sports et loisirs

SUV ou Climat, faut savoir choisir !

200 millions de SUV vendus en 2018, désastreux ! Le boom des Sport Utility vehicle menace de réduire à néant les tentatives du secteur automobile de réduire ses émissions de dioxyde de carbone (CO2) a prévenu l’Agence internationale de l’énergie (AIE). Son directeur, Fatih Birol, tape aussi sur les véhicules électriques : « Est-ce synonyme de décarbonation ? Absolument pas, la moitié roulent en Chine, où les deux tiers de l’électricité sont produits par des centrales à charbon. » Nos errements se multiplient. Dans un rapport publié eni 2012, l’Agence internationale de l’énergie soulignait l’importance des impacts environnementaux du gaz de schiste : « Ce n’est pas un problème, c’est «LE» problème », indiquait Fatih Birol. Dans son rapport annuel 2010, l’AIE affirmait : « La production de pétrole conventionnel a atteint son pic historique en 2006, elle ne le redépassera jamais. Si aucun changement majeur n’intervient avant 2017, il sera impossible de tenir l’objectif d’une hausse maximale des températures de 2 °C d’ici à 2050. ». C’est en 2005 que l’AIE publiait la première édition du rapport « Economiser l’électricité en urgence ». Quelques commentaires sur lemonde.fr :

Adrienne : Je suis stupéfaite par le manque de précision et le parti-pris de l’article. Je roule en SUV depuis 15 ans avec l’option 4X4, le premier consommait autour de 8l/100, le suivant était autour de 6,2, le dernier en attente de livraison est annoncé à 5l/100 (mais moins spacieux). Comment partir à la montagne pour le week-end à 4 avec 4 paires de ski et/ou snowboard et un chien de 35 kg avec une petite auto électrique (budget achat équivalent) ou prendre un autre moyen de transport quand on doit atteindre un hameau enneigé tard le soir ?

XXX : Je crois que votre problème va trouver sa solution d’ici peu: il y a de moins en moins de neige en Montagne et d’ailleurs avec la fonte du pergélisol il paraît qu’elles sont en train de s’effondrer. Et puis dans 10 ans votre chien sera mort et vos enfants ne partiront plus avec vous. Patience et courage !

Chriss : Si c’est pas l’exemple parfait de ce qu’on appelle « soucis de riches » ! Sans parler du côté égocentrique… Presque caricatural. Oulalah, et si on m’interdit de prendre l’avion, comment je vais faire pour mon weekend shopping à New York ! Vous ne vous rendez pas compte ! Dur la vie !

Edouard kidi : c’est en effet stupéfiant. Comment partir à la montagne en 4X4 pour skier sur de la neige artificielle produite par des canons à neige qui consomment moult énergie? Et faire une belle randonnée sur la moraine qui a remplacé le glacier disparu? Il faut assumer. Ou changer.

Michel SOURROUILLE : De toute façon les SUV ne sont qu’un des aspects du problème, on multiplie à l’heure actuelle tout ce qui consomme de l’énergie pour le simple plaisir, quads, jet ski, trottinettes électriques et autres gadgets motorisés. Notons pourtant que notre inconséquence a cela de bon que le choc pétrolier arrivera plus vite, soulageant par ce simple fait le climat, mais nous ne sommes pas du tout préparés à changer de mode de vie. Comment arriver à se priver d’un véhicule individuel quand le prix de l’essence sera multiplié par deux ou trois ?

Long spoon : Le vrai problème est le coût dérisoire de l’énergie qui permet de se déplacer sans effort assis sur 2 tonnes de ferraille. On peut ajouter que tout le pétrole extrait du sol finit dans l’atmosphère que l’on respire, SUV ou pas. Faudrait arrêter de se prendre pour Superman.

Oiseau sceptique : On ne peut pas accuser les constructeurs systématiquement, ils vendent ce que veulent leur clients ce qui est la base du commerce libre. Les vendeurs de voiture ne sont pas des saints: ils faut qu’ils bouffent, paient les traites de la maison rurbaine et les déplacements des enfants qui vont au sport. La seule chose qui peut arrêter la mode des SUV est une augmentation importante du prix du carburant, mais il parait qu’il ne faut pas martyriser les Gilets Jaunes !

Violette : Pourquoi n’interdit-on pas aux constructeurs automobiles de produire ce type de véhicule ?

Tsssssss : Juste sous l’article, au moment où je lis, deux pubs « outbrain » pour deux SUV, une pour une crossback E-tense, l’autre pour une autre Citroën (dont j’ai oublié le nom.)
Tout va bien, on va dans le bon sens…

Max bernard : Et les pub de toutes les voitures les plus luxueuses dans le supplément WE du Monde ! … Commerce ne rime pas avec raison et conviction !

Marius Albufera : Grâce aux primes gouvernementales, l’ industrie automobile et ses SUV se portent bien. On a aussi la prime au vélo électrique qui permet maintenant de s’ encombrer de batterie pour pédaler. On attend avec impatience le renouvellement de la prime énergie qui aidera les plus favorisés à installer le climatiseur de leur rêve. On arrête pas le progrès…

CM : Nous sommes individuellement pleinement responsables de la hausse du CO2. Inutile de s’en prendre aux constructeurs automobile, qui arrêteraient de produire des SUV si plus personne n’en voulait. Et merci d’éviter la bonne conscience du genre « j’ai un SUV mais je prends mon vélo », «  oui, mais c’est pour ma sécurité » etc…

François C.H. : Entendu ce matin sur France Culture l’émission de Philo sur David Hume: « Il n’est pas contraire à la raison de préférer la destruction du monde entier à l’égratignure de mon doigt« . Vous avez 2 heures.

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Fortnite lobotomie, oublier la réalité

Le jeu Fortnite a remplacé les gadgets de l’année (shambala et autre scoubidous, hand spinner et bracelets brésiliens) dans les cours des écoles élémentaires. On y joue ‘forteunaïteu’ pour de faux en vrai ! Ce jeu phénomène rassemble pourtant 250 millions de joueurs. Pour la finale de la première Coupe du monde, 200 joueurs se sont affrontés les 27 et 28 juillet 2019. Le gagnant est parti avec 3 millions de dollars. On en fait des tonnes sur l’âge de Greta thunberg, égérie écolo de 16 ans… Personne ne s’insurge que des participants étaient mineurs mais « déjà connus du monde des jeux vidéo ». Les éliminatoires de cet epicgame (le jeu consiste à éliminer autrui pour rester seul sur une île !) étaient ouvertes aux 12 ans et plus ! Fortnite lobotomie, oublier la réalité et formater la jeunesse ! Les éliminatoires (le jeu consiste à éliminer autrui pour rester seul sur une île !) étaient ouvertes aux 12 ans et plus ! La société spectacle utilise l’informatique et bien d’autres supports pour manipuler la jeunesse. Il s’agit de faire le vide dans le cerveau pour boire du Coca Cola et s’enfermer dans sa chambres devant un clavier. Il faut bien que certains s’engraissent, Fortnite génère jusqu’à 300 millions de dollars de chiffre d’affaires certains mois. On joue l’apparence de la gratuité… avec possibilité d’effectuer des achats dans le jeu appelé « freemium ».

Du pain et des jeux, est-ce cela qui permettra à nos jeunes d’affronter tout ce qui ressemble à un effondrement probable de notre mode de vie ? Faut-il oublier le réchauffement climatique, l’épuisement des ressources, l’extinction des espèces, le stress hydrique, la raréfaction halieutique, la dégradation des sols ?

Comment s’occuper autrement ? Il y a de très bons livres écrits pour éveiller les consciences, et beaucoup de jeux de société sans écran. Nos jeunes peuvent même comme Greta Thunberg faire la grève scolaire pour le climat plutôt que s’abrutir devant leur console de jeux…

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Jean-Marc Rochette, adepte de la décroissance

« Je suis pour une décroissance radicale, pour un mode de vie plus simple. J’aimerais vivre dans une vallée en autarcie. J’avoue qu’un retour à la bougie ne me semble pas une si mauvaise idée que ça… mais avec quand même des dentistes. Si on pratique la frugalité, on s’en sortira. Le choix du renoncement est une qualité. Mais il est nettement plus facile de s’allumer une autre cigarette que de jeter le paquet. Il est toujours plus facile de continuer dans une voie même suicidaire que de rebrousser chemin et de changer de paradigme.

Pour être franc, je pense qu’au niveau global c’est foutu. L’humanité va aller où elle a décidé d’aller, à la catastrophe. Le train est lancé à pleine vitesse, il n’y a plus de pilote, et les passagers sont soit endormis par les neuroleptiques, soit totalement hystériques 2.0… Au niveau local, je parle du niveau du hameau, il y a sûrement de l’espoir : frugalité, partage, entraide, décroissance, le salut commence par au potager ! Quand je suis rentré de la face nord d’Ailefroide (3954 mètres dans le massif des Écrins) où j’ai failli perdre la vie, le maire du village m’a montré son champ de pomme de terre : le message était clair il m’a montré ce qui était important. »

Jean-Marc Rochette, auteur de BD, écologiste radical dès 1974, qui a pratiqué pendant longtemps la conquête de l’inutile et qui revient aux réalités. Son témoignage est dans le numéro spécial vacances de La décroissance, juillet août 2019, ainsi que beaucoup d’autres choses qui nous changent de la soupe médiatique ambiante. Pour 5 euros, une lecture coup de poing.

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Le Canard enchaîné, tout contre le tourisme

Quelques titres pour vous donner l’eau à la bouche :

Le surtourisme (le voyage en solitaire ou à deux dans des contrées lointaines et peu fréquentées appartient à une époque révolue)

Trafic aérien, ça décolle à plein tube (On peut parler de réduire notre empreinte carbone, le transport aérien carbure)

La tonsure du patrimoine (le tourisme esquinte sérieusement les trésors historiques)

Protection reprochée (pour résister aux flots de touristes, certains sites ont fait le choix d’interdire leur accès)

A la recherche de l’aventure perdue (Les bonnes adresses, quand elles sont connues, n’en sont évidemment plus)

Croisières, tout le monde sur le pont (rien n’est plus polluant qu’un paquebot)

Coup de chaud sur le grand froid (les croisières au pôle infligent des dommages à l’environnement)

Tourisme humanitaire à terre (rendre service à l’étranger coûte cher)

Menu touristique (les attractions liées au vin et à la gastronomie se multiplient jusqu’à l’indigestion)

Au cul du monde (beaucoup de voyagistes annoncent le couleur, sexuelle)

Magical Bistouri Tour ( la Tunisie devenue le Paradis de la chirurgie esthétique)

Game of trop (Les Vikings envahis par les touristes, c’est la rançon du succès de l’Islande)

La lutte des places (entre Airnb et les municipalités, c’est : pas de quartier!)

