démographie

Nous sommes saisis d’effroi, et ça ne va pas s’arranger

Le rapport Planète Vivante souligne la dégradation croissante et à vitesse accélérée de presque tous les écosystèmes. Pour dire les choses de manière plus directe, ils décrivent et prédisent la mort à très brève échéance de la quasi-totalité des grands animaux vertébrés avec qui nous partageons, ou devrions partager, la planète. En 42 ans, de 1970 à 2012, le nombre d’animaux vertébrés sauvages marins et terrestres a chuté de 58 %. Serions-nous bientôt seuls sur la Terre !

Nous sommes saisis d’effroi parce que 42 ans c’est un battement de cil. Nous sommes saisis d’effroi par l’ampleur de notre faute parce qu’il ne s’agit pas seulement d’une catastrophe, mais aussi d’un crime, nous tuons le monde. Nous sommes saisis d’effroi parce l’on peut encore ouvrir les médias et les voir parler d’autre chose, se déchirer pour savoir si le PIB l’an prochain progressera de 0,5 ou de 0,8 % ou si les sondages pour l’un ou l’autre des candidats au pouvoir ici ou là sont un peu meilleurs que ceux de la semaine dernière. Nous sommes saisis d’effroi par l’ampleur de notre aveuglement, les rapports « Planète Vivante » passant quasiment sous silence la cause essentielle de cet effondrement, à savoir l’explosion du nombre des hommes.

Les introductions de Johan Rockstöm et de Marco Lambertini (2) qui se terminent d’ailleurs par des propos d’un optimisme en contradiction absolue avec le contenu du rapport,  n’y font pas allusion, le sujet n’est que très rarement abordé dans l’ensemble du texte qui donne une priorité presque totale à la question du mode de vie. Le graphique p 78 et 79 : « Cartographie de l’empreinte écologique de la consommation » donne par exemple l’impression que le Canada ou la Russie sont catastrophiques pour la planète à cause de leur consommation, alors qu’au contraire, grâce à leur faible densité démographique se sont presque désormais les seules surfaces d’importance (avec quelques régions d’Afrique et d’Amazonie, justement peu peuplées) où subsiste une grande faune sauvage digne de ce nom. On voit bien d’ailleurs (p. 52) que globalement les sols les moins dégradés sont les sols des pays peu densément peuplés, c’est assez logique, le béton faisant mauvais ménage avec l’humus. Cette sous-estimation du facteur population, devrait d’ailleurs logiquement conduire à une conclusion sans doute non voulue par les auteurs, qui est que nous devrions maintenir une forte proportion de la population mondiale dans la pauvreté. Ne serait-il pas plus humain de laisser les gens les plus pauvres consommer un peu plus tout en faisant un effort de réduction de la fécondité ? Page 108, le graphique général : « Les meilleurs choix pour une seule planète » ne fait aucune allusion au problème alors que tout ce qui y est listé en dépend. Ces rapports qui acceptent et popularisent le terme d’anthropocène, font eux-mêmes preuve d’un anthropocentrisme inquiétant en insistant sur les services rendus par la nature à l’Homme, comme si c’était cela qui devait seul nous motiver. Cet utilitarisme doit être dénoncé, il laisse entendre que si la nature ne nous était pas utile nous aurions le droit de la massacrer, il laisse le respect de côté. Devrions-nous raser l’Amazonie si par hasard il était démontré que les nombreuses espèces végétales et animales qui la peuplent ne devaient nous être d’aucune utilité pour développer notre pharmacopée ?

Source : http://economiedurable.over-blog.com/2016/11/planete-vivante.html

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Biodiversité en berne = beaucoup trop d’humains

Les populations de vertébrés ont chuté de 58 % entre 1970 et 2012. C’est sur ce nouveau constat alarmant que s’ouvre la onzième édition du rapport « Planète vivante », un vaste bilan de santé de la Terre et de sa biodiversité, publié jeudi 27 octobre par le Fonds mondial pour la nature (WWF). Au final, l’humanité avait déjà utilisé en 2012 l’équivalent de 1,6 planète pour vivre et avait donc entamé son « capital naturel ». Nous coupons des arbres à un rythme supérieur à celui de leur croissance, nous prélevons plus de poissons dans les océans qu’il n’en naît chaque année, et nous rejetons davantage de carbone dans l’atmosphère que les forêts et les océans ne peuvent en absorber. A ce rythme, en 2050, avec une population mondiale qui frôlera les 10 milliards d’humains, nous aurons besoin de 2 planètes*. C’est la (sur)vie à crédit, cela nous mène droit dans le mur. Voici quelques commentaires sur lemonde.fr :

Humeau Philippe : Le désastre écologique en cours en scandaleusement absent du débat politique français, et des grands médias TV et radio.

