énergie

le culte de la mobilité, irrationnel

Les pouvoirs publics se heurtent de front aux réseaux d’automobilistes antiradars. Jean-Michel Normand* excuse ces réactions épidermiques : « S’exposer plus facilement à des sanctions au volant de sa voiture va à l’encontre de nos modes de vie, toujours plus fondés sur la mobilité. » Un commentateur sur lemonde.fr en rajoute : « Beaucoup de conducteurs lents, qui ont peur en voiture, sont des dangers publics… ». Toujours plus vite, beaucoup plus loin et bien plus souvent est en effet un discours généralisé. Des députés UMP partent donc en croisade pour obtenir un assouplissement des contrôles de vitesse. Ce populisme de bas étage rencontre le silence assourdissant des socialistes et des Verts.

Mais élus et chauffards se trompent d’époque. La source du pétrole qui fait avancer leurs merveilleuses machines va bientôt se tarir. Il faudra prochainement adopter le mot d’ordre « moins vite, moins loin, moins souvent »… et beaucoup plus cher ! Nous tremblons par avance de tous ces automobilistes en colère, rejoints par les pêcheurs, les chauffeurs routiers et autres roulants, qui agresseront leurs députés et tout ce qui ne va pas dans leur sens, toujours plus de mobilité.

¨Pourtant, le pic pétrolier a eu lieu en 2006 et la quantité de pétrole disponible par Terrien est même en diminution depuis 1979. Le baril du baril va augmenter, inexorablement, sans qu’aucun politicard ou routard ne puisse décider du contraire. Il n’y a rien à faire contre les limites bio-physiques… il faudra rouler plus lentement.

* LeMonde du 29-30 mai 2011, La sécurité routière face au populisme automobile

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un laboratoire sans idées, le parti socialiste

Le laboratoire des idées du PS veut recycler le mitterrandisme. Son président, le député Christian Paul, annonce pour 2012 un « projet de redressement* ». Mais les seules propositions sont de parler « aux classes populaires du chômage, de l’emploi et du pouvoir d’achat, comme en 1981 ». Il est vrai que Mitterrand affirmait : « L’emploi, c’est la première de nos obligations. J’y consacrerai toute ma volonté ». Pendant sa campagne électorale, il annonçait : « Je serai en mesure de créer un million d’emplois jeunes durant l’année 1982 ». Malgré la cinquième semaine de congés payés et la semaine de 39 heures, le chômage est passé de 1 600 000 chômeurs en 1981 à 3  300 000 à la fin de l’année 2004 ! Dès 1983, alors que le chômage reprenait brutalement sa hausse, la priorité s’était inversé : le gouvernement, pour éviter la faillite financière à cause du déficit commercial mettait l’accent sur le redressement des finances publiques et la lutte contre l’inflation. Christian Paul ne prend pas les bonnes références historiques, il n’y a pas grand chose à reprendre du bilan de Mitterrand.

Christian Paul précise aussi que le PS va « aborder sans tabou la question du pouvoir d’achat, par le salaire, mais aussi par le blocage des loyers, en réduisant la facture d’énergie et de transport ». D’abord le salaire ne se décrète pas, il dépend de la bonne santé des entreprises et on ne peut pas dire que les perspectives économiques soient joyeuses. Ensuite tout blocage des prix empêche les ajustements et cela fait longtemps que la France a abandonné le principe d’une telle politique. Enfin, prévoir de réduire la facture d’énergie et de transport constitue une méconnaissance de l’avenir puisque la raréfaction des ressources fossiles nécessite l’augmentation du prix de l’énergie. Ce manque de réalisme de Christian Paul n’est pas étonnant, il n’y a pas au PS véritablement de laboratoire des idées qui fonctionne, ni d’ailleurs de comité scientifique, ni à plus forte raison de projection dans le futur : on en reste à l’héritage impotent de Mitterrand.

Christian Paul ferait mieux de lire le dernier livre de Jancovici. Il apprendrait que le pouvoir politique ne peut agir d’aucune manière sur le pouvoir d’achat : « Sans énergie, impossible de déplacer un objet (ou notre propre corps), illuminer ou chauffer une pièce, transformer un poisson dans l’océan en poisson dans notre assiette. Cette énergie fossile à profusion, c’est la véritable cause de la hausse de notre pouvoir d’achat. En clair, le pouvoir d’achat augmente quand le prix de l’énergie baisse. »

Or la rareté croissante va faire obligatoirement augmenter le prix de l’énergie fossile, donc le pouvoir d’achat va baisser, inexorablement… Les classes populaires ne voteront plus socialiste, mais extrême droite. On leur aura appris à suivre un discours populiste, si ce n’est démagogique.

* LeMonde du 25 mai 2011, Le PS ne doit pas oublier le peuple

NB : pour écrire cet article vide de contenu, Christian Paul a du se faire aider du sociologue Camille Peugny

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Laure Belot et la transition énergétique

Laure Belot et une journaliste du Monde qui peut aussi bien parler de Facebook et du smartphone que des Recycling Party. Autant dire que sa fibre écolo est très superficielle. Si elle développe un article* sur les achats de proximité, c’est pour faire le tour des sites d’achat direct auprès des producteurs, ce n’est pas pour montrer que là est notre avenir. Elle nous met en ligne avec les associations pour le maintien d’une agriculture paysanne, avec les producteurs de ta région, avec l’achat groupé de la ruche. Il faut donc être locavore, manger les produits locaux et oublier le bio qui vient de trop loin. Très bien, mais quelle serait notre motivation pour changer notre mode de consommation ? Laure Belot n’en sait rien, donc elle ne le dira pas. Pas grave, nous allons lui expliquer.

Les jumeaux hydrocarbures (pic pétrolier et réchauffement climatique) nous imposent une descente énergétique. Il ne s’agit pas de catastrophisme, mais d’une réalité. Le meilleur moyen est de tendre localement à l’autonomie alimentaire et énergétique. Chaque territoire doit élaborer un plan d’action de descente énergétique (Pade), ce qui peut rejoindre des pratiques locales existantes (plan climat local, AMAP, SEL, MAB, Velocité, point info-énergie, jardins partagés…) et permet d’instaurer une dynamique collective. Il s’agit donc d’assurer concrètement la transition énergétique.