Voyages de jeûne (moins on mange, plus c’est cher)

Chamanique amer (le tourisme néo-chamanique, à consommer avec modération)

War du pays (les zones à risque sont en plein boum !)

Les règles de l’exception (les super-riches ne carburent pas à l’ordinaire, il leur faut de l’étonnant)

Le vrai tourisme étoilé (le marché de l’exorbitant voyage dans l’espace)

Les dessins sont délicieux, comme d’habitude, exemples :

Le papa à ses enfants : « Il faut une alternative à l’avion, nous allons en vacances en rampant cette année. C’est long, mais tu profites du paysage.

Un couple arrive au guichet de l’aéroport : «  Ben, on vient faire du tourisme, quoi… » Le préposé : «  Terrourismo !! En Barcelona, la pronunciacion es Terrourismo »

Une touriste en Amazonie apostrophe les autochtones devant leurs huttes: «  C’est quoi, ici, le code Wifi ? »)

source : Canard enchaîné, numéro spécial, juillet 2019 : 1,4 milliard de touristes : Et moi, et moi, et moi…

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Stations de ski et réchauffement climatique

Les Neiges Catalanes, ce sont 6 stations de ski alpin dans le parc naturel régional des Pyrénées catalanes. Entre Andorre et Méditerranée, la question brûlante de leur avenir a été soulevée lors d’une réflexion initiée par les JNE le 17 mai 2019 : « Changement climatique en zone de montage ». Tous les intervenants, la directrice du parc, le représentant de son comité scientifique, une chercheuse au CNRS… ont été unanimes : à l’horizon 2050, il y aura en moyenne lissée 3 à 4° Celsius en plus dans la région. Tous ont aussi notés les difficultés de penser l’adaptation à ce choc thermique, d’autant plus que les stations de skis locales pratiquent déjà la « neige cultivée ». Les chutes de neige sont aléatoires d’une année sur l’autre et la saison dure à peu près un mois seulement. La question de l’emploi présent et à venir inquiète donc tous les élus. Le parc régional compte 66 communes où vivent quelque 21 000 habitants, le potentiel agricole est limité dans ce territoire où on trouve des sommets à 3000 mètres d’altitude, l’industrie absente. Les familles et les municipalités ne trouvent leur équilibre financier que dans la saison d’hiver avec l’arrivée des skieurs. Un million d’euros investis dans un remonte-pente produit des revenus en cascade et des emplois induits. Mais quand il ne fera plus assez froid pour faire fonctionner les canons à neige, n’aura-t-on pas gaspillé en pure perte l’argent public ? Tel est le dilemme. Les intervenants parlent de catastrophe, de multiplication des friches touristiques. Déjà certaines stations de ski ont mis la clé sous la porte. L’hyper-spécialisation dans la neige est une impasse à laquelle on ne voit pas d’issue. Ce ne sont pas les bourdons qui vivent en nombre et en multiplicité d’espèces dans la réserve naturelle de la vallée d’Eyne qui vont produire un nouveau tourisme de masse. Comme l’exprime brutalement un des locaux, « sans la neige, il n’y a plus rien ». On ne peut pas revenir d’un coup de baguette magique à la situation d’autrefois, une région qui vivait quasi en autarcie. Alors la question se pose dorénavant au niveau national, réfléchir à une improbable adaptation ou agir vraiment pour que les émissions de gaz à effet de serre soient drastiquement réduites.

Un rapport rédigé par les sénateurs Ronan Dantec et Jean-Yves Roux sur l’adaptation de notre pays aux dérèglements climatiques au mitan du siècle a été publié le 16 mai dernier. Il nous annonce d’ici 2050 une France à + 2 °C par rapport à l’ère préindustrielle avec un climat méditerranéen sur la moitié de l’Hexagone. Il conclut en substance que la France n’est pas préparée au choc. Après un premier « plan national d’adaptation au changement climatique » en 2011 suivi de nul effet, on envisage un deuxième pour la période 2018-2022, avec 3,5 milliards d’euros voués entre autres à l’accompagnement des territoires les plus vulnérables face au changement climatique » (dont le tourisme associé aux sports d’hiver). Mais ces deux textes sont non normatifs, ils appartiennent à la catégorie de la langue de bois, une caractéristique de notre monde politique, qui dit et redit que demain tout ira mieux ! Entre les deux stratégies, « éviter l’ingérable » et « gérer l’inévitable », les sénateurs penchent pour l’idée de privilégier l’adaptation : « Nous nous adapterons, car c’est le propre de l’humanité de s’adapter ». Mais on vient de voir que cette méthode est inapplicable dans certains territoires. N’oublions pas qu’il ne s’agit pas seulement de nos montagnes où l’enneigement continue de diminuer, mais aussi des zones littorales, grignotées par l’érosion et menacées de submersion. Sans parler des effets en chaîne du réchauffement climatique sur l’ensemble de la planète.

Le climatologue Hervé Le Treut, qui dirige le comité scientifique du projet AcclimaTerra en Nouvelle Aquitaine est bien plus incisif que nos sénateurs. Il pointe le risque qu’en disant qu’il fallait s’adapter, les gens comprennent qu’on peut s’adapter à tout et ne fassent rien pour lutter contre le réchauffement. Je pense qu’il a raison, il s’agit d’abord de s’attaquer aux causes du changement climatique et non de causer sans fin sur l’adaptation aux conséquences. Mais faute d’une politique (internationale) d’interdiction programmée des combustibles fossiles, on assistera sans doute aux environs de 2050 à l’afflux de réfugiés climatiques qui viendront de l’extérieur, mais aussi de l’intérieur même de notre pays… entre autres de nos stations de ski.

Michel Sourrouille (texte initialement paru sur le site JNE, Journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie)

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Beaucoup trop de touristes de trop

Notre société va s’effondrer sous son propre poids. On parle trop des migrants en Méditerranée alors que c’est un problème secondaire pour l’Europe, bordée de mers et de pays tampons. Par contre trop peu de monde s’inquiètent du flux de touristes venant en Europe, une vraie plaie. 90 millions de visites en France, 1,3 milliard de touristes sur cette petite planète dont la moitié à destination de l’Europe… Sur ce blog biosphere, cela fait longtemps que nous critiquons le surtourisme : 1,3 milliard de déplacements inutiles, une vraie imbécillité écologique, un tourisme qui tue le tourisme. Il y a nécessité de se déplacer moins vite, moins loin, moins souvent, de retrouver le sens de la mesure, de se satisfaire de ce qu’il y a autour de son lieu d’appartenance, pourquoi pas de protéger ce territoire contre les intrus. Nous sommes un petit peu rassurés de lire que de plus en plus d’articles du MONDE commencent à partager notre point de vue :

12 juin 2019, Tourisme « La croisière a le dos bien large »

Un rapport de Transport & Environnement annonce : Carnival – l’un des croisiéristes les plus importants –aurait émis en 2017 des quantités de pollution atmosphérique 10 fois supérieures à celles produites par les 260 millions de voitures du parc automobile européen. Le tourisme de croisière, menace à l’intégrité des écosystèmes et des cultures. Ce n’est que la pointe d’un iceberg : celui de nos choix… de touriste. Je voyage, donc je suis ! De l’avènement des transporteurs à rabais résulte un « surtourisme ». Notre système économique actuel ne parle que de création de richesse, qu’en est-il de l’environnement ? Le drame est la croissance illimitée du tourisme, observable dans tous les milieux, du balnéaire (tout inclus) au tourisme urbain (sites culturels, patrimoniaux, religieux, etc.), en passant par le tourisme sportif et d’aventure (pensez Everest), et même au prétendu « éco »-tourisme qui laisse les milieux naturels plus souillés que jamais (pensez Galápagos ou Grande Barrière de corail). On peut apprendre à dire non, à voyager moins souvent.

6 mars 2019, Le tourisme international creuse les écarts entre visiteurs et visités, entre l’homme et l’environnement

Un même refrain extasié s’impose, repris en chœur par monts et par vaux. Parée de toutes les vertus argentées, cohésives et douces du « développement durable », l’expansion touristique est « la » bonne nouvelle à répétition. Suivre le mouvement (le « tourisme de masse » au risque du « surtourisme ») ou s’en distinguer (le « tourisme de niche » au risque de l’« exclusivisme »), la quête de dépaysement opère. Dans le meilleur des mondes. Pourtant le tourisme international crée certes des bénéfices, mais aussi d’importants coûts. Le tourisme international tend à creuser les écarts, entre ceux qui en jouissent et ceux qui en pâtissent, entre les tour-opérateurs transnationaux et les acteurs locaux, entre les visiteurs et les visités, entre l’homme et l’environnement. Si demain chaque individu sur terre se retrouvait en position d’exercer son droit à la mobilité de plaisance sans frontières, les capacités d’absorption écologique n’y suffiraient pas. De l’immobilité des majorités, assignées à résidence, dépend la propension des privilégiés à « se faire » telle ville ou telle contrée, au gré de leurs envies. Mais il ne faut surtout pas toucher à « l’avenir radieux du tourisme international ». (Bernard Duterme, coordinateur du livre La Domination touristique. Points de vue du Sud).

23 novembre 2018, Le touriste entre-t-il pour la culture dans la catégorie des nuisibles ?

