démographie

Vivement une France de 200 millions d’habitants

En 2017, la France aurait dû compter entre 110 et 150 millions d’habitants. C’est le point de vue extravaguant de Ilyes Zouari, de la revue Population & Avenir*. Nous avons hâte d’atteindre sur la lancée les 200 millions, et d’apprendre à gérer au plus vite un monde dénaturé. Vivement les immeubles verts de un kilomètre de haut, avec des étages réservés aux loups et aux ours et d’autres plein de cultures hydroponiques sans oublier les salles pour psychanalystes et déments nourris aux psychotropes de synthèse.

Selon Ilyes Zouari, la France demeure un pays relativement sous-peuplé. La France a une densité de population de 118 habitants par km2, l’Allemagne 232 et le Royaume-Uni 271 habitants par km2. En d’autres termes, l’Hexagone aurait dû compter 149,7 millions d’habitants pour être aussi populeux que le Royaume-Uni ou 127,8 millions pour être au même niveau que l’Allemagne. Il constate que la Corée du Sud est peuplée de 508 habitants par km2 ou encore l’Inde 407 habitants. Selon lui, la situation démographique actuelle puise ses origines dans la très lente progression démographique connue par l’Hexagone deux siècles durant, de 1750 à 1945, alors que le reste de l’Europe connaissait un véritable essor démographique. La France aurait donc été l’homme malade de l’Europe, elle qui était « en 1750 trois fois plus peuplée que le futur Royaume-Un». Si les équilibres démographiques étaient restés inchangés, l’Allemagne, moins sûre d’elle, n’aurait probablement jamais été aussi belliqueuse en 1914 et 1945 !!! « « Cet affaiblissement de la France a résulté d’une propagation des trop simplistes idées malthusiennes. Idées qui ne cessent d’être infirmées à travers le monde, génération après génération ». Au passage, il note que la minuscule île de Groix (14,82 km2) pourrait à elle seule abriter l’ensemble de la population de la France, métropole et outre-mer confondus. À raison d’une moyenne «raisonnable» de 4,5 personnes au m2, ce territoire pourrait ainsi accueillir nos 67,6 millions d’habitants, debout côte à côte. « Ce qui est mathématique est incontestable. » La France doit donc mettre en place une politique familiale particulièrement volontariste. Enfin, cet accroissement démographique pourrait pousser la France à songer plus sérieusement à développer les énergies renouvelables. Le monde n’appartiendra jamais aux peuples craintifs et déconnectés du monde réel.

Ce texte merveilleux de mauvaise foi a cependant l’avantage de rappeler quelques données chiffrées sur notre monde surpeuplée. Il est sans aucun doute à prendre au second degré. Il est en effet absurde de laisser croire que notre petite planète pourrait très facilement nourrir plus du double de sa population actuelle et ce sans émettre la moindre justification. Il est encore plus absurde de considérer que la Guadeloupe, avec ses 1.628,4 km2 pourraient simplement abriter toute l’humanité, avec des individus serrés côte à côte. Il est vraiment déraisonnable de considérer la loi de Malthus comme simpliste alors que tout montre qu’il y a un décalage de plus en plus important entre l’explosion démographique humaine et les ressources alimentaires, plombées par les rendements décroissants en agriculture. Le monde réel, c’est une planète qui connaît la désertification des sols, l’épuisement des océans et des autres ressources, le réchauffement climatique. Le réel, c’est une France de 3,5 millions chômeurs et de 850 000 alzheimers.

https://www.lesechos.fr/idees-debats/cercle/cercle-173724-population-le-desert-francais-2114593.php#hPRzbbuVmmLtbr97.99

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La France ne peut nourrir que la moitié de sa population

Quelle est la population maximum que peut théoriquement accepter la France, avec ses propres ressources et au niveau de vie que l’on estime comme minimum décent (manger, se loger, se chauffer, s’éduquer, se soigner)… tout en préservant les écosystèmes qui nous fournissent tout cela ? Cette question fondamentale n’est jamais posée. Notre correspondant Jean-Marc Tagliaferri nous donne quelques éléments de réponse.

Aux deux dernières périodes « sans pétrole »  c’est à dire  avant 1900 et entre 1941 et 1944, le sol français abritait entre 39 et 40 millions de personnes, qui se nourrissaient dans le premier cas et qui survivaient à peine dans le second (on estime que l’Allemagne pompait en France de quoi nourrir 10 à 15 millions de personnes) SAUF :

1°) qu’à la première période la France possédait plusieurs millions de chevaux de trait (on les a encore utilisés en 1914 voire en 1940), des boeufs de labour,  des ânes et des mulets. Tout cela a disparu. Donc sans énergie fossile, la productivité des champs sera moindre, à la fois parce qu’ils ne seront pas désherbés et qu’ils ne seront pas fumés ! Quand à la permaculture, certes ça peut très bien marcher, mais ça ne s’improvise pas du jour au lendemain (et mon copain permaculteur passe 10 heures par jour dans ses 1000m2, rien à voir avec le jardin d’Eden où on tend la main de son hamac quand on a faim! 🙂

 2°) qu’à l’époque les sols français étaient vivants, épais, riches en humus, les entreprises chimiques n’ayant pas encore eu à écouler leurs surplus d’explosifs comme engrais et la majorité des exploitations fumant les sols avec les déjections animales et humaines !

 3°) qu’en outre la plupart des français ne mangeait pas de la viande ou du poisson à tous les repas comme une bonne partie le fait maintenant, ce qui diminuait la demande globale.

 4°) qu’un certain nombre d’infrastructures ne sont plus disponibles, par exemple les petits canaux d’irrigation qu’on a laissé se dégrader et qui pour la plupart ne sont plus alimentés par des rivières qui s’assèchent grâce aux « aménagements » dont elles ont bénéficié. Certes il y a de grands ouvrages qui survivront au post-pétrole (barrages, grands canaux) mais pour la plupart ils nécessitent des systèmes de pompage , des tuyaux et des arroseurs et l’énergie pour les faire fonctionner. Ajoutons que lee 1/3 des terres agricoles de l’époque sont parties en forêt ou en urbanisation, autoroutes, TGV, etc. Donc mon pronostic est que le territoire français actuel pourrait nourrir durablement peut-être 30 millions de personnes « sobres » s’il venait à être privé d’engrais et de pétrole pour les machines agricoles, si on trouvait une dizaine de millions de bras pour aller remplacer les machines et si on adoptait des pratiques culturales aptes à sauver les sols.

 En réalité ceux qui veulent des immigrants supplémentaires se trompent quand ils croient que nous allons économiquement bénéficier de la présence des dentistes et écrivains du Moyen-Orient.  Pour être très cynique, les seuls immigrants « utiles » désormais sont ceux qui savent survivre en grattouillant une terre hostile, mais j’ai l’impression que c’est en train de devenir une denrée rare, car il n’y a pas qu’en France que l’éducation des jeunes est catastrophique du point de vue pratique : combien de jeunes africains qui survivent dans les bidonvilles de cités millionnaires  sauraient-ils cultiver un jardin? Je ne pose même pas la question pour les jeunes français, j’ai déjà eu la réponse avec mon neveu et mes nièces:-)

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Une nouvelle dimension aux migrations, insupportable

On n’avait pas pris la mesure de la nouvelle dimension migratoire. Le mouvement lancé fin 2014, début de l’exode massif des réfugiés par la Méditerranée, n’a jamais pris fin. Au total, ont calculé les experts, 30 000 personnes sont mortes depuis vingt ans en tentant de traverser la Méditerranée. Cela n’enraye pas le mouvement. Le flux migratoire dépasse désormais largement celui des réfugiés fuyant des zones de guerre et la distinction juridique entre réfugiés et migrants économiques devient dérisoire. En 2015 et 2016, l’Europe a enregistré 2,5 millions de demandes d’asile. L’Europe est aujourd’hui l’une des premières destinations de migration ; déjà 42 millions de gens nés dans un autre pays que celui où ils résident y vivent. L’aide au développement n’incite plus les gens à rester chez eux. L’article du MONDE* ne propose rien de clair comme solution et le flux n’est pas prêt de se tarir. Car ce qui pousse les personnes à partir, c’est l’aspiration à un avenir meilleur et l’Europe apparaît comme un Eldorado, supposé gorgé d’or.

Dans un livre collectif de 2014, « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) », on osait aborder les problèmes de fond. Dans la préface, Yves Cochet écrivait : « A l’extérieur de l’Occident, les communications mondiales exhibent désormais cette opulence de l’Ouest aux yeux des multitudes. Les plus audacieux de ces laissés-pour-compte du « développement » n’hésitent pas à risquer leur vie dans des voyages sordides pour atteindre les territoires européens ou nord-américains. Aucun policier ou barbelé supplémentaire, aucun mur ou radar côtier ne parviendront à endiguer le flux croissant de jeunes méditerranéens, africains ou ouest-asiatiques qui parviendront en Europe, mimétiquement fascinés par les lumières du Nord. Les conséquences sont incertaines, entre le risque de régimes autoritaires et xénophobes en Europe et l’espoir unique d’un partage équitable des ressources avec les sous-continents dont ces jeunes sont issus. Sachant que, dans l’un et l’autre cas, lesdites ressources déclinant, c’est le mode de vie européen – la surconsommation – qui est en question. Autrement dit, si nous espérons encore vivre à l’avenir dans un continent civilisé et démocratique, ne subsiste que la possibilité précaire de diminuer le flux de migrants en Europe par une politique de décroissance matérielle ici, tout en encourageant l’évolution endogène des régions là-bas. »

Dans un chapitre du livre, Michel Sourrouille abordait frontalement la question, « la décroissance des migrations sur une planète close et saturée ». En voici un résumé. Cet aspect sent le souffre puisque l’arrêt des migrations est une thématique portée par l’extrême droite. Mais pas seulement. Sur une planète saturée d’humains, les frontières se ferment. Les lois contre les étrangers se durcissent un peu partout, dans les pays riches comme dans les pays pauvres. La décroissance démographique ne touchera pas seulement les migrants économiques, mais aussi le tourisme de masse. Le plus insoluble sera certainement le statut à donner aux éco-réfugiés, nombre fortement accru par les effets du réchauffement climatique. Cela posera demain un problème qui peut rendre obsolète l’idée de solidarité humaine. Or, si notre société est devenue une société de forte mobilité, il n’en a pas toujours été ainsi…