Nous comprenons alors cet engouement pour se mettre à l’heure locale, les citoyens se préparent (inconsciemment) au prochain choc pétrolier ! Pour en savoir plus, Laure Belot peut lire le Manuel de transition de Rob Hopkins…

* LeMonde du 24 mai 2011, Les consommateurs se mettent à l’heure « locale »

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cachons les radars pour coincer les chauffards

LE sujet qui perturbe nos députés : la suppression des panneaux signalant la présence de radars fixes sur les routes. La démagogie de nos députés est sans égale, car rouler vite est criminel. Ce n’est pas simplement 4 000 morts chaque année en France suite à un accident de la route. Rouler vite est un crime contre la planète. En effet notre goût de la vitesse est en décalage complet avec la contrainte énergétique qui émerge : nous avons passé le pic pétrolier et le réchauffement climatique fait déjà ses effets. Comment diminuer d’un facteur 4 nos émissions de gaz à effet de serre sans modification lourde de nos habitudes ? Les députés ne représentent pas seulement des électeurs fous du volant, ils doivent agir au nom de l’intérêt général, celui des générations présentes comme celui des générations futures. « Se faire insulter » comme l’a été le député de Seine-et-Marne ou « en prendre plein la gueule » comme le député des Bouches-du-Rhône n’est pas une raison pour manquer à ses devoirs : ce ne sont pas les vociférations qui peuvent faire une politique. Le Premier ministre, de droite comme ses députés démagogues, leur rétorque à juste titre qu’il y a des « moments dans la vie politique où il faut assumer ses responsabilités ».

Nos responsabilités, nous les connaissons officiellement depuis 2005. L’Agence Internationale de l’Energie, cette officine chargée depuis 1974 de défendre les intérêts des pays consommateurs, avait changé de discours. Le mot d’ordre devenait dans son rapport annuel : « Economisez l’énergie, économisez le pétrole ! Et diversifiez-vous, s’il vous plaît. Sortez du pétrole ! » Le directeur des études économiques de l’AIE avait déclaré : « Le pétrole, c’est comme une petite amie, vous savez depuis le début de votre relation qu’elle vous quittera un jour. Pour qu’elle ne vous brise pas le cœur, mieux vaut la quitter avant qu’elle ne vous quitte. » L’AIE invitait donc les gouvernements à préparer une série de mesure, par exemple réduction à 90 km/h de la vitesse sur autoroutes…

En août 2005, le Premier ministre français avait réuni les dirigeants du secteur de l’énergie. Le ministre des transports avait fait valoir que si l’on réduisait la vitesse de 15 km/h sur autoroute, le prix du plein resterait le même qu’avant la hausse du pétrole ». Le ministre de l’industrie insiste : « Il  faut donner quelques signaux forts pour que tout le monde comprenne qu’il est concerné et pour longtemps par la hausse des prix du pétrole. On peut imaginer par exemple une réduction de la vitesse sur les autoroutes à 115 km/h ». Nous sommes en 2011, rien n’a été fait parce que les députés, de droite comme de gauche, écoutent les vociférations des automobilistes.

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moins d’étudiants, une obligation

Près d’un jeune sur trois souhaite être fonctionnaire*, c’est-à-dire de continuer à être à charge du reste de la société : bébé choyé, scolarisé très tôt, études (supérieures) et ensuite pantouflage ! Autant dire que c’est un rêve qu’il sera de plus en plus difficile à réaliser. En effet l’énergie fossile à profusion, véritable cause de la hausse de notre pouvoir d’achat et donc de notre capacité à nourrir des enfants et payer des fonctionnaires, va se raréfier. Tout choc pétrolier est suivi par une crise économique, c’est un fait incontournable.

C’est la croissance de la quantité d’énergie consommée par personne qui permet, en termes purement physiques, d’augmenter la productivité des gens qui travaillent. C’est cette productivité qui a pour conséquence d’assurer la nourriture, le logement, l’habillement, les loisirs, etc. des gens qui ne travaillent pas, les étudiants, ou qui vivent des impôts, les fonctionnaires. Comme l’écrit Jean-Marc Jancovici, « les études sont assises sur des consommations d’énergie importantes, et c’est bien ainsi que se lit la géographie actuellement : il n’y a beaucoup d’étudiants que dans les pays qui consomment beaucoup d’énergie**. Dans les pays moins favorisés, les étudiants sont sûrs de se retrouver au chômage, aucune révolution ou changement de régime ne permettra de changer cette donne et de donner des emplois de fonctionnaires pour tous. Dans les temps prochains, même les Etats « riches », déjà endettés, devront dégraisser le mammouth, continuer à réduire le poids de l’éducation nationale comme le poids de tous les autres services publics. Cette évolution a déjà commencé en France.

Jancovici, dans Le changement climatique expliqué à ma fille, nous donne la clé de l’avenir : « Les gens ne comprennent pas qu’en détruisant la planète, on détruit également les conditions de la stabilité et de la prospérité de nos descendants, et que les générations futures, c’est toi, ta classe de collège, et toutes les classes d’enfants du monde. On peut encore éviter le pire. Cela implique d’accepter de ne pas faire des études longues à la fac, mais de devenir agriculteur ou menuisier. »

* LeMonde du 20 mai 2011, questions sociales par Claire Guélaud (le blog du jour)

** Changer le monde, tout un programme de Jean-Marc Jancovici (calmann-lévy, 2011)

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la peine de mort, de 1981 à 2011

Le socialisme au pouvoir le 10 mai 1981, qu’en reste-t-il aujourd’hui ? Rien ! Le plan de relance économique a débouché en moins de deux ans sur un plan de rigueur. Les nationalisations tout azimut ont débouché sur des privatisations généralisées. Le 12 mai 1981, leMonde faisait le bilan de l’élection de Mitterrand : pas un mot de l’écologie alors que le pays avait déjà connu deux chocs pétroliers (1974 et 1979). Seule une petite mention sur le report massif des « votes verts » montrait que le socialisme sans l’écologie n’avait aucune perspective électorale. Et leMonde ce jour 11 mai 2011 est cinglant vis-à-vis du manque de vision toujours offert par le PS :

– Les socialistes en quête d’une stratégie électorale ;

– La synthèse socialiste, syndrome du non-choix.