Le touriste entre-t-il pour la culture dans la catégorie des nuisibles ? La question ne se posait pas il y a vingt ans. On disait même qu’il était, par son portefeuille, un soutien précieux aux musées, monuments, salles de spectacle. Il l’est toujours. Mais l’est-il trop ? Les visiteurs consomment les lieux comme s’il était dans un centre commercial. Christian Mantei, directeur général d’Atout France : « La France n’est pas encore dans le surtourisme, mais, si on ne bouge pas, on y sera dans trois ou quatre ans. » La France, qui est a première destination touristique dans le monde, a accueilli 88 millions de visiteurs en 2017 et en attend 100 millions en 2020. Le surtourisme va s’amplifier partout. Il y avait 525 millions de touristes en 1995, il devrait y en avoir près de 2 milliards en 2030. On rêve d’un touriste de proximité, qui tisse des liens avec la population. C’est marginal, face à un tourisme de masse porté par une classe moyenne mondialisée qui ne cesse de croître, des compagnies low-cost, des tour-opérateurs, des ferrys qui s’apparentent à des immeubles sur l’eau, et l’explosion du phénomène Airbnb.

4 octobre 2018, éditorial /La France championne du monde du tourisme, au bord de l’overdose

La France n’est pas seulement championne du monde de football, elle l’est aussi en tant que destination touristique.Le secteur éponge 27 % de notre déficit commercial. Mais la

nécessaire course à l’attractivité ne doit toutefois pas faire perdre de vue la montée des conséquences négatives du tourisme de masse. Comme la plupart des destinations les plus courues, la France est désormais confrontée à un phénomène que les professionnels désignent sous le néologisme de « surtourisme ». Le premier secteur économique mondial n’est plus l’industrie pétrolière ou l’automobile, mais le tourisme. Le fait que davantage de gens puissent voyager est plutôt une bonne nouvelle pour la croissance et l’emploi. Le problème est que ces foules de voyageurs ont tendance à se concentrer sur un nombre limité de destinations, au point de créer d’importants déséquilibres au niveau local. Un peu partout, les autochtones expriment leur ras-le-bol face à cette invasion incontrôlée, alors que la manne financière apportée par les touristes a du mal à compenser les dégâts collatéraux. Les prix de l’immobilier s’envolent, l’emploi se concentre sur des métiers saisonniers et mal payés, l’environnement se dégrade, les villes se transforment en musées, en parcs d’attractions ou en lieux de beuverie permanente. Les vacances des uns deviennent un enfer pour les autres.

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Folie des grandeurs à l’âge de la décroissance

Boursouflure de l’ego, moyens financiers démesurés, passe-temps déplorable, ainsi se caractérise Larry Ellison, fondateur d’Oracle (40 milliards de dollars de chiffre d’affaires). Son étalage de nouveau riche devrait révulser. Il possède une île dans l’archipel d’Hawaï, une flotte de super-yachts (50 millions de dollars pour l’un), mais son dada c’était la participation à la doyenne des régates, l’America’s Cup ? Vexé d’avoir perdu en 2017 ce truc où on fait des ronds dans l’eau, Larry Ellison lance SailGP, des bolides robotisés qui « volent » grâce à leurs foils au-dessus des eaux : super fragile, super dangereux, super robotisé, et çà sert à rien. N’attendons pas des commentateurs sur lemonde.fr d’avoir un avis critique sur ce conquérant de l’inutile, la moitié s’exclame « De la SF nautique : j’adore ! ». L’autre moitié s’interroge doctement sur un passage de l’article, « Comment ces bateaux peuvent-ils aller 3 fois plus vite que le vent ? ». Les réponses fusent, techniques, et pas idéologiques pour un sou. D’ailleurs l’article en page entière du quotidien LE MONDE, spécialiste de la fausse objectivité, se garde bien de porter un jugement : l’étalage de la gloriole fait vendre, c’est le principal.

Quelques extraits de cet article qui montre de façon indirecte l’imbécillité de cette régate : « C’est juste incroyable comme bateau, cela frise la folie ; Tu dois naviguer en fonction des chiffres, il y a 1 200 capteurs. Pas comme tu penses que tu devrais. ; L’équipier manœuvre avec un joystick de jeu vidéo ; Ce n’est plus de la voile, c’est un rêve d’ingénieur aéronautique ; On pourrait totalement automatiser le bateau et avoir un robot aux commandes ; L’humain n’a plus d’importance ; Il ne faudrait pas risquer de harponner un cétacé avec les lames acérées qui permettent de décoller. »

Notez bien : suite à la suppression par le groupe LE MONDE de ses blogs abonnés, notre blog http://biosphere.blog.lemonde.fr/ se réincarne sous la forme http://biosphere.ouvaton.org/blog/. Postez votre commentaire à cette nouvelle adresse, sinon il ne sera pas conservé.

* LE MONDE du 5-6 mai 2019, La « formule 1 des mers », le défi du fondateur d’Oracle

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Un intellectuel ne devrait pas faire l’éloge du football

Christian Godin : « L’illusion diffusée par nombre d’intellectuels après la victoire de l’équipe de France en Coupe du monde 1998, illusion selon laquelle le triomphe d’une équipe black-blanc-beur » est une formidable avancée pour le combat anti-raciste, montre à quel point est ignoré le caractère fantasmatique du spectacle sportif, qui se situe sur un autre plan que les phénomènes sociaux : un raciste peut être tout à fait enthousiasmé par les performances sportives d’un Noir ou d’un Arabe, il n’en sera pas moins raciste après. Si, comme on le prétend naïvement, le sport avait une influence bénéfique sur les préjugés des spectateurs, on comprendrait mal pourquoi les États-Unis, après des décennies d’exploits sportifs de Noirs, restent toujours aussi racistes. La nature d’un phénomène social réside dans l’ensemble effectif de ses manifestations concrètes et non dans une prétendue essence idéale. L’idée que le football puisse être une activité bénéfique une fois qu’il sera libéré de ses excès et de ses dérives (la triple obscénité de l’argent, du dopage et et de la tricherie) participe d’une illusion, laquelle est issue d’une méconnaissance de la nature du football. Les excès et les dérives de ce sport, loin d’être des épiphénomènes contingents, font partie de sa nature intrinsèque, de la même façon que les bulles spéculatives, loin d’être des accidents affectant les marchés financiers, en sont les manifestations fatales. Le football, faut-il le rappeler, est une marchandise puisque c’est une image que l’on achète, que l’on vend et que l’on échange. »

Claude Javeau : « Dans le monde réel, rêver de libérer le foot des puissances d’argent, de le rendre au peuple, etc., est de l’ordre de l’extrême myopie, autre mot pour malhonnêteté volontaire. A cet égard, les « intellectuels » qui continuent à vouloir faire du foot un sport « populaire » sont des idiots utiles qui se font du peuple une représentation vertueuse tout à fait hors de mise : le foot fait bien partie de la culture populaire, mais tout n’est pas angélique dans cette culture : on y trouve aussi les jeux télévisés, la presse picole, la corrida et d’autres choses encore peu honorables. »

Matthieu Douérin : «  Le football capitaliste de compétition représente bien une entreprise totalitaire du divertissement, une industrie de l’abrutissement. Il est devenu le rouage médiatique central d’un vaste dispositif audio-visuel exhibitionniste de la société du spectacle. Et pourtant il semblerait que la plupart des intellectuels préfèrent une défaite de la pensée à celle de l’Ajax d’Amsterdam. Il est tristement symptomatique que le chantre de mai 68, Daniel Cohn-Bendit, ait avec enthousiasme accepté d’animer une émission de radio quotidienne consacré au foot sur Europe 1. Il semble loin le temps où l’on pouvait compter avec la férocité publique de Desproges. Sa chronique de la haine ordinaire du 16 juin 1986 sobrement intitulée « A mort le foot » prenait un délicieux plaisir à démonter les trottinements patauds de vingt-deux handicapés velus qui poussent des balles comme on pousse un étron… »

Fabien Ollier : « Qui parle d’anti-intellectualisme ? Au football, le passe-et-va est une allégorie, le une-deux une anacoluthe, le dribble une homéotéleute. C’est marqué dans l’Équipe, certifié par Pascal (Praud, le balaise de l’heure des pros, pas Blaise). »

extraits de « Total football, arme de diversion massive » (revue quel sport n° 33/34, mai 2018)

NB : pour ceux qui veulent avoir une vision complète du sport spectacle, lire notre biospheer-Info d’août 2018,

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2018/08/01/biosphere-info-futilite-du-mondial-de-foot/

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BIOSPHERE-INFO, futilité du mondial de foot

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C’est un constat, les foules aiment le sport de masse, elles préfèrent ça à la réflexion. Une telle attitude n’est-elle pas l’indice de la chute prochaine de notre civilisation comme « panem et circenses » (du pain et des jeux) a été celui de l’empire romain ? Nous nous attachons dans ce Biosphere-Info au Mondial des footeux. Tout nous ramène dans ces grandes messes planétaires à des histoires de nationalisme et de fric : rien de bon pour la santé de la biosphère. Dans un monde qui voit ses ressources diminuer de plus en plus rapidement, il faut se poser la question de l’existence de tout ce qui est superflu, donc de la société du spectacle qui déplace internationalement les foules pour des raisons futiles. Ce numéro reprend plus particulièrement les analyses de Jean-Marie Brohm, spécialiste de la sociologie politique du sport et critique éclairé des grandes manifestations sportives. La conscience écologique aura progressé le jour où il y aura bien plus de gens mobilisés par le pic pétrolier ou la disparition de la biodiversité que de gens intéressés par le sport-spectacle.

