effet de serre

pauvreté éliminée et climat préservé sont incompatibles

Rafael Correa, le président de l’Equateur, dont le pétrole représente plus de la moitié des exportations, plaide pour l’instauration d’un « crime contre la nature » mais veut en mêm temps de façon criminelle « exploiter son pétrole jusqu’à la dernière goutte » ! Rafael Correa souffre de dissonance congtivie, un mal trés répandu à l’heure actuelle, tant au niveau des dirigeants que dans la population dorlotée par le confort procuré par les ressources pétrolières. On sait que nous devons avoir un comportement beaucoup plus sobre, proche de la pauvreté, mais les pays du Nord estiment que le niveau de vie de leurs ressortissants n’est pas négociable et les pays du Sud veulent accéder au niveau de vie des pays riches en brûlant eux aussi le pétrole au détriment du climat. Voici (en résumé d’un article du MONDE*) ce que dit Correa :

Rafael Correa : « Certains problèmes environnementaux ont des conséquences globales. Ils doivent être jugés par un tribunal international. Il n’en existe pas pour défendre quelque chose d’aussi important que la nature et l’environnement, ou pour faire payer les dettes écologiques qui sont contractées. Nous avons besoin d’un tel tribunal international. (Mais) toute position écologique se double d’une question sociale. Le principal devoir, l’obligation morale des pays en développement, est d’en finir avec la pauvreté. Nous avons besoin d’un concept intégral. Nous avons le droit de déboiser ou d’exploiter notre sous-sol. Avec notre exploitaiton des réserves pétrolières du Yasuni, nous allons injecter dans l’atmosphère environ 400 millions de tonnes de CO2.
Il faut profiter de nos ressources. C’est cela que j’ai proposé au peuple équatorien, très clairement, et nous avons gagné de loin au premier tour, avec presque 60 % des suffrages. Nous avons dit clairement que nous allions utiliser jusqu’à la dernière goutte de pétrole pour sortir au plus vite de la pauvreté. Un famille indigène du XXIe siècle sans électricité, sans soins de santé, sans eau potable ni éducation, ce n’est ni de la culture ni du folklore, mais de la misère, de l’exploitation, de l’injustice. Comme n’importe quel groupe humain, ces communautés veulent accéder aux avantages de la modernité. Le pétrole, c’est l’Etat, c’est 52 % de nos exportations… »

Le Monde.fr | 9 décembre 2015, Rafael Correa : « L’Equateur exploitera jusqu’à la dernière goutte de pétrole pour sortir de la pauvreté »

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COP21, encore un succès d’apparence, le 21ème !

COP21, « Un accord différencié, juste, durable, dynamique, équilibré et juridiquement contraignant » dixit Laurent Fabius. Langage diplomatique vide de sens. L’accord universel sur le climat, adopté par consensus le samedi 12 décembre par les 195 Etats participant à la conférence, n’aura aucune conséquence tangible. Commentaire :

– Il n’est aucunement fait mention des énergies fossiles dans le texte. On s’attaque à un mal sans jamais mentionner sa cause.

– L’objectif de température (2°C ou moins) est formulé de façon complexe et alambiquée, on peut y trouver tout et son contraire.

– L’accord de Paris ne prendra effet qu’en 2020 alors que la science nous rappelle que les pics d’émissions doivent avoir lieu avant cette date si nous voulons atteindre l’objectif d’une limitation du réchauffement de la planète

– Les contributions actuelles des Etats pour réduction de leurs propres émissions de gaz à effet de serre nous oriente sur une trajectoire de + 3°C et ne seront pas révisées. Il est fait mention d’un simple « dialogue facilitateur en 2018 », formulation sans conséquence concrète.

– Les secteurs des transports aériens et maritimes ne sont pas présents dans le texte. Un très mauvais signal quand on sait qu’ils représentent à eux deux 8 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre actuelles et jusqu’à 39 % en 2050.

– Le texte exclut toute « responsabilité ou compensation » des pays du Nord pour les préjudices subis par les pays en développement.

– 2018 est la date choisie par l’accord pour faire revenir les Etats à la table des négociations. En définitve on s’est réuni uniquement pour arriver à déterminer la date de la prochaien rencontre… Et pendant ce temps-là la température mondiale monte, monte… et la planète brûle.

– Pour entrer en vigueur en 2020, l’accord devra être ratifié, accepté ou approuvé par au moins 55 pays représentant au moins 55 % des émissions mondiales de gaz à effet de serre. Personne ne pourra obliger les USA à ratifier ce texte, ils ont déjà prouvé à quel point il se foutent de l’état de la planète, leur niveau de vie n’est pas négociable!

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Mesurez votre propre contribution au réchauffement

Un exercice à faire absolument, calculez combien de CO2 vous contribuez à émettre dans l’atmosphère. Nous relayons cet exercice* important présenté par LE MONDE, en partenariat avec l’Ademe (Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie). Par notre consommation et notre train de vie quotidiens, nous participons aussi à rejeter directement ou non du dioxyde de carbone. En prenant l’avion pour voyager, en mangeant régulièrement de la viande ou en consommant beaucoup d’énergie, nous alimentons ce modèle très producteur de gaz à effet de serre. Tout l’enjeu de la COP21 est d’ailleurs de faire baisser ces émissions.

Mesurez votre empreinte carbone sur la planète, cliquez ICI

* Le Monde.fr | 05.12.2015, Combien de CO2 contribuez-vous à émettre dans l’atmosphère ?

Méthodologie

Ce calculateur ne propose qu’une estimation des principaux postes d’émissions individuelles de gaz à effet de serre au cours d’une année. Il prend en compte les importations (produits fabriqués à l’étranger pour répondre à notre demande intérieure) et l’ensemble du cycle de vie (production, fabrication, transport, consommation…).

Le calculateur fonctionne d’une manière simple : toute donnée entrée par l’utilisateur (kilomètre, repas, kWh…) est convertie en émission de gaz à effet de serre (unité : l’équivalent CO2, qui permet de ramener l’ensemble des gaz à effet de serre à une seule unité) en multipliant ces données par des facteurs d’émissions (par exemple un kilomètre en voiture équivaut à x grammes de CO2).

Il prend en compte les émissions sur lesquelles le citoyen peut agir, via l’évolution de ses comportements ou de son mode de vie. Régime alimentaire, température de chauffage, moyen de transport ou taux d’équipement… Par conséquent, les actions résultant de l’activité professionnelle ne sont pas prises en compte dans ce calcul d’empreinte carbone. On prendra pour exemple les transports : l’action de se rendre à son travail reste sous la responsabilité individuelle (du choix du lieu de l’habitat au mode de transport… quand on a le choix) alors que prendre l’avion dans le cadre d’un déplacement professionnel (se rendre à une réunion ou rencontrer un client) dépend, à priori, du bon vouloir de l’employeur. Ce qui n’empêche pas de préférer la visioconférence pour réduire son impact carbone !

Certaines émissions sont considérées comme « partagées » : ainsi, les consommations d’énergie du logement (chauffage, eau chaude sanitaire) sont divisées par le nombre de personnes occupant le logement, tout comme l’imputation des émissions liées à la fabrication de certains équipements du foyer (lave-linge, téléviseur… ce qui n’est à priori pas le cas pour un téléphone portable, par exemple). Par ailleurs, le bilan étant annualisé, les émissions totales de gaz à effet de serre portant sur certains équipements (fabrication en particulier) ont été divisées par leurs durées de vie moyennes (estimatives) afin de ramener ses émissions à une année (ce qu’on appelle « l’amortissement »).

