions violentes aux problèmes de réfugiés. La violence a toujours été une option de l’action humaine. Quand des hommes interprètent des problèmes comme menaçants leur propre existence, ils tendent à prendre des solutions radicales, telles qu’ils n’y avaient jamais pensé avant. Une fois un conflit défini comme opposant des groupes « nous » et « eux » comme des catégories différentes, les solutions de conciliation deviennent impensables, et cela a pour effet que ces conflits sont partis pour durer, en tout cas jusqu’à ce qu’un côté ait vaincu l’autre. Le fait de faire de groupes humains des catégories distinctes aboutit régulièrement au meurtre. Quelle sera la réaction d’un Etat le jour où augmentera le nombre de réfugiés chassés par leur environnement et où ils causeront aux frontières des problèmes massifs de sécurité ?**

* LE MONDE du 13 août 2013

** Harald Welzer, Les guerres du climat (Gallimard, 2009)

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bientôt 11 milliards d’humains, la catastrophe en marche

S’appuyant sur les tendances actuelles en termes de fécondité, de mortalité et de migrations, l’ONU retient trois scénarios faisant osciller le nombre d’individus à la fin de ce siècle entre 6,8 milliards et 16,6 milliards. Si l’on retient la variable médiane, la population mondiale friserait les 11 milliards en 2100*. En 1999, nous étions 6 milliards. Presque un doublement en cent ans ! Cela n’inquiète pas beaucoup de monde, médias, politiques ou intellectuels. Il faut dire que nous sommes tellement habitués à voir se multiplier le nombre d’automobiles que le nombre de conducteurs potentiels n’a plus d’importance. Ainsi va l’aveuglement des masses, bercés par l’abondance énergétique qui a facilité à la fois les déplacements de population et la mondialisation des denrées, l’agriculture chimique et l’irrigation, la conservation de la nourriture et Coca Cola en plein désert, le fast food et la hausse de l’espérance de vie. Tout cela va s’effondrer avec la descente énergétique qui va avoir lieu bien avant le tournant de ce siècle.

Ce qui veut dire que la population mondiale n’atteindra jamais 11 milliards à la fin de ce siècle, elle va chuter irrémédiablement. En effet l’humanité n’a jamais été à l’abri des guerres, des famines et des épidémies. A plus forte raison avec des villes tentaculaires qui deviennent des bidonvilles… facteurs de guerres, de famines et d’épidémies. A plus forte raison avec un réchauffement climatique qui va faire chuter les rendements agricoles. A plus forte raison avec des océans dont on a épuisé les réserves halieutiques. A plus forte raison avec la stérilisation des sols (béton et asphalte, salinisation des sols, perte de richesse biologique, etc.). Sans compter le stress hydrique, etc. C’est la très forte densité de la population rwandaise qui a joué un rôle fondamental dans le génocide subi par les Tutsi en 1994. Et le chômage croissant n’est pas un signe de stabilité sociale. Les émeutes de la faim ne font que commencer.

Robert Engelman, de l’Institut de recherche environnementale Worldwatch, pointe « l’absence totale de débat » des pouvoirs publics autour de la question de l’accès à l’information, de l’éducation sexuelle et de la contraception. Il dénonce aussi le « faible investissement des Etats en faveur d’une politique de planning familial performante ». Un  membre de Démographie responsable  écrit sur lemonde.fr : « Certains dirigeants, tels les présidents du Nigeria, du Pakistan ou du Malawi ou encore les premières dames du Burkina Faso et du Burundi, n’hésitent plus à appeler au renforcement des politiques de planification familiale : allons-nous encore longtemps rester sourds à ces appels ? »

* LE MONDE du 27 juillet 2013, Onze milliards d’habitants sur la planète en 2100

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pour casser le cercle vicieux agriculture-surpopulation

Connaître la pénurie alimentaire ou mourir de faim est la résultante d’une double causalité, l’évolution de la population et la possibilité de se nourrir. Or il y a profusion de livres sur l’agriculture et une absence extraordinaire d’analyse démographique. Ainsi des titres récents : « Nourrir l’humanité », « Entre faim de terres et appétit d’espace », « La fin des terres, comment mangerons-nous demain », « Famine au Sud, malbouffe au Nord, comment le bio peut nous sauver », «  Et si l’agriculture sauvait l’Afrique ? », « Vers l’autonomie alimentaire », « Développement, alimentation, environnement : changer l’agriculture », etc. Si l’influence de la surpopulation est mentionnée, ce n’est que marginalement. Ainsi Hugues Stoeckel qui lui consacre seulement une page dans son livre, « La faim du monde1 ». Ainsi Walden Bello, qui expédie Malthus en quelques lignes ambiguës dans son introduction : « On peut critiquer l’extrême pessimisme de Malthus et de beaucoup de ses disciples actuels, mais il est difficile de récuser leur mise en garde »2.

La problématique malthusienne n’intéresse ni les analystes, ni les médias, ni en conséquence les mouvements politiques. La loi répressive de 1920, interdisant aussi bien l’avortement que la contraception, a été votée aussi bien par Maurice Barrès (nationaliste) qu’Edouard Herriot (radical-socialiste), Marc Sangnier (chrétien-démocrate) ou Robert Schuman (catholique). Le congrès du parti communiste en 1956 l’affirme : « Le néomalthusianisme, conception ultra réactionnaire, remise à la mode par les idéologues de l’impérialisme américain, est une arme aux mains de la bourgeoisie pour détourner les travailleurs de la lutte pour les revendications immédiates, pour le pain, pour le socialisme. »3 Quand Le Monde ou Le Figaro parle aujourd’hui de la population française, c’est pour se féliciter de la reprise de la fécondité. Le président Nicolas Sarkozy ou le président François Hollande restent partisans des allocations familiales, soutenant les familles nombreuses. Droite et gauche ont le même discours. Mais la droite reste la plus virulente. Le présidentiable américain Mitt Romney voulait supprimer le « Title X Family Planning« , programme ayant pour objectif d’aider ceux qui le souhaitent à contrôler leur fécondité. Paradoxalement cet unanimisme touche aussi la revue mensuelle La Décroissance ou même le Parti Pour La Décroissance (PPLD). Ils jugent que le problème n’est pas le nombre de personnes sur terre mais le nombre d’automobiles.