Déjà en juin 2008, nous faisions sur notre réseau de documentation ce résumé du livre de JM Brohm et M.Perelman, « Le football, une peste émotionnelle, sous-titré la barbarie des stades » : le foot-spectacle n’est qu’une activité dont l’objectif est la sidération des masses, l’encadrement d’un troupeau dont chacun fait partie et auquel tous sont assujettis. C’est l’infantilisation d’une foule qu’on a rendu hystérique, qu’elle se rassemble d’ailleurs dans les stades ou qu’elle reste avachie devant sa télé. Le foot est devenu le plus puissant des opiums du peuple, l’utilisation politique de l’hystérie collective est historiquement habituelle ! »

En 2010, nous avons montré l’importance du livre « Divertir pour dominer (la culture des masse contre les peuples) » issu du collectif Offensive : « Les nazis auraient été les premiers à comprendre l’importance de la culture de masse. Avec tous les moyens à leur disposition, ils ont créé un monde d’illusions qui a entraîné un peuple entier au désastre avec sa complicité active. En fait, ce résultat n’est que la continuation logique de la Révolution industrielle. C’est en Angleterre, le berceau de l’industrialisation, que sont nés le sport et le tourisme. A la naissance de la production de masse au début du XXe siècle correspond l’émergence d’une consommation de masse et le développement d’une culture de masse. Elle se définit comme un ensemble d’œuvres, d’objets et d’attitudes, conçus et fabriqués selon les lois de l’industrie, et imposés aux humains comme n’importe quelle autre marchandise. L’impuissance et la malléabilité des masses s’accroissent en même temps que les quantités de biens qui leur sont assignées. A partir du moment où le salariat s’étend à une majorité de la population, les dominants ne peuvent plus se contenter uniquement des rapports de force bruts. A ceux-ci, toujours nécessaire en dernier recours, s’ajouter la fabrication du consentement. La culture de masse est un élément essentiel de la reproduction de la société dominante. La lutte contre le divertissement n’est pas marginale ou périphérique, elle est essentielle. » Jean-Marie Brohm précisait : « Comment des militants peuvent-ils oublier que le sport a un effet politique massif de diversion, d’illusion et d’abrutissement de la classe ouvrière, C’est une manière de redoubler l’aliénation capitaliste. La corruption gangrène le football professionnel, des matchs sont truqués à travers des mafias qui organisent des paris clandestins, etc. Les supporters le savent, mais ils ne veulent pas briser le rêve. C’est très exactement ce qu’on appelle l’aliénation, ce qu’Engels a appelé la fausse conscience : la conscience d’un monde qui fait croire mensongèrement que le football, c’est du jeu, la liberté, la culture… Mais l’ethnologie montre que celui qui critique les mythes est banni, car ceux-ci permettent de renforcer la cohésion sociale. »

En 2014, nous faisions la publicité du livre « Football, la colonisation du monde (collectif) » et du numéro Quel sport ? (n° 25-26, juin 2014). Jean-Marie Brohm dénonçait une nouvelle fois la lobotomisation des esprits : « La dépolitisation massive par le football représente aujourd’hui la forme la plus insidieuse de l’endoctrinement idéologique, qui consiste à occulter les questions essentielles de l’existence sociale au profit de préoccupations infantilisantes, d’anecdotes futiles, de faits divers dérisoires. La fête, et rien que du bonheur, glapissent à l’unisson les fans, mordus et autres accros pour occulter la précarité sociale et la misère culturelle ! Le bavardage sportif, il faudrait même parler de commérage, qui sature de plus en plus l’espace public, les salles de rédaction, les couloirs d’école, les partis politiques… est non seulement la forme ordinaire de l’abrutissement des consciences, mais plus subtilement l’alignement des masses sur l’idéologie dominante. La servitude volontaire se dissimule derrière le déferlement médiatique associant dans la même crétinisation unanimiste les politiques, de l’extrême gauche à l’extrême droite et les entreprises multinationales qui participent grassement au foot business. »

A l’heure du Mondial de foot 2018, Jean-Marie Brohm est interviewé par le mensuel La Décroissance (juillet-août 2018). En voici quelques extraits :

« Pierre de Coubertin a façonné cette idéologie sportive. C’était un admirateur de Hitler, raciste bon teint, colonialiste farouche, misogyne absolu. Pour lui, le sport serait un besoin ancestral, il a donc imaginé une continuité trans-historique du sport antique au sport moderne en passant par les tournois de chevalerie. Il était incapable de comprendre l’évolution de l’humanité selon le développement forces productives et les formes politiques qui en découlent.

Pour la sociologie du sport dont je suis le fondateur en France, le sport ne peut se comprendre qu’en tant qu’institution. L’institution sportive apparaît en Angleterre, le pays de naissance du capitalisme, au XVIIIe siècle. Le sport anglais avait pour but de développer la volonté, la compétitivité, l’endurance, des qualités conquérantes pour coloniser les sauvages comme l’écrivait Pierre de Coubertin en 1912 dans son article « Le sport et la colonisation ». Toutes les idéologies fascistes, les nazis, les staliniens, se sont servis du sport pour mobiliser les foules, encadrer la jeunesse, la discipliner, diffuser le culte du héros, du guerrier, du stakhanoviste. Ces meutes sportives qui se rassemblent dans les stades pour hurler, c’est le pire du grégarisme. Le culte de la performance, on le retrouve à la fois dans le sport et dans l’entreprise. Avec une vision tronquée du corps, totalement formaté par la technique. Macron et sa bande de parvenus sont dans ce registre-là : la réussite individuelle à tout prix, en oubliant que la compétition, c’est toujours l’élimination des faibles (les losers) par les forts (les winners).

Aujourd’hui le sport de masse est globalisée, marchandisé, financiarisé. Le tennis, le foot, le Tour de France, la Formule 1 sont des institutions façonnées par le capitalisme financier. Le sport nécessite tout un appareillage technologique : chronométrage électronique, vidéo-scopie… il participe ainsi de l’arraisonnement du monde par la technique. Il suffit de voir comment l’espace est bétonné par la construction des circuits, des stades, et les infrastructures qui vont avec, des stations de ski etc. Le sport participe directement au saccage de la nature et nous enferme dans la futilité. Les matchs passent, les champions sont remplacés, mais les problèmes sociaux et écologiques restent. Pendant que les inégalités sociales s’accentuent et que le capitalisme détruit massivement les océans, la faune, la flore, le sport divertit les foules. C’est un facteur de légitimation d’un ordre inique

Le problème, c’est qu’il n’y a pas de force politique de contestation capable de porter la critique du sport : la gauche n’a jamais fait campagne contre les JO pour 2024 ; au contraire elle veut en faire des « jeux citoyens », « écologiques », un enfumage au quinzième degré. Si par malheur la France gagnait la Coupe du monde, il faudrait s’attendre à une nouvelle déferlante sur les Champs-Élysées, comme en 1998. Le rôle idéologique du sport n’est plus pensé aujourd’hui. Au contraire, universitaires, journalistes et hommes politiques sont contents de se faire photographier comme des crétins parmi des foules de supporteurs. »

Vous pouvez retrouver des articles de Jean-Marie Brohm dans « Total football. Une arme de diversion massive » (Quel sport ? n° 33-34 de mai 2018)

Quelques articles complémentaires sur notre blog Biosphere

– Mondial 2018

Mondial 2018, pour l’élimination de l’équipe de France

Le foot est une religion, habillé des mêmes oripeaux, une tenue spéciale sur le stade ou dans les gradins, des chants comme à la messe, le culte des sanctifiés du ballon rond, des trophées en forme de calice, la ferveur d’une communauté en transe, des foules de supporters confites en dévotion. Plus besoin d’aller à la messe quand on aime le foot. Dieu n’aime pas le foot, c’est devenu un concurrent trop en vogue, un substitut trop parfait. L’écologie aime encore moins le foot…

– Mondial 2014,

Mondial de foot, gabegie et inutilité se terminent enfin

… Après un mois de péripéties sans intérêt, le Mondial de foot est enfin terminé. LE MONDE, autrefois quotidien de référence, commet un édito débile célébrant les côtés positifs et bénéfiques de la fatuité, de la gabegie et de l’inutilité. Après que la Fifa ait imposé ses règles afin d’engranger des dividendes indus et qu’on expulse par milliers les gens de chez eux, ou qu’on pose un cache pour que le Brésil n’exhibe pas sa pauvreté… Mais le comble de l’absurde est atteint en Allemagne. L’entraîneur Joachim Löw s’épanchait après la victoire de son équipe en finale : « Ce profond sentiment de bonheur est éternel… » Le site du Bild. « Merci, Jogi (Löw) ! Merci les garçons ! Vous nous avez rendus infiniment heureux ». L’éternité et l’infini, les attributs de l’univers pour un simple match de foot, l’un parmi les innombrables matchs de foot qui se jouent chaque année dans le monde ! Si les supporters mettaient autant d’enthousiasme que les pantins médiatisés de la FIFA pour essayer d’agir contre les émissions de gaz à effet de serre, la fonte des glaciers pourrait peut-être s’enrayer…

Peut-on être écologiste et aimer le foot ? Certes non

Dans quelle mesure peut-on aimer le foot ? Pourquoi tant d’attention envers ces gamins attardés qui courent derrière un ballon ? Les écologistes véritables condamnent tout ce qui est aliénation de la pensée et de l’acte : pourquoi des stades, ces grands projets inutiles, alors que la marche et la course à pied (avec ou sans ballon) peuvent se faire sans béton ni spectateurs…

Mondial 2014, le football va-t-il quitter les stades ?

Le coup d’envoi de la Coupe du monde de foot sera donné le 12 juin à Sao Paulo. Mais jamais dans l’histoire du Brésil une vague de mécontentement ne s’était exprimée avec une telle ampleur : près de 40 % des Brésiliens interrogés se disaient opposés à la tenue de l’événement. Les manifestations que n’en finissent pas de traverser tout le pays ont contribué à asseoir l’idée que la Coupe du monde est bien le symbole de la gabegie des deniers de l’Etat…

– Mondial 2010

Surinformés et désinformés, donc infantilisés

… Nos sociétés occidentalisées sont à la fois surinformées, sous-informées et désinformées. La coupe du monde 2010, qui n’apporte pourtant aucune information véritable, prend plusieurs pages et souvent les grands titres, même dans Le Monde. Cette prédominance du sport-spectacle, le foot un jour, le tennis le lendemain et la F1 entre-temps est renforcée par la main-mise de la culture de masse sur les informations…

Le Mondial fait grossir

Pour savoir ce qui compte vraiment dans ce Mondial, il faut vraiment chercher. Ainsi nous apprenons que les nutritionnistes donnent un carton rouge à la FIFA. Le fonds mondial de recherche sur le cancer accuse la Fédération internationale de football d’avoir mal choisi ses sponsors qui « vendent des produits malsains : Coca Cola, McDonald’s ou les bières Budweiser ». Ces firmes ont le droit d’afficher leurs publicités sur tous les sites du Mondial alors qu’elles encouragent le surpoids… Et pendant qu’on amuse les voyeurs du ballon rond, la planète crève sous le poids de la dilapidation des ressources naturelles par les firmes multinationales.