Enfin, l’ensemble des émissions portant sur des équipements collectifs (construction, fonctionnement et fin de vie des écoles, routes, hôpitaux, etc.) n’ont pas été comptabilisées (en ramenant ses émissions à un français) ; les services n’ont également pas été comptabilisés en raison d’un manque de données et de la grande variabilité des offres de service et des pratiques.

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Toujours plus de CO2 avec de moins en moins de pétrole

« Avec la hausse de la température moyenne planétaire, nous aurons une multiplication des mauvaises récoltes, des dommages aux infrastructures, des ruptures d’approvisionnement, l’instabilité politique… Mais le jour où nous aurons à la fois un climat de plus en plus hostile et de moins en moins de gaz et de pétrole, que ferons-nous ? Aujourd’hui les ouragans abattent maisons et infrastructures ? Qu’importe, les cimenteries tourneront à plein régime, les engins de travaux publics aussi, et nous reconstruirons tout cela. Que deviendra la situation quand le pétrole des engins de travaux publics et le charbon des cimenteries sera moins disponible ? En fait nous aurons un jour de moins en moins d’énergie fossile à notre disposition, cela est absolument certain quand on tape dans un stock de départ qui est donné une fois pour toutes. Il est fort possible que notre continent connaisse un soubresaut économique majeur dans les années à venir. Il faut espérer qu’il se produise avant les prochaines présidentielles pour éviter une élection sur un malentendu.

D’autre part, la combustion de l’ensemble des réserves prouvées de gaz, de pétrole et de charbon conduirait à 3000 milliards de tonnes de CO: quatre fois plus que la limite physique pour rester en dessous des 2°C ! Il va donc falloir en laisser sous terre. Mais le vrai débat commence alors : laisser quoi ? Quel doit être le rythme de baisse ? Toutes les régions du monde vont-elles être logées à la même enseigne ? La consommation de pétrole devrait baisser de 2% par an. La Chine augmente sa consommation de pétrole de 5 % par an. Les pays dits riches vont avoir des problèmes économiques croissants pour cause d’accès de plus en plus difficile au pétrole alors que les pays dits pauvres vont leur demander d’accroître leur aide financière pour gérer les conséquences du changement climatique.

Pour la déforestation, il est évident qu’avec 1500 milliards de tonnes de carbone contenues dans les écosystèmes terrestres, nous pourrions en supprimant toutes les forêts viser des émissions qui augmentent jusqu’en 20100. Le déterminant premier de la déforestation est la croissance démographique, qui engendre des besoins accrus en terre agricole, mais aussi la consommation de viande puisqu’il faut 10 fois plus de surface cultivée pour manger du bœuf que des lentilles. Dans les pays à forte couverture forestière, c’est donc la limitation de la croissance démographique qui est l’objectif à viser. Comment, par quels moyens, avec quelles contreparties ? Si l’énergie fossile commence à faire défaut à partir de 2050, et que l’humanité se met à vivre en récession perpétuelle, au surplus dans un contexte de changement climatique de plus en plus intense, est-il encore logique d’imaginer que cette même humanité devienne sans cesse plus nombreuse, n’ait comme seul objectif que de couper des arbres pour créer des surfaces agricoles et vive en paix ? Il semble plus rationnel d’imaginer qu’un nombre croisant de « catastrophes » se chargera de mettre en cohérence une planète de plus en plus mitée et une humanité qui devra suivre le même chemin. Aucun modèle de climat n’avait dans son cahier des charges de simuler l’effet en retour du changement climatique sur l’humanité, quand le changement climatique pourrait limiter la taille de la population ou nos activités. On aurait pu imaginer que les modèles intègrent l’effet de la diminution de la production agricole sur la population, en en faisant mourir une partie de famine. »

Source : Dormez tranquilles jusqu’en 2100 (et autres malentendus sur le climat et l’énergie) de Jean-Marc Jancovici

Odile Jacob 2015, 204 pages pour 19,90 euros

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Le climat dans tous ses états avec l’association JNE

L’association JNE (Journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie) a été crée en 1969. Toujours active aujourd’hui, voici à propos du climat différents éléments présentés sur son site :

articles

CLIMAT / LE TEMPS DES SOLUTIONS.par Olivier Nouaillas >> lire

L’urgence écologique : un entretien avec Yves Cochet par Michel Sourrouille >> lire

« L’ère de l’homme », un documentaire exceptionnel sur les racines du bouleversement climatique.. par Laurent Samuel >> lire

La COP 21 peut-elle éluder la question démographique ? par Michel Sourrouille >> lire

.livres

Arctique – Vincent Munier (JNE) – Kobalann éditions
>> lire
Climat – Planète en danger – Claude-Marie Vadrot (JNE) – Éditions du Rocher >> lire

colloque géopolitique

paix, réchauffement climatique : les conflits climatiques seront-ils ceux de demain ? » organisé le 5 décembre au Grand Palais par le Comité 21 avec la participation de la Convention de lutte contre la désertification, l’Organisation internationale des Migrations, le CNRS et le programme de recherche interdisciplinaire « Politiques de la Terre » à Sciences Po Paris >> plus d’infos

Puisque le lien entre pétrole et santé est le grand oublié de la COP21, lisez la bande dessinée publiée par Générations Cobayes : « Comment le pétrole a niqué notre libido » >> lire la BD

• Image Doc n° 234 – Pourquoi la Terre se réchauffe-t-elle ? >> lire
• Manière de voir n° 144 – Environnement, climat : désordres et combats >> lire

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Démographie et climat, un entretien avec Yves Cochet

Avant qu’un des plus anciens militants de l’écologie, Yves Cochet, n’intervienne lors de la conférence-débat à PARIS le 19 novembre sur le thème « La COP21 peut-elle éluder la question démographique ? », il a été interrogé par Michel Sourrouille pour le compte du site JNE (association des journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie). Voici une retranscription de cet entretien.

Michel Sourrouille : à bientôt 70 ans, est-ce le temps de la retraite ?

Yves Cochet : Depuis mon inscription aux Amis de la Terre en 1972, je n’ai jamais eu l’intention d’arrêter. Je suis toujours au conseil fédéral d’EELV, et 42ème sur la liste d’Emmanuelle Cosse pour les régionales. En dernier, mais toujours présent. L’urgence écologique a besoin de nous tous, toujours.

question : Si tu devais indiquer en une phrase ton sentiment sur la question démographique, que dirais-tu ?

YC : L’évolution à la baisse de la population est un des moteurs de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il n’est pas tenable que les Américains produisent en moyenne 16 tonnes de CO2 par an, les Chinois et les Européens 8 tonnes alors que les Africains sont à moins d’une tonne. Pour instaurer la justice sociale, il faut non seulement harmoniser le montant des émissions mais aussi diminuer le poids démographique car la population est un multiplicateur incontournable du niveau des émissions.

question : Penses-tu que la conférence sur le climat à Paris va changer quelque chose ?

YC : Nous pouvons déjà prévoir un échec bien que la méthode initiée par la France soit nouvelle. Il s’agit de partir du bas, des contributions nationales. Les Etats doivent s’engager à réduire leurs émissions dans une période déterminée, mais ce ne sont que des intentions qui de toute façon nous mènent vers une augmentation moyenne de 3°C, comme Laurent Fabius le rappelait d’ailleurs ce matin à la radio. Notons aussi que l’Arabie Saoudite se permettait de financer les fous de Daech mais n’a pas encore rendu sa copie sur sa stratégie d’émissions.

question : La catastrophe est donc en marche. Est-ce bientôt le rôle futur des politiques, comme tu l’as écrit, « de diminuer le nombre de morts ?

