Rassemblement national, écologisme superficiel

Le discours du Rassemblement national (RN, ex FN) sur l’écologie a toujours été marqué par le rejet ou l’indifférence. La récupération actuelle de cette thématique relève essentiellement de l’opportunisme, les fondements idéologiques de l’extrême droite restent les mêmes.

Pierre Madelin : « Jean-Marie Le Pen était généralement hostile à la protection de l’environnement, avec des accents parfois climatosceptiques. En 2017, il a par exemple déclaré que « sans le réchauffement climatique on mourrait de froid ». Il avait comparé, en 1989, le parti écologiste à une pastèque, expliquant que ses adhérents étaient verts à l’extérieur, rouge à l’intérieur. Mais face aux évolutions de la société, le RN se saisit depuis quelques années de différents enjeux qu’il négligeait auparavant. C’est le cas des droits des femmes, de la cause LGBT et, désormais, de l’écologie. Le parti met en avant le localisme. Le localisme sert de passerelle vers les thèmes identitaires et nationalistes. Marine Le Pen déclarait, en 2019, qu’il fallait protéger « les écosystèmes, à commencer par les écosystèmes humains que sont les nations ». A la même époque, Jordan Bardella, qui n’était pas encore le président du Rassemblement national, affirmait, pour sa part, que « le meilleur allié de l’écologie, c’est la frontière ». Si l’on peut relocaliser les activités économiques, il faudra aussi relocaliser les êtres humains, ceux que l’extrême droite estime ne pas être de véritables Français. La critique des énergies renouvelables est un autre élément important de ce nouveau discours. Les éoliennes sont particulièrement visées. Elles contreviendraient au localisme, car elles seraient imposées sans concertation dans les territoires. A l’inverse, le nucléaire est défendu, il représente aux yeux du RN un socle sur lequel asseoir la souveraineté énergétique de la France et permet de décarboner l’économie. Ces propos relèvent d’un « greenwashing » nationaliste. On voit que le RN reste fortement imprégné par son fond libéral, productiviste et technosolutionniste.

A travers le monde, les principales forces politiques d’extrême droite rejettent généralement l’écologie. L’ancien président brésilien Jair Bolsonaro, Donald Trump aux Etats-Unis, Vladimir Poutine en Russie, ou encore le premier ministre indien, Narendra Modi, sont des défenseurs des énergies fossiles, des acteurs de la déforestation, et s’opposent aux accords internationaux en faveur du climat. »

Le point de vue des écologistes ni droite, ni gauche

En fait si on se place dans la gestion du long terme, ce qui est la nature même de l’écologie politique, la fracture ne se trouve pas entre les étiquettes partisanes, mais plutôt entre un écologisme superficiel et l’écologie de rupture. L’écologie de rupture avec le système thermo-industriel devient une nécessité avec une planète en surchauffe. Or il faut noter la convergence de LRM et du RN, le déni de la crise écologique. Macron ne veut pas transformer le système productiviste et consumériste si ce n’est à la marge, avec des slogans sans conséquence ou le culte d’innovations salvatrices. De son côté Marine Le Pen se refuse complètement à traiter l’urgence écologique.

Que pense de fait Marine Le Pen : « Science de la vie, l’écologie est aussi une source de la joie de vivre, de la beauté des choses, et du bonheur d’être français … Mais la défense de l’environnement a des ennemis , l’écologisme, cette politique qui consiste à peindre en vert les pires atteintes à l’environnement (et surtout)  l’écologie radicale, ce fondamentalisme qui entend en finir avec les modes de vie, les traditions et les mœurs qui sont les nôtres et prendre le contrôle de chacun de nos gestes… qui entend soumettre les Français aux diktats d’une écologie punitive… » Ce texte issu de son programme de présidentiable en 2021 montre bien sa condamnation de tout écologisme de rupture, assimilée à une punition. Refuser de dire aux Français et Françaises que la transition écologique va demander beaucoup d’effort et dans tous le domaines est la marque du populisme, flatter l’électeur dans le sens du poil, se contenter de désigner des boucs émissaires.

Mais au fond le localisme, c’est aussi écologique. C’est instaurer en d’autres termes des communautés de résilience, recherchant l’autonomie territoriale au niveau alimentaire et énergétique. Produire local, bouffer local, c’est écolo. Les circuits courts, c’est écolo. Des éoliennes « made in France » seraient un peu plus écolo que des éoliennes chinoises ou même espagnoles. La mise en œuvre de l’écologie, c’est compliqué. Se contenter d’un discours nationaliste anti-immigrés, c’est plus que superficiel. Pourfendre les éoliennes mais adorer les centrales nucléaires, c’est du délire.

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1 réflexion sur “Rassemblement national, écologisme superficiel”

  1. C’est bon, mis à part les benêts tout le monde a compris que le RN est à l’écologie ce que TF1 est à la culture. Même pas une injure, juste une énoooorme pantalonnade. Alors à quoi bon reparler de MLP et de son RN ? Parlons plutôt de ces écolos ni-ni.
    Là encore, depuis le temps… mais quand même ! Comme si depuis maintenant 6 ans il y en avait encore beaucoup qui y croyait à cette blague du ni-ni. Comme si l’écologie ni-ni allait sauver la planète, mon dieu quelle blague ! C’est fou d’être déboussolé à ce point, de ne même pas savoir où on habite. Par contre pour sauver le Système, alors là braves gens, vous pouvez aussi bien compter sur le ni-ni que sur le Relent National.

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