* LE MONDE du 21 septembre 2017, « L’Europe doit aborder la question migratoire dans son ensemble»

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Anne Bert décide dignement de son dernier voyage

Anne Bert a choisi de mourir. Atteinte de la maladie de Charcot, elle décrit son destin : « Cette maladie emmure et paralyse en quelques années. (…) Il me faut une assistance totale, de la première heure du lever jusqu’à la dernière heure du coucher. (…) Je ne veux pas vivre cette agonie qui m’est promise. » Anne Bert va partir dans un hôpital en Belgique, où la pratique du suicide assisté est autorisée. En France, la loi Leonetti est selon Anne Bert, une « loi hypocrite » qui ne « respecte pas la volonté des malades ». L’actuelle ministre de la santé, Agnès Buzyn, aurait dit vouloir « voir comment pouvait vivre la loi Leonetti ». Il n’est donc pas question pour l’instant de s’aligner sur la loi belge. Cette gravité de la mort qui approche, Anne Bert dit ne pas la ressentir : « Plus j’avance, plus me viennent en tête des choses qui sont légères, belles, poétiques. » Elle ajoute : « On n’est pas sérieux parce qu’on devrait peut-être intellectualiser, rester très grave, mais non, moi ce n’est pas ma façon d’être. » L’écrivaine s’est fixé comme limite de choisir l’euthanasie au moment où l’avancement de la maladie ne lui permettrait plus de se nourrir ni de se laver seule, ce qui est désormais le cas.

Il est nécessaire de réfléchir à notre fin de vie, sans pathos ni larmes, en toute lucidité. Nous avons en France le droit, si notre douleur ne peut être soulagée, de « dormir avant de mourir » grâce à une « sédation profonde et continue » jusqu’au décès. C’est l’objectif de la loi sur la fin de vie promulguée le 2 février 2016. Seuls ceux atteints d’une « affection grave et incurable », dont le « pronostic vital est engagé à court terme » et présentant une « souffrance réfractaire aux traitements » sont autorisés par la loi à bénéficier d’une sédation profonde. Lors de la présidentielle, Jean-Luc Mélenchon ou Benoît Hamon voulaient aller plus loin en promettant la mise en place d’une aide active à mourir. Emmanuel Macron considérait qu’il n’est pas opportun « de légiférer dans la précipitation et la polémique, mais qu’il faut entraîner la population et leurs représentants vers les avancées que nous tous souhaitons avec un peu de conviction et de progressivité… Il importera dans un délai assez bref que cette question soit posée puisque nous serons soumis très prochainement à la révision des lois de bioéthique où la question de fin de vie ne peut pas manquer d’être traitée. » C’est tout le sens de la nuance et de la précision digne d’un technocrate habile. Est-ce écolo que de vouloir mourir plut tôt, sans acharnement thérapeutique ? Nous le pensons.

Pour en savoir plus sur la loi française, lire nos articles sur ce blog :

Le Sénat contre le droit de mourir dans la dignité

Ni euthanasie, ni suicide assisté, une molle décision !

« Euthanasie, un mot en vogue pour la mort douce ».

* LE MONDE du 7 septembre 2017, L’écrivaine Anne Bert raconte son départ pour la Belgique afin d’avoir droit à l’euthanasie

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Si les humains préfèrent famine, guerre et épidémies !

Comme je me situe dans une perspective de contrôle de la natalité librement choisi par les individus et les communautés, j’ai déjà expliqué par quoi on commence : on agit d’abord sur soi-même et sur sa propre fécondité, on fait aussi de l’éducation, l’apprentissage des contraintes (empreinte écologique, réchauffement climatique, pic énergétique, capacité de charge, problème migratoire…). Si les humains préfèrent la famine, la guerre ou les épidémies pour contrôler leur population de façon non choisie (par la mortalité), moi cela ne me concerne plus. Mais au moment où l’homme met en péril les conditions de sa propre survie, le souvenir de Malthus nous rappelle la nécessité absolue d’une pensée des limites.

Je pense raisonner juste. Le problème, c’est qu’il y a un monde entre la théorie et mon propre vécu personnel. Avoir aucun, un seul ou plusieurs enfants découle d’un tas de paramètres que nous maîtrisons mal. Personnellement mon idéal serait « un seul enfant par couple ». Mais je me suis mis en ménage avec une femme qui en avait déjà deux d’un premier mariage. Nous en avons fait un autre, le seul enfant biologique que j’ai eu. Comment on compte, trois enfants pour trois personnes, déjà deux pour deux ? Mais l’autre père s’est remarié, il a eu d’autres enfants : comment on compte ? J’ai adopté un enfant de père inconnu, mais qui avait un géniteur ayant fait par ailleurs d’autres enfants : comment on compte ? A l’heure de la fugacité des sentiments et de la croyance en sa liberté toute puissante, le modèle chinois d’un enfant « par couple » semble donc difficile à généraliser. Pourtant cela reste mon modèle. J’ai passé mon existence à éduquer les enfants des autres comme si c’était les miens. Cela seul compte dans la vie vécue.

Je veux ajouter une réflexion importante pour qui veut défendre les intérêts de la Biosphère. Jusqu’à présent nous n’avons envisagé que la taille de la population humaine face aux ressources limitées de la planète. Il ne faudrait pas oublier que l’expansionnisme humain (démographique et économique) réduit l’espace vital de toutes les autres espèces, d’où la dramatique perte de biodiversité que nous connaissons à l’heure actuelle. C’est aussi pour cela que la philosophie de l’écologie profonde est pour moi incontournable. Ainsi ce point de la plate-forme formulée par Arne Naess : « L’épanouissement de la vie et des cultures humaines est compatible avec une diminution substantielle de la population humaine. L’épanouissement de la vie non-humaine requiert une telle diminution. » Sur mon blog biosphere.lemonde.fr, j’ai reçu en novembre 2009 le commentaire suivant : « Ne pensez-vous pas que l’homme fait partie de la nature et que sa population s’autorégulera (comme toute population animale) ». Le problème, c’est que l’animal humain sait modifier son milieu pour l’épuiser au maximum et donc proliférer sans commune mesure avec les possibilités de son écosystème. La régulation naturelle intervient bien sûr à un moment ou à un autre, mais trop tard, pas de façon raisonnée (guerre, épidémies, famine…). La nature ne raisonne pas… Plus nous attendrons pour maîtriser notre croissance démographique, plus la réponse de la biosphère sera violente. Les microbes et les virus commencent à se révolter contre l’élevage en batterie des animaux et des pauvres . Malthus est toujours d’actualité. (à suivre)

NB : pour lire la version complète de cette autobiographie, ICI

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Nous n’avons pas quatre planètes à notre disposition !

La deuxième conférence mondiale sur la démographie à Mexico en 1984 n’a laissé aucune trace, et la troisième en 1994, au Caire, est devenu « Conférence internationale sur la population ET le développement ». Les 179 pays signataires ont admis que la population et le développement sont inextricablement liés, qu’il est nécessaire d’autonomiser les femmes et de répondre aux besoins des couples et des individus en matière d’éducation et de santé. La conférence a adopté un Programme d’action sur vingt ans, axé sur les besoins et les droits des individus plutôt que sur la réalisation d’objectifs démographiques. Quand on sait qu’on prévoyait un passage de la population mondiale de 5,6 milliards en 1994 à 7,3 milliards en 2015 pour une stabilisation à 7,8 milliards en 2050, nous mesurons l’échec de cette troisième conférence. Les dernières statistiques projettent 9 milliards d’humains minimum en 2050…

Au XXIe siècle, la détérioration brutale des ressources de la planète ne peut que confirmer le diagnostic de Malthus. Après des décennies d’agriculture intensive, l’analyse de Malthus des rendements décroissants en agriculture se vérifie aujourd’hui. Et la population s’accroît de 1 milliard de personnes tous les douze ans en moyenne ! Notre nombre a dépassé la capacité de la biosphère, d’autant plus qu’un bébé occidental va vouloir rentrer dans la société de surconsommation et de gaspillage et que les classes émergentes ne veulent qu’une chose, imiter le standard de vie occidental. Mais de cette problématique, nulle trace dans les programmes de SES : l’étude de Malthus a été supprimée, que ce soit dans l’ensemble du programme ou même dans la spécialisation en terminale. Malgré les tensions objectivement croissantes entre population et production alimentaire, le message malthusien a encore du mal à passer en France, même du côté de ceux qui fontt le journal « La Décroissance ». Leur organisme de théorisation, l’IEEDS (institut d’études économiques et sociales pour la décroissance soutenable) répond ainsi à la question, La décroissance est-elle malthusienne ? : « La décroissance pense qu’il n’y a pas trop d’êtres humains sur terre, mais trop d’automobilistes. » (décembre 2006, supplément inséré dans La décroissance n° 35).