La régulation de la population humaine est mal perçue par les élites qui veulent nous gouverner. Les malthusiens, en faveur d’une limitation des naissances, sont donc bien isolés. Rares sont les pays comme la Chine ou l’Iran qui accordent de l’importance au risque de surpopulation. Pourtant la population mondiale augmente en moyenne de un milliard de personnes tous les 12 ans. Ce n’est pas rien. Car tout être vivant a besoin pour vivre d’un certain espace où trouver assez de nourriture pour assurer sa survie et celle de sa descendance. La réalité semble incontournable. Aucune mesure susceptible de protéger notre environnement ne sera efficace s’il n’y a pas au départ une interrogation sur les limites de l’expansion de l’homme sur notre planète. Aucune espèce biologique, y compris homo sapiens, ne peut être dissociée du contexte naturel qui l’entoure. Lorsque le territoire s’appauvrit, il va falloir en changer ou l’agrandir aux dépens des autres. L’histoire de l’homme c’est aussi une quête incessante de nouveaux territoires. C’est aussi une succession de famines et de guerres, la régulation se fait de toute façon d’une manière ou d’une autre.

La révolution agricole au XIXe siècle nous a fait croire temporairement à l’abondance alimentaire. Mais comme l’exprime Albert Howard en 1940 dans son Testament agricole4 : « Des engrais artificiels sont largement utilisés, ce que l’on pourrait appeler la mentalité NPK (azote, phosphore, potassium). On fait appel à la science agronomique pour aider à la production. Mais les engrais minéraux et les machines sont impuissants à maintenir un équilibre entre les phénomènes de croissance et ceux de dégradation. Les engrais artificiels mènent infailliblement à une alimentation artificielle, à des animaux artificiels et finalement à des hommes et des femmes artificiels. Dans les années à venir, les engrais chimiques seront considérés comme l’une des plus grandes stupidités de l’ère industrielle… » De plus, sans maîtrise de la fécondité, il n’y a pas d’agriculture durable.

Dans son introduction à Essai sur le principe de population5 de Thomas Robert Malthus, Jean Paul Maréchal va à l’essentiel : «  Si l’on pense que la substance de l’Essai réside dans l’avertissement que la Terre constitue un espace clos et un fonds borné, alors Malthus précède d’un siècle et demi le Club de Rome et ses courbes exponentielles. La catastrophe démographique n’est pas survenue, non pas parce que la Terre pourrait nourrir n’importe quelle population, mais parce que, jusqu’à présent, le développement économique a pu suivre la croissance des besoins. » Aujourd’hui le constat est cruel. Notre expansion butte sur la double limite de l’épuisement des ressources naturelles et des capacités de régénération du milieu. Le principe de population resurgit dans l’air, dans l’eau et dans les sols. Tout écologiste se doit de rendre hommage à Malthus sur ce point, il avait vu loin. Au moment où l’homme met en péril les conditions de sa propre survie, le souvenir de Malthus nous rappelle la nécessité d’une pensée des limites. Car la population ne peut croître au delà des ressources alimentaires. La « loi de Malthus » exprimait cette impossibilité : « Lorsque la population n’est arrêtée par aucun obstacle, elle va doubler tous les vingt-cinq ans, et croît de période en période selon une progression géométrique… Les moyens de subsistance, dans les circonstances les plus favorables à l’industrie, ne peuvent jamais augmenter plus rapidement que selon une progression arithmétique… Pour que la population existante trouve des aliments qui lui soient proportionnés, il faut qu’à chaque instant une loi supérieure fasse obstacle à ses progrès… Si nous laissons la population s’accroître trop rapidement, nous mourons misérablement, en proie à la pauvreté et aux maladies contagieuses. »

Pour éviter guerres, épidémies et famines, Malthus préconisait la contrainte morale, c’est-à-dire l’abstinence du mariage jointe à la chasteté. Ce message a été développé de façon plus moderne à la fin du XIXe siècle par les néo-malthusiens. L’action de Paul ROBIN (1837-1912) mériterait d’être enseignée dans toutes les écoles. En 1896 le Dr Jacques Bertillon fondait l’Alliance nationale pour l’accroissement de la population française. La même année Paul Robin fonde au contraire la Ligue de la régénération humaine dont la devise sera « bonne naissance-éducation intégrale ». Cette association se propose de « répandre les notions exactes de science physiologique et sociale permettant aux parents d’apprécier les cas où ils devront se montrer prudents quant au nombre de leurs enfants, et assurant, sous ce rapport, leur liberté et surtout celle de la femme ». Un centre de consultation et de vente de produits anticonceptionnels est ouvert à Paris par Paul Robin en 1899. Le Planning familial, le Mouvement de libération des femmes  (MLF) et le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC) doivent beaucoup à Paul Robin.

