démographie

Frontex et la chasse aux immigrés

Qu’on ne s’y trompe pas, la libre circulation des personnes n’a jamais existé et aujourd’hui l’Europe devient une forteresse. Frontex, l’agence pour la protection des frontières extérieurs de l’Union, acquiert de plus en plus de pouvoir : moyens de surveillance aérienne, coopération avec les gardes-côtes, interception par hélicoptère, prérogatives et indépendance de plus en plus grandes, etc. La commissaire européenne aux affaires intérieures, Cecilia Malmström*, estime que la quasi-totalité des récents immigrés en Italie seront renvoyés : « L’Europe devrait s’engager davantage. Elle devra adopter sa stratégie de voisinage, commencer un dialogue sur le long terme… » En termes clairs, l’Europe demandera aux autres pays de garder leurs concitoyens chez eux et ne sera accueillante que selon ses besoins. La puissance politique et économique de l’UE est déjà employée pour faire de pays du Maghreb des partenaires coopérant à la délocalisation de la violence. Presque tous les pays occidentaux doivent d’ailleurs leur forme actuelle d’Etats-nations à une politique d’homogénéisation ethnique dont l’envers est la purification ethnique ; c’est le côté caché de la démocratisation.

Harald Welzer** montre de façon argumentée la violence potentielle contenue dans l’être humain, acculé à des solutions extrêmes quand il se retrouve en situation de péril extrême. L’ère des Lumières pourrait même s’achever (temporairement ?) au XXIe siècle. Comme les ressources vitales s’épuisent, il y aura de plus en plus d’hommes qui disposeront de moins en moins de bases pour assurer leur survie. Il est évident que cela entraînera des conflits violents entre ceux qui prétendent boire à la même source en train de se tarir. L’augmentation de la pression migratoire provoque déjà chez la population européenne des sentiments de menace et des besoins de sécurité, qui entraîneraient des exigences d’une politique migratoire plus rigoureuse.

Pourtant selon Harald Welzer, l’ennemi, ce n’est pas l’immigré, c’est nous-mêmes : «  Un individu  qui ne voit pas le moindre problème à gagner 70 fois plus que tous les autres, tout en consommant leurs matières premières et rejetant 9 fois plus de substances nocives dans l’environnement devient une personnalité pathologique. Cette personnalité psychopathologique se désintéresse de surcroît aux conditions de vie de ses enfants et petits-enfants. Un être pareil serait considéré, selon tous les critères normatifs, comme un dangereux parasite qu’il faudrait empêcher de nuire. » Pourtant c’est quelqu’un à imiter en cherchant à s’expatrier…

* LeMonde du 20-21 février 2011, La commissaire européenne

** Harald Welzer, Les guerres du climat (Gallimard, 2009)

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pullulement humain et inertie sociale

Nous sommes souvent confrontés sur ce blog à des écolo-sceptiques, dont une frange se dit antimalthusienne. Pas étonnant ! Même des journaux « révolutionnaires » comme La Décroissance veulent la diminution du nombre d’automobiles mais ne trouvent rien à redire du pullulement humain. Que la population mondiale ait augmenté d’un milliard de personnes en douze ans seulement, c’est pas leur problème ! Pourtant, destruction de l’environnement, urbanisation anarchique, tension extrême sur les ressources naturelles, l’alimentation, l’eau… les cauchemars associés à un tel peuplement ne manquent pas. Nous serons 7 milliards d’humains à l’été 2011 et il y a de fortes chances de dépasser les 9 milliards en 2050. Il suffirait que la fécondité reste un demi-point au-dessus de celle prévue dans le scénario moyen jusqu’en 2050 pour que la population mondiale atteigne non plus 9 mais 10,5 milliards. Mais en France, la question démographique reste tabou sauf sur quelques sites comme Démographie responsable.

Les choses évoluent. LeMonde* de mardi titre : le risque de surpopulation mondiale reste réel. Alerte salutaire ! Cependant, il ne s’agit pas simplement de « nourrir » 9 milliards d’êtres humains, ou alors au sens large : il faut aussi leur donner à boire une eau potable, les vêtir, les chauffer, leur permettre de continuer à profiter d’espaces naturels (à partager avec les autres espèces)… En résumé, leur laisser une planète viable, vivable et conviviale ! C’est pas gagné !! Un récent rapport de l’ONU laisse peu de place à l’optimisme : « Même dans les pays où la fécondité a déjà décliné notablement, des réductions supplémentaires sont nécessaires pour éviter des fortes augmentations de populations sur le long terme. » Tous les pays doivent au plus vite selon l’ONU tomber à un taux de fécondité de 1,85 et s’y maintenir pendant un siècle. Mais rien ne garantit que l’amélioration de la planification familiale dans les pays en développement se poursuive ; dans certains pays, elle est en recul. Le taux de fécondité des pays les moins avancés reste en moyenne de 4,29.

La surpopulation manifeste dans le Tiers-monde ne doit pas nous faire oublier que l’empreinte écologique d’un enfant né en Occident est infiniment supérieure à celle d’un enfant né ailleurs. Depuis 40 ans, c’est dans les pays où la population augmente le moins que l’empreinte écologique augmente le plus. On ne peut donc évoquer le risque de surpopulation sans considérer les modes de développement, la répartition des richesses, etc.

* LeMonde du 15 février 2011

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l’Egypte, victime de sa démographie

Au delà de la sympathie naturelle que l’on ressent pour un peuple qui tente de se libérer, il faut bien reconnaître que le régime qui prendra le relais, aussi démocratique soit-il, aura peu de chance de sortir le pays de l’ornière dans laquelle des décennies de laxisme démographique l’ont précipité. Comment ne pas voir en effet qu´à la source des problèmes de l’Égypte se trouve la question démographique ?