Gilles : Les Français vont défiler et manifester pendant des semaines pour ne pas travailler trois heures de plus par semaine mais en ce qui concerne l’environnement, calme plat dans les rues…

vora-cité : Notre système délirant de surconsommation de tout nous conduit vers une fin annoncée à vitesse grand V. Ni les études ni les alarmes tirées par les scientifiques et les associations ne semblent pouvoir stopper notre voracité collective au cœur de laquelle se trouve la course mortifère à l’argent. Cet argent qui salie, cet argent qui corrompt, cet argent qui tue, encore et toujours, à une échelle aujourd’hui industrielle.

Cynique du bon sens : Quand osera-t-on parler du cancer démographique humain ?

éducation & contraception : Faudrait peut-être qu’on arrête de se reproduire comme des lapins quoi qu’en disent les religions et autres cultes ancestraux adaptés aux nécessités d’une autre époque. Si l’Homme ne sait pas contrôler sa prolifération, la nature s’en chargera pour lui.

Lomcha : Les occidentaux ont une lourde responsabilité dans la dégradation de l’environnement depuis des décennies mais l’accélérateur actuel, c’est la pression démographique intolérable des pays du sud que personne n’essaye d’enrayer, paralysés que nous sommes par notre mauvaise conscience post coloniale. Dommage que la fondation Bill Gates vaccine mais ne s’intéresse pas au sujet. On est en train de comprendre que le malthusianisme, en fin de compte, se vérifie.

Dumont Pierre : De toutes façons notre ancienne espèce a déjà disparu, on a évolué de l’homo sapiens vers l’homo cretinus et personne ne s’en est rendu compte! Aussi bien nous serons homo roboticus dans un siècle, avant de disparaître totalement.

* En savoir plus sur http://www.lemonde.fr/biodiversite/article/2016/10/27/la-moitie-des-vertebres-a-disparu-en-quarante-ans_5020936_1652692.html#Vk5jCLyoePZzBtrZ.99

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L’espèce humaine, invasive telle un cancer

L’image de l’espèce humaine invasive telle un cancer qui étend ses métastases sur toute la planète Terre est critiquée par certains qui mettent de « l’humanisme » là où il n’y a qu’anthropocentrisme. Paul Jorion* évite ce piège sémantique : « Les biologistes caractérisent le genre humain comme une espèce colonisatrice : elle croit jusqu’à envahir entièrement son environnement. Un simple regard jeté en arrière sur le destin de notre espèce le confirme aisément : en un siècle, le chiffre de la population humaine a été multiplié par quatre et nous croissons aujourd’hui à raison de 77 millions d’êtres humains supplémentaires par an. Un fois son environnement entièrement envahi, une espèce colonisatrice l’épuise peu à peu. Que fait-elle quand il est totalement épuisé ? Elle se met en quête d’un nouvel environnement qui lui soit propice.

L’homme s’est conduit jusqu’à présent comme un lemming, envahissant la terre sans nul souci de rendre durable et renouvelable l’usage du monde qui l’entoure. Lui arriverait-il même de se préoccuper de celui-ci en énonçant des recommandations, ses efforts se révèleraient dramatiquement vains. Un seul exemple : depuis l’adoption en 1997 du protocole de Kyoto visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre, les émissions annuelles de carbone à l’échelle de la planète sont passées de 6400 à 8700 millions de tonnes.

Les limites d’un comportement colonisateur vont cependant de soi : une fois l’ensemble des habitats possibles colonises puis détruits, c’est l’extinction de l’espèce invasive qui menace. Quant à la main invisible d’Adam Smith, en ce qui nous concerne, elle assure notre survie a une condition sine qua non : pour autant qu‘il nous reste encore au moins une vallée à coloniser. »

Paul Jorion, Le dernier qui s’en va éteint la lumière (essai sur l’extinction de l’espèce humaine), Fayard 2016, 288 pages pour 19 euros

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Des compilateurs de la décroissance contre Malthus

L’absence de Malthus parmi l’anthologie « les précurseurs de la décroissance »* pose problème. Voici comment cette compilation aborde la question démographique :

p.61, En étendant la thèse des rendements décroissants de Malthus et Ricardo à l’industrie, John Stuart Mill conclut à la fin nécessaire de la croissance : le dynamisme de la vie économique vient butter sur rien d’autre que la finitude de la planète – l’insuffisance de terres fertiles, l’épuisement des mines, les limites de la planète.

p.69, Selon Serguei Podolinsky, si l’intuition des limites physiques de la croissance économique remonte sans doute à Malthus, elle ne trouve son fondement scientifique qu’avec Sadi Carnot et son esquisse de ce qu’on appellera le « deuxième principe de la thermodynamique ».

