effet de serre

les tenants de l’aveuglement climatique

Prenons l’exemple de la controverse climatique. Alors qu’on ne répertorie aucune contestation directe de l’origine anthropique du réchauffement climatique dans les revues scientifiques à comité de lecture, on constate sur la même période que 53 % des articles grand public de la presse américaine mettaient en doute les conclusions scientifiques. Ce décalage s’explique par la volonté des médias de flatter le goût du spectacle, ainsi que par la façon simpliste (pour ou contre) de traiter des sujets complexes. En conséquence les représentations sociales de l’effet de serre démontrant un sérieux décrochage du pourcentage de Français attribuant le dérèglement climatique aux activités humaines (65 % en 2010, contre 81 % en 2009). Ces dérives qui engendrent doute et scepticisme au sein de la population permettent aux dirigeants actuels, dont le manque de connaissance scientifique est alarmant, de justifier leur inaction.

Parce que nous créons les moyens de l’appauvrissement de la vie sur terre et que nous nions la possibilité de la catastrophe, nous rendons celle-ci crédible.

Bref résumé d’un texte de Michel Rocard, Dominique Bourg et Floran Augagneur (Le Monde du 3-4 avril 2011, Le  genre humain, menacé)

NB : nous sommes heureux de voir que LeMonde-papier se fait l’écho des thèses que nous défendons sur ce blog, par exemple

Allègre n’aura jamais tort !?

Non à l’ultralibéralisme sceptique

Journalisme complice du climato-scepticisme

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Cancun devant le tribunal de la Nature

Cancun ne pouvait aboutir qu’à une impasse dans un contexte d’indifférence des citoyens, de polarisation des médias sur les faits-divers et de langue de bois des politiques. Sept policiers condamnés à de la prison ferme, 184 commentaires sur lemonde.fr ! L’accord international à Cancun, 2 commentaires (dont un climatosceptique). Le Monde (LeMonde) est plus occupé par les révélations de WikiLeaks ou le Mediator que par le réchauffement climatique ; les annotations conjoncturelles étouffent les préoccupations écologiques.

Cancun se termine donc politiquement ce samedi 11 décembre sur du greenwashing. Les pays développés promettent de l’argent, un « Fonds vert » qui permettrait aux pays en développement de s’adapter au changement climatique ; nous savons que les promesses d’argent des Etats n’engagent que ceux qui y croient. Pour Eva Joly, députée européenne : « Les 420 millions d’euros que la France devait verser (après Copenhague) ont été prélevés sur l’aide au développement, pour laquelle l’objectif d’atteindre 0,51% du PIB n’est même pas atteint. »

Cancun maintient le statu quo sur le protocole de Kyoto, c’est-à-dire un objectif de réduction des gaz à effet de serre que tout le monde a oublié. Les problématiques environnementales (changement climatique, pic pétrolier, perte de biodiversité…) disqualifient les frontières politiques. Mais les représentants aux conférences internationales représentent d’abord leur propre pays. Al Gore, ancien vice-président américain et prix Nobel de la paix, est complètement déprimé : « Le problème ne s’éloigne pas, il a plutôt tendance à s’aggraver. »

Alors la question se pose de savoir comment prendre des décisions et organiser la régulation à l’échelle où les questions se posent. Faut-il remettre les décisions sur l’avenir de la planète dans les mains de l’axe américano-chinois? du G8 ? du G20 ? de l’OMC ? Doit-on confier le destin de la planète au grand capital ? aux médias ? aux citoyens ? Il n’y a que deux solutions, expliquait à Cancun le président de la Bolivie : « Soit le capitalisme meurt, soit la Terre-Mère trépasse. » Le passage du parlement des hommes au parlement du futur (le parlement de la Nature) va se faire dans la douleur : 2°C de plus ? 4 ? 6 ? Rappelons le principe-responsabilité formulé par H. Jonas : « Agir de façon à ce que les effets de son action ne soient pas destructeurs pour la possibilité d’une vie future sur terre. »

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Cancùn, Cancon, Canquand

Cancùn n’est qu’une conférence internationale de plus ; personne ne se sent concerné. D’ailleurs aucun des chefs d’État présents à Copenhague n’a fait le voyage. Le quidam peut donc conserver l’idée trompeuse qu’il peut en toute quiétude continuer sa petite vie hautement énergivoraces. Pour beaucoup d’Américains, qui n’ont jamais connu que le monde de l’énergie bon marché, il est tout simplement impossible d’imaginer la vie sans pétrole. La plupart des Chinois ne pensent qu’à une chose, rejoindre le niveau de vie américain. Les touristes de tous les pays prennent l’avion pour l’autre bout du monde. Personne n’est prêt à renoncer à sa voiture, SUV ou Tata Nano. Tout le monde émet des gaz à effet de serre.

                La déclaration de Cochabamba sera sans doute présentée à Cancùn. Il s’agit d’établir un tribunal de justice climatique. Il s’agit de réduire les émissions de gaz à effet de serre des nations les plus industrialisées de 50% (contre celle de 7 à 16 % proposée à Copenhague). Il s’agit de rejeter totalement le marché du carbone et les biocarburants. Il s’agit donc de mesures rationnelles à mettre en place immédiatement, mais qui fâchent. Il s’agit donc de mesures mort-nées.

                Alors, 1000 Cancun partout dans le monde ? En France, Attac, la Confédération paysanne, les Amis de la Terre et même le NPA ont pris l’initiative d’un rassemblement à Cancon dans le Lot et Garonne. Comme le constate Hervé Kempf*, « l’événement est cependant loin de l’attention publique ». Le quidam ne perçoit pas le réchauffement climatique dans sa vie courante, il ne se mobilisera pas pour les générations futures. Le seul événement qui fera bouger les foules, c’est la hausse du baril suite au pic pétrolier. C’est pour bientôt, mais paradoxalement personne ne sait qu’on a déjà franchi le pic pétrolier, à part quelques rapports confidentiels de la Bundeswehr ou du Pentagone !

Vivement le baril à 300 dollars…

LeMonde du 3 décembre : Cancon, un contre-sommet sur le climat

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climat, agir ou s’adapter ?