                Une seule solution pour le PS, devenir un parti social-écologiste. Ce n’est pas avec leurs candidats déclarés ou prévisibles aux primaires que le miracle s’accomplira… Les socialistes continuent de rêver à la social-démocratie alors qu’il nous faudrait un Jaurès de l’écologie. Les socialistes doivent lire et s’informer, au lieu de pondre à la chaîne des textes conventionnels inutiles. Le dernier livre de Jancovici leur montrerait que l’énergie facile, l’énergie fossile qui va bientôt manquer, va être source d’un terrible blocage de notre société thermo-industrielle : « Un seul pari à notre disposition : organiser l’avenir social et industriel, donc social et politique, autour de la décarbonisation de nos activités. »* Mais aucun présidentiable, à part Nicolas Hulot, ne met son programme sous le signe du réchauffement climatique et du pic pétrolier. A cause  du manque d’énergie, même l’abolition de la peine de mort, une des 110 propositions phares de Mitterrand, risque de tomber aux oubliettes :

                « Entretenir une population en prison, c’est utiliser de la nourriture, des ressources et de l’énergie pour le bénéfice d’improductifs mis au ban de la société. Jusqu’à une époque somme toutes assez récente, on ne s’encombrait pas de ces bouches à nourrir : le sort commun du délinquant était la mort dans des délais assez rapides. Il est évident que, en univers énergétiquement contraint, ces mauvais souvenirs risquent de redevenir d’actualité. »*

Le bilan semble confirmé, il ne reste plus rien de l’héritage de Mitterrand…

* Changer le monde, tout un programme ! de Jean-Marc Jancovici  (Calmann-Lévy, 2011)

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laissons le pétrole sous terre

Le texte suivant a été écrit par Alain Hervé en décembre 1973, au moment du premier choc pétrolier marqué par un quadruplement du prix du baril. Il aurait pu aussi bien être écrit aujourd’hui, nous commençons à vivre le choc pétrolier ultime. Car il est vrai que les pays de l’OPEP vont garder de plus en plus leur pétrole pour leurs générations futures et pour leurs propres besoins. Les conséquences socio-économiques du pic pétrolier (nous avons  dépassé le maximum possible de quantité extraite du sous-sol) seront accentuées et d’autant plus terribles pour les pays importateurs de pétrole, la France en particulier. Ceux qui estiment ne pas pouvoir se passer de leurs voitures vont particulièrement souffrir, aucun politique cathodique ne leur ayant encore expliqué que vivre dans une banlieue non desservie par les transports en commun s’apparentait à un suicide :

« Le commerce pétrolier consiste à échanger une matière première qui devient rare contre du papier-monnaie. De ce papier, les principaux producteurs ont assez ; si les Bédouins du désert laissaient le pétrole en terre, il risque de doubler de valeur en un an. Pourquoi n’ont-ils pas coupé le robinet plus tôt ? Parce que les circonstances politiques ne s’y prêtaient pas et parce qu’ils ont eu le rapport du Club de Rome entre les mains. Ils ont eu l’occasion d’y lire que d’ici trente ans environ leur seul capital leur aurait été totalement extorqué et qu’il leur resterait le sable pour se consoler. Ils ont aussi compris à quel point les Occidentaux et leur fragile civilisation étaient devenus dépendants du pétrole. Gérants intelligents, ils ont donc décidé de vendre de moins en moins et de plus en plus cher. Logique, non ? Curieusement cette logique surprend tellement les occidentaux qu’ils refusent encore d’y croire. Le pétrole était entré dans les mœurs. On savait qu’un jour il se ferait rare, mais on ne voulait pas le savoir. On misait toutes les chances de l’industrie aéronautique française sur le supersonique Concorde. On savait qu’une flotte de 200 de ces avions aurait épuisé en cinq ans l’équivalent de la totalité du gisement de Prudoe Bay en Alaska, et cependant on construisait le Concorde.

Il faut dire que sans pétrole, adieu l’agriculture industrielle, adieu les loisirs, adieu la garantie de l’emploi, adieu la vie en ville… toute l’organisation économique, sociale et politique est remise en cause. Le château de cartes vacille. Et si ce n’est pas pour cette fois-ci, ce sera dans deux ans, dans cinq ans. Restriction, pénurie, disette, les machines ralentissent, s’arrêtent. La dernière explosion dans le dernier cylindre nous laisse apeurés, paralysés… libérés. En effet la société conviviale, désirée par Ivan Illich, peut naître, c’est-à-dire une société dans laquelle l’homme contrôle l’outil. » (source : mensuel Le Sauvage)

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Nicolas Hulot devient antinucléaire

Il y en a qui ne changent pas. Ainsi Giscard d’Estaing selon lequel Fukushima n’est pas un accident nucléaire, c’est simplement « un tremblement de terre suivi d’un tsunami ». Ainsi Nicolas Sarkozy pour qui Fukushima n’est qu’un prétexte pour vendre ses centrales de troisième génération. Et puis il y a Nicolas Hulot qui n’avait pas dit un mot du nucléaire lors de sa déclaration de candidature écolo le 13 avril.

Il reconnaît aujourd’hui qu’il a eu du mal à se forger une religion. Il était encore sous le coup de la propagande faisant du nucléaire une énergie propre, non émettrice (ou presque) de CO2. Mais « Sortir du nucléaire doit rester un objectif », car lui n’oublie pas ce qui vient de se passer à Fukushima : « Les hésitations que moi-même j’ai pu avoir, on ne peut pas s’accommoder de ça. C’est trop grave: des territoires qui sont quasiment à vie interdits, les conséquences écologiques et humaines. »

                Il y a donc les croyants de la société thermo-industrielle qui vivent avec des certitudes prométhéennes et pensent que les problèmes créés par la technologie seront résolus par un surplus de technologie. Et puis il y a Nicolas Hulot qui « dans beaucoup de domaines apprend, évolue. » Il s’engage même en tant que candidat, «  il faut un référendum en France qui soit dissocié de l’élection présidentielle ». Un référendum ? L’opinion publique va-t-elle se révéler antinucléaire ou pro-nucléaire ? L’évolution des consciences va-t-elle être plus forte que la pression du confort électrique ?