YC : Des intellectuels comme Dominique Bourg ou Bruno Latour sont eux aussi devenus « catastrophistes ». On va tout droit dans le mur, vers le chaos climatique et donc social. Des organismes qui pensent le long terme comme les compagnies d’assurances ou les militaires se préparent au pire. On comprend mieux la gravité de la situation à la lecture de leurs rapports plutôt qu’à la lecture des journaux. Il n’y a pas assez de terres arables et pas assez d’eau pour satisfaire les besoins d’une population en constante augmentation.

question : Tu as écrit en 2005 le livre « Pétrole Apocalypse ». Aujourd’hui on ne parle que du réchauffement climatique. Quel lien fais-tu entre ces deux préoccupations ?

YC : L’articulation entre les deux, c’est tout simplement le mécanisme de transformation de l’énergie. Le pétrole est la ressource, en amont, le réchauffement climatique le résultat de sa combustion en aval. Le problème, c’est que le GIEC ne s’intéresse qu’à l’aval, l’évolution des températures mondiales. Il devrait tenir compte des travaux de l’ASPO, association qui étudie les pics pétroliers avec un budget de zéro dollars. Le plafond de production du pétrole conventionnel a été atteint en 2006, et maintenant il y a stagnation, ce qu’on appelle un plateau ondulant. De toute façon, comme l’exprime la coalition 21, il faudrait laisser une grande partie des ressources fossiles sous terre pour limiter le réchauffement à moins de 2°C.

question : Serais-tu pessimiste ?

YC : J’essaie d’éviter les sentiments sur l’évolution des réalités biophysiques. Si l’écologie politique (les Verts, puis EELV) obtient un mauvais score aux élections, c’est parce que nous sommes trop réformistes, alors que l’écologie, c’est violent, à l’image des phénomènes désastreux que l’action humaine a déclenchés. Il se dessine un monde de décroissance, de récession disent les économistes. Nous devrions aussi en tant qu’écologiste parler de décroissance démographique. Mais cela reste encore un tabou. A EELV, nous avons raboté notre radicalité, et cela n’a pas augmenté notre score. On s’éloigne pour des raisons électoralistes de l’état réel du monde, que ce soit sa réalité sociale ou écologique. Nous devrions dire la vérité sur l’état de la planète alors que les autres politiciens ne cessent de mentir, comme Sarkozy qui voulait aller chercher une croissance de 3 % avec les dents et Hollande qui ne jure lui aussi que par la croissance économique. Je suis pour la décroissance de l’empreinte écologique des pays du Nord. D’ailleurs, dans le cadre du FIAP Jean Monnet où va se tenir tout à l’heure la conférence sur « démographie et climat », nous avions organisé en 2008 notre première réunion internationale sur la décroissance. Dire explicitement que l’effondrement va arriver, ce serait moralement plus juste et politiquement plus clair que notre réformisme borgne actuel.

question : Que faire alors contre le réchauffement climatique ?

YC : Il faudrait que les Français apprennent à se tricoter un pull supplémentaire car il est plus efficace de chauffer directement son corps plutôt que de chauffer l’air de son logement. Et il y a mille autres comportements sobres à adopter face à la domination des multinationales productivistes. Il faut aussi donner une large place à la société civile, aux initiatives locales, encourager la  création de villes en transition, soutenir les zadistes qui, sur les zones à défendre, combattent l’intrusion croissanciste à Notre Dame des Landes ou à Sivens.

Source : http://jne-asso.org/blogjne/2015/11/29/lurgence-ecologique-un-entretien-avec-yves-cochet/

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Climat : les raisons de s’inquiéter sont innombrables

Quelques motifs d’inquiétude tirés du dossier COP21 de 34 pages inséré dans LE MONDE du 29-30 novembre 2015.

– Ce dossier laisse les multinationales faire leur publicité sur 6 pages entières, même quand elles détraquent le climat !

– La situation actuelle avait été correctement anticipée par certains scientifiques. Wallace Broecker, dans un article du 8 août 1975, prévoyait non seulement l’imminence du réchauffement global, mais il estimait aussi que la vitesse avec laquelle les activités humaines modifiaient la composition de l’atmosphère porterait la concentration de CO2 à 400 ppm autour de 2010.

– De 2008 à 2012, on peut tirer un bilan calamiteux des engagements issus du protocole de Kyoto (signé en 1997)

– En 1990, les pays développés émettaient 14 milliards de dioxyde de carbone par an, en 2012 un peu moins, 13 milliards. Mais dans le même temps les pays émergents ont triplé leurs émissions, de 7,5 milliards de tonnes de CO2 en 1990 à plus de 20 milliards de tonnes en 2012.

– L’OMM a annoncé que le seuil de 400 parties par millions de concentration atmosphérique de CO2 devrait être franchi de manière imminente. Ce taux était de 270 ppm environ au cours de la période préindustrielle et n’a jamais excédé 300 ppm au cours du dernier million d’années. Dans la semaine du 1er novembre 2015, l’observatoire de référence de Mauna Loa (Hawaï) relevait une concentration de 399,06 ppm. Un tel niveau de concentration est inédit depuis le pliocène, voilà 5,3 à 2,6 millions d’années, à une époque où le niveau des océans fluctuait entre 5 mètres et 40 mètres au-dessus du niveau actuel.

– Sur la foi des neufs premiers mois de l’année, 2015 sera la première année dont la température franchira le cap de 1°C de réchauffement par rapport à la période préindustrielle.

– Les extrêmes climatiques affecteront toutes les espèces, à commencer par les humains. Selon le GIEC, les rendements agricoles pourraient baisser en moyenne de 2 % par décennie alors qu’il faudrait augmenter la production de 14 % par décennie pour répondre aux besoins.

– Selon le Haut-commissariat des Nations unies pour les réfugiés, près de 250 millions de personnes seront déplacées d’ici à 2050 à cause de conditions météorologiques extrêmes, de la baisse des réserves d’eau et d’une dégradation des terres agricoles.

– En 2005, la Chine devient un géant industriel en passe de devenir le premier pollueur mondial.

– Les Etats-Unis se sont lancés dans les hydrocarbures de schiste.

– Les mesures de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre (GES) annoncées par les Etats avant la COP21 mènent droit vers un réchauffement de l’ordre de 3°C. Cette série de promesses nous permet uniquement d’éviter le désastre d’un réchauffement de 4°C, mais pas une catastrophe à 3°C.

– Rien ne garantit juridiquement que les promesses de contribution nationale seront tenues.

– Les Etats-Unis font démarrer le compteur de réduction des gaz à effet de serre en 2005, année où leurs émissions étaient proches de leur maximum.

– Stephen Harper, chef du gouvernement canadien entre 2006 et 2015, fut le premier dirigeant à se retirer du protocole de Kyoto, jugeant les objectifs de ce traité incompatibles avec les ambitions énergétiques du pays. Son successeur, Justin Trudeau, a encore pour priorité de « gagner de nouveaux marchés, ce qui suppose de nouveaux projets de pipelines ».

– Tony Abbott, premier ministre australien de 2013 à 2015, avait qualifié le changement climatique de « connerie absolue » et n’a cessé de vanter le charbon, « bon pour l’humanité ». Son successeur, Malcolm Turnbull, a rejeté les demandes de moratoire sur l’exportation de charbon, soutenant qu’une telle mesure n’aurait aucun effet sur le changement climatique : « Les pays iraient simplement l’acheter ailleurs… Notre charbon est plus propre que celui des autres pays ». Son ministre de l’environnement a donné, à la mi-octobre, le feu vert au méga-projet minier Carmichael.

