démographie

Pourquoi les Verts allemands ne sont pas crédibles

Les Verts allemands, comme leurs homologues français, sont restés un repaire de pseudo-révolutionnaires qui recyclent les thèmes de l’ultra-gauche, le revenu pour tous sans travailler, la GPA (gestation pour autrui) pour tous et la PMA (procréation médicalement assisté) pour toutes, un féminisme outrancier et un amour immodéré des immigrés. Leur tâche principale qui devrait être de porter haut et fort l’urgence écologique disparaît alors complètement aux yeux de l’électeur. Des fondamentaux comme le réchauffement climatique, ils le laissent à Merkel et Macron qui n’en font pas grand-chose non plus.

Dans leurs négociations actuelles pour former un gouvernement, les Verts allemands exigent de renoncer au plafonnement à 200 000 par an du nombre de réfugiés susceptibles d’être accueillis en Allemagne, ainsi qu’à l’interdiction du regroupement familial pour ceux bénéficiant de la « protection subsidiaire ». Une loi de 2016 empêche en effet les réfugiés qui n’ont obtenu qu’un titre de séjour d’un an renouvelable de faire venir leur famille. Ils souhaitent cependant un allongement de la liste des « pays d’origine sûrs » et la multiplication des centres d’accueil pour demandeurs d’asile afin de mieux contrôler leur présence sur le territoire*. Sans vouloir remonter plus loin, on en est resté à l’époque des camps de Harkis en France, l’isolement par incapacité d’intégrer les nouveaux arrivants. Sans rentrer plus loin dans ce débat, notons que l’immigration est d’abord un problème écologique, lié à la capacité de charge des différents territoires. Vouloir un libre accès total dans un pays est un non-sens écologique, la libre circulation des personnes un mythe.

Nous rappelons aux Verts franco-allemands la campagne « Halte à la surpopulation – Oui à la préservation durable des ressources naturelles ». L’association Ecologie et population (Ecopop) avait le 30 novembre 2014 soumis à référendum en Suisse une initiative voulant limiter la croissance annuelle de la population due à l’immigration à 0,2 % sur une moyenne de trois ans. Il pourrait donc immigrer  environ 16 000 personnes/an de plus que celle qui émigrent. Actuellement, chaque année 95 000 personnes quittent la Suisse. Par conséquent, il pourrait encore immigrer 110 000 personnes. Ecopop demandait aussi que 10% des fonds de l’aide au développement de la Confédération soient consacrés à la planification familiale VOLONTAIRE dans les pays bénéficiaires. L’accès à la planification familiale volontaire est considéré depuis 1968 comme faisant partie des droits de l’homme des Nations Unies. Chaque année, il y a dans les pays en développement env. 80 millions de grossesses non désirées à l’origine d’un tiers de la croissance de la population mondiale. La pression démographique (pas seulement migratoire), en Suisse ou ailleurs, fragilise le tissu social : logements trop chers, allongement des distances entre domicile et travail, engorgement des infrastructures, déséquilibres divers entre les humains et leur milieu naturel. Pourtant il faut noter qu’aucun parti, y compris à l’extrême droite, ne fait un lien entre démographie et dégradation de l’environnement. Démographie et écologie reste un sujet extrêmement tabou, même pour les écologistes institutionnels.

* LE MONDE du 21 novembre 2017, Ce qui a fait obstacle à la formation d’une coalition en Allemagne

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Rémi Barroux, un journaliste vendu au natalisme

Le journaliste Rémi Barroux est un pervers qui multiplie les phrases assassines pour occulter le risque démographique. Discutons ses propos*.

Rémi Barroux : « Le constat n’est pas discutable, l’humanité a augmenté de 2 milliards d’individus entre 1992 et 2017. Pour autant, le constat ne vaut pas prévision. »

Biosphere : L’humanité a augmenté constamment ces dernières décennies de 1 milliard en moyenne tous les douze ans. Le passé ne dit pas grand-chose sur l’avenir sans doute, mais comme nous avons déjà pillé la planète, souvent de façon irréversible, nous nous doutons que nos générations futures vont grandement souffrir. Pour limiter les dégâts, cela implique la nécessité d’une baisse drastique de la population en valeur absolue. Comme il y a de fortes probabilités que les dirigeants ne prendront par la fécondité à bras-le-corps, il y aura une accentuation des guerres, famines et épidémies comme le prévoyait déjà en 1798 Malthus.

Rémi Barroux : « Depuis une cinquantaine d’années, la croissance diminue. Des + 2 % annuels de croissance démographique mondiale dans les années 1960, on est passé à + 1 %. Et on devrait arriver prochainement en dessous du seuil de 1 %. »

Biosphere : Le taux de croissance démographique mondiale a certes diminué, mais cela ne veut nullement dire qu’il y a décroissance de la population mondiale. Au dessus de 0 %, il s’agit toujours d’une évolution exponentielle de type 1-2-4-8-16…. Albert Jacquard faisait remarquer que, avec un taux d’accroissement de 0,5 % par an, la population humaine, qui était d’environ 250 millions il y a  deux mille ans, serait de 5000 milliards aujourd’hui.

Rémi Barroux : « La planète supporte bien 2 milliards d’habitants supplémentaires. »

Biosphere : Rémi Barroux commente un avertissement de 15 000 scientifiques constatant le fait que l’humanité pousse « les écosystèmes au-delà de leurs capacités à entretenir le tissu de la vie ». Il a le culot d’écrire l’inverse.

Rémi Barroux : « Par ailleurs, un taux de fécondité autour de 2,5 enfants par femme au niveau mondial ne signifie pas grand-chose. Plus de la moitié des pays de la planète connaissent un taux inférieur au taux de renouvellement. »

Biosphere : Gladstone tenait les statistiques pour la forme la plus élaborée du mensonge. On ne fait dire aux chiffres que ce qu’on veut leur faire dire. Ce n’est pas parce que certains pays ont un taux de reproduction faible que cela invalide une moyenne mondiale. Cela veut même dire que les autres pays sont très au-delà de 2,5 enfants par femme !

Rémi Barroux : « Et en Chine, la politique de l’enfant unique par famille a été abandonnée, pour contrer les effets du vieillissement de la population qui, rappelons-le, représente près de 20 % de l’humanité. »

Biosphere : Barroux reprend la tarte à la crème du danger du vieillissement. Rappelons que cet argument n’est valable que pour les pays où les pensions de retraite sont financées par la collectivité, par les actifs. Faire plus d’enfants pour payer la retraite des vieux veut dire beaucoup plus de vieux dans l’avenir, c’est un cycle sans fin et autodestructeur. D’autant plus que les nouveaux arrivant sur le marché du travail risquent fort de se retrouver au chômage et donc population à charge comme les retraités ! Si la Chine fait n’importe quoi aujourd’hui, cela ne veut pas dire qu’il faut suivre leur exemple.

Rémi Barroux : « Le démographe Hervé Le Bras rappelle que« tout change très vite… La Tunisie est en dessous du seuil de reproduction alors qu’elle était encore à près de 7 enfants par femme il y a cinquante ans »

Biosphere : Le cas de la Tunisie est mal venu, car ce pays a une faible population (12 millions d’hab.) comparé aux 2 géants voisins que sont l’Algérie (42) et l’Egypte (98) où « tout change très vite » mais dans l’autre sens puisque les taux de fécondité y sont en hausse…

Rémi Barroux : « Dans leur avertissement à la planète, les scientifiques avancent qu’il serait « idéal » de s’en tenir au maximum au niveau de renouvellement de la population. C’est déjà quasiment le cas, répondent les démographes. « Et si vous extrapolez la baisse de la croissance de la population observée depuis les années 1950, on pourrait passer de 1 % aujourd’hui à une croissance nulle dans quarante à cinquante ans », avance Hervé Le Bras. »

Biosphere : C’est le problème des démographes, ils disent d’un côté que l’avenir est imprévisible et de l’autre ils aiment faire des extrapolations par rapport au passé. Leur formule fétiche, c’est la transition démographique, le fait de passer d’un taux de fécondé et de mortalité élevés à l’inverse après une période d’explosion démographique. Le problème, c’est que ce schéma validé dans le passé pour les pays déjà développés a besoin d’un développement socio-économique pour voir baisser la fécondité. Or le dépassement des capacité de la planète (cf. l’empreinte écologique) invalide toute perspective d’un développement pour les pays prétendument « en voie de développement ». D’autant plus qu’une croissance démographique rapide fait entrer le pays dans le cercle vicieux « on est pauvre, donc on fait beaucoup d’enfants, donc on est encore plus pauvre… »

Rémi Barroux : « Si on réservait la nourriture, blé, maïs, soja destinée aux animaux pour la consommation humaine, on pourrait nourrir 11 milliards d’humains, affirme Hervé Le Bras. C’est avant tout une question de régime alimentaire : si l’ensemble de l’humanité mangeait comme les Français, les ressources de la planète permettraient de nourrir seulement 4 milliards d’humains. A contrario, avec le régime du Bangladesh, ce serait 12 milliards. »

Biosphere : Le problème est qu’aucun occidental ne voudrait vivre comme un Bangladais et que très peu de Bangladais aspirent à rester à ce niveau de consommation. La sous-nutrition a un impact très négatif sur le fonctionnement cognitif, alors devenir une planète sur-peuplée d’individus très limités, non merci.