La France a choisi, il n’y aura pas de taxe  carbone, la bagnole est chouchoutée et l’écologie, ça commence à bien faire. Cancun sera un échec, comme Copenhague, et les températures vont continuer à monter. Alors la ministre du développement durable, Nathalie Kosciusko-Morizet, a choisi l’adaptation au changement climatique*. Il est vrai que dans son livre, Tu viens ?, nous trouvions déjà NKM assez défaitiste : « Une société bien équilibrée devrait pouvoir partager des rêves qui disent à la fois le passé et l’avenir. Nous en sommes loin, nous ne parvenons qu’à échanger quelques cauchemars (…) Le prophète écologiste est un prophète à qui son public fait défaut ; on en oublie trop vite la folie de tous ceux aux oreilles desquels le tocsin sonne depuis des années sans qu’ils aient rien changé de leurs habitudes (…) Chaque fois que nous avons lâché nos lièvres dans l’Assemblée, nous nous sommes heurtés à un lobby. »

                Le Plan national d’adaptation au changement climatique, sans moyens financiers suffisants, tient de l’incantation. De toute façon, à quoi sert d’élever quelques digues pour protéger quelques routes, la mer qui monte a toujours raison. NKM aurait mieux fait d’agir contre les émissions de gaz à effet de serre. NKM en définissait d’ailleurs la stratégie dans son livre : « La crise que nous traversons doit nous servir de leçon. Elle dit la faillite d’un modèle de développement : celui de l’augmentation indéfinie de la quantité produite et consommée (…) Nous avons un gros échec à digérer, celui de notre mode de vie. Nous devons nous résoudre à avaler la nécessité d’un changement profond de nos modes de production et de consommation (…) Je crois à la sobriété. C’est une vertu ancienne, dont le caractère peut paraître suranné, mais qui sera l’un des traits de notre avenir. C’est exactement cela que nous recherchons aujourd’hui lorsque nous privilégions le naturel, après des années de culte de l’artifice, lorsque nous voulons réduire les distances et permettre à nos vies comme à nos activités de fréquenter des échelles réduites, celles du local. »

                Nous  conseillons à Nathalie Kosciusko-Morizet de se relire, et à faire preuve de courage politique…

* LeMonde du 25 novembre 2010, la France face aux impact du réchauffement

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le match NKM/Besson commence

C’est la seule chose nouvelle du remaniement sarkozien, l’affaiblissement de la cause écolo. Le traître Eric Besson hérite d’un ministère élargi et d’une ambition toujours débordante. A peine promu ministre de l’industrie et ayant hérité du portefeuille de l’énergie, Eric Besson s’est déclaré « défenseur intransigeant du nucléaire civil ». Eric Besson tenterait même d’obtenir le label « Ministre du Grenelle » en réclamant la réunion de tous les services de l’énergie ET du climat. Alors, qui représentera la France au sommet mondial de Cancun dans deux semaines ? Nathalie Kosciusko-Morizet qui hérite d’un ministère de l’écologie placardisé* ou Eric Besson ? Le match entre NKM et le toutou de Sarkozy commence. Il semble perdu d’avance.

                Les médias sont achetés, ils sont soumis aux puissances financières qui gaspillent l’or noir  (voir la pleine page de publicité pour Renault au travers de la F1**). Quand on sait en outre que l’ex-futur Premier ministre François Fillon est un intoxiqué des courses de vitesse, le pari est truqué, NKM ne peut gagner. François Fillon n’espère qu’une chose, parvenir à ressusciter le Grand prix de France de F1 (« C’est un échec pour lequel je n’ai pas encore dit mon dernier mot »). Fillon voyait derrière « ce débat qui fait rage autour de l’automobile deux conceptions de l’avenir qui s’affrontent : ceux qui sont favorables à une forme de décroissance, de retour en arrière et puis il y a ceux qui misent tout sur le progrès de la science, sur le progrès de la technologie qui nous permettra de relever les défis qui sont devant nous ». NKM et l’écologie ne garderont que le soutien inaudible des ONG.

Le productivisme a encore quelques beaux jours devant lui, jusqu’à ce que le prix du baril augmente inéluctablement quand on aura vraiment pris conscience du pic pétrolier. Alors NKM ou Yves Cochet deviendra président(e) de la République… en 2017 ?

* LeMonde du 17 novembre 2010 : Borloo était ministre d’Etat, numéro 2 du gouvernement, chargé de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer, ainsi que des négociations sur le climat, avec 4 secrétaires d’Etat. NKM est n° 4, perd l’énergie, le climat et la mer ; seuls deux secrétaires d’Etat lui sont rattachés, transports et logement.

** LeMonde du 17 novembre 2010, « le meilleur moteur pour gagner en F1, c’est les hommes »

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interdisons la voiture individuelle

Le marché carbone des permis d’émission est une vaste fumisterie. Alors une taxe carbone ? Abandonnée par Sarko, pourtant cela ne gênerait nullement les riches dans l’état des inégalités de revenus. Nous sommes depuis longtemps dans un système de rationnement ; les riches ne se rationnent pas, ils ont les moyens, les pauvres se rationnent, par définition. Un rationnement égalitaire repose donc sur la carte carbone : tout humain a droit à une part identique au niveau énergétique. Elle a été étudiée par le gouvernement britannique en 2006, elle est en chantier en Finlande. La carte carbone reprend une idée centrale des négociations climatiques : le principe de « contraction et convergence ». Contraction, fixer politiquement un objectif chiffré de réduction des rejets de CO2 dans l’atmosphère. Convergence, définir la contribution de chaque pays à cet effort, pour aboutir finalement à une égalité d’émissions par personne.

                Les quelques 2000 habitants de l’île de Norfolk se lancent dans l’expérience*. Ils appellent cela « crédits carbone » : les volontaires reçoivent une carte fonctionnant comme une carte bancaire octroyant des crédits carbone pour acheter de l’essence ou payer l’électricité. Le problème essentiel subsiste : comment déterminer combien de crédits carbone allouer ? Autant que pour l’Indien moyen ? Ce qu’il faut pour soutenir le niveau de vie moyen australien ?

De toute façon, sur une petite île de 35 km2, on ferait même mieux de passer tout de suite à l’étape qui suivra la carte  carbone, la suppression des voitures individuelles !

* leMonde du 10  novembre 2010, Une petite île australienne teste un marché carbone qui repose sur le  comportement des habitants.

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Allègre n’aura jamais tort !?