Le Mondial des gogos

Nous sommes inquiets, le virus se répand encore plus vite que celui de la grippe A. Déjà 26 milliards de Terriens (audience cumulée des retransmissions télévisées) intoxiqués en 2006 en Allemagne, combien pour le Mondial 2010 en Afrique du Sud ? Les Terriens n’éprouvent pas le besoin d’aimer le foot, mais les chaînes de télé et les puissances d’argent arrivent à les convaincre d’aduler le foot. Depuis 1998, les droits télévisés ont quasiment décuplé pour atteindre cette année un pactole estimé à 1,4 milliards d’euros. Comme la société de croissance arrive aux bouts de  ses possibilités étant donné l’épuisement des ressources de la planète, il lui faut trouver une alternative, il lui faut amuser le peuple, le divertir pour continuer à le dominer… Si les médias, les politiques et les Terriens avaient prêté autant d’attention au réchauffement  climatique qu’au Mondial de foot, le sommet de Copenhague aurait été un franc succès. Mais le capitalisme libéral préfère que les humains s’intéressent au foot-spectacle plutôt qu’à leurs conditions de vie présentes et futures !

BIOSPHERE-INFO, futilité du mondial de foot Lire la suite »

Bloquons la circulation sur la route des vacances

Ceux qui s’organisent pour interrompre la circulation sur une autoroute en créant ainsi un embouteillage monstre sur la route des vacances sont-il des terroristes ? Comment faire comprendre à nos concitoyens qu’en allant se bronzer sur une plage, on émet des gaz à effet de serre qui détraquent le climat ? Comment percevoir concrètement que notre mode de déplacement et notre niveau de vie découle de la destruction de la planète ? Le réchauffement climatique fait des victimes un peu partout dans le monde : la chaleur est un drame quotidien au Japon, la Grèce est ravagée par des incendies meurtriers, chaleur et sécheresse, la Suède suffoque… Sans compter qu’en 2017, au moins 207 défenseurs des droits à la terre et de l’environnement ont été tués, dans vingt-deux pays différents. On assassine des militants alors qu’ils tentaient de protéger leurs domiciles et leurs communautés contre l’extraction minière, l’agrobusiness et d’autres industries destructrices. Les rayons de nos supermarchés sont remplis de produits issus de ce carnage (cf. le rapport « At What Cost » de Global Witness).* Notre civilisation thermo-industrielle fait la guerre à la planète, il nous faut entrer en résistance même si les institutions gouvernementales sont du côté des forces du mal.

PHILÉMON FROG sur lemonde.fr fait preuve de pessimisme : « Les entreprises qui recherchent le profit à tout prix ne craignent pas de dévaster la planète, focalisées sur le court terme, indifférentes à l’état dans lequel elle se trouvera à la fin du siècle. Ce ne sont donc pas quelques humains qui vont les arrêter ! Il faudra un stade de destruction plus visible, plus tangible, dans 25-30 ans, pour que la prise de conscience de l’opinion se transforme en pression sur les gouvernements et que ces entreprises soient mises hors d’état de nuire. » Mais il attaque les entreprises, il ne cite pas notre comportement de consommateur de vitesse et de futilités. Nous sommes tous co-responsables du désastre en cours, nous pouvons modifier le cours des événements en changeant notre comportement, mais nous pouvons aussi nous organiser collectivement

Il suffit à un individu écologiquement conscient de mettre en place, à son domicile ou dans un lieu de son choix, un centre d’information/formation en créant une bibliothèque. Les participants apportent un ou plusieurs livres pour créer rapidement un fonds collectif. A partir de la formation d’un groupe transpartisan, on peut alors au niveau de son territoire proposer une réunion mensuelle. L’ordre du jour débuterait par une courte discussion sur les événements d’actualité pour créer un lien entre les membres du groupe, chacun s’exprimant à tour de rôle. Ensuite on envisagerait les actions possibles, d’abord au niveau individuel : qu’est-ce que je fais personnellement pour avoir un mode de vie écolo. On met aussi en commun son expérience associative ou politique en matière d’environnement. Enfin on s’interroge au niveau collectif sur les actions locales à mener, les sujets d’intervention ne manquent pas. On peut organiser localement des projections de films, ce serait intéressant de pouvoir projeter « Woman at War » par exemple. On peut faire venir des intervenants pour une conférences-débat. On peut même être plus incisif. Pensons à la lutte contre les panneaux publicitaires, contre les projets inutiles locaux, contre les atteintes à la nature près de notre jardin, etc. Le groupe de réflexion se transforme alors en groupe d’action. Nous avons la chance en France de ne pas risquer sa vie, même en faisant des actions illégales d’activisme écolo. Ce n’est pas le cas ailleurs, des militants se font tuer alors que qu’ils veulent simplement protéger la durabilité de nos ressources et la santé de notre environnement… Évitons de partir en vacances au loin, c’est le début de l’activisme !

* LE MONDE du 25 juillet 2018, 2017 année la plus meurtrière pour les défenseurs de l’environnement

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Total football. Mondial, une arme de diversion massive

Bientôt le 15 juillet, la fin du calvaire, la finale du Mondial de foot 2018. Le rôle idéologique du sport n’est plus pensé aujourd’hui. Au contraire, universitaires, journalistes et hommes politiques sont contents de se faire photographier comme des crétins parmi des foules de supporteurs. Un honorable contestataire du « sport » de masse, Jean-Marie Brohm est interviewé par le mensuel La Décroissance (juillet-août 2018). En voici quelques extraits :

« Pierre de Coubertin a façonné cette idéologie sportive. C’était un admirateur de Hitler, raciste bon teint, colonialiste farouche, misogyne absolu. Pour lui, le sport serait un besoin ancestral, il a donc imaginé une continuité trans-historique du sport antique au sport moderne en passant par les tournois de chevalerie. Il était incapable de comprendre l’évolution de l’humanité selon le développement forces productives et les formes politiques qui en découlent.

Pour la sociologie du sport dont je suis le fondateur en France, le sport ne peut se comprendre qu’en tant qu’institution. L’institution sportive apparaît en Angleterre, le pays de naissance du capitalisme, au XVIIIe siècle. Le sport anglais avait pour but de développer la volonté, la compétitivité, l’endurance, des qualités conquérantes pour coloniser les sauvages comme l’écrivait Pierre de Coubertin en 1912 dans son article « Le sport et la colonisation ». Toutes les idéologies fascistes, les nazis, les staliniens, se sont servis du sport pour mobiliser les foules, encadrer la jeunesse, la discipliner, diffuser le culte du héros, du guerrier, du stakhanoviste. Ces meutes sportives qui se rassemblent dans les stades pour hurler, c’est le pire du grégarisme. Le culte de la performance, on le retrouve à la fois dans le sport et dans l’entreprise. Avec une vision tronquée du corps, totalement formaté par la technique. Macron et sa bande de parvenus sont dans ce registre-là : la réussite individuelle à tout prix, en oubliant que la compétition, c’est toujours l’élimination des faibles (les losers) par les forts (les winners).

Aujourd’hui le sport de masse est globalisée, marchandisé, financiarisé. Le tennis, le foot, le Tour de France, la Formule 1 sont des institutions façonnées par le capitalisme financier. Le sport nécessite tout un appareillage technologique : chronométrage électronique, vidéo-scopie… il participe ainsi de l’arraisonnement du monde par la technique. Il suffit de voir comment l’espace est bétonné par la construction des circuits, des stades, et les infrastructures qui vont avec, des stations de ski etc. Le sport participe directement au saccage de la nature et nous enferme dans la futilité. Les matchs passent, les champions sont remplacés, mais les problèmes sociaux et écologiques restent. Pendant que les inégalités sociales s’accentuent et que le capitalisme détruit massivement les océans, la faune, la flore, le sport divertit les foules. C’est un facteur de légitimation d’un ordre inique

Le problème, c’est qu’il n’y a pas de force politique de contestation capable de porter la critique du sport : la gauche n’a jamais fait campagne contre les JO pour 2024 ; au contraire elle veut en faire des « jeux citoyens », « écologiques », un enfumage au quinzième degré. Si par malheur la France gagnait la Coupe du monde, il faudrait s’attendre à une nouvelle déferlante sur les Champs-Élysées, comme en 1998.  »

Vous pouvez retrouver des articles de Jean-Marie Brohm dans « Total football. Une arme de diversion massive » (Quel sport ? n° 33-34 de mai 2018)

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Les Belges ou les Français en finale, on s’en foutait

Que la France aille en finale du Mondial n’a aucune importance, il suffit de voir les dernières minutes du match au travers du « live » de ce journal dit de référence (LE MONDE). C’est le degré zéro de l’information véritable, aussi vide de contenu que le cours de la bourse qu’on nous déverse chaque jour sur les ondes. Les Belges ou les Français en finale, on s’en footait complètement ! Et maintenant les imbéciles klaxonnent tout autour de mon ordi pour célébrer les liesses artificielles. Pendant ce temps-là, nos usines et Sanofi continuent de déverser leurs poisons, les inondations font près de 160 morts au Japon (vive le réchauffement climatique), un iceberg de 10 milliards de tonnes se détache de la banquise, l’ivoire illégal est encore vendu dans toute l’Europe, le procès du round-up commence à San Francisco, mais tout ça la FIFA ne fera rien pour nous le faire ressentir…

LE MONDE il y a trois minutes

C’est MI-NE-TER !!! Les Français sont en finale de la Coupe du monde pour la troisième fois de leur histoire !!! Ils s’imposent 1-0 face à la Belgique ! 

LE MONDE il y a deux minutes

Parade de Courtois sur une frappe de Tolisso ! Moins d’une minute à jouer et corner pour la France. 

LE MONDE il y a six minutes

Biscotte pour Vertonghen, coupable d’une faute sur Mbappé. 