p.111, Pour Nicholas Georgescu-Roegen, il ne faisait pas de doute que, d’ores et déjà, la terre était surpeuplée et qu’il fallait organiser une sérieuse réduction de la population, transition démographique qui devrait être débattue démocratiquement et réalisée avec tous les ménagements et les délais nécessaires. Déjà en 1975, il proposait un programme dont le point 3 stipulait une « diminution progressive de la population jusqu`à un niveau ou une agriculture organique suffira à la nourrir convenablement ».

p.130, Apres avoir montré la menace que l’homme faisait peser sur la biosphère, Arne Naess proposa, en 1973, une thèse programmatique en huit points dont le cinquième a donné lieu à de vives controverses. Celui-ci affirmait que « l’épanouissement de la vie et des cultures humaines est compatible avec une diminution substantielle de la population humaine. L’épanouissement de la vie non humaine requiert une telle diminution ». Il précisait par ailleurs qu’« il n’y a aucune planète disponible » pour supporter huit milliards d’individus. Ce point de vue écocentrique est généralement critique par les objecteurs de croissance qui ne le reprennent pas à leur compte.

Il est significatif que certains écrits malthusiens soient complètement ignorés, comme « l’Explosion démographique » d’Albert Jacquard, analyste pourtant étudié dans cette anthologie. Nous renvoyons aux auteurs de cette compilation leur propre expression (p. 221) : « L’intransigeance dans les convictions politiques ne doit pas conduire à la fermeture de la pensée, ni au refus systématique du dialogue et de la confrontation sur le plan des idées ». Il faut attendre la page 203 pour qu’une régulation des naissances soit envisagée, sans doute parce que les compilateurs n’ont pas osé censurer les propos d’une femme féministe :

p.203, L’écoféministe Françoise d’Eaubonne fait une critique en règle du productivisme et dénonce l’imposture de la croissance démographique, en appelant carrément à la grève des ventres. Ayant dévore le rapport au Club de Rome sur les limites de la croissance, elle en tire la conclusion que cela implique une limitation de la population : « La destruction des sols et l’épuisement des ressources signalés par tous les travaux écologistes correspondent à une surexploitation parallèle à la surfécondation de l’espèce humaine. Cette surexploitation basée sur la mentalité typique de l’illimitisme est un des piliers culturels du Système male. » La surpopulation est donc, selon elle, la conséquence du « lapinisme phallocratique » La décroissance doit être aussi, voire surtout, démographique, mais néanmoins sélective : « Quand on sait qu’un petit Américain ou Suisse va détruire davantage que dix Boliviens, on mesure avec précision l’urgence d’un contrôle démographique mondial par les femmes de tous les pays. La seule solution a l’inflation démographique, c’est la libération des femmes, et partout à la fois. »

* Les précurseurs de la décroissance, une anthologie

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Je regrette vraiment d`avoir eu un enfant

Je me souviens avec émotion du témoignage d’une mère à la Fête des non-parents à Bruxelles en 2011.. elle disait qu’elle regrettait d’avoir eu des enfants. C’était courageux ! Un article de Libération développe aujourd`hui ce sentiment. Quelques extraits :

Elles aiment leurs enfants, mais regrettent d’être mères. A la question «si vous pouviez revenir en arrière dans le temps, avec la connaissance et l’expérience que vous avez aujourd’hui, seriez-vous une mère ?», elles ont toutes répondu non. L’étude «Regretting Motherhood : A Sociopolitical Analysis», publiée à l’hiver 2015 (1), a depuis été commentée partout dans le monde, de la Suisse au Brésil. Le hashtag #RegrettingMotherhood fait un carton auprès des Allemandes. Mais Orna Donath note un invariant : «une exhortation des femmes à se taire». En France, l’étude fait l’effet d’un d’une incongruité anachronique. Nous sommes dans un contexte opposé, les débats portent sur le droit à l’enfant, l’adoption pour les couples homosexuels, la PMA, les mères porteuses. On veut plus d’enfants, toujours plus. Dans un système d`exacerbation du désir, le regret est difficilement envisageable. En Israël, où la mère est une figure majeure, la politique nataliste affichée, le recours à la PMA facilité, le sujet a agité l’opinion une seule semaine avant d’être évacué.