                L´Égypte compte aujourd’hui 85 millions d´habitants pour une surface d´un million de kilomètres carrés, soit un peu moins de deux fois la France. Chacun sait toutefois que ce pays n´est en réalité habitable et cultivable que sur une faible proportion de ses terres. A 90 % la population et les cultures se concentrent sur le delta du Nil ainsi que sur une bande d´une dizaine de kilomètres de large au bord du fleuve sur 1.000 km de long, allant du Caire jusqu´au au pied du barrage d´Assouan. Grosso modo l´Égypte ne peut compter pour vivre et se nourrir que sur une quarantaine de milliers de kilomètres carrés. Ainsi ramené à la « surface utile », la densité de peuplement égyptienne approche 2.000 habitants au kilomètre carré (avec une telle densité la France accueillerait près d´un milliard d´habitants).

                L´Égypte est donc surpeuplée au regard de ses capacité réelles et ce surpeuplement se traduit déjà par une forte dépendance alimentaire, illustrée en avril 2008 par les fameuses « émeutes de la faim ». L´Égypte se trouve ainsi fragilisée par toute hausse des denrées alimentaires. Ne pouvant les produire elle-même, elle les achète et paye cash toute élévation des cours mondiaux, qu´elle soit due à une tendance haussière générale ou qu´elle soit le fruit d´une spéculation passagère.

                En plus du niveau de son effectif le pays souffre également de la rapidité de son évolution. En 200 ans, soit en seulement trois fois la vie d´un homme, l´Égypte a, selon les sources, multiplié ses effectifs par 20 ou par 40 ! (Les estimations de la population égyptienne en 1810 s´étagent de 2 à 4 millions d´habitants). Si l´ensemble de la Terre avait suivi la même pente, notre planète compterait aujourd´hui entre 20 et 40 milliards de terriens ! (nous étions un milliard en 1810).

                Cette croissance est toujours très élevée : il y avait 21 millions d´Égyptiens en 1950, il y en a 85 millions aujourd´hui, soit 4 fois plus en 60 ans. Pour 2011, l´Ined indique pour ce pays un taux de natalité de 23,8 pour mille avec 2,73 enfants par femme et un taux de croissance de la population de 1,7 % par an, soit une augmentation de 1,4 million du nombre d´habitants chaque année ! Ces chiffres expliquent l´extrême jeunesse de la population égyptienne (30 % des égyptiens ont moins de 15 ans !) et l´arrivée continue d´un grand nombre de personnes sur le marché du travail. Un travail que justement, dans ces conditions, nul ne peut leur proposer.

                A moins que l’humanité ne s’investisse clairement  dans la stabilisation de la population mondiale, les révoltes du Maghreb en annoncent d’autres, qui seront elles aussi essentiellement causées par la pression du nombre.

 (Source : Démographie responsable : http://www.demographie-responsable.org)

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l’effondrement volontaire de la population

Alain Frachon* craint une population mondiale qui ne compterait pas assez de jeunes pour prendre en charge les vieux. Il évoque une société 4-2-1 où un enfant va avoir la responsabilité, une fois adulte, de prendre en charge ses deux parents et ses quatre grands-parents. Le Chine devra inventer l’Etat-Providence pour des dizaines de millions de plus de 75 ans. Alors Alain Frachon préconise un solide taux de natalité et une immigration dynamique pour conserver l’élan démographique. Il se situe du côté de l’optimisme démographique béat qui pense que les actifs en 2050 ne seront pas des chômeurs, que les caisses de retraite seront pleines dans les pays anciennement développés comme nouvellement industrialisés, que les Etats seront encore solides et les gens solidaires. Il rêve. Comme le démographe Alfred Sauvy qui pensait que la France pouvait facilement supporter une population de 100 millions d’habitants, et la Terre de 50 milliards. Mais 9 milliards en 2050, c’est déjà trop.

Nicholas Georgescu-Roegen proposait une diminution progressive de la population jusqu’à un niveau où une agriculture organique suffira à la nourrir convenablement. Arne Naess considérait qu’une diminution substantielle de la population humaine permettrait l’épanouissement de la vie non humaine comme des cultures humaines. William Stanton dans son livre The Rapid Growth of Human Population (2003) est beaucoup plus virulent. Il vise à une réduction progressive de la population sur 150 ans à un taux égal à celui de la déplétion du pétrole afin d’éviter le  cauchemar d’une réduction brutale à travers guerres, famine, etc. Les ingrédients en sont les suivants :

« L’immigration est interdite. L’avortement est obligatoire si le fœtus s’avère très handicapés. Quand par l’âge avancé, un accident ou une maladie, un individu devient plus un poids pour la société qu’un bénéfice, sa vie est humainement arrêtée. Aux sentimentalistes qui ne peuvent pas comprendre le besoin de réduire la population de la Grande-bretagne de 60 millions à environ 2 millions sur 150 ans, et qui sont outrés par la proposition de remplacement des droits humains par une froide logique, je pourrais répondre : Vous avez eu votre temps. »**

* LeMonde du 28 janvier 2011, Démographie mondiale : la croissance ralentit

** cité par Serge Latouche, Le pari de la décroissance (2010)

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assistance au suicide et liberté humaine

Mourir est d’une banalité extrême. Non seulement il nous faut bien mourir un jour, mais l’espèce humaine s’ingénie à hâter notre trépas : victimes directes et collatérales des conflits armés, assassinats en tous genres, accidents du travail, de la route, domestiques, cancers causés par l’environnement que nous avons fabriqués, etc. Dans ce contexte de morts en série, l’art de la mort volontaire devrait tendre au consensus social, interruption volontaire de grossesse et assistance médicale au suicide. Mais si en France l’avortement est légalisé, le droit à l’euthanasie pose encore problème*.