Ainsi va notre monde trop humain, c’est la duplicité qui gagne toujours. L’Académie des sciences était mandatée pour déterminer si Allègre était un imposteur ou un affabulateur, l’Académie « des sciences » a simplement déclaré (bien après toutes les autres instances scientifiques internationales) que le réchauffement climatique était une réalité*. L’Académie « des sciences » pond enfin un rapport qui ne cite même pas une seule fois les travaux du GIEC. Vendredi dernier sur RTL, Claude Allègre qualifiait déjà ce document de « compromis » sans répondre aux questions du journaliste. Or un compromis, c’est l’inverse de la réalité scientifique. Et Courtillot a fait des pieds et des mains pour qu’on parle dans le rapport des effets du soleil sur notre biosphère.

On ne peut que constater que les climato-sceptiques sont des êtres bornés qui se sont trop longtemps appuyés sur le silence d’une Académie prétendument scientifique. Une Académie qui rédige un rapport uniquement parce qu’elle y a été obligée par une pétition des climatologues relayée par la ministre de la recherche. Une Académie qui a discuté à huis clos et fonctionné avec un « comité secret ». Une Académie dont beaucoup de membres ont révélé leur méconnaissance des mécanismes climatiques dans des documents qui sont restés confidentiels. Une Académie qui ne sait pas ce que scientifique veut dire. Car la science n’est pas une affaire de négociation, encore moins de protection des membres de cette Académie.

                L’intérêt accessoire de cette histoire, c’est l’absence de Claude Allègre dans les médias depuis la pétition des climatologues contre leurs détracteurs (Allègre et Courtillot). Mais en définitive les écolo-sceptiques ne peuvent évoluer, ils inventeront d’autres énormités pour faire parler d’eux. Cette triste histoire montre finalement la difficulté pour nos sociétés repues d’envisager les nécessaires économies d’énergie pour faire face non seulement au réchauffement climatique, mais aussi à l’épuisement des ressources fossiles… Alea jacta est !

* LeMonde du 29 octobre, l’Académie des sciences sort de l’ambiguïté.

 

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journée mondiale pour le climat

Le 10/10/10, c’était la journée mondiale pour le climat, durant laquelle des ONG voulaient mettre l’accent sur le volontarisme : particuliers et entreprises doivent réduire de 10 % leurs émissions de gaz à effet de serre d’ici fin décembre 2010. Des actions étaient prévues sous le haut patronage du secrétaire général des Nations Unies, Ban Ki-moon. Mais en France, on s’est contenté d’une balade à vélo au Carrousel du Louvre et d’un concert gratuit sur le parvis de l’Hôtel de ville… Le blog du Monde consacré à cet événement a même eu la mauvaise idée de présenter une vidéo britannique dans laquelle ceux qui refusent de réduire leurs émissions de CO2 sont déchiquetés par une explosion. L’ écoloscepticisme s’en trouve renforcé dans les  commentaires :

– Les écolo apparaissent en effet comme des despotes qu’il faut suivre si l’on ne veut pas finir mal!

– Des groupes de pression sont prêts à tuer pour faire avancer leurs idées.

– Pas le moindre message pédagogique dans ce clip. Aucun intérêt, sauf pour les anti-réchauffement qui trouveront de quoi discréditer les écolos une fois de plus…

                En résumé, le climat est mal parti !

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Le journal Le Monde et l’action directe

Il est si rare qu’un quotidien d’information générale incite à la désobéissance civile qu’on ne peut que le remarquer. Hervé Kempf, dans « le sable de Cancun », ne se contente pas de constater que Greenpeace et l’écologiste Bill McKibben ont lancé un appel à l’action directe non-violente : « Nous sommes face aux industries les plus puissantes du monde, nous ne les vaincrons pas en étant gentils. » Après l’échec de Copenhague, les négociations internationales sur le climat s’enlisent et Cancun en décembre ne fera sans doute pas exception. Hervé Kempf pense dorénavant que seul un mouvement civique dont les membres s’impliquent physiquement peut maintenant « faire pencher la balance dans le bon sens ». Hervé Kempf prend même l’exemple des faucheurs volontaires qui ont fait preuve d’une « lutte efficace ». Hervé Kempf de conclure : « Les citoyens du climat pourraient s’en inspirer. »

Contre Hervé Kempf, la réaction d’Ebolavir dans le monde.fr : « Entre la construction d’une légende (la libéralisation du commerce international arrêtée par les altermondialistes) et l’appel au terrorisme, on a l’impression que le réchauffisme dérive dangereusement. »

Notre commentaire : D’abord merci à Hervé. Il est trop rare qu’un journaliste prenne position face à l’inertie du monde politique officiel, incapable de prendre les mesures qui s’imposent contre les risques écologiques (tout en finançant le système spéculatif à coups de milliards). Protester en dehors des limites prescrites par la loi, ce n’est pas combattre la démocratie. Cela lui est au contraire absolument essentiel. Une sorte de correctif à la lenteur des canaux habituels, une manière de forcer le barrage de la tradition. Ensuite non à Ebolavir : faut pas pousser, l’action directe non-violente n’est pas du terrorisme. Le « terrorisme » est du côté des grandes entreprises qui utilisent tous les moyens pour perpétuer leur emprise. Le « terrorisme » est du côté des grands groupes qui ont manipulé l’opinion publique pour cultiver le climato-scepticisme. Le « terrorisme » n’est pas du côté de l’action non-violente des ONG et des citoyens du climat.

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la science n’aime pas l’Académie des sciences

 

La science déteste le secret car elle aime partager. L’Académie des sciences cultive le secret, la science n’aime pas l’Académie des sciences. C’est à la
demande de plus de 600 chercheurs en sciences du climat, avec l’aval de Valérie Pécresse, que démarre un débat sur les affirmations médiatiques de Claude Allègre et compères :  « Nous, scientifiques du climat, attachés au devoir de rigueur scientifique, interpellons les structures référentes de la recherche scientifique française, face aux accusations mensongères lancées à l’encontre de notre communauté. » D’un côté des climato-sceptiques  peuvent s’exprimer ouvertement sans contradiction possible, de l’autre côté une « Académie » veut juger de leurs affirmations à huis-clos.

