être végétarien ?

Il ne s’agit pas de te convertir immédiatement au végétarisme intégral, mais de réfléchir au poids que fait peser ton mode de digestion sur la Biosphère.

 

Les pays développés représentent aujourd’hui 15 % de la population mondiale, mais 38 % de la consommation mondiale de viandes bovines. Selon une étude publiée par The Lancet (13 septembre 2007), on consomme dans le monde 100 grammes de viande par jour et par personne, le taux moyen atteignant 200 à 250g dans les pays développés alors qu’il plafonne entre 20 et 25g dans les pays pauvres. Mais presque partout dans le monde, au fur et à mesure que le niveau de vie augmente, la consommation de produits animaux, viande et produits laitiers, augmente au détriment des produits végétaux. Par exemple en Chine, la consommation de viande a été multipliée par quatre en vingt ans. Pourtant en Afrique la consommation de viande a diminué drastiquement au cours des trente dernière années. Malgré ce sacrifice involontaire de certaines populations, la FAO a publié à l’automne 2006 un rapport titré La grande ombre de l’élevage. En effet à l’échelle de la planète l’élevage représente 18 % de l’effet de serre, davantage que la totalité des transports, et occupe 26 % des terres émergées. Les causes du réchauffement de la planète par l’élevage sont dues à 35 % par la déforestation qu’implique l’augmentation des superficies transformées en pâturages, 31 % par le fumier et le lisier, 25 % par la fermentation entérique des ruminants, 7 % par la production d’aliments de bétail et le reste résulte de la transformation et du transport. Ces émissions de gaz à effet de serre par l’élevage sont dans le monde de 7,1 milliard de tonnes d’équivalent CO2, soit près de 13 fois les émissions de la France, toutes sources confondues. Donc à toi de limiter la taille de ton steak !

 

Pour aller plus loin, cf. L’élevage, une menace pour l’environnement (L’écologiste n° 23 juillet-septembre 2007) et l’ouvrage de l’agronome Cl.Aubert et du médecins N.Le Berre : Faut-il être végétarien ? (sous-titré Pour la santé de la planète, éditions Terre vivante, 2007)

 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

 

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Eric Le Boucher

Missive non envoyée au courrier des lecteurs de notre quotidien favori, je ne suis pas dupe du résultat !

Eric Le Boucher est un journaliste qui, dans presque toutes ses chroniques, pense à beaucoup de choses, mais certainement pas à sauver la Biosphère. Dans ses « Questions pour l’après-Grenelle » (Le Monde du 28-29 octobre 2007) il énumère encore ses fantasmes à propos des écologistes : « écologie restrictive, malthusienne, pour qui l’homme est le destructeur de la belle nature ». Trois qualificatifs, trois conneries !

 

Ecologie restrictive ? Eric Le Boucher ignore encore qu’une crise économique suit obligatoirement une période de croissance comme l’avait démontré Aloïs Schumpeter : le  capitalisme n’est pas un long fleuve tranquille. Destructeur de la planète, le mode de développement capitaliste ne peut que se fracasser contre le mur des limites de notre Biosphère beaucoup plus violemment que lors du krach de 1929. La seule solution, la simplicité volontaire pour tous tout de suite, sinon ce sera les rationnements par l’argent comme sait traditionnellement le faire le système capitaliste libéral.

 

Ecologie malthusienne ? Eric Le Boucher ignore encore que la solution malthusienne (limitation des naissances, volontaire ou subie) sera imparables quand notre faim de ressources agricoles (alimentation et agrocarburants) dépassera bientôt les capacités productives du sol. La multiplication des violences inter-humaines va de pair avec l’insécurité. A juste titre le prix Nobel de la Paix a été donné à ceux qui savent lier climat insurrectionnel et réchauffement climatique (qui pénalisera entre autres la productivité agricole).

 Destructeur de la belle nature ? Eric Le Boucher ignore encore que notre système productiviste et mercantile est en train de provoquer une extinction des espèces, un bouleversement climatique, une stérilisation des sols, l’épuisement des ressources halieutiques, des pollutions diffuses… N’est-ce pas « dégueulasse » de ne pas savoir voir de telles catastrophes écologiques ? 

Eric Le Boucher assène dans cette chronique bien d’autres approximations du type « La vérité est que le principe de précaution est une ânerie chiraquienne pour acheter le calme des ayatollahs verts » (…) « On sent pointer une inquiétante écologie qui serait le dernier avatar du protectionnisme » (…) « L’écologie est anti-sociale ».

 En définitive, ce ne sont pas les écologistes qui sont inquiétants, c’est Eric Le Boucher. Combien de temps va-t-il encore sévir dans Le Journal qui veut être une référence ?

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féroces carnivores

Quand on lit Le Monde dans tous ses recoins, on arrive à trouver d’adorables petits bijoux :

 

« L’homme consomme, engloutit à lui seul plus de chair que tous les animaux ensemble d’en dévorent ; il est donc le plus grand destructeur, et c’est plus par abus que par nécessité ; au lieu de jouir modérément des biens qui lui sont offerts, au lieu de les dispenser avec équité, au lieu de réparer à mesure qu’il détruit, de renouveler lorsqu’il anéantit, l’homme riche met toute sa gloire à consommer, toute sa grandeur à perdre en un jour à sa table plus de biens qu’il n’en faudrait pour faire subsister plusieurs familles ; il abuse également des animaux et des hommes, dont le reste demeure affamé, languit dans la misère, et ne travaille que pour satisfaire à l’appétit immodéré et à la vanité encore plus insatiable de tous ces riches qui, détruisant les autres par la disette, se détruisent eux-mêmes par les excès. »

Buffon (1707-1788), extrait de son article sur le bœuf

 

C’était une petite pensée de la Biosphère pour les végétariens qui économisent la planète…

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

 