– La Chine, premier pollueur de la planète, s’est seulement engagée à atteindre son pic d’émission de CO2 « au plus tard en 2030 ».

– Les pays pétroliers tiennent depuis des années le même discours : « Si notre intensité énergétique est très élevée, c’est parce que nous produisons du pétrole pour nous mais aussi pour le reste du monde. »

– Pour le Venezuela et la Bolivie, la question des contributions nationales renvoie à l’utilisation des ressources nationales pour financer le développement. Ces deux pays, riches en ressources fossiles, sacrifient le combat contre le réchauffement au nom de la lutte contre la pauvreté.

– L’Inde, pays le plus peuplé du monde à l’horizon 2030, doit faire face à des besoins énergétiques colossaux. A ceux qui s’inquiètent de la croissance accélérée de ses émissions de GES, elle répond qu’elle est à la fois une puissance économique montante… et un pays pauvre. Le ministre de l’environnement interpelle les pays développés : « Nous ne pouvons pas rester inactifs face aux 20 % d’Indiens qui n’ont pas accès à l’énergie. »

– L’organisation 350.org milite pour le désinvestissement dans les société extractives. Elle a un budget de 10 millions de dollars annuels, soit 27 400 dollars par jour. Exxon dépense environ 100 millions de dollars par jour, uniquement pour ses opérations de prospection de nouveaux gisements d’hydrocarbures.

– Le lobbying des industries minières ne se fait plus au premier niveau, qui était simplement le déni du changement climatique. Désormais l’objectif est de ralentir l’arsenal législatif qui se met en place.

– En Europe, les groupes patronaux se disent en faveur d’un accord sur le climat, mais ajoutent qu’on ne doit agir que quand le reste du monde fera de même. On risque d’attendre l’éternité.

– La compagnie pétrolière française Total est membre du Business Europe, Cefif, FuelsEurope et OGP. Ces quatre organismes ont systématiquement mis des bâtons dans les roues des législateurs européens dans la lutte contre le réchauffement climatique.

– Ce qui s’annonce ? Une forme d’état d’urgence permanent, l’institution d’une gestion planétaire autoritaire des populations, avec l’impératif du « nous n’avons pas le choix » sur fond de business-as-usual.

– Les murs et les barbelés qui traversent l’Europe donnent un avant-goût de ce qui vient.

– Nul ne peut s’exonérer de sa responsabilité au nom de son impuissance s’il n’a fait l’effort de s’unir à d’autres, ou au nom de son ignorance s’il n’a fait l’effort de s’informer.

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Des chiffres et des lettres avec 350 parties par millions

Bill McKibben a fondé en 2007 l’association 350.org, fer de lance du mouvement pour le « désinvestissement », qui enjoint aux investisseurs de cesser d’injecter leurs fonds dans les sociétés extractrices de ressources fossiles – gaz, pétrole, charbon*.

Des chiffres

L’organisation 350.org a un budget de 10 millions de dollars annuels, soit 27 400 dollars par jour

Exxon dépense environ 100 millions de dollars par jour, uniquement pour ses opérations de prospection de nouveaux gisements d’hydrocarbures.

La valeur des industries fossiles est ­calculée sur la quantité de ressources fossiles qu’elles sont susceptibles d’exploiter, soit environ 3 000 milliards de tonnes de carbone

Nous ne pouvons brûler que 500 milliards de ressources fossiles pour rester en dessous des 2 °C de réchauffement.

Le climatologue James Hansen a calculé comme seuil de sécurité une concentration limite de dioxyde de carbone [CO2], soit 350 ppm [parties par million].

Ce seuil a été franchi vers 1990 et la concentration actuelle de CO2 est d’environ 400 ppm.

Des lettres

Nous ne voulons pas nous retrouver contraints à survivre dans un monde devenu à peine vivable. Par l’acidification des océans, par la submersion des îles du Pacifique Sud, par le déracinement de réfugiés climatiques en Afrique et dans le sous-continent indien, par la recrudescence des tempêtes et ouragans, l’écocide en cours violente l’ensemble des êtres vivants, des écosystèmes et des sociétés, menaçant les droits des générations futures.

« Que valent les promesses de François Hollande et des négociateurs d’obtenir un “accord historique” à Paris et de “tout faire” pour rester en deçà des 2 °C [de réchauffement], si c’est pour entretenir cette fuite en avant extractiviste ?« , questionnent aujourd’hui les associations environnementales. Il ne s’agit plus de forer, il faut obligatoirement laisser sous terre une grande partie de ce qu’on sait déjà extraire. Selon les études, pour avoir 50 % de chances de maintenir le réchauffement climatique en dessous de deux degrés, le monde doit laisser 66 % des réserves connues de charbon, de pétrole et de gaz dans le sous-sol. Pour que cette probabilité soit de 80 %, nous devons nous abstenir de toucher à 80 % de ces réserves.

* LE MONDE du 29-30 novembre 2015, Bill McKibben, bête noire des énergies fossiles

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Climat, la solution nucléaire pour Maud Fontenoy !!!

Maud Fontenoy, déléguée nationale à l’environnement LR (Les Républicains), ose : « Nous savons ce qu’il faudrait faire pour limiter l’augmentation de la température à 2 °C… Nous devons rétablir la part du nucléaire dans notre pays, une énergie peu chère émettant zéro gaz à effet de serre… Fessenheim doit donc poursuivre son activité… Le Japon a d’ailleurs décidé de relancer son nucléaire pour tenir ses engagements vis-à-vis de la COP21… Il faudra un débat sans dogmatisme sur l’adaptation d’un principe de précaution aujourd’hui si contraignant qu’il fait fuir nos chercheurs… »*

Comme l’exprime France Nature Environnement par un communiqué du 3 décembre, le Nucléaire est une solution à rien, pas même au climat : « Le nucléaire est aujourd’hui présenté comme une solution pour « décarbonner » notre modèle énergétique. Or le nucléaire est indissociable de nombreux risques, à la fois humains et environnementaux. Outre la pollution liée aux mines d’uranium et au rejet de substances radioactives et chimiques dans l’environnement, la filière produit des déchets extrêmement toxiques, qui resteront dangereux pour des millions d’années. Le risque d’accident ne peut être écarté, comme l’ont montré les catastrophes de Tchernobyl et Fukushima. De plus, l’énergie nucléaire n’est pas neutre en carbone. La réaction nucléaire n’émet certes pas de gaz à effet de serre (GES). En revanche, la fabrication du combustible, de l’extraction de l’uranium à la réalisation des assemblages, ainsi que la construction des réacteurs, l’exploitation, la gestion des déchets et le démantèlement sont chacun générateurs d’émissions de GES. »

Nous n’en dirons pas plus sur l’imbécillité du nucléaire et la nécessité absolue d’appliquer le principe de précaution. Maud Fontenoy souffre en fait d’un mal courant, une contradiction interne qu’on appelle dissonance cognitive. Maud a traversé les océans à la rame et assumé la lenteur dans sa vie passée. Elle a fait dans son livre** l’éloge de la vitesse, de la mobilité et de la croissance. Maud est à l’image d’une société dite développée où presque tout le monde accède à une pensée écologique mais se refuse à en assumer les conséquences : le passage d’une société d’abondance à une société de pénurie qui n’aura plus les moyens d’investir dans le nucléaire, ni même de démanteler les centrales existantes.