En fait cette Académie ne s’intéresse pas à la science mais à la politique (économique). Prenons l’exemple de son rapport de 2004 sur les nanotechnologies : « Ce monde est porteur d’une évolution industrielle majeure, celle des nanotechnologies, qui permet d’organiser la matière à l’échelle de l’atome. Les implications sont considérables dans tous les secteurs. Quelques réalisations existent déjà, d’autres restent encore aujourd’hui du domaine du rêve, mais qui se matérialisera bien vite. Ce rapport présente les applications actuelles, il présente également des recommandations visant à faire en sorte que la recherche française défende son rang au plan international. » L’Académie dite des sciences valorise les applications de la science, pas la science elle-même.

Les véritables scientifiques font uniquement de la recherche, pas du développement ; sinon ils se mettent au service de l’industrialisation et de ses excès. Il est d’ailleurs significatif qu’en matière de réchauffement climatique (qui remet en question la boulimie de nos activités thermiques en énergie fossile), le silence de l’Académie des sciences est jusqu’à présent impressionnant. En avril 2010 son président, Jean Salençon, ne désavouait personne : « Je ne peux pas répondre à la question de l’implication de l’homme dans le réchauffement climatique. L’Académie, ce sont 250 chercheurs chevronnés, avec des positions discordantes sur ce sujet. Il n’est pas question de vote ou de position unique. D’ailleurs, s’y expriment Vincent Courtillot ou Jean-Louis le Mouël, qui partagent le point de vue de Claude Allègre. »

Si l’Académie (franco-française) des Sciences ne se sent pas capable d’émettre un avis consensuel permettant de départager les points de vue, pourquoi avoir demandé à cette institution de trancher la controverse ? Nous ne pouvons qu’inviter à relire la Déclaration commune des Académies des sciences pour le Sommet du G8 de juillet 2009 qui recommande la réduction des impacts anthropogéniques sur le changement climatique.L’éditorial du Monde (19-20 septembre) est assez cinglant et en rappelle à l’essentiel, le fonctionnement démocratique de nos sociétés : « Rompant avec la méthode scientifique, qui préfère l’ouverture et la transparence, l’Académie a choisi d’organiser une rencontre dans l’opacité et le secret. »

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non à l’ultralibéralisme sceptique

Qui a le droit de s’exprimer dans les colonnes du Monde ? Certainement pas Drieu Godefridi. Pourtant il y a trouvé une tribune le 1er février et, plus récemment, le 2 septembre (La démission du président du GIEC est souhaitable). C’est comme si LeMonde soutenait la thèse du climato-scepticisme en laissant instiller le doute sur la réalité du réchauffement climatique et l’action nécessaire : économiser l’énergie fossile.

Précisons que Godefridi ne connaît rien aux sciences exactes, il est docteur en philosophie, mais surtout spécialiste du droit fiscal. Son fonds de commerce, c’est la polémique pour essayer de se faire un nom et de vendre son livre. C’est donc un intervenant régulier dans les médias sur la thématique du climato-scepticisme. En fait c’est un jeune militant belge du libéralisme économique, cette déviance de la pensée qui veut nous faire croire que la liberté d’entreprendre sans contraintes constitue la meilleure chose au Monde possible. A force de cultiver le sensationnalisme, LeMonde introduit le doute et empêche la réflexion de fond. Quelques réponses aux « arguments » de Godefridi :

– La campagne des climato-sceptiques contre le GIEC cherche surtout à discréditer et éviter le débat sur le fond. Pour ébranler le scénario central du GIEC, il faudrait pouvoir démontrer qu’il a peu de chances de se réaliser. Personne aujourd’hui n’est capable de faire cette démonstration. Aucune étude ne nous donne la moindre raison de le penser. Absolument aucune. Si nous agissons comme si la science avait raison et que, in fine, les risques s’avèrent moins importants, ce sera de toute façon une bonne chose : nous aurons découvert de nombreuses technologies utiles, nous aurons sécurisé nos approvisionnements énergétiques. En revanche, si nous agissons comme si la science se trompait, nous nous serons mis dans une position dangereuse dont nous serons peut-être incapables de sortir. Les sceptiques ont le droit de s’exprimer et de débattre mais pas celui d’avoir des arguments mal fondés.

– Le président du GIEC, l’Indien Rajendra Pachauri, est la cible d’attaques répétées de la part des négationnistes du climat. Pourtant Pachauri est non rémunéré par le GIEC. Ses activités de conseils à des entreprises entraînent des émoluments mensuels de 2960 euros qui lui sont versés par le centre de recherche TERI qu’il dirige.

– La découverte d’une erreur dans le rapport du GIEC a donné, fin décembre 2009, le coup d’envoi à une campagne médiatique sans précédent dirigée contre le panel d’experts sur l’évolution du climat. Faut-il se prêter à cette campagne de discrédit ? Ce serait ignorer la solidité du travail – accompli bénévolement par l’ensemble de la communauté scientifique – dans cette tâche titanesque qu’est la revue générale des connaissances dans le domaine des sciences du climat. Car le GIEC ne mène pas de travaux de recherche. Il synthétise les connaissances existantes pour en tirer un consensus le plus objectif possible.

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industrie de la viande versus végétariens

Pour mieux apprécier la valeur des panneaux publicitaires que s’offre en ce moment Interbev : dialogue-confrontation entre Yves Berger (délégué général d’Interbev, association française interprofessionnelle de la filière viande) et André Méry (président de l’association végétarienne de France) :

Yves Berger : Lors du sommet de Copenhague, nous avons vu une campagne intense dans laquelle beaucoup de gens ont fait l’amalgame entre végétarisme, bien-être animal et environnement. Nous avons réagi avec notre propre campagne de presse.

André Méry : Je crois qu’on est à un moment critique dans l’évolution de la consommation des Français. Mais voilà, l’élevage en France, ce sont des dizaines de milliers d’emploi à défendre. Nous, les végétariens, nous ne recevons aucune subvention pour pouvoir dire aux gens que le discours dominant sur la viande – aidé par l’Etat, j’insiste – n’est ni équilibré ni rationnel. Il est par exemple impossible que le monde entier mange autant de viande que les Occidentaux.

Yves Berger : Ce n’est quand même pas notre faute si les Chinois ou les Brésiliens mangent de plus en plus de viande !