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le travail manuel

Les humains travaillent le monde pour en faire un foyer, mais notre agitation extrême fait en sorte que notre maison brûle. Pour la sauvegarde de tous, vive la décroissance des techniciens au service de la mégamachine…

 

« C’est le travail manuel qui est le lieu de l’attachement de l’homme à lui-même. Cette tâche ne voue aux gémonies ni le règne biologique ni la part animale de l’homme. Il y a au contraire, dans l’acte de soumission à la nécessité un bienfait, presque un salut. L’engagement corporel n’est pas signe d’abaissement de l’homme, mais de son humilité qui l’incline vers le sol, vers l’humus. Il n’y a pas d’un côté le travailleur, et de l’autre sa force de travail, une marchandise échangée sur un marché impersonnel. Comme le disait l’Américain Emerson, « Je ne veux pas que l’on sacrifie le travailleur au produit de son travail. Je préfèrerais de coton moins bon et des hommes meilleurs. Le tisserand ne doit pas être placé plus bas que la toile qu’il tisse. »

 

« L’intuition qui sous-tend cette préférence pour le travail manuel est que si le travail ne nuit pas au travailleur, ni à son corps, ni à son âme, il ne pourra pas nuire non plus à la création car le travailleur se ressentira partie intégrante de la nature terrestre. Il n’y a plus d’opposition fondamentale entre le monde social et la Biosphère, entre le sujet et l’objet, entre l’humain et le non humain. Au partage voulu par la tradition occidentale, on peut substituer les notions d’association et de réseau. L’activité manuelle constitue une chaîne reliant les humains aux non humains, que ces derniers soient de la matière inerte, des entités au statut incertain ou telle espèce en voie de disparition. L’homme ne se  comprend plus seul, enfermé en lui-même, mais relié, maillé avec le reste de la création dans une trame à la fois souple et solide qui dessine comme une architecture d’un monde inextricablement social et matériel, humain et non humain. » (Geneviève Decrop, Entropia n° 2).

 

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bientôt les restrictions…

Parfois dans notre journal Le Monde, on trouve des remarques intéressantes. Ainsi ce point de vue, en marge du Grenelle de l’environnement, de Bartabas (théâtre équestre Zingaro) qui n’attends vraiment rien d’une nouvelle politique écologique en France :

 

« Jusqu’à présent, je n’ai entendu personne poser la seule question qui importe : de quoi avons-nous vraiment besoin pour vivre ? Quelle est la part de l’indispensable et du superflu ? Quand chacun de nous aura répondu à cette question, nous aurons fait un grand pas et nous pourrons alors nous interroger sur la bonne façon de gérer la planète. Tant que nous choisirons de rester dans un système où nous produisons pour accumuler des richesses, où nous consommons pour satisfaire des besoins superflus dictés par la mode et la publicité, nous ne trouverons pas de solution à la hauteur des problèmes.

« Il faut mettre un frein à cette course effrénée et apprendre à se restreindre. Derrière le battage médiatique qui accompagne ce Grenelle de l’environnement, je crains malheureusement que le sens des limites ne soit pas encore une vraie préoccupation. »

 

Enfin quelqu’un qui se pose la seule question qui importe et qui trouve la bonne  réponse : pour sauver la Biosphère  et tous ses habitants, il te faudra renoncer à beaucoup de choses…

 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

 

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droit à la paresse

Les paysans propriétaires, les petits bourgeois, les uns courbés sur leurs terres, les autres acoquinés dans leurs boutiques, se remuent comme la taupe dans sa galerie souterraine, et jamais ne se redressent pour regarder à loisir la nature. Une étrange folie possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation capitaliste. Cette folie est l’amour du travail, la passion moribonde du travail. Au lieu de réagir contre cette aberration mentale, les prêtres et les économistes ont sacro-sanctifié le travail. Les philanthropes acclament bienfaiteurs de l’humanité ceux qui, pour s’enrichir en fainéantant, donnent du travail aux pauvres ; mieux vaudrait semer la peste et empoisonner les sources que d’ériger une fabrique au milieu d’une population rustique. Introduisez le travail de fabrique, et adieu joie, santé, liberté ; adieu ce qui fait la vie belle et digne d’être vécue. Et les économistes s’en vont répétant aux ouvriers : Travaillez pour augmenter la fortune sociale !

 

Notre époque est, dit-on le siècle du travail ; il est en effet le siècle de la douleur, de la misère et de la corruption. Et  cependant les philosophes, les économistes bourgeois, depuis le péniblement confus Auguste Comte, jusqu’au ridiculement clair Leroy-Beaulieu, tous ont entonné les chants nauséabonds en l’honneur du dieu Progrès, le fils aîné du travail. A mesure que la machine se perfectionne et abat le travail d’un homme avec une rapidité et une précision sans cesse croissantes, l’ouvrier, au lieu de prolonger son repos d’autant, redouble d’ardeur comme s’il  voulait rivaliser avec la machine. Ô concurrence absurde et meurtrière !

 

L’économiste Destut de Tracy disait : « Les nations pauvres, c’est là où le peuple est à son aise ; les nations riches, c’est là où il est ordinairement pauvre. » Quand on veut retrouver une trace de la beauté native de l’homme, il faut aller la chercher chez les nations où les préjugés économiques n’ont pas encore déraciné la haine du travail. Les bienheureux Polynésiens pourront-ils continuer à se livrer à l’amour libre sans craindre les coups de pieds de la Vénus civilisée et les sermons de la morale européenne ? Si la classe ouvrière se levait dans sa force terrible, non pour réclamer le Droit au travail, qui n’est que le droit à la misère, mais pour forger une loi d’airain, défendant à tout homme de travailler plus de trois heures par jour, la Terre, la vieille Terre, frémissant d’allégresse, sentirait bondir en elle un nouvel univers… Du moment que les produits européens consommés sur place ne seront pas transportés au diable, il faudra bien que les marins, les hommes d’équipes, les camionneurs s’assoient et apprenant à se tourner les pouces.