LE MONDE il y a sept minutes

La France a peur : Rassurez-moi, Kostadinov ne peut pas rentrer côté belge ?

Non, dans la mesure où les Belges ont effectué leurs trois changements. A moins qu’ils n’égalisent, il n’y aura plus de changements chez les Diables rouges.

LE MONDE il y a huit minutes

Courtois se couche bien sur une frappe croisée de Griezmann. Aïe, Grizou avait l’occasion de mettre définitivement la France à l’abri. 

LE MONDE il y a neuf minutes

Moins de quatre minutes encore…

LE MONDE il y a dix minutes

Même Super Michy Batshuayi est entré en jeu. L’arme fatale des Belges est sur le terrain. Il remplace Chadli

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Mondial 2018, pour l’élimination de l’équipe de France

La Coupe du monde de foot nous emmerde à longueur de colonnes et d’écrans, et c’est interminable, fin du calvaire seulement au 18 juillet. Vivement que l’équipe de France soit éliminée samedi prochain par l’Argentine, on nous bassinera un peu moins les yeux et les oreilles avec ces histoires de ballon rond. Le décervelage est garanti ! Regarder un match de foot à la télé n’a d’intérêt que si le spectateur se met tellement à la place dune baudruche qu’il en perd sa propre tête. Aller sur un stade et vibrer ne suit pas le rythme du ballon, mais l’hystérie collective qui parcourt une foule assemblée en clans artificiellement séparés. La xénophobie commence sur les terrains de foot ! Quelle est l’importance finale que ce soit la France qui gagne ou l’équipe indienne qu’on n’avait pas convié à participer (le pays n’a jamais été qualifiée malgré son nombre d’habitants). Les indiens ne s’intéressent pas au foot et ils ont bien raison. Notons que l’Inde aurait dû participer à la Coupe du Monde de la FIFA en 1950 au Brésil 195, mais qu’elle avait décidé de déclarer forfait, n’ayant pas la permission de jouer pieds nus. Il faut bien que les sponsors Adidas ou Nike gagnent leur croûte.La FIFA mérite de passer aux bancs des accusés.

Les commentaires* sur le foot ne peuvent que friser l’insignifiance absolue : « Heureusement que le live du soir (sur lemonde.fr) promet du beau football ! Et une bonne ambiance, aussi, mais ça c’est toujours le cas », «  Même différence de buts entre le Japon et le Sénégal, même nombre de buts marqués et encaissés, ils avaient fait match nul entre eux, cela se joue donc au nombre de cartons jaunes », « Ospina (Colombie) a le ballon, il reste 20 secondes. Ca sent le roussi pour le Sénégal ! », « Attitude folle du Japon ! Qualifiés pour le moment, les Samouraïs bleus font tourner le ballon, et ne s’en cachent pas », « Japon/Pologne, Il reste 3 minutes de temps additionnel », « Messi s’est fait violence contre le Nigeria. Il lui reste maintenant à tuer le père, le dieu vivant des Argentins, en guidant son équipe bancale jusqu’à la victoire… », etc, etc.. Le foot est en effet une religion, habillé des mêmes oripeaux, une tenue spéciale sur le stade ou dans les gradins, des chants comme à la messe, le culte des sanctifiés du ballon rond, des trophées en forme de calice, la ferveur d’une communauté en transe, des foules de supporters confites en dévotion. Plus besoin d’aller à la messe quand on aime le foot. Dieu n’aime pas le foot, c’est devenu un concurrent trop en vogue, un substitut trop parfait. L’écologie aime encore moins le foot.

Peut-on être écologiste et aimer le foot ? Certes non ! Cohn-Bendit est l’exemple à ne pas suivre. Grand amateur de football, Dany n’a pas du tout digéré la réaction de Jean-Luc Mélenchon qui avait fait part de sa « joie pure » après la défaite de la Mannschaft face à la modeste Corée du Sud. La conscience écologique aura progressé le jour où il y aura bien plus de gens mobilisés contre la disparition de la biodiversité que de gens intéressés par le Mondial de foot.

* éléments de « réflexion » tirés du monde.fr du 28 juin

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Le football est coupable de notre décervelage

La Coupe du monde de foot va nous emmerder à longueur de journées du 14 juin au 18 juillet. Un long calvaire lié à la futilité de courir après un ballon, la corruption de la FIFA, le chauvinisme des supporteurs et par dessus tout la crétinisation des masses. S’ajoutera cette année le fait que cela se déroule en Russie et que Vladimir Poutine saura en tirer un avantage politique. Globalement le foot professionnel ne conteste pas l’ordre établi, il le renforce. Le football n’est jamais innocent, à l’image de nos sociétés et de nos émotions. Il est devenu très tôt un spectacle, lors de la Cup à Londres en 1923, 250 000 spectateurs ­essayèrent d’entrer dans le stade de Wembley. La Coupe du monde de football est un « événement médiatique », un vaste récit collectif qui traverse les frontières sociales et géographiques et ne fait rien pour assurer la paix entre les peuples et la conscientisation des citoyens. Elle exacerbe au contraire les tensions nationalistes et fait oublier l’urgence écologique. Voici quelques remarques tirées de nos posts antérieur sur ce blog :

Les Indiens Morès en Amazonie jouent aussi au foot. Mais le joueur qui marque change automatiquement d’équipe. Ainsi ceux qui gagnent se dégarnissent et ceux qui perdent se renforcent. Le score s’équilibre de lui-même. Les écologistes rêvent d’un jeu à la manière des Indiens Morès, chacun jouant à la balle à sa façon particulière et de façon locale. Les multinationales, qu’elles soient industrielles ou commerciales, football compris, sont issues de la révolution industrielle et mourront avec l’effondrement de cette civilisation. 

Quand les politiques cautionnent un foot-spectacle qui a besoin de moyens sécuritaire disproportionnés, cela veut dire que nous quittons le système démocratique pour rentrer dans un processus de manipulation des masses. « Du pain et des jeux » était le mot d’ordre de l’élite d’un empire romain en déliquescence.

Mondial 2014, près de 40 % des Brésiliens interrogés se disaient opposés à la tenue de l’événement. Les manifestations que n’en finissent pas de traverser tout le pays ont contribué à asseoir l’idée que la Coupe du monde est bien le symbole de la gabegie des deniers de l’Etat. La présidente Dilma Rousseff ne tolérerait pas un blocage des stades : le foot est roi, les politiques s’agenouillent devant lui.

FIFA en accusation. Arrestation le 27 mai 2015 à l’aube de sept dirigeants de la FIFA pour corruption… Réélection le 29 mai de Joseph Blatter pour un cinquième mandat… démission de Joseph Blatter le 2 juin… Il a fallu une semaine à peine pour faire chuter de son piédestal le tout puissant patron du football mondial, à la tête de la fédération internationale du foot depuis 1998.

Le règne du fric. Les six partenaires privilégiés de la FIFA, Adidas, Coca Cola, Emirates, Hyundai, Sony et Visa ont permis de mettre en place médiatiquement cette folie footbalistique non pour la vision de petits joueurs qui courent derrière un ballon, mais d’abord pour gonfler leur chiffre d’affaires.

La complicité des médias ! LE MONDE, autrefois quotidien de référence, commet un édito débile : « Le Brésil a gagné « sa » Coupe du monde de football. La compétition s’est déroulée sans accroc… Cette compétition est un rare moment d’intelligence et d’émotion partagées…. Si le futebol fait partie de l’identité nationale brésilienne, alors il voisine avec une industrie et une agriculture des plus performantes – de l’aérospatiale à l’agroalimentaire de demain…. » Pourtant cet édito avoue l’essentiel en une simple phrase : « Sur le strict plan financier, un pays ne gagne jamais à l’organisation d’un pareil événement, qui reste un investissement sans lendemain, largement à perte. »

Notre conclusion : Si les supporters du foot mettaient autant d’enthousiasme que les pantins médiatisés de la FIFA pour essayer d’agir contre les émissions de gaz à effet de serre, la fonte des glaciers pourrait peut-être s’enrayer…

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L’imbécillité écologique du tourisme mondial

L’empreinte carbone du tourisme mondial est considérable. Cette activité est responsable d’environ 8 % du total des émissions de gaz à effet de serre de l’humanité. A titre de comparaison, le transport maritime représente 3 % des émissions mondiales de CO2. Le transport aérien est en première ligne. Certes, en octobre 2016, les cent quatre-vingt-douze pays membres de l’Organisation de l’aviation civile internationale se sont engagés à plafonner les émissions de cette activité – non couverte par l’accord de Paris sur le climat – à leur niveau de 2020, jusqu’en 2035*. Mais engagement volontaire ne veut pas dire application concrète. Voici quelques commentaires sur lemonde.fr :

sirio : restez chez vous !

@Rico : Faut oublier les Seychelles: maintenant ce sera la Bretagne ou le Berry …

MICHEL SOURROUILLE : N’oublions pas que le kérosène est détaxé, les négociations internationales sur la question sont restées sans suite. Les décideurs manquent de courage, une taxation du kérosène rendraient les voyages avec les plus lourds que l’air plus coûteux, les touristes moins gourmands en distance et les pilotes d’avion beaucoup plus modérés dans leurs revendications…

Raymond : En France, ce sont surtout les retraités qui vont faire du tourisme plus ou moins lointain plusieurs fois dans l’année. La solution: augmenter encore la CSG.

F Cortox : Mélanger tourisme et déplacements professionnels, ce n’est quand même pas très sérieux : quelle est la part de chacun ?

Blabla @ cortox : Effectivement, les déplacements professionnels sont encore plus nuisible car inutiles dans une grande partie des cas.

Obéron : Oui, il va falloir que nous apprenions à voyager autrement, à privilégier chaque fois que possible les transports collectifs terrestres ou maritimes, à utiliser davantage la visio pour nos échanges professionnels, à voyager moins souvent mais pour de plus longues périodes.