Malheureusement l’arrivée de la première guerre mondiale met un terme au néo-malthusianisme. La propagande antinataliste est alors considérée comme une trahison, des lois condamnant la contraception et l’avortement sont votées en 1920. Le nationalisme (plus de soldats), l’ordre moral (religion nataliste) et l’exigence économique (davantage d’ouvriers, moins de revendications) l’ont emporté. Il faudra attendre les premières préoccupations écologistes pour que la problématique du nombre d’hommes refasse surface. L’idée d’écrire le livre La planète au pillage6 est venue à Fairfield Osborn dès la fin de la seconde guerre mondiale. Il lui semblait que l’humanité se trouvait engagée non pas en un, mais en deux conflits : «  Cette autre guerre mondiale grosse d’un désastre final pire même que celui qui pourrait provenir d’un abus de la bombe atomique. Cette autre guerre, c’est celle de l’homme contre la nature. » Son diagnostic reste toujours vrai : « C’est chose étonnante que de voir combien il est rare de trouver une seule personne bien au fait de la destruction accélérée que nous infligeons sans arrêt aux sources même de notre vie. Par ailleurs, les rares esprits qui s’en rendent compte ne voient pas en général le lien indivisible entre ce fatal processus et les exigences irrésistibles d’une population humaine sans cesse en augmentation. »

Ce n’est que dans les années 1970 que la problématique démographique se popularise avec La bombe P de Paul Ehrlich7. Les mesures à prendre sont précises, par exemple : « Un bureau de la Population et de l’Environnement devrait être créé pour apprécier le niveau de peuplement optimal, et préconiser les mesures permettant d’y arriver. Ce BPE devrait coordonner politique démographique, protection de l’environnement et gestion des ressources. » Le rapport du club de Rome en 1972 ne fait que confirmer statistiquement les craintes de Paul Ehrlich sur le décalage qui existe entre évolution exponentielle de la démographie humaine et possibilités finies de la planète. Les néomalthusiens savent qu’un jour ou l’autre la nature leur donnera raison. La philosophie générale de Malthus et surtout celle des néo-malthusiens, qui consiste à nous responsabiliser sur la procréation dans le but d’assurer une plus grande qualité de vie à chaque génération, garde toute sa pertinence. Avec le pic pétrolier et le réchauffement climatique, voici des éléments qui renforcent l’incontournable réflexion sur les bornes que le milieu, la nature, la biosphère, finissent par opposer à l’expansion indéfinie de toute espèce vivante. Il n’y a pas un seul problème environnemental qui ne pourrait être plus facilement résolu avec une population moindre.

Pourtant la volonté de croissance économique et les errements idéologiques continuent d’occulter les prises de conscience. Le fait d’avoir ou de ne pas avoir d’enfants est considéré comme une affaire strictement privée, dans laquelle les décisions sont prises sans aucune considération des conséquences globales dans le temps et dans l’espace. La plupart des activités requièrent l’obtention d’un permis ou la présentation d’un certain nombre de garanties, pas la procréation ! Mais plus nous attendrons pour faire face à la pression démographique, plus la régulation sera douloureuse.

1. La faim du monde (L’humanité au bord d’une famine globale) (édition Max Milo, 2012) : Agir sur la démographie p 267

2. La fabrique de la famine (Editions carnetsnord, 2012)

3. Le poids du nombre de Georges Minois (éditions Perrin, 2011)

4. Testament agricole d’Albert Howard  (éditions Dangles en langue française, 2010 ; première édition en 1940).

5. Essai sur le principe de population de Malthus (éditions Flammarion, 1992 ; première  édition en 1798)

6. La planète au pillage de Fairfield Osborn (Actes  sud, 2008 ; première édition en 1948)

7. La bombe P de Paul Ehrlich (Fayard, les amis de la Terre, 1972 ; première édition en 1971)

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Pour limiter le nombre de morts, vive l’avortement…

Un écologiste sait que la vie entraîne la mort. C’est un cycle biologique, un être vivant naît, grandit puis meurt, personne ne peut y échapper. Cela veut dire aussi qu’augmenter le nombre de vies, c’est nécessairement augmenter le nombre de morts. C’est pourquoi le simpliste « droit à la vie » des anti-avortements est une fausse argumentation qui oublie la réalité du cycle naturel. L’interruption volontaire de grossesse est interdite au Chili depuis 1989, lorsque le général putschiste et dictatorial Pinochet a fait inscrire dans le code sanitaire qu’« aucune action ne peut être exécutée dans le but de provoquer un avortement ». Même s’il s’agit comme aujourd’hui d’une enfant de 11 ans violée par son beau-père et enceinte de ses basses œuvres. La présidence du Chili déclare : « Notre gouvernement défend la vie de l’enfant à naître et, par conséquent, nous refusons tout type d’avortement. »*

Une telle attitude applique à l’extrême l’impératif biblique « croissez et multipliez », donnant à l’espèce humaine un droit exorbitant de pouvoir se développer en nombre bien plus que les capacités des écosystèmes le permettent. Ce tour de force ne peut réussir qu’au détriment des autres espèces (chute de la biodiversité) et par l’augmentation du nombre de vies humaines. Les guerres, les famines et les épidémies ponctionnent le surplus de vies humaines. Or, si des pays interdisent encore l’IVG, aucun ne s’interdit la guerre. Pire, on s’habitue très rapidement aux massacres de masse. Un soldat de la Wehrmacht exprimait ainsi cette capacité humaine d’adaptation aux œuvres de destruction : « Le premier jour, çà m’a paru effroyable, de tuer, alors je me suis dit : et merde, c’est un ordre. Les deuxième et troisième jours, j’ai dit : je n’en ai rien à foutre. Et, le quatrième, j’y ai pris du plaisir. »**

Les natalistes anti-avortements, s’ils étaient logiques avec leur « droit à la vie », devraient être les objecteurs de conscience les plus résolus, opposés à l’usage des armes et aux meurtres collectifs organisés. Malheureusement leur pensée s’arrête à la vue d’un berceau, considéré comme le but ultime de la vie. Ce point de vue racorni amène alors la petite chilienne de 11 ans à dire d’une faible voix : « Je vais aimer beaucoup mon enfant même s’il est de cet homme qui m’a fait du mal, cela ne fait rien, je vais l’aimer. » Aimer la vie à n’importe quel prix n’est pas aimer. Etre anti-avortement veut nous faire oublier que la vie appelle la mort…