 

Mais comment demander à un prolétariat corrompu par la morale capitaliste une résolution virile ? 

 in Le droit à la paresse, écrit par Paul Lafargue en 1880-1883 (résumé par Biosphere)

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desobeir.net

Nous sommes un certain nombre à penser que la situation inquiétante de notre planète nous impose de retrouver le chemin de formes d’action et de lutte plus efficaces et plus radicales. Nous croyons que la réalité des rapports de force que nous subissons en matière de nucléaire civil et militaire, de protection de l’environnement contre les pratiques de certaines multinationales, de mondialisation de l’injustice sociale, etc. exigent de renouer avec une culture de la désobéissance civile/civique, de l’action directe non violente, du refus radical et ludique.

 Conscients des limites liées aux modes traditionnels de mobilisation (pétitions, manifestations…), qui ne nous valent que de trop rares victoires, et n’attirent plus guère les nouvelles générations de militants, nous avons décidé de former un réseau informel de militants de l’action directe non violente. Parce que nous voulons nous battre pour la défense de la vie et de la justice sociale, nous avons décidé de nous organiser en un groupe de volontaires et d’activistes prêts à agir de manière directe et non violente aussi souvent que nécessaire/possible.

 

Nous sommes des faucheurs d’OGM, des démonteurs de panneaux publicitaires, des clowns activistes, des dégonfleurs de 4×4 de ville, des inspecteurs citoyens de sites nucléaires, des intermittents du spectacle, des activistes écologistes, etc. Nous pensons que nos luttes et nos méthodes relèvent d’une dynamique alter-mondialiste plus indispensable que jamais, et que c’est ensemble, et dans l’action directe non violente, que nous rendrons possible la transformation radicale de notre société, et de ce fait notre survie à tous dans un monde redevenu vivable.

 

Dans un premier temps, nous avons décidé de nous former à l’action directe non violente, et aussi de faire émerger parmi nous des formateurs d’activistes, afin de démultiplier les formations et d’élargir ainsi nos rangs, tout en diffusant la culture de l’action directe non violente. Des stages se tiennent régulièrement, auxquels vous pouvez participer en vous inscrivant auprès de nous. Vous pouvez y participer quelle que soit votre expérience du militantisme ou de l’action directe non violente. Ces stages sont aussi l’occasion de discuter la préparation d’actions concrètes.

 

En espérant vous compter nombreux parmi nous, de la part de Xavier Renou. (cf. site http://www.desobeir.net/)

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fragilité de la puissance

Le sous-titre de ce livre d’Alain Gras énonce l’idée générale : « Se libérer de l’emprise technologique ». Cet objectif est absolument nécessaire puisque «  la machine-automate incarne la croissance continue et illimitée de l’emprise sur le milieu naturel et humain, alors même qu’elle épuise ce milieu et provoque ainsi sa fin. » Mais en fait, presque personne ne remarque le gigantesque système technique à l’œuvre dans la vie quotidienne. La minuscule prise de courant sur laquelle brancher la télé est reliée à des transformateurs, des lignes haute tension et la centrale atomique. Le skieur qui ne s’occupe que de la réussite de ses vacances peut glisser sur une neige vomie par des  canons alimentés par l’eau qu’on est allé chercher deux mille mètres plus bas dans la rivière sans se poser de question. Les objets techniques qui constituent notre environnement quotidien sont hétérogènes, mais liés entre eux dans une infrastructure réticulaire sous surveillance constante. Ce recouvrement domaine public/privé entraîne la dépendance accrue du citoyen par rapport au pouvoir. Les nœuds de contrôle (écoles, usines, prétendues expertises, etc.) diffusent des normes technoscientifiques adaptées à la stratégie des multinationales : brancher le plus de monde possible sur un poumon artificiel afin de nous rendre tous dépendants, matériellement et moralement, du progrès technique.

 

La solution ne consiste évidemment pas dans une fuite en avant technologique ni même dans le développement, fût-il durable. Il existe en effet une loi implacable, l’entropie, que Nicholas Georgescu-Roegen a traduit en une prophétie : demain, « la décroissance ». La trajectoire technologique ne sera donc pas changée par la discussion démocratique mais par ses propres revers, avec la crise pétrolière par exemple. Puisque toutes les activités humaines ou presque sont fondées sur l’usage d’une substance irrécupérable, il devient évident que lutter contre les effets néfastes de la technique thermo-industrielle par une technique du même type n’est qu’un moyen d’aller plus vite dans le mur puisque le système est fermé.

 

Dans ce contexte, le progrès technique est toujours un jeu à somme nulle, ce que l’on gagne d’un côté on le perd de l’autre ; lorsque je vole, je reçois de la haine. A la violence exercée par la technique, synonyme de confort, que la richesse exhibe aux yeux des trois quarts de la planète « la moins avancée », il est répondu par de la haine. Le terrorisme trouve là une légitimité que les armes ne savent pas combattre. Le « catastrophisme éclairé » prôné par Jean-Pierre Dupuy serait un autre moyen, acceptable, de s’apercevoir que le roi est nu. (extraits de Fragilité de la puissance d’Alain Gras)

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croissance ou Biosphère ?

Le Grenelle de l’environnement s’attaque en France aux problèmes de la Biosphère. Ce n’est pas gagné d’avance, je crois même que la bataille est déjà perdu. En effet, au même moment, la commission Attali planchait dans son coin pour « libérer la croissance ».