Rémi Barroux : « Le problème n’est pas tant la croissance démographique que la gestion des ressources et le changement des modes de vie. »

Biosphere : Je ne rejoins pas la conclusion de l’article, selon laquelle le changement des modes de vie serait plus important que le contrôle de la démographie africaine. Les deux mécanismes sont interdépendants, la croissance démographique est dans tous les cas un multiplicateur des menaces (cf. l’ équation IPAT). Les deux objectifs doivent être conduits en parallèle et avec volontarisme et fermeté. Les effets bénéfiques seront alors cumulatifs.

* LE MONDE du 14 novembre 2017, En vingt-cinq ans, la population mondiale a crû de 35 %

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La Terre ne peut porter que 1 à 2 millions d’humains

Nous pensions crier dans le désert et aujourd’hui 15 000 scientifiques de 184 pays disent la même chose que notre blog biosphere : « Il sera bientôt trop tard ». LE MONDE publie l’intégralité de cet « Avertissement à l’humanité »*, en a fait son titre en UNE, et un éditorial le lendemain**. Cet éditorial passe complètement sous silence la taille démesurée de la population humaine. L’appel des 15000 demandait pourtant aux politiques de « déterminer à long terme une taille de population humaine soutenable et scientifiquement défendable tout en s’assurant le soutien des pays et des responsables mondiaux pour soutenir cet objectif vital. »

La détermination d’une population durablement soutenable a déjà été faite par plusieurs auteurs. La meilleure réponse à notre connaissance est celle de Lierre Keith : « Toute discussion sur la population mondiale doit absolument prendre en compte la notion de capacité limite ou nombre d’humains qu’un environnement donné peut supporter indéfiniment. Aujourd’hui, des milliards d’entre nous ne sont là qu’à cause des combustibles fossiles. William Catton pense que nous avons atteint la population maximale en 1800, année qui marque le début de l’ère des ressources fossiles.Si vous utilisez l’année 1800 comme référence, il y avait environ un milliard de personnes au début de l’ère des combustibles fossiles. Mais je ferais reculer le début d’environ 10 000 ans, au début de l’agriculture. Ce que je propose est le concept de sol fossile. Le sol est une réserve biologique ancienne que nous n’avons cessé de détruire depuis que nous dépendons des céréales annuelles. L’érosion des sols est irréversible car leur formation est si lente qu’on se doit de considérer la couche arable comme non renouvelable. Une population qui dépend d’une réduction des éléments de base de la vie ne peut durer. Si vous utilisez 8000 av.J.-C., il y avait huit millions d’humains sur cette terre. »

Or les terres d’avant le néolithique étaient composées de beaucoup de forêts giboyeuses, d‘espaces humides riches en biodiversité, de rivières poissonneuses, toutes choses qui ont été détruites par la surpopulation humaine. C’est pourquoi 8 millions d’êtres humains sur la Terre, c’est encore trop. Nous ne devrions pas dépasser 1 à 2 millions d’humains équitablement répartis dans la biosphère. Alors le problème politique qui se pose, c’est comment arriver à réduire la population humaine en de telles proportions. Le problème est d’autant plus insoluble qu’il y a une inertie de la croissance démographique. Si toutes les femmes en âge de procréer avaient ne serait-ce que 1,5 enfants (soit en dessous du taux de remplacement qui est d’environ 2,2 enfants par femelle), la population continuerait d’augmenter pendant plusieurs décennies. Comme nous n’avons quasiment rien fait jusqu’à présent pour réguler la fécondité humaine, ce sont les mécanismes mis en évidence par Malthus qui vont se mettre en œuvre de façon encore plus brutale qu’aujourd’hui : guerres, famines et épidémies.

L’éditorial du MONDE rappelait la conclusion de l’« appel des 15 000 » : agir plus tard, ce sera agir trop tard. Pour nous, il est déjà trop tard. Mais il n’est pas exclu que pour limiter les dégâts, il se passe l’événement politique suivant : Le président des États-Unis, le Secrétaire général du parti communiste chinois, le Président russe… ont annoncé ce jour la création d’une Organisation mondiale qui aura vocation à réguler tout phénomène économique, social ou environnemental qui, de par ses causes ou ses conséquences, dépasse le cadre des frontières étatiques et ne peut qu’être abordé au niveau mondial dans l’intérêt général de l’Humanité. Ses principaux objectifs seront la maîtrise démographique et la réduction des inégalités, la construction d’une économie mondiale saine, l’entretien de systèmes soutenables en termes de ressources naturelles, de terres, d’énergie, de biodiversité, et enfin la régulation du climat. Face à l’urgence , des mesures s’imposent à tous dès le 1er septembre de cette année, notamment la limitation stricte des naissances à une par femme dans le monde entier, une taxation mondiale sur les gaz à effet de serre, tant pour les entreprises que pour les particuliers, une interdiction de la production et de la consommation de viande rouge, une interdiction de l’abattage des arbres sauf dans les zones strictement délimitées, un couvre-feu mondial à 22h30 pour économiser l’énergie dans les zones non équipées en énergies renouvelables. Ces mesures peuvent sembler autoritaires et brutales. Elles nous sont imposées par notre laisser-aller collectif depuis des décennies. Toues ont en commun la recherche de l’intérêt général du genre humain. Leur application sera assurée par une force de police, reconnaissables par leurs casques verts, et qui auront tout pouvoir pour signaler et réprimer les manquements constatés. La Déclaration universelle des droits de l’Homme sera refondée pour y inclure des devoirs. »***

* LE MONDE du 14 novembre 2017, « Il sera bientôt trop tard pour dévier de notre trajectoire vouée à l’échec, et le temps presse »

** LE MONDE du 15 novembre 2017, Changement climatique : le cri d’alarme face à l’inertie des Etats

*** Un monde pour Stella de Gilles Boyer, ex-directeur de campagne d’Alain Juppé

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L’immigré pour un sociologue n’est qu’un faire-valoir

En sociologie, il y aurait d’un côté les « analytiques » et de l’autre les « combatifs »*. En d’autres termes de vrais scientifiques à comparer aux militants engagés. En fait c’est un faux débat. La socio«logie» qui se contente de faire des constats n’est pas un logos, mais une simple description (comme le font les démo«graphes»). Le sociologue qui prend parti dans un débat de société en ne présentant qu’un aspect de la complexité sociale n’est plus sociologue. Quand Boudon privilégie le facteur individuel (vive le libéralisme) alors que Bourdieu met en évidence la contrainte sociale (à mort le conditionnement), il y a un biais. La réalité sociale est faite de l’interaction constante entre l’individu et le collectif, c’est le mécanisme de l’interaction spéculaire. En fait la sociologie, c’est ce sur quoi Boudon et Bourdieu sont nécessairement d’accord. On ne peut plus raisonner comme le faisaient les marxistes : ceux qui sont d’accord avec moi sont des scientifiques, ceux qui sont contre moi sont des idéologues. Toutes les « sciences » humaines comme la sociologie, l’économie ou la politique s’intéressent à une réalité mouvante dont les constructions un jour peuvent être déconstruites un autre jour. A une époque d’ailleurs, on ne disait pas « sciences » économiques, mais économie politique. Mais la spécialisation en différentes disciplines a rigidifié les statuts ; économistes et sociologues ont voulu faire croire à la prééminence de leur discipline particulière. La sociologie (comme l’économie) n’est pas une science mais une subjectivité construite qui veut prendre sa part du pouvoir.

Après ces généralités, considérons le cœur de l’article de Michel Guerrin, rédacteur en chef au « Monde », en ce qui concerne l’immigration. Dans un texte d’Olivier Galland « La sociologie du déni », l’auteur affirme que la grande majorité des enquêtes des sociologues qui travaillent sur les immigrés sont construites « autour d’une conception victimaire ». Ces études disent beaucoup sur ce que les immigrés, leurs enfants et petits-enfants subissent, très peu sur ce qu’ils pensent de la France, du mode de vie occidental, du statut de la femme, de la religion, de l’homosexualité, etc. – comme si les immigrés formaient une entité déresponsabilisée par la discrimination. Nathalie Heinich dans un livre de 2009, Le Bêtisier du sociologue, moquait déjà les idéologues de l’observation sociale. Elle qui a fait sa thèse avec Pierre Bourdieu s’en prend aux enfants du maître : « Ils font du Bourdieu mal digéré. Ils sont si orientés, si habités par la culpabilité colonialiste, qu’ils ne découvrent rien, ne voient rien, ne veulent pas le voir, sont juste au chevet du parc des opprimés qu’il ne faut jamais heurter. » Ainsi, nous aurions peu d’études sur la montée de l’antisémitisme chez les musulmans, l’échec du multiculturalisme, les zones de non-droit dans les banlieues, la façon dont la religion a fait disparaître la mixité de l’espace public, etc. Nathalie Heinich l’a constaté à ses dépens : « Poser des questions, c’est être qualifié d’islamophobe ou être mis dans les filets de l’extrême droite. » Dialoguer devient impossible, « Nous vivons une époque de sommations. Si on n’est pas d’un côté, on est de l’autre. »