Si j’avais à présenter un programme politique en France, je dirais que l’empreinte écologique des Français est telle que nous ne pouvons pas généraliser notre mode de vie et multiplier nos enfants. Que nos concitoyens comprennent enfin que nous n’avons pas trois ou quatre planètes à notre disposition ! Il faut donc construire à la fois une décroissance économique par la limitation de nos besoins et une décroissance démographique grâce à la neutralité de l’Etat en matière d’allocations familiales et de quotient familial (qui seraient donc supprimés) : pas de prime à des enfants surnuméraires. Dans l’éducation nationale, il sera mis en place une éducation à être ou non futurs parents. L’éducation sexuelle ne sera pas limitée à la présentation des moyens de contraception, mais à la responsabilité des couples par rapport aux limites de la planète. Face à une crise systémique, écologique et financière, il nous faut une éducation systémique.(à suivre)

NB : pour lire la version complète de cette autobiographie, ICI

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Pas besoin d’aiguille à tricoter pour avorter

Fin 1973, je suis éducateur à Ambarès. Je rencontre une autre éducatrice que j’avais rencontrée en fac de sciences de l’éducation. Nous étions logés dans deux chambres proches. Nous nous sommes retrouvés dans le même lit, écoutant de la musique. Elle s’est endormie sur moi, nous n’avions rien conclu. Le matin, c’est elle qui a eu pitié de moi, elle a pris l’initiative. Nous étions devenus plus qu’ami, mais nous ne prenions aucune précaution. Je suis con. Je n’ai pas assez d’expérience. La loi Neuwirth qui autorisa la contraception orale était trop récente. Cette loi a été votée en 1967, elle ne sera appliquée qu’en 1972 à cause des freinages de l’administration ! Je ne savais même pas comment était fait un préservatif, à 25 ans ! Marie-Thérèse est tombée enceinte, j’avais été viré de mon boulot, elle a avorté. Non, plutôt, nous avons avorté ensemble. J’avais de la chance, et mon amie aussi, le MLAC (mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception) était actif depuis avril 1973 et agissait pour changer la loi en pratiquant illégalement des avortements. Pas besoin d’aiguille à tricoter pour avorter, nous avons donc testé la méthode par aspiration. Je dis « nous » car toute une bande d’apprentis médecins et de membres du MLAC sont arrivés et ma présence était jugée indispensable, pour eux comme pour moi. Le mec est aussi responsable que la femme d’une naissance non désirée. L’intervention a eu des séquelles, mon amie a fait une hémorragie. Elle s’est retrouvée à l’hôpital. Que fait le gouvernement ?

Quelques mois après, le 26 décembre 1974, s’ouvrent à l’Assemblée nationale des débats sur l’IVG (interruption volontaire de grossesse). Simone Veil, ministre de la santé, conduit les débats devant une assemblée d’hommes. Les détracteurs se succèdent : « Une nouvelle religion est née, son dieu s’appelle le Sexe ! Pour Satan, contraception et avortement sont les deux chapitres du même grand livre de la sexualité ! » ; « Le temps n’est pas loin où nous connaîtrons des avortoirs, des abattoirs parfaitement contraires à la mission la plus naturelle et la plus indispensable de la femme : donner la vie et non la mort. » Le Conseil de l’ordre des médecins exhorte à voter contre la loi, heureusement un médecin s’insurge : « Mille avortements clandestins sont pratiqués par jour, et chaque jour une femme en meurt. » La loi sur l’IVG sera adoptée par 277 voix contre 192, donnant aux femmes le droit de disposer de leur corps. Si l’avortement est bien l’échec de la contraception, la faute d’un couple, c’est aussi la responsabilité de la société ; on ne peut être malthusien que dans une société non répressive, ouverte à la contraception et à la réflexion.

En 1974 s’est tenu la première conférence mondiale sur la population (The World Population Conference) réunissant les gouvernements. On a mesuré l’impossible dialogue entre personnes concernées par les limites de l’œkoumène et personnes enrégimentées par leurs propres croyances. Dès le début de la conférence, de vives réactions se sont manifestées contre l’idée maîtresse de diminuer le nombre de naissances pour réduire les difficultés économiques. Ce débat renouvelait, presque de façon identique, celui qui a opposé Malthus, un siècle et demi plus tôt, à des économistes chrétiens et à tous les socialistes, d’Owen à Marx ; il n’y a pas de problème démographique, il y a seulement un problème de répartition des richesses. Les pays les plus pauvres ont pris à partie les pays riches en invoquant le souci d’équité mondiale. Les pays riches ainsi que les groupes sociaux favorisés devraient réduire leur consommation excessive pour un monde plus juste, plus égalitaire. On ne peut séparer la question démographique des questions éthiques et des problèmes de « développement ». (à suivre)

NB : pour lire la version complète de cette autobiographie, ICI

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inconscience de faire un enfant sans penser à son avenir

Ce sont mes études de fac au début des années 1970 qui m’ont fait découvrir Thomas Malthus. Cet économiste et néanmoins pasteur, a mis en évidence à la fin du XVIIIe siècle une sorte de loi démographique quand on laisse faire la nature : en l’absence d’obstacles, les couples peuvent en moyenne faire 4 enfants par génération, ce qui fait doubler la population tous les 25 ans. Par contre l’agriculture est contrainte par les rendements décroissants : « On n’obtiendra pas avec la même facilité la nourriture nécessaire pour faire face au doublement de la population. Lorsque tous les arpents ont été ajoutés les uns aux autres jusqu’à ce que toute la terre fertile soit utilisée, l’accroissement de nourriture ne dépendra plus que de l’amélioration des terres mises en valeur. Or cette amélioration ne peut faire des progrès toujours croissants, bien au contraire. » En conséquence, la population croit selon une progression géométrique très rapide et l’alimentation seulement comme une progression arithmétique bien plus lente. Comme la population augmente bien plus vite que les ressources alimentaires, il y a un déséquilibre qui se résout par des obstacles naturels, famine et épidémies au niveau territorial, ou quand il y a migration, des invasions et des guerres. Une seule solution rationnelle, limiter les naissances.

En mars 1972 j’adhère de cœur et de conviction raisonnable au mouvement américain « Zero Population Growth ». Ne plus faire d’enfant, puisqu’il y a trop de personnes qui n’adhèrent pas au mouvement ! Je suis conscient qu’un enfant supplémentaire est une charge pour la famille (nourriture, éducation…) et pour la société (gonflement possible du chômage, boursouflure du secteur tertiaire…). Pour la planète aussi (surpopulation / ressources naturelles). Il me paraît donc convenable de supprimer les allocations familiales. Je trouve que le tourisme est un impérialisme des riches, la population doit être stabilisée dans l’espace, dans des cellules géographiquement circonscrites qui s’auto-suffisent. Le gouvernement impose bien à un homme de n’avoir qu’une seule femme, ne peut-il lui imposer de ne pas avoir plus de deux enfants ?

En 1972 je lis aussi le rapport du Club de Rome (The limits to growth): « Si les tendances à la croissance de la population du monde, l’industrialisation, la pollution, la production de nourriture et l’épuisement des ressources restent inchangés, les limites à la croissance sur cette planète seront atteintes un jour ou l’autre dans les cent prochaines années. Le résultat le plus probable sera une baisse plutôt soudaine et incontrôlable tant de la population que de la capacité industrielle. » J’avais même été subjugué par le titre d’un libelle : « Lettre à l’enfant que je n’aurai jamais ». C’est pour moi le signe d’une inconscience totale que de faire un enfant sans penser à son avenir. Mais il y a un gouffre entre la théorie malthusienne et la réalité du rapprochement des corps. (à suivre)

NB : pour lire la version complète de cette autobiographie, ICI

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Le droit de la planète à ne pas être envahie par les bébés

Trop d’enfants, c’est un frein à l’amélioration de la société. Les néo-malthusiens associent systématiquement la limitation des naissances à la révolution sociale. Le néo-malthusianisme, mouvement d’émancipation très proche des féministes, s’est développé en France à la fin du 20ème siècle. Paul Robin fonde en 1896 la ligue de la régénération humaine qui se propose de faire connaître la loi de Malthus, ainsi que « les procédés anticonceptionnels qui permettent d’en faire une arme contre le malheur ». Mais en 1920, la majorité nationaliste issue de la Première guerre mondiale vote une loi condamnant « la propagande contre la natalité ou anti-conceptionnelle ». Cette loi criminalise aussi l’avortement, Marie Latour sera exécutée en 1943 sur ce motif. Les néo-malthusiens sont contraints de fermer leurs journaux et à cesser leur action. Dans ce contexte, on ne pouvait plus réfléchir. Pour ou contre l’avortement ? Ma mère était contre, comme sa génération née en 1925. Cela ne l’a pas empêché d’avorter trois fois. La loi n’est pas toujours en accord avec les consciences. Je suis né en 1947, j’ai aussi vécu au temps de la répression, je me suis auto-formé sur la question de la sexualité et de la contraception.

En janvier 1971 je trouve dans Partisans un dossier, Libération des femmes, année zéro. Je prends en note : « Du point de vue du danger, mieux vaudrait vendre les pilules dans des distributeurs automatiques et ne délivrer les cigarettes que sur ordonnance… L’utérus des femmes est la propriété de l’Etat… Actuellement en France à la suite d’avortements, il meurt tous les ans 5000 femmes, 10 000 à 15 000 demeurent stériles à vie et 200 000 souffrent de maladies infectieuses. En Hongrie où l’avortement est considéré comme une intervention chirurgicale normale, on ne compte que six cas mortels pour 100 000 avortements…» C’était l’époque du MLF (mouvement de libération de la femme) : « Qui est le plus apte à décider du nombre de nos enfants ? Le pape qui n’en a jamais eu ? Le président qui a de quoi élever les siens ? Votre mari qui leur fait guili guili le soir en rentrant ? Ou bien vous qui les portez et les élevez ! » Mais la question démographique est bien plus complexe, il y a le droit de la femme à disposer de son corps et le droit de la planète à ne pas être envahie par les bébés. Il faut un compromis entre les libertés de l’individu et les contraintes écologiques. J’ai toujours pensé que la population humaine était trop nombreuse. Le 4 décembre 1970, j’écrivais dans mon carnet de notules comment je vois le monde tel qu’il va :

Un jour les gouvernements seront obligés de supprimer les voitures

Ils seront obligés de tuer des nouveau-nés bien portant

Il y aura pourtant des guerres civiles et internationales en même temps

Des gens mourront parce que l’eau potable manquera

Le ciel sera obscurci de bruits et de fumées

La terre sera sillonnée de bandes armées déchaînées

Notre vie ne tiendra qu’à un fil, la raison du plus fort

Les villes seront pillées et l’armée deviendra brigands

Car les gens ne sont pas préparés intellectuellement

A agir rationnellement contre surpopulation et pollution.