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le litre d’essence à 2 euros (suite)

L’éclairage public est réduit au strict minimum, des ascenseurs sont stoppés, les coupures tournantes d’électricité accompagnent la nécessité de vivre en faisant des économies d’énergie. Tel est le quotidien à Tokyo aujourd’hui, tel il sera demain un peu partout. Car nous allons vivre la fin du nucléaire ET la fin des énergies fossiles avant la fin de ce siècle, autant nous y préparer. Pourtant le gouvernement fait l’inverse. Matignon a pris un ensemble de mesures pour « limiter l’impact du prix de l’énergie sur le pouvoir d’achat ». Par exemple des déductions fiscales pour les professionnels utilisant beaucoup leur voiture. Les compagnies pétrolières sont mises à contribution financière. Il n’y aura « pas de hausse du prix du gaz avant la présidentielle » ! Or la France importe tout son pétrole et tout son gaz naturel et l’Europe n’est pas en reste. Pierre Chalmin** est clair : « Le message du marché est donc que les énergies fossiles demeurent rares, coûteuses à extraire et proviennent de régions dangereuses et instables. Et comme en plus elles polluent, il faut donc payer le prix de la rareté et de la saleté. Voilà ce qu’il faut dire aux Français plutôt que de leur faire croire que les princes peuvent faire des miracles économiques. »

René Dumont était encore plus clair lors de sa campagne présidentielle en 1974 : « Quel monde laisserons-nous à nos enfants ? En surexploitant les combustibles fossiles, on vole les ressources des générations futures. Il faut reconnaître que l’ensemble de la classe ouvrière française profite par son système de vie de l’exploitation de la richesse du Tiers-Monde. Chaque fois que vous prenez votre voiture pour le week-end, la France doit vendre un revolver à un pays pétrolier du Tiers-Monde. Sait-on que si tous les habitants du globe consommaient autant de pétrole que les Américains, les réserves prouvées ne tiendraient guère plus d’un an ? Pour faire 10 000 km, on consacre 150 heures à sa voiture (gain de l’argent nécessaire à l’achat et à l’entretien, conduite, embouteillage, hôpital). Cela revient à faire 6 kilomètres à l’heure, la vitesse d’un piéton. Le type de société que je propose est une société à basse consommation d’énergie. Cela veut dire que nous luttons par exemple contre la voiture individuelle. Nous demandons l’arrêt de la construction des autoroutes, l’arrêt de la fabrication des automobiles dépassant 4 CV… »***

Telle devrait être la politique d’un gouvernement responsable, laissée sans suite depuis 1974 par les gouvernements de droite comme de gauche. Et maintenant, le litre à 10 euros ne serait que justice écologique…

* LeMonde  du12 avril 2011, Le quotidien déréglé des millions de Tokyoïtes

** LeMonde – supplément économique, Le prince thaumaturge et le prix du gaz

*** La campagne présidentielle de René Dumont, les objectifs de l’écologie politique (1974)

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le litre d’essence à deux euros…5…10…

Le litre d’essence bientôt à deux euros ? C’est pas moi qui le dit, c’est le PDG du groupe pétrolier Total !*

Pour une fois nous sommes d’accord avec un technocrate du système thermo-industriel. Rien de mieux qu’un litre d’essence à 10 euros pour lutter contre le réchauffement climatique et commencer à économiser la précieuse énergie fossile !

* LEMONDE.FR avec Reuters | 12.04.11 | Le PDG de Total juge le litre d’essence à deux euros inéluctable

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nucléaire et démocratie ne vont pas bien ensemble

Il n’y a rien de plus démoralisant dans un pays qui se dit démocratique que la rétention d’informations cruciales quand chacun se doit être absolument transparent pour payer ses impôts. Au Japon, le nucléocrate Tepco a toujours essayé de cacher le maximum de choses. Comme l’industrie nucléaire tient les médias dans sa main par l’intermédiaire de la pression publicitaire, la grande presse* n’a donné sur Fukushima que des informations insuffisantes et parcellaires. Et le lobby nucléaire depuis toujours a marché main dans la main avec le gouvernement…

                En France, la situation est similaire. Nous avons déjà analysé le point de vue nucléocrate de la CGT-énergie : les centrales, c’est l’anesthésie sociale, du boulot à la clé, de l’argent qui arrive. Nous connaissons l’attachement du parti socialiste au nucléaire : même sa commission nationale à l’environnement est traditionnellement noyautée par le CEA et Areva. Et pas besoin de vous faire un dessin sur l’opinion  du marchand de centrales qui se croit président, Sarkozy. Même sur le démantèlement règne le « secret d’Etat »*. LeMonde fait une analyse du démantèlement de la centrale de Brennilis*, mais cela aussi nous l’avons déjà développé. Nous pouvons ajouter aussi le casse-tête de Superphénix, un démantèlement à haut risque. Au lourd héritage des déchets radioactifs, s’ajoutera pour les générations futures le fardeau financier du démantèlement. Autant dire qu’il s’agit de refiler une impossibilité majeure. La préférence pour le présent est une plaie du monde dit moderne.

                Car beaucoup s’accrochent encore au nucléaire et rêvent de lendemains où la technologie nous sauvera des errements techniques d’aujourd’hui : ASTRID, ITER, OGM, nanotechnologies, géo-ingénierie… Il nous faut inventer une nouvelle laïcité qui ne séparera pas seulement le politique et la religion, mais aussi l’économique et la religion technologique !

* LeMonde du 1er avril 2011,

Les grands médias japonais sont désormais plus critiques.

Le coût réel de la fin de vie de la filière nucléaire : un « secret » d’Etat.

A la centrale de Brennilis, un démantèlement sans fin.

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Ghislain Nicaise et la quatrième génération

Dans les années 70 j’ai consacré une partie non négligeable de mes loisirs à participer à des débats publics sur l’énergie nucléaire. Pourquoi évoquer ces souvenirs d’ancien combattant dans l’actualité nucléaire ?