André Méry : Nous ne sommes pas innocents de ce qui se passe à l’étranger. Il faut tout de même avoir en tête que la France importe 5 millions de tonnes de tourteaux de sojas par an du Brésil ! Admettons que l’on crée une journée par semaine sans viande, cela permettra de réduire la déforestation, idem pour la pollution atmosphérique, pour le gaspillage d’eau, etc.

Yves Berger : En se contentant d’une vision purement environnementale, on peut admettre qu’il y aura un certain effet bénéfique. Mais il ne faut pas oublier l’économie, il faut être réaliste.

(source : Dossier du mensuel terraeco de février 2010) 

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Interbev et le lundi végétarien

Il paraît que le bœuf est « une énergie naturelle qui entretient les prairies, propice à la biodiversité et facteur de réduction de l’effet de serre ». C’est affirmé sur une pleine page de prairie verte sur ciel bleu que nous « offre » LeMonde du 8 juin, en fait une publicité financée par Interbev, l’interprofession bovine, ovine et équine. On ne peut donc s’attendre un avis parfaitement impartial et désintéressé, un peu à l’image de la patronne d’AREVA, Auvergeon, célébrant les mérites écologiques du nucléaire

                Le premier problème, c’est que ceux qui veulent contester les affirmations d’Interbev ne peuvent se payer une pleine page d’un quotidien, d’autant plus que des affiches similaires fleurissent sur les murs de nos villes : les lobbies agro-industriels dominent la scène médiatique et politique. Ensuite, on a rasé des forêts pour faire les prairies ; une forêt à un « bilan carbone » infiniment plus positif qu’une exploitation bovine. De plus la stabulation forcée est devenue la norme, élevage industriel oblige : des centaines de vaches sont parquées en dehors des prairies, avec un ordinateur intégré à la place de la cloche ancestrale, parfois avec la queue coupée, cela salit. On veut nous faire croire que les bœufs et les vaches ne mangent que de l’herbe. Faux ! N’oublions pas que l’utilisation systématique des antibiotiques et autres produits douteux dans l’alimentation animale est favorisée ; on en arrive même à nourrir les ruminants avec du grain. Maïs et soja importé sont massivement destinés à ces animaux. La déforestation amazonienne, c’est bien l’élevage bovin qui en est responsable (la France importe 5 millions de tonnes de tourteaux de sojas par an du Brésil ). Enfin l’élevage est responsable de 18 % des émissions totales de gaz à effet de serre (davantage que les transports) ; est à l’origine de 8 % de la consommation mondiale annuelle d’eau ; occupe près de 80 % de la superficie agricole de la planète, entre les zones de pâturage et celles produisant l’alimentation des animaux.

               Si l’information véhiculée parLeMonde était objective, on garderait cette page d’Interbev, mais on mettrait en vis-à-vis une pleine page pour inciter la population à pratique le lundi végétarien : cela permet de lutter à la fois contre les mécanismes d’intensification des conditions d’élevage, contre l’impact de l’élevage sur le réchauffement climatique et contre le gaspillage énergétique lié aux calories animales (manger trop de viande, c’est empêcher d’autres personnes de se nourrir). Et manger végétarien n’est pas mauvais pour la santé !

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volontarisme ou rationnement carbone ?

D’un côté on nous incite au 10:10, réduire de 10 % nos émissions de gaz à effet de serre en un an. De l’autre on nous prépare à des quotas individuels d’émissions, autrement dit une carte de rationnement carbone (LeMonde-Planète du 5 juin)

La première option est volontaire, il faut faire du vélo, supprimer la climatisation, ne plus prendre l’avion, éviter la viande… Il s’agit d’une méthode douce, non vécue comme une contrainte, non culpabilisante, agréable en somme. Mais entre 2008 et 2009, du fait de la récession, on a diminué les GES de seulement 3 %. L’objectif de 10 % paraît donc impossible à atteindre. Alors, une taxe carbone ? Dans l’état des inégalités de revenus, cela ne gênerait nullement les riches, mais pénaliserait fortement une proportion non négligeable des autres catégories sociales. Sachant de plus que le marché carbone des permis d’émission est une vaste fumisterie, il ne nous reste plus que la carte carbone. Elle a été étudiée par le gouvernement britannique en 2006, elle est en chantier en Finlande. Dans un système où les ressources de base vont devenir plus rares et plus chères, si on en reste au système revenus-prix, les inégalités vont se creuser énormément et il y aura des révoltes. Nous sommes déjà depuis longtemps dans un système de rationnement par les revenus et les prix. Les riches ne se rationnent pas, les pauvres se rationnent, par définition. Il faut donc un partage équitable, tout humain a droit à une part identique au niveau énergétique et alimentaire. La carte carbone reprend une idée centrale des négociations climatiques : le principe de « contraction et convergence ». Contraction, fixer politiquement un objectif chiffré de réduction des rejets de CO2 dans l’atmosphère. Convergence, définir la contribution de chaque pays à cet effort, pour aboutir finalement à une égalité d’émissions par personne.

En France, le rationnement fait presque immédiatement penser aux heures sombres de la Seconde guerre mondiale. Mais au Royaume-Uni, les choses sont différentes : là aussi le rationnement est associé à la période de guerre, mais si le rationnement a été une période difficile, il a été aussi l’un des principaux instruments grâce auxquels la démocratie a pu s’organiser pour traverser la tourmente des pénuries. Le rationnement doit sa mauvaise réputation à son association à l’idée de pénurie… alors qu’il est une réponse à la pénurie, et non sa cause. En fait le rationnement présente deux aspects qui, tout en étant liés, sont bien distincts : d’une part  la garantie d’un minimum de partage, et d’autre part la limitation de ce que les gens sont autorisés à consommer. Beaucoup d’entre nous rejetons le second, mais en temps de pénurie nous exigerons le premier !

Pour en savoir plus, Silence n° 379, mai 2010

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ce n’est pas à moi de commencer

Nous sommes foutus ! Nous les pays riches, nous voulons jouer à « ce n’est pas à moi de montrer l’exemple en matière d’action climatique ». L’Allemagne a refusé l’objectif de réduction de 30 % des émissions de gaz à effet de serre d’ici à 2020 car « cela n’apporte rien à la protection de l’environnement si nous avançons unilatéralement en Europe » ; l’Italie, la Roumanie et la Pologne militent de longue date contre un cavalier seul européen ; la France attend de connaître les offres des autres pays. C’est donc en vain que Connie Hedgaard a essayé d’expliquer les  avantages d’un passage à 30 % pour montrer la voie aux autres. (LeMonde du 27 mai). L’idée d’exemplarité est complètement absente de l’action politique aujourd’hui, l’autolimitation et la sobriété énergétique restent des mots tabous.