* LE MONDE du 13-14-15 juillet 2013, au Chili le viol d’une fillette relance le débat sur l’IVG

** Le Canard enchaîné du mercredi 10 juillet 2013, Heili allô

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La démographie, le vrai problème, le problème de fond

Les Georgia Guidestones sont un monument en granit érigé le 22 mars 1980 en Géorgie. Dix commandements sont gravés sur les deux faces de 4 pierres érigées verticalement. Ils sont écrits en 8 langues différentes : l’anglais, le russe, l’hébreu, l’arabe, l’hindi, le chinois (mandarin), l’espagnol et le swahili.

Maintenez l’humanité en dessous de 500 millions d’individus en perpétuel équilibre avec la nature3.

Guidez la reproduction intelligemment en améliorant la forme physique et la diversité4.

Unissez l’humanité avec une nouvelle langue mondiale5.

Traitez de la passion, de la foi, de la tradition et de toutes les autres choses avec modération6.

Protégez les personnes et les nations avec des lois et des tribunaux équitables7.

Laissez toutes les nations gérer leurs problèmes internes, et réglez les problèmes extra-nationaux devant un tribunal mondial8.

Évitez les lois et les fonctionnaires inutiles9.

Équilibrez les droits personnels et les devoirs sociaux10.

Faites primer la vérité, la beauté, l’amour en recherchant l’harmonie avec l’infini11.

Ne soyez pas un cancer sur la terre. Laissez de la place à la nature. Laissez de la place à la nature12.

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Suicide mode d’emploi, voici les nouvelles recettes

– Avaler un antivomitif, attendre vingt à trente minutes qu’il agisse, ingérer ensuite un mélange de comprimés broyés et de jus de pomme. Cinquante minutes plus tard, prises de quelques gouttes de diazépam et décès dans l’heure.

– La potion miracle, c’est le pentobarbital de sodium. Il suffit d’en ingérer quelques grammes, mélangés à un verre de jus de pomme, pour s’endormir dans les deux minutes et mourir dans la demi-heure.

– Le lieu idéal, c’est la Suisse. Il suffit d’envoyer un dosser médical à l’association suisse Dignitas, rencontrer un médecin par deux fois pour que ce dernier s’assure da la volonté de mourir (procédure de suicide assisté), boire une première potion qui prépare l’estomac à recevoir trente minutes plus tard le pentobarbital de sodium.

                Nous n’inventons rien, c’est écrit dans LE MONDE du 2 juillet 2013, « J’ai aidé ma mère à mourir ». Rappelons qu’en 1987, le parlement français avait voté un texte spécifique réprimant la « provocation au suicide » et « la propagande ou la publicité en faveur de produits, d’objets ou de méthodes préconisées comme moyen de se donner la mort ». Il s’agissait en  fait d’interdire le livre « Suicide, mode d’emploi ». Mais comme aucune loi ne peut empêcher de se donner la mort, pourquoi la société ne donnerait-elle pas à l’individu les moyens de sa liberté ? Où placer une dignité humaine indéfinissable ? Une maladie incurable ne peut-t-elle donner le droit au suicide assisté ? Enfin, si on se place du point de vue de la Biosphère, toute mort consentie n’est-elle pas une délivrance partielle sur une planète ravagée par le poids des humains ? Quand le fait de se donner la mort paraît la seule issue possible, pourquoi ne pas l’accepter socialement… en toute liberté individuelle…

Rappelons les propos de Ludwig A. Minelli, fondateur de Dignitas, association suisse d’aide au suicide (LeMonde du 25-26.05.2008) : « En Suisse, on peut aider quelqu’un à se suicider tant que l’on n’est pas mû par un « mobile égoïste ». Or j’ai toujours estimé que la mort volontaire assistée était un droit universel. Dans nos sociétés, une personne suicidaire ne peut pas s’adresser à quelqu’un d’autre sans craindre d’être mise dans un hôpital psychiatrique. Nous, nous discutons, d’abord en cherchant des solutions en faveur de la vie. Si l’on arrive à la conclusion que le suicide est la seule possibilité, il se produit alors un phénomène étrange. Sur cent personnes qui reçoivent notre feu vert provisoire, à savoir qu’un médecin suisse s’est dit prêt à leur prescrire du Pentothal après consultation de leur dossier, seulement 12 % réalisent leur souhait de mourir. Quand ils savent que la porte de secours existe, les individus se sentent plus tranquilles, ils ont moins peur. Il y a une grande différence entre un suicide ordinaire et une mort volontaire assistée. Dans le premier cas, le suicidaire ne parle à personne, et sa mort, brutale, est très dure pour son entourage. A Dignitas, nous conseillons à nos adhérents de discuter avec leur famille. Ils peuvent ainsi se dire adieu, et la phase de deuil se passe en général mieux. Pourtant beaucoup de personnes condamnent le suicide assisté. Ce n’est qu’une question de pouvoir. Certains milieux ne peuvent pas accepter qu’un individu ait la faculté de décider de sa propre mort. Les médecins ne l’acceptent pas, car cela va contre leur pouvoir sur les patients. Le suicide assisté va aussi contre les intérêts de l’industrie pharmaceutique, des Eglises et des responsables politiques. »

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le Mahatma Gandhi était-il un pervers polymorphe ?

aux lecteurs de ce post, remarque préalable

Cet article sur la « perversité » de Gandhi a été publié en 2013, ce blog ayant démarré en 2005. C’est le plus visité parmi les 6647 article parus à ce jour (23 août 2022) sur ce blog biosphere. Comme vous allez le lire, cette « perversité » n’est qu’un mythe. La « grande âme » doit au contraire être considéré comme une référence majeure pour l’humanité. Lire par exemple ce résumé de  la vie du mahatma Gandhi :

Autobiographie ou mes expériences de vérité

Et retenez cette phrase de Gandhi : « N’importe quelle question peut être examinée de sept points de vue au moins, tous exacts en soi, mais non dans le même temps ni dans les mêmes circonstances. »

Le Mahatma Gandhi, la Grande âme, était-il un pervers ?