La dimension du problème nucléaire au Japon a amené ces jours-ci de nombreux commentateurs à se pencher sur l’avenir du nucléaire ailleurs qu’au Japon et particulièrement en France, pays densément équipé. A plusieurs reprises, la constatation que les réserves d’uranium fissile sont limitées a été évoquée et certains intervenants de mentionner la venue attendue des réacteurs de 4e génération. Cette seule dénomination sent l’arnaque ou, selon le point de vue, la promotion.

Alors que la troisième génération a de la peine à se mettre en place, quatrième, cela suggère une vision de futur et de progrès, or il s’agit seulement de réacteurs à neutrons rapides, une solution conçue il y a plus d’un demi-siècle, essayée dans plusieurs pays, et qui a été abandonnée à quelques exceptions près. Les pro-nucléaires convaincus vous diront : la France a failli réussir avec Superphénix mais les écolos ont tout gâché. Effectivement, le gouvernement Jospin a arrêté ce réacteur en 1997 sous la pression des Verts, il connaissait de multiples pannes dont une avait duré plus de 3 ans. L’Inde annonce le démarrage de son premier fast-breeder pour septembre 2011. Le seul réacteur de cette filière en fonction aujourd’hui est russe, il  ne marche pas au plutonium comme Superphénix mais à l’uranium enrichi, ce qui n’est pas une solution à la pénurie de combustible.

Le retour à l’utilisation de réacteurs à neutrons rapides relève de la croyance que l’humanité s’en tirera toujours grâce à des innovations techniques toujours plus pointues. A cette attitude religieuse on doit opposer la laïcité du bon sens qui veut que les énergies renouvelables et les économies d’énergie sont plus fiables, moins dangereuses, plus durables et, il est toujours utile de le rappeler, plus créatrices d’emplois.

Ghislain Nicaise sur le site du Sauvage

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Laurent Samuel et l’information nucléaire

Quand ça change, ça change

Dans les années 1970, la tâche des journalistes spécialisés en nature et environnement qui souhaitaient informer sur le nucléaire civil était à la fois simple et redoutablement difficile : face au black-out quasi-total de l’information, il leur fallait d’abord dénicher des données critiques, souvent apportées par des associations comme l’APRI (Association pour la protection contre les rayonnements ionisants), créée par un instituteur de campagne, Jean Pignero, par des scientifiques non inféodés au lobby atomique, qui allaient bientôt lancer le GSIEN (Groupement des scientifiques pour l’information sur l’énergie nucléaire), toujours actif près de 40 ans plus tard, ou par des syndicalistes CFDT comme Bernard Laponche, lui aussi encore sur le pont ! Après quoi, les journalistes devaient convaincre des rédacteurs en chef réticents de sortir ces infos. A l’époque, la « grande presse » (y compris Le Monde) et l’ORTF étaient quasi fermées à toute critique de l’atome pacifique. Quant aux responsables d’EDF, du CEA ou de Framatome, ils nous assuraient que tout était sous contrôle et qu’un accident était impossible.

.                Aujourd’hui, à l’heure de Fukushima, cette politique du déni et du secret n’a pas totalement disparu. Au Japon, l’opérateur Tepco et les autorités publiques fournissent des informations fragmentaires et parfois contradictoires sur la situation dans les réacteurs et ses conséquences radiologiques. On peut consulter à ce sujet le blog Fukushima Leaks (littéralement : les fuites de Fukushima) qui répertorie sur 30 ans les mensonges de Tepco, dont ce communiqué en date du 11 mars 2011 certifiant que les réacteurs de Fukushima ont été arrêtés en « toute sécurité ». En France même, un responsable du réseau Sortir du Nucléaire a été poursuivi il y a quelques années pour avoir enfreint le « secret défense » en rendant publiques des informations sur les risques d’attaques terroristes sur le centre de retraitement de La Hague.

.               Mais force est de reconnaître que les choses ont bien changé dans notre pays depuis 1986, lorsque le Pr Pellerin avait tenté de nous faire croire que le nuage de Tchernobyl avait contourné la France ! Désormais, la presse dans sa majorité  est devenue très critique sur le nucléaire. Les journalistes font leur travail, y compris Michel Chevalet, jadis chantre inconditionnel de l’atome, qui, sur iTélé, ne dissimule nullement la gravité de la situation à Fukushima.

.               Autre évolution importante : on a vu apparaître, puis s’affirmer, des organismes qui, pour être officiels, n’en ont pas moins acquis une certaine indépendance par rapport à EDF, AREVA et au gouvernement : l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) et l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire). Avec malgré tout des limites : après avoir déclaré le 30 mars envisager d’imposer un moratoire sur le chantier du réacteur EPR à Flamanville (lire ici), André-Claude Lacoste, président de l’ASN, s’est rétracté dès le lendemain sur France Info (écoutez ici).

.               Pour les journalistes, les sources d’information se sont diversifiées car, parallèlement, des associations comme la CRIIRAD, Global Chance et Wise ont renforcé leur expertise et assis leur crédibilité.

.               Reste que, face à cet afflux constant (on n’ose employer le terme tsunami…) de faits et d’images apportées par le net et les chaînes d’info continue, le citoyen balance souvent entre résignation catastrophiste et désir d’être rassuré par les discours lénifiants ou relativistes (le charbon tue plus que l’atome) du dernier carré des pro-nucléaires. C’est pourquoi le rôle des journalistes spécialisés doit être, plus que jamais, de s’employer à mettre les événements en perspective, notamment historique. Depuis les lendemains de la catastrophe de Fukushima, le site des JNE (dont de nombreux membres comme Jean Carlier, Claude-Marie Vadrot, Nicole Lauroy, Hélène Crié, Dominique Martin Ferrari ou l’auteur de ces lignes ont joué un rôle pionnier pour l’information critique sur le nucléaire) s’efforce de remplir cette mission, en multipliant articles, tribunes et liens. Que vous soyez ou non membre de l’association, n’hésitez pas à y apporter vos contributions en nous contactant sur asso.jne@free.fr.

.Rédacteur en chef du site des JNE, Laurent Samuel anime plusieurs blogs, dont l’un est consacré à l’écologie : http://laurent-samuel.over-blog.com/.

