énergie

Les écologistes, pour une augmentation du prix du gaz

Les socialistes déconnent. Leur conscience écologique étant au point mort, ils n’accordent aucune importance à la déplétion des ressources fossiles, donc au renchérissement nécessaire du prix de l’énergie. Une hausse de tarif de l’ordre de 5 % était demandée en juin 2012 par GDF Suez afin de refléter la progression des coûts d’acheminement et d’approvisionnement. La Commission de régulation de l’énergie avait estimé fin septembre que la hausse des tarifs du gaz aurait dû atteindre 6,1 % cet automne, comme le prévoit la loi. Mais François Hollande a voulu au contraire geler le prix du gaz. Le Conseil d’Etat vient donc d’invalider le plafonnement de la hausse des tarifs du gaz à 2 % pour les particuliers*. Cette décision devrait contraindre l’Etat à annoncer une hausse pour mieux refléter la hausse des coûts de GDF Suez. La ministre de l’énergie, Delphine Batho, a annoncé qu’elle rendrait publique le 10 décembre la décision du gouvernement sur les tarifs du gaz à compter du 1er janvier 2013. Le ministère ne précise pas quelles pistes sont envisagées !!!

Les mêmes conneries de François Hollande se répètent au niveau du prix du pétrole. Il avait promis durant sa campagne électorale de bloquer les prix du carburant. Mais le dispositif bancal qui avait été mis en place va disparaître** : il n’existe pas de solution miracle ! Dans le texte de la motion finale du Mans (novembre 2005), le PS avait constaté que  « L’équilibre de la planète est en danger, la fin des énergies faciles est programmée ». Nous étions alors curieux de savoir si les socialistes décideraient une augmentation ferme et résolue du prix des énergies fossiles s’ils revenaient au pouvoir… Nous avons la réponse, ils regardent encore dans le rétroviseur.

Notons que le gouvernement Fillon avait fait de même, avec un gel des tarifs du prix du gaz en octobre 2011. Notons qu’en juin 2010, la ministre Christine Lagarde réclamait une pause pendant six mois de la hausse des tarifs du gaz. Rappelons que Gaz De France voulait augmenter ses tarifs de 7,5 % au 1er janvier 2006 ; le ministre de l’économie et des finances Thierry Breton s’y était opposé ; il ne respectait même pas des règles qu’il avait lui-même édictées. La droite et la gauche ont le même discours, populisme de court termisme et refus de dire la réalité. La droite comme la gauche nous préparent des lendemains qui déchantent. Ce n’est pas en décrétant un blocage des prix que les contraintes géophysiques disparaîtront. Les vrais politiques sont ceux qui regardent la réalité en face et qui nous permettent de faire face aux difficultés. Ce sont les écologistes, si les écologistes de parti méritaient vraiment ce nom.

* Le Monde.fr avec Reuters | 29.11.2012

**LE MONDE du 30 novembre 2012, le gouvernement renonce à faire baisser durablement le prix des carburants

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Laurence Tubiana, aux ordres du système productif

Laurence Tubiana va être la « facilitatrice » du débat national sur la transition énergétique, qui a débuté le jeudi 29 novembre. Voici sa dernière prestation* et les commentaires de BIOSPHERE.

LE MONDE : Le débat est abordé par le biais de la demande d’énergie et de son évolution d’ici à 2050. A partir de quels scénarios allez-vous travailler ?

Laurence Tubiana : Un groupe d’experts piloté par l’économiste Alain Grandjean se met en place… Il faut comprendre les données, le type de production qui y est associé, etc.

BIOSPHERE : Alain Grandjean a toute notre confiance, lui qui écrit dans L’apocalypse n’aura pas lieu : « L’ego arrache son autonomie à la nature aux prix d’une envie intérieure : celle de transgresser toute limite, de transgresser tout lien, car tout lien est une limite. La stratégie de l’aveuglement (« on s’en est toujours sorti », « je crois en l’homme, « la technique va nous sauver ») est criminelle : elle nous interdit de nous préparer au pire. .. Pour être concret, c’est en ce moment que s’envisagent des « quotas individuels de CO2 » à l’échelle de la planète, ce qui crée un lien immédiat entre chacun de nous et la planète (Extraits du livre Crise écologique, crise des valeurs – Labor et Fides, 2010). » Mais si les experts étaient écoutés, cela ferait longtemps que la carte carbone serait généralisée, nous n’aurions pas droit à plus de quelques litres d’essence par semaine.

Quant à Tubiana, elle ignore ce que « demande » veut dire, c’est-à-dire limitation des besoins, pour ne parler encore que de production ! Elle ne sait certainement pas ce que carte carbone veut dire…

Allez-vous préciser le calendrier sur le désengagement de la France dans le nucléaire et les options nécessaires pour qu’il ne représente plus que 50 % de la production d’électricité d’ici à 2025 ?

Laurence Tubiana : Le nucléaire est encore avec nous pour longtemps, quelles que soient les décisions qui seront prises après 2017. Le débat va éclairer ce que peut traduire ce chiffre de 50 %. Il dépend notamment beaucoup de la demande d’électricité dans les vingt ans qui viennent. Henri Proglio, le patron d’EDF, explique que la hausse de la demande sera telle que le nucléaire va tomber mécaniquement à 50 % de la production…

BIOSPHERE : Tubiana confirme qu’il s’agit pour elle de nucléariser autant puisqu’elle adopte le postulat des nucléaristes comme Proglio pour qui la demande d’électricité ne peut que croitre : « La demande mondiale d’énergie devrait doubler d’ici à 2050, même avec un effort d’économies d’énergie deux fois plus important que celui réalisé dans l’OCDE des dernières années. »

 Quid du gaz de schiste ?

Laurence Tubiana : Évidemment, nous en parlerons. Mais qui peut imaginer qu’on peut informer cette question au milieu de pressions ? N’est-il pas raisonnable de prendre six mois de discussions pour comprendre les enjeux au-delà du moratoire instauré par François Hollande ? Beaucoup de travail reste à faire, sur la réalité du potentiel économique ; sur les effets précis sur l’environnement, notamment les émissions de méthane ou la pollution de l’eau.

BIOSPHERE : Donc Tubiana est non seulement pro-nucléaire, mais pour le gaz de schiste. Car « reparler du gaz de schiste », c’est évidemment l’adopter ! Tout dans sa phrase montre son choix implicite : « Pression (des écolos ?)… « comprendre les enjeux » (le gaz, c’est nécessaire !!)… « au-delà du moratoire » (on commencer à fracturer)… « potentiel économique » (la messe est dite). Nous n’attendons rien du débat national sur la transition énergétique car nous savons qu’il n’est rien ressorti du débat national sur le nucléaire il y a quelques années et des négociations récentes du Grenelle de l’environnement.

* LE MONDE | 29 novembre 2012, « Cessons les postures idéologiques sur l’énergie »

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groupe de pression écolo ne veut pas dire lobbying

Corinne Lepage : « Le lobby pétrolier et gazier inonde les médias de ce nouveau mythe : si on exploitait le gaz de schiste comme les Américains, la croissance reviendrait. »*

Commentaires sur lemonde.fr : « L’unanimisme ambiant contre ce gaz frise aussi le lobbyisme… Anti-nucléaires, anti-gaz de schiste, anti-éoliens, anti-TGV, arrêtez le lobbyisme !… N’y aurait-il pas de lobby écologiste, anti-nucléaire, anti-OGM, anti-automobile, anti-aéroports, car c’est bien vous que l’on entend et lit le plus. »

BIOSPHERE : Soyons clair, ce type de commentaire est indécent. Militantisme et mercantilisme ne sont pas des mots synonymes ! Le lobby pétrolier et gazier défend le profit au travers de la volonté de croissance. Les intérêts particuliers sont les seuls défendus par les lobbyistes. Le militant écolo défend l’intérêt général (qui transcende les intérêts particuliers).