Une de ses petites-nièces, Mridula Gandhi dite Manu, dormait nue à ses côtés. La jeune fille avait alors 17 ans. Il en avait soixante de plus. Mais il « voulait tester en leur présence nocturne et dévêtue sa résistance au désir »*. Pourquoi publier ces extraits des carnets intimes de Manu ? Pourquoi insister sur les jalousies qui sévissaient dans l’entourage de Gandhi ? Que cherche le journaliste Frédéric Bobin en racontant une telle histoire ? La réponse est simple, il faut flirter avec le scandale pour vendre du papier, même quand on est journaliste au MONDE. Frédéric Bobin laisse même entendre que cette « expérience » de cododo (co-sleeping) a complètement déstabilisé Manu**.  Rien dans cet article pour rehausser l’image d’un homme qui a été le principal levier de l’indépendance de l’Inde, un artisan par l’exemple de la validité des méthodes de la non-violence et un modèle de limitation des désirs qu’on appellerait aujourd’hui recherche de la simplicité volontaire.

En vérité Frédéric Bobin aurait pu dire que Gandhi était sans doute au sens freudien un « pervers polymorphe ». Sigmund Freud situe la perversion dans les pulsions qui visent une satisfaction « polymorphe », ou détournée, c’est-à-dire un but autre que génital. L’adulte serait l’enjeu de la dynamique des fixations et des régressions, et pourrait développer une perversion dans le sens psychopathologique. La perversion deviendrait alors l’expression de la pulsion d’emprise, et son fondement psychique serait, selon Freud, le déni de la différence des sexes. Peut-être que Gandhi avait des difficultés à pratiquer une sexualité normale, son vœu de chasteté n’en serait qu’un des symptômes et sa relation nocturne avec Manu un autre. Mais ce n’est pas l’essentiel et cela relève d’ailleurs de la vie personnelle qu’un journaliste se devrait de respecter.

En fait, dans son autobiographie, Gandhi explicite clairement sa position personnelle sur l’acte sexuel : « Que devaient être mes rapports sexuels avec ma femme ? Ce que je voulais surtout, c’était ne plus avoir d’enfants. En Angleterre, j’avais lu des textes se rapportant à l’usage de produits anticonceptionnels. Si cette propagande a exercé sur moi une influence passagère, le plaidoyer de Mr Hill pour l’effort intérieur (opposé aux moyens extérieurs) a fait sur moi un effet beaucoup plus grand. Le couple qui comprend parfaitement ce genre de chose n’accomplira jamais l’acte d’union sexuelle pour satisfaire le désir charnel, mais dans les seuls moments où il désire un enfant. »

La chasteté pour Gandhi n’était qu’un moyen malthusien de limitation des naissances. N’oublions pas aussi que Gandhi a été forcé à se marier à l’âge de 13 ans et qu’à seize ans, il attendait déjà un enfant. D’où son voeu de chasteté. Frédéric Bobin ferait mieux de se documenter avant de pondre un article aussi pervers.

* LE MONDE du 22 juin 2013, Gandhi, la chasteté et les femmes

** « Gandhi privilégia son « expérience » (de cododo) entêtée sur sa réputation politique. Manu ne se remit jamais vraiment de l' »expérience ». »

NB : Pour contacter l’auteur de cette analyse, biosphere@ouvaton.org

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respect du vivant, hommage radical à la dénatalité

Nous devenons iconoclastes, choquants, violeurs de tabous  en affirmant, contre la propagande nataliste, que la croissance démographique est un mal pour la nature et à terme pour l’humain.

Plus les hommes seront nombreux, plus il faudra urbaniser, artificialiser, plus croîtront les besoins en énergie et moins les autres formes de vies conserveront une place sur la terre. Quant aux hommes, la qualité de la vie s’altérera, lorsque l’Europe ne sera plus qu’une vaste mégapole sillonnée d’axes de transports, transformant ce que la mode appelle « l’environnement » en un permanent
enfer urbain. La biodiversité aura disparu et ce d’autant que trop d’humains se révèlent intolérants à toute autre forme de vie. Malgré quelques velléités de bien faire, malgré les colloques scientifiques et les déclarations pontifiantes des dirigeants de la planète, l’homme se comporte encore en ennemi de la terre.

La France se glorifie stupidement de son taux de natalité supérieur à celui de tous ses voisins. La propagande officielle s’en réjouit sur le thème : « pour payer les retraites de demain ». En fait, cela pourrait bien être : Pour surcharger les statistiques de pôle emploi. Que veulent-ils ? Pour eux, croître est une finalité qui se suffit à elle-même. Quelle place laisserons-nous aux ours, aux loups, aux oiseaux, aux amphibiens ? Voilà une question qui n’effleure même pas l’esprit étriqué des natalistes poursuivant leur course folle au toujours plus, leur logique de cellule cancéreuse de la terre.