(à suivre)

NB : pour lire la version complète de cette autobiographie, ICI

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Population africaine, nous sommes au bord de l’apoplexie

L’Afrique, qui compte aujourd’hui 1,3 milliard d’habitants en totalisera près de 4,5 milliards à l’horizon 2100 ; un jeune Terrien sur trois âgé de 15 à 29 ans vivra en Afrique en 2050. Le Nigeria, par exemple, sera passé de quelque 191 millions d’habitants à plus de 410 millions en 2030. Pourtant le démographe Gilles Pison, médiatisé par LE MONDE*), reste optimiste, la fécondité africaine va décroître (lentement) un jour ou l’autre ! Autant dire que les propos récent du président de la République française nont guère franchi ses limites de sa compréhension de la réalité. « Quand des pays ont encore sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien », avait déclaré Emmanuel Macron. Les conditions qui déterminent la fécondité sur le continent africain ne vont guère changer, la pauvreté appelle la hausse de fécondité qui provoque en retour l’accentuation de la pauvreté et ainsi de suite : cercle vicieux. La traversée de la Méditerranée des migrants africains en est un témoignage brûlant. Mais entre la variable démographique et le poids de la consommation sur les ressources, Gille Pison tranche : « L’humanité n’échappera pas à un surcroît de deux à trois milliards d’habitants d’ici à 2050, en raison de l’inertie démographique que nul ne peut empêcher. Il est en revanche possible d’agir sur les modes de vie, et ceci sans attendre, afin de les rendre plus respectueux de l’environnement et plus économes en ressources. »

Or l’impact d’une population sur son milieu dépend de trois facteurs : sa population P, son niveau de vie A et son niveau technique T. D’où I = PAT. Ne compter que sur une diminution des deux derniers termes (réduction du niveau de consommation et amélioration de l’efficacité technique) est loin d’être suffisant pour infléchir sérieusement notre trajectoire exponentielle. Non seulement nous n’y sommes jamais arrivés (entre autres raisons à cause de l’effet rebond et du phénomène de consommation ostentatoire), mais tous ces efforts seraient vains si le premier terme P continue d’augmenter… La population est un multiplicateur incontournable des menaces. A chaque poussée démographique, l’étau des limites du milieu se resserre, ce qui stimule l’innovation et permet de repousser artificiellement les premières limites physiques. Mais il arrive un moment où la civilisation se heurte à tant de limites (le climat, les ressources, la complexité et la politique) qu’elle bascule brutalement dans un monde malthusien… Le problème en France, c’est qu’il n’est pas possible de discuter sereinement de maîtrise de la fécondité. C’est un sujet tabou et rares sont ceux qui osent aborder la question publiquement** sans craindre de voir immédiatement arriver un point Godwin (un moment où toute discussion devient impossible parce que l’une des personnes traite l’autre de nazi). En démographie, ce seuil est d’une autre nature, mais il est toujours le même : « Vous voulez faire comme en Chine, c’est ça ? » …

Pour les démographes responsables, la puissance technique et l’inventivité humaine ont des limites, et nous arrivons à un moment où il devient difficile, pour ne pas dire impossible, de continuer la trajectoire de croissance continue que nous avons empruntée depuis le début de l’industrialisation. Les pronostics réalistes sur l’évolution démographique vont tous dans le même sens, une réduction drastique de la population humaine, surtout africaine. On prévoit même des chiffres sur la population mondiale de 1 ou 2 milliards d’habitants sur Terre en 2100 au lieu des 11 milliards attendus… Pour Vaclav Smil, chercheur spécialiste des liens entre énergie, environnement et population, sans les engrais qui ont permis à l’agriculture industrielle de produire beaucoup, deux personnes sur cinq ne seraient pas en vie aujourd’hui dans le monde. Si nous  ne pouvons dès aujourd’hui  envisager de décider collectivement qui va naître (et combien), pourrons-nous dans quelques années envisager sereinement de décider qui va mourir (et comment) ?

* LE MONDE du 8.07.2017, En 2100, 40 % de l’humanité sera africaine

** Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) » aux éditions Sang de la Terre, à commander en ligne :Amazon ; Decitre ; FNAC

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Macron, un président malthusien, cela se fête

Lors du G20 à Hambourg, pour la première fois un Président de la République a le courage de s’exprimer sur la démographie. En conférence de presse samedi 8 juillet, Emmanuel MACRON a déclaré : « « Y a eu plusieurs enveloppes qui ont été données, ça fait des décennies qu’on vous promet des plans Marshall pour l’Afrique et qu’on les a d’ailleurs décidés et faits, donc si c’était aussi simple, vous l’auriez constaté. Le plan Marshall, c’était un plan de reconstruction matérielle dans des pays qui avaient leurs équilibres, leurs frontières, leur stabilité. Le défi de l’Afrique est différent, il est beaucoup plus profond, aujourd’hui, le défi de l’Afrique, il est civilisationnel aujourd’hui, quels sont les problèmes ? Les États faillis ou les transitions démocratiques complexes, la transition démographique qui est l’un des défis essentiel de l’Afrique » et de poursuivre : « Dans un pays qui compte encore sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien »…

Présentée par certains comme une opportunité, au prétexte que la croissance démographique de l’Afrique serait une chance pour la croissance économique, grâce à un marché de plusieurs milliards de consommateurs, cette hypothèse relève de la pire des absurdités. Avec une moyenne d’âge inférieure à 19 ans, et une population de plus en plus pauvre qui devrait plus que doubler d’ici à 2050, cette démographie galopante, loin d’y participer va même pénaliser le moindre développement du continent.

Au-delà des chiffres et de leur interprétation, une certitude : La persistance du niveau élevé des taux de croissance démographique menacent de saper les progrès sociaux et de développement qui peuvent avoir lieu en Afrique. L’Homme agit comme une plante rampante qui compromet l’espace et le territoire par le nombre

http://www.agoravox.fr/

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Prolifération humaine et anéantissement biologique

L’éditorial du MONDE* est populationniste sans le dire. Le titre est incisif, « Alerte rouge sur l’extinction des espèces »*, le cocktail mortifère ainsi développé : « destruction des habitats (sous l’effet de l’agriculture, de l’élevage, de l’exploitation du sous-sol), chasse et braconnage, pollution et réchauffement climatique ». La responsabilité de la fécondité humaine n’existe pas pour ce journal « de référence » dont le prisme populationniste est bien connu. Pourtant l’article de fond dans le journal donnait le point de vue des auteurs d’une étude qui mettait en accusation la prolifération humaine : « Les moteurs ultimes de la sixième extinction de masse sont moins souvent cités, jugent le auteurs. Il s’agit de la surpopulation humaine, liée à une croissance continue de la population et de la surconsommation. » Cette étude a démontré une fois de plus que les espèces de vertébrés reculent de manière massive sur Terre, à la fois en nombre d’animaux et en espace géographique. Au lieu de se focaliser sur les extinction, difficiles à quantifier, elle se recentrait sur l’évolution des différentes populations, et renseigne bien mieux que la liste rouge de l’UICN sur la gravité de la situation. Parmi les actions prioritaires, les scientifiques appellent à réduire la croissance de la population humaine et de la consommation. Notons qu’un des trois auteurs est Paul Ehrlich, ardent dénonciateurs des populationnistes depuis son livre de 1971, « La bombe P ».

Il est vrai que la position anthropocentrique de l’éditorial est explicite : « les milieux naturels (mis en péril) rendent des services aussi nombreux qu’essentiels (pour les humains) » et se termine d’ailleurs par cette dernière phrase : « Il en va de la survie de la biodiversité et du bien-être de l’humanité ». Tant que nous ne donnerons pas une valeur intrinsèque aux différentes formes de vie, l’exploiter avec outrance ira de soi. Les humains ne sont que des passagers parmi d’autres alors qu’ils se veulent les parasites ultimes qui prennent toute la place au détriment de la faune et de la flore. Il ne s’agit plus de déterminer une liste des espèces à protéger et des territoires à sanctuariser, il parait au contraire essentiel de redonner à la planète tout entière la liberté de déterminer de façon la plus libre possible son propre équilibre dynamique. Réintroduire l’ours dans les Pyrénées n’est qu’invention humaine, lui laisser ainsi qu’à toutes les autres espèces son espace vital devient une nécessité morale. Cela présuppose que le poids de l’humanité se fasse de plus en plus léger, ce qui remet en question l’évolution quantitative de la démographie humaine, et pose aussi un problème plus qualitatif, l’empreinte de l’activité humaine sur l’écologie de la planète.

L’évolution démographique exponentielle de l’espèce homo sapiens est une terrible remise en question de la sélection naturelle. La généralisation de l’autoroute et du mode de vie qu’elle représente est une atteinte grave aussi bien à la diversité culturelle des sociétés humaines qu’à la diversité biologique. Il nous faut de la décroissance, décroissance démographique, décroissance du niveau de vie des riches, acceptation d’une société conviviale ou pauvreté ne rime pas avec misère matérielle et morale…

* éditorial du MONDE du 12 juillet 2017,  Alerte rouge sur l’extinction des espèces

** LE MONDE du 12 juillet 2017, l’extinction de masse des animaux s’accélère

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10 milliards d’habitants en 2050, bonjour les dégâts !

La population continue d’augmenter et le scénario moyen de l’ONU* prévoit que nous serons près de 10 milliards en 2050 – 9,77 milliards exactement –, soit une augmentation de près de 30 % par rapport aux 7,55 milliards actuels. Chaque année, la population mondiale croît de 83 millions d’habitants. Il y a les aveugles qui ne s’inquiètent pas du tout comme le démographe Gilles Pison : « La population mondiale augmente mais la croissance décélère. La croissance a atteint son taux maximal, à plus de 2 % par an, il y a cinquante ans, et elle se situe à un peu plus de 1 % aujourd’hui. Mais le véritable défi porte sur la modification du mode de vie plus que sur le nombre d’habitants. On n’arrêtera pas la croissance de la population mondiale tout de suite, mais nous sommes capables de modifier rapidement et durablement nos modes de consommation. » Notons d’abord qu’avec un taux de 1 %, la population double tous les 70 ans, soit 20 milliards d’êtres humains en 2120. Insupportable! N’en déplaise aussi à Gilles Pison, nous sommes absolument incapables de « modifier rapidement et durablement nos modes de consommation » car la quasi totalité des humains actuels ne pense qu’à une chose : toujours plus ! Par contre nous savons comment faire pour limiter la fécondité : la technique la plus efficace et éprouvée partout dans le monde est de donner accès à la contraception aux femmes en leur rendant visite chaque trimestre dans leur village. Le Kenya, le Ghana, le Zimbabwe ou Madagascar ont réussi à le faire.