* LE MONDE 4 décembre 2015, Maud Fontenoy : « Nous ne sommes pas les mieux placés pour donner des leçons »

** Ras-le-bol des écologistes (Editions Plon 2013, 236 pages pour 16,50 euros)

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François Hollande préfère l’état d’urgence à la COP21

François Hollande préfère l’état d’urgence, c’est plus payant électoralement. Alors que la COP21 a démarré officiellement le 30 novembre, LE MONDE titre encore le 3 décembre en première page : « Le plan de l’Elysée pour durcir l’état d’urgence ». Renforcer l’état d’urgence alors que la plupart des terroristes sont morts n’a qu’un seul but, marquer quelques points supplémentaires lors du premier tour des régionales le 6 décembre prochain. C’est de la politique politicienne, vouloir montrer qu’on a des muscles plus volumineux que ceux de Marine le Pen, c’est renforcer encore plus le simplisme sécuritaire du Front national.

Il est vrai que François Hollande est à l’image de son parti, allergique à l’écologie.

Le chef de l’Etat est un obsessionnel de la manœuvre politique. Dans toute sa carrière, il n’a jamais considéré l’écologie comme un dossier majeur. S’il était arrivé à M. Hollande de parler écologie, c’était surtout pour conclure des accords d’appareil avec ses homologues des Verts, puis d’Europe Ecologie-Les Verts (EELV). Le principal intéressé nie en bloc : « Je conteste avoir découvert l’écologie avec la conférence climat. Les experts du GIEC, que j’avais ­reçus plusieurs fois au début de mon mandat, m’avaient convaincu qu’il était impossible d’attendre. » Il ne savait donc pas en arrivant au pouvoir que l’urgence climatique était avérée depuis des dizaines d’années ! Son orientation est très clairement scientiste, productiviste et pro-nucléaire. La fermeture de la vieille centrale nucléaire de Fessenheim est sans cesse repoussée. François Hollande a validé l’abandon de l’écotaxe poids lourds, l’autorisation de nouveaux permis d’exploration sur les hydrocarbures, la reprise les travaux de l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes et le grignotage des budgets du ministère de l’écologie : il était en accord complet avec son premier ministre pour virer sa ministre socialiste de l’écologie Delphine Batho (qui râlait contre la baisse de son budget). Tous ces sujets seraient pourtant des moyens de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Le jour de la publication du cinquième rapport du GIEC, il y a un an presque jour pour jour, il était dans l’Alberta [Canada] pour soutenir ­Total sur l’extraction des sables bitumineux, alors que le GIEC estimait précisément qu’il fallait renoncer à l’exploitation de 80 % des réserves connues de gaz et de charbon dans le sol…

En cas de nouvel échec des négociations sur le climat, nul doute qu’il en fera porter la responsabilité à la communauté internationale. Il préfère envoyer des avions de combat survoler la Syrie et interdire de manifester pour le climat.

Pour de plus amples informations, LE MONDE 29-30 novembre 2015

François Hollande, ou le zèle de l’écologiste néophyte

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Climat : faut-il être optimiste ou pessimiste ?

« L’optimisme et le pessimisme expriment sous des formes différentes la même capitulation face au futur ; car tous les deux le traitent comme une fatalité et non comme un choix. » (David Brower)

Variantes :
– L’optimisme et le pessimisme sont les deux facettes d’une même stratégie, celle qui consiste à laisser faire.
– Le pessimisme et l’optimisme sont tous deux des distractions qui nous éloignent d’une vie pleinement vécue.
– Le problème, c’est que l’excès d’optimisme empêche justement de modifier notre mode de vie puisque demain on aura trouvé une solution technique à tous nos problèmes.
– L’optimisme ambiant nous empêche d’être réaliste et de prendre d’urgence les mesures d’économies d’énergie qui s’imposent. C’est cet optimisme-là qui nous rend pessimiste, il n’y a pas d’évolution « naturelle », il n’y a que le manque de réflexion des humains.
– Les optimistes sont d’abord ceux qui se bougent et cherchent de bonnes raisons de se battre dans un environnement qui, lui, a priori, ne va pas s’améliorer.
– Un pessimiste, même très intelligent, se contentera de constater, éventuellement d’analyser. Mais il restera dans une posture passive, voire de victime.
– L’optimiste, chercheur de mouvement, ira parfois jusqu’à « faire comme si » (faire comme si j’allais sauver le climat…) pour ne pas stagner dans le fatalisme.
– Lorsque le choc climatique arrive, les optimistes n’en sont pas épargnés, mais ils parviennent à ne pas contaminer toute leur existence avec ce problème : ils apprennent à nager.

Une petite dernière sur les climatosceptiques, ces optimistes délirants : « Il y a environ trois cents ans, une Société de la terre plate a été fondée par ceux qui ne croyaient pas à la rotondité de la planète. Cette société existe toujours, elle doit compter une dizaine de membres ». (réponse de l’ex-président du GIEC (Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat), l’Indien Rajendra Pachauri, à ceux qui lui demandaient ce qu’il pensait des détracteurs du réchauffement climatique.

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Les gaz à effet de serre, c’est aussi notre affaire

Voici le témoignage de Brig* qui résume bien ce que devrait être la mentalité de tout un chacun pour réduire nos émissions de gaz à effet de serre. Certains le font déjà, ils nous montrent l’exemple. L’action exige des efforts, une limitation de nos besoins. L’action part d’en-bas, de l’individu. Il s’agit d’aller à l’inverse de la société de consommation.

La décroissance : Concrètement, de quoi vous passez-vous ?

Je gagne mon argent en ne le dépensant pas. Ce que je veux, c’est gagner du temps. Aujourd’hui je touche 400 euros par mois environ. C’est formidable, je n’ai jamais eu autant ! Ça me suffit largement. Je n’ai pas de frais de transport puisque je fais tout à vélo, pas de chauffe-eau, pas de chauffage central. J’ai enlevé tous les radiateurs électriques, ils ne me servaient pas. C’est absurde de chauffer l’air pour chauffer le corps. Quand j’ai froid, je mets un pull ou une couverture en plus, et voilà.

Pour vous, en quoi consiste la simplicité volontaire ?

C’est résister à la robotisation, à l’agression publicitaire. C’est maîtriser ses besoins pour avoir plus de liberté. C’est refuser le confort aliénant. La plupart des salariés seraient incapables de mener une grève générale sur un mois : « Ah ben oui, mais tu comprends, nous si on perd une journée de travail, on à moins d’argent… » Je pense que tout commence par l’action individuelle. Je crois à la stratégie de la masse critique : plus on est nombreux à circuler à vélo, plus on reprend de l’espace aux automobiles. Finalement, la simplicité volontaire, c’est comprendre qu’on fait tout en trop : on mange trop, on regarde trop la télé, on est trop encombré d’un tas de trucs inutiles… et à côté, il y a plein de choses qu’on ne fait pas assez : on ne marche pas assez, on ne rigole pas assez, on ne baise pas assez, on ne chante pas assez…

Qu’est-ce qui vous a poussée à choisir la simplicité volontaire ?

J’ai grandi à Caen, après la seconde guerre mondiale. Ma génération a connu la pénurie, les tickets de rationnement. Je me souviens que vers 11-12 ans, mes parents voulaient m’acheter une chambre à coucher. Je leur ai dit : « Je voudrais un lit de feuille sèche dans la brousse », ça avait fait rire tout le monde. Il y avait cet état d’esprit dans ma famille. Quand on partait en vacances, on faisait du camping sauvage. Mes parents nous ont transmis cette simplicité. Ils ne cherchaient pas à avoir une grosse bagnole, dans la famille tout le monde faisait du vélo. Aujourd’hui les gens ne font pas de vélo, mais ils pédalent à l’intérieur de salles de gym… Ils n’ont pas peur du ridicule.

Comment sortir de la servitude volontaire ?