Donc, le plafonnement du quotient familial n’est qu’une mesurette financière visant à ponctionner des citoyens en se gardant bien de toucher aux incitations au troisième enfant. Il fallait instaurer une dégressivité des allocations familiales et leur suppression pour un couple percevant plus de dix mille Euros par mois. J’entends nos détracteurs me reprocher d’être un misanthrope voulant sacrifier l’humain au reste du vivant. Actuellement, c’est l’humain qui sacrifie le vivant. Un biocentriste, en condamnant l’anthropocentrisme, fait oeuvre de philanthrope. Car nous voulons des humains heureux, prospères, hédonistes mais réconciliés avec les autres espèces et sachant partager la planète avec elles. Pour sauver la nature et donc pour sauver l’humain, deux conditions cumulatives doivent être réalisées :

– D’une part, l’homme doit aimer le vivant et cesser de l’anéantir.

– D’autre part, la population humaine ne doit plus croître au point d’occuper tout l’espace et de dégrader son propre cadre de vie.
lettre (résumée) de Gérard CHAROLLOIS, dimanche 16 juin 2013

www.ecologie-radicale.org

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en mémoire du malthusien convaincu René Dumont (7/9)

Toute sa vie, l’agronome René Dumont s’obstina à rendre compte de cette évidence qui lui avait sauté aux yeux en 1930, sur les bords du fleuve rouge : l’expansion démographique est en train de miner la planète. A cette époque, le delta indochinois ne comptait encore que 430 habitants au kilomètre carré, avec cependant des pointes à près de 1000 à l’ouest et au sud. Le jeune ingénieur passait ses journées parmi les familles vietnamiennes à étudier les méthodes d’intensification de la culture du riz. Il en avait tiré la conséquence essentielle : « Aucun progrès sensible ne pourra être réalisé tant que le delta portera un excès de population qu’il ne peut ni nourrir convenablement ni occuper normalement. » Dans son livre La culture du riz dans le delta du Tonkin (1935), il constatait que « la classe pauvre jeûne » et il annonçait que « la misère va s’accroître ». Il dénonçait l’« erreur monstrueuse des autorités coloniales françaises que constitue l’extension à l’Indochine de la loi du 31 juillet 1920 réprimant la provocation à l’avortement et la propagande anticonceptionnelle ». Que font les pauvres ? des gosses. Et comment nourrit-on de plus en plus de gosses ? En surexploitant les sols et les ressources naturelles jusqu’à l’épuisement, en dégradant l’écosystème. Pour l’agronome, il n’y a aucun doute : « L’agriculture ne peut plus assurer la sécurité alimentaire mondiale… La loi des rendements décroissants des facteurs de production domine l’agriculture. » Tout son univers avait basculé le jour où il découvrit que la terre n’est pas inépuisable, pire qu’elle est en train de s’épuiser : « L’Afrique consomme tous les jours son capital de fertilité comme on exploite une mine. » Pour lui « la réduction des naissances serait le vrai remède ».

Mais quels que soient les régimes, les cultures et les religions, personne n’écoute. Le « croissez et multipliez » constitue la certitude commune de l’humanité. Le communiste Maurice Thorez s’en prend directement à Dumont : « Les communistes condamnent les conceptions réactionnaires de ceux qui préconisent la limitation des naissances et cherchent ainsi à détourner les travailleurs de leur bataille pour la paix et le socialisme. » Dans l’ouvrage Richesse et population, Alfred Sauvy écrit : « Le nombre crée la pression et la pression fait jaillir la qualité. » Avec Economie agricole dans le monde (1953), l’agronomie déroule le fil d’une autre logique : à partir d’un certain seuil, la pression démographique conduit au déclin. « L’équilibre biologique est une notion à laquelle l’esprit toujours paresseux résiste. Sa nécessité est niée par une bien curieuse conjonction : celle des catholiques et des marxistes ». « Les possibilités offertes par la nature sont limitées », écrit-il en 1966. A la différence de tous ceux qui annonçaient la « défaite de Malthus », l’observateur inlassable des réalités de terrain n’a cessé de constater que « la fécondité galopante ne fournit pas de main d’œuvre mais un surplus de bidonvilles. » Pire, elle renforce les dépendances et les dominations : « L’explosion démographique est la plus fidèle alliée du néocolonianisme. »

En Afrique, dès 1962, c’est à l’idée dominante qui veut que le continent soit sous-peuplé que Dumont s’oppose en juxtaposant deux chiffres : 3 % de croissance démographique contre 1 % de croît agricole. En 1965, Boumediene déclare en s’emparant du pouvoir qu’à la fin du siècle l’Algérie sera une grande puissance grâce à ses 40 millions d’habitants. Dumont lui fait tenir immédiatement un  message : « Sur 40 millions d’Algériens, il y aura 39 millions de miséreux et 1 million de privilégiés. » En 1965, Dumont titre son deuxième ouvrage sur le pays de Mao La Chine surpeuplée. Tiers-monde affamé. Il y prévient que plus le gouvernement tardera à prendre des mesures, plus celles-ci se  révéleront féroces. Des décisions interviennent effectivement en 1970, et avec quelle brutalité (enfant unique, avortement obligatoire) ! Dumont ne gémit pas : « De la Chine au Kenya, il n’est malheureusement plus possible, sans danger pour le pays, de laisser aux couples la liberté de se reproduire à leur guise. » Dès 1966, dans Nous allons à la famine, il avait fait ses comptes : avec un taux moyen de croissance démographique prévisible de 2,7 % l’an, le tiers-monde compterait près de 5 milliards d’habitants en l’an 2000. « La catastrophe est inévitable », concluait-il. «  En envoyant dans ces pays le médecin et la religieuse avant l’agronome, on a permis aux enfants de survivre aux épidémies avant de leur préparer la nourriture pour qu’ils puissent vivre dignement. » En Egypte, en 1967, au grand dam des autorités religieuses, il confronte la hausse de la natalité à la baisse au débit du Nil. Au Bangladesh, où l’agronome se rend pour la première fois en 1973, il découvre le « risque de surpeuplement le plus effroyable ». La croissance démographique va rendre les moussons encore plus meurtrières, prévient-il, dans la mesure où la population, faute de place, sera amenée à s’installer sur les zones ruinées périodiquement par les inondations ou par les cyclones.