Il y a aussi les clairvoyants, inquiets comme il paraît logique. Pour l’association Démographie Responsable : « Sachant qu’à 7,6 milliards aujourd’hui : la Terre se réchauffe, la sixième extinction de la biodiversité est en marche forcée et les énergies fossiles en voie d’épuisement, sans même parler de la pénurie d’eau douce en maints endroits de la planète, alors avec plus de 11 milliards en 2100 ! La question n’est même plus de savoir SI l’espèce humaine va devoir faire face à une crise existentielle… mais seulement QUAND. » Sur lemonde.fr, Olivier : « La DÉMOGRAPHIE : C’est LA SEULE ET UNIQUE problématique importante dans le monde. A côté de cela ; économie, délinquance, écologie, médecine, sciences, etc… ne sont d’aucune importance. Tout ce qui ira dans le sens d’une restriction des naissances, même si il faut en payer momentanément le prix, ira dans le bon sens. » Pour Franck Guillaume : « Avec la même croissance démographique que le Nigeria depuis 1900, la France aurait pu compter 2,2 milliards d’habitants en 2100. La démographie galopante de certains pays sera la cause de nombreuses guerres futures. Problème très sérieux mais traité souvent de manière superficielle par les gouvernements de ces pays où la machine s’emballe et qui devrait l’être rapidement envers ces fous égoïstes de la braguette. »

Cette problématique malthusienne pose la question des limites : A quel moment faut-il s’arrêter de consommer, s’arrêter de procréer, s’arrêter de respirer ? Alors que nous ne parvenons pas à freiner l’hystérie consumériste et la détérioration de la planète, certains en arrivent à envisager des positions extrêmes. Il existe par exemple une Eglise d’Euthanasia qui a son siège social à Somerville (USA). Cette mouvance fut reconnue officiellement le 25 mars 1994 dans l’Etat du Delaware, puis, le 22 août 1995, par l’administration fédérale américaine. Sa devise est limpide « économisez la planète, détruisez-vous ». La population humaine serait, selon cette « Eglise », responsable de par sa croissance d’un vrai écocide. Elle menacerait d’extinction toutes les autres espèces végétales et animales. Seul un humanicide pourrait arranger la situation : « Nous avons quelque chose à faire très rapidement et la chose la plus importante que nous puissions faire est de réduire notre population (…) C’est quelque chose que chacun de nous peut faire, elle n’exige pas de formation spéciale et c’est pourquoi chaque membre de l’église d’euthanasia prend le vœu de ne plus jamais procréer ».

* LE MONDE du 24 juin 2017, Près de 10 milliards d’habitants en 2050

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PMA, une horrible histoire de science-fiction

Au début des années 1980, les gynécologues plaisantaient : « Stérilité, on déclenche le plan hors-sexe ! ». Rappelons que c’est de l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) qu’ont été tirées toutes les méthodes de la fécondation in vitro, un simple transfert de techniques qui  avaient  fait leurs preuves dans l’industrialisation de l’élevage! Déjà, à l’époque, des gynécos écrivaient qu’il fallait arracher les femmes de leur attachement archaïque à la maternité. Quand on a commencé à congeler les embryons, j’ai écrit un texte qui s’appelait « Y a-t-il un froid entre les sexes ? » Il y a perte de la pensée sous le joug de ce qu’on peut nommer « le dieu égalité et le diable discrimination » ! Au nom de ce mode de pensée, les homosexuels hommes vont revendiquer la gestation pour autrui (GPA) au nom de l’égalité de leurs droits avec ceux des femmes. Puis on aura droit à l’ectogenèse pour « libérer » les femmes de la maternité et sortir des embarras liés à la question des mères porteuses. Et nous serons entrés dans la science-fiction, dans la mutation, dans l’horreur, sans même nous en apercevoir ! Cette histoire est un symptôme. Notre génération a rompu avec ses pères par toutes les rationalisations possibles. Dans quel rapport sommes-nous avec notre généalogie pour tenter un tel coup de force sur le lien de filiation, nommé traçabilité dans certains services de Fécondation in vitro ?

Extrait de la position du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) : « L’ouverture de l’insémination artificielle avec don de sperme à des personnes ne souffrant pas de pathologie responsable de stérilité se concevrait pour pallier une souffrance ressentie du fait d’une infécondité secondaire à des orientations personnelles. Cette souffrance doit être prise en compte (27 mai 2017) ». Il s’agit d’offrir des techniques coûteuses à des femmes non stériles, homosexuelles ou pas, qui pourraient, comme l’ont fait tous les homosexuels dans l’histoire avoir des enfants sans demander la permission à personne. Demain, nous pourrons tous demander l’accès à la procréation médicalement assistée (PMA) au nom de motivations qui caressent l’inconscient dans le sens du poil… Or, il est difficile de fonder une limite dans le langage de l’amour et de la compassion. En refusant l’appui de toute limite extérieure, celles que l’on peut trouver dans la nature, ou dans la tradition, nous aurons à vivre les effets de la généralisation d’un mode de pensée qui nous conduit tout droit à l’utérus artificiel ou au transhumanisme ; le « guérir la vie » des années 70 s’est mué en « indications sociétales ». Je l’annonçais déjà il y a trente ans dans Libé : le marché de la filiation sera libre et la marchandisation se fait avec nos impôts : en pleine période de crise, l’argent public permet d’offrir des PMA à des femmes non-stériles ! On a l’impression que la sexualité est devenue une technique parmi d’autres pour avoir des enfants. La question n’est pas tant est-ce que des femmes homosexuelles peuvent élever des enfants – les homosexuels élèvent des enfants depuis que le monde est monde.

Par l’alliance de la loi et de la technologie, de la science et du désir d’enfants incontrôlé, les parents tendent à être neutralisés. Les mots de père et de mère ont disparu d’un grand nombre de textes de loi. On parle de progéniteur 1 et 2 en Espagne. Les groupes LGBT, une très petite minorité d’homosexuels mais à la pointe de l’idéologie ont proposé la « neutralisation des parents » et soutiennent que l’impossibilité de procréer, cette loi de la nature, est une discrimination ! Au Québec, dans les couples de lesbiennes, on dit que les droits du père sont attribués à « celle des deux mères qui n’a pas donné naissance à l’enfant ». Ça fait délirer les juristes : Elton John a même été nommé mère des enfants qu’il a acquis d’une mère porteuse ! Et, vous verrez, le chantage à l’homophobie sera aussi efficace que le chantage à l’islamophobie… La situation à venir est plutôt compliquée : il n’y a plus de limites naturelles et on ne peut plus interdire puisqu’on vit sous le règne de l’amour ! Mais l’amour est une relation vécue qui donne un sens à la vie, il ne fonde pas la loi ! Nous qui proclamons sans cesse notre intérêt pour la différence, semblons avoir un sérieux problème avec l’altérité. Dans les années 1970, les femmes ont eu à peine le temps de crier « Mon corps est à moi » que dix ans plus tard, leur corps appartenait à la médecine.

Monette Vacquin, psychanalyste

https://www.causeur.fr/pma-monette-vacquin-lgbt-145246?utm_source=Envoi+Newsletter&utm_campaign=97e7ae54ce-Newsletter&utm_medium=email&utm_term=0_6ea50029f3-97e7ae54ce-57657381

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Les malthusiens se rappellent du courage de Simone Veil

Simone Veil est morte fin juin 2017. Rappelons son combat pour l’avortement. Le MLAC (mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception) était actif depuis avril 1973 et agissait pour changer la loi en pratiquant illégalement des avortements. Pas besoin d’aiguille à tricoter pour avorter, on appliquait la méthode par aspiration. Quelques mois plus tard, le 26 décembre 1974, s’ouvrent à l’Assemblée nationale des débats sur l’IVG (interruption volontaire de grossesse). Simone Veil, ministre de la santé, conduit les débats devant une assemblée d’hommes. Les détracteurs se succèdent : « Une nouvelle religion est née, son dieu s’appelle le Sexe ! Pour Satan, contraception et avortement sont les deux chapitres du même grand livre de la sexualité ! » ; « Le temps n’est pas loin où nous connaîtrons des avortoirs, des abattoirs parfaitement contraires à la mission la plus naturelle et la plus indispensable de la femme : donner la vie et non la mort. » Le Conseil de l’ordre des médecins exhorte à voter contre la loi, heureusement un médecin s’insurge : « Mille avortements clandestins sont pratiqués par jour, et chaque jour une femme en meurt. » La loi sur l’IVG sera adoptée par 277 voix contre 192, donnant aux femmes le droit de disposer de leur corps. Si l’avortement est bien l’échec de la contraception, la faute d’un couple, c’est aussi la responsabilité de la société ; on ne peut être malthusien que dans une société non répressive, ouverte à la contraception et à la réflexion.