                Le Premier ministre François Fillon n’est pas péremptoire : « Je sais que c’est un débat où aucune conviction n’est indigne (…) Il n’y a pas de débat interdit sur la fin de vie car c’est un débat de nature politique, au sens le plus noble du terme… », mais « à titre personnel, je suis hostile à la légalisation d’une aide active à mourir ». Nous n’insisterons pas sur les médecins qui veulent agrandir leurs unités de soins palliatifs et qui sont donc contre l’euthanasie active. Nous n’insisterons pas sur cet activisme médical qui refuse d’accepter l’échec d’une thérapie et qui consent pourtant à l’acharnement sur un mourant. En Allemagne et en Grande-Bretagne, dit la sociologue Ruth Horn, le patient peut réclamer l’assistance médicale au suicide, acte accompli par l’intéressé lui-même. En France on continue de pratiquer dans le silence des couloirs de la mort une euthanasie passive. Abréger ses souffrances doit-il relever du pouvoir des médecins ou de la libre volonté personnelle ? Nous considérons que mettre un terme à sa vie relève du choix de la personne.

Pratiquons les « directives anticipées », cette possibilité offerte à l’individu de donner des indications concernant ses préférences thérapeutiques lorsqu’il n’est plus en état de les exprimer. Obligatoire en Allemagne, contraignant en Angleterre, c’est seulement un avis consultatif en France. Halte au pouvoir des médecins sur notre vie ! Pour nous, toute euthanasie volontaire est un acte de liberté consciente qui responsabilise l’individu tout en allégeant le poids de l’empreinte humaine sur la biosphère.

* LeMonde du 25 janvier 2011, Nouvelle bataille sur la législation de l’euthanasie.

** LeMonde du 25 janvier 2011, légaliser l’aide active à mourir serait une erreur, estime le premier ministre.

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l’avortement dans la dignité

Le collectif En marche pour la vie revendique « la reconnaissance de la dignité humaine dès la conception ». C’est reconnaître la dignité de la vie humaine dès l’union du spermatozoïde et de l’ovule. Un peu court comme argumentaire, ce qu’on appelle dignité doit être justifié. Car la dignité pour les uns n’est pas la dignité pour les autres, certains revendiquent même le droit de mourir dans la dignité. Il n’est d’ailleurs pas anodin de constater que le collectif pro-life soit composé de Chrétienté-Solidarité, la Confédération nationale des familles chrétiennes ou Renaissance catholique* : la dignité oui, mais pour eux au sens religieux ! Pour notre société laïque au contraire, qui s’est débarrassée des fantasmes de la crédulité manipulée (Jésus n’a rien dit de l’avortement), la dignité et la sécurité des femmes passe par une prise en charge collective qui essaye de « civiliser » les avortements clandestins.

Notons quand même qu’il y a échec relatif de la régulation volontaire des naissances. Il est en effet malheureux de  constater que la libéralisation de la pilule et du condom n’empêche pas l’avortement : la France comptabilise encore chaque année environ 200 000 avortements pour 800 000 naissances. Mais l’échec est humain, n’ajoutons pas de la culpabilité comme le voudraient ces quelques milliers de personnes anti-IVG qui ont défilé à Paris le 23 janvier pour le 36e anniversaire de la loi Veil. Ces manifestants veulent-ils encore et toujours plus d’avortements clandestins ? Ces militants de l’extrême sont-ils aussi comme leur pape hostiles au préservatif ? La réflexion peut-elle être encore de ce monde ?

Du point de vue de la biosphère, toute naissance non désirée contribue non seulement au malaise social, mais à la surpopulation humaine.

* lemonde.fr du 24.01.2011, les anti-avortements ont défilé à Paris

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la France fait trop de bébés

L’éditorial du Monde*, pour une fois, n’est pas ultra-nataliste. Il montre que 61 % des Français voient dans 2011 une nouvelle année de difficultés, « ils broient du noir mais ils font des enfants ». En fait, ce n’est pas la volonté des gens qui stimule la fécondité, c’est la politique familiale française, prestations familiales, aides sociales, aides au logement… Il est vrai que droite et gauche confondue sont populationnistes, les partis font le mauvais choix du Coq gaulois qui multiplie les poussins contre le long terme où les exclus vont proliférer : destin de bétail parqué.

Le prétendu « droit » à la reproduction semble un sujet intouchable… Comme le constate Théophile de Giraud**, le discours politique ose vanter la reproduction à visée économique : il faudrait fabriquer des enfants afin de garantir le financement des pensions de retraite ou de soutenir la croissance industrielle. On demande donc à un individu de naître afin de nous aider à résoudre nos problèmes : quelle pestilence ! La fécondité comme source de prospérité est fondée sur l’instrumentalisation d’autrui, c’est-à-dire sur le principe même de l’esclavage. Lorsque l’on sait par ailleurs que les aspirations ultimes de la plupart des pays du Tiers-monde s’avèrent de s’aligner sur le niveau de vie occidental, on devine sans peine quelle catastrophe se profile dans les prochaines décennies ! Trop nombreux dans un sac de farine, les charançons s’entre-dévorent. Les spécialistes l’admettent désormais unanimement, la planète est en train de trépasser à petit feu.

                Il va de soi qu’il appartient à l’Occident de montrer l’exemple au Tiers-Monde : nous devons enclencher les premiers le processus de contraction démographique ! Comme l’exprimait René Dumont en 1974, il faut réagir contre la surpopulation. En Inde surpeuplée certes, mais surtout chez les riches : 500 fois plus d’énergie consommée par tête à new York que chez le paysan indien. Ce qui remet en cause toutes les formes d’encouragement à la natalité, chez nous en France. Les propositions du mouvement écologique : la limitation des naissances. En 1974, pas aujourd’hui… Dommage !

* LeMonde du 20 janvier 2011, En France, un baby-boom sur fond de sinistrose

** Théophile de Giraud, l’art de guillotiner les procréateurs (aux éditions La mort qui trompe)

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Pétrole et décroissance démographique

Nous avons tendance à croire que notre intelligence humaine et nos codes moraux nous distinguent des autres espèces vivantes. Erreur ! Lorsque d’autres créatures se procurent une manne énergétique, elles réagissent par la prolifération : leur population traverse les phases bien connues d’épanouissement, de dépassement des capacités de leur environnement, puis de chute brutale. Jusqu’à présent, nous avons réagi face à l’apport énergétique des énergies fossiles exactement comme les rats ou les bactéries répondent à une nouvelle et abondante source de vie.