Je rêve que les réseaux technologiques tombent en panne. Qu’il y ait une panne d’électricité mondiale. On comprendra à quel point on est dépendant. Sans l’électricité, les citadins ne pourraient même plus cuisiner leurs plats du congélateur, ni même laver leur linge, se chauffer… On se complique énormément la vie. Il y a des actions faciles pour retrouver un peu de liberté : ne serait-ce que de ne pas prendre son porte-monnaie quand on sort. Dans mon immeuble, je suis la seule à ne pas fermer la porte à clé. Et je suis la seule qui ne s’est jamais fait cambrioler. Parce qu’il n’y a rien à prendre.

Est-ce que vous êtes engagée dans des mouvements militants ?

Je participe à des luttes, contre le TAFTA par exemple, contre le gaz de schiste, contre le nucléaire, pour soutenir les communautés péruviennes contre l’extractivisme. Aujourd’hui je suis assez admirative des jeunes qui luttent sur les ZAD, en étant présents physiquement, en opposant leur corps.

* La décroissance, novembre 2015, page 7 et 13, rubrique simplicité volontaire

Pour compléter ce témoignage, lire Vivre la simplicité volontaire (Histoire et témoignages) aux éditions de l’Echappée 2014, 280 pages, 20 euros

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Conférences sur le climat, la démocratie bafouille

La démocratie bafouille. Qui est plus puissant que le président des Etats-Unis ? Qui est plus puissant que les sept présidents des principales puissances du monde réunis en G8 ? Personne ! Pourtant la démocratie est ainsi faite que ce surcroît de puissance ne sert à rien car un problème ne commence à chercher sa solution que si on arrive à le formuler.

Si l’on reprend le texte des communiqués officiels des réunions du G7 depuis leur début en 1975, on constate que le réchauffement climatique émerge très lentement au niveau diplomatique, trop lentement. Ce n’est qu’en 1983 que l’environnement est évoqué au détour d’une phrase alors que la conférence de Stockholm dans le cadre de l’ONU en a fait un élément majeur dès 1972. L’expression réchauffement climatique est mentionnée en 1987 et 1988. Il faut attendre 1989 pour évoquer « la limitation des émissions de dioxyde de carbone ». La Convention sur le changement climatique est signée en 1992, le protocole de Kyoto en 1997. Mais en 2002, le G8 (avec la Russie) ne parle pas du tout du changement climatique puisque G.Bush vient d’accéder à la présidence des USA. Ce n’est qu’en 2005 que Tony Blair parvient à imposer un « plan d’action » sur le climat et l’énergie, plan dont on a du mal à cerner aujourd’hui la réalité. L’idée de réduire de moitié les émissions de gaz à effet de serre est clairement exprimée en 2007, confirmée en 2008. Mais il s’agit d’un objectif global sans moyens. De plus la réduction d’ici à 2050 n’a pas d’année de référence (1990 comme le protocole de Kyoto, 2000 comme le suggère le GIEC, 2008 comme le propose le Japon ?). Comment cet effort sera-t-il partagé entre les pays riches et les pays pauvres ? On n’en sait rien.

Peut-être qu’en 2050 on accélèrera les débats, la biosphère nous envoyant sécheresses et inondations, tempêtes et typhons à foison. Tant que les intérêts humains à court terme passeront avant le nécessaire équilibre à long terme de la planète, nous jouerons au jeu quelques gagnants dans l’immédiat, tout le monde perdant en fin de partie.

NB : article écrit le 29.09.2008 par Michel Sourrouille

PS : Nous sommes maintenant au début de la 21ème conférence annuelle sur le climat à paris et la limitation des gaz à effet de serre n’a pas avancé d’un pouce depuis 21 ans.

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Etat d’urgence climatique : mobilisons-nous avec Julien

La Conférence climat, LE rendez-vous de l’humanité pour s’accorder sur les moyens de la lutte contre le dérèglement climatique, démarre lundi et tout semble bon pour interdire toute voix dissonante. L’état d’urgence perdure, et les perquisitions administratives visent désormais les écologistes. ! 
Ces perquisitions se multiplient jusqu’au ridicule. Il faut lire ce récit de la perquisition chez des maraîchers bio en Dordogne, coupables d’avoir participé à une manifestation il y a trois ans contre Notre-Dame-des-Landes. Aussi ces 27 cars de CRS, camion de déminage, bouclier et fusils d’assaut mobilisés pour perquisitionner… le squat l’Annexe au Pré Saint Gervais. Pour rien évidemment, ni interpellation ni saisie d’armes. Ainsi de cette assignation à résidence de Joël Domenjoud, en charge de la « legal team » de la coalition 21 qui regroupe les ONG mobilisées pour la COP 21. Une mobilisation est lancée pour contester cette assignation et la trentaine d’autres visant des militants. Rendez-vous sur Powerfoule. Il est absolument scandaleux de viser des militants et d’assimiler le mouvement associatif au terrorisme.

 L’état d’urgence est en fait climatique.

Nous avons besoin de la mobilisation citoyenne. A Paris, rendez-vous à 11H30 au 173 boulevard Voltaire – Métro Charonne, sortie 2, pour une chaîne humaine. Et pour celles et ceux qui ne peuvent participer physiquement, rendez-vous en ligne sur Standup4climate.org. On peut agir en tant que consommateur, en changeant de fournisseur d’électricité pour soutenir les énergies renouvelables ou en changeant de banque pour quitter celles qui soutiennent les grands projets polluants ou facilitent l’évasion fiscale.

Mais on a aussi besoin de régulation publique. Dimanche 6 décembre, c’est le premier tour des élections régionales. Le vote écologiste, c’est le seul vote utile.

Julien Bayou (EELV)

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Fraise des bois se prend pour un dictateur tout puissant

Le vertige du pouvoir est monté à la tête de François Hollande, surnommé à une époque « fraise des bois ». C’est la petite fraise qui veut se faire aussi grosse que la citrouille au détriment de la démocratie… et du climat.

1/2) Etat d’urgence : la France envisage de déroger à la Convention européenne des droits de l’homme. La notification de cette dérogation est prévue à l’article 15 de la Convention européenne des droits de l’homme en « cas de guerre ou d’autre danger public menaçant la vie de la nation » (Le Monde.fr avec AFP | 27 novembre 2015)

Nous ne savions pas que la vie de la nation était mise en péril par une poignée de terroristes !

2/2) Les assignations à résidence ne concernent pas que les personnes soupçonnées de liens avec l’islam radical. Les militants qui voulaient se faire entendre pendant la COP21 viennent de l’apprendre. Joël Domenjoud, qui participe à la «legal team» (le conseil juridique) de la Coalition climat (qui regroupe 130 organisations de la société civile), doit désormais pointer trois fois par jour au commissariat. (http://www.liberation.fr/france/2015/11/26/cop21-un-militant-de-la-coalition-climat-assigne-a-residence_1416493)

Nous ne savions pas que les manifestants qui veulent lutter contre les émissions de gaz à effet de serre sont à mettre sur le même plan que des terroristes !

CONCLUSION
Depuis dix jours, les écrans ressassent la gloire des “valeurs” françaises. Nous prenons cela au pied de la lettre. S’il existe quelque chose comme une valeur française, c’est d’avoir refusé depuis au moins deux siècles de laisser la rue à l’armée ou à la police. La mobilisation à l’occasion de la COP21 est un enjeu primordial et nous n’acceptons pas que le gouvernement manipule la peur pour nous interdire de manifester. Dimanche 29 novembre, nous appelons à braver l’état d’urgence et à nous retrouver à 14h sur la place de la République.

https://www.change.org/p/la-rue-bravons-l-etat-d-urgence-retrouvons-nous-le-29-novembre-place-de-la-republique

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COP21, manifestons à Paris malgré les interdictions

Comment manifester à Paris dimanche 29 novembre, jour de la Marche mondiale pour le climat entier ? Le gouvernement a interdit cette manifestation en France alors qu’elle va pouvoir se dérouler dans les rues des grandes villes du monde. François Hollande trouve plus facile d’envoyer son porte-avion et ses missiles sur la Syrie plutôt que d’assurer la sécurité dans les rues parisiennes face à des pacifistes ! Est-ce Ubu au pouvoir ou un avant-goût de l’extrême droite au pouvoir ?