Corinne Lepage : « Arrêtez la désinformation et reconnaissez quelles sont vos motivations réelles qui n’ont rien à voir avec le bien-être et l’intérêt économique des Français… »*

Commentaire sur lemonde.fr : « On ne peut ignorer ce gaz de schiste qui est, peut-être, une énergie du futur. La France du tout ou rien ne lance même pas de recherche sur le sujet, c’est une aberration car il faut bien une transition énergétique vers le futur. »

BIOSPHERE : « Gagner quelques années d’énergie à bas prix, c’est reculer pour mieux sauter. On laissera à nos enfants une économie incapable de fonctionner sur le mode actuel avec le peu d’énergie fossile restante. En prime les nappes phréatiques resteront polluées par la fracture hydraulique. Et l’effet de serre bouleversera le climat. »

* LE MONDE du 14 novembre 2012, Gaz de schiste, assez de lobbyisme !

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Fatih Birol et l’AIE contre la démarche Négawatt

Dans un rapport publié fin mai 2012, l’Agence internationale de l’énergie soulignait l’importance des impacts environnementaux du gaz de schiste : « Ce n’est pas un problème, c’est «LE» problème », indiquait Fatih Birol*. Pour cet économiste en chef de l’AIE, « les préoccupations environnementales ne sont pas un «lobbying» vert, mais un souci parfaitement légitime ». Poudre aux yeux, greenwashing ! Fatih Birol faisait croire que « divers procédés existent pour limiter ces émissions », mais il ne les précisait pas. Pourtant les problèmes environnementaux du gaz de schiste concernent aussi la consommation de quantités importantes d’eau, la pollution des nappes phréatiques et l’impact sur les territoires (le gaz de schiste requiert un puits au km2, contre moins d’un aux 10 km2 pour le gaz conventionnel) : un simple surcoût, pour Fatih Birol ! Le rapport n’analysait pas le coût de restauration des terrains : trop de coûts, donc moins de profit, donc on n’en parle pas.

Le 12 novembre, l’AIE publie à Londres son rapport 2012. Dans une interview donnée au MONDE**, Fatih Birol récidive, il promeut une stratégie de l’offre : « La future autonomie énergétique américaine est due au développement des technologies de pointe qui lui permettent notamment d’exploiter les hydrocarbures non conventionnels comme le pétrole et le gaz de schiste. » Fatih Birol croit que la demande d’énergie va croître de plus d’un tiers d’ici à 2035, nulle mention dans son discours de la nécessaire sobriété énergétique. Pour lui, la « demande » se résume à la politique menée par Obama en faveur des biocarburants. Nulle remarque sur l’incompatibilité entre agrocarburants et nourriture, nul rappel du fait que le pic pétrolier est déjà dépassé. Pourtant l’AIE, dans son rapport annuel 2010, affirmait : «  La production de pétrole conventionnel a atteint son « pic historique » en 2006, elle ne le redépassera « jamais ». Quant aux renouvelables, Fatih Birol minimise : « La facture d’électricité des ménages augmente en raison du soutien aux renouvelables. Ce prix élevé de l’électricité sera un handicap de compétitivité et une ponction sur le pouvoir d’achat. » Il constate surtout que l’efficacité énergétique constitue un échec majeur des politiques publiques dans tous les pays : « Si aucun changement majeur n’intervient avant 2017, il sera impossible de tenir l’objectif d’une hausse maximale des températures de 2 °C d’ici à 2050. Concentrer les efforts sur l’efficacité énergétique permettrait de repousser l’échéance fatidique de 2017 à 2022. » La catastrophe est donc au mieux repoussée de cinq ans seulement !

Rappelons à Fatih Birol que la démarche négaWatt se décline en trois temps : sobriété, efficacité, renouvelables. Fatih Birol méprise les renouvelables, dit que l’efficacité a été un échec et ignore la sobriété. Il valorise les combustibles de stock (charbon, gaz, pétrole, uranium) au détriment des flux d’énergie, inépuisables puisqu’ils proviennent plus ou moins directement du Soleil. Fatih Birol est un théologien, croyant au mirage des gaz de schiste,  à l’image d’une société qui défend le niveau de vie dans les pays riches malgré la déplétion des énergies fossiles. Le choc pétrolier et gazier qui nous attend, gaz de schiste ou non, va donc être sanglant.

* Article paru dans l’édition du 30 mai 12, L’exploitation du gaz de schiste serait aussi nocive pour le climat que le charbon ; L’AIE prône des « règles d’or » pour encadrer la production

** LE MONDE du 13 novembre, « L’efficacité énergétique doit être une priorité pour les Etats »

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la conférence sur l’énergie, version nucléaire avec Batho

Les 300 journalistes membres de l’Association des journalistes de l’environnement (AJE), de l’Association des journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie (JNE) et de l’association des journalistes de l’énergie (AJDE) aimeraient interroger Delphine Batho sur son programme. Sans succès depuis trois mois ! Malgré de très nombreuses demandes formulées à son cabinet, Delphine Batho ne daigne répondre à la presse spécialisée. L’agenda surchargé ? Delphine Batho est probablement la seule ministre du gouvernement Ayrault à ne pas publier le sien ! Cela ne présage rien de bon pour l’organisation du prochain débat national sur l’énergie. Passons en revue les 6 personnalités* qui constituent le comité de pilotage du débat sur l’énergie:

C’est Delphine Batho elle-même qui a choisi les cinq « sages ». Deux personnalités sont ouvertement pro-nucléaires : Anne Lauvergeon, ex-patronne d’Areva et Pascal Colombani, administrateur général du Commissariat à l’énergie atomique (CEA) de 2000 à 2002 ! Une troisième est sympathisante avérée : Laurence Tubiana, directrice de la chaire de développement durable à Sciences Po, est adepte d’une politique de croissance (qui nécessite plus d’énergie !), veut contenir le changement climatique dans des limites supportables (le nucléaire sans émission de gaz à effet de serre ?) et prône une sûreté et sécurité plus grande… des centrales nucléaires. Il s’agit donc de nucléariser davantage. Alors Bruno Rebelle, ex-responsable de Greenpeace, anti-nucléaire ? Interrogé sur la position des ONG françaises face au nucléaire, il faisait preuve d’une ambiguïté totale : « La plupart des ONG se sont enfermées dans une logique de dénonciation… Les ONG ne mettent pas en perspective l’emploi, les stratégies pour contrer la dépendance énergétique… » Derrière l’emploi et l’indépendance énergétique de la France, chacun sait que se cache aussi le nucléaire. Le climatologue Jean Jouzel se laissera-t-il lui aussi tenté par un nucléaire « sans émissions de carbone » ?