Sur le globe vivent aujourd’hui entre 2 et 5 milliards d’êtres humains qui n’existeraient probablement pas sans les combustibles fossiles. Lorsque l’afflux d’énergie commencera à décliner, l’ensemble de la population  pourrait se retrouver dans une situation pire encore que si les combustibles fossiles n’avaient jamais été découverts et l’on assistera à une compétition intense pour la nourriture et l’eau entre les individus d’une population dont les besoins seront désormais impossibles à satisfaire. Combien d’êtres humains l’agriculture post-industrielle sera-t-elle capable de nourrir ? Une estimation précautionneuse serait : autant qu’elle pouvait en faire vivre avant que l’agriculture s’intensifie, c’est-à-dire la population du début du XXe siècle, soit un peu moins de 2 milliards d’êtres humains.

Une politique démographique faisant en sorte que chaque couple n’engendre en moyenne que 1,5 enfants parait incontournable. Cet objectif global doit se traduire par des mesures et quotas nationaux. En effet, le niveau le plus efficace pour la régulation de la population se situe actuellement sur le plan national car seuls les Etats ont la possibilité d’influencer efficacement les comportements et d’imposer des restrictions. L’opposition à l’immigration incontrôlée est souvent assimilée à tort à la xénophobie anti-immigrés. Mais dans une perspective écologique, l’immigration n’est pratiquement jamais souhaitable. Lorsqu’elle se fait massivement, elle ne fait que mondialiser le problème de surpopulation. De plus, ce n’est que lorsque les groupes humains se sont enracinés dans une zone particulière, au fil de plusieurs générations, qu’ils développent un sens des limites en termes de ressources. Pourtant la gauche comme la droite tendent à occulter le problème de la croissance démographique continuelle.

Richard Heinberg , Pétrole, la fête est finie (2003, traduction française 2008)

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moins de retraités et la biosphère respire !

Toujours plus de retraités, et c’est des réformes du système de retraite à répétition ! Heureusement que l’espérance de vie commence à reculer… Aux Etats-Unis, l’espérance de vie a régressé de plus d’un mois en 2008 alors qu’elle augmentait en moyenne de 2,6 mois par an depuis 1970. L’explication tient exclusivement à un accroissement de la mortalité chez les plus de 85 ans. Sylvain Cypel* y voit surtout un phénomène conjoncturel, les effets de la crise qui paupérisent la classe moyenne blanche qui se soigne encore moins. Hervé Kempf** y voit un tournant historique : « Cette inflexion de tendance n’est pas imputable à la mortalité infantile, qui a au contraire reculé pour atteindre un minimum historique : c’est bien une dégradation de l’état de santé général qui est ici en cause. Les trois premières causes de mort sont les maladies cardiaques, le cancer, et les maladies respiratoires. » Claude Aubert*** tranche : « Un enfant sur cinq est en surpoids ou obèse en Europe, ce qui devrait conduire à une surmortalité à l’âge adulte de 50 % à 80 %. »

Il est interdit d’interdire la publicité pour la junk food ? Tant mieux ! Continuons à sur-nourrir nos enfants avec des produits gras, sucrés et chimiques… Ainsi le poids des retraités sera moins important pour les actifs. Mais les personnes obèses et toutes celles qui ne savent plus marcher, même si elles ne vivent pas longtemps, auront une fin de vie très coûteuse pour la sécurité sociale… A moins ? A moins que la couverture sociale ne diminue pour les personnes à risque !?

Trêve d’humour noir. Nous sommes désespérés de voir un système social qui produit de la croissance économique (pour l’agroalimentaire et les fast-food) au détriment de la santé des individus tout en détériorant la biosphère. Car mal nourrir les gens, c’est faire une espérance de vie en mauvaise santé, et c’est un coût en ressources naturelles…

*   LeMonde du15 décembre 2010, Phénomène rarissime

** LeMonde du 15 décembre 2010, Un tournant historique

*** Claude Aubert, L’Espérance de vie, la fin des illusions (Terre vivante, 2006)

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Mères porteuses = dégradation de la planète

Le problème de la plasticité des modèles sociaux, c’est que les socialistes n’ont plus aucune position cohérente sur quelque sujet que ce soit. Même sur les mères porteuses ! Les uns veulent autoriser la gestation pour autrui (interdite en France depuis 1991), les autres ne veulent toujours pas d’une marchandisation du corps féminin. Nous proposons aux socialistes une grille de référence qui nous change du marxisme. Dorénavant le discours rationnel est celui qui met l’économie au service du social, et le social reconnu comme complètement dépendant de la bonne santé de la biosphère. Au XIXe siècle, le socialisme naissant a fait comme si les ressources naturelles étaient illimitées, seul comptait le combat des travailleurs contre le capital. En matière démographique par exemple, l’analyse de Malthus a été vigoureusement critiquée par Marx. Or nous avons actuellement dépassé les limites de la planète, les humains ne peuvent plus y vivre de façon conviviale. Malthus a gagné contre Marx.

D’un point de vue écologique, vouloir des enfants à tout prix sur une planète surpeuplé paraît alors absurde. La nature nous impose certaines lois, par exemple la stérilité. Nous pouvons contourner cette loi par l’adoption. Mais admettre comme règle sociale que tout est réalisable quand c’est techniquement possible, les mères porteuses, la fécondation in vitro, la manipulation des gènes… nous projette dans un monde où ce qui importe, ce n’est pas la stabilité sociale et l’intérêt des écosystèmes, mais le désir égoïste des catégories aisées. Cela nous fait oublier le sens des limites.

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les raisons de l’infécondité volontaire

Pourquoi ne pas faire d’enfants ?

          Il n’y a pas d’instinct maternel, avoir un enfant n’a pas de sens en soi.

          Les enfants sont trop précieux, c’est une responsabilité colossale.

          Je trouve le monde trop violent, trop incivil pour donner une vie.

          Ce n’est pas une nécessité d’avoir des enfants pour être heureux.