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le PS va sortir du nucléaire

Martine Aubry vient de lâcher sa bombe atomique, « Je crois qu’il faut sortir du nucléaire »*. Indéniable changement  de politique. Dans sa motion au Congrès de Reims (novembre 2008), Martine Aubry écrivait en effet le contraire : « S’agissant du nucléaire, le fonctionnement et le renouvellement de la filière, dans notre pays, doivent se faire. » Même la motion des environnementalistes du Parti (le pôle écologique) n’avait pas une tonalité différente, sauf qu’elle était basée sur la langue de bois : « Le Parti socialiste doit confirmer le choix de ne pas poursuivre aujourd’hui l’implantation en France de la filière de réacteur EPR de troisième génération ». Ce qui veut dire en termes clairs qu’il est possible d’exporter l’EPR et que demain nous pourrons en construire en France ! La ligne du parti est donc traditionnellement pro-atomique et François Hollande persiste et signe aujourd’hui encore : « Un candidat socialiste à la présidentielle ne peut pas prétendre sortir du nucléaire »*.

Selon nos sources, Hollande se contente de penser à un plan de transition énergétique sur 10 ans pour « positionner la France sur les marchés des technologies propres, porteuses de croissance à long terme (énergies renouvelables, stockage de l’énergie, éolien, photovoltaïque, véhicules propres, voitures électriques) ». Nous avons là un résumé de l’idéologie qui imprègne encore ce parti, une optique croissanciste, basée sur les illusions de technologies « propres », ignorant de la nécessité première d’économiser l’énergie… Il est impossible de savoir ce que pense Strauss-Kahn du nucléaire, il ne peut que penser comme le parti !

                Pourtant la sortie du nucléaire devra être programmée car la seule vision possible d’un avenir durable est d’aller vers des besoins en énergie strictement égaux à nos capacités d’énergies renouvelables. Comme le nucléaire n’est pas une énergie renouvelable, il doit être abandonné… Martine, va jusqu’au bout, admet que notre consommation d’électricité doit être comparable à celle qui existait dans les années 1950 !

* LeMonde du 29 mars 2011. Sur le dossier nucléaire, Martine Aubry est prise entre deux feux

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Fukushima, détail de l’histoire pour VGE

                LeMonde offre une pleine page* pro-nucléaire à Valéry Giscard d’Estaing. Droit dans ses bottes, VGE n’a pas varié d’un pouce depuis bientôt quarante ans : « Le choix de la France du nucléaire en 1973, confirmé et amplifié en 1975 au début de mon septennat, tenait au fait que la France n’avait plus d’énergie disponible sur son territoire. Il n’a jamais été remis en cause par les gouvernements successifs. » Comme chacun sait, « Fukushima n’est pas un accident nucléaire, c’est un tremblement de terre suivi d’un tsunami ». Et VGE d’enfiler les mêmes arguments que Mme CGT d’EDF : « Songez que 40 % de la population indienne n’a pas accès à l’électricité… C’est une énergie qui n’émet pas de CO2… Il n’y a pas suffisamment de pétrole pour répondre aux besoins des trente prochaines années…Nous n’avons pas à notre disposition d’énergies de remplacement en quantité suffisante… Le solaire ne peut pas répondre à l’ampleur de nos besoins… L’énergie éolienne coûte deux à trois fois plus cher que le nucléaire…» A croire que VGE récite un tract. Rien sur les risques de la radioactivité, sur l’impossibilité de traiter durablement les déchets, sur le fait que c’est une énergie centralisée et policière, rien sur les réserves d’uranium qui ne sont pas plus importantes que celle de gaz, rien qui puisse mettre en doute sa croyance.  

                Pourtant un entrefilet du même numéro** devrait semer le doute : « La déconstruction complète du réacteur de Brennilis (mis en service en 1967, arrêté en 1985) pourra être envisagé à partir de 2013. » Des incertitudes subsistent encore quant à la marche à suivre. D’ici à cet été, l’autorisation de reprendre les opérations pourrait être donnée, à l’exclusion du démantèlement du cœur du réacteur. En cause, la gestion des déchets hautement irradiés pour lesquels aucune solution pérenne ne serait mise en place avant…2025. Un réacteur fonctionne donc beaucoup moins d’années qu’il n’en faut pour essayer de le démolir ! Dans un rapport de mars 2010, une commission d’enquête a regretté l’absence d’infrastructures adaptées pour la gestion des déchets nucléaires (radioactifs de haute activité à vie longue) provenant de la centrale. Le coût précis du chantier de Brennilis n’est pas dévoilé. Notons qu’il s’agit seulement d’une petite unité de 70 MW et que Brennilis n’est qu’un des huit réacteurs nucléaires de la première génération, arrêtés et désormais en attente de démantèlement, auquel il faut ajouter Superphénix à Creys-Malville. Les générations futures ont de fortes chances de supporter une radioactivité que les gouvernements n’auront pas su gérer…

                La sortie du nucléaire ne sera pas une partie de plaisir, mais  Valéry Giscard d’Estaing ne regrette rien : il sera déjà mort quand son programme nucléaire entraînera de vrais soucis.

* LeMonde du 25 mars 2011, VGE, l’atome tranquille (en page 3)

** LeMonde du 25 mars 2011, Le réacteur de Brennilis bientôt démantelé ?

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CGT, pronucléaire ! L’aliénation syndicale…

Nous ne pouvons pas oublier que dès les premières réunions mettant en question le nucléaire à la fin des années 1970, les salariés CGT étaient dans la salle pour  défendre leur outil de travail ; un salarié voit d’abord son gagne-pain, il ne s’interroge pas vraiment sur la finalité de ce qu’il produit. Aujourd’hui sur un chat du monde.fr*, une responsable de la CGT-Nucléaire, Mme Cailletaud, ne fait pas exception malgré Fukushima. Mme CGT commence par ne pas répondre à la première question : Existe-t-il en France des salariés prêts à être envoyés « au charbon » en cas d’accident, comme à Fukushima ? Sont-ils volontaires ? Que risquent-ils ? Il est vrai que la maintenance des centrales en France est faite par des sous-traitants ; les salariés les moins bien payés et les plus exposés ne sont pas en général syndiqués. Mme CGT ne répond pas à la question de la vétusté des centrales ; elle se décharge sur l’avis de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire). Mme CGT nous claironne que le nucléaire est incontournable ; elle oublie que toutes les centrales nucléaires ont été construites à grands renforts de compagnies de CRS, la démocratie n’a jamais eu son mot à dire pour le nucléaire civil. Mme CGT sait que nous sommes dépendants de l’uranium étranger : elle élude le pillage et la contamination du Niger, elle se contente d’affirmer que « les ressources fossiles doivent être considérées comme des biens publics mondiaux » !

