nous n’avons aucune identité nationale
La IIIe république a idéalisé des personnages historiques et mythifié un territoire aux frontières idéales. Les langues régionales sont sacrifiées, l’école devient obligatoire, les paysans arrachés à leur terres pour nourrir l’industrialisation. Tel est le vrai visage de la nation française. Les historiens-hagiographes ont extrait de la complexité épisodes et figures exemplaires qui sont devenues autant de modèles pour une mémoire collective. En France, la géographie est fille de la défaite de 1870 ; c’est pour ancrer dans l’esprit des jeunes générations l’image d’un territoire national immuable qu’est née cette discipline. L’historien et le géographe forgent ainsi l’identité qui appelle le territoire, et du même coup les pulsions territoriales. Les trois peuples qui fondent la « France », les Gaulois, les Francs et les Romains, sont tous des envahisseurs. Mais Jules Ferry explique au parlement que le devoir des races supérieures est de civiliser les races inférieures. La création de l’école, le développement de l’idée de nation et la colonisation ont partie liée. C’est le triomphe de l’Etat-ethnie, et l’exacerbation de l’identité nationale devient une névrose totalitaire pour laquelle on accepte de mourir dans des guerres inutiles. L’Etat-nation se forme et se consolide aux dépens d’un ou plusieurs autres peuples, elle se nourrit des vitamines de la haine. Nous ne sommes pas Français ou Nigériens, nous sommes tous cosmopolites, citoyens de l’univers.
Une fois l’histoire des nations dépassée, c’est le temps qui est restitué à tous les humains, et avec lui l’harmonisation des relations interethniques. Nous sommes cosmopolites par essence et d’une nationalité quelconque par nécessité temporaire. Si on obéit à des raisons d’humanité, on ne peut plus faire de distinction entre les nationalités, les races et les religions. Il n’y a structurellement ni homme ou femme, ni noirs ou blancs, ni Palestiniens ou Israéliens, ni n’importe quelle autre ethnie, il n’y a que des humains. Un jour, les citoyens du monde éliront des délégués à un congrès des peuples. Restera alors à appliquer la sagesse : « Si je savais quelque chose qui fut utile à ma patrie et qui fut préjudiciable au genre humain, je la regarderais comme un crime. Si je savais quelque chose qui fut utile à l’humanité et préjudiciable à notre planète, je la regarderais comme un crime. »
Source documentaire : Dossier LeMonde du 16 décembre, Quand l’histoire raconte des histoires
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