          Ne pas provoquer de nouveaux dégâts sur terre à travers une consommation liée à la natalité.

          Ne pas prendre la responsabilité de mettre au monde un enfant dans un environnement violent, surpeuplé, où les ressources de la planète sont menacées.

En résumé, « Un enfant si je veux, quand je veux* ». Dans ce slogan féministe porté par le Planning familial après Mai 68, il y avait donc « Si je veux » ! Mais il manque la mention « Si je peux ». Car des populationnistes fervents, qui veulent un enfant à n’importe quel prix, militent pour avoir un enfant malgré une stérilité. Plusieurs personnalités proches du PS viennent de signer une tribune** demandant la fin de l’interdiction de la gestation pour autrui. Quelle sont les raisons tacites de ce souhait ?

          Il y a un instinct maternel, c’est l’enfant qui donne du sens à une femme.

          Les enfants, ils s’éduquent eux-mêmes ou ils vont à l’école.

          Plus d’enfants, c’est assurer une société dynamique et pacifiée.

          Quel bonheur d’avoir un bébé dans les bras !

          Consommer des couches et des biberons fait travailler le commerce.

          Les générations futures feront avec les ressources qu’on leur laissera… Ce sera leur liberté!

*  LeMonde du 12-13 décembre 2010, les enfants, ce n’est pas obligatoire

** Gestation pour autrui : un cadre contre les dérives (lemonde.fr du 13.12.2010)

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ne pas donner la vie est respectable

La mentalité nataliste est aussi répandue que préoccupante. Quand le couple est à l’épreuve de la stérilité, les stéréotypes s’accumulent :

          A partir d’un certain âge, on s’attend à ce qu’une femme ait un enfant ;

          à quoi bon avoir des rapports sexuels si on ne peut avoir d’enfants ;

          à quoi bon rester ensemble si on ne peut fonder une famille ;

          me trouver exposée à une femme enceinte me faisait l’effet d’une torture

          mon obsession du désir d’enfant vire au cauchemar ;

          les échecs d’une insémination ou d’une FIV* sont de vrais moments de désespoir ;

          ils ont l’impression qu’un couple sans enfants n’a pas sa place dans la société.

Toutes ces phrases se retrouvent dans un article du Monde**. Donc, pour la journaliste Martine Laronche qui accumule ces poncifs, une femme sans enfants ne pourrait pas être une véritable femme ! Il faudrait même la présence d’un psychologue (nataliste ?) dans les centres qui pratiquent la FIV. Mais les femmes stériles doivent-elles se mettre à la disposition du business des naissances artificielles ? Les femmes inséminées ne seraient-elle que des machines à produire de futurs chômeurs ? Les femmes sans enfants ne peuvent-elles pas vivre une vie épanouie ?

Notre réponse est contenue dans cette citation d’Hubert Reeves*** : « Notre planète est infestée d’êtres humains qui semblent décidés à saboter l’admirable harmonie de la nature. Ils pourraient bien la ramener à sa stérilité initiale. La Nature a mis au monde une espèce néfaste capable de neutraliser les instincts régulatoires qui assuraient la pérennité de la vie terrestre, une espèce déjà en mesure d’exterminer la vie sur la Terre ».

* FIV, fécondation in vitro

** LeMonde du 7-8 novembre 2010, le couple à l’épreuve de la stérilité (l’assistance médicale à la procréation s’accompagne rarement d’un soutien psychologique pourtant nécessaire)

*** in Malicorne, Éd. du Seuil. 1990.

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donner la vie n’est pas une maladie

Nous n’aimons pas du tout le titre du Monde* « Accouchement dans la douleur ». Bien sûr il faudrait lire au second degré, les maisons de naissance ne seraient pas politiquement prêtes à voir le jour. Mais cela jette aussi l’opprobre sur l’acte de donner la vie qui ne pourrait se dérouler que « dans la douleur ». Comme si l’existence de lieux moins médicalisés que les maternités étaient une anomalie ! Comme si accoucher sans péridurale allait contre le progrès social ! Comme si les sages-femmes ne devaient pas être la norme et les gynécologues-obstétriciens l’exception !

En France, sous la pression des médecins, les pouvoirs publics ont déconseillé dès 1972 les accouchements à domicile. Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français se positionne aujourd’hui contre les maisons de naissance. Défense de l’intérêt des mères ou défense professionnelle d’une corporation ? Faut-il revenir à l’accouchement à domicile ? Si on considère la mortalité périnatale (mortalité de 20 semaines de grossesse à 28 jours après la naissance) et non plus la mortalité néonatale (décès dans les 28 premiers jours de vie), il n’y a pas de différence entre les femmes qui ont PREVU un accouchement à domicile et celles qui l’ont prévu en hôpital. Les données néerlandaises d’une grosse étude concluent même à propos des mortalités néonatales précoces (7 jours) en faveur d’un risque non accru pour l’accouchement à domicile**.

Aux Pays-Bas, l’accouchement à domicile est courant. Pour des associations féminines particulièrement sincères, la femme doit pouvoir accoucher « comme elle veut et où elle veut ». Rappelons que l’acte de donner la vie n’est pas une maladie ! Rappelons que les techniques dures, technicisée, remplacent de plus en plus dans tous les domaines les techniques douces et conviviales. Notre société, en s’éloignant toujours plus de la nature, court à sa perte….

* LeMonde du 6 novembre, Accouchement dans la douleur pour les maisons de naissance

** http://www.ciane.info/article-henrionfigaro-58329363.html

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manifester c’est facile, réfléchir bien trop dur

Il est plus facile de bloquer un lycée après envoi d’un SMS que de s’interroger sur la pérennité d’un système de retraite. La rue perd toujours le sens des réalités car les mouvements de foule n’aident pas à la réflexion. Tout va encore plus mal quand syndicats et parti socialiste incitent la population à manifester indûment. Car l’endettement de la France oblige à une cure d’austérité et la réforme française en cours ne permet au mieux le refinancement que jusqu’en 2018. En Espagne un gouvernement de gauche recule l’âge de la retraite de 65 à 67 ans d’ici à la fin de cette année 2010. Ajoutons à la crise d’endettement de l’Etat que nos citoyens vivent en moyenne au-dessus des possibilités de la planète ; ce n’est donc pas seulement pour le régime de retraite qu’il faudrait faire des efforts. Nous allons nécessairement vers une société d’austérité généralisée, il faut l’expliquer dès maintenant aux Français, jeunes et moins jeunes. Les présidentielles de 2012 se joueront aussi sur le courage politique de regarder les réalités en face.