Delphine Batho va présider ce comité, a-t-elle la fibre écolo ? Elle a été porte-parole de François Hollande pendant sa campagne. Elle a été de 2003 à 2008 secrétaire nationale chargée des questions de sécurité au PS. Elle n’avait pas demandé à devenir ministre de l’écologie, du développement durable et de l’énergie. Si son passé ne fait pas de Delphine Batho une écolo, que dit son présent ? Delphine Batho laisse perdurer sans réagir les grands projets inutiles. L’Autorité de sûreté nucléaire (ASN) vient d’approuver le projet de décret autorisant la création d’ITER, réacteur expérimental international à fusion nucléaire. Ce projet très centralisé, productiviste, n’a fait l’objet d’aucune évaluation scientifique contradictoire : c’est un projet non maîtrisable critiqué par les physiciens du plasma et même Masatoshi Koshiba (prix Nobel japonais de physique). On n’a pas entendu Delphine Batho s’exprimer sur le projet ASTRID (Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial Demonstration) qui pourtant se précise. Par contre la ministre de l’écologie Delphine Batho s’est déjà positionne POUR l’aéroport de Notre-Dame-des-Landes (le joujou d’Ayrault) et POUR « le nucléaire, filière d’avenir » (phrase culte de Montebourg).

La conférence sur l’énergie aura un composante pro-nucléaire très prononcée avec un tel « comité de pilotage »…

* LE MONDE du 11-12 novembre 2012, Six personnalités pour incarner le débat national sur l’énergie

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Enfin la vérité sur les « biocarburants » !

Nous n’avons pas attendu la récente volte-face de l’Union européenne sur les « biocarburants »*. Cela fait longtemps sur ce blog que nous savons que ce ne sont pas des « bio »-carburants, mais plutôt des agrocarburants issus l’activités industrielles, donc plutôt des nécro-carburants dont plusieurs articles du MONDE avaient pourtant vantés les mérites. Voici un florilège de nos articles depuis 2007 :

« Bio-carburants », pas assez pour la voiture ! (26 janvier 2012)

extrait : Nous ne pouvons faire face à la crise de l’énergie que si notre consommation arrive tendanciellement à correspondre aux énergies renouvelables. Il faut donc nous préparer à nous passer de pétrole, de gaz, d’uranium, de charbon…

Les agrocarburants sont méchants (19 octobre 2011)

extrait : Les biocarburants ont perdu de leur superbe ; ils sont devenus agrocarburants, puis nécrocarburants, et maintenant des organismes tel que le CSA (Comité de la sécurité alimentaire mondiale) les dénigrent comme c’est pas possible…

Biocarburants ou nécrocarburants ? (21 juillet 2011)

extrait : Les agrocarburants (expression préférable à « bio »carburants) sont nocifs pour l’environnement… La voiture individuelle est condamnée par la pénurie prévisible des carburants issus des énergies fossiles. Manger ou conduire, il faut savoir choisir…

LE MONDE croyait au miracle jatropha (8 mars 2011)

extrait : LE MONDE nous faisait croire au miracle. En février 2007, sa page « Futurs » nous plongeait dans les délices illusoires de l’espoir pour motorisés, le jatropha. En résumé : « C’est un arbuste à fleurs rouges qui prolifère dans les zones semi-arides.

Bio-fuel et bourrage de crâne par journaliste interposé (30 janvier 2011)

extrait : On nous trompe. Les médias font des effets d’annonce qui laissent encore croire à des lendemains qui chantent. Ainsi LeMonde * nous promet du biocarburant à base d’algues et à « un faible prix de revient du baril ». Le corps de l’article est beaucoup moins optimiste…

Abengoa –Bioenergy, manipulation publicitaire (11 juin 2008)

extrait : Dans LeMonde du 29.05.2008, une pleine page de publicité sur les biocarburants. La société Abengoa Bioenergy, premier producteur européen de bioéthanol, nous présente « l’information manipulée : Le bioéthanol est le principal responsable de la hausse des produits alimentaires »…

Manger ou rouler, il va falloir choisir (5 octobre 2007)

extrait : Pour remplir le réservoir d’un 4×4 avec 94,5 litres d’éthanol pur, il faut environ 204 kilos de maïs, soit suffisamment de calories pour nourrir une personne pendant un an (étude parue dans la  revue Foreign Affairs de mai 2007)….

* Le Monde.fr | 19.10.2012, Où en est-on des biocarburants de 2e et 3e générations. En résumé : « L’Union européenne prend ses distances avec les agrocarburants. Un projet de directive plafonne à 5 % la part des carburants d’origine végétale dits de première génération, produits à partir du blé, maïs, betteraves, palme ou encore colza… »

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Montebourg, la vacuité opportuniste faite ministre

Arnaud Montebourg se croit ministre de l’écologie et de l’énergie alors qu’il n’est que ministre du redressement productif : il détaille « sa feuille de route » de la transition énergétique dans LE MONDE*, en lieu et place de la ministre concernée, Delphine Batho. Voici quelques pensées de Montebourg dont on peut percevoir la vacuité, le vide sidéral :

Montebourg : « Nous allons tous devenir des producteurs d’énergie… »

Biosphere : L’association négawatt, dans son manifeste « réussir la transition énergétique », indique que tout scénario crédible se décline en trois temps : sobriété, efficacité, renouvelables. L’impératif de premier rang consiste à économiser l’énergie, pas à la produire, et surtout pas à escamoter la sobriété comme le fait Montebourg. Il faut dire que pour un socialiste, ce qui importe c’est l’abondance pour tous, certainement pas le partage de la pénurie. Delphine Batho, dont la feuille de route est celle qui résulte des travaux de la conférence environnementale et non des propos de Montebourg, campe pourtant sur les mêmes positions : on privilégie l’offre d’énergie et non la sobriété (appel d’offre sur l’éolien et sur le photovoltaïque, tarif d’achat de l’éolien)**. Dernier exemple, le député Jean-Paul Chanteguet, qui déclarait dans LE MONDE*** : « … La transition énergétique, c’est-à-dire la promotion des énergies renouvelables et l’amélioration de l’efficacité énergétique ». Rien pour la sobriété chez les socialistes !

Montebourg :  « Concernant le gaz de schiste, le président de la République a condamné la fracturation hydraulique destructive de l’environnement mais pas le gaz de schiste en soi. »

Biosphere : Pendant la conférence environnementale, Montebourg avait déjà jeté le trouble en déclarant qu’il fallait observer ce qui se faisait en matière de technologie d’exploitation des gaz de schiste. Il avait été recadré par Delphine Batho : « Aucun permis de recherche concernant les gaz de schiste ne sera accordé pendant le quinquennat* » (LE MONDE du 16-17 septembre). Montebourg insiste à nouveau dans cette tribune, il est vraiment incorrigible et surtout anti-écolo : le gaz de schiste, même s’il était exploité, n’est pas une ressource pérenne.

Montebourg : « Il est irréaliste de vouloir diminuer le nucléaire et le pétrole, tout en trouvant de l’argent pour financer les renouvelables ! »

Biosphere : Montebourg manie le non-sens. Car si on diminue l’argent consacré au nucléaire et au pétrole, on aura alors davantage d’argent pour les énergies renouvelables. Pendant des décennies, la France a montré que la toute puissance du nucléaire avait éliminé toute recherche d’énergies de substitution. Alors que Montebourg était candidat aux primaires socialistes, on aurait cru à une certaine fibre écolo. Par exemple dans Des idées et des rêves : «Lester Brown m’a ouvert les yeux, montrant à quel point l’écologie et l’économie sont liées. Dès lors, il n’est plus possible de penser l’une sans l’autre. » En fait, il s’agissait seulement d’opportunisme. Montebourg n’est pas une personne fiable.