LE MONDE* brosse un panorama des alternatives : «  Chaussures déposées place de la République par les marcheurs empêchés de marcher… « braver l’état d’urgence » en manifestant place de la République… Chaîne humaine vers la place de la Nation… ». Autant dire que tous les lieux sensibles seront complètement bouclés par la police… et par des tanks si cela devient nécessaire !!

Un commentateur, pseudo « Intransigeance Zéro », se répand sur lemonde.fr : « Une fois de plus l’état va-t-il céder devant ces organisations irresponsables à la légitimité autoproclamée qui appellent systématiquement à enfreindre la loi ? La réponse sera éclairante sur sa capacité à réellement museler l’insécurité et à faire appliquer ses décisions. »

Ce commentateur oublie que la société civile représente autant le peuple que des gouvernement qui montrent leur incompétence totale en se réunissant tous les ans depuis 21 ans (COP21) sans avoir trouvé la moindre solution à un chaos climatique qui va impacter de façon très négative des millions de personnes, peut-être même des milliards. La loi « légitime » ne découle pas d’un huis clos du président de la République avec son premier ministre, mais de tous ceux qui représentent les pauvres qui seront les premiers touchés par sécheresses ou inondations, de tous ceux qui représentent les générations futures qui supporteront les conséquences de nos émissions actuelles de gaz à effet de serre pendant des centaines d’années, de tous ces militants qui ont préparés depuis longtemps leur venue à Paris pour pouvoir dire aux gouvernements : arrêtez votre blabla, des actes

Vouloir museler toutes ces voix au nom d’une soi-disant « insécurité » fait peur. La violence de notre système actuel est bien exprimée par le discours de monsieur ou madame « Intransigeance Zéro » : « Silence la foule, les élites pensent pour vous. »

* LE MONDE du 27 novembre 2015, Malgré les interdictions, les ONG appellent à manifester pendant la COP21

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COP21 : interdire les manifs, c’est un abus de pouvoir

Pauvre humanité qui se crée ses propres problèmes. Face au délire médiatique et policier entraîné par les attentats du 13 novembre à Paris, peu d’esprits clairvoyants montrent qu’il faut savoir raison garder et donner aux événements la place qu’ils méritent dans la hiérarchie des informations. Finalement la conférence sur le climat va s’ouvrir le 30 novembre sur un bruit de bottes, et on ne gardera à l’esprit que ce bruit-là et pas l’urgence écologique. Face à ce déni, voici un aperçu de la clairvoyance de Naomi Klein :

« La décision du gouvernement français d’interdire les manifestations, marches et autres « activités en extérieur » pendant le sommet du Climat est perturbante à plusieurs niveaux. Ce qui m’inquiète le plus, c’est cette question centrale : qui sont les personnes dont la sécurité est considérée importante dans notre monde asymétrique ?

La première chose à comprendre, c’est que les personnes exposées aux pires effets du dérèglement climatique ne peuvent quasiment pas se faire entendre dans le débat public occidental. C’est pour cette raison que des habitants des îles du Pacifique, des chasseurs Inuits et des personnes de couleur pauvres vivant à la Nouvelle Orléans parcourent des milliers de kilomètres pour y participer. Participer à ce sommet c’est mettre des visages humains sur la catastrophe en train de se produire. Les voix des gens ordinaires s’expriment surtout dans les rassemblements de base qui se tiennent parallèlement au sommet. Or le gouvernement français a décidé de confisquer le plus puissant de ces porte-voix, en affirmant qu’assurer la sécurité des manifestations mettrait en péril sa capacité à garantir la sécurité du sommet officiel où les dirigeants politiques vont se rencontrer. Mais un sommet du climat des Nations-Unies n’est pas comme une réunion du G8 ou de l’Organisation Mondiale du Commerce, où les puissants se rencontrent et ceux qui n’ont pas de pouvoir tentent de gâcher leur fête. Les évènements concomitants de la « société civile » ne sont pas un ajout ou une distraction de l’évènement principal. Elles font intégralement partie du processus. C’est pourquoi le gouvernement français n’aurait jamais dû être autorisé à décider quelle partie du sommet il annule, et quelle partie il continue d’accueillir.

Le gouvernement de François Hollande a pris une série de décisions qui reflètent une échelle de valeurs et de priorités très particulières quant à qui obtient la pleine protection de sa sécurité par l’Etat. Oui aux dirigeants du monde, aux matchs de foot et aux marchés de Noël. Non aux manifestations pour le climat et aux rassemblements qui reprochent aux négociations, compte-tenu du niveau des objectifs de réduction des gaz à effet de serre, de mettre en danger la vie et les conditions de vie de millions, si ce n’est de milliards de personnes. C’est une violence. Quand les gouvernements et les grandes entreprises échouent en conscience à agir pour empêcher la catastrophe du réchauffement, c’est un acte de violence. C’est une violence si grande, infligée à tant de périodes temporelles à la fois (vies présentes, futur potentiel) qu’il n’existe pas encore de mot capable de décrire toute cette monstruosité. Faire preuve de violence pour réduire au silence ceux qui sont le plus vulnérables à la violence climatique est une violence de plus.

La décision d’interdire les espaces où les voix des personnes affectées par le climat auraient pu s’exprimer, est l’expression dramatique d’un abus de pouvoir. Encore une fois, un pays occidental riche place la sécurité des élites devant les intérêts de ceux qui se battent pour leur survie. Encore une fois, le message est : notre sécurité n’est pas négociable, la vôtre ne compte pas. Pour expliquer pourquoi les matchs de foot se tiendraient comme prévu, le ministre français des Sports a déclaré : « la vie doit continuer ». Oui, c’est vrai. C’est la raison pour laquelle j’ai rejoint le mouvement pour la justice climatique. Parce que quand les gouvernements et les grandes entreprises échouent à prendre en compte toutes les vies sur Terre, ils doivent être contestés »

Source : Les invités de Mediapart

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L’État d’urgence, ennemi déclaré de la cause écologique

Le terrorisme fait certes quelques victimes, mais c’est l’humanité toute entière qui sera gravement touchée par les perturbations climatiques. Le gouvernement réagit dans le court terme, sans aucune considération du long terme. La violence des terroristes ne peut être arrêté ni par des bombes sur la Syrie, ni par l’état d’urgence. C’est le contexte socio-économique de nos banlieues bien françaises (ou belges) qui provoquent l’extrêmisme, et cela on ne le solutionne pas par des policiers à chaque coin de rue. Plus grave, le contexte de contrôle de la population dans lequel on s’installe en France relègue l’urgence écologique au second plan. Il est dramatique d’interdire la grande manifestation du 29 novembre qui voulait montrer la parole de la société civile lors de la COP21. Il est d’ailleurs significatif que le gouvernement interdise les marches pour le climat mais permet les marchés de Noël  et la tenue de « Solutions COP21 » au Grand Palais (un forum des multinationales). Encore une fois ce gouvernement dit socialiste montre qu’il peut faire n’importe quoi sans traiter l’essentiel. Un article de Stéphane Foucart* confirme notre point de vue. En résumé :