 

– Le Grenelle de l’environnement nous dit qu’il convient de changer notre cadre de raisonnement en intégrant le coût environnemental à nos dépenses de consommation : vive les hausses de prix ! La commission Attali conçoit la relance de la consommation par la baisse des prix, possible par un accroissement de la concurrence entre grandes surfaces et le recours aux importations. Vive la concentration et le déficit commercial…

 

– Le Grenelle de l’environnement nous dit qu’il convient de limiter notre mobilité physique, au besoin par des taxes supplémentaires sur le carburant : vive le pétrole  cher ! La commission Attali ne conçoit notre avenir que par une mobilité accrue des personnes et des biens. Vive la résidence à la campagne et le boulot qui n’existe plus…

 

– Le Grenelle de l’environnement s’interroge sur l’intérêt des filières agricoles qui utilisent les OGM : vive la limitation de la technoscience ! La commission Attali n’est pas loin de penser que l’agriculture mondiale ne peut se passer de ce type de chimères pour nourrir l’ensemble de la planète. Vive la mort de l’agriculture traditionnelle et la misère pour d’innombrables paysans…

 

Jacques Attali et ses semblables font la guerre à la planète !  Mais une bataille de perdue n’est rien, puisqu’en fin de compte la Biosphère a toujours raison …

 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

 

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habitat surpeuplé ?

Il y a les normes des pays riches. Un logement est considéré comme confortable s’il dispose d’une salle d’eau, d’un WC intérieur et d’un système de chauffage. Il est considéré comme surpeuplé au sens large si la surface habitable est inférieure à 18 m2 par personne de référence + 12 m2 par autre personne de 14 ans et plus (ou + 9 m2 par enfant de moins de 14 ans). Le surpeuplement accentué fait référence à la norme Insee basée sur la comparaison du nombre effectif de pièces composant le logement et d’un nombre normatif de pièces dites « nécessaires » au ménage calculé en fonction de sa taille, de l’âge et de la situation familiale de ses membres (schématiquement, on compte une pièce de séjour pour le ménage, une pièce pour chaque personne de référence d’une famille, une pièce pour les personnes hors famille non célibataires et les célibataires de 19 ans et plus, et, pour les célibataires de moins de 19 ans, une pièce pour deux enfants s’ils sont de même sexe ou s’ils ont moins de 7 ans, sinon une pièce par enfant).

 

Et puis il y a la norme des pays pauvres ou les enfants des deux sexes vivent et dorment dans la même pièce. La vérité est relative, les normes sociales évoluent avec son enrichissement.

 La Biosphère aimerait le compromis, une société de simplicité volontaire, avec un seul logement par famille (pas de résidences secondaires) et des conditions d’espace relativement égales entre les différents ménages, qu’il vivent au Nord de la planète ou au Sud. Un habitat compact devrait s’accompagner d’un nombre d’enfants réduit pour diminuer l’emprise de l’humanité sur les écosystèmes.

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moins vite, moins loin

Dans les 100 mots de l’environnement (coll. Que sais-je ?, 2007), on peut lire dans l’article sur les biocarburants des conneries du type « La mobilité constitue un élément non négociable de la vie en société ». Cela reste connerie puisqu’on nous assène cela sans plus de précisions. Alors, allons consulter beaucoup plus loin l’article sur la mobilité qui commence ainsi : « Longtemps, la mobilité a constitué un élément très secondaire de la vie quotidienne. Avant la révolution du train, la diligence a suffi pour transporter les hommes. » Tiens donc ! La mobilité pourrait être limitée, on pourrait questionner la longueur de nos déplacements actuels ? Que nenni ! L’article continue ainsi : « L’homme ne se fixe plus pour s’intégrer : il se déplace. Et l’individu bloqué, celui qui ne peut se déplacer, est un exclu en puissance. Dans notre société, plus on joue un rôle, plus on se déplace (…) La ville ou la vie de demain ne se fera pas contre la mobilité : tout simplement parce qu’elle nous lie les uns les autres. »

 

Ce dictionnaire frelaté oublie que le lien de proximité économise la planète alors que (selon le même article) « presque 30 % des émissions de gaz à effet de serre résultent de notre mobilité ». Cet hymne à la croissance de nos déplacements ignore aussi que la ville du futur doit être compacte. Et ce n’est pas parce qu’on prend le Boeing que nous méritons une forte considération pour notre rôle social. Enfin, comme dit le texte lui-même, la mobilité est un facteur d’exclusion. Quant aux agrocarburants, ils ne pourront jamais soutenir durablement des déplacements individuels croissants. 

Ce petit dictionnaire qui ne voit de salut que dans l’innovation en matière de transports ne mérite pas l’intérêt de la Biosphère. « Plus vite, plus loin, plus souvent et moins cher  » est déjà un vieux slogan, il sera remplacé par : « Moins vite, moins loin, moins souvent, et beaucoup plus cher ». Mieux vaudrait s’immerger dans la Biosphère auprès de chez soi qu’essayer de fuir au loin les problèmes. 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

 

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de la vie sauvage

« L’homme mobile !  Il existe pourtant deux manières de faire le tour du monde. La première consiste à franchir le seuil de sa porte afin d’accomplir son périple et d’y revenir, la seconde à ne jamais bouger de chez soi. Que l’on voyage ou non, on reste toujours à la même distance de son cœur et, tout en étant bâti sur un plan unique, la course inerte permet d’aller plus vite et plus loin dans la quête de la forme universelle.

 

« Penser comme un chêne. Il est regrettable que l’homme ne préfère pas la vie d’un arbre à la sienne propre ; il ne les arracherait plus inconsidérément et sa propre disparition infirmerait beaucoup moins la planète que celle d’un chêne. L’homme est moins éclairé que le renard ou la bostryche, il a perdu tout sens de la mesure en oubliant la complicité cosmique qui lie le moindre brin d’herbe à la plus grande étoile.

 

« Chateaubriand écrivait : « les forêts précèdent les hommes ; les déserts les suivent. » Triste réalité ! Notre égoïsme fait que nous sommes devenus tout à fait inaptes à prévoir. « Après nous le déluge ! » entend-on souvent d’homme ayant procréé. Ils n’auraient donc fait des enfants que pour eux-mêmes ?