Montebourg :  « La transition énergétique doit être un moment de mobilisation nationale pour créer de nouveaux marchés et faire surgir de nouvelles technologies. »

Biosphere : Montebourg, un socialiste qui croit encore aux vertus du marché et aux technologies du futur : libéralisme et technophilie. Un type de droite n’aurait pas dit autre chose…

* LE MONDE du 18 septembre 2012, « Diminuer nucléaire et pétrole tout en finançant le renouvelable est irréaliste »

** LE MONDE du 18 septembre 2012, Delphine Batho : « Un projet mobilisateur »

*** LE MONDE du 14 septembre 2012, « Il faut accélérer la réforme du code minier »

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transition énergétique, centralisation, autonomies locales ?

La transition énergétique est un vaste chantier. Sortir du nucléaire, ne compter que sur les énergies renouvelables et trouver une répartition équitable de l’énergie disponible devrait être le cap suivi par un Président de la république pendant cinq ans.

Mais François Hollande a ignoré le manifeste négaWatt et se contente pour l’instant de quelques mesures ponctuelles comme la fermeture (future) de la centrale nucléaire de Fessenheim, doyenne du parc français*. Rappelons que François Hollande avait oublié, alors qu’il était secrétaire national du PS, d’organiser au sein du PS la conférence sur l’énergie qu’il avait promise. Le « débat national sur la transition énergétique » devait être lancé au Parlement réuni en session extraordinaire du 3 juillet au 2 août 2012. Nous n’avons rien vu venir. Aujourd’hui la ministre de l’écologie (et de l’énergie) Delphine Batho parle de « débat » courant novembre, terminé « avant le premier semestre 2013. » Elle nous promet que  » Le gouvernement fera voter une loi de programmation pour la transition énergétique avant la fin de l’année 2013, »* Marre des promesses. Il ne faut pas attendre grand chose d’un gouvernement impotent, place à la décentralisation.

Il n’y aura pas de transition énergétique réussie sans plus d’autonomie des collectivités locales dans la gestion**. Le réseau Amorce, regroupant quelque 550 collectivités territoriales (y compris la région Ile-de-France), réclame une « transition énergétique décentralisée ». C’est une évolution nécessaire, préfigurée par le mouvement des communautés de résilience, préparant l’autonomie non seulement énergétique, mais aussi alimentaire. Problème, l’éclatement de l’unité territoriale peut être mise à mal. Déjà la maire socialiste de Montdidier affirme : « Le vent qui souffle en Picardie doit revenir aux Picards. » Fini le monopole d’EDF, le service public national offert à tous et la péréquation tarifaire ? Bonjour le chacun pour soi ? Il est sans doute possible de trouver un compromis : des communautés de transition énergétique qui se veulent le plus autonome possible et quelques points de production centralisés pour pouvoir produire le nécessaire pour tous. La diversité et l’unité, vaste débat en perspective !

De toute façon, précisons que la « diversification des sources d’énergie » ne doit pas être l’essentiel, il faut surtout considérer le deuxième objectif du mandat de François Hollande, la « promotion d’une société de sobriété énergétique ». Cela ne peut passer simplement par un plan de rénovation thermique du bâtiment, mais par une prise de conscience généralisée de la pénurie d’énergie fossile à venir. Si notre maison est bien isolée, vouloir maintenant se chauffer à plus de 18°C est une abomination.

* Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 09.09.2012 Delphine Batho : « Fessenheim sera fermée le plus tôt possible »

** LE MONDE du 8 septembre 2012, Les villes veulent choisir leur avenir énergétique

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Participer ou non… à la conférence sur l’environnement

La Conférence environnementale est mal partie*. Deux jours seulement les 14 et 15 septembre prochain pour aborder les questions complexes de la biodiversité et de la transition énergétique, c’est déjà acter le fait que les socialistes au pouvoir n’ont aucune sensibilité écologique. Quand, juste avant la première réunion préparatoire avec les ONG (mercredi 29 août), la ministre de l’écologie Delphine Batho se positionne POUR l’aéroport Notre-Dame-des-Landes (le joujou d’Ayrault) et POUR « le nucléaire, filière d’avenir » (phrase culte de Montebourg), cela ne présageait d’ailleurs rien de bon. Quand on accepte de rajouter, au dernier moment et sous réserve d’arbitrage (!), le nucléaire et les gaz de schiste aux discussions prévues, cela préfigure l’impasse.

La suite paraît déjà claire. Quand la patronne des patrons veut « donner une chance à l’innovation technologique », c’est-à-dire à l’exploitation des gaz de schiste, on va sans doute voir un socialisme aux ordres du Medef.  Quand le PDG de Total réclame du « courage » sur le gaz de schiste (« ne pas se donner la possibilité de développer du gaz c’est dommage »), on va sans doute voir un socialisme aux ordres des intérêts pétroliers. N’oublions pas que Nicole Brick, ministre PS de l’écologie, a été virée par le Premier ministre socialiste Ayrault pour avoir voulu suspendre des forages au large de la Guyane. De toute façon les lobbies du nucléaire campent depuis plusieurs années sur le palier des parlementaires socialistes. La commission nationale de l’environnement du PS est une annexe du CEA et le lobby GDF Suez était bien représenté à l’université d’été du PS ! D’ailleurs le candidat Hollande n’avait qu’une vision en termes d’offre d’énergie, aucune pensée pour la sobriété énergétique.

FNE (France Nature Environnement) s’inquiète aujourd’hui de l’absence d’objectifs précis à quinze jours des débats. L’inconnue demeure également le nombre et l’identité des participants, ainsi que le périmètre des tables rondes. FNE souhaite que des questions agricoles comme les pesticides ou l’irrigation ne soient pas mis sous le tapis. Or la récente déclaration du ministre de l’Agriculture remettant en cause l’objectif de réduction de 50% de l’usage des pesticides d’ici à 2018, résultant pourtant d’un consensus dans le cadre du grenelle de l’environnement, inquiète. Etc.

WWF (World Wildlife Fund, fonds mondial pour la nature) constate que la méthode proposée est calquée sur celle de la conférence sociale et non sur celui du Grenelle. Trop court. Alors que, lors du Grenelle en 2007, un représentant des ONG était accompagné de deux experts, le gouvernement propose aujourd’hui un seul représentant par association. Insuffisant. La filière d’avenir c’est l’intelligence collective, pas le nucléaire.

* LE MONDE du 31 août 2012, L’avertissement au gouvernement des ONG écologistes

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Sortir du nucléaire, des socialistes sans boussole

Qui a dit « Il appartiendra aux compagnies de production énergétiques non plus de fournir une électricité produite de manière centralisée, mais de gérer des réseaux délocalisés et autonomes » ? Qui donc a pu ajouter : « Le modèle phare de la transition rose/verte est la petite ou moyenne entreprise, innovante. Le rose et le vert, qui est autant de rose dans le vert que de vert dans le rose, ne peuvent pas constituer un accord d’appareils où les uns et les autres s’allient par raison en gardant au cœur leurs propres croyances. Notre modèle de civilisation, fondé sur la conception de l’homme affranchi de la nature, celle-ci servant de matière première, n’est plus tenable. Il s’agit de préparer les particuliers, les familles et les entreprises à la rareté et à la cherté énergétique. » Vous ne trouvez pas ? L’auteur de ces engagements écolos, c’est Arnaud Montebourg* ! Le même qui voit maintenant dans le nucléaire un avenir radieux… Comme quoi il y a des positions claires quand on est dans l’opposition et des idées contraires quand on est au gouvernement : on en perd la boussole !