Notre société qui théoriquement favorise les pensées universalistes se fragmente au contraire en groupes inconciliables. D’un point de vue écologiste, la question des migrations pose le problème de la capacité de charge des différents territoires, des niveaux différenciés de surpopulation et d’activité économique et recouvre en outre bien d’autres contraintes géopolitiques. Mais la commission « immigration » d’EELV (Europe Écologie Les Verts) se contente d’être un relais des associations de sans papiers. Quand on leur demande de se poser la question de la venue d’une masse de personnes chassées de leurs terres et des effets de seuil pour un accueil décent, ils vous traitent de raciste et xénophobe. Ils devraient lire Malthus qui se plaçait déjà dans une perspective holistique au début du XIXe siècle : « L’émigration est absolument insuffisante pour faire place à une population qui croît sans limite… L’émigration, en supposant qu’on en pût faire un libre usage, est une ressource qui ne peut être de longue durée. »

* LE MONDE du 11 novembre 2017, La guéguerre des sociologues

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Euthanasie et eugénisme, même combat

Euthanasie : Quand il est revenu dans la chambre. Nicole dormait encore. Le polochon dépassait du lit. « Et là, je ne sais pas ce qui m’a pris. J’ai pris le polochon, je l’ai mis sur ma femme et je me suis couché dessus. Elle a bougé un peu les bras et les jambes. Quand j’ai enlevé le polochon, j’ai vu qu’elle était morte. » Après 54 ans de mariage, Hubert O. a tué en l’étouffant son épouse atteinte de la maladie d’Alzheimer, avant de tenter de se suicider. La cour d’assises de l’Isère l’a condamné, vendredi, à cinq ans de prison avec sursis.*

Eugénisme : La mort devient parfois une valeur préférable à la vie car certaines existences ne méritent pas d’être vécues. En 1978, j’attendais un enfant. La mère travaillait dans un institut médico-pédagogique, entourée de mongoliens et autres anomalies. Elle était terrorisée à la possibilité de mettre un enfant anormal au monde. J’ai alors pensé sincèrement que si mon enfant à naître ne pouvait être autonome, je l’aurais avec amour doucement étouffé sous un oreiller. Je n’ai pas eu à le faire… Sinon, aurais-je bénéficié du sursis en assises ?

Conclusion : Ce sont là deux exemples d’exercice de la responsabilité par un individu dans une société qui valorise actuellement le droit de vivre à n’importe quel prix. La loi peut changer, c’est ce que s’efforce de faire l’association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) en demandant la possibilité du suicide assisté. Quant à l’eugénisme, il est déjà possible d’avorter quand l’enfant est atteint de mongolisme. L’amniocentèse permet de vérifier la constitution des chromosomes, elle est systématiquement proposée en France aux femmes de plus de 38 ans, le taux de trisomie 21 augmentant avec l’âge de la mère. Si la décision d‘avorter passe en France par le libre choix de la femme, on sait que 90 % décident l’élimination s’il y a trisomie. Il s’agit donc d’un eugénisme « démocratique ». De toute façon une cour d’assises, constituée de citoyens mis en demeure de réfléchir profondément sur des cas particuliers, garde la possibilité de punir si l’individu outrepasse la loi et de pardonner en donnant une peine avec sursis…

* LE MONDE du 5-6 novembre 2017, Hubert, 80 ans : « J’ai tué maman, j’en peux plus »

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815 millions d’affamés et cela ne peut qu’augmenter

Aujourd’hui, 815 millions de personnes se couchent le ventre vide, un chiffre en augmentation par rapport aux 777 millions de personnes recensées en 2015. L’Organisation des Nations unies pour l’alimentation et l’agriculture dans son rapport de septembre préconise de lutter contre toutes les causes de malnutrition de manière intégrée. Malheureusement, la FAO oublie dans son listing l’essentiel, l’explosion démographique. Reprenons les modes d’action envisagés :

– « assurer une production alimentaire durable » : cet objectif sera toujours confronté à la loi malthusienne selon laquelle la population a tendance à suivre une évolution exponentielle (1-2-4-8…) alors que la production nourricière suit des rendements de type linéaire (1-2-3-4…). On a combattu depuis le XIXe siècle la loi des rendements décroissants en agriculture par plus d’engrais et d’énergie, les sols ont été dopés artificiellement, ils sont en bout de course aujourd’hui, et les ressources fossiles sont bientôt inaccessibles. Il ne reste donc principalement que l’action sur la fécondité humaine.

– « améliorer les infrastructures qui acheminent les aliments du champ à l’assiette pour réduire le gaspillage alimentaire ». Se nourrir avec des aliments venus du bout du monde, envoyer les poulets surgelés du Brésil en France ou en Afrique, remplir son frigidaire pour en jeter la moitié, cela n’a pas de sens. Il faut revenir aux circuits courts, ce qui n’est possible que s’il y a désurbanisation et retour à la terre d’une majorité de la population. Cela devient impossible sur une terre surpeuplée où les villes grandissent sous forme de bidonvilles alors que les campagnes se dépeuplent à cause de la concentration des terres aux mains de quelques-uns. Un jour la fécondité humaine sera sévèrement encadrée, sauf à conserver un système inégalitaire où les riches ne meurent jamais de faim.

– « mauvais assainissement » : autant il est facile dans de petites communautés de recycler les déjections humaines, autant cela devient impossible quand une population s’accumule sur un territoire restreint. La chasse d’eau est une invention du diable qui n’est pas généralisable. Il n’y a pas de problème dont la solution ne soit facilitée par la maîtrise de la fécondité humaine.

– « s’appuyer sur des systèmes de santé plus efficaces » : Les moyens qui sont donnés pour l’armement dans des sociétés agressives car trop peuplées ne peuvent aller au système de santé. Pour le dire autrement, on ne peut pas sur une terre aux moyens limités tout faire en même temps. On sait cependant que mettre une bonne partie de nos ressources dans le planning familial ne peut qu’améliorer le sort des générations futures.

– « favoriser l’équité, lutter contre la pauvreté et réduire les risques de conflits ou de catastrophes. » Malthus avait bien montré dès 1798 que si la fécondité humaine n’était pas maîtrisée nous allions vers un monde où guerres, famines et épidémies se multiplieraient. Nous sommes en 2017 et son pronostic est visible tous les jours à la lecture de nos journaux.

* LE MONDE du 5-6 novembre 2017, La malnutrition n’épargne plus aucun pays dans le monde

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Dernier avertissement à l’humanité avant le naufrage

Il y a vingt-cinq ans, l’Union of Concerned Scientists (UCS), et plus de 1 500 scientifiques indépendants − y compris la majorité des lauréats de prix Nobel dans les sciences − ont publié, le 18 novembre 1992, l’« Avertissement des scientifiques du monde à l’humanité » (« World Scientists’ Warning to Humanity »).Ces chercheurs « préoccupés » ont enjoint l’humanité d’en finir avec la destruction de l’environnement, en insistant sur le fait qu’« un changement radical dans notre relation à la Terre et à la vie sur Terre s’avère nécessaire pour éviter la misère humaine à grande échelle. » Les scientifiques co-signataires de l’appel avaient notamment plaidé pour la stabilisation de la population humaine, en décrivant comment la pression démographique sur la Terre − accrue par une augmentation de la population mondiale de 35 % depuis 1992, soit deux milliards de personnes supplémentaires − est si forte qu’elle peut entraver les efforts entrepris dans le sens d’un avenir soutenable. Nous reproduisons ce qui concerne la démographie dans ce deuxième avertissement en 2017 .

Depuis 1992, l’humanité n’a pas réussi à faire les progrès nécessaires pour résoudre les défis environnementaux qui s’imposent à elle. Et, de façon alarmante, la plupart d’entre eux deviennent chaque jour plus incontournables. Nous nous condamnons nous-mêmes en faisant le choix d’une consommation matérielle intense − quoique géographiquement et démographiquement inégale − et en ne prenant pas conscience que la croissance rapide et continue de la population est le principal moteur de nombreuses menaces écologiques et même sociales. A défaut de limiter, de façon adéquate, la croissance de la population, de réévaluer les impacts d’une économie enracinée dans la croissance, de réduire les gaz à effet de serre, de développer les énergies renouvelables, de protéger les habitats naturels, de restaurer les écosystèmes, de mettre fin à la défaunation et de lutter contre les espèces exotiques envahissantes, l’humanité ne prend pas les mesures urgentes nécessaires pour préserver la biosphère. Il est temps de remettre en question et de modifier nos comportements individuels, y compris en limitant notre propre reproduction − idéalement, pour assurer le remplacement de la population tout au plus − et en diminuant drastiquement notre consommation de combustibles fossiles, de viande et de bien d’autres ressources.