Même le CAS (centre d’analyse stratégique) déconne. Il refusait l’adoption par l’UE d’un objectif de réduction de 30 % contre 20 % à ce jour pour des raisons qui n’en sont pas. Le fait que « les ménages auraient à fournir des efforts particulièrement significatifs et à modifier sensiblement leur mode de vie » (LeMonde du 23-24 mai) justifie amplement l’objectif de – 30 % et non son abandon. NKM constatait d’ailleurs sur la page d’accueil du CAS que « Les effets ravageurs des excès de CO2 dans l’atmosphère sont déjà là : pas moins de 250 millions de femmes, d’hommes et d’enfants sont frappés chaque année par des tsunamis, des cyclones ou d’autres formes moins soudaines de catastrophes climatiques ». Il paraît que le CAS « offre aux autorités de l’État la vision de long terme indispensable à la décision publique ». On est pas gâté ! Cet organisme privilégie le court terme, « l’emploi et la compétitivité », non les générations futures.

Comme dit un communiqué de presse du PS, « si le couple franco-allemand renonce à être un moteur de l’Union Européenne sur un sujet aussi exemplaire, celle-ci renonce également à être exemplaire. Cela affaiblit également l’Europe face aux pays émergents. » Observateurs attentifs des plans climat locaux, nous pouvons ajouter que la fixation d’un objectif, – 5 % ou – 30 %, ne veut rien dire quand les participants ne sont pas prêts à donner l’exemple par leur propre sobriété énergétique et une perception aiguë des limites de la planète.

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Allègre, politicien et scientiste

Bruno Latour : « On comprend bien la capacité de nuisance des climato-sceptiques : si l’origine du bouleversement climatique est incertaine, on se gardera de toute action ! Science et politique sont maintenant coextensives. Les séparer n’a pas plus de sens que de diviser la mer avec une épée. Nous avons parfaitement le droit de décider politiquement d’établir un lien de causalité entre les bouleversements climatiques et l’action humaine parce que nous avons reconnu collectivement que c’était le moyen le plus sûr de nous garantir contre des dangers encore incertains. Les climato-sceptiques sont donc des adversaires politiques. » (LeMonde du 22 mai)

Claude Allègre : « Un des termes du débat est politique. Le climat variant peut-être de 2 ou 3 °C dans un siècle est-il la première priorité de la planète ? Faut-il mobiliser tous les chefs d’Etat sur ce sujet ? Ne faut-il pas se préoccuper d’abord du problème de l’eau et de la faim dans le monde ? Où sont les urgences ? Ne faut-il pas capturer et séquestrer le carbone, promouvoir le nucléaire de quatrième génération, les organismes  génétiquement modifiés, etc. Le combat essentiel, fondé sur une science ouverte, n’a pas besoin de validation politique ! » (LeMonde du 22 mai)

Politis : « M.Allègre est l’exemple parfait de ce que nous appelons un « scientiste », un positiviste échappé des premières années du XXe siècle, un productiviste dévot du progrès, un homme qui est passé intellectuellement à côté des enseignements de notre XXIe siècle. Il est devenu l’homme qui dit en substance à ses contemporains : « Surtout ne changez rien a vos habitudes, la science finira par vous sauver ! » (n°1103, 20 mai 2010).

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Claude Allègre en procès

Encore une pleine page dans un quotidien pour écouter discourir Claude Allègre. Trop, c’est trop, Allègre n’a rien à dire, il est d’ailleurs d’accord avec le GIEC : « Nous ne nions nullement que les teneurs en CO2 dans l’atmosphère augmentent et que les activités humaines en sont responsables. Nous ne croyons pas non plus que les émissions anthropiques excessives de CO2 soient souhaitables. Elles ont de multiples inconvénients et signifient qu’on gaspille les combustibles fossiles. Réduisons leurs débits et leurs usages ! »

Mais après cette mise au point en un seul paragraphe, et comme la contradiction ne lui fait pas peur, Allègre enfume le lecteur sur cinq colonnes pour rabâcher les mêmes choses et faire en fin de compte douter du réchauffement climatique. Allègre termine : « Laissons les débats se poursuivre sans invectives et sans ostracisme. » C’est un peu gonflé de la part de quelqu’un qui finit par dire dans un premier temps qu’il n’y a pas débat sur le réchauffement climatique. C’est beaucoup gonflé de la part de quelqu’un qui vient d’intituler son dernier livre « l’imposture climatique ». C’est trop gonflé de la part de quelqu’un qui avait multiplié invectives et ostracismes et intente maintenant un procès à Politis.

Récemment Politis décrit ainsi Allègre: « Aujourd’hui le scepticisme ne peut pas s’appliquer aux conclusions des climatologues du monde entier (le GIEC) qu’à la rotondité de la Terre. Ce que M.Allègre appelle improprement scepticisme, c’est l’exploitation de l’incrédulité par quelqu’un qui sait. » (n° 1103, 20 mai 2010).

Alors, pourquoi laisser à cet homme sa capacité médiatique de nuire ? Une page entière écrite par Allègre (LeMonde du 22 mai 2010), dès fois je ne comprends pas mon quotidien de référence… Il ne suffit pas d’opposer aux propos d’Allègre une autre page avec d’autres intervenants (voir ci-dessous, 1er commentaire) pour nous permettre d’accéder à une meilleure compréhension des choses.

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infection virale et climatoscepticisme

Un rapport examine les moments clés de la campagne, orchestrée par l’industrie des combustibles fossiles, de déni du dérèglement climatique. Aux États-Unis, les campagnes de désinformation conduites par les industriels du tabac avaient atteint leur apogée alors que la législation sur le tabagisme était sur le point d’être adoptée.

De la même façon, les attaques portées à la science du climat ont amorcé leur essor quand la possibilité de mesures pour lutter contre les changements climatiques s’est dessinée à l’horizon. La différence, c’est qu’aujourd’hui, la propagande est devenue « virale », rendant ainsi ce mouvement diffus, décentralisé et totalement insensible à toute réponse raisonnée.