Le développement est la meilleure des pilules, s’accorde-t-on à dire à la conférence mondiale de Bucarest sur la population (1974). Dumont estime que les conditions actuelles de dénuement économique et de crises écologiques posent le problème démographique dans des termes différents de ceux qu’a connus l’Europe : « C’est quand la population s’emballe que s’amplifient les dégâts du productivisme, compromettant les moyens mêmes de production ». On n’a plus les capacités d’assurer les conditions du décollage économique. La vérité oblige aujourd’hui à reconnaître que la natalité n’appelle pas la richesse et le développement n’est pas au rendez-vous pour contenir la natalité. Dans un contexte de baisse de la mortalité et de pénurie économique, la croissance de la population resserre les mailles du sous-développement et aggrave la destruction de l’environnement. Comme l’annonçait Dumont, la « bombe à retardement » a frappé. Depuis 1975, l’agronome estime qu’après examen de nos potentialités agricole, il ne faudrait jamais dépasser 7 ou 8 milliards d’habitants au total.

Au tournant des années 1980, les théories ultralibérales prennent le relais des aveuglements archaïques. Guy Sorman (un « ignorant », lâche Dumont) annonce la défaite de Malthus et, dans un ouvrage de 1986, il fait de la croissance démographique la « nouvelle richesse des nations ». Au même moment, Jean-Claude Chesnaix, dans La revanche du tiers-monde, qualifie la croissance démographique de moteur du développement par la dynamique qu’elle enclenche, par « la pression à l’innovation ». Dumont voit ses amis tiers-mondistes faire le dos rond. Dumont lance aux tenants de la thèse libérale : « Quand vous aurez partagé le repas des mal-nourris, vous aurez droit à la parole. » Qu’un enfant soit décédé directement d’inanition ou indirectement de kwashiorkor (prostration à la suite d’un déficit en protéines) ou de marasme (fonte musculaire par manque de calories), il n’empêche qu’il est mort !

En 1989, il se sépare avec fracas de Frères des hommes, l’organisation non gouvernementale avec laquelle il travaillait étroitement, dans la mesure où celle-ci se refuse à inscrire la surnatalité comme une cause essentielle du sous-développement. Dumont ne peut admettre que cette organisation tiers-mondiste écrive : « Une bouche de plus à nourrir, c’est aussi deux bras et un cerveau prêt à travailler, donc à produire. » Car dans ses incessants va-et-vient autour de la planète, l’agronome a trop souvent vérifié combien l’expansion de la natalité creusait la tombe des vivants. Un gosse des collines du Bihar indien lui demande : « Quel mois chez toi on a faim ? » Les principes moraux de respect de la personne qu’on lui oppose ne l’impressionnent pas. Il invoque pour sa part une autre morale : « A quoi bon amener à la vie un enfant pour laisser mourir un peu plus loin ceux qui sont déjà nés ? » Le prétexte productiviste le scandalise tout autant : « Les deux bras de plus, que peuvent-ils produire chez les paysans sans-terre ou dans les bidonvilles, sinon être exploités abominablement ? »

Place donc au volontarisme : politique antinataliste, planning familial, suppression des allocations familiales après le deuxième enfant, scolarisation prioritaire des fillettes, recul de la date au mariage, libération et promotion de la femme. Par le biais de la natalité, l’agronome devient un fervent féministe. « Entre le Charybde de la contrainte écologique et le Scylla de la contrainte démographique, il faut se révéler fin navigateur. » La seule bonne nouvelle, c’est la baisse de la fécondité dans les pays riches : « Moins les riches seront nombreux, moins ils détruiront la planète. »

René est mort le 18 juin 2001, souvenons-nous de son malthusianisme. Une conviction écologique pousse à la lutte contre la surpopulation …

Source : René Dumont, une vie saisie par l’écologie de Jean-Paul Besset

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Si les hommes portaient les bébés, avorter serait adoré

Si les hommes portaient les bébés, l’avortement ne serait pas une loi, ce serait un sacrement. Cette formule se retrouve dans un article que consacrait LE MONDE à Henry Morgentaler en 1975 *. L’avortement était légal au Québec depuis 1969 « lorsque la santé ou la vie de la mère est menacée », mais les hôpitaux étaient libres de ne pas exercer cette possibilité. On a aussi interprété dans un sens restrictif la notion de santé de la mère en éliminant les indications psychiques ou morales. Les francophones du Québec étaient donc obligées d’avorter à New-York. C’est pourquoi ce gynécologue, né en Pologne, ancien rescapé des camps de déportation, décida de pratiquer des avortements de façon plus souple dans sa propre clinique.

Au début de 1973, Morgentaler fit connaître publiquement ses activités. Il dénonçait ainsi l’attitude des médecins francophones du Québec qui, en majorité catholiques et à mentalité nataliste, bloquaient l’application de la loi. Le gynécologue montréalais, pourtant membre du Mouvement humaniste,  a focalisé sur lui la hargne de tous les adversaires de l’avortement. La Cour suprême du Canada a condamné ce médecin, alors qu’un jury, en 1974, avait rendu un verdict d’acquittement. En 1975,  il a donc été envoyé pour dix-huit mois en prison !