Des actions et des étapes urgentes peuvent être mises en œuvre pour que l’humanité prenne le chemin de la soutenabilité, comme :Réduire davantage les taux de fécondité en veillant à ce que les femmes et les hommes aient accès à l’éducation et aux services volontaires de planification familiale, en particulier là où ces ressources manquent encore ; Renforcer l’éducation en plein air pour les enfants et la connaissance générale des milieux naturels ; et enfin, estimer une taille de population humaine scientifiquement défendable et soutenable à long terme, tout en rassemblant les nations et les dirigeants pour soutenir cet objectif vital. Nous devons reconnaître, dans nos vies quotidiennes comme au sein de nos institutions gouvernementales, que la Terre est notre seul et unique habitat.

pour le texte intégral, https://sciences-critiques.fr/nouvel-avertissement-a-lhumanite/

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Pour une politique familiale sans allocations natalistes

Quand on a un faible niveau de revenu, on n’a pas forcément besoin de faire des enfants. Ainsi parlerait un malthusien. Le ministre de l’économie, Bruno Le Maire, inverse les clés du problème : « Quand on a un niveau de revenu élevé, on n’a pas forcément besoin des allocations familiales »*. Il y a vingt ans, Lionel Jospin, à peine nommé à Matignon, avait déjà proposé de soumettre les allocations familiales à des conditions de ressources. En clair, d’en priver les foyers aisés. Le débat ressurgit aujourd’hui avec la proposition d’un député de La République en marche, Olivier Véran, qui suggère de retirer les allocations familiales aux foyers ayant un revenu mensuel supérieur à 6 000 euros. Une telle décision signerait la fin d’un processus engagé par François Hollande, qui les avait rendues dégressives à partir de 5 600 euros mensuels. Sur ce blog, nous penchons vers la neutralité de l’État en matière démographique, c’est-à-dire Une politique familiale sans allocations familiales. Voici avec les commentateurs sur lemonde.fr quelques réflexions actuelles :

Fouilla : Pourquoi tout débat sur la natalité est-il impossible? (ou plutôt contre la natalité) alors que 1) La pollution (au sens global) de notre planète est grosso modo proportionnelle à sa population, 2) Il n’y a pas de boulot pour tout le monde, ainsi si nous avions depuis 20 ans la natalité de l’Allemagne, nous n’aurions pas plus de chômeurs qu’eux !

Politiquement incorrect : Verser des allocations sans contrepartie éducative est vain. La société a-t-elle vocation à permettre à des gens qui n’en ont pas les moyens financiers d’avoir 4, 5 (et plus…) enfants ?

Mauvais sang : Suppression des allocations familiales. Et de toutes subventions, quelques soient leurs objets. Pourquoi? Les choix et décisions individuels doivent être assumés individuellement.

Hélas : Malheureusement, dès in utero à cause des conditions de vie de la mère, les enfants de familles défavorisées ont de moindres perspectives. Mais n’est-ce pas d’abord et avant tout aux parents d' »investir » pour leurs enfants, et donc de n’avoir que les enfants qu’ils peuvent élever décemment ? Cet ajustement est déjà largement fait par les classes moyennes, au détriment parfois de leur envie de 3e enfant par exemple… Pourquoi est-ce encore et toujours à « la société » de payer ?

le sceptique : Il faut s’interroger sur les finalités : en quoi avons-nous besoin d’encourager la natalité alors qu’il existe une forte pression sur les ressources, un travail de plus en plus complexe appelant la qualité et non pas la quantité, un coût important d’éducation par enfant, un besoin de laisser de l’espace pas trop modifié au vivant, une évolution des conflits rendant caduque la « guerre de masse » moderne? Le natalisme est quand même une biopolitique datée et douteuse, non?

Tom : le problème est qu’il y a trop de retraités pour chaque actif. Il faut plus de jeunes !!

@ Tom : Et inciter les plus fragiles à faire 3 enfants ou plus vous paraît de nature à avoir, 20 ans après, des gens employables ? Faites un tour dans les services sociaux ou auprès des juges pour enfants, et on en reparle !

* LE MONDE du 17 octobre 2017, Familles, je vous…

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L’écologie est-elle fondamentalement anti-malthusienne ?

Voici sur une liste de diffusion EELV dédiée au groupe de travail « démographie » un dialogue intéressant à plusieurs titres  :

Sarah : « ce n’est pas la démographie qui fait les migrations »

Michel : la démographie inclut l’accroissement naturel et le solde migratoire, il y a constat et pas lien de causalité. Qu’une commission EELV s’intitule seulement « immigration » montre que le parti se fait plutôt le relais d’une France ouverte à tous vents plutôt qu’à réfléchir sur les limites des flux migratoires. La commission « Immigration » aurait du se transformer en commission « démographie », mais j’ai vu de l’intérieur (j’ai participé à cette commission) que ce groupe était allergique à toute réflexion, ce qui l’empêche d’éclairer véritablement le parti sur les raisonnements à tenir.

Sarah : « les guerres et les dérèglements climatiques font les migrations »

Michel : la causalité des migrations est multifactorielle. Les migrants économiques sont beaucoup plus nombreux que les migrants pour raisons politiques, mais la distinction entre les deux catégories est devenu problématique. Dans l’avenir, le réchauffement climatique et la montée des eaux va jeter sur les routes des centaines de millions de personnes alors que la planète en général et la France en particulier est déjà un espace clos et saturé d’humains. Je n’ai jamais rencontré à EELV une personne qui réfléchisse aux perspectives de migrations de masse.

Sarah : « écologiquement, les pays de l’UE sont plus au point que les pays africains, par exemple sur la gestion des déchets, les normes des véhicules… Donc autant habiter en Europe »

Michel : Écologiquement la France n’est pas au top. Notre pays est saturée de déchets, on ne sait plus quoi en faire, et encore je ne parle même pas des déchets nucléaires. Les normes des véhicules, transgressées comme nous le savons, ne dit rien de la pertinence de l’automobile comme mode durable de déplacement. Écologiquement l’Afrique a encore des animaux sauvages, en France on essaye d’introduire quelques ours ou lynx et cela pose problème.

Sarah : « c’est combien le nombre de réfugiés qui viennent déjà taper à nos portes ? Parce que non, il n’y en a pas tant que ça, au vu des différents chiffres de migration mondiale, y compris ce que nous avons connus par le passé. »

Michel : Les migrations passées se sont déroulées sur des dizaines d’année, et principalement lors des Trente Glorieuses où la France connaissait une croissance économique exigeantes en main d’œuvre. L’afflux actuel est sans comparaison possible, venue d’une Afrique où l’état de surpopulation et de misère socio-économique ne peut que rendre explosif le nombre de migrants. Aujourd’hui le chômage en France approche les 3,5 millions et tout dit que ce chômage ne peut qu’augmenter. Quel emploi offrir à des arrivants supplémentaires ?

Sarah : « Les remarques de ce genre (sur le nombre d’immigrés) puent la xénophobie, et sont complètement à l’encontre des valeurs et des idées écologistes. »

Michel : L’écologie dans le monde actuel est d’abord une pensée des limites. Il s’agit de s’interroger sur le niveau de vie en France qui dépasse largement les possibilités de la planète, sur l’utilisation de technologies disproportionnée par rapport aux possibilités du milieu, etc. Quant aux migrants, l’écologie s’interroge sur la capacité de charge des territoires. L’écologie a une approche réaliste, biophysiques des phénomènes, elle ne porte pas de jugements de valeur de type « humanisme » ou « xénophobie ». Le sentimentalisme ne peut fonder l’écologie politique, car il s’agit de prendre des décisions concrètes, il est vrai parfois difficile à prendre, mais qu’il faut prendre si on veut préserver des territoires durables et viables.

Précision : le groupe de travail « démographie » avait été créé le 28 octobre 2014 par le BE (bureau exécutif d’EELV). Le membre du BE qui théoriquement relayait ses activités est mort sans avoir donné signe de vie auparavant. Autant dire que depuis trois ans, le parti n’a tenu aucun compte des réflexions de ce groupe. On a pu même vérifier auprès de l’ex-présidentiable Yannick Jadot que la pensée officielle était circonscrite à « qui on commence par supprimer ?». Comme si la complexité de la problématique écologique se résumait à cette seule phrase dont l’absence de pensée reste flagrante.

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Mon meilleur conseil, faites-vous vasectomiser

« Le Mythe végétarien »* n’y va pas par quatre chemins : «  La quête d’une économie juste, durable et locale finira par nous mener à la triste conclusion que nous sommes tout simplement trop nombreux. Notre espèce souffre de surpopulation, et c’est le cas depuis 10 000 ans. Aujourd’hui, des milliards d’entre nous ne sont là qu’à cause des combustibles fossiles. La population mondiale est censée atteindre les 9 milliards en 2050. En parallèle, les réserves piscicoles seront épuisés, les nappes phréatiques trop profondes pour être exploitées et les dernières parcelles de couche arable seront devenues poussière. Toute discussion sur la population mondiale doit absolument prendre en compte la notion de capacité limite ou nombre d’humains qu’un environnement donné peut supporter indéfiniment. Au lieu d’occuper une niche à l’intérieur d’un écosystème, les humains se sont mis à occuper des écosystèmes entiers, transformant des communautés biotiques en monocultures. Chaque extension de la capacité limite a consisté à détourner une certaine fraction des ressources vitales terrestres depuis d’autres espèces de vie vers notre propre espèce. Il y a environ 10 000 ans, nos ancêtres horticulteurs ont commencé à prendre possession de terres pour y faire pousser des cultures à destination de la consommation humaine. Sans cela, ces terres auraient continué à accueillir des arbres, des terres humides et tous les animaux qui en dépendent, mais moins d’êtres humains.