L’hystérie qui a accompagné la diffusion des courriels piratés des scientifiques de l’université britannique d’East Anglia, à la veille du Sommet de Copenhague, est révélatrice de l’ampleur de ce mouvement et de la volonté des médias à s’en faire l’écho, et ce malgré le manque de preuves scientifiques apportées à l’encontre du Groupe inter. La campagne de déni climatique avait atteint son premier pic en 1997, avec la publication du deuxième Rapport d’évaluation du Groupe intergouvernemental d’études sur le  climat. Mais à l’époque, le mouvement n’était pas encore empoisonné par le venin populiste, Internet n’en étant encore qu’à ses balbutiements.

Le rapport Greenpeace sur les climatosceptiques – et les références – est librement consultable sur :

http://www.rac-f.org/IMG/pdf/climat-de-doute.pdf

 

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journalisme complice du climatoscepticisme

Le plan de communication établi par des responsables des géants des énergies fossiles connaît aujourd’hui sa concrétisation : « La victoire sera complète quand les citoyens moyens comprendront les incertitudes de la science climatique et quand la couverture des médias admettra la validité des points de vue qui vont à l’encontre de l’actuelle sagesse conventionnelle en climatologie. » LeMonde fait donc à juste titre une contre-enquête sur le financement du climato-scepticisme (20 avril). Ajoutons à ce dossier ce Résumé d’une Lettre ouverte aux journalistes qui ouvrent leurs colonnes – ou leur antenne – à n’importe qui et n’importe quoi en matière de climat pourvu que ça mousse (Jean-Marc Jancovici, mars 2010)

 

Chers journalistes pas amis,

Certains d’entre vous donnent régulièrement de l’espace à des individus qui expliquent combien la science raisonne de travers en matière de « climatologie », et combien il est urgent de surtout ne rien faire pour limiter les émissions humaines de gaz à effet de serre. Une variante consiste à mettre leurs arguments sur un « pied d’égalité » avec le point de vue « orthodoxe », ce qui laisse penser que chaque éventualité est possible et qu’il appartient au lecteur de juger comme bon lui semble. Celui qui tient les propos les plus ahurissants (Allègre) est aussi celui qui est le plus invité, parce qu’il a la plus grande gueule. Il pourrait affirmer que la Terre est plate, que vous continueriez à l’inviter si il a toujours le même don pour couper la parole à tout le monde et monter sur la table !

Je considère qu’en agissant de la sorte, vous êtes au mieux des inconscients, au pire des irresponsables, et dans tous les cas de figure des menteurs à l’égal des gens à qui vous donnez de l’importance. Lorsque vous invoquez le droit au débat ou à l’information pour relayer sans vous poser plus de questions que cela des Allègre et consorts, vous vous trompez : ce que vous réclamez, c’est le droit à l’imposture. Votre comportement n’est pas plus légitime que si vous demandiez à ce que, après chaque cours dispensé au collège, les élèves aient, au nom de ce droit (au débat), un cours leur exposant exactement l’inverse de ce qu’ils viennent d’entendre. Un prof A indique que la Terre tourne autour du Soleil ? Vite, ouvrons la possibilité pour que les élèves puissent écouter un prof B qui leur dira l’inverse ! Evidemment, le résultat de cette affaire ne sera pas de créer des citoyens plus éclairé, mais un monde plus confus et moins apte à s’organiser.

Si cette polémique conduit à rendre peu crédibles des conclusions scientifiques pourtant robustes sur un problème susceptible de mettre en péril la paix et la démocratie (et la pénurie d’énergie à bon marché ou le changement climatique ont tous les deux cette capacité), alors elle est non seulement illégitime, mais dangereuse pour la société. Un tel comportement contribuera directement à ralentir l’action qui permettrait de faire face aux problèmes identifiés par les experts techniques du sujet, et il est évident que vous porterez une partie non nulle de la responsabilité dans ce qui arrivera. Les bons spécialistes dans votre profession (car il y en a, bien sûr), ceux qui ont honnêtement travaillé leurs dossiers depuis longtemps, ceux qui se sont renseignés, ceux qui ont modestement cherché à comprendre avant de conclure, n’invitent pas d’imposteurs. En face d’un imposteur, ils font leur métier, qui consiste à expliquer pourquoi nous avons affaire à un imposteur. Se comporter de la sorte n’est pas « refuser le débat », c’est faire son travail normalement !

Le seul rôle légitime que vous puissiez tenir en matière de science est celui de vulgarisateur, pas de juge, et cette conclusion est valable pour tout observateur externe à la communauté scientifique concernée (je suis donc dans le même bain, c’est même écrit sur mon site depuis 2003). Dès que vous décidez de vous-mêmes d’aller au-delà de ce que publient les revues scientifiques à comité de lecture (voir plus bas), vous cessez d’être légitimes.

Mais, allez vous me dire, si les scientifiques « pas d’accord » ne peuvent pas s’exprimer dans la presse, c’est du totalitarisme ! C’est le retour de Lyssenko ! Ce réflexe, courant parmi vous, présuppose que seule la presse est habilitée à conduire des débats, c’est une erreur. La science a tellement l’habitude de gérer des débats où les gens ne sont pas d’accord entre eux, qu’elle s’est organisée pour que ces débats soient menés là où il faut et comme il faut. Le scepticisme, au sens du doute et du « je demande à être convaincu », est une des bases de la recherche, puisque c’est lui qui incite à aller creuser des choses non encore explorées auparavant. Prévoir de places de débat entre experts « pas d’accord » est donc consubstanciel à l’activité de recherche, et cela fait des siècles que ce débat a été organisé avec des procédures qui permettent de le rendre constructif (alors qu’une émission de Guillaume Durand est juste du cirque, à prendre comme tel).