En définitive, le problème du socialisme, c’est le terme social. Le social passe avant les réalités écologiques, ce qui ne peut amène à des décisions de court terme et non à une vision d’avenir. Prenons le cas des déchets nucléaires, par exemple ceux issus des démantèlements de centrale**. A peine commencés, les travaux d’Iceda*** sont déjà arrêtés par la justice. Pourtant ce n’est qu’un centre de transit, les déchets de moyenne activité à vie longue rejoindront Cigéo****, ouvert peut-être à partir de 2025. Pendant une centaine d’années, il faudra creuser les galeries, y installer les équipements nécessaires, entreposer les conteneurs de déchets radioactifs. Déjà on se pose la question : « Comment maintenir les compétences sur une telle durée ?

En fait le nucléaire n’a jamais été une filière d’avenir, il faudrait pour cela que les sociétés humaines maîtrisent le temps long. Or en un siècle passé, qu’a déjà connu la France ? Deux guerres mondiales, plusieurs chocs pétroliers, des crises financières… Comment répondre de la sécurité du Cigéo dans le siècle qui vient, alors que les menaces d’effondrement de notre civilisation thermo-industrielle se précisent (réchauffement climatique, blocage énergétique…) ? Le nucléaire n’est pas une filière d’avenir, c’est un avenir d’insécurité ; il y a de fortes chances que les déchets soient laissés à l’air libre, sans que les générations futures aient les moyens de s’en occuper.

* Des idées et des rêves d’Arnaud Montebourg (édition Flammarion, 2010)

** LE MONDE du 29 août 2012, Nucléaire : que faire des déchets français de démantèlement ? La justice a suspendu la construction par EDF d’un centre d’entreposage de résidus radioactifs.

*** Iceda, Installation de conditionnement et d’entreposage des déchets activés, prévu dans l’enceinte de la centrale du Bugey (Ain)

**** Cigeo, site industriel d’enfouissement géologique à Bure (LE MONDE du 29 août 2012,  Nouvelles questions sur la sûreté d’un stockage profond)

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Prix de l’essence, des socialistes sans boussole

Il n’y a qu’une manière d’analyser le prix de l’essence. Les ménages français dépensent en moyenne autour de 1 000 euros par an en carburant. C’est 1000 euros de trop, un pétrole en voie de disparition devrait rester sous terre ; la voiture individuelle devrait subir le sort des dinosaures Ce n’est pas de la provocation, nous avons déjà suffisamment argumenté sur les méfaits de « l’or noir » et la montée inéluctable de son prix :

19.08.2012 Blocage des prix des carburants, véritable casse-tête

15.05.2012 Le peak oil tend à devenir le peak all

10.05.2012 Le président Hollande confronté à la descente énergétique

22.03.2012 Mobiliser la société face au défi pétrolier

19.01.2012 Le prix de l’essence n’a jamais été aussi bas !?

11.01.2012 Pétrole nigérian, sang de Jésus ou merde du diable ?

Normalement, pas besoin d’en rajouter. Mais constatons que la valse-hésitation du gouvernement nous donne a posteriori raison. Au printemps, en pleine campagne présidentielle, le candidat Hollande avait promis un blocage des prix s’il était élu. L’idée était de réguler les prix en cas de « situation exceptionnelle » pour imposer un blocage temporaire. Il n’en a rien fait. Il est vrai que la montée du prix du pétrole (donc de l’essence) n’est pas exceptionnelle, c’est au contraire une évolution structurelle normale comme pour toute ressource naturelle en voie d’épuisement. De toute façon cette mesure est trop coûteuse pour le budget de l’Etat. Le gouvernement socialiste de Lionel Jospin avait mis en place un système de « TIPP flottante » qui faisait fluctuer les taxes à la hausse et à la baisse en fonction du prix du baril de brut. Entre octobre 2000 et juillet 2002, ce dispositif avait coûté dans un premier temps pas moins de 2,7 milliards d’euros aux finances publiques. Aujourd’hui une baisse de 6 centimes du litre de carburant devrait représenter 300 millions d’euros de manque à gagner pour les finances publiques.

En définitive, le problème du socialisme, c’est le terme social. Le social passe pour le gouvernement avant les réalités écologiques, ce qui ne peut qu’amener à de fausses promesses et des désillusions. Pour retrouver une boussole, les socialistes devraient affirmer que l’économie n’est qu’une sous-partie du social, et le social une variable déterminée par les contraintes écologiques, à commencer par l’état des ressources naturelles. A quand la taxe carbone que les socialistes hors du pouvoir avaient dénommé contribution énergie ?

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optimisme débridé des pétroliers, silence au MONDE !

Voici un résumé du dernier post de Matthieu Auzanneau  sur petrole.blog.lemonde.fr. Dommage que LE MONDE papier ne se fasse jamais l’écho de ces analyses:

« En décembre 2012 au Qatar, le PDG de Total, Christophe de Margerie, estimait que la production mondiale de brut atteindra son maximum au cours des années 2020, à 95 millions de barils par jour (Mb/j). Selon le patron de Shell, « il faudrait que le monde ajoute l’équivalent de quatre Arabie Saoudite ou de dix mers du Nord dans les dix prochaines années, rien que pour maintenir l’offre à son niveau actuel » (pas moins de 45 Mb/j de capacités nouvelles). Aujourd’hui Helle Kristoffersen, directrice de la stratégie générale du groupe Total et Guillaume Chalmin, chargé plus spécifiquement de la stratégie d’exploration, expliquent leur optimisme à Matthieu Auzanneau. Les capacités nouvelles attendues, ce sont d’une part des champs entièrement nouveaux, et d’autre part des champs déjà en production dont Total estime qu’il sera possible de relancer les extractions.

sables bitumineux, essentiellement au Canada : + 7 Mb/j (!)

Irak : + 5 Mb/j

offshore très profond au large du Brésil : + 3 à 4 Mb/j

– réservoirs « compacts » en Amérique du Nord (huiles de schiste pour l’essentiel) : + 2 à 4 Mb/j

– plusieurs nouvelles ressources en cours de prospection en Afrique, dans le grand Nord ou au large de la Guyane, plus incertaine ; d’après les chiffres avancés, l’ensemble de ces ressources représente a priori un potentiel de production supplémentaire de + 2 à 5 Mb/j. 

Dans le meilleur des cas, Total obtient donc un total de quelque 25 Mb/j de capacités d’extraction issues de puits qui n’existent pas encore. Où trouver les 20 ou 25 Mb/j restant pour parvenir à l’objectif souhaité de 45 Mb/j supplémentaires ? La direction de Total n’a pas fourni de réponse directe à cette question pourtant décisive. Helle Kristoffersen a évoqué le montant colossal des investissements nouveaux consentis par l’industrie pétrolière un peu partout dans le monde : 600 milliards de dollars, rien qu’en 2011, soit près du quart du PIB de la France ! Déverser des milliards ne suffit plus à garantir une production. Guillaume Chalmin a insisté sur les progrès de la sismologie et des techniques de récupération. Sans garantie de résultat !