Il y a manifestement plus d’habitants au Japon ou en Grande-Bretagne que ce que la terre peut nourrir. Ils vivent sur la superficie fantôme. Les exploitations agricoles d’un pays, ses pâturages et ses forêts constituent la superficie visible. La superficie fantôme représente les sources de nourriture au-delà de ses frontières. En Grande Bretagne, plus de la moitié de la nourriture du pays provient de l’extérieur. Si les Japonais ne s’appuyaient pas sur la pêche aux quatre coins de la planète et des produits agricoles venant de pays exportateurs, les deux tiers des habitants mourraient de faim. Une fois la capacité limite du pays atteinte, les individus supplémentaires ne peuvent être alimentés qu’à l’aide d’importations en provenance des superficies fantômes. Comme il n’y a pas de famine au Japon ou en Grande-Bretagne et que les magasins sont remplis d’aliments de base, les gens ne se rendent pas compte qu’ils ont collectivement dépassé la capacité de leur localité, de leur région biogéographique et de leur pays. De plus notre dépendance au pétrole, au gaz et au charbon produit une capacité limite fantôme. L’environnement ne peut supporter notre niveau de population indéfiniment, mais uniquement jusqu’à épuisement des combustibles fossiles. Nous avons découvert comment transformer les réserves d’énergie en énergie comestible. Nous exploitons des hectares fossiles, nous récoltons la lumière du soleil stockée depuis des millions d’années. Mais le pétrole ne sera plus jamais aussi accessible ou bon marché. Chaque seuil technologique que nous avons atteint n’a fait qu’accroître le problème en augmentant à la fois notre population et notre consommation. Nous épuisons les réserves, le capital naturel de la Terre, et lorsque le pétrole, les terres, le poisson et l’eau auront disparu, nous mourrons de faim. William Catton pense que nous avons atteint la population maximale en 1800, année qui marque le début de l’ère des ressources fossiles. Mais je ferais reculer le début d’environ 10 000 ans, au début de l’agriculture. Ce que je propose est le concept de sol fossile. Le sol est une réserve biologique ancienne que nous n’avons cessé de détruire depuis que nous dépendons des céréales annuelles. L’érosion des sols est irréversible car leur formation est si lente qu’on se doit de considérer la couche arable comme non renouvelable. Une population qui dépend d’une réduction des éléments de base de la vie ne peut durer. Si vous utilisez l’année 1800 comme référence, il y avait environ un milliard de personnes au début de l’ère des combustibles fossiles. Si vous utilisez 8000 av.J.-C., il y avait huit millions d’humains sur cette terre.

Nous ne sommes pas différents des bactéries dans un tonneau de vin. Rien n’étant là pour les arrêter, elles se reproduisent à un rythme exponentiel jusqu’à avoir épuisé toutes les ressource alimentaires. Puis elles meurent, empoisonnées par leurs propres déchets. Place au processus naturel appelé succession. En rendant leur habitat non adapté à leurs propres besoins, les organismes les rendent plus approprié à d’autres espèces, leurs successeurs. »

* Le Mythe végétarien de Lierre Keith, aux éditions pilule Rouge (2013)

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Vivement une France de 200 millions d’habitants

En 2017, la France aurait dû compter entre 110 et 150 millions d’habitants. C’est le point de vue extravaguant de Ilyes Zouari, de la revue Population & Avenir*. Nous avons hâte d’atteindre sur la lancée les 200 millions, et d’apprendre à gérer au plus vite un monde dénaturé. Vivement les immeubles verts de un kilomètre de haut, avec des étages réservés aux loups et aux ours et d’autres plein de cultures hydroponiques sans oublier les salles pour psychanalystes et déments nourris aux psychotropes de synthèse.

Selon Ilyes Zouari, la France demeure un pays relativement sous-peuplé. La France a une densité de population de 118 habitants par km2, l’Allemagne 232 et le Royaume-Uni 271 habitants par km2. En d’autres termes, l’Hexagone aurait dû compter 149,7 millions d’habitants pour être aussi populeux que le Royaume-Uni ou 127,8 millions pour être au même niveau que l’Allemagne. Il constate que la Corée du Sud est peuplée de 508 habitants par km2 ou encore l’Inde 407 habitants. Selon lui, la situation démographique actuelle puise ses origines dans la très lente progression démographique connue par l’Hexagone deux siècles durant, de 1750 à 1945, alors que le reste de l’Europe connaissait un véritable essor démographique. La France aurait donc été l’homme malade de l’Europe, elle qui était « en 1750 trois fois plus peuplée que le futur Royaume-Un». Si les équilibres démographiques étaient restés inchangés, l’Allemagne, moins sûre d’elle, n’aurait probablement jamais été aussi belliqueuse en 1914 et 1945 !!! « « Cet affaiblissement de la France a résulté d’une propagation des trop simplistes idées malthusiennes. Idées qui ne cessent d’être infirmées à travers le monde, génération après génération ». Au passage, il note que la minuscule île de Groix (14,82 km2) pourrait à elle seule abriter l’ensemble de la population de la France, métropole et outre-mer confondus. À raison d’une moyenne «raisonnable» de 4,5 personnes au m2, ce territoire pourrait ainsi accueillir nos 67,6 millions d’habitants, debout côte à côte. « Ce qui est mathématique est incontestable. » La France doit donc mettre en place une politique familiale particulièrement volontariste. Enfin, cet accroissement démographique pourrait pousser la France à songer plus sérieusement à développer les énergies renouvelables. Le monde n’appartiendra jamais aux peuples craintifs et déconnectés du monde réel.

Ce texte merveilleux de mauvaise foi a cependant l’avantage de rappeler quelques données chiffrées sur notre monde surpeuplée. Il est sans aucun doute à prendre au second degré. Il est en effet absurde de laisser croire que notre petite planète pourrait très facilement nourrir plus du double de sa population actuelle et ce sans émettre la moindre justification. Il est encore plus absurde de considérer que la Guadeloupe, avec ses 1.628,4 km2 pourraient simplement abriter toute l’humanité, avec des individus serrés côte à côte. Il est vraiment déraisonnable de considérer la loi de Malthus comme simpliste alors que tout montre qu’il y a un décalage de plus en plus important entre l’explosion démographique humaine et les ressources alimentaires, plombées par les rendements décroissants en agriculture. Le monde réel, c’est une planète qui connaît la désertification des sols, l’épuisement des océans et des autres ressources, le réchauffement climatique. Le réel, c’est une France de 3,5 millions chômeurs et de 850 000 alzheimers.

https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-173724-population-le-desert-francais-2114593.php#hPRzbbuVmmLtbr97.99

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La France ne peut nourrir que la moitié de sa population

Quelle est la population maximum que peut théoriquement accepter la France, avec ses propres ressources et au niveau de vie que l’on estime comme minimum décent (manger, se loger, se chauffer, s’éduquer, se soigner)… tout en préservant les écosystèmes qui nous fournissent tout cela ? Cette question fondamentale n’est jamais posée. Notre correspondant Jean-Marc Tagliaferri nous donne quelques éléments de réponse.

Aux deux dernières périodes « sans pétrole »  c’est à dire  avant 1900 et entre 1941 et 1944, le sol français abritait entre 39 et 40 millions de personnes, qui se nourrissaient dans le premier cas et qui survivaient à peine dans le second (on estime que l’Allemagne pompait en France de quoi nourrir 10 à 15 millions de personnes) SAUF :

1°) qu’à la première période la France possédait plusieurs millions de chevaux de trait (on les a encore utilisés en 1914 voire en 1940), des boeufs de labour,  des ânes et des mulets. Tout cela a disparu. Donc sans énergie fossile, la productivité des champs sera moindre, à la fois parce qu’ils ne seront pas désherbés et qu’ils ne seront pas fumés ! Quand à la permaculture, certes ça peut très bien marcher, mais ça ne s’improvise pas du jour au lendemain (et mon copain permaculteur passe 10 heures par jour dans ses 1000m2, rien à voir avec le jardin d’Eden où on tend la main de son hamac quand on a faim! 🙂

 2°) qu’à l’époque les sols français étaient vivants, épais, riches en humus, les entreprises chimiques n’ayant pas encore eu à écouler leurs surplus d’explosifs comme engrais et la majorité des exploitations fumant les sols avec les déjections animales et humaines !

 3°) qu’en outre la plupart des français ne mangeait pas de la viande ou du poisson à tous les repas comme une bonne partie le fait maintenant, ce qui diminuait la demande globale.

 4°) qu’un certain nombre d’infrastructures ne sont plus disponibles, par exemple les petits canaux d’irrigation qu’on a laissé se dégrader et qui pour la plupart ne sont plus alimentés par des rivières qui s’assèchent grâce aux « aménagements » dont elles ont bénéficié. Certes il y a de grands ouvrages qui survivront au post-pétrole (barrages, grands canaux) mais pour la plupart ils nécessitent des systèmes de pompage , des tuyaux et des arroseurs et l’énergie pour les faire fonctionner. Ajoutons que lee 1/3 des terres agricoles de l’époque sont parties en forêt ou en urbanisation, autoroutes, TGV, etc. Donc mon pronostic est que le territoire français actuel pourrait nourrir durablement peut-être 30 millions de personnes « sobres » s’il venait à être privé d’engrais et de pétrole pour les machines agricoles, si on trouvait une dizaine de millions de bras pour aller remplacer les machines et si on adoptait des pratiques culturales aptes à sauver les sols.