Mme CGT ne voit que le côté production, le « mix » énergétique, le photovoltaïque, la génération 4, le charbon propre, la recherche, ITER ; elle appelle à son secours les « 2 milliards de personnes sur la planète qui sont encore privées d’électricité » ou « les 3,4 millions de foyers en précarité énergétique ». Pour Mme CGT, « il est impossible de se passer du nucléaire, cela impliquerait de réduire de 50 % notre consommation ». Mme CGT répète son catéchisme sur le nucléaire nécessaire vu la raréfaction des ressources fossiles et le réchauffement climatique. Comme si notre boulimie d’énergie volée à la nature avait réduit les inégalités sociales et apporté le bonheur sur la terre ! Mais Mme CGT persiste et signe : « La position de la CGT, très clairement, n’est pas pour une sortie du nucléaire. Il n’y a aucune ambiguïté là-dessus. » Comme si les réserves d’uranium étaient infinies et le problème des déchets négligeable : «  Je me permettrai de dire qu’il y a peu d’industries qui se soucient dès le départ de la sûreté et de la gestion des déchets qu’elles produisent. Il n’est bien entendu pas question de minimiser ce sujet, mais dans ce débat, il nous faut répondre à une question essentielle : est-ce que l’urgence, ce sont les émissions de CO2, et donc la sortie des ressources fossiles, ou non ? »

Le niveau d’aliénation d’une salarié CGT du nucléaire peut atteindre des sommets… car l’essentiel n’est-il pas de « mettre sur le tapis les conditions de travail et l’organisation du travail ». Mme CGT devrait faire une  cure de désintoxication au sein du réseau Sortir du nucléaire . On lui montrerait que puisque nous sommes capables de rendre la biosphère invivable pour des siècles, nous pouvons aussi bien nous passer progressivement du nucléaire. Le scénario Négawatt a montré que c’était possible, il repose sur une priorité de premier rang, les économies d’énergie.

* chat lemonde.fr du 22 mars, il est impossible aujourd’hui de se passer du nucléaire

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le PDG d’EDF, adepte de la filière inversée

                Le PDG d’EDF, Monsieur Proglio*, a le culot de nous imposer ce qui se passera dans des dizaines d’années : « La demande mondiale d’énergie devrait doubler d’ici à 2050, même avec un effort d’économies d’énergie deux fois plus important que celui réalisé dans l’OCDE des dernières années. » Sur quoi base-t-il ses prédictions, on ne sait. Par contre nous sommes sûr d’être en présence avec ce pronostic d’un exemple de filière inversée. Proglio et consorts veut investir pour produire toujours plus d’électricité et de profit. Ensuite il imposera aux consommateurs ses choix de production, comme EDF l’avait d’ailleurs déjà fait avec le chauffage électrique, devenu une « nécessité » des ménages. La théorie du consommateur-roi, qui décide de ses choix, est une imposture.

Non, Monsieur Proglio la demande d’énergie ne doublera pas d’ici 2050 car le pic pétrolier et le réchauffement climatique nous imposent déjà une descente énergétique. Certains l’ont compris. Les plans climat en action ici et là, la volonté de l’UE d’économiser l’énergie, les campagnes de l’ADEME vont dans ce sens. Mais Monsieur Proglio défend les intérêts de son entreprise, produire pour produire. Monsieur Proglio va à contre-sens, il n’agit qu’en fonction de ses actionnaires, il ne pense pas que l’avenir, c’est d’économiser l’énergie, il ne peut pas penser en dehors de son idéologie d’entreprise. Or vouloir une augmentation de la demande, c’est faciliter la flambée des prix de l’énergie, c’est impacter les prix des denrées alimentaires et provoquer des troubles sociaux sans précédent. Monsieur Proglio, nous vous demandons de réfléchir.

A chacun de faire parvenir ce message à Monsieur Proglio…

* LeMonde du 19 mars 2011, Sûreté des installations, notre obsession

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Fukushima, problème technique ou existentiel ?

Un tremblement de terre et un tsunami pourraient faire de Fukushima le révélateur du dépassement des limites de notre technologie. Car la vraie catastrophe, c’est le développement techno-indusriel, ce ne sont pas les soubresauts de la nature. C’est le point central à quoi tout le reste se ramène, qu’il s’agisse du nucléaire, des pollutions diverses, des 13 millions d’habitant entassés à Tokyo, etc. Refuser la société industrielle a un sens, refuser le nucléaire c’est libérer l’homme de la technique.

– Pour contrôler les dangers de moyens de plus en plus puissants et fragiles parce que complexes, gérer un espace et des ressources qui s’épuisent, prévoir et maîtriser les réactions humaines qui empêcheraient de le faire, la société industrielle est obligé de renforcer l’organisation. Nous constatons que le ravage de la terre et des mers va de pair avec la prolifération désordonnée des techniques de contrôle social sur les peuples et les individus. L’écofascisme a l’avenir pour lui. C’est là le premier danger d’une économie nucléarisée. Notre paradoxe est de devoir nous hâter lentement, sommés de réfléchir dans une maison qui prend feu. L’écologie est la marraine de la révolte contre la société techno-thermo-industrielle, pas seulement le parrain des manifestations anti-nucléaires.