 

« Nous le savons maintenant, l’homme aurait dû  depuis longtemps se destituer en tant que « roi de la création » : il est absolument incapable de prévoir à long terme, il a perdu tout contact avec le Cosmos et avec l’équilibre inter-espèces qui a permis à notre planète d’évoluer depuis des siècles. Il est le seul prédateur incohérent de son globe.

 

« La nature procède toujours – comme ce qui est divin – par concentration et synthèse, alors que l’homme égaré dans la mauvaise voie (et si orgueilleux de l’être !) n’opère que par analyse et dissociation.

 

« Le grand livre de la Nature est devenu illisible pour la plupart de l’humanité qui, entassés dans les villes monstrueuses, pourrit comme les pommes, selon l’expression de Mirabeau. Puissions-nous retrouver la joie primordiale de créer notre propre maison avec nos propres mains en utilisant les matériaux non transformés d’une terre qui aussi nous nourrit.

 

« Quoi que nous puissions dire, écrire, faire, si nous n’avons pas l’Amour, nous ne sommes rien… RIEN. »

 

Pensées d’Alain Saury, le manuel de la vie sauvage (revivre par la nature)

 

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retour au Ladhak

Le développement est une escroquerie… Le passé a donc un avenir !

 

Le Ladakh est un désert de haute attitude traversé d’énormes chaînes de montagne. La vie y est rythmée par les saisons. Brûlé par le soleil en été, il frissonne pendant huit mois en hiver : les températures peuvent tomber jusqu’à – 40°C. La pluie est si rare qu’il est facile d’oublier jusqu’à son existence.

 

Jusqu’à mon arrivé au Ladakh, les mots durabilité et écologie ne signifiaient pas grand choses pour moi. Mais au fil des ans, j’en suis venue non seulement à respecter les capacités d’adaptation des Ladakhis à la nature, mais aussi à mettre en question le mode de vie occidental auquel j’étais accoutumée. Les Ladakhis reprisent leurs tuniques jusqu’à ce qu’elles ne puissent plus être rapiécées. Quand un vêtement est vraiment trop usé, il est placé, rempli de boue, dans un canal d’irrigation. Ce que les hommes ne peuvent manger sera donné aux animaux ; ce qui ne peut servir de combustible nourrira la terre. Les vieux demeurent actifs jusqu’au jour de leur mort. Un matin, je vis le grand-père de la maison où je vivais, âgé de 82 ans, descendre en courant du toit par une échelle. Il était plein de vie. A trois heures de l’après-midi, nous le retrouvâmes mort, paisiblement assis, comme s’il dormait.

 

Les différences de richesses sont très faibles. Chaque paysan étant presque autosuffisant, donc indépendant, il est rarement nécessaire de prendre des décisions au niveau de la communauté. Je comprenais ainsi l’importance des questions d’échelle. Comme les villages comptent rarement plus d’une centaine de foyers, les gens peuvent faire directement l’expérience de leur dépendance mutuelle ; ils mesurent immédiatement les effets de leurs propres actions et éprouvent donc un fort sentiment de responsabilité. De plus, leurs actes étant parfaitement visibles aux autres, ils en sont plus aisément tenus pour responsables. C’est l’assistance mutuelle, et non la concurrence, qui façonne l’économie. Dès l’âge de cinq ans, les enfants savent prendre des responsabilités ; ils grandissent entourés de personnes de tous âges, ils font partie d’une véritable chaîne de relations où l’on prend et où l’on offre. D’une manière générale, les rôles sont beaucoup moins définis qu’en Occident. Dans leur grande majorité, les Ladakhis ne sont pas spécialisés.

Tout au Ladakh reflète son héritage bouddhiste.  Prenons la vacuité. Quand vous pensez à un arbre, vous y pensez comme à un objet distinct, et à un  certain niveau, c’est ce qu’il est. Mais à un niveau plus fondamental il n’a pas d’existence indépendante, il se dissout dans un réseau de relations. La pluie qui tombe sur les feuilles, le vent qui l’agite, le sol qui le soutient – tous font partie de lui. Si on y réfléchit bien, tout ce qui est dans l’univers aide l’arbre à être ce qu’il est. C’est pourquoi les Ladakhis disent que les choses sont « vides », au sens où elles n’ont pas d’existence indépendante. Ils sont donc conscients du contexte vivant dont ils font partie. Les mouvements des étoiles, du soleil, de la lune, sont des rythmes familiers qui ponctuent leurs activités de chaque jour. Sentir et  comprendre que l’on fait partie du flux de la vie, se détendre et l’accompagner, voilà d’où vient leur satisfaction. Comme le disaient les Ladakhis : « Pourquoi être malheureux ? »

Quand je suis entrée pour la première fois dans ce pays, en 1975, la vie dans les villages s’inspiraient encore de principes séculaires. Le manque de ressources de la région, son climat inhospitalier, la difficulté d’y accéder, l’avaient protégé du colonialisme comme du développement. Mais ces dernières années, des forces extérieures ont fondu sur lui comme une avalanche, provoquant des bouleversements aussi rapides que massifs. Dans une économie de subsistance, l’argent ne joue qu’un rôle mineur. Le travail n’a pas de valeur monétaire, il s’insère dans un réseau complexe de relations humaines. Mais un touriste peut dépenser en un jour autant qu’une famille ladakhi en un an. Alors les habitants du Ladakh se sentent très pauvres. Au début de mon séjour, des enfants que je n’avais jamais vus venaient m’offrir des abricots ; aujourd’hui, de petites silhouettes affublées de vêtements occidentaux élimés accueillent les étrangers en tendant la main : « Stylo, stylo » est désormais leur mantra. Mais ce que les enfants ladakhis apprennent aujourd’hui à l’école ne leur servira à rien. Leurs manuels sont rédigés par des gens qui n’ont jamais mis les pieds au Ladakh et ignorent tout de la culture de l’orge à plus de 4000 mètres d’altitude.