Pour Orna Donath, si son travail choque, c’est aussi lié à la place accordée à la maternité. La dévalorisation sociale du regret, combinée à la survalorisation de la maternité, rend inacceptable le fait qu’une femme puisse regretter sa décision d’être devenue mère. Car, fondamentalement, ce regret indique qu’un autre chemin était possible. Celui de ne pas avoir d’enfant. Le regret, exprimé aujourd’hui, l’est dans un contexte de fécondité maîtrisée qui agit comme une circonstance aggravante. A partir du moment où on a donné le droit aux femmes de gérer leur fécondité, elles ont eu le devoir de le faire. La maternité doit être source d’épanouissement, une étape indispensable à la féminité. Les femmes sont censées aimer ça, il est impensable qu’elles le regrettent. Le message est clair : une vraie femme est nécessairement une mère heureuse

Comme le regret d’être mère, le non-désir d’enfant relève de l’indicible, facteur d’exclusion sociale. Le libre arbitre prend une claque. Voilà donc ce qui fâche, on pense que ce sont des modes de vie choisis alors qu’ils sont grandement déterminés.

(1) In Signs(Journal of Women in Culture and Society, vol. 40).

http://www.liberation.fr/debats/2016/07/10/le-regret-d-etre-mere-ultime-tabou_1465328

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Le tabou démographique face au choc climatique

Le journaliste Jean-Michel Bezat est un « spécialiste » du pétrole qui se contente de commenter au jour le jour l’état du marché, c’est-à-dire le jeu de l’offre et de la demande. Aucune perspective à long terme, aucune mention des dangereux rapports entre pétrole et réchauffement climatique. Il est un adepte du court-termisme. Alors, quand il s’aventure sur la question malthusienne, on parcourt son article* avec attention. On n’est pas déçu. En minimisant le péril démographique et en maximisant le climato-scepticisme de Sarkozy, Bezat empêche toute réflexion. Il est vrai que le candidat à la primaire très à droite brouille lui aussi les cartes : « La première cause de dégradation de l’environnement, c’est le nombre d’habitants sur la planète. » Il est absurde de donner un classement aux périls qui nous guettent, la démographie est toujours un multiplicateur des menaces. Si un Européen de l’Ouest émet 13 tonnes de CO2 par an et un Chinois 6 tonnes, il n’empêche qu’en multipliant cela par les populations respectives, la Chine émet globalement autant que l’Europe ! Même si l’Africain émet actuellement peu de CO2, soit 1,9 tonne, quel est le potentiel de réchauffement climatique quand ce continent comptera 4 milliards d’habitants en 2100 ?

Encore une fois nous constatons que la démographie reste un tabou pour les journalistes comme pour la plupart des politiques. Il est donc étonnant d’entendre Sarkozy insister sur « choc démographique dont l’homme est directement responsable » « Et personne n’en parle ! » Ce populiste s’appuie pour une fois sur des conséquences concrètes : la poussée démographique entraîne un exode accru des populations et un afflux de réfugiés entraînant à son tour une dilution de l’identité et une recrudescence de l’insécurité. C’est déjà une réalité présente que Bezat veut ignorer. Pourtant le journaliste effleure quand même les question qui fâchent : comment maîtriser notre fécondité de façon acceptable ? Comment remettre en question notre niveau de vie qui, multiplié par notre nombre, nécessite beaucoup d’énergies fossiles ? George H. W. Bush père prévenait que « le mode de vie des Américains n’est pas négociable ». M. Sarkozy semble dire que celui des Français ne se négocie pas davantage. On ne peut scinder les problèmes, tout est lié, c’est une des leçons de base de l’écologie politique. Une leçon que devrait méditer journalistes et politiciens !

La meilleure façon d’aborder les interrelations globales est l’équation de Kaya que nous avons déjà développé plusieurs fois sur ce blog :

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2016/09/17/etonnant-nicolas-sarkozy-serait-devenu-malthusien/

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2015/06/26/ges-linterdependance-entre-economie-et-demographie/

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2014/12/08/comprendre-lequation-de-kayaavec-un-blog-du-monde/

* LE MONDE du 19-17 octobre 2016, Climat : « Notre maison brûle » et M. Sarkozy…

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Le vieillissement de la Chine n’est pas un drame

Entre 1950 et 1970, la population est passée de 540 millions à 800 millions. Insupportable ! Pékin prend ses premières mesures malthusiennes au début des années 1970, ce qui a permis d’éviter la naissance de 400 millions de Chinois. Avec la politique de l’enfant unique, la Chine atteindrait quand même un pic de 1,4 milliard d’habitants en 2023. En 2050, les Chinois devraient être 1,42 milliard, contre 1,27 milliard en 2150 si les limitations actuelles de fécondité perdurent. Enfin la descente démographique ! Mais les autorités chinoises s’inquiètent du vieillissement de la population, d’où la « politique des deux enfants » qui permettra de repousser (de six ans seulement) le pic de la population chinoise. Les plus de 65 ans, qui représentent aujourd’hui à peine plus de 10 % de la population, seront 18 % en 2030. Simon Leplâtre, le journaliste du MONDE* s’inquiète : « Une progression fulgurante. » Mais en France, le taux est aujourd’hui de 19 %, en Allemagne de 21 %, au Japon de 26 %. Alors, pourquoi s’inquiéter ?