Le combat est encore loin d’être terminé. Rappelons la diatribe récente du président de la Turquie : « L’égalité hommes-femmes est contraire à la nature humaine… Notre religion a défini un statut pour les femmes, la maternité… Notre parti AKP reviendra sur le droit à l’avortement et préconisera la mise au monde d’au moins trois enfants par femme. » Le planning familial salue ainsi la mémoire de Simone Veil : « Simone Veil n’a jamais transigé sur ce point fondamental : l’avortement est un choix qui doit appartenir aux femmes, et non aux médecins. (…) Le combat de Simone Veil demeure d’une brûlante actualité. Aujourd’hui encore, une femme meurt toutes les 9 minutes dans le monde des suites d’un avortement clandestin. Pourtant en France et en Europe, les opposants au droit de choisir s’organisent pour attaquer et entraver ce droit fondamental des femmes. » LE MONDE reprend un entretien de 2005* avec Simone Veil. Voici quelques extraits de la libre parole d’une femme admirable :

« Relisez les dispositions relatives à la contraception dans la loi de 1920. Interdiction était faite à quiconque, y compris aux médecins, de donner aux femmes le moindre conseil en matière de contraception, fût-ce sur la fameuse méthode Ogino ou sur la méthode des courbes de température. En Angleterre, en Suisse, aux Etats-Unis, on parlait depuis longtemps déjà des techniques de birth control. La pilule était inventée, l’idée d’une maîtrise et d’une planification des naissances faisait son chemin. Le président Valéry Giscard d’Estaing s’était prononcé clairement pour une libéralisation de l’avortement. Michel Poniatowski, mon prédécesseur au ministère de la santé, m’a parlé ainsi : « Il est urgent de légiférer, sinon vous risquez un beau matin de surprendre un avortement sauvage pratiqué dans votre propre bureau ! » (…) Je n’imaginais pas la haine que j’allais susciter, la monstruosité des propos de certains parlementaires ni leur grossièreté à mon égard. Une grossièreté inimaginable. Un langage de soudards. Il semble qu’en abordant ce type de sujets, et face à une femme, certains hommes usent spontanément d’un discours empreint de machisme et de vulgarité. Le pire, les propos du député Jean-Marie Daillet. Je crois qu’il ne connaissait pas mon histoire, mais le seul fait d’oser faire référence à l’extermination des juifs à propos de l’IVG était scandaleux. Le courrier abondant que je recevais contenait des dessins ignobles, des croix gammées et des propos antisémites. Laissez-les vivre avait organisé une vaste campagne. Et certains mouvements d’extrême droite en ont profité. En définitive, ces excès m’ont servie. Car certains indécis ou opposants modérés ont été horrifiés par l’outrance de plusieurs interventions, odieuses, déplacées, donc totalement contre-productives. Notons que l’argument nataliste était erroné puisque les études montrent une absence de lien entre législation sur l’avortement et natalité. Le taux de natalité en France a été très faible entre les deux guerres alors que la législation était très répressive. A 3 h 40, le texte était voté par 284 voix contre 189. Je suis rentrée chez moi en traversant la place du Palais-Bourbon où des égreneurs de chapelets m’attendaient pour me couvrir d’insultes… » Les malthusiens saluent le courage d’une forte personnalité qui a combattu pour le libre contrôle des naissances par les personnes concernées au premier chef.

* LE MONDE 21 mars 2005, Simone Veil raconte la loi sur l’avortement

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PMA, une fécondité sans père et sans repères

La procréation médicalement assistée (PMA) est aujourd’hui réservée aux couples hétérosexuels dont l’infertilité est médicalement constatée. Dans son avis du 27 juin 2017, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) se prononce en faveur d’une ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules qui souhaitent procréer sans partenaire masculin grâce à un don de sperme*. « Sans partenaire masculin », le mot est lâché, l’homme n’existe plus, la sexualité comme rapprochement des sexes est bafouée. Le consensus est loin d’être acquis, les deux tiers du Comité se sont prononcés pour mais un tiers ne va pas du tout dans le même sens. Il n’est pas question d’éthique en matière d’attente sociétale, mais d’un simple rapport de forces entre idées contradictoires. En fait le CCNE valorise la mère au détriment des pères : « Cette demande d’une insémination artificielle avec donneur, pour procréer sans partenaire masculin, en dehors de toute infécondité pathologique, s’inscrit dans une revendication de liberté et d’égalité dans l’accès aux techniques [médicales] pour répondre à un désir d’enfant »... « L’analyse du CCNE, s’appuyant sur la reconnaissance de l’autonomie des femmes… Cette ouverture peut se concevoir pour pallier une souffrance induite par une infécondité résultant d’orientations personnelles ».

L’éditorial du MONDE** acquiesce. Il voudrait rendre « légitime » l’accès à la procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples lesbiens et les femmes célibataires. Il ne s’appuie pas sur des considérations éthiques, mais sur le fait que l’insémination artificielle avec donneur est déjà possible en Belgique, en Espagne ou au Royaume-Uni. Il faudrait selon LE MONDE accepter le lobbying d’un simple groupe de pression dit LGBT (lesbien, gay, bisexuel et transsexuel). Il faudrait s’incliner devant les possibilités techniques de la fécondation in vitro (FIV). Il faudrait correspondre à une certaine forme du féminisme qui déni le droit pour un enfant d’être aussi élevé par un père. LE MONDE ne raisonne pas, il s’incline devant une demande sociétale qui reste en fait ultra-minoritaire. La Biosphère rappelle au MONDE l’énorme responsabilité de donner la vie dans le monde tel qu’il est aujourd’hui. Une femme (un homme) devrait être terrifiée devant la décision de produire un être humain supplémentaire car ce n’est pas l’enfant qui donne un sens à la vie de sa mère ; ce qui compte, c’est la place que cet enfant va pouvoir assumer dans l’équilibre de moins en moins durable des écosystèmes. Nous avons sur ce blog mis l’accent depuis longtemps sur le respect de la nature humaine (la différenciation des sexes) et sur le fait que le désir d’enfant n’est rien face à la réalité de la surpopulation actuelle… Voici quelques liens sur nos articles précédents :

21 mars 2017, Marre de la PMA, marre des marchands d’enfants

11 août 2014, Sexe et PMA, la reproduction artificielle de l’humain

22 décembre 2012, Critiquer la PMA pour respecter les cycles naturels

24 avril 2008, Oui à la nulliparité

* LE MONDE du 28 juin 2017, Le Comité d’éthique déverrouille le débat sur la PMA

** LE MONDE du 29 juin 2017, PMA : la sagesse et les questions du Comité d’éthique

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BIOSPHERE-INFO, la question malthusienne

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numéro juillet 2017

Georges Minois est un historien français qui a écrit beaucoup de livres . Qu’il rejoigne le camp des malthusiens est donc un bon signe de la part d’un fin connaisseur des péripéties historiques ! Pour lui, les temps commencent à changer à partir du milieu du XXe siècle. Le premier cri d’alarme est lancé en 1948 par William Vogt qui écrit dans Road to Survival : « La surface des terres cultivables diminue rapidement à mesure que croît la population, et que le sol est détruit… » Voici quelques extraits recomposés qui ne reflètent qu’une toute petite partie de la richesse de cet ouvrage : Le Poids du nombre (Perrin, 2011)

1/5) Le cas français, une idéologie populationniste

La France se distingue particulièrement par son populationnisme. La loi répressive de 1920, interdisant aussi bien l’avortement que la contraception, a été votée aussi bien par Maurice Barrès (nationaliste) qu’Edouard Herriot (radical-socialiste), Marc Sangnier (chrétien-démocrate) ou Robert Schuman (catholique).

L’Institut national d’études démographiques (INED) a été créé en 1945. Sous des dehors scientifiques, il a des allures de service de propagande nataliste. Un de ses directeurs, Alfred Sauvy, était un populationniste notoire, partisan d’une répression rigoureuse de l’avortement dans un de ses écrits de 1943. Le congrès du parti communiste en 1956 le répète : « Le néomalthusianisme, conception ultra-réactionnaire, remise à la mode par les idéologues de l’impérialisme américain, est une arme aux mains de la bourgeoisie pour détourner les travailleurs de la lutte pour les revendications immédiates, pour le pain, pour le socialisme. » La naissance du 50 millionième français en 1968, est présentée comme un exploit national.  En 1974, Simone Veil fait voter la loi qui légalise la pratique de l’avortement. Le thème du vieillissement par dénatalité devient l’obsession, on ne recule pas devant les excès de langage : Michel Jobert parle d’autogénocide (1976), Pierre Chaunu de peste blanche (1976), Jean Fourastié de suicide collectif (1979). En 1988, l’Ined peut afficher fièrement le palmarès : « L’Irlande mis à part, la France est le pays où la fécondité, bien qu’insuffisant pour assurer le strict remplacement des générations, est la plus élevée. »

Mais face au vieillissement de la population, la pire des solutions est d’encourager la natalité. Les enfants que l’on fait naître aujourd’hui auront la charge d’entretenir les effectifs pléthoriques de leurs parents, grands-parents, et même une bonne partie de leurs arrière-grands-parents, étant donné l’allongement de la longévité. Et cela dans un monde aux ressources raréfiées et à l’environnement saccagé. C’est cela qui est suicidaire. Dans la naissance d’un Français, on voit d’abord que c’est un Français, qui contribue à augmenter l’effectif national. C’est en pleine contraction avec des préoccupations écologiques, puisque le niveau de vie d’un Français a cinq ou dix fois plus d’impact sur l’environnement que celui d’un Chinois ou d’un Nigérien. La dimension globale est prise en compte pour le climat, mais pas pour la population, quand bien même il y a des liens entre les deux.

2/5) Le cas du tiers-monde, la transition ratée

La transition européenne d’un régime à natalité et mortalité élevée vers un régime à faible natalité et mortalité s’est faite très lentement, en fabriquant ses propres moyens : baisse très progressive de la mortalité par les progrès très lents de l’alimentation, de l’hygiène, de la médecine, ce qui laisse le temps aux mentalités de s’adapter, et de se convertir peu à peu au contrôle des naissances, causant une baisse tout aussi lente de la natalité. Tout cela sur environ 150 ans. Le cas du tiers-monde est tout à fait différent. La transition lui est imposée de l’extérieur, avec de puissants moyens immédiatement efficaces : campagnes de vaccination, révolution verte, aide matérielle massive. La baisse de la mortalité est extrêmement brutale : les mentalités ne suivent pas, et ne sont pas prêtes à adopter les moyens de contraception ; la rapidité des changements désorganise tous les systèmes locaux de régulation ; les populations, désorientées, sont accablées par le nombre ; le chaos s’accompagne de guerres civiles, génocides, famines, migrations massives. C’est un crash qui se produit, contrairement à l’Europe qui avait géré elle-même sa transition.

Les tiers-mondistes expliquent que le problème n’est pas le surpeuplement, mais le sous-développement. Il faut aider ces pays à se développer. Or le point de vue « le développement est le meilleur contraceptif » est simpliste. Si, pour ralentir la natalité, il faut d’abord développer l’économie, pour développer l’économie il faut accroître production et consommation dans des proportions telles que les ressources seront bientôt épuisées et l’environnement rendu invivable : le piège  va se refermer.