Qu’en conclure ? Au moins ceci : à Total ou ailleurs, l’incertitude dans laquelle baigne désormais l’industrie la plus vitale pour l’avenir de l’économie mondiale paraît atteindre un degré ahurissant. Se peut-il que les rois du pétrole soient nus ? »

http://petrole.blog.lemonde.fr/2012/08/21/pic-petrolier-deux-vice-presidents-de-total-repondent-a-oil-man/

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blocage du prix des carburants, véritable casse-ête

Les cours du pétrole sont en nette hausse depuis deux mois, le prix du gazole à la pompe atteint 1,50 euros le litre et les perspectives sont mauvaises. Normal, une denrée quelconque en voie de raréfaction doit nécessairement connaître, selon la loi du marché et la réalité géologique, une croissance exponentielles des prix. Inexorablement le prix du baril va rendre impossible toute manipulation politique du prix du carburant. François Hollande sera enfin confronté à l’absurdité d’un programme de croissance économique oubliant les vérités de l’écologie. LE MONDE s’inquiète pour les socialistes : « Il est difficile pour un gouvernement d’avouer qu’il ne peut rien faire. Le blocage des prix des carburants, envisagé par François Hollande, est de nouveau à l’étude. Mais concrètement, comment faire ? Va-t-on obliger les raffineries ou les stations-service à vendre à perte ? L’Etat peut-il alléger provisoirement les taxes sur les produits pétroliers et se priver de recettes substantielles ? »*

Mais de son côté LE MONDE fait une erreur fondamentale, il ignore complètement l’épuisement programmé des réserves pétrolières pour se consacrer à des considérations conjoncturelles sur l’offre : sanctions internationales contre l’Iran, grèves en Norvège, rumeurs d’une guerre Israël/Iran. Il faut lire attentivement pour observer deux remarques d’ordre structurel : du côté de l’offre le déclin structurel de la production en mer du Nord. Mais aucune mention du fait que nous avons déjà dépassé le pic pétrolier mondial du pétrole conventionnel depuis 2006 ! Du côté de la demande le poids des pays émergents. Mais aucun rappel du réchauffement climatique qui devrait nous imposer de brûler de moins en moins de carburants fossiles. François Hollande comme LE MONDE croient encore que la croissance économique reste une possibilité. Tous les écologistes savent pourtant que le blocage énergétique entraînera le blocage de la croissance…

En 1892 Mendeleïev, l’inventeur de la classification périodique des éléments, exprimait son sentiment devant le tsar : « Le pétrole est trop précieux pour être brûlé. Il faut l’utiliser comme matière première de la synthèse chimique ». C’était un avis éclairé que la société thermo-industrielle n’a pas écouté. Tant pis pour elle !

* LE MONDE du 18 août 2012, Les prix record du pétrole vont peser sur la croissance

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panne gigantesque d’électricité, un bienfait

L’Inde consommait à peu près 35 000 gigawatts/heure en 1970, 700 000 en 2010. Peut-on dire que les Indiens sont vingt fois plus heureux qu’il y a quarante ans ? Une panne gigantesque d’électricité vient de frapper la moitié du pays pendant deux jours fin juillet : plus de métro et moins de trains, embouteillages, mineurs qui restent dans le fond de la mine, usines en arrêt… les conséquences sont en cascade. Au lieu de s’interroger sur le besoin d’électricité, les médias indiens et étrangers (dont LE MONDE*) cherchent des explications, on joue au « Blame game », le « jeu de la responsabilité », on aime se poser les fausses questions.

En effet le black-out indien n’est pas très grave, c’est une interruption temporaire d’approvisionnement en énergie. Dans un pays où les deux tiers des foyers seulement sont raccordés au réseau électrique et où les coupures de courant sont très fréquentes, l’incident doit être relativisé. Mais dans un pays comme la France où tout passe par l’électricité, une panne électricité géante serait un cataclysme. Il n’y a pas vraiment de problème d’offre ou de transport d’énergie, mais d’abord une question de demande. Va-t-on envisager de construire d’autres centrales nucléaires plus ou moins EPR ? Va-t-on faire fonctionner des centrales thermiques au charbon ? Ou bien va-t-on abandonner en Inde la coutume d’incinération des corps, se passer des climatiseurs, des pompes à eau dans les campagnes et rester à la bougie dans les foyers ? Va-t-on abandonner en France la carte bancaire et le portable, les ascenseurs et les escalators ? Dans nos sociétés thermo-industrielles, les problèmes énergétiques ne font que commencer avec le pic pétrolier et celui de l’uranium, les dangers du charbon, le réchauffement climatique…

Un jour il faudra se passer du nucléaire et des combustibles fossiles, c’est donc une vraie cure de désintoxication, un sevrage d’électricité qui devrait commencer dès aujourd’hui. Une panne n’est que le révélateur de notre fragilité, nous sommes à la merci de conséquences en cascade. Qu’on le veuille ou non, l’avenir sera dans la frugalité, certainement pas dans le toujours plus. L’accès à l’électricité n’est pas un droit, que ce soit en Inde ou ailleurs. Nous sommes dépendants des ressources naturelles, il faudrait en prendre conscience lors de chaque black-out !

* lemonde.fr | 01.08.2012, « Blame game » : les médias indiens cherchent les responsables de la panne électrique géante

LE MONDE | 01.08.2012, Les infrastructures défaillantes de l’Inde à l’origine de la panne d’électricité géante

lemonde.fr | 31.07.2012, L’Inde s’interroge sur ses capacités énergétiques après un black-out géant

 

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LE MONDE se prononce pour le gaz de schiste !

L’éditorial du MONDE engage le journal quand il n’est pas signé. C’est le cas le 28 juillet, « N ‘enterrons pas le débat sur le gaz de schiste ». A la question que le quotidien se pose à lui-même, «  Faut-il vraiment, a priori, renoncer à cette ressource », la réponse est déjà contenu dans la question. Bien sûr on note que « plusieurs études scientifiques tirent la sonnette d’alarme, la fracturation hydraulique serait dangereuse pour la nature et pour l’homme ». Mais, puisque que le forage bat déjà son plein aux USA, LE MONDE croit au miracle technologique : «Les Etats-Unis finiront bien par trouver des techniques propres… Le débat c’est celui des risques de l’innovation, celui d’une certaine confiance dans le progrés technologique… Comment savoir, inventer si l’exploration même est interdite !… Ce dossier ne peut être fermé. »

Bien sûr LM rappelle que la fracturation hydraulique est prohibée en France, mais LM sait bien que la pression économique est plus forte que le principe de précaution : Il faudra « se libérer de la dépendance du gaz russe ». L’ article en page 2 est même dithyrambique : « Bienvenue à Fort Worth, la capitale du gaz de schiste. » La ligne directrice du journaliste est claire : « Le Texas, pas plus que les autres régions productrices, ne laissera pas mourir la poule aux oeufs d’or. » Mais la biosphère ne pond pas tous les jours un nouveau gisement de gaz ou de pétrole ! Cela, Jean-Michel Bezat feint de ne pas le savoir.

En définitive LM, fidèle serviteur du système en place, veut précéder le mouvement politique. LM a bien senti que le gouvernement Ayrault est prêt à passer un jour ou l’autre aux gaz de schiste. Obama a montré la voix, l’abondance énergétique assure l’élection même si dans 100 ans il n’y aura plus du tout de gaz sous terre, conventionnel ou non. Les politiques et les médias fonctionnent à court terme, ils se foutent complètement des générations futures, du réchauffement climatique, de la déplétion inéluctable de l’énergie fossile. Car en ouvrant le ventre de la Terre, il est vrai qu’ils ont tué la poule aux oeufs d’or…

Des centaines d’organisations locales travaillent aux USA pour protéger leurs communautés contre la fracturation. l’État du Vermont a interdit la fracturation. Les projets visant à autoriser la fracturation dans le bassin du Delaware ont été stoppés. On organise pour le 22 Septembre un Frackdown, journée Internationale pour stopper la fracturation hydraulique. Qu’attend le « journal de référence » pour en parler !

