Michel Sourrouille, auteur en 2017 du livre « On ne naît pas écolo, on le devient », a décidé avant de mourir de partager sa pensée avec tous les Internautes qui fréquentent ce blog biosphere. La parution se fera chaque jour pendant le mois de juillet. Il dédie ce livre aux enfants de ses enfants, sans oublier tous les autres enfants… car nous partageons tous la même maison, la Terre, si belle, si fragile…
Animal, une facette de notre humanité trop ignorée
J’avais affirmé à ma petite fille de 6 ans, Zoé, que l’homme était un animal parmi d’autres. Réaction spontanée de l’enfant : « Mais Papi, les animaux ne sont pas comme nous, ils ne parlent pas ». Ainsi commence l’anthropocentrisme, l’idée d’une supériorité de la race humaine puisque nous nous jugeons différents, dans le sens « supérieurs », inégaux. Je lui ai appris ce qui ne va pas de soi pour un enfant, la richesse du langage chez les animaux. Par exemple, la maman dinde a une incroyable gamme vocale pour s’adresser à ses petits. Et les petits comprennent. Elle peut les appeler pour qu’ils viennent se blottir sous ses ailes, ou bien leur dire de se rendre à tel endroit. Plus tard j’ai demandé à Zoé ce que mangeait un veau : « Bien sûr de la viande ! » Je lui ai alors fait trouver par elle-même que le veau buvait le lait de sa mère, comme Zoé quand elle était petite : « Nous sommes des mammifères, comme les vaches. Les femelles ont des glandes mammaires et nourrissent leurs petits de leur lait. » Il y a 4000 espèces de mammifères, dont plusieurs centaines sont aujourd’hui menacées de disparition… par la faute du mammifère humain ! Nous devons abandonner notre anthropocentrisme destructeur pour mieux respecter les autres formes du vivant. Un insecte possède un cerveau, bien plus petit que celui d’un humain sans aucun doute, mais un cerveau quand même. L’escargot est également doté d’un ganglion cérébral, et d’un cœur avec une seule oreillette et un seul ventricule, mais un cœur tout de même. J’ai montré une coupe de l’escargot à Zoé. Le schéma d’organisation du vivant est assez similaire d’un bout à l’autre de la planète, homo sapiens ne constitue pas une exception !
Dans mon petit Larousse, il y a trois définitions du mot « Animal » :
1) être vivant, généralement capable de se mouvoir, se nourrissant de substances organiques.
2) être animé, dépourvu du langage (par opposition à l’homme).
3) Personne stupide, grossière ou brutale.
On peut donc répondre aussi bien que l’homme est bien un animal selon la première définition, que l’homme n’est pas un animal selon la seconde et que, d’après la troisième l’homme n’est pas un animal, bien qu’il soit traité d’animal ! Pour s’y retrouver, mieux vaut dire que celui qui veut différencier l’homme de l’animal fait preuve d’anthropocentrisme (les humains avant tout) alors que celui qui voit la proximité étroite entre l’homme et l’animal témoigne d’une humilité qu’on peut appeler biocentrisme : Homo sapiens est une forme de vie parmi d’autres, apprenons à vivre en harmonie avec toute la chaîne du vivant. C’est là une pensée fondamentalement écologique. La culture asiatique n’a jamais adhéré à la conception chrétienne de la primauté de l’humain et le shintoïsme comme le bouddhisme tendent à considérer que toutes les entités vivantes, y compris les plantes, existent sur un même plan. Dès lors qu’on reconnaît qu’il y a unité du vivant, la stratégie cartésienne de supériorité de l’homme sur les autres espèces ne fonctionne pas. Aucune comparaison des différences n’implique une hiérarchie : on peut étudier des différences et des parentés, mais non pas construire une hiérarchie téléologique.
Toutes les espèces qui vivent aujourd’hui sont nos contemporains, issues du même processus d’évolution. Nous pouvons faire des différences entre les hommes et les femmes, entre les noirs et les blancs, entre les animaux et les végétaux, mais il n’y a pas en soi d’inégalités entre les espèces, pas de supériorité en soi de l’espèce humaine… Considérons enfin que si l’humanité peut vivre sans les baleines, les baleines pourraient bien mieux vivre sans les humains. Mettons-nous parfois à la place des non-humains, raisonnons comme un arbre ou un requin, nous comprendrons mieux notre insertion dans le monde des êtres vivants. Nous naissons animal, nous croyons devenir humain, nous ne sommes qu’une espèce parmi d’autres, plus vorace que les autres.
(à suivre… demain sur ce blog biosphere)
Déjà paru :
On ne naît pas écolo, on le devient, introduction
Abécédaire, la façon la plus simple pour s’y retrouver
Abeille, qui ne pique que si on l’embête
Abondance, s’éloigne dès qu’on lui court après
Absolu, un mot à relativiser, un mot indispensable
Acteurs absents, dont on a eu tort d’ignorer l’existence
Adolescence, moment de révolte ou de soumission ?