On commence à prendre conscience que le développement avant le contrôle des naissances est suicidaire : il signifie une consommation d’énergie et de matières premières colossales, ainsi qu’une augmentation vertigineuse de la pollution. Avec la croissance à deux chiffres des mastodontes asiatiques, la pression sur les ressources planétaires approche du point de rupture.

3/5) L’écologie aujourd’hui réhabilite Malthus

La fécondité est partout en baisse, mais comme elle s’applique à des quantités croissantes de parents, le nombre absolu de naissance ne cesse d’augmenter. En 1950, avec une fécondité de 5 enfants par femme pour une population de 3 milliards d’habitants, on comptait 99 millions de naissances annuelles ; en 2007, avec une fécondité de 2,6 pour une population de 6,6 milliards, on en compte 135 millions ! Face à une prolifération chaotique, les Etats sont totalement dépassés. Seule la Chine a globalement réussi à infléchir son évolution démographique, ce qui lui vaut paradoxalement les critiques du monde occidental, qui lui reproche d’avoir violé les droits de l’homme en ce domaine, après lui avoir reproché sa natalité excessive. Dans une humanité qui file tête baissée vers sept milliard d’individus, Malthus est plus que jamais d’actualité. A partir des années 1980, le spectre du surpeuplement resurgit avec un nouveau costume : celui de la dégradation inéluctable de l’environnement sous la pression de l’espèce humaine. Métamorphose de Malthus qui réapparaît en écologiste.

La dégradation de l’environnement planétaire est l’objet de la deuxième conférence mondiale sur le climat à Genève en 1990. Voici que ressurgit, là où l’on ne l’attendait pas – dans l’atmosphère – la grande ombre de Malthus et son incontournable réflexion sur les bornes que le milieu, la nature, la biosphère, finissent par opposer à l’expansion indéfinie de toute espèce vivante. Ce n’est plus seulement la nourriture qui est en jeu, mais les ressources globales de la planète. Ce qui est garanti, c’est la perturbation des équilibres écologiques et de la biodiversité. Dans les dernières décennies, l’augmentation de population s’est accélérée, et le taux de déforestation a atteint des niveaux sans précédent. Sachant que les forêts tropicales contiennent 50 % de ce qui reste de la biodiversité, leur destruction est particulièrement alarmante.

Fondamentalement, les écologistes rationnels ont une saine vision des choses et sont néomalthusiens. L’aspect écologique et environnemental du surpeuplement est aujourd’hui devenu essentiel, et pourtant le lien entre les deux est encore contesté et occulté par beaucoup. Le caractère scientifique des observations et des prévisions des écologistes donne lieu à de nombreux débats : les changements climatiques, en admettant qu’ils soient réels n’ont-ils que des aspects négatifs ? Les réserves naturelles sont-elle vraiment en voie d’épuisement ? Est-ce un tel drame que de voir disparaître certaines espèces animales et végétales ? L’attitude de certains fondamentalistes de l’écologie s’apparente à une mentalité de collectionneur maniaque privilégiant la survie de quelques animaux sur les moyens d’existence de groupes humains. Ce qui n’invalide pas l’idée de base, d’après laquelle, du fait du surpeuplement, la croissance se ralentit de plus en plus nettement à mesure que la population se rapproche de l’effectif maximal que peut supporter le milieu. La résistance du milieu s’accroît avec la densité de population et bloque celle-ci à un niveau limite. Lequel ?

4/5) La question de la capacité de charge

Comment croire à une menace de surpeuplement quand les rayons de supermarché débordent de produits toujours plus diversifiés, toujours moins chers ? Avec la mondialisation, la circulation sans limite des biens et des personnes, il devient impossible de décider où commence le surpeuplement. En 1964, Georg Borgstrom, dans The Hungry Planet montre que si plusieurs pays réussissent à nourrir une population excessive, c’est uniquement parce qu’ils tirent une part croissante de leur alimentation de terres « invisibles », par l’importation et par l’exploitation des mers. A la question : combien d’hommes la terre peut-elle porter ? l’écologiste François Ramade répond : 2 milliards, si on veut qu’ils vivent bien et sans mettre en danger l’avenir, et Colin Clark : 150 milliards, si chacun se contente de peu avec une agriculture hyper performante !

La notion de « population limite » est définie en 1971 par EP Odum (in Fundamentals of Ecology) comme la limite de croissance d’une population dans un milieu donné. Cette limite ne tient pas seulement compte de la possibilité de nourriture : « Il devient de plus en plus évident que la densité optimale de population pour l’homme doit être limitée par la qualité de l’espace de vie et non par le nombre de calories disponibles. » Dans Overshoot : The Ecological Basis or Revolutionary Change (1982), William Catton montre que la croissance excessive de notre époque est une catastrophique fuite en avant qui n’est possible que par la consommation des biens des générations futures : « La technologie moderne est devenue si puissante qu’elle semble avoir écarté tous les obstacles, en les repoussant par une surconsommation des ressources qui hypothèque celles de nos descendants. » La technologie nous a fait perdre le sens des limites, nous dépassons largement la population limite, la capacité de charge, parce que nous dévorons notre capital naturel par anticipation. Les plus fous envisagent même, quant la terre sera saturée, une colonisation des autres planètes.

Garrett Hardin, dans Living Within Limits, écrit en 1993 : « Les gens sont toujours surpris de constater que la construction de nouvelles routes ne fait qu’augmenter les embouteillages. Et ils sont tout aussi surpris de voir que plus on nourrit d’affamés aujourd’hui, plus on augmente leur nombre pour le futur. » Comme les routes créent le trafic, l’aide alimentaire augmente la famine. En fin de compte, combien d’habitants la terre peut-elle entretenir ? Joel Cohen répond en 1995 : « La population limite (human carrying capacity) dépendra de toute évidence du niveau matériel auquel les gens choisiront de vivre. » Ou plutôt, du niveau de vie qui leur sera imposé ! Une chose est certaine : « le nombre d’hommes sur terre a atteint ou atteindra dans le prochain demi-siècle le niveau maximum que la terre peut supporter en fonction du type d’existence que nous, nos enfants et petits-enfants  avons choisi. »

Pourtant, en dépit de l’importance vitale de l’enjeu et de l’indiscutable compétence des intervenants, ces avertissements ne produisent pas l’écho auquel on aurait pu s’attendre dans l’opinion publique. La géographe Sylvie Brunel nous rassure : « La Terre peut nourrir 12 milliards d’hommes. » Ceux qui aiment les phénomènes de masse, le tourisme de masse, le sport de masse, les manifestations de masse, les loisirs de masse, ceux qui adorent faire la queue, s’entasser dans les transports, se bousculer sur les plages et dans les discothèques, être bloqués sur les périphériques et figurer en bas d’interminables listes d’attente estiment sans doute que la fourmilière n’a pas encore fait le plein. Mais dans les hangars des élevages industriels, les poules élevées en batterie mangent toutes à leur faim, ce qui ne rend pas leur sort enviable. Si les 12 milliards d’hommes sont destinés à vivre dans des cages à lapins, ce sera toujours du surpeuplement.

5/5) Conclusion

La philosophie générale de Malthus, qui consiste à responsabiliser la procréation dans le but d’assurer une plus grande qualité de vie à chaque génération, garde toute sa pertinence. Paul et Anne Ehrlich mettent le doigt sur l’illusion la plus dommageable des antimalthusiens : « si » la distribution des ressources était organisée de façon équitable, « si » les habitants des pays riches acceptaient de réduire leur niveau de vie et de modifier leur alimentation, il y aurait largement de quoi assurer une vie décente à toute la population mondiale. Mais il est aussi irréaliste de penser que nous allons soudain devenir des saints végétariens que de penser que nous allons soudain troquer nos voitures pour des vélos ou aller nous coucher au crépuscule pour économiser l’énergie.

D’autre part, dans les démocraties occidentales, le « droit à l’enfant » a toujours été reconnu comme un droit relevant de la liberté de chacun. Même les couples homosexuels réclament le droit à l’enfant, et les couples stériles demandent l’aide de la science. Au point même que les prises de position inverses apparaissent comme des anomalies, voire des perversions. Le fait d’avoir ou de ne pas avoir d’enfants est considéré comme une affaire strictement privée, dans laquelle les décisions sont prises sans aucune considération des conséquences collectives. Alors même que la plupart des autres activités requièrent l’obtention d’un permis ou la présentation d’un certain nombre de garanties. Le contraste est frappant avec certains autres domaines, comme par exemple l’écologie : alors que progresse la prise de conscience des individus de l’impact de leur comportement quotidien sur l’environnement global, rien de tel n’existe dans le domaine de la procréation. Pourtant, si on savait pourquoi on fait des enfants, on ne les ferait pas !

Il existe cependant des mouvements militants faisant campagne dans les pays développés pour une réduction des naissances, tels que l’Optimum Population Trust, le Worldwatch Intitute, l’Association for Voluntary Sterilization, ou encore le mouvement No Kids. L’OPT milite pour une stabilisation de la population. Ses objectifs sont de favoriser l’accès de tous au planning familial, d’encourager les familles à se contenter de deux enfants, d’équilibrer émigration et immigration, de réduire les cas de grossesses de mineures. Selon son président, « il n’y a pas un seul problème qui ne pourrait être plus facilement résolu avec moins de monde ».

NDLR : en France vous pouvez contacter l’association « Démographe Responsable »

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politique de santé reproductive, crime contre l’humanité

Stanislas de Larminat vitupère contre « les contrevérités de l’écologisme* ». Il voudrait la création d’une « agence de vigilance » chargée d’observer les actions politiques des Etats ou agences internationales et de dénoncer « ceux qui seraient soupçonnés d’associer l’aide internationale à l’adoption de politique de « santé reproductive ». Incitation des pays (qui seraient victimes de tels chantages) à effectuer, auprès de cette agence, des déclarations de soupçon de crime contre l’humanité (p.306) ». Il faut dire que pour cet écrivain d’obédience chrétienne, la question démographique n’a rien à faire dans un ouvrage traitant d’écologie. Pour lui l’idéologie de la décroissance démographique est l’annonce d’une véritable apocalypse à faire peur avec la dialectique « infernale » suivante : « Au train où va la démographie, on ne pourrait pas nourrir la planète, sauf à la polluer gravement avec une agriculture intensive… La famine serait au rendez-vous ! ( p.94) ». Pour démontrer le contraire, Stanislas critique le rapport au club de Rome de 1972. Son raisonnement porte sur l’hypothèse dans ce rapport d’une évolution linéaire de la technologie : « Cela ne pouvait que conduire à une interprétation catastrophique du futur » (p.95). Pour Salvator, la technique et la terre ont des ressources insoupçonnées : technologies d’intensification écologique, l’aquaculture, la mobilisation de surfaces supplémentaires pour l’agriculture, la lutte contre le gaspillage alimentaire. Sur le problème de l’agriculture intensive, Salvator pense à une agriculture moderne « intensivement écologique ». Rien n’est précisé, tout est article de foi.