 En réalité ceux qui veulent des immigrants supplémentaires se trompent quand ils croient que nous allons économiquement bénéficier de la présence des dentistes et écrivains du Moyen-Orient.  Pour être très cynique, les seuls immigrants « utiles » désormais sont ceux qui savent survivre en grattouillant une terre hostile, mais j’ai l’impression que c’est en train de devenir une denrée rare, car il n’y a pas qu’en France que l’éducation des jeunes est catastrophique du point de vue pratique : combien de jeunes africains qui survivent dans les bidonvilles de cités millionnaires  sauraient-ils cultiver un jardin? Je ne pose même pas la question pour les jeunes français, j’ai déjà eu la réponse avec mon neveu et mes nièces:-)

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Une nouvelle dimension aux migrations, insupportable

On n’avait pas pris la mesure de la nouvelle dimension migratoire. Le mouvement lancé fin 2014, début de l’exode massif des réfugiés par la Méditerranée, n’a jamais pris fin. Au total, ont calculé les experts, 30 000 personnes sont mortes depuis vingt ans en tentant de traverser la Méditerranée. Cela n’enraye pas le mouvement. Le flux migratoire dépasse désormais largement celui des réfugiés fuyant des zones de guerre et la distinction juridique entre réfugiés et migrants économiques devient dérisoire. En 2015 et 2016, l’Europe a enregistré 2,5 millions de demandes d’asile. L’Europe est aujourd’hui l’une des premières destinations de migration ; déjà 42 millions de gens nés dans un autre pays que celui où ils résident y vivent. L’aide au développement n’incite plus les gens à rester chez eux. L’article du MONDE* ne propose rien de clair comme solution et le flux n’est pas prêt de se tarir. Car ce qui pousse les personnes à partir, c’est l’aspiration à un avenir meilleur et l’Europe apparaît comme un Eldorado, supposé gorgé d’or.

Dans un livre collectif de 2014, « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) », on osait aborder les problèmes de fond. Dans la préface, Yves Cochet écrivait : « A l’extérieur de l’Occident, les communications mondiales exhibent désormais cette opulence de l’Ouest aux yeux des multitudes. Les plus audacieux de ces laissés-pour-compte du « développement » n’hésitent pas à risquer leur vie dans des voyages sordides pour atteindre les territoires européens ou nord-américains. Aucun policier ou barbelé supplémentaire, aucun mur ou radar côtier ne parviendront à endiguer le flux croissant de jeunes méditerranéens, africains ou ouest-asiatiques qui parviendront en Europe, mimétiquement fascinés par les lumières du Nord. Les conséquences sont incertaines, entre le risque de régimes autoritaires et xénophobes en Europe et l’espoir unique d’un partage équitable des ressources avec les sous-continents dont ces jeunes sont issus. Sachant que, dans l’un et l’autre cas, lesdites ressources déclinant, c’est le mode de vie européen – la surconsommation – qui est en question. Autrement dit, si nous espérons encore vivre à l’avenir dans un continent civilisé et démocratique, ne subsiste que la possibilité précaire de diminuer le flux de migrants en Europe par une politique de décroissance matérielle ici, tout en encourageant l’évolution endogène des régions là-bas. »

Dans un chapitre du livre, Michel Sourrouille abordait frontalement la question, « la décroissance des migrations sur une planète close et saturée ». En voici un résumé. Cet aspect sent le souffre puisque l’arrêt des migrations est une thématique portée par l’extrême droite. Mais pas seulement. Sur une planète saturée d’humains, les frontières se ferment. Les lois contre les étrangers se durcissent un peu partout, dans les pays riches comme dans les pays pauvres. La décroissance démographique ne touchera pas seulement les migrants économiques, mais aussi le tourisme de masse. Le plus insoluble sera certainement le statut à donner aux éco-réfugiés, nombre fortement accru par les effets du réchauffement climatique. Cela posera demain un problème qui peut rendre obsolète l’idée de solidarité humaine. Or, si notre société est devenue une société de forte mobilité, il n’en a pas toujours été ainsi…

* LE MONDE du 21 septembre 2017, « L’Europe doit aborder la question migratoire dans son ensemble»

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Anne Bert décide dignement de son dernier voyage

Anne Bert a choisi de mourir. Atteinte de la maladie de Charcot, elle décrit son destin : « Cette maladie emmure et paralyse en quelques années. (…) Il me faut une assistance totale, de la première heure du lever jusqu’à la dernière heure du coucher. (…) Je ne veux pas vivre cette agonie qui m’est promise. » Anne Bert va partir dans un hôpital en Belgique, où la pratique du suicide assisté est autorisée. En France, la loi Leonetti est selon Anne Bert, une « loi hypocrite » qui ne « respecte pas la volonté des malades ». L’actuelle ministre de la santé, Agnès Buzyn, aurait dit vouloir « voir comment pouvait vivre la loi Leonetti ». Il n’est donc pas question pour l’instant de s’aligner sur la loi belge. Cette gravité de la mort qui approche, Anne Bert dit ne pas la ressentir : « Plus j’avance, plus me viennent en tête des choses qui sont légères, belles, poétiques. » Elle ajoute : « On n’est pas sérieux parce qu’on devrait peut-être intellectualiser, rester très grave, mais non, moi ce n’est pas ma façon d’être. » L’écrivaine s’est fixé comme limite de choisir l’euthanasie au moment où l’avancement de la maladie ne lui permettrait plus de se nourrir ni de se laver seule, ce qui est désormais le cas.

Il est nécessaire de réfléchir à notre fin de vie, sans pathos ni larmes, en toute lucidité. Nous avons en France le droit, si notre douleur ne peut être soulagée, de « dormir avant de mourir » grâce à une « sédation profonde et continue » jusqu’au décès. C’est l’objectif de la loi sur la fin de vie promulguée le 2 février 2016. Seuls ceux atteints d’une « affection grave et incurable », dont le « pronostic vital est engagé à court terme » et présentant une « souffrance réfractaire aux traitements » sont autorisés par la loi à bénéficier d’une sédation profonde. Lors de la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon ou Benoît Hamon voulaient aller plus loin en promettant la mise en place d’une aide active à mourir. Emmanuel Macron considérait qu’il n’est pas opportun « de légiférer dans la précipitation et la polémique, mais qu’il faut entraîner la population et leurs représentants vers les avancées que nous tous souhaitons avec un peu de conviction et de progressivité… Il importera dans un délai assez bref que cette question soit posée puisque nous serons soumis très prochainement à la révision des lois de bioéthique où la question de fin de vie ne peut pas manquer d’être traitée. » C’est tout le sens de la nuance et de la précision digne d’un technocrate habile. Est-ce écolo que de vouloir mourir plut tôt, sans acharnement thérapeutique ? Nous le pensons.

Pour en savoir plus sur la loi française, lire nos articles sur ce blog :

Le Sénat contre le droit de mourir dans la dignité

Ni euthanasie, ni suicide assisté, une molle décision !

« Euthanasie, un mot en vogue pour la mort douce ».

* LE MONDE du 7 septembre 2017, L’écrivaine Anne Bert raconte son départ pour la Belgique afin d’avoir droit à l’euthanasie

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Si les humains préfèrent famine, guerre et épidémies !

Comme je me situe dans une perspective de contrôle de la natalité librement choisi par les individus et les communautés, j’ai déjà expliqué par quoi on commence : on agit d’abord sur soi-même et sur sa propre fécondité, on fait aussi de l’éducation, l’apprentissage des contraintes (empreinte écologique, réchauffement climatique, pic énergétique, capacité de charge, problème migratoire…). Si les humains préfèrent la famine, la guerre ou les épidémies pour contrôler leur population de façon non choisie (par la mortalité), moi cela ne me concerne plus. Mais au moment où l’homme met en péril les conditions de sa propre survie, le souvenir de Malthus nous rappelle la nécessité absolue d’une pensée des limites.

Je pense raisonner juste. Le problème, c’est qu’il y a un monde entre la théorie et mon propre vécu personnel. Avoir aucun, un seul ou plusieurs enfants découle d’un tas de paramètres que nous maîtrisons mal. Personnellement mon idéal serait « un seul enfant par couple ». Mais je me suis mis en ménage avec une femme qui en avait déjà deux d’un premier mariage. Nous en avons fait un autre, le seul enfant biologique que j’ai eu. Comment on compte, trois enfants pour trois personnes, déjà deux pour deux ? Mais l’autre père s’est remarié, il a eu d’autres enfants : comment on compte ? J’ai adopté un enfant de père inconnu, mais qui avait un géniteur ayant fait par ailleurs d’autres enfants : comment on compte ? A l’heure de la fugacité des sentiments et de la croyance en sa liberté toute puissante, le modèle chinois d’un enfant « par couple » semble donc difficile à généraliser. Pourtant cela reste mon modèle. J’ai passé mon existence à éduquer les enfants des autres comme si c’était les miens. Cela seul compte dans la vie vécue.