Extraits de Quand le développement crée la pauvreté d’Helena Norberg-Hodge (Fayard, 2002)

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deux modes de vie

La Biosphère n’a aucune admiration pour la mondialisation marchande.

 

Je vais t’expliquer le terme « local » en comparant deux villages : ils se situent en Crète, mais ils pourraient se trouver n’importe où. L’un des villages est perché dans les montagnes, on ne peut y accéder que par une route non bitumée, jonchée de nids de poule, sur laquelle les bus ne se risquent pas. Le seul contact avec le monde extérieur que j’ai pu relever tenait en la personne d’un homme qui, à bord d’un camion très robuste, bravait les nids-de-poule une fois par semaine et rapportait au village des chargements de poisson en provenance du petit port de pêche côtier. Les moutons du village servaient de monnaie pour payer ce poisson. A l’exception de ce troc, la communauté de cette montagne était autosuffisante. Il y avait assez de petites parcelles en terrasse pour y cultiver du blé, des vignes et des oliviers. Il y avait un moulin à huile pour presser les olives. Il y avait beaucoup de noyers et de citronniers, de figuiers et bien d’autres arbres fruitiers. Il y avait des ruches, et les moutons fournissaient de la viande en abondance. Les maisons du village étaient simples et confortables pour ce type d’environnement. Les femmes fabriquaient des vêtements. Il y avait un tisserand dans un village voisin, un bottier dans un autre, un coutelier dans un troisième. Avaient-ils une culture, me demanderez-vous ? Eh bien, on chantait, on dansait et on jouait de la musique. Il y avait peu de livres, mais si les villageois avaient souhaité lire, ils en auraient trouvé. Les villageois ne payaient pas d’impôts et il n’y avait qu’un policier. Ils connaissaient leurs propres lois et les respectaient.

 

L’autre village crétois que je voudrais décrire se trouvait un peu plus bas dans la montagne et disposait d’une route praticable. Elle permettait de se rendre à la ville et bien sûr reliait également la ville à la compagne. L’argent de la ville est arrivé et a permis l’achat d’une bonne partie des terres ; on a déraciné les vieux arbres et les vignes et on a planté des oliviers à croissance rapide pour créer une oliveraie à des fins  commerciales. Ainsi les villageois ont du payer leur huile d’olive et ont été rapidement entraînés dans l’économie monétaire. Toutes sortes de marchands arrivaient au village et un petit super marché s’ouvrit. Soudain, les villageois découvrirent qu’ils avaient « besoin » d’un tas de choses dont ils ne se servaient pas auparavant. La télévision arriva de même et apporta avec elle des images alléchantes. Les jeunes du village ne dansaient plus et ne chantaient plus ; ils voulaient écouter de la musique pop occidentale et boire du Coco-Cola. Même si leur jolie route avait tout d’une route vers la liberté, ce fut en réalité celle de la tristesse, de l’esclavage salarial et du mécontentement, et qui n’offrit aucun retour à tous les jeunes qui l’empruntèrent.

Extraits de « John Seymour, Revivre à la campagne, première édition 1976, édition 2007 De Borée, Reproduction en couleur par Colourscan (Singapour), Imprimé et relié en Chine par Toppan » : ohhhhhhahhhhhhhh, la Biosphère s’étouffe !!!!!!!!!!!!! 

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de la pauvreté à la misère

Le livre « Quand la misère  chasse la pauvreté » de Majid Rahnema (Fayard, 2003) démontre que la pauvreté choisie est la condition de lutte contre la misère.

 

Il y a les insupportables privations subies par une multitude d’humains acculés à des misères humiliantes et la misère morale des classes possédantes. Cette misère résulte d’un système économique dont l’objectif majeur est de transformer la rareté en abondance, une économie productrice de besoins engendrant de nouvelles formes de rareté et, par conséquent, modernisant la misère. La misère fait son apparition lorsque les gens perdent le sens du partage. Quand vous arrivez en ville, vous n’avez plus personne avec qui partager. Les ouvriers des agglomérations urbaines ont compris que leur subsistance les liait désormais aux nouvelles institutions économiques et sociales, il leur fallait courber l’échine devant le nouvel ordre. Dans ce système le riche est aussi mécontent que le miséreux : le défavorisé voudrait devenir millionnaire, et le millionnaire multimillionnaire. L’économie occidentalisée a fini par nier sa fonction première, servir les personnes qui en avaient le plus besoin.

 

Il y a d’un autre côté la pauvreté consentie dans des sociétés conviviales dont le mode de vie simple et respectueux de tous a compté pour beaucoup dans le maintien des grands équilibres humains et naturels au cours de l’histoire. Si chacun ne conservait que ce dont il a besoin et se contentait de ce qu’il a, nul ne manquerait de rien. Toutes les sociétés vernaculaires dites « pauvres » développent en leur sein des mécanismes destinés, d’une part, à contenir l’envie et la convoitise, de l’autre à maintenir une tension positive entre ce qu’il est personnellement possible de vouloir et d’avoir et ce qu’il est collectivement possible et raisonnable de produire. Cette tension leur a permis de développer leurs capacités productives sans qu’il y ait rupture entre les besoins et les ressources.

 

Le monde actuel est au bord d’une catastrophe. Il faudrait donc se donner comme objectif la destruction des centres de production de la rareté, cette mondialisation qui détruit les économies de subsistance, cette lutte contre « la pauvreté » qui définit un seuil de pauvreté de façon relative, un niveau qui progresse continuellement avec la courbe de la croissance économique. La mesure essentielle pour éviter la catastrophe consiste pour chacun de nous à une prise de conscience de nos capacités individuelles d’action et en un ré-apprentissage de la simplicité volontaire. Comme le disait Gandhi,  « La civilisation, au vrai sens du mot, ne consiste pas à multiplier les besoins, mais à les réduire volontairement, délibérément ».

La Biosphère approuve.

 

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au secours !