La prise en charge des personnes âgées par un surplus de population mène à l’impasse. Augmenter le nombre de naissances pour « payer les retraites » par plus d’actifs (système balbutiant en Chine) ne ferait que reporter le problème de financement dans le temps puisque un jour ou l’autre ces personnes supplémentaires deviendront des retraités… encore plus nombreux. Encore faudrait-il aussi que les actifs ne deviennent pas chômeurs, donc personnes supplémentaires à charge. Or la croissance chinoise, à base de charbon et d’exportations, est extrêmement fragile, avec des conséquences déjà très négatives au niveau social et environnemental. Le chômage menace. Tout surplus de population multiplie les risques.

Autrefois, partout sur la planète, les personnes trop âgées pour occuper un emploi régulier restaient insérées dans l’économie domestique où les échanges familiaux l’emportaient sur les forces du marché. La coutume de la retraite socialement financée a été le résultat de l’ère de l’abondance. La fin de l’énergie abondante et bon marché signifie que de telles économies domestiques redeviendront nécessaires. La Chine n’a pas fait l’erreur d’une politique malthusienne de contrôle des naissances, elle fait l’erreur de promouvoir la croissance économique au prix de la destruction des communautés, de l’économie domestique et de l’environnement. Tout ce qui vient d’être dit pourrait aussi bien s’appliquer à la France.

* LE MONDE du 15 octobre 2016, Pourquoi la démographie chinoise ne se relèvera pas

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La légèreté des démographes en matière de démographie

La plupart des démographes trouvent que l’explosion démographique est sans conséquences néfastes! Exemple avec Hervé Domenach qui s’intéresse à la démographie comme « enjeu d’une planète viable »*. Son constat de départ est pourtant clair, il y a une « ascension verticale » (une croissance exponentielle) de la population mondiale à partir des années 1950-1970. Mais comme il prévoit un taux d’accroissement « peut-être nul » en 2050, pourquoi s’inquiéter ! Pourtant nous serons 9 milliards, bien plus que les 6,9 milliards en octobre 2010. Voyons quelques traits de son optimisme béat.

Un monde de bidonvilles ne lui fait pas peur. Il y avait 2 % de citadins en 1800, 10 % en 1900 et on franchit le seuil de 50 % en 2007. Il envisage sans sourciller 80 % de citadins en 2050 car, dit-il, « en concentrant la population sur moins de 3 % de la surface émergée, les villes offrent de bonnes perspectives de durabilité et de soutenabilité ». Domenach n’a aucune conscience de l’empreinte écologique : « Nous vivons dans des cités où nous oublions facilement que la nature travaille en cercles fermés. Imaginons ce qui arriverait à n’importe quelle ville si elle était enfermée sous une coupole de verre qui empêcherait les ressources matérielles nécessaires d’entrer et de sortir. Il est évident que cette ville cesserait de fonctionner en quelques jours et que ses habitants périraient… Ce modèle mental d’une coupole de verre nous rappelle assez brutalement la perpétuelle vulnérabilité écologique de l’espèce humaine. Nous sommes bien conscients que les grandes régions urbaines industrielles posent un énorme problème en termes de durabilité, même fondée en partie sur l’autosuffisance régionale accrue. »

Selon Domenach, la Terre peut supporter 9 milliards d’individus . Pourtant il rappelle entre autres qu’un milliard de personnes sont actuellement sous-alimentés et que plus de deux milliards et demi de personnes sont en dessous du seuil de satisfaction des besoins vitaux. Il reste d’un optimisme viscéral car selon lui, « en ce qui concerne le développement économique et les marges d’adaptation, nous avons les solutions techniques vers le tout écologique et la régulation planétaire planifiée. » Il veut ignorer que l’égoïsme des nations empêche toute action internationale concertée et que la lutte contre le réchauffement climatique est en échec depuis 22 ans. Notons qu’il n’a aucune idée sur l’évolution de l’alimentation alors que l’évolution démographique doit toujours être mis en perspectives avec nos capacis agricoles… qui seront déficientes au cours de ce siècle. Nous conseillons à Hervé Domenach de (re)lire L’essai sur le principe de population de Malthus, cela lui éviterait d’être si superficiel.