CYNIQUE DU BON SENS ET RAISON : Il y en a que ça fait « bander » de transporter des dizaines de milliers de crétins à l’autre bout de la planète pour leur soutirer quelque fric…

Ledzep : Je suis extrêmement sensible à la cause écologique mais il m’apparaît de plus en plus compliqué d’y voir le moindre espoir de sortie par le haut. La véritable cause de notre perte n’est ni le tourisme, ni la gestion des déchets ni même les énergies fossiles. Ce qui va nous tuer à plus ou moins long terme, c’est nous même, l’humanité, la surpopulation. Le seul geste que l’on puisse faire serait-il de ne pas se reproduire

Franzrycou : Ti voyages, ti bouffes, ti b…, ti crèves, comme aurait dit Pierre Péchin. Ti voyages pas, ti bouffes pas, ti b… pas, ti crèves quand même. Alors…

Laurent Jacques @ Franzrycou : Il y a une différence entre crever en faisant l’amour ou crever seul avec sa bouteille d’oxygène dans un monde sans beauté.

Sur notre blog, lire la synthèse Compagnies aériennes, un jour le kérosène les tuera

* LE MONDE du 8 mai 2018, Le tourisme fait s’envoler le réchauffement planétaire

L’imbécillité écologique du tourisme mondial Lire la suite »

Chasse, activité dénaturée par des chasseurs motorisés

Le fusil était à l’honneur dans la famille. Mon grand-père paternel était chasseur. Il faisait lui-même ses cartouches. Il m’amenait à l’affût. Nous restions des heures à savourer la nature. Et à tuer ! J’ai connu bien des pratiques discutables, comme ces palombes qui servaient d’appeau et dont on avait crevé les yeux pour qu’elles soient plus tranquilles, ne battant des ailes qu’à la commande. On étranglait le gibier blessé, comment l’achever autrement et proprement ? J’arrachais la langue des étourneaux, mon grand-père disait que sinon l’oiseau aurait un « goût de fourmi ». Les lapins étaient nombreux, le gibier encore sauvage. Puis les lapins ont eu la myxomatose. Et le faisan ne s’envolait plus devant moi, il était apprivoisé et sortait d’un élevage. J’ai arrêté de chasser. La chasse n’était plus ce qu’elle était, une viande d’appoint pour une famille installée à la campagne. Les chasseurs sortent maintenant des villes, avec leur voiture et leur fusil à répétition.

Le chasseur ne devrait pas être cette fourmi motorisée qui envahit les continents avant d’avoir appris à « voir » le jardin à côté de chez lui. [Aldo Leopold, Almanach d’un comté des sables ( 1946, Flammarion 2000)]

La plupart des chasseurs considèrent les écologistes comme des ennemis. Ils ne voient pas que leur ennemi, c’est eux-mêmes et leurs pratiques de « tableau de chasse ». Nous ne sommes plus à l’époque de la chasse et de la cueillette, nous sommes trop nombreux sur chaque territoire, limitant de façon démesurée l’espace de la vie sauvage.

Comment un million de chasseurs français pourrait-il évoluer à son aise dans des paysages urbanisés, fragmentés et « désanimalisés » ? Si le nombre des chasseurs se réduit constamment, l’omnipotence du lobby-chasse perdure, transformant le Parlement de ce pays en comice agricole du XIXe siècle et paralysant le ministère de l’environnement. Le chasseur constitue, pour le législateur, la seule espèce protégée et jusqu’à l’an 2000 le non-chasseur n’avait même pas d’existence juridique. Je ne suis pas contre la chasse, mais plutôt pour le respect de tout être sensible, pour la fin de la souffrance gratuite. Ce livre n’a pas été écrit contre qui que ce soit, mais d’abord pour le vivant, pour la nature, en vue d’un acte de paix, et non de guerre. Ce livre traitera de la chasse-loisir. Personne en France ne chasse plus pour se nourrir. [Gérard Charollois, Pour en finir avec la chasse (la mort-loisir, un mal français) (Radicaux libres, 2009)]

Un chasseur pourrait être un véritable écologiste, inscrit dans une association pour redonner à la nature son exubérance naturelle et ses animaux sauvages. Il deviendrait alors simple promeneur, humant l’air des sous-bois et la chaleur des prés, admirant le vol d’un oiseau et l’effilochement d’un nuage. Pourquoi pas chasseur d’images, s’il veut conserver chez lui à vie le vol d’une perdrix ou la fuite d’un renard. Un chasseur devrait se contenter de regarder la nature sans y toucher, comme le plongeur sous-marin. Quant à la surpopulation des chevreuils, il n’y a pas assez de lynx en France ! Reste les sangliers, mais si on veut se permettre de réguler une population, commençons par maîtriser notre propre fécondité…

(extraits de « On ne naît pas écolo, on le devient », Michel Sourrouille aux éditions Sang de la Terre)

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Branson ou Musk, l’idiotie de la conquête spatiale

Folie humaine, une Tesla rouge cerise envoyée dans l’espace par le milliardaire (à crédit) Elon Musk pour un vol d’essai. Un type à enfermer, une info qui prend pourtant une page du MONDE*. La conquête spatiale, mais pour quoi faire ? L’ambition ultime d’Elon Musk est l’installation sur Mars. En attendant on prépare des trucs ridicules comme multiplier les petits satellites autour de la terre et un vol privé autour de la Lune. Même dans ces projets démesurés, il y a concurrence entre la société SpaceX d’Elon Musk et Blue Origin du fondateur d’Amazon, Jeff Bezos. Sans compter Boeing dont le patron « pense fermement que la première personne qui mettra les pieds sur Mars arrivera là-bas grâce à une fusée de Boeing. » Le Space Launch System (SLS) de la NASA, dont le premier vol est prévu en 2019, pourra emporter 130 tonnes ; le Big Falcon Rocket (BFR) d’Elon Musk est attendu pour 2020 et pourra transporter jusqu’à 150 tonnes. Arianespace s’inquiète pour son avenir de lanceur. Pour l’internaute Richard Kutry, c’est l’euphorie : « Passionnant ! voila un type qui fait avancer la conquête spatiale, et du coup, les technologies et sciences associées avec sa fortune. » Comme si la fortune privée devait continuer à financer n’importe quoi. Tourisme spatial ! N’oublions pas le milliardaire Charles Branson et l’explosion du vaisseau suborbital SpaceShipTwo. Ce sont les riches qui propagent un style de vie destructeur pour la planète : palais, yachts, avions privés, saut spatial, etc.

Nous faisions déjà le point sur ce blog il y a quelques années sur la conquête spatiale dans objectif lunaire ! L’espèce homo sapiens a essaimé dans l’espace géographique tout en améliorant ses capacités de déplacement. Autrefois les migrations à pied, puis à cheval ou en pirogue, hier les avions et aujourd’hui les fusées. On a même marché sur la lune ! Les humains préfèrent la conquête à la stabilité, le déséquilibre plutôt que la vie en harmonie avec un territoire déterminé. Vive la con-cu-rrence et le conflit. La fusée a d’abord été inventée pour la guerre, ainsi des V2 mis en œuvre par les Allemands à la fin de la seconde guerre mondiale. Il s’ensuit une compétition entre nations : comme l’URSS socialiste a lancé le premier spoutnik dans l’espace en 1957, l’Amérique capitaliste a voulu poser le premier homme sur le sol lunaire le 21 juillet 1969. Tintin dans l’espace se retrouve en BD. On a besoin de rêve, on nous vend du rêve !!! En fait la guerre des nations a été remplacé par le goût de l’exploit techniciste au prix d’une débauche de ressources non renouvelables. Les humains croient encore qu’ils pourront aller sur mars, mais ils n’iront jamais sur la plus proche étoile, Alpha du centaure : la masse de carburant pour parcourir 40 000 milliards de kilomètres nécessiterait une masse de carburant équivalente à deux fois la masse de l’univers connu. L’humanité a atteint les frontières de son monde, il n’y a plus d’expansion possible. Il faut maintenant reconnaître que nous n’avons qu’une Terre et qu’elle est bien trop petite pour assurer nos fantasmes de nouvelles frontières perpétuelles.

Que les humains gèrent au mieux leur propre territoire, qu’ils se contentent pour le reste de contempler la lune et les étoiles. Et à chacun ses rêves dans son propre sommeil, cela ne coûte rien.

* LE MONDE du 6 janvier 2018, SpaceX s’apprête à lancer la Falcon Heavy, sa fusée ultrapuissante

PS du 8.08.2021

Louis d’Hendecourt, astrophysicien  : « Le but avoué d’Elon Musk n’est autre que la planète Mars à des fins de colonisation… Or sans eau (ou si peu), sans atmosphère (ou si peu), sans champ magnétique protecteur d’un rayonnement cosmique féroce et avec des températures qui feraient prendre le sommet de l’Everest pour un sauna tropical, Mars est par définition une planète inhabitable, En d’autres termes, « terraformer » Mars prendrait des millions d’années avec un résultat connu à l’avance : avec sa faible gravité, Mars est tout simplement incapable de retenir une atmosphère et personne, ni M. Musk ni le pape n’y pourra rien changer. »

 

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Ne skiez pas, ni au Pla d’Adet ni ailleurs

Avec ses remontées mécaniques modernes et ses domaines skiables reliés, la France offre 350 stations de ski dans 7 massifs. Comment résister devant les snowparks, le snowboard, le freestyle, les boarder cross, les slaloms et les bosses, l’espace ludique Ludo’Glyss et le speed-riding ? Comment expliquer qu’il ne faut pas skier ? Comment expliquer cela dans un monde sur-développé où les loisirs sont devenus un art de vivre ? Comme amener les touristes des sommets à ne plus aimer les vacances à la neige ? Comment faire ressentir que la montage ensevelie dans son manteau neigeux ne peut que mieux se porter sans tire-fesses, nacelles et autres remonte-pentes ? Le skieur qui ne s’occupe que de la réussite de ses vacances peut-il glisser sans se poser quelques questions sur une neige vomie par des canons alimentés par l’eau qu’on est allé chercher deux mille mètres plus bas dans la rivière ? Comment convaincre des gamins qu’on amène en classes de neige que skier n’est pas bon pour la planète ?