Jusque-là, toutes les civilisations avaient mis en pratique une manière d’autolimitation. Nos sociétés modernes récusent, elles, toute limitation. Leur caractéristique principale est d’être en quête d’une puissance sans limite, en particulier dans les domaines énergétiques et techniques.

L’Indien Shuar perçoit sa place sur Terre comme un échangeur de Nature : tout ce qu’il reçoit, il ne fait que l’emprunter et il le restituera. Si la dette devenait trop importante, la nature réagirait. La réciprocité représente un élément majeur de la perception traditionnelle. De même les aborigènes pensent que, tel un boomerang, toute blessure que vous infligez à l’environnement vous reviendra tôt ou tard : « Quand vous  détruisez un site, vous créez une ride qui va sillonner dans le cosmos comme la jarre de billes. Cela détruit l’équilibre et ce déséquilibre entraîne le chaos, la maladie et la mort des gens et de la nature ». Les Touareg partagent la même conception en boomerang : toute agression à la terre mère provoque sa révolte. Ainsi on peut utiliser ses sécrétions (animaux, végétaux…), mais pas ses organes vitaux (ressources du sous-sol, cycles atmosphériques…). De plus, ces sociétés ont souvent une conception cyclique du temps. Dans cette conception, tout ce que nous infligeons à l’environnement aura des conséquences que nous subirons plus tard, puisque nous ferons en quelque sorte partie des générations futures.

 

En revanche les sociétés modernes ont plutôt une conception linéaire du temps. Ce que nous faisons à présent aura certes des conséquences dans le futur, mais nous n’y serons plus. Ce principe a soutenu la croyance au « développement »  et au « progrès ». On n’imagine pas plus de limites à l’industrialisation qu’on n’en perçoit dans la capacité de l’environnement à absorber toutes les pollutions d’origine humaine .Les peuples modernes s’accommodent d’un environnement dégradé, bruit, pollution de l’air et de l’eau, disparition des espèces, modification du climat, etc. En effet, vivant dans un environnement artificiel, hors de la nature, ils ne subissent qu’indirectement les effets de cette dégradation. Ils disposent en outre de la possibilité d’exploiter des ressources extérieures à leur environnement proche et se débarrasser d’une partie de leur pollution en la dispersant ailleurs. Aujourd’hui les peuples modernes, se préoccupent essentiellement de leur bien-être personnel. Les problèmes d’environnement qui ne menacent pas directement ce dernier leur sont indifférents.

En conséquence, l’homme moderne pourra accomplir une tâche socialement écologiquement nuisible si elle lui procure le salaire dont il dépend pour vivre. Un homme traditionnel n’aurait rien à y gagner en terme d’autonomie ; il reste pleinement conscient de sa dépendance envers la nature et de l’importance de l’entraide sociale. Mais l’influence du monde moderne sur les sociétés traditionnelles a été et continue d’être une source de rupture à sens unique, des modernes vers les indigènes. Cette influence peut être résumée par la logique des trois « C » de Maurice Godelier : colonialisme, christianisme, capitalisme.

 

Au fur et à mesure de l’accroissement de la pression sur leurs terres et de la confrontation à l’économie de marché, les peuples indigènes se sont de plus en plus assimilés la culture moderne. Cette dernière barrière franchie, plus rien ne les empêchera de succomber aux objectifs économiques à court terme, ultime étape vers laquelle la colonisation aspirait à les précipiter. Au Sahara par exemple, les nouvelles politiques ont quasiment fait disparaître la gestion traditionnelle de leur territoire par les Touareg, favorisant les forages profonds à haut débit, les pâturages intensifs liés à la disparition du nomadisme, et donc l’absence de contrôle du nombre de points d’eau ; tout cela conduit à l’épuisement des ressources. Comme le résume un Australien d’origine aborigène : « La difficulté, c’est qu’après cinquante ou soixante ans de sucre et de corned-beef, nous sommes devenus dépendants d’un certain style de vie ».

 

Seule une mutation profonde du système de pensée occidental pourra permettre une réelle évolution.

 

Extraits de Les sociétés traditionnelles au secours des sociétés modernes de Sabine Rabourdin (Delachaux et Niestlé, 2005)

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nouveau sens du sacré

L’histoire des religions est bien plus complexe que celle des monothéismes. Le bouddhisme repose sur le principe d’interdépendance universelle, le taoïsme fonde l’harmonie sur un respect des équilibres spontanés dans le cosmos, le zen estime que le véritable corps humain est l’univers tout entier. Dans l’hindouisme, il n’y a pas l’idée que l’animal et la nature soient inférieurs ; la condition humaine n’est qu’une représentation temporaire qui peut transmigrer après la mort même dans des mollusques. Les adeptes du jaïnisme se déplacent avec un masque sur la bouche de crainte d’avaler un moucheron et balayent devant eux pour éviter d’écraser le moindre vermisseau. Toutes les tribus indiennes ont en commun l’expression Père-Ciel et Mère-Terre, leur vision de l’univers est en liaison étroite avec les écosystèmes ; Dans ces sociétés, l’idée d’une hiérarchie parmi les êtres n’existe pas et il faut respecter fraternellement animaux, végétaux et minéraux puisque la notion de parenté ne se rapporte pas uniquement aux membres d’une famille ou d’un clan, elle inclut tous les êtres de l’environnement, animés ou inanimés. Les Indiens n’étaient pas végétariens car cueillir une plante était de la même gravité que tuer un animal. Pour eux, la survie dans le cycle de la vie et de la mort est parfois liée à l’acte de prendre la vie à d’autres êtres, mais toute appropriation est signe d’un endettement : les chasseurs et les pêcheurs pratiquaient des offrandes envers leurs gibiers et les agriculteurs envers le sol.