* chapitre du livre « L’homme peut-il s’adapter à lui-même ? » (Éditions Quae 2012, 190 pages pour 24,50 euros)

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Pour que la démographie soit évoquée à la COP 22

Du 7 au 18 novembre 2016 se tiendra à Marrakech la 22ème Conférence des parties (COP 22) consacrée aux questions climatiques. Depuis 1995 et la première réunion à Berlin, chaque année de telles conférences analysent les données scientifiques, proposent des mesures et engagent les Etats à les mettre en œuvre afin de réduire les émissions de gaz à effet de serre. Hélas, une nouvelle fois, la problématique démographique devrait être complètement passée sous silence. Aussi avons nous décidé de lancer une pétition à destination des responsables de cette conférence pour qu’ils inscrivent la démographie à l’ordre du jour des négociations. N’hésitez pas à soutenir cette pétition en apportant votre signature et en la partageant avec toutes vos connaissances – amis ou groupes – susceptibles d’être favorables à cette démarche.

Pour que la démographie soit évoquée à la COP 22

Précisions : Depuis 1970 l’humanité a doublé ses effectifs et bien sûr, à comportement égal a de ce fait, doublé les sources potentielles d’émissions. Depuis 1995 la population mondiale a augmenté de 1,7 milliard (+ 30 %). Selon les projections de l’ONU nos effectifs devraient encore progresser de 3,8 milliards d’ici la fin du siècle, soit une nouvelle augmentation de 50 %. En deux siècles, de 1900 à 2100, la population humaine aura été multipliée par 7. A comportement égal, c’est donc aussi par 7 qu’aura, été multiplié notre potentiel d’émissions de CO2. Ce facteur ne peut être éternellement ignoré. Mais le sujet reste tabou et rares sont aujourd’hui les responsables politiques osant aborder le sujet. C’est contre cette aberration, prétendre s’occuper d’un problème tout en refusant d’aborder l’un de ses déterminants principaux, qu’a décidé de lutter l’association Démographie Responsable en lançant le 20 septembre dernier une pétition destinée aux organisateurs et participants à la COP 22 qui aura lieu prochainement à Marrakech et leur demandant de mettre la démographie à l’ordre du jour de leur discussions. Cette pétition a pour objet de proposer des mesures susceptibles de freiner la croissance continue de nos effectifs. Par exemple l’extension des moyens alloués à la planification familiale et à l’éducation dont on sait qu’ils constituent un élément fondamental en faveur de la baisse de la fécondité. De telles mesures auraient d’ailleurs d’autres conséquences favorables, sur le plan du développement, sur le plan de la justice sociale et sur le plan environnemental en réduisant l’ensemble de nos rejets comme notre pression sur les territoires.

Source : Association Démographie Responsable

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Euthanasie, un mot en vogue pour la mort douce

Les législations deviennent de plus en plus opposées au « droit à la vie à tout prix », la Belgique reste aux avant-postes.

L’euthanasie au détour des Jeux paralympiques de Rio (LE MONDE du 13 septembre 2016)

L’athlète belge Marieke Vervoort, médaille d’argent du 400 m aux Jeux paralympiques de Rio, avait exposé bien avant les JO ses projets de vie post-carrière sportive : voyager, écrire un deuxième livre, peut-être ouvrir un musée pour raconter son histoire. Et, quand les souffrances ne seront plus supportables et que son corps sera proche de la rupture, se faire euthanasier : « L’euthanasie ne veut pas dire “meurtre” pour moi, mais signifie “repos”. J’espère que mon cas prouve que l’euthanasie peut assurer la sérénité et même contribuer à prolonger la vie. »

Première euthanasie d’un mineur atteint d’une maladie incurable (LE MONDE du 20 septembre 2016)

Un mineur a, pour la première fois, été euthanasié en Belgique au cours des derniers jours. Le médecin qui a interrompu la vie de ce jeune Flamand de 15 ans a déposé la semaine dernière un dossier auprès de la Commission fédérale de contrôle et d’évaluation de l’euthanasie. Cette instance doit vérifier si une euthanasie est conforme aux critères d’une loi adoptée en 2002 et étendue aux mineurs en 2014. Les médecins sont tenus de déposer des documents auprès d’elle pour chaque interruption de vie à laquelle ils procèdent.

La France reste bien en retard par rapport au droit de mourir dans la dignité. Plus de dix ans après la loi Leonetti, à l’issue d’un long et houleux processus d’élaboration entamé en 2012, la France s’est dotée en janvier 2016 d’une nouvelle loi sur la fin de vie : droit à la « sédation profonde et continue » jusqu’au décès pour les malades en phase terminale, et des directives anticipées contraignantes pour le médecin… sans être toutefois opposables. Ni euthanasie, ni suicide assistée, un « droit de dormir avant de mourir pour ne pas souffrir ». Encore faut-il être atteint d’une « affection grave et incurable », dont le « pronostic vital est engagé à court terme » et qui présente une « souffrance réfractaire aux traitements ». En fait le nouveau texte propose « pour seule issue la déshydratation et la dénutrition ». La sédation « palliative ou bientraitante » n’est pas responsable du décès !! Le soignant pourra en effet déroger aux directives anticipées « en cas d’urgence vitale pendant le temps nécessaire à une évaluation complète de la situation » et lorsqu’elles « apparaissent manifestement inappropriées ou non conformes à la situation médicale ». Les partisans d’un « droit à mourir » et le statu quo défendu par les pro-vie sont donc renvoyés dos à dos. C’est la ligne médiocre, comme tout ce que font les politiciens actuels, mené par un président Hollande qui affecte le mou milieu… sauf quand il s’agit d’envoyer des soldats sur le front extérieur !