LE MONDE titre aujourd’hui : Henry Morgentaler médecin canadien, militant du droit à l’avortement**. Morgentaler vient de mourir le 29 mai 2013. Morgentaler affirmait:  » Toute mère doit l’être par choix. «  Mais toute sa carrière, le médecin a dû affronter le mouvement pro-vie et la violence d’éléments radicaux. En 1992, sa clinique torontoise est soufflée par l’explosion d’une bombe. Onze ans plus tard, un homme l’attaque avec un sécateur. Ce ne sont pas les néo-malthusiens qui sont des fascistes, ce sont ces intégristes qui n’ont d’autres arguments percutants que l’usage de la violence contre tous ceux qui veulent pour leurs enfants une vie digne d’être vécue.

* LE MONDE du 29 juillet 1975,  » Si les hommes portaient les bébés… »

** LE MONDE du 6 juin 2013, « rubrique Disparitions »

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Le fantasme de l’immortalité, une perte de sens

Ivan Illich est un penseur célèbre, décédé en 2002 des suites d’un cancer du cerveau qu’il a volontairement choisi d’assumer jusqu’au bout sans vouloir l’opérer. Il  considérait que les tumeurs sont un exemple de maladie traitée de manière contre-productive par la médecine ; le mourant s’agrippe aux résultats des examens médicaux et ne juge de son état qu’à travers eux.

Le transhumaniste Laurent Alexandre est d’un avis contraire, il vise à « euthanasier la mort » pour vivre mille ans et plus*. Il suffirait de modifier notre nature humaine par des interventions technologiques en utilisant la puissance des NBIC (nanotechnologies, biologie, informatique et sciences cognitives).

Ivan Illich s’étonne de la technicisation de la mort dans son ouvrage La perte des sens : « Dans la tradition galénique, les médecins étaient formés à reconnaître la facies hippocratica, l’expression du visage indiquant que le patient était entré dans l’atrium de la mort. A ce seuil, le retrait  était la meilleure aide qu’un médecin pût apporter à la bonne mort de son patient. Ce n’est qu’au milieu du XIXe siècle qu’apparaît le docteur en blouse blanche aux prises avec la mort, qui arrache le patient à l’étreinte de l’homme-squelette.  De même que l’habitude d’aller « en voiture » atrophie les pieds, la médicalisation de la mort a atrophié le sens intransitif de vivre ou de mourir. La gestion de l’agonie a fini par apparaître comme la tâche de l’équipe médicale, la mort étant décrite comme la défaite de ladite équipe. L’âge industriel réduit l’autonomie somatique, la confiance dans ce que je sens et perçois de mon état. Les gens souffrent maintenant d’une incapacité à mourir. Peu sont capable d’envisager leur propre mort dans l’espoir qu’elle apporte la dernière touche à une vie active, vécue de manière intransitive. »

Laurent Alexandre croit au miracle technologique : « La demande de vivre plus longtemps est insatiable. La fusion de la biologie et des nanotechnologies va transformer le médecin en ingénieur du vivant et lui donnera peu à peu un pouvoir fantastique sur notre nature biologique. Un enfant qui naît aujourd’hui aura probablement une espérance de vie nettement plus longue… de quoi atteindre 2150 et, peut-être, de proche en proche, atteindre 1 000 ans. Faust, de retour grâce aux technologies NBIC. La fixation des limites dans la modification de l’espèce humaine conduira très certainement à des oppositions violentes entre bioconservateurs et transhumanistes. » Inutile de préciser que Laurent Alexandre est à la tête d’une entreprise de biotechnologie.

De notre point de vue, les pénuries d’énergie et autres ressources naturelles vont rendre impossible le projet transhumaniste à moins de le réserver à une caste qui accaparerait tous les pouvoirs. Nous ne voulons pas de cette société là, nous préférons naître et mourir de façon la plus naturelle possible.

* LE MONDE science&médecine du 5 juin 2013, Vivre mille ans ?

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consensus nataliste chez les dirigeants occidentaux

Les familles vivant au Royaume-Uni bénéficient de 100 euros pour le premier enfant, puis 66 euros supplémentaires par enfant. En Allemagne, on donne 184 euros par enfant et par mois. On ne comptera pas les « prestations d’accueil », « primes à la naissance » et autres revenus parentaux. Les Occidentaux n’ont pas seulement un niveau de vie qui détériore les capacités de la planète, il faut augmenter encore plus le nombre de futurs consommateurs. C’est l’objet de la politique familiale. Pas un mot dans LE MONDE* du débat entre natalistes et malthusiens en France, on s’interroge seulement sur les modalités des allocations familiales. Même le fait de supprimer ou non les allocations pour les plus riches ne fait pas débat, on agira de façon indolore sur les impôts : aucun contribuable n’est en mesure de savoir combien lui rapporte en termes de réductions d’impôt le mécanisme du quotient familial*.

En France, les clivages gauche-droite n’ont plus cours, ils veulent tous soutenir la multiplication des bébés. Le Modem s’oppose à toute mesure susceptible de culpabiliser les familles nombreuses. Le Front de gauche qui avait pourtant promis prendre le tournant écologique défend l’universalité des prestations familiales, il ne faut pas pénaliser les riches en la matière. Un comble pour un parti anti-riches ! Le porte-à-porte du PCF ose parler de « la bonne santé démographique (à maintenir) dans notre pays », ce qui veut dire pour lui une forte fécondité soutenue par l’Etat. Sans surprise le Front national plaide pour une politique nataliste « volontaire », on entrevoit la célèbre formule « Kinder, Kirche, Küche ». Le parti socialiste a toujours été nataliste et anti-malthusien. Personne pour dire « trop c’est trop », trop d’enfant tue la planète.

* LE MONDE du 4 juin 2013, Le gouvernement renonce à réduire les allocations, le premier ministre a annoncé l’abaissement du plafond du quotient familial

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