Je veux ajouter une réflexion importante pour qui veut défendre les intérêts de la Biosphère. Jusqu’à présent nous n’avons envisagé que la taille de la population humaine face aux ressources limitées de la planète. Il ne faudrait pas oublier que l’expansionnisme humain (démographique et économique) réduit l’espace vital de toutes les autres espèces, d’où la dramatique perte de biodiversité que nous connaissons à l’heure actuelle. C’est aussi pour cela que la philosophie de l’écologie profonde est pour moi incontournable. Ainsi ce point de la plate-forme formulée par Arne Naess : « L’épanouissement de la vie et des cultures humaines est compatible avec une diminution substantielle de la population humaine. L’épanouissement de la vie non-humaine requiert une telle diminution. » Sur mon blog biosphere.lemonde.fr, j’ai reçu en novembre 2009 le commentaire suivant : « Ne pensez-vous pas que l’homme fait partie de la nature et que sa population s’autorégulera (comme toute population animale) ». Le problème, c’est que l’animal humain sait modifier son milieu pour l’épuiser au maximum et donc proliférer sans commune mesure avec les possibilités de son écosystème. La régulation naturelle intervient bien sûr à un moment ou à un autre, mais trop tard, pas de façon raisonnée (guerre, épidémies, famine…). La nature ne raisonne pas… Plus nous attendrons pour maîtriser notre croissance démographique, plus la réponse de la biosphère sera violente. Les microbes et les virus commencent à se révolter contre l’élevage en batterie des animaux et des pauvres . Malthus est toujours d’actualité. (à suivre)

NB : pour lire la version complète de cette autobiographie, ICI

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Nous n’avons pas quatre planètes à notre disposition !

La deuxième conférence mondiale sur la démographie à Mexico en 1984 n’a laissé aucune trace, et la troisième en 1994, au Caire, est devenu « Conférence internationale sur la population ET le développement ». Les 179 pays signataires ont admis que la population et le développement sont inextricablement liés, qu’il est nécessaire d’autonomiser les femmes et de répondre aux besoins des couples et des individus en matière d’éducation et de santé. La conférence a adopté un Programme d’action sur vingt ans, axé sur les besoins et les droits des individus plutôt que sur la réalisation d’objectifs démographiques. Quand on sait qu’on prévoyait un passage de la population mondiale de 5,6 milliards en 1994 à 7,3 milliards en 2015 pour une stabilisation à 7,8 milliards en 2050, nous mesurons l’échec de cette troisième conférence. Les dernières statistiques projettent 9 milliards d’humains minimum en 2050…

Au XXIe siècle, la détérioration brutale des ressources de la planète ne peut que confirmer le diagnostic de Malthus. Après des décennies d’agriculture intensive, l’analyse de Malthus des rendements décroissants en agriculture se vérifie aujourd’hui. Et la population s’accroît de 1 milliard de personnes tous les douze ans en moyenne ! Notre nombre a dépassé la capacité de la biosphère, d’autant plus qu’un bébé occidental va vouloir rentrer dans la société de surconsommation et de gaspillage et que les classes émergentes ne veulent qu’une chose, imiter le standard de vie occidental. Mais de cette problématique, nulle trace dans les programmes de SES : l’étude de Malthus a été supprimée, que ce soit dans l’ensemble du programme ou même dans la spécialisation en terminale. Malgré les tensions objectivement croissantes entre population et production alimentaire, le message malthusien a encore du mal à passer en France, même du côté de ceux qui fontt le journal « La Décroissance ». Leur organisme de théorisation, l’IEEDS (institut d’études économiques et sociales pour la décroissance soutenable) répond ainsi à la question, La décroissance est-elle malthusienne ? : « La décroissance pense qu’il n’y a pas trop d’êtres humains sur terre, mais trop d’automobilistes. » (décembre 2006, supplément inséré dans La décroissance n° 35).

Si j’avais à présenter un programme politique en France, je dirais que l’empreinte écologique des Français est telle que nous ne pouvons pas généraliser notre mode de vie et multiplier nos enfants. Que nos concitoyens comprennent enfin que nous n’avons pas trois ou quatre planètes à notre disposition ! Il faut donc construire à la fois une décroissance économique par la limitation de nos besoins et une décroissance démographique grâce à la neutralité de l’Etat en matière d’allocations familiales et de quotient familial (qui seraient donc supprimés) : pas de prime à des enfants surnuméraires. Dans l’éducation nationale, il sera mis en place une éducation à être ou non futurs parents. L’éducation sexuelle ne sera pas limitée à la présentation des moyens de contraception, mais à la responsabilité des couples par rapport aux limites de la planète. Face à une crise systémique, écologique et financière, il nous faut une éducation systémique.(à suivre)

NB : pour lire la version complète de cette autobiographie, ICI

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Pas besoin d’aiguille à tricoter pour avorter

Fin 1973, je suis éducateur à Ambarès. Je rencontre une autre éducatrice que j’avais rencontrée en fac de sciences de l’éducation. Nous étions logés dans deux chambres proches. Nous nous sommes retrouvés dans le même lit, écoutant de la musique. Elle s’est endormie sur moi, nous n’avions rien conclu. Le matin, c’est elle qui a eu pitié de moi, elle a pris l’initiative. Nous étions devenus plus qu’ami, mais nous ne prenions aucune précaution. Je suis con. Je n’ai pas assez d’expérience. La loi Neuwirth qui autorisa la contraception orale était trop récente. Cette loi a été votée en 1967, elle ne sera appliquée qu’en 1972 à cause des freinages de l’administration ! Je ne savais même pas comment était fait un préservatif, à 25 ans ! Marie-Thérèse est tombée enceinte, j’avais été viré de mon boulot, elle a avorté. Non, plutôt, nous avons avorté ensemble. J’avais de la chance, et mon amie aussi, le MLAC (mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception) était actif depuis avril 1973 et agissait pour changer la loi en pratiquant illégalement des avortements. Pas besoin d’aiguille à tricoter pour avorter, nous avons donc testé la méthode par aspiration. Je dis « nous » car toute une bande d’apprentis médecins et de membres du MLAC sont arrivés et ma présence était jugée indispensable, pour eux comme pour moi. Le mec est aussi responsable que la femme d’une naissance non désirée. L’intervention a eu des séquelles, mon amie a fait une hémorragie. Elle s’est retrouvée à l’hôpital. Que fait le gouvernement ?

Quelques mois après, le 26 décembre 1974, s’ouvrent à l’Assemblée nationale des débats sur l’IVG (interruption volontaire de grossesse). Simone Veil, ministre de la santé, conduit les débats devant une assemblée d’hommes. Les détracteurs se succèdent : « Une nouvelle religion est née, son dieu s’appelle le Sexe ! Pour Satan, contraception et avortement sont les deux chapitres du même grand livre de la sexualité ! » ; « Le temps n’est pas loin où nous connaîtrons des avortoirs, des abattoirs parfaitement contraires à la mission la plus naturelle et la plus indispensable de la femme : donner la vie et non la mort. » Le Conseil de l’ordre des médecins exhorte à voter contre la loi, heureusement un médecin s’insurge : « Mille avortements clandestins sont pratiqués par jour, et chaque jour une femme en meurt. » La loi sur l’IVG sera adoptée par 277 voix contre 192, donnant aux femmes le droit de disposer de leur corps. Si l’avortement est bien l’échec de la contraception, la faute d’un couple, c’est aussi la responsabilité de la société ; on ne peut être malthusien que dans une société non répressive, ouverte à la contraception et à la réflexion.

En 1974 s’est tenu la première conférence mondiale sur la population (The World Population Conference) réunissant les gouvernements. On a mesuré l’impossible dialogue entre personnes concernées par les limites de l’œkoumène et personnes enrégimentées par leurs propres croyances. Dès le début de la conférence, de vives réactions se sont manifestées contre l’idée maîtresse de diminuer le nombre de naissances pour réduire les difficultés économiques. Ce débat renouvelait, presque de façon identique, celui qui a opposé Malthus, un siècle et demi plus tôt, à des économistes chrétiens et à tous les socialistes, d’Owen à Marx ; il n’y a pas de problème démographique, il y a seulement un problème de répartition des richesses. Les pays les plus pauvres ont pris à partie les pays riches en invoquant le souci d’équité mondiale. Les pays riches ainsi que les groupes sociaux favorisés devraient réduire leur consommation excessive pour un monde plus juste, plus égalitaire. On ne peut séparer la question démographique des questions éthiques et des problèmes de « développement ». (à suivre)

NB : pour lire la version complète de cette autobiographie, ICI

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inconscience de faire un enfant sans penser à son avenir

Ce sont mes études de fac au début des années 1970 qui m’ont fait découvrir Thomas Malthus. Cet économiste et néanmoins pasteur, a mis en évidence à la fin du XVIIIe siècle une sorte de loi démographique quand on laisse faire la nature : en l’absence d’obstacles, les couples peuvent en moyenne faire 4 enfants par génération, ce qui fait doubler la population tous les 25 ans. Par contre l’agriculture est contrainte par les rendements décroissants : « On n’obtiendra pas avec la même facilité la nourriture nécessaire pour faire face au doublement de la population. Lorsque tous les arpents ont été ajoutés les uns aux autres jusqu’à ce que toute la terre fertile soit utilisée, l’accroissement de nourriture ne dépendra plus que de l’amélioration des terres mises en valeur. Or cette amélioration ne peut faire des progrès toujours croissants, bien au contraire. » En conséquence, la population croit selon une progression géométrique très rapide et l’alimentation seulement comme une progression arithmétique bien plus lente. Comme la population augmente bien plus vite que les ressources alimentaires, il y a un déséquilibre qui se résout par des obstacles naturels, famine et épidémies au niveau territorial, ou quand il y a migration, des invasions et des guerres. Une seule solution rationnelle, limiter les naissances.