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étonnant, Nicolas Sarkozy serait devenu malthusien

Jeudi 15 septembre sur France 2, le (re)présidentiable Nicolas Sarkozy précise : «  Vous me dites le changement climatique est le premier défi de l’humanité. Permettez-moi de m’inscrire en faux . Le premier défi n’est pas celui-là, c’est le défi démographique. » Une telle déclaration est détonnante. Au niveau politique, l’enjeu démographique était resté un véritable tabou, et les malthusiens voués aux gémonies. Jusqu’à présent, seuls de rares écologistes ont alerté sur la surpopulation de la planète : René Dumont dans les années 1970 et Yves Cochet plus récemment. Ce dernier avait même suggéré en 2009 « que l’on agisse en France sur les allocations familiales de manière à dissuader les couples de procréer au-delà des deux enfants qui assurent le renouvellement minimal des générations ». Les autres politiciens préfèrent vanter la vitalité de la fécondité française.

Mais Sarkozy fait l’erreur courante de classer les chocs que rencontrent l’humanité alors qu’il y a interdépendance. Le réchauffement climatique est un multiplicateur des risques autant que l’explosion démographique : une menace entraîne l’autre et réciproquement. Une équation montre d’ailleurs parfaitement ces enchaînements qui aboutissent à amplifier les émissions de gaz à effet de serre, l’équation de Kaya.

CO2 = (CO2 : TEP)  x (TEP : PIB) x (PIB : Pop) x Pop => CO2

(CO2 : TEP) : contenu carbone d’une unité d’énergie (qui peut s’exprimer en TEP, tonnes d’équivalent pétrole). Cela correspond à un choix de ressources naturelles, charbon ou gaz, électricité, énergie renouvelable ou non, nucléaire…

(TEP : PIB) : quantité d’énergie requise à la création d’une unité monétaire (qui peut correspondre globalement au PIB). C’est l’intensité énergétique de l’économie ou inverse de l’efficacité énergétique. Mais l’innovation technologique ne permet pas de faire suffisamment baisser ce paramètre.

(PIB : Pop) : production par personne ou niveau de vie moyen. Il est nécessaire de mettre en place une politique d’austérité partagée. C’est la variable à laquelle aucun politique ne pense, et pourtant c’est le seul critère qui peut baisser fortement… quand il y a récession économique !

Pop : population, nombre d’habitants. Les questions d’éthique s’imposent dans ce dernier paramètre de l’équation. Mais Dennis Meadows montrent que nous n’avons pas le choix : « Il n’y a que deux manières de réduire la croissance de l’humanité : la réduction du taux de natalité ou l’accroissement du taux de mortalité. Laquelle préféreriez-vous ?  » Cette interrogation a été abordée dans un essai collaboratif coordonné par Michel Sourrouille, Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) dont le titre évocateur laisse supposer la position de l’auteur sur cette question au centre de toute réflexion écologique.

Au niveau mondial il faudrait diviser par 3 d’ici 2050 les émissions de gaz à effet de serre (CO2) si on ne veut pas dépasse le seuil de 2°C de réchauffement. En fait ce seuil n’est qu’un élément de langage politique. Les dernières indications scientifiques montrent qu’il ne faudrait pas dépasser le seuil de 1,5°C, soit une division par 4 (c’est-à-dire – 75%). Mais quand on divise par 3 ou 4 les émissions de CO2, cela implique qu’il faut diviser par 3 ou 4 en moyenne tous les autres membres de l’équation. Personne n’a expliqué cela au sortir de la COP21 à Paris sur le climat !

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Incompatibilité de la démographie et du libre-échange !

Une proposition de l’Union démocratique du centre (UDC, majoritaire au Parlement suisse) visait à instaurer des quotas à l’immigration et à renégocier la libre circulation avec l’Union européenne. Elle a été soumise au vote des électeurs suisses le 9 février 2014. Les Suisses ont voté oui à la limitation de « l’immigration de masse » à une très courte majorité (50,3 %). Mais le taux de participation a été particulièrement élevé, atteignant 56,5 %, soit beaucoup plus que la moyenne de 44 % habituellement enregistrée en Suisse, preuve que le sujet a suscité beaucoup d’intérêt de la part des électeurs. Il y aura donc des plafonds annuels à l’immigration ainsi que des contingents pour les autorisations de séjour en Suisse. C’était sur notre blog à l’époque.