« Pour Bernie Sanders, « le changement climatique est la menace la plus importante pour la sécurité des Etats-Unis.  Il est directement lié à l’augmentation de la menace terroriste. Si nous n’écoutons pas ce que les scientifiques nous disent, nous allons voir des pays tout autour du monde se battre pour l’accès à l’eau, pour l’accès aux terres arables, et nous verrons surgir toutes sortes de conflits. » En 2008, un rapport de l’Union européenne était sans ambiguïté. Le texte estimait que le réchauffement agit comme un « multiplicateur de menaces » dans des zones déjà traversées par des tensions sociales, politiques, religieuses ou ethniques. « Une augmentation sensible de la population du Maghreb et du Sahel » au cours des prochaines années, combinée au changement climatique et à la diminution des surfaces agricoles, pourrait entraîner une « déstabilisation politique » et « accroître les pressions migratoires ». Presque toutes les zones identifiées en 2008 comme les plus sensibles au réchauffement – de la Mésopotamie au Levant en passant par le Yémen, le Sahel et l’Afrique du Nord –, ont basculé sept ans plus tard dans l’instabilité ou le chaos, chaos dont les attentats du 13 novembre sont le monstrueux rejeton. Entre 2007 et 2010, une sécheresse d’une sévérité jamais vue s’installe en Syrie. En 2008, pour la première fois de son histoire, la Syrie doit importer du blé. L’année suivante, plus de 300 000 agriculteurs désertent le nord-est du pays. En 2010, 17 % de la population syrienne est en situation d’insécurité alimentaire.

En frappant Paris le 13 novembre, l’organisation Etat islamique (EI) a remis le court terme au centre de l’agenda politique. Pour la lutte contre le réchauffement, c’est une mauvaise nouvelle. Pour l’EI et tous ceux qui prospèrent sur le désespoir des plus pauvres, c’est une formidable victoire. »

* LE MONDE, 24 novembre 2015, climat d’insécurité

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Individus et collectifs limitent leurs émissions de gaz

Peu de personnalités médiatisées ont un discours clair sur les objectifs politiques permettant une réduction des émissions de gaz à effet de serre. Le discours suivant est donc à relayer :

« Si l’on veut éviter un phénomène d’emballement irréversible, sur lequel plus personne n’aura prise, il faut impérativement tendre vers une économie dé carbonée, donc se fixer des objectifs forts en matière de réduction des émissions de gaz à effet de serre. Si cet objectif central est incontournable, les moyens de l’atteindre sont divers : adopter une nouvelle fiscalité écologique, miser sur la réduction de la consommation énergétique et son efficacité, favoriser les transports doux ou encore la sobriété dans nos habitudes de consommation, etc.

Les solution existent. Au quotidien, ce que nous mangeons, les moyens de transports que nous utilisons, la façon dont nous nous chauffons, etc., sont autant d’actions qui nous lient à notre environnement. Nous avons la possibilité de réaliser des gestes décisifs : choisir une électricité 100 % renouvelable, changer de banque, lutter contre le gaspillage alimentaire, etc. Essayons d’améliorer nos comportements, échangeons nos bonnes idées et pratiques, mobilisons les réseaux sociaux pour infléchir les politiques publiques. Il faut que les enseignants, mais aussi tous les autres acteurs éducatifs, fassent de l’enjeu climatique la source d’activités pédagogiques ou les jeunes vont apprendre et mettre en œuvre par eux-mêmes les notions si importantes de solidarité, de collectif, de coopératif.

Soyons des centaines de milliers à la marche pour le climat qui aura lieu à Paris le 29 novembre, veille de l’ouverture de la COP21. »

(Valeurs mutualistes n° 299, novembre/décembre 2015)

PS : un des rares à tenir le discours précédent, c’est bien entendu… Nicolas Hulot.

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« guerre » contre le terrorisme, guerre contre la planète

Enfin un intellectuel qui s’exprime clairement dans les médias. Extraits :

La conférence internationale sur le climat COP21, prévue à Paris à la fin du mois, va-t-elle être affectée par les attentats du 13 novembre ?

Dominique Bourg : C’est le moins qu’on puisse dire. Le contexte terroriste dans lequel on s’installe relègue l’enjeu écologique, car on le croit moins urgent. Ce qui est faux : plus on tardera à agir pour limiter la hausse de température, moins on pourra le faire. Les attentats du 13 novembre sont une très mauvaise nouvelle pour la COP21.

Manuel Valls a annoncé vouloir supprimer tout ce qui ne relève pas de la négociation au sens strict.

Dominique Bourg : C’est-à-dire tout ce qui est manifestation publique ! C’est une perspective dramatique. Interdire la grande manifestation du 29 novembre pour laquelle des gens se préparent depuis des mois serait une catastrophe. Et tout cela pour se prémunir de fous sanguinaires, qui mourront de faim dans trente ou quarante ans si on ne lutte pas contre le réchauffement ! Que l’on plie devant ce ramassis de criminels, c’est inadmissible. Il y a dans la société civile une minorité de personnes mobilisées sur le climat, mais agissante et déterminée : si même elle, on l’empêche de s’exprimer, les enjeux de ce sommet n’auront plus aucune visibilité. Or, sans pression de la société civile, on n’avancera jamais sur ce sujet. On a le choix entre une humanité qui veut s’unir, qui veut penser à l’avenir, qui veut être lucide, intelligente, qui sait ce que science veut dire, et une humanité régressive, haineuse, stupide et sans aucune spiritualité.

De manière plus générale, pourquoi la crise écologique majeure que nous vivons actuellement peine-t-elle tant à mobiliser ?

Dominique Bourg : Les sciences qui nourrissent l’écologie portent sur de grands enjeux globaux, et sur des choses que les sens ne perçoivent pas. Vous ne percevez pas qu’il y a désormais 400 ppm de dioxyde de carbone dans l’atmosphère ambiante, ni que plus de la moitié des animaux marins ont disparu depuis 1970. Les grands problèmes écologiques sont des problèmes abstraits. Ce qui nous fait vraiment bouger, c’est d’être confrontés à un danger sensible et immédiat. Mais le réchauffement climatique, pour le moment, n’a pas de conséquences sur notre environnement immédiat. Si ce n’est à un moment donné, et en général de l’autre côté de la planète.

Pour freiner les dommages que nous infligeons à la planète, certains invoquent le « solutionnisme », c’est-à-dire la capacité des technologies à résoudre les grands problèmes qui en résulteront. Illusion ou espoir réel ?

Dominique Bourg : Selon moi, il s’agit clairement d’une illusion. Mais celle-ci est très ancrée dans notre culture, parce que, pendant un siècle et demi, on a vraiment eu l’impression que le progrès allait tout résoudre. Le transhumanisme consiste à dire : « L’environnement, on s’en fout, on va tout artificialiser et devenir éternel. » Si l’on pousse le raisonnement jusqu’au bout, cela consiste à faire vivre indéfiniment quelques riches et à faire crever tous les autres, car on aura du mal à vivre à 100 milliards sur Terre. C’est un projet de société d’un infantilisme et d’un égoïsme effrayants, fondé sur la logique néolibérale poussée à son extrême.

Le problème n’est plus, désormais, de produire mieux, mais de produire moins.

Dominique Bourg, professeur à la faculté des géosciences et de l’environnement de l’université de Lausanne (Suisse), est par ailleurs vice-président de la Fondation Nicolas Hulot pour la nature et l’homme.

Source : LE MONDE Culture&idées du 21 novembre 2015, « Les attentats de Paris sont une très mauvaise nouvelle pour la COP21 »

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