– La technique est déterminante dans la société industrielle en la rendant toujours plus massive et centralisée : technique nucléaire = technique dure. Un bon usage de la science et de la technique suppose un renversement copernicien : créer les moyens de sa société au lieu de la société de ses moyens. En choisissant l’énergie électrique sans mettre en cause le développement, on en arrive à soutenir le TGV et on ignore la vraie question, pourquoi aller plus vite ? Le solaire photovoltaïque lui-même, dans le cadre du développement, devient technique dure en recouvrant tout un canton d’un linceul funèbre. Et bien entendu cette technique concentrée tombera aux mains des trusts ou de l’Etat. D’ailleurs cela commence. Si l’on veut changer la vie, il ne suffit pas de s’en prendre au nucléaire, il faut changer la technique en adoptant des techniques douces et décentralisées. Pas de société conviviale sans technique douce à l’usage, douce à la reproduction du savoir-faire, douce à la Nature. Pour avoir un comparatif sur techniques douces/dures, voir sur ce blog.

On en revient toujours à la véritable raison d’être du mouvement écologique : non pas établir le paradis sur terre, mais y éviter l’enfer. Avec un fil conducteur : la nature quand on l’écoute nous enseigne nos limites. Et puis lisez Le Feu vert de Bernard Charbonneau (1980, réédition Parangon 2009) ; tout était déjà dit !

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Fukushima et la bombe atomique

Incohérence humaine ! L’importante mobilisation militante pour contester les centrales nucléaires sous le prétexte de Fukushima ne s’en prend jamais à la bombe atomique. Pourtant on ne peut distinguer nucléaire civil et nucléaire militaire, une centrale nucléaire n’étant qu’un sous-produit de la recherche militaire depuis le projet Manhattan qui a permis de rayer d’un seul coup deux villes japonaises. Technologie et matière sont les mêmes et les déchets des centrales peuvent alimenter les bombes. Le Commissariat à l’énergie atomique gère d’ailleurs en France indistinctement le civil et le militaire. Ces deux branches jumelles sont des institutions centralisées, opaques, régies par des technocrates, relevant du secret d’Etat. Avec la dissuasion nucléaire, il s’agit de défendre des intérêts vitaux (non définis) contre une menace (strictement potentielle) avec un peu à moins de 300 têtes nucléaires. Elles sont destinées à des populations civiles ; ce qui devrait poser un problème de conscience aux militaires eux-mêmes. Exterminer l’ennemi de façon massive, de loin et sans même l’avoir vu, adultes et enfants indistinctement, c’est le contraire de toute guerre juste, de tout honneur et de toute gloire. Puisque la légitimité de la lutte, c’est la défense, alors l’arme absolue qui s’impose sans protection possible est absolument mauvaise.

Les armes sont devenues trop dangereuses pour être employées, donc fabriquées. La dissuasion nucléaire est un résidu sinistre de la guerre froide dans un monde globalement sécurisé. L’assurance-vie d’une nation ne peut plus reposer sur des armes de destruction massive, seulement sur la volonté de tout un peuple à  rejeter toute dictature humaine ou technologique sur les corps et les esprits. La bombe est l’aboutissement ultime de l’évolution technique qui dépossède les humains de leur autonomie. Dorénavant nous savons que les véritables menaces ne sont plus d’ordre géopolitique, mais écologique : elles portent pour nom pic pétrolier, réchauffement climatique, épuisement des ressources naturelles.

S’éclairer à la bombe atomique, ce n’est pas très raisonnable. Mais continuer à produire des armes nucléaires, c’est carrément de la folie furieuse. Sortir du nucléaire, c’est à la fois démanteler les centrales nucléaires et l’arsenal militaire. Mais la gauche écolo se polarise aujourd’hui sur le nucléaire civil et a oublié depuis longtemps que nous devrions tous être des objecteurs de conscience…

NB : pour avoir une analyse exhaustive sur la défense civile non violente, sur le site biosphere

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après Fukushima, ce sera comme avant

L’histoire est immobile, les sociétés humaines n’apprennent rien de leurs erreurs. La preuve, malgré notre cerveau, notre capacité d’empathie et notre possible compassion, le paradis n’a pas été institué sur Terre. La seconde guerre mondiale a succédé à la première guerre mondiale, Staline et Kadhafi suivent une longue lignée de dictateurs sanguinaires et Fukushima veut imiter Tchernobyl. D’ailleurs, s’il y avait la paix sur Terre, il n’y aurait plus de centrales nucléaires ou thermique, il n’y aurait plus d’armes et d’armées, les couples et les collectifs ne vivraient pas d’incessantes petites guerres pour le pouvoir. Nous serions heureux sans Produit Intérieur Brut. Dans sa chronique Hervé Kempf constate comme nous que la marée noire du golfe du Mexique n’a pas infléchi la course avide au pétrole, de la même manière que la crise financière de 2008 n’a pas conduit à une refonte du système financier. Et il ajoute que l’accident de Fukushima pourrait ne pas obstruer durablement le cours d’une augmentation constante de la consommation énergétique.

                Après Fukshima, ce sera donc comme avant. Sauf que la planète se fâche et nous tape sur les doigts ! Elle nous donne gratuitement ses richesses fossiles, mais le réchauffement climatique nous indique que nous avons eu tort de les piller. Nous avons dérobé le feu de l’énergie de la matière, la fission, mais les radiations nous suivront encore longtemps. Nous combattons les maladies avec des antibiotiques, mais les bactéries mutent et nos médicaments deviennent impuissants. Nous transgressons la barrière des espèces avec les organismes génétiquement modifiés, mais les insectes s’adaptent à nos insecticides. Nous ne serons jamais plus forts que la nature. Et si nous continuons à ne plus suivre ses lois telles que le mutualisme et le recyclage absolu, nous irons à l’échec. Il nous faut donc abandonner notre anthropocentrisme et utiliser des techniques douces à l’homme, douces à la nature.

                « L’heure est venue de reconnaître nos limites, de cesser de croire que nous pouvons dompter la nature grâce à la technique. Les avertissements s’accumulent, depuis le naufrage du Titanic jusqu’à la catastrophe pétrolière du golfe du Mexique, en passant par celle de l’usine chimique de Bhopal. Un monde plus sûr ne peut être qu’un monde qui respecte la nature, et encourage la sobriété plutôt que la satisfaction d’exigences matérielles démesurées. » (propos de Wolfgang Kromp**)

* LeMonde du 16 mars 2011, L’énergie est politique

** LeMonde du 15 mars 2011, Il faut cesser de croire que l’on peut dompter la nature grâce à la technique

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