Aujourd’hui le Parlement helvétique, chargé de mettre en œuvre ce vote radical, est en pleine reculade, faute d’avoir réussi à résoudre la quadrature du cercle, également au cœur des négociations sur le Brexit : comment limiter la libre circulation des travailleurs de l’Union européenne tout en maintenant des traités commerciaux avec celle-ci ? Les quotas ne sont envisagés qu’en dernier recours, les députés privilégient surtout les mesures de prévention comme la publication des offres d’emploi d’abord en Suisse, afin d’inciter les employeurs à la préférence nationale*.

Le référendum et son système de démocratie directe est encore une fois remis en question. Jean-Luc Addor, membre UDC de la commission parlementaire sur le sujet, juge le compromis législatif inacceptable. « C’est contraire à la volonté populaire. Nous voulions restaurer un semblant de souveraineté en Suisse et au contraire, on a un texte de soumission à l’Union européenne, qui ne limitera en rien l’immigration. » Nous avons dans cette affaire toute la complexité de la recherche collective du bien commun. Mais pour un écologiste, le libre échange comme la libre circulation des personnes s’opèrent au détriment de l’équilibre des écosystèmes et de l’organisation socio-économique des territoires. La maîtrise des flux de population et de marchandises est une nécessité. Le semi-échec de cette votation en Suisse n’est donc qu’un exemple de l’évolution en cours vers une relocalisation de l’emploi et de la production. D’ailleurs les quotas à l’immigration sont déjà une réalité pour les personnes qui n’appartiennent pas à l’espace européen !

* LE MONDE du14 septembre 2016, La Suisse recule sur les quotas d’étrangers

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programme malthusien : iconoclaste ou réaliste ?

De la part d’un correspondant (Jean-Marc T.), quelques propositions pour une société à enfant unique :

a) droit à un seul enfant vivant par femme, droit qu’elle n’est pas obligé d’exercer.
b) permis d’enfanter, permettant de vérifier que les futurs parents sont conscients qu’ils en prennent pour au minimum 18 ans et qu’ils ont eu une formation suffisante ; je crains le pire si les adolescentes actuelles doivent utiliser à chaque instant leur smartphone pour élever leur enfant !
c) faire vivre les enfants dans des environnements avec d’autres enfants du même âge mais aussi d’âge différent (comme on dit en Afrique, pour élever un enfant il faut tout un village!)

Notre réaction sur ce blog biosphere :
a) quota d’un enfant par femme
Il apparaît en démographie que laisser libre cours à la volonté des individus le choix reproductif amène à des situations écologiquement insupportables. Au niveau politique, nous pourrions d’abord envisager la mise en place d’un enseignement pour tous sur des notions comme la capacité de charge d’un territoire et autres réflexion sur la recherche de l’équilibre entre population (humaine et non humaine ) et leur milieu. Nous pourrions rajouter qu’une politique nataliste comme celle de la France est inadaptée, d’où un changement à opérer dans les mécanismes d’allocation et de quotient familial. Mais nous pourrions aussi dire que si cela ne se fait pas de manière rapide en France (et dans le monde), la situation de surpopulation deviendra telle qu’elle poussera à des mesures coercitives de type «quota de fécondité» comme cela se fait déjà en matière d’immigration. Nous pouvons aussi rappeler qu’un déséquilibre entre population et alimentation entraîne toujours famines, guerres et/ou épidémies, ce que nous savons depuis Malthus (1798).
b) permis d’enfanter
Cela se retrouve dans la littérature engagée sous l’expression « permis de procréer» ou « diplôme de parents». Cela n’est pas absurde, il faut en France des diplômes dans à peu près tous les domaines, donc pourquoi pas au niveau de la responsabilité sociale la plus grande qui soit, enfanter une bouche supplémentaire à nourrir et à procurer un emploi tout en respectant les limites de plus en plus étroites des ressources de la planète. D’ailleurs en matière d’adoption, il existe déjà en France l’équivalent d’un permis d’adopter. Il suffirait de reprendre les contraintes qui pèsent sur les adoptants pour élaborer les critères d’un «permis d’enfanter».
c) faire vivre les enfants dans un milieu éducatif
Pour prolonger les idées de Jean-Marc dont l’argumentaire fait plutôt implicitement référence aux premiers temps des kibboutz, on pourrait penser à généraliser les classes uniques dans les écoles primaires qui mettent en relation des enfants d