Quand vous donnez la parole à un tenant de l’absence d’influence de l’homme sur le climat, vous ne servez pas, dans cette affaire, de zorro réhabilitant les pauvres opprimés interdits de publication pour cause de complot (ou ayant bien le droit de s’exprimer, les pôvres, nous sommes dans un pays libre, non ?), vous agissez directement pour dévoyer un processus vieux de centaines d’années et qui sert justement à éviter de juger de manière erronée sur la base d’informations partielles ou sorties de leur contexte, contraires à des observations, etc. En invitant Allègre et consorts, c’est vous qui réhabilitez la chasse aux sorcières, en donnant la parole à une accusation qui se base sur des inventions, mensonges, ragots, informations sorties de leur contexte, affabulations et autres diffamations collectives, bref des procédés dignes du Moyen Age : un message ou un powerpoint qui circule sur Internet (rien de plus facile que de créer un powerpoint expliquant que tous les journaux français sont à la solde de la CIA et de le faire tourner sur le net…), un site Internet (comme Pensée Unique, par exemple, qui tente de ressembler à un lieu de débat scientifique… sauf qu’il prend comme « témoins » des internautes tout-venant qui ne sont pas aptes à trancher, une conférence grand public (comme celle de Courtillot à Nantes, où il affirme des choses qui ne figurent nulle part dans la littérature scientifique, ou qui ont été publiées par ce canal mais immédiatement contrées par la même voie),

Si vous n’êtes pas légitimes quand vous invitez des imposteurs, pourquoi le faites-vous ? Parce que les bénéfices sont supérieurs aux inconvénients. Les bénéfices, ce sont d’abord l’audience, parce que le lecteur aime bien la polémique et les grandes gueules qui l’alimentent. Un autre bénéfice, et pas des moindres, est que ce comportement est le plus économe en temps pour vous : ne rien comprendre prend moins de temps et demande moins d’efforts que de comprendre. En face, les inconvénients sont mineurs : perte de crédibilité auprès des quelques individus comme moi – mais c’est contrebalancé par ceux que la polémique attire, aucun risque de sanction pécuniaire pour cause de diffamation (tant que personne n’est visé, on peut mentir sur à peu près tout !), bref que du bonheur ou presque. A court terme, les avantages de l’organisation d’une polémique sont supérieurs aux inconvénients. Quand un imposteur trouve de l’espace dans votre media, la quasi-totalité des lecteurs ou auditeurs oublie que cela relève d’une démarche active de votre part, et considère qu’il ne dépend que de l’intéressé(e) de figurer dans le journal. Du coup, tout le monde en oublie votre part de responsabilité évidente – vous n’avez pas un revolver sur la tempe quand vous invitez Allègre – dans la diffusion des âneries.

 

Tout ce qui précède disserte essentiellement sur l’exemple du changement climatique, mais c’est un arbre qui cache une forêt bien plus vaste, celle des journalistes qui entretiennent la confusion du grand public sur des sujets scientifiques majeurs, ce qui inclut en particulier l’approvisionnement futur en pétrole. Comme les ressources naturelles (dont un climat stable fait partie) sont indispensables à la bonne marche de l’économie, priver les électeurs de visibilité sur l’avenir de ces ressources, c’est augmenter la probabilité de ruptures économiques délétères, dont l’histoire nous a montré qu’elles n’étaient généralement pas synonymes de lendemains qui chantent. Et comme ces ruptures économiques ont souvent été suivies de ruptures politiques (dont des dictatures), j’ai une conclusion très surprenante à vous proposer : à chaque fois que vous invitez Allègre sur un plateau de télé aujourd’hui, vous n’êtes pas seulement des fainéants et des ignorants, mais vous augmentez le risque que nous connaissions la dictature dans pas si longtemps que cela (qui incidemment vous mettra au chômage, parce que la multiplicité des supports mediatiques – au surplus libres – et la dictature font rarement bon ménage). Et j’invite tous ceux qui pensent que j’ai perdu ma raison en pensant que les mensonges sur les ressources et l’environnement peuvent amener la dictature à constater que Shell, EDF, et des analystes de banque m‘accompagnent dans ma folie !

 

Etre libre (la « liberté de la presse »), ce n’est pas – en tous cas pas dans mon esprit – avoir le droit de raconter n’importe quoi au motif qu’il n’y a pas de sanction pécuniaire ou légale à court terme. Cela, ce n’est pas être libre, c’est être, au choix, paresseux, cynique, ou immoral. Une réflexion en amenant une autre, pourquoi votre profession n’est-elle pas dotée d’un code de déontologie ? Il existe certes une charte du journaliste, et qui indique qu’un journaliste digne de ce nom « tient la calomnie, les accusations sans preuves, l’altération des documents, la déformation des faits, le mensonge pour les plus graves fautes professionnelles ».

Malgré ses manques, cette charte incite cependant à faire exactement ce qui est l’objet de cette lettre ouverte un peu rude : réfléchir avant de faire n’importe quoi.

http://www.manicore.com/documentation/climatosceptiques.html

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Allègre, le chouchou du Figaro

LE FIGARO est un média qu’on peut classer parmi les soutiens des climato-sceptiques.  Son numéro du 24 décembre 2009 était même innommable en présentant « L’éveil de la conscience verte » dans un dossier 2000-2010, Dix révolutions qui ont changé notre vie. Nicolas Hulot était qualifié de « très alarmiste sur le réchauffement climatique », et dénigré sciemment : « On lui reproche le mélange des genres et un certain affairisme ». Al Gore, n’était que « l’ex-vice-président de Bill Clinton », qui « milite activement contre le réchauffement climatique », mais « à contre-courant de l’opinion américaine » ! Par contre Allègre était effrontément privilégié : « Ancien directeur de l’institut de physique du globe, Claude Allègre est à ranger dans le camp des climato-sceptiques. Pourfendeur des théories d’Al Gore, il dénonce sans relâche la menace d’une dictature des khmers verts. L’imposture climatique  sera le titre de son prochain ouvrage. »

Aujourd’hui, c’est Allègre qui devient l’imposteur, les chercheurs en science du climat ripostent massivement. le Monde du 2 avril titre en première page : « Réchauffement climatique, 400 chercheurs contre Allègre ». Le Figaro du 2 avril titre timidement en page 11 : « l’Académie des sciences va organiser un débat sur la question du climat ». Il faut lire attentivement le texte pour s’apercevoir que c’est surtout Allègre qui est mis sur la sellette. Pire, LE FIGARO présente un graphique qui montre visuellement pour le lecteur peut attentif une baisse des températures annuelles : il faut lire le graphique de droite à gauche et non de gauche à  droite comme habituellement dans les séries chronologiques.

Y’a pas photo, mieux vaut lire le Monde que LE FIGARO

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