Au Royaume-uni, c’est paradoxalement un gouvernement conservateur qui donne l’exemple*. En ces temps d’austérité budgétaire, il ne se passe pas une semaine sans que le Premier ministre David Cameron prenne aux riches pour protéger les pauvres. Il est vrai qu’aux yeux des citoyens on ne peut faire accepter l’austérité que si les épaules les plus larges portent le poids des sacrifices les plus lourds. Si Sarko avait supprimé le bouclier fiscal en même temps qu’il lançait le chantier des retraites, la réforme aurait pu passer plus facilement… Pour être populaire, l’austérité se doit d’être juste, si ce n’est joyeuse : on peut vivre mieux avec moins dans les pays riches.

 Notons aussi que le vieillissement d’une population pousse inéluctablement au durcissement des conditions de la retraite, même la Chine en a conscience**.

* LeMonde du 17-18 octobre 2010, l’austérité juste de David Cameron pèse sur les plus riches.

** LeMonde du 17-18 octobre 2010, Shanghai teste un report de l’âge de départ à la retraite.

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grève des lycéens, rêves sans lendemain

Les lycéens sont dans la rue… pour la retraite à 60 ans ! Les jeunes ne s’imaginent pas du tout que dans cinquante ans les chocs pétroliers auront fait leur effet. En 2060 quand ils arriveront à l’âge de la retraite, la désindustrialisation sera galopante, les caisses de l’Etat seront vides, les réfugiés climatiques nombreux, les chômeurs encore plus nombreux qu’après la crise de 1929. Beaucoup trop d’ayants droit pour les rares actifs occupés, le système de redistribution sur lequel reposent les retraites en France sera exsangue.

Les jeunes ne savent même pas analyser les projets gouvernementaux, ils ne savent même pas que la CGT existe ! Les jeunes peuvent encore moins se projeter dans le futur, on les apprend à vivre au présent. Ils sont dans une bulle, protégés de la dure réalité par leurs casques audio ou leurs mobiles, vissés devant leurs écrans (télévisons, portables et jeux vidéos) qui les enferme dans un monde de pacotille. Les manifestations récurrentes des lycéens, pour un oui ou pour un non, ne signifient rien de plus que l’appel de la rumeur SMS et l’envie de ne pas aller en cours. Les lycéens aiment faire la nique aux adultes, préfèrent se retrouver entre eux, manifester non pour la retraite mais pour le simple plaisir d’être ensemble. Les lycéens ânonnent qu’ils pensent à l’avenir, mais ne savent même pas qu’ils sont manipulés, par les marques, par les modes, par la pub, par la dernière génération de gadget électronique, par l’industrie du profit qui fabrique hors de France. Même dans les familles qui se veulent pédagogiques, nous sommes frappés de la façon dont beaucoup de parents éduquent leurs enfants. Ils comblent leur progéniture de tout ce qu’il faut comme livres bien choisis et jouets éducatifs. Tous ses désirs étant devancés, l’enfant ne manque de rien… sauf peut-être de manque. L’enfant a perdu l’habitude de la frustration alors que grandir, c’est apprendre à surmonter ses frustrations, apprendre la réflexion. Cela prend du temps et ne se trouve pas dans la rue. Il faut accepter d’aller en cours pour apprendre à différencier les différents régimes de retraites, ce que veut dire démocratie représentative, prendre conscience qu’on est mineur et qu’on ne sait pas grand chose… si le système éducatif était ce qu’il devrait être !

Quand on entend un collégien dans la rue dire « je manifeste parce que je ne veux pas travailler deux ans de plus », on se demande pourquoi il ne manifeste pas pour lutter contre les pollutions qui lui provoqueront un cancer bien avant ses 62 ans, ou contre la société de consommation qui l’endettera bien avant de faire valoir ses droits, ou pour les économies d’énergie sur une planète épuisée. Les lycéens n’ont plus conscience des limites qu’impose le monde réel en devenir, les adultes ne leurs apprennent plus où sont les priorités.

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anti-immigré ou xénophobe ?

Devant une atteinte à son identité, réelle ou ressentie comme telle, un groupe humain peut devenir très méchant. Ainsi la montée de l’extrême droite en Europe* dont le discours principal est le rejet des immigrés. Comme les problèmes économiques et écologiques structurels ne peuvent que rendre de plus en plus aiguë la question migratoire, une réflexion approfondie s’impose. Selon notre point de vue, il nous faut distinguer entre discours anti-immigré et discours xénophobes ou racistes. Il est anormal de tenir un discours stigmatisant les Roms, les islamistes ou n’importe quel autre groupe ethnique : Blancs et Noirs, athées ou confits en dévotion, ici ou ailleurs, nous sommes tous frères et sœurs, la  génétique nous l’a appris indiscutablement. Un parti d’extrême droite ou un président de la République qui ferait des distinctions entre les personnes est condamnable car nous sommes tous égaux.

Quant aux immigrés, Gordon Brown disait en 2007 : « British Jobs for British Workers. »  Aujourd’hui Merkel et Sarkozy cherchent chacun de son côté à faire partir des immigrés clandestins, l’Allemagne ferme ses frontières aux habitants du Kosovo**. La planète est devenue un monde dont nous avons historiquement transgressé toutes les frontières, nous sommes dorénavant enfermés dans un monde fini et appauvri au niveau de ses ressources naturelles. Les grandes migrations entre pays ou à l’intérieur d’un pays, c’est terminé, définitivement terminé. Le droit de se déplacer selon son choix empiète sur les capacités de la Biosphère, les humains ne peuvent continuer à cohabiter de façon apaisée avec des migrations de masse, y compris touristiques. Le partage de l’espace va devenir un problème crucial et malheureusement chaque groupe national ou local devra d’abord compter sur ses propres forces.