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Contradictions du parti socialiste sur le nucléaire

Deux contributions thématiques pour le congrès d’octobre 2012 s’opposent fortement en matière énergétique. Des membres du CEA infiltrés dans le PS prônent le maintien du nucléaire (Pour une stratégie énergétique responsable), une autre contribution, à l’initiative du mouvement Utopia, la sortie du nucléaire (Sortir du nucléaire pour entrer dans le 21e siècle). Quelle est l’argumentation en présence, quelle conclusion faire valoir ?

Pronucléaires :

La France doit mettre sa compétitivité industrielle à l’abri des fluctuations des prix des hydrocarbures. N’entretenons pas l’illusion que des énergies renouvelables  intermittentes (éolienne et solaire) pourraient se substituer au nucléaire. L’Allemagne brûlera du charbon sans se préoccuper outre mesure du réchauffement climatique.

Les engagements du Président de la République, visant à ramener d’ici 2026 la production électronucléaire de 75 à 50 %, sont réalistes. Chaque arrêt de tranche nucléaire devra être précédé de la mise en service d’une capacité équivalente en énergie de substitution. La décision relative à la construction d’un deuxième EPR devrait être prise avant 2017. Si les énergies fossiles sont  prioritairement écartées, pour des raisons écologiques, il faudra avoir recours à des énergies renouvelables. Il y a lieu de privilégier le développement des ENR permanentes (hydraulique, géothermique, biomasse) par rapport aux ENR intermittentes (éolien, solaire). Une place de choix devra être réservée à la filière hydrogène dont dépendra, à terme, le développement des biogaz et des biocarburants (mais essentiellement à partir des algues et des feuillus à croissance rapide des jachères ou des sous-bois afin de ne pas créer des tensions sur les prix des végétaux comestibles) nécessaires à la compétitivité  d’un des secteurs les plus consommateurs d’énergie, celui des transports.

Les réacteurs de quatrième génération, qui n’arriveront à maturité que d’ici une quarantaine d’années, ne seront probablement pas construits en France. En revanche il est important que le CEA reste à la pointe des technologies relatives à ces réacteurs pour préserver la place de l’industrie française dans leur construction partout dans le monde. Dès à présent, les recherches doivent être menées, notamment par le CEA, pour offrir à notre pays, à partir de 2100, un large éventail de choix entre les énergies renouvelables permanentes, un nucléaire de fission qui n’exclut pas les réacteurs « à sels fondus au thorium» et le nucléaire de fusion.

Antinucléaires :

Au PS, malgré une légère évolution suite à l’accident de Fukushima, il est toujours aussi difficile de débattre de politique énergétique. La probabilité des risques augmente avec le vieillissement des centrales, le dérèglement climatique (sècheresse, augmentation des risques naturels…). Le nucléaire porte des risques si importants que l’humanité ne doit pas les prendre. Vers 1960, on nous disait que le problème des déchets allait être assez rapidement résolu. Un demi-siècle plus tard, le problème reste entier. Comment trouver un lieu sûr de stockage pour une durée quasi éternelle à l’échelle de l’Humanité ? Les déchets nucléaires représentent un cadeau empoisonné que nous allons léguer aux générations futures. Initialement autonome, la France a aujourd’hui exploité ses mines d’uranium jusqu’au dernier filon. Aujourd’hui, on importe tout l’uranium nécessaire au nucléaire.

« Le nucléaire permet de lutter contre le dérèglement climatique » ? Si la lutte contre ce réchauffement est un objectif de toute première importance, il est plus efficace de s’attaquer aux principales sources de réduction de CO2 : la sobriété, l’efficacité, dans les transports, par l’isolation des bâtiments, la relocalisation de la production d’énergie et la substitution à l’énergie fossile et nucléaire de l’énergie renouvelable. Rappelons que le nucléaire ne pèse que près de 3 % de l’ensemble de l’énergie finale mondiale. Le recours au nucléaire et la lutte contre le dérèglement climatique sont en réalité deux enjeux différents, mais l’investissement acharné dans le nucléaire empêche la recherche de l’efficacité énergétique et les solutions  renouvelables.

Le CIRED et WWF ont  analysé le scénario Négawatt 2006 qui permettrait de baisser les GES de 30 % d’ici 2020 tout en créant 684 000 emplois. L’industrie nucléaire emploierait aujourd’hui au maximum 100 000 personnes en direct, une centrale nucléaire dans sa phase de fonctionnement n’emploie que 250 personnes. En Allemagne, on estime que 340 000 emplois ont été créés ces 10 dernières années dans le domaine des renouvelable et de l’efficacité énergétique à la suite de la volonté de sortir du nucléaire.

Conclusion du mouvement Utopia

La renaissance du nucléaire, credo des communicants d’EDF, d’AREVA et du CEA, tient plus de la propagande que de la réalité industrielle. La dette d’EDF accroît la dette publique française et on paie l’électricité trois fois : en tant que contribuable pour la recherche appliquée et les infrastructures, en tant qu’usager pour la consommation et à nouveau en tant que contribuable pour le démantèlement et les déchets.

La «société nucléaire» se révèle pour ce qu’elle est : la soumission à un modèle de société productiviste, centralisé,  pyramidal, mettant la consommation au service de la production, dans une logique du toujours plus, incompatible avec l’écologie. La décision de sortir du nucléaire doit s’accompagner de mesures d’urgence : la fermeture des centrales à risques, l’abandon de l’EPR (chantier à Flamanville, projet à Penly), la restriction de la recherche dans le domaine de l’énergie nucléaire aux seules questions relatives au démantèlement ou à la protection des sites,  au stockage et à la gestion des déchets ainsi que l’affectation des budgets ainsi dégagés aux  projets avancés et prototypes d’énergie renouvelable (production, réseau de distribution intelligent, stockage), une négociation européenne pour l’arrêt du projet de réacteur thermonucléaire expérimental ITER sur la fusion nucléaire, un moratoire/arrêt  concernant les surgénérateurs de la 4ème génération (fin du projet ASTRID).

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gel du prix du gaz, une aberration politique

Une hausse de tarif de l’ordre de 5 % est demandée par GDF Suez afin de refléter la progression des coûts d’acheminement et d’approvisionnement. François Hollande voudrait alors geler le prix du gaz comme il en avait déjà manifesté l’intention à propos du prix de l’essence avant d’arriver au pouvoir. Les socialistes n’ont pas encore compris que la hausse du prix des énergies fossiles était inéluctable et qu’il fallait préparer la population à l’après-pétrole/gaz. Des politiques responsables n’ont pas à « soigner leur popularité » comme le réclamaient certains élus, mais à mener un peuple vers un avenir durable. Socialisme ne devrait pas signifier populisme et lâcheté.

Notons que le gouvernement Fillon avait fait de même, avec un gel des tarifs en octobre 2011. Réparation du préjudice pour GDF Suez, estimé à 290 millions d’euros. Réparation du préjudice causé par le réchauffement climatique entraîné par la combustion de gaz : tellement élevé qu’il en est incalculable.