Stanislas de Larminat va beaucoup plus loin dans son chapitre « la procréation : une pollution et un délit pour les gnostiques » (p.253). Pour lui les liens entre l’écologisme et l’antinatalisme se retrouve dans le gnosticisme des premiers siècles ! « La matière est mauvaise dans son essence, les gnostiques se refusaient à l’entretenir et donc proscrivaient la procréation. La mariage charnel est assimilé à la prostitution. Le refus de la procréation est un élément prégnant du caractère antisocial du gnosticisme ». D’où une suite d’élucubrations dont voici l’essentiel : « L’ écologie, comme toute gnose, se présente comme une religion de l’universel… On retrouve cette dérive gnostique dans l’écologisme qui insiste sur la notion d’empreinte écologique de l’homme et qui plaide pour une réduction de la population planétaire à cette fin. Sous de beaux discours de «santé reproductive», la fédération internationale du Planning familial est une formidable relais des mouvements écologistes. » Pour lui la culture de mort est bien encadrée : les hommes polluent, ils seraient trop nombreux, il faudra donc réduire la population.

Malheureusement l’encyclique Laudato Si‘ du pape François repose sur le même discours anti-malthusien : « Au lieu de résoudre les problèmes des pauvres et de penser à un monde différent, certains se contentent seulement de proposer une réduction de la natalité. Les pressions internationales sur les pays en développement ne manquent pas, conditionnant des aides économiques à certaines politiques de « santé reproductive »… Accuser l’augmentation de la population et non le consumérisme extrême et sélectif de certains est une façon de ne pas affronter les problèmes… Puisque tout est lié, la défense de la nature n’est pas compatible non plus avec la justification de l’avortement…Si la sensibilité personnelle et sociale à l’accueil d’une nouvelle vie se perd, alors d’autres formes d’accueil utiles à la vie sociale se dessèchent. »

* Stanislas de Larminat, les contrevérités de l’écologisme (éditions Salvator 2011)

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Une vision malthusienne par-delà droite et gauche

Un nouveau modèle est à inventer, mais il faut préalablement se défaire de la recherche obsessionnelle de croissance pour libérer le champ du possible. Cette obsession n’est pourtant rien à côté de ce sujet délicat entre tous qu’est l’évocation d’une possible surpopulation. Il y a pourtant une sorte d’évidence mathématique dans la prise en compte de la démographie, que résume l’équation de Holdren et Ehrlich, I = PAT. L’empreinte humaine sur la planète (I, Impact) se mesure en multipliant le niveau de consommation du Terrien moyen (A pour Abondance) par le nombre de Terriens (P pour Population) et la Technologie utilisée. Sans la recherche d’une stabilisation rapide de la population mondiale, il est illusoire de stabiliser, a fortiori de réduire, le poids de l’Humanité sur les ressources et les écosystèmes terrestres. En effet, pour stabiliser l’empreinte humaine, compenser la croissance de la population mondiale et celle, plus forte encore, des changements de mode de vie en Chine et en Inde, les Occidentaux devraient réduire leur consommation dans une proportion de trois à quatre, ce qui, politiquement, est difficilement soutenable. 200 000 humains nets (naissances – décès) s’ajoutent chaque jour à l’effectif planétaire. On voit mal comment une telle évolution pourrait se poursuivre sans une inversion plus ou moins brutale de la courbe.

Les écologistes adoptent ici un point de vue d’écologues. Les biologistes qui étudient la dynamique des populations savent que la stabilité des écosystèmes est garantie par une régulation spontanée de la démographie des populations. Lorsque l’équilibre est rompu, la crise qui accompagne la surexploitation des ressources se traduit par un effondrement des populations concernées. C’est ce qu’il est convenu d’appeler une « régulation par catastrophe ». Vouloir prévenir l’humanité d’une régulation naturelle par manque de ressources devrait apparaître comme un objectif raisonnable, louable et « humaniste ». Pourtant les écologistes qui se risquent à aborder le sujet se voient opposer des arguments de mauvaise foi : « la démographie mondiale va se stabiliser d’elle-même », « c’est un faux problème car la Terre peut nourrir beaucoup plus d’humains qu’actuellement », « il est monstrueux et potentiellement criminel d’évoquer un tel sujet »… L’idée d’une régulation volontaire de la natalité suscite des réactions de tous les bords politiques, pour des raison religieuses, culturelles, économiques et idéologiques. La pensée occidentale fait de la natalité une mesure de la santé d’une société, les nations une mesure de leur puissance, les chrétiens comme les musulmans une réponse à une injonction divine, les économistes une source de croissance. Les opposants politiques les plus agressifs voient dans la position antinataliste une adhésion aux thèses de l’économiste britannique Thomas Malthus, en faisant l’amalgame entre la formule mathématique et les positions sociales de ce dernier. Pourtant son grand apport reste d’avoir montré qu’aucune augmentation des ressources ne pouvait à terme suivre la courbe exponentielle de l’accroissement démographique si la natalité n’était pas régulée de manière préventive.

Le natalisme est contre-productif en termes de progrès humain. La liberté de chacun diminue lorsque la densité humaine augmente sur un territoire : code de la route, règles d’urbanisme, réglementation des nuisances… orchestrent les conflits d’usage et de voisinage avec toujours plus de précision et de sévérité. L’individu disparaît derrière la foule. Et, lorsque les ressources se font rares, la compétition entre groupes humains comme entre individus génère des conflits. L’humanité a connu à plusieurs reprises au cours de son histoire une régulation par guerres, épidémies et famines. Les écologistes plaident pour une régulation volontaire, raisonnée, et refusent le triptyque des catastrophes malthusiennes.

Antoine Waechter et Fabien Niezgoda, Le sens de l’écologie politique (aux éditons Sang de la Terre, 104 pages pour 15 euros)

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une synthèse sur l’urgence démographique

I/ Constat : La population mondiale va passer le cap de 7,5 milliards d’habitants en 2017, alors qu’elle était de 6 milliards en l’an 2000 et seulement de 2,5 milliards en 1950. Elle devrait atteindre 10 milliards d’habitants entre 2050 et 2060, et dépasser 11 milliards à la fin du siècle ! Certes, l’Europe est entrée dans une phase de stabilisation de sa population, tandis que l’Amérique du Sud et l’Asie, qui est déjà très peuplée, parviennent peu à peu à réduire leurs taux de fécondité. Mais la situation est gravement préoccupante en Afrique, en particulier au sud du Sahara, avec des risques de famines et de migrations massives des populations concernées.

II/ Conséquences sur la planète : D’ores et déjà, l’explosion démographique a eu sur l’environnement des effets désastreux, qu’il s’agisse du réchauffement climatique, causé par l’accroissement des émissions de gaz à effet de serre, de l’érosion des terres arables, liée à la déforestation et à l’abus d’engrais, ou de l’effondrement dramatique de la biodiversité. Au cours des cinquante dernières années, tandis que la population humaine doublait, 40 à 50 % des espèces animales terrestres et marines ont disparu, ainsi que 72 % de celles vivant dans les fleuves, les lacs et les rivières. Depuis un demi-siècle, l’homme est devenu la cause majeure de l’extinction des espèces animales. Si la terre elle-même n’est pas menacée en tant que planète, à moins de deux générations de nous, les conditions physiques qui ont rendu possibles le développement de l’humanité et l’essor des civilisations risquent de disparaître.

III/ Solutions : La première des urgences est de faire baisser la natalité dans les pays où elle reste la plus forte et, pour cela, de développer massivement les programmes de soutien à la contraception, de type planning familial, ciblés sur la formation culturelle et sanitaire des jeunes filles, qui sont souvent dans ces pays écartées du système éducatif. Cet effort prioritaire en direction du Sud ne nous dispense pas, dans les pays riches, de nous interroger sur l’opportunité des politiques natalistes appliquées au lendemain de la guerre et toujours en vigueur. Sans que soit remise en cause la liberté de procréation, on peut se demander s’il est encore justifié qu’au-delà de trois, voire de deux enfants, l’Etat encourage financièrement les familles à s’agrandir. Certains font observer, en réponse, que le problème des pays riches réside moins dans la taille de leur population que dans leur niveau de consommation. On ne doit pas sous-estimer cependant la difficulté d’une limitation volontaire de la consommation dans une société démocratique. Si l’on se place sur ce terrain, la réduction de l’alimentation carnée serait sans doute l’un des moyens les plus efficaces de diminuer l’empreinte écologique par habitant à l’intérieur d’un territoire comme le nôtre, sachant toutefois que cette empreinte est en France supérieure de 90 % à la moyenne mondiale. Pour réduire de manière significative l’empreinte globale de notre pays, il faut agir sur les deux leviers et la composante démographique ne peut être négligée.

Nous ne sommes plus à l’époque où la puissance d’une nation se mesurait au nombre des soldats qu’elle pouvait rassembler sur un champ de bataille. Nous ne devons pas non plus espérer résoudre le problème du financement des retraites par l’arrivée sur le marché du travail d’un grand nombre de jeunes précarisés : c’est une politique de fuite en avant, porteuse de fractures sociales et générationnelles. Il faut désormais réfléchir en termes de capacité de charge, ce que les écologistes anglophones appellent carrying capacity et qui correspond à la taille maximale de population qu’un territoire donné peut supporter sans destruction de ses écosystèmes. Cette taille est aujourd’hui largement atteinte pour la France.

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