Dès les années 1930, Ellul et Charbonneau écrivaient déjà : « Décrire la civilisation actuelle sans tenir compte du tourisme, c’est commettre une grave erreur parce que, dans bien des pays ou régions, il joue un rôle plus important que l’industrie lourde. Il s’agit maintenant d’énormes organisations et de milliards de capitaux. Une publicité intense a dirigé les foules vers certains points aménagés de la montagne… » Tout notre système thermo-industriel est construit pour nous inciter à envahir tous les espaces terrestres, même ceux qui étaient de tout temps considérés comme inhabitables. La griserie de la vitesse ne devrait pas occulter toute l’énergie exosomatique dépensée pour ce loisir de luxe. Le territoire des autochtones des montagnes, bouquetins, chamois et marmottes, est lacéré par des routes, striés par les skieurs hors piste, pollué par la présence de milliers de personnes. Pour ce tourisme de masse, il faut ériger des HLM en altitude, établir des parkings, damer les pistes chaque nuit, entretenir d’énormes chasse-neige. La consommation d’eau pour produire de la neige nécessite des millions de mètres cubes et des millions de kWh. Sans parler du bruit infernal de ces canons à neige. Ce n’est pas un loisir qui préserve la Biosphère que de déplacer des citadins en mal d’air pur vers de lointaines destinations où on va recréer la ville et poursuivre des activités sans intérêt. Car quoi de plus débile que de faire des va-et-vient entre la queue en bas de piste et la queue en bas de piste ? Mouvement pendulaire, vertige des installations techniques, on brûle du pétrole pour des instants de bonheur factice. Sans parler des chutes et des jambes cassé. On peut même rencontrer dans les Pyrénées celle qui a fait 8 500 kilomètres depuis Madagascar pour se traîner sur la piste sans pouvoir se relever. Tout ça pour dire que les quelques mètres parcourus coûtent très cher à la biosphère, à la collectivité et aux vacanciers.

Moi, j’étais au Pla d’Adet, arrivé en covoiturage, refusant toute remontée mécanique, descendant à pied à Saint Lary, quasiment seul sur l’étroit sentier neigeux, au milieu du silence vertigineux et des sapins ployant sous le poids de la neige. Le plaisir physique et l’éloge de la lenteur. Mais n’est-ce pas déjà trop que de faire 300 kilomètres pour un plaisir solitaire même s’il est partagé en couple ?

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Bizarre, une loi d’exception pour les Jeux Olympiques

Allez voir le projet de « loi 2024 » mis en place exclusivement pour les Jeux Olympiques, une loi qui condamne notre futur. Maintenant que la France s’est engagée à accueillir les JO en 2024, la ministre des sports doit, désormais, porter un projet de loi pour adapter la loi française aux conditions exigées par le CIO (comité international olympique). Cette loi olympique comprendra plusieurs dispositions visant simplement à simplifier et accélérer les règles relatives à l’urbanisme, à l’environnement et au logement notamment en allégeant les formalités et autres procédures et en réduisant les temps de concertation (par exemple pour les expropriations). La raison est simple : disposer des installations souhaitées en temps et en heure. Peu importe que les principes qui fondent notre droit soient reniés, il faut dire que la chose la plus importante est d’accueillir des sportifs et des touristes du monde entier en 2024. La privatisation des espaces publics est renforcée à travers le renforcement de la publicité sur des monuments historiques ou des sites classés. Les lieux potentiellement concernés sont notamment le champ de mars, l’esplanade des Invalides, les Champs Élysées, les jardins du Trocadéro, le parc de Versailles, le Grand palais. Paris risque de devenir une vitrine pour les annonceurs olympiques. Cette loi prévoit également de réserver des voies de circulation pour les délégations olympiques et les athlètes. Nous devrons donc nous arrêter pour laisser passer ces cortèges. Une loi dont le but simplement de créer une voie de circulation pour des privilégiés.

Patrick Clastres, historien du sport et spécialiste de l’olympisme, parle d’une « loi d’exception » car elle « suspend dans un espace donné et à un moment donné la loi ordinaire ». Et, les quelques gages de transparence ne sauraient nous duper. Il faut se rappeler que l’attribution à Lima de Paris comme ville hôte des JO a coûté la bagatelle de 1,5 millions d’euros, en toute transparence donc comme les voyages en avion de notre premier ministre. Cette loi et ces pratiques s’inscrivent dans une logique qui n’est pas la nôtre. Une logique qui, malheureusement, nous prépare pour 2024 loin des urgences proclamées par 15 000 scientifiques ! Pourtant, elle va être votée sans difficulté et s’inscrit, finalement, dans la continuité d’une loi adoptée en 2014 accordant des exonérations fiscales pour les grands événements sportifs (en prévision de l’euro 2016 de football). Ne devrions-nous pas nous questionner sérieusement sur une loi qui entend suspendre notre droit, même temporairement et porter atteinte à notre souveraineté même ? Dommage de passer sous silence que ces JO seront ceux du béton et des sponsors. Ce béton qui symbolise un choix de société, celui de privilégier le sport spectacle, cette distraction de masse, plutôt que des projets sociaux plus utiles, plutôt que de faire face aux réels enjeux des décennies à venir.

Tout se rejoint car c’est bien l’idéologie croissanciste qui guide notre société et qui reste notre horizon d’ici 2024. C’est cet imaginaire que nous devons casser, arrêter d’ériger le sport comme un élément neutre et bienfaisant. A l’occasion de l’euro 2016, nous écrivions déjà : le sport est loin d’être neutre. Il est un miroir grossissant des dérives du système croissanciste. Le sport véhicule des valeurs qui, étonnamment, coïncident avec celles de la société de croissance : culte de la compétition, évasion fiscale, inégalités économiques. Finalement, le sport renforce un système de valeurs qui est bien utile pour faire fonctionner la méga-machine capitaliste. Il participe aussi à nous faire oublier les vrais enjeux et à nous faire croire qu’il pourrait résoudre des problèmes sociétaux majeurs l’espace d’une compétition (le leurre de la France black-blanc-beur de 1998 ). Tandis que la gestion des « grands stades », véritables arènes de la consommation, questionne sur nos pratiques de la démocratie, les valeurs du sport contribuent à annihiler notre capacité de jugement et de révolte contre un système inique et dévastateur en nous en faisant accepter ces valeurs … « Du pain et des jeux », hier, … « De la bière et du foot », en 2016 … de la pub et des jeux en 2024 … surtout et toujours, « Du sport pour la croissance ». L’individualisme et la compétition sont des valeurs que nous préférerions remplacer par le partage et la convivialité. (Le Collectif « Nous sommes Parti.e.s Pour La Décroissance »)

le sport, cet outil au service de la croissance
Des jeux pour oublier les pains

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Le summum du tourisme débile… en 21 jours

Normalement un article du MONDE* retrace le positif ou le négatif d’un événement quelconque. Mais quand on offre à un journaliste un tour du monde en avion, on a droit à un éloge exclusivement dithyrambique d’une excursion touristique : « Les lions sont bien là, mais aussi les gazelles, les hippopotames et les zèbres, les grues royales et une immense colonie de flamants roses. Les animaux offrent leurs déambulations aux photographes amateurs. L’après-midi, quand un éléphant solitaire passe à deux mètres de la voiture, ses défenses immaculées et son allure souveraine imposent le silence. Un safari en Tanzanie ? Pas seulement. Cette journée africaine n’est qu’une des neuf escales d’un voyage autour du monde. De quel tour s’agit-il exactement ? De Phileas Fogg au skippeur François Gabart, le tour du monde est une passion française. Ici, c’est un voyage « cartes postales », Grand Canyon et Las Vegas, puis les plages paradisiaques d’Hawaï, des Fidji et de Melbourne, Angkor au Cambodge, puis Colombo, la Tanzanie, Addis Abeba et enfin Jérusalem avant le retour à Paris. Les chiffres donnent le vertige : 21 jours, 46 555 kilomètres parcourus, 66 heures de vol, soit plus de deux jours et demi dans les airs. Tarif de base de la version « première classe », 48 900 euros. Deuxième catégorie, 30 900 euros pour des hôtels 4 étoiles. Ont-ils vécu leur rêve, ces passagers du tour du monde qui reçoivent le dernier jour un passeport d’opérette qui résume leur périple ? « Cent fois oui », disent-ils en cœur. » Un écologiste n’a qu’une envie, dégueuler à la lecture d’un tel exploit. Les commentateurs sur le monde.fr confirment (presque tous) :

Philippe : Pour être un peu moins nul, cet article devrait indiquer le nombre de tonnes de CO2 pour ce voyage bien tristounet.

Eric Richard : Notre maison brûle et nous regardons ailleurs… La raison prendra-t-elle enfin le dessus !!!

Taraxacum : C’est vraiment de l’argent gâché, et ils ne méritent pas leurs cartes postales. C’est la négation du voyage. Aucun contact avec la population, c’est méprisant pour les habitants et leur mode de vie.

BJ : Quel triste gâchis. Quel intérêt y-a-t-il à dépenser autant dans un séjour qui ne procure rien de plus, à part un jetlag monumental, que la sensation vaine et superficielle d’avoir visité une carte postale, d’avoir « fait » un pays? Quel rapport y-a-t-il avec une authentique aventure qui vous plonge dans une autre culture, qui vous dépayse vraiment et vous fait véritablement changer de regard? Ce tour du monde ridicule n’offre que ce l’argent peut offrir.

G.A. : Cela montre à quel point on s’emm… quand on a des ronds à ne plus savoir qu’en faire. L’inanité du vide. Petit ghetto volant.

ROGER WENDLING : le réchauffement climatique n’est pas vraiment leur tasse de thé, pour eux l’extase, pour nous les exilés climatiques !

Pinpon : Cette « consommation » est au voyage ce que la prostitution est à l’amour.

tokolosh : Bon, ce type de voyage n’est certainement pas ma tasse de thé, mais, ouh la la, quel déferlement de haine, de bile et d’auto-satisfaction de la part des prêchi-prêcha du « bon » tourisme. Du moment que vous prenez l’avion, c’est mauvais pour la planète ; les AirBnB, ça fout en l’air le marché de l’immobilier et l’industrie hôtelière ; les autochtones ne sont pas dans un zoo pour que des touristes puissent leur parler…

* LE MONDE du 24-25-26 décembre 2017, Le tour du monde en… 21 jours

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