Droite comme gauche sont incapables de gouverner dans un contexte d’urgence écologique.

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bonne nouvelle écolo, la réforme du code minier

Une bonne nouvelle pour l’écologie, la réforme du code minier : cela met un coup d’arrêt aux forages de Shell en Guyane, à 6000 mètres de profondeur. Bonne nouvelle pour la gauche au pouvoir, la ministre de l’écologie Nicole Bricq semble ainsi bouleverser toutes les mauvaises habitude du viol de la Terre en toute impunité : « Pas question aujourd’hui de forcer la main au nouveau gouvernement en continuant de sacrifier l’environnement ». Mais il y a loin des bonnes intentions au résultat final. Courage, Nicole, ne te laisse pas désarmer par les lobbies, le chantage à l’emploi, la crainte des automobilistes de ne plus pouvoir rouler, un président de la république croissanciste (comment faire de la croissance sans pétrole ?), etc.

Le code minier français date du 21 avril 1810*. Les différentes réformes dont il a fait l’objet jusqu’à maintenant ont peu œuvré pour l’information et la consultation des territoires concernés par les forages. Et n’ont guère pris en compte la question de leur impact environnemental. Nicole Bricq a pu approfondir le sujet lors des débats parlementaires qui ont précédé l’adoption de la loi du 13 juillet 2011 sur l’interdiction de la fracturation hydraulique pour l’exploration et l’exploitation des huiles et gaz de schiste. Sénatrice PS, elle était alors à l’avant-garde des élus de l’opposition qui appelaient Nicolas Sarkozy à réformer le code minier avant toute nouvelle mesure législative sur les hydrocarbures, conventionnels ou non.

Chez Shell, c’est la stupéfaction. Pour Patrick Roméo, président de Shell France, lexploitation du bassin pétrolier guyanais serait « Une occasion pour la France de réduire ses importations d’or noir, et une aubaine pour la Guyane où le chômage est très élevé ». C’et le classique chantage à l’emploi et la volonté de prolonger notre addiction au pétrole. Au ministère, on rappelle que Shell prévoit le recours à la technique dite « des boues à l’huile ». Un risque de pollution, dans le cas de ce forage en offshore profond, qui pourrait menacer la biodiversité locale (tortues, cétacés, mangrove, oiseaux marins). Qui plus est, une ombre plane sur ce dossier, celle de la raffinerie de Petit-Couronne (Seine maritime), vendue par Shell en 2008 grevé par une dette environnementale énorme, le coût de la dépollution du site est évalué jusqu’à 300 millions d’euros. Pour Romero, il n’existe plus aucun lien juridique entre le groupe pétrolier et la raffinerie. Shell est coupable, mais refuse sa responsabilité… Les lois environnementales sont mal faites.

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ASPO, descente énergétique à partir de 2013-2015

Ouverture de la conférence de l’ASPO (association pour l’étude du pic péttroler et gazier) à Vienne le 30 mai 2012.

Selon son président, Kjell Aleklett, l’atterrissage risque d’être plus brutal que ce qu’annoncent les économistes : « Les lois de la physique sont plus fortes que les lois de l’économie« . La production de pétrole – non conventionnel inclus – est entrée depuis 2005-2006 dans une phase de plateau instable. Selon Robert Hirsch, ancien directeur de la prospection pétrolière chez Exxon, ce plateau arrivera à son terme et entamera une décrue de 5 à 7 % par an à partir de 2013-2015. Le monde, dont l’énergie est fournie à 85 % par les fossiles, sera confronté à des turbulences et des tensions comparables à celles qui ont accompagné les chocs pétroliers de 1973 et de 1980. A ceci près que, cette fois, il s’agit d’une évolution géologique irréversible et non pas d’une décision provisoire des pays de l’OPEP de fermer les robinets. Face à une telle urgence, les gouvernements devraient déjà préparer leurs populations à être confrontés à des pénuries.

Reste que les compagnies pétrolières gardent les données « sous le paillasson« , alors qu’il s’agit d’informations cruciales pour l’avenir. Pour sa dixième conférence, l’ASPO a invité l’OPEP et l’AIE ; les deux organisations ont décliné l’invitation. Aux Etats-Unis, c’est l’industrie pétrolière qui domine la politique et empêche la transition énergétique.

Texte complet d’Agnès Sinai sur

http://www.actu-environnement.com/ae/news/10-ans-aspo-pic-petrolier-15841.php4

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Gerondeau-Obama, des cornucopiens* du gaz de schiste

Pour Christian Gerondeau, aucune crainte d’un blocage énergétique à prévoir car nous avons de « L’énergie à revendre » (titre du chapitre 7 de son livre**) : « Le progrès technique ouvre l’accès à d’importantes sources de pétrole qui éloignent de nombreuses décennies la perspective de son épuisement… La fin du charbon n’est pas envisageable avant le XXIIe siècle… Le gaz de schiste couvrira les besoins des USA pendant bien plus de 100 ans. » Notons que Gerondeau n’envisage que des sources d’énergie non conventionnelles, affreuses pour l’environnement : sables bitumineux, biocarburants ou gaz de schiste. Gerondeau comme d’habitude aligne les contre-vérités : « Sur le plan des pollutions locales, le gaz naturel est très propre car il n’émet pas d’oxydes de soufre ni de particules (p.206)… Des milliers de puits sont forés chaque année sans conséquences négatives aux Etats-Unis (p.210)… Il n’existe aucune preuve que le CO2 émis par le gaz de schiste ait une influence significative sur le climat (p. 212). »

Il est vrai que fin janvier 2012 le président Obama avait lui aussi célébré le gaz de schiste : « Nous avons presque 100 ans de réserves de gaz naturel et mon administration va faire tout ce qui est possible pour développer cette énergie… On n’a pas besoin de choisir entre notre environnement et notre économie. » M. Obama a glorifié la technique de fracturation hydraulique qui, dit-il, n’aurait pas vu le jour sans l’appui de fonds publics. Comme Obama n’est pas à une contradiction près, il a aussi exhorté le Congrès à mettre un terme aux subventions à l’industrie pétrolière. Comme si gaz et pétrole n’étaient pas de la même engeance !

Critiquons l’aspect climatosceptique de Gerondeau-Obama grâce aux dernières études scientifiques. L’exploitation du gaz de schiste a un bilan en gaz à effet de serre équivalent, voire supérieur à celui du charbon***. En effet la fracturation de la roche entraîne un relâchement important de méthane, un gaz dont le coefficient de réchauffement est vingt-cinq fois supérieur à celui du dioxyde de carbone. Cela s’accompagne en outre de la formation de nombreux autres hydrocarbures nocifs pour la santé. Critiquons la perspective temporelle de Gerondeau-Obama qui se limite à un siècle à peu près, pas de quoi assurer l’avenir des générations futures. Il nous faut allonger l’horizon temporel des hommes politiques ; votons pour des candidats qui pensent aux conséquences en termes de siècles à venir…

* Un cornucopien est un illusionniste qui estime que les innovations technologiques permettront à l’humanité de subvenir éternellement à ses besoins matériels. Le terme lui-même vient du latin cornu copiae signifiant corne d’abondance.

** Christian Gerondeau, Ecologie, la fin (édition du toucan, 2012)

*** LE MONDE du 30 mai 2012, L’exploitation du gaz de schiste serait aussi nocive pour le climat que le charbon

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