En mars 1972 j’adhère de cœur et de conviction raisonnable au mouvement américain « Zero Population Growth ». Ne plus faire d’enfant, puisqu’il y a trop de personnes qui n’adhèrent pas au mouvement ! Je suis conscient qu’un enfant supplémentaire est une charge pour la famille (nourriture, éducation…) et pour la société (gonflement possible du chômage, boursouflure du secteur tertiaire…). Pour la planète aussi (surpopulation / ressources naturelles). Il me paraît donc convenable de supprimer les allocations familiales. Je trouve que le tourisme est un impérialisme des riches, la population doit être stabilisée dans l’espace, dans des cellules géographiquement circonscrites qui s’auto-suffisent. Le gouvernement impose bien à un homme de n’avoir qu’une seule femme, ne peut-il lui imposer de ne pas avoir plus de deux enfants ?

En 1972 je lis aussi le rapport du Club de Rome (The limits to growth): « Si les tendances à la croissance de la population du monde, l’industrialisation, la pollution, la production de nourriture et l’épuisement des ressources restent inchangés, les limites à la croissance sur cette planète seront atteintes un jour ou l’autre dans les cent prochaines années. Le résultat le plus probable sera une baisse plutôt soudaine et incontrôlable tant de la population que de la capacité industrielle. » J’avais même été subjugué par le titre d’un libelle : « Lettre à l’enfant que je n’aurai jamais ». C’est pour moi le signe d’une inconscience totale que de faire un enfant sans penser à son avenir. Mais il y a un gouffre entre la théorie malthusienne et la réalité du rapprochement des corps. (à suivre)

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Le droit de la planète à ne pas être envahie par les bébés

Trop d’enfants, c’est un frein à l’amélioration de la société. Les néo-malthusiens associent systématiquement la limitation des naissances à la révolution sociale. Le néo-malthusianisme, mouvement d’émancipation très proche des féministes, s’est développé en France à la fin du 20ème siècle. Paul Robin fonde en 1896 la ligue de la régénération humaine qui se propose de faire connaître la loi de Malthus, ainsi que « les procédés anticonceptionnels qui permettent d’en faire une arme contre le malheur ». Mais en 1920, la majorité nationaliste issue de la Première guerre mondiale vote une loi condamnant « la propagande contre la natalité ou anti-conceptionnelle ». Cette loi criminalise aussi l’avortement, Marie Latour sera exécutée en 1943 sur ce motif. Les néo-malthusiens sont contraints de fermer leurs journaux et à cesser leur action. Dans ce contexte, on ne pouvait plus réfléchir. Pour ou contre l’avortement ? Ma mère était contre, comme sa génération née en 1925. Cela ne l’a pas empêché d’avorter trois fois. La loi n’est pas toujours en accord avec les consciences. Je suis né en 1947, j’ai aussi vécu au temps de la répression, je me suis auto-formé sur la question de la sexualité et de la contraception.

En janvier 1971 je trouve dans Partisans un dossier, Libération des femmes, année zéro. Je prends en note : « Du point de vue du danger, mieux vaudrait vendre les pilules dans des distributeurs automatiques et ne délivrer les cigarettes que sur ordonnance… L’utérus des femmes est la propriété de l’Etat… Actuellement en France à la suite d’avortements, il meurt tous les ans 5000 femmes, 10 000 à 15 000 demeurent stériles à vie et 200 000 souffrent de maladies infectieuses. En Hongrie où l’avortement est considéré comme une intervention chirurgicale normale, on ne compte que six cas mortels pour 100 000 avortements…» C’était l’époque du MLF (mouvement de libération de la femme) : « Qui est le plus apte à décider du nombre de nos enfants ? Le pape qui n’en a jamais eu ? Le président qui a de quoi élever les siens ? Votre mari qui leur fait guili guili le soir en rentrant ? Ou bien vous qui les portez et les élevez ! » Mais la question démographique est bien plus complexe, il y a le droit de la femme à disposer de son corps et le droit de la planète à ne pas être envahie par les bébés. Il faut un compromis entre les libertés de l’individu et les contraintes écologiques. J’ai toujours pensé que la population humaine était trop nombreuse. Le 4 décembre 1970, j’écrivais dans mon carnet de notules comment je vois le monde tel qu’il va :

Un jour les gouvernements seront obligés de supprimer les voitures

Ils seront obligés de tuer des nouveau-nés bien portant

Il y aura pourtant des guerres civiles et internationales en même temps

Des gens mourront parce que l’eau potable manquera

Le ciel sera obscurci de bruits et de fumées

La terre sera sillonnée de bandes armées déchaînées

Notre vie ne tiendra qu’à un fil, la raison du plus fort

Les villes seront pillées et l’armée deviendra brigands

Car les gens ne sont pas préparés intellectuellement

A agir rationnellement contre surpopulation et pollution.

(à suivre)

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Population africaine, nous sommes au bord de l’apoplexie

L’Afrique, qui compte aujourd’hui 1,3 milliard d’habitants en totalisera près de 4,5 milliards à l’horizon 2100 ; un jeune Terrien sur trois âgé de 15 à 29 ans vivra en Afrique en 2050. Le Nigeria, par exemple, sera passé de quelque 191 millions d’habitants à plus de 410 millions en 2030. Pourtant le démographe Gilles Pison, médiatisé par LE MONDE*), reste optimiste, la fécondité africaine va décroître (lentement) un jour ou l’autre ! Autant dire que les propos récent du président de la République française nont guère franchi ses limites de sa compréhension de la réalité. « Quand des pays ont encore sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien », avait déclaré Emmanuel Macron. Les conditions qui déterminent la fécondité sur le continent africain ne vont guère changer, la pauvreté appelle la hausse de fécondité qui provoque en retour l’accentuation de la pauvreté et ainsi de suite : cercle vicieux. La traversée de la Méditerranée des migrants africains en est un témoignage brûlant. Mais entre la variable démographique et le poids de la consommation sur les ressources, Gille Pison tranche : « L’humanité n’échappera pas à un surcroît de deux à trois milliards d’habitants d’ici à 2050, en raison de l’inertie démographique que nul ne peut empêcher. Il est en revanche possible d’agir sur les modes de vie, et ceci sans attendre, afin de les rendre plus respectueux de l’environnement et plus économes en ressources. »

Or l’impact d’une population sur son milieu dépend de trois facteurs : sa population P, son niveau de vie A et son niveau technique T. D’où I = PAT. Ne compter que sur une diminution des deux derniers termes (réduction du niveau de consommation et amélioration de l’efficacité technique) est loin d’être suffisant pour infléchir sérieusement notre trajectoire exponentielle. Non seulement nous n’y sommes jamais arrivés (entre autres raisons à cause de l’effet rebond et du phénomène de consommation ostentatoire), mais tous ces efforts seraient vains si le premier terme P continue d’augmenter… La population est un multiplicateur incontournable des menaces. A chaque poussée démographique, l’étau des limites du milieu se resserre, ce qui stimule l’innovation et permet de repousser artificiellement les premières limites physiques. Mais il arrive un moment où la civilisation se heurte à tant de limites (le climat, les ressources, la complexité et la politique) qu’elle bascule brutalement dans un monde malthusien… Le problème en France, c’est qu’il n’est pas possible de discuter sereinement de maîtrise de la fécondité. C’est un sujet tabou et rares sont ceux qui osent aborder la question publiquement** sans craindre de voir immédiatement arriver un point Godwin (un moment où toute discussion devient impossible parce que l’une des personnes traite l’autre de nazi). En démographie, ce seuil est d’une autre nature, mais il est toujours le même : « Vous voulez faire comme en Chine, c’est ça ? » …

Pour les démographes responsables, la puissance technique et l’inventivité humaine ont des limites, et nous arrivons à un moment où il devient difficile, pour ne pas dire impossible, de continuer la trajectoire de croissance continue que nous avons empruntée depuis le début de l’industrialisation. Les pronostics réalistes sur l’évolution démographique vont tous dans le même sens, une réduction drastique de la population humaine, surtout africaine. On prévoit même des chiffres sur la population mondiale de 1 ou 2 milliards d’habitants sur Terre en 2100 au lieu des 11 milliards attendus… Pour Vaclav Smil, chercheur spécialiste des liens entre énergie, environnement et population, sans les engrais qui ont permis à l’agriculture industrielle de produire beaucoup, deux personnes sur cinq ne seraient pas en vie aujourd’hui dans le monde. Si nous  ne pouvons dès aujourd’hui  envisager de décider collectivement qui va naître (et combien), pourrons-nous dans quelques années envisager sereinement de décider qui va mourir (et comment) ?

* LE MONDE du 8.07.2017, En 2100, 40 % de l’humanité sera africaine

** Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) » aux éditions Sang de la Terre, à commander en ligne :Amazon ; Decitre ; FNAC

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