« On ne naît pas écolo, on le devient »
A vrai dire, cette phrase me fait marrer ! Au parti EELV, je vais être sympa, vraiment sympa, à chaque membre de ce parti, voici ce que je leurs propose. Que chaque écologiste me fournisse la définition de ce que devrait être ou ce qu’est un vrai écolo ! Et dans cette définition que chaque écologiste définisse le mode et le train de vie qu’il faut mener pour être un vrai écolo. Donc chacun créera la définition d’un écolo, autrement dit il y aura autant de définitions qu’il y a d’écolos. Donc chaque écolo ne pourra pas m’accuser de chipoter ou mal interpréter leur définition. Ensuite, à chacun d’entre eux je vais lire leur propre définition d’un vrai écolo puis je vais comparer leur propre définition à leur propre train et mode de vie !
Et là, je leurs pose les 3 questions suprêmes = « A partir de ta propre définition te considères-tu comme un vrai écolo ? » « Et pourquoi ne parviens tu pas à devenir un vrai écolo pourtant à partir de ta propre définition ? » « Et si toi-même tu ne parviens pas à devenir vrai écolo à partir de ta propre définition, alors penses tu pouvoir transformer les autres individus en vrais écolos ? «
Peut-être est-ce parce que tu as bien dormi, et que la nuit porte conseil, eh va savoir, en tous cas aujourd’hui je te trouve en forme. En forme de quoi peu importe, n’empêche que tu parles comme un sage. Et que tes questions sont des plus pertinentes. Bref, tu es sur la bonne voie, continue comme ça.
Je n’y avais jamais pensé mais c’est vrai qu’il y a autant d’écolos que de pèlerins qui s’en revendiquent. C’est d’ailleurs pour ça que je n’ose plus m’en dire. Un rigolo, un gaucho, un bobo, oui ! Mais un écolo non ! Ça c’est fini !
Quant au Vrai Écolo… alors là !!! Un bonobo, peut-être ?
Ce n’est pas compliqué, le Vrai Écolo c’est le Bon Écolo. C’est comme pour le vin, il y a le Bon et le Mauvais. En fait c’est comme pour tout, et n’importe quoi. Les chasseurs, les chanteurs, les danseurs, les politiques, les chrétiens, les musulmans etc. etc. D’un côté les Bons, de l’autre les Mauvais !
Pour s’y retrouver… le Vrai ou le Bon Écolo c’est celui qui s’en tient aux racines. Et bien profondes, les racines ! Et non pas superficielles.
– Radicalisme (étymologie) : de l’anglais radicalism, attitude intransigeante, du latin radicalis, qui se rattache à la racine, dérivé de radix, racine.
Ceci dit je ne vois pas pourquoi ces trois questions «suprêmes» ne concerneraient que les membres d’EELV. Elles valent aussi bien pour les membres du MEI (Waechter), ceux de Parti animaliste (PA) et j’en passe.
Ainsi que pour tous les membres d’associations diverses et variées, tous les écrivains, chanteurs, danseurs, marcheurs, comédiens etc. etc. etc. qui prétendent œuvrer au nom de l’Écologie.
– « celui qui veut différencier l’homme de l’animal fait preuve d’anthropocentrisme (les humains avant tout) alors que celui qui voit la proximité étroite entre l’homme et l’animal témoigne d’une humilité qu’on peut appeler biocentrisme »
C’est noir c’est noir, oui mais si c’est blanc c’est blanc. C’est noir ou blanc, mais ce n’est pas noir et blanc, c’est comme ci ou comme ça, ou tu veux ou tu veux pas !
J’adoooore quand les choses sont simples, faciles à comprendre. Et moi je dis que c’est comme ça qu’il faut parler aux gens, pour qu’ils se sentent moins perdus.
La critique est facile, se moquer c’est facile… en attendant, ça ne nous fait pas trop avancer. Misère misère ! Essayons plutôt de voir de quoi fait preuve celui qui voit la proximité étroite entre l’homme et l’animal, et qui et en même temps voit une différence énorme entre l’homme et l’animal.
Et bien ça dépend du point de vue. En supposant qu’elle se pose la question, du point de vue d’une baleine, d’une chèvre ou ou d’une mouche, celui-là fait tout connement preuve d’anthropocentrisme. Beurk ! Pas bon l’Anthropocentrisme !
Maintenant, du point de vue de certains bipèdes, plus voraces que les autres, celui-là fait preuve de biocentrisme… modéré. Ah oui, y’a bon la Modération !
Là encore, d’un côté le biocentrisme radical, et de l’autre le modéré.
Nul besoin de rappeler que d’un point de vue radical, modéré est synonyme du mou. Ou de superficiel. Entre les deux nous trouverons probablement un biocentrisme centriste, voire ni-ni. Et quelque part, au dessus, nous trouvons des excentriques qui ont intégré les deux positions philosophiques (Anthropocentrisme et Biocentrisme) et qui nous les proposent comme complémentaires et non opposées.
Quant à l’excentrisme, si ce n’est l’intégrisme… nous voyons encore là que c’est quelque chose qui caractérise seulement les Autres.
Nous voilà donc encore une fois bien avancés. Misère misère !