 

L’écologiste Lynn White Jr. en tire cette conclusion en 1967 : « Plus de science et de techniques ne nous feront pas sortir de la crise écologique tant que nous n’aurons pas, soit trouvé une nouvelle religion, soit repensé l’ancienne. »

 

Après avoir été vénérée comme une mère ou une marâtre, puis oubliée, la Nature devrait donc (re)devenir un partenaire pour les humains. C’est plus facile pour les traditions chamanistes et orientales comme le bouddhisme et l’hindouisme car elles ne connaissent pas l’idée d’un dieu créateur. C’est très difficile pour les juifs, les chrétiens et les musulmans qui doivent abandonner leur dogme de la prétendue toute puissance de Dieu ainsi que leur culte de l’anthropocentrisme (l’homme à l’image de Dieu).

Mais chez eux comme dans toute religion il y a cet aspect qui parle de frugalité et de renoncement ; ce sont là les prémices d’une conversion possible à l’idée de décroissance humaine (productive et démographique), d’une recherche de l’humilité face à la Biosphère, d’un œcuménisme à construire ensemble.

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toujours et à jamais !

« Prions pour les juifs. Que le Seigneur notre Dieu lève le voile de leurs cœurs et leur permette de reconnaître Jésus-Christ. » Cette incitation à la conversion chère aux traditionnalistes chrétiens est inscrite dans le rituel de la messe de saint Pie V. Le pape actuel reste sur la même longueur d’onde. Quand il était préfet de la doctrine romaine, il avait affirmé en 2000 dans le  document  Dominus Jesus que l’Eglise catholique était la seule à se prévaloir de la qualité d’Eglise : « Elle n’a cessé d’exister au cours de l’histoire, et toujours elle existera, et c’est en elle seule que demeurent à jamais tous les éléments institués par le Christ lui-même. »

 

Pourtant les chrétiens n’ont fait que succéder à la vulgate juive et depuis lors l’unité des églises a éclaté en mille morceaux ; les musulmans progressent en nombre, eux qui se réfèrent aussi au dieu « unique », et aucune des quelques sectes qui ont  réussi ne peuvent se considérer comme détentrice de la vérité, puisqu’il n’y a de vérité que relative. La religion n’est qu’un aspect partiel de la culture qui donne sens et cohésion à une société humaine. Tout est variable, fluctuant, approprié  à une époque et à une société donnée, c’est ce que nous démontre l’expérience historique et ethnologique. Dans ce contexte, il est vraiment ridicule que Joseph Ratzinger (alias Benoît 16) puisse laisser écrire « Toujours elle existera » ou «  demeurent à jamais ».

 

Par contre, quelle que soit notre croyance personnelle, nous pourrions tous nous convaincre qu’à défaut d’un dieu créateur et unificateur, c’est bien notre Terre qui est notre mère ; nous sommes en tant qu’espèce homo sapiens une simple composante de la diversité de la Biosphère. Alors la seule prière qui puisse nous rassembler est celle-là : Prions pour l’espèce humaine. Que la Biosphère lève le voile de leurs cœurs et leur permette de reconnaître que « le bien-être et l’épanouissement de la vie humaine et non-humaine sur Terre ont une valeur intrinsèque. » Dès son premier principe, l’écologie profonde nous ouvre la voie de l’œcuménisme…

 

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Pécheurs qui roulent

La route est l’enfer du monde moderne, elle est le lieu de la puissance, de la violence, de l’égoïsme, de l’homicide. Ainsi s’exprime avec emphase le Vatican dans un document rendu public le 19 juin 2007. L’Eglise nous rappelle ses fondements, à savoir effectuer le signe de croix après avoir serré sa ceinture, et bien sûr pendant le voyage, réciter son chapelet. D’ailleurs « celui qui connaît Jésus-Christ ne peut que rouler avec prudence puisqu’il n’est pas pressé d’arriver » (ndlr : au paradis). Un nouveau code de la route est proposé sous la forme des « dix commandements » du bon conducteur :

 

– Tu ne tueras point.

– Que l’automobile ne soit pas pour toi une expression de pouvoir, ni une occasion de pêcher ;

– Soit conscient de ta responsabilité envers autrui, etc.

 

L’Eglise catholique est donc mieux prédisposée à s’occuper des quatre roues plutôt qu’à préserver la Biosphère ! Rappelons alors quelques commandements préférables aux précédents :

 

– Tu pratiqueras la simplicité volontaire (tu éviteras la possession d’un véhicule personnel)

– Tu aimeras ta planète comme toi-même (tu seras contre la construction de nouvelles routes)

– Tu ne laisseras pas les machines te dicter leur loi (la voiture n’est rien, la marche est essentielle)

 

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catholique ou musulman ? on s’en fout !

            Un sondage de l’institut CSA en France indiquait que 52 % des catholiques jugent « certaine ou probable » l’existence de Dieu. Mais ce n’est un Dieu personnel, comme l’enseigne le  christianisme, que pour 18 % des sondés ; les autres identifient Dieu à une notion plus vague telle que « force, énergie ou esprit ». De toute façon, il n’y aurait plus qu’un Français sur deux (51 %) à se déclarer « catholique » alors que les Français sans religion représentent désormais quasiment un tiers (31 %) de la population. Mais la croyance est une opinion et une pratique cultuelle qui relève de la vie privée. Ce n’est pas parce que tu ne crois en rien de surnaturel que tu ne peux être touché par la félicité. Par contre, beaucoup de croyants croient aux vertus de la croissance économique et aux illusions des marchands de gadgets, voiture, portable, vidéogames…

 

           La Biosphère ne te demande ni observation de rites d’un autre âge, ni culte d’une quelconque marchandise, c’est à toi d’exprimer personnellement les besoins de tes générations futures comme les besoins des non-humains, c’est à toi de faire personnellement preuve de simplicité volontaire dans ton comportement et de te regrouper en association de défense de la nature, c’est à toi d’agir politiquement pour que l’équilibre durable de la Biosphère devienne le fondement de toute décision humaine : il n’y a pas de dieu extérieur à toi-même.

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