Un point de vue démographique s’ajoute à ce contexte, le phénomène de cocotte-minute. Dans le cadre de liberté des flux migratoires, l’excédent d’êtres humains ne trouvant pas de travail dans le pays d’origine peut partir pour en trouver dans les pays d’accueil. En conséquence une permissivité totale est laissée au taux de fécondité du pays puisque le surplus démographique peut s’échapper. En revanche la fermeture des frontières empêche la cocotte-minute de jouer son rôle, ce qui pousse les autorités publiques à prendre des mesures conséquentes – à être responsable démographiquement -, d’où par exemple la politique de l’enfant unique en Chine.

*LeMonde du 23 septembre, l’extrême droite « faiseuse de rois » en Europe

**LeMonde du 23 septembre, l’Allemagne veut obtenir le départ de près de 13 000 réfugiés kosovars

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démographie responsable

Certains font le choix de la nulliparité. Ainsi Mireille Dumas : « Depuis toujours, je suis enceinte d’un non-désir d’enfant qui ne fait que se confirmer. Je n’ai jamais, jamais ressenti cette nécessité de porter, de me prolonger, de me retrouver dans un enfant, de concrétiser dans un autre cet amour fort qui nous lie, depuis trente ans, mon compagnon et moi. Je préfère transmettre. Je crois plus en l’éducation qu’à la génétique.» Dans les pays anglo-saxons des associations de non-parents se sont crées au milieu des années 1980 et ont imposé l’usage du mot childfree à la place de childless, histoire de montrer que leurs adhérents ne souffrent d’aucun manque.

                Certains préconisent le modèle d’un seul enfant par famille. Le Kenya annonce que des « programmes agressifs » de planification familiale vont être lancé (LeMonde du 2 septembre). Ils se sont rendus compte que le fait de passer de 28,7 millions d’habitants en 1999 à 38,6 millions en 2009  allait être insupportable. Ils peuvent suivre l’exemple chinois. Si tu es intéressé par la question démographique nous te conseillons de contacter : http://www.demographie-responsable.org/

Cette association a pour objet d’œuvrer pour la stabilisation voire la diminution de la population humaine en incitant à l’autolimitation de la natalité. Elle s’appuie entre autres sur le rapport 2009 du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) : « L’effort à long terme nécessaire pour maintenir un bien-être collectif qui soit en équilibre avec l’atmosphère et le climat exigera en fin de compte des modes viables de consommation et de production, qui ne peuvent être atteints et maintenus que si la population mondiale ne dépasse pas un chiffre écologiquement viable. »

                La Biosphère te rappelle l’énorme responsabilité de donner la vie dans le monde tel qu’il est aujourd’hui. Une femme (un homme) devrait être terrifiée devant la décision de produire un être humain supplémentaire car ce n’est pas l’enfant qui donne un sens à la vie de ses parents ; ce qui compte, c’est la place que cet enfant va pouvoir assumer dans l’équilibre de moins en moins durable des écosystèmes.

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biocide et humanicide

Comment alléger son empreinte sur la biosphère ? Jusqu’à aujourd’hui, nous pensions qu’il n’était pas possible de faire mieux que Diogène le Cynique (vers 410-323 avant J.-C.). Ayant vu un jour une souris qui courait sans se soucier de trouver un gîte, sans crainte de l’obscurité, et sans aucun désir de tout ce qui rend la vie agréable, il la prit pour modèle. Ce « Socrate en délire », comme le surnommait Platon, marchait pieds nus en toute saison, dormait sous les portiques des temples et avait pour demeure habituelle un tonneau. Méprisant les biens matériels, il jeta un jour son écuelle en voyant un enfant boire l’eau de la fontaine avec ses mains : « Cet enfant m’apprend que je conserve encore du superflu. » Le principe de sa philosophie ? L’homme doit vivre sobrement, s’affranchir du désir, réduire ses besoins au strict minimum. Il justifiait sa conduite en affirmant que les hommes s’imposent des efforts démesurés en oubliant de vivre simplement et sainement selon la nature.

                Mais LeMonde du 3 août nous apporte la preuve qu’il y a plus fort encore. Des moines anachorètes se mettent en position de méditation assise, jambes croisées, et entrent dans l’immobilité (nyujo). Ils retiennent leur souffle et les battements de leur cœur, commencent un long jeune anorexique. Pour abandonner leur enveloppe corporelle, ils se laissent dépérir en se privant de  céréales puis, après 2000 jours, se privent encore de fruits et d’herbes pour ne plus boire que de l’eau. Au moment où la mort d’inanition advient, le corps est déjà presque momifié. Dans les temples de la région de Yodona au Japon, on peut encore admirer une vingtaine de ces momies. Ces moines sont parvenus, du point de vue de la doctrine ascétique, à vivre simultanément dans le monde des vivants et le Nirvana. Ce n’est pas plus stupide que d’endurer 660 km de bouchons le samedi 31 juillet ou d’emprisonner les parents de mineurs délinquants comme le propose l’UMP en France.

                Plus sérieusement, cela pose la question des limites : A quel moment faut-il s’arrêter de consommer, s’arrêter de procréer, s’arrêter de respirer ? Alors que nous ne parvenons pas à freiner l’hystérie consumériste et la détérioration de la planète, certains en arrivent à envisager des positions extrêmes. Le politologue Paul Ariès nous a révélé par exemple qu’il existait une Eglise d’Euthanasia qui a son siège social à Somerville (USA) et revendique officiellement un statut religieux. Cette « Eglise » fut reconnue officiellement le 25 mars 1994 dans l’Etat du Delaware, puis, le 22 août 1995, par l’administration fédérale américaine. Sa devise est limpide « économisez la planète, détruisez-vous ». La population humaine serait, selon cette « Eglise », responsable de par sa croissance d’un vrai écocide. Elle menacerait d’extinction toutes les autres espèces végétales et animales. Seul un humanicide pourrait arranger la situation : « Nous avons quelque chose à faire très rapidement et la chose la plus importante que nous puissions faire est de réduire notre population (…) C’est quelque chose que chacun de nous peut faire, elle n’exige pas de formation spéciale et c’est pourquoi chaque membre de l’église d’euthanasia prend le vœu de ne plus jamais procréer ».

Source : http://www.prevensectes.com/euthanasia1.htm

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planification impérative des naissances ?

Les natalistes utilisent tous les moyens pour faire triompher leur point de vue. Leur principal argument pour laisser la population croître indéfiniment est de disqualifier leurs adversaires en les traitant de « malthusien » sans pourtant avoir étudié Malthus. Mais nous pouvons constater historiquement que l’état de surpopulation accroît les risques de guerres, de famines et d’épidémies comme le prédisait Malthus. Un autre argument plus fiable énonce que la liberté et l’éducation pourvoiront à la régulation des naissances. Mais l’éducation n’est pas un moyen de contraception et la posture qui consiste à attendre que les femmes aient fréquenté l’école pour voir augmenter le recours à la contraception paraît méprisante à l’égard des femmes les plus pauvres et les moins éduquées. D’autant plus qu’avec une population croissante, l’écart se creuse généralement entre les adolescentes les plus pauvres et les plus riches, entre les plus éduquées et les non qualifiées, entre le milieu urbain et celui de la campagne…

C’est pourquoi la transition démographique n’est pas engagée en Afrique subsaharienne qui compte 4,9 enfants par femme, jusqu’à 5,4 en Afrique centrale et 5,1 en Afrique de l’Ouest. L’Afrique qui vient tout juste de dépasser le milliard d’habitant en 2009 atteindra sans doute 2 milliards en 2050. Ce rythme est insupportable, sauf à mettre les Africains sous perfusion, ce qui n’est pas  durable. La journaliste Brigitte Perucca en appelle à une planification des naissances (LeMonde du 22 juillet), c’est donc le retour de Malthus et de la limitation volontaire des  naissances. C’est aussi le retour aux thèses écologistes. Dans son programme aux présidentielles de 1974, le message de René Dumont était limpide :

« Nourrir plus d’hommes implique la destruction du milieu naturel. Du reste, si nous nous multiplions inconsidérément, le phosphore nécessaire à l’agriculture manquerait bientôt. Il faut réagir contre la surpopulation. En Inde surpeuplée certes, mais surtout chez les riches : 500 fois plus d’énergie consommée par tête à new York que chez le paysan indien. Ce qui remet en cause toutes les formes d’encouragement à la natalité, chez nous en France. La « France de 100 millions de Français » chère à M.Debré est une absurdité. Les propositions du mouvement écologique : la limitation des naissances et la liberté de la contraception et de l’avortement. Nous luttons pour le droit absolu de toutes les femmes de régler à leur seule convenance les problèmes de contraception et d’avortement. »

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liberté contraceptive ou planification ?

La pilule contraceptive est âgée de 50 ans aux Etats-Unis (autorisation en mai 1960). Liberté de  contraception ? Planification indicative ou impérative ? En France, la loi Neuwirth de 1967 stipule : « Nous estimons que l’heure est  désormais venue de passer de la maternité accidentelle et due souvent au seul hasard à une maternité consciente et responsable. » Un enfant quand je veux, si je veux ? Les naissances planifiées sont passées de 59 % en 1970 à 83 % en 1995. Mais cette « planification » repose majoritairement sur des choix personnels. (LeMonde du 13 mai 2010). Pour l’instant, la maîtrise de la fécondité ne résulte que d’un choix de la femme, la pilule participe de sa libération, de la libre disposition de son corps. C’est un progrès énorme pour les femmes, pour la liberté sexuelle, pour la limitation volontaire des naissances. Cela ne suffit pas.

Il s’agit aujourd’hui de reprendre le contrôle des conditions d’existence de nos sociétés. Avec les moyens contraceptifs, nous avons une certaine prise sur  la croissance démographique alors que nous avons toujours le problème des ventres creux : plus d’un milliard de personnes ne mangent pas à leur faim. Les démographes pensent que nous allons passer de 6 milliards à 9 milliards en moins de 40 ans. Yves Cochet a un point de vue contraire : « Il existe une corrélation historique entre la quantité totale d’énergie dans le monde et, d’un autre, le niveau démographique et le niveau de vie. Cette corrélation est si forte qu’on peut émettre l’hypothèse d’une causalité : moins il y aura d’énergie disponible, moins la planète pourra accueillir d’individus à un certain niveau de vie. Si cette hypothèse est vraie, comme je le crois, le nombre maximal d’humains sur terre, au niveau de vie moyen actuel, déclinera d’environ 7 milliards vers 2025 à environ 5 milliards en 2050, puis 2 à 3 milliards en 2100. » Que ce soit à la hausse ou à la basse de la population mondiale, il n’y a pas de fatalité puisque nous avons la pilule, le préservatif, le stérilet, etc.  

La contraception n’est pas qu’un moyen de libérer les femmes, c’est aussi un moyen de maîtriser l’évolution démographique. Au début des années 1970, Paul Ehrlich proposait de créer aux USA un organisme de planification, un « bureau de la Population et de l’Environnement » qui apprécierait le niveau de peuplement optimal, et préconiserait les mesures permettant d’y arriver. Pour Paul Ehrlich, l’éducation sexuelle, c’était la présentation de la fonction reproductrice comme une composante parmi d’autres de l’activité sexuelle, qui demande à être maîtrisée selon les besoins de l’individu et de la société. Il aurait voulu que les Etats-Unis inaugurent une politique malthusienne pour avoir la possibilité d’exporter l’idée à l’échelle mondiale. Les Etats-Unis ont préféré exporter Walt Disney, Coca Cola, McDo et les GI’s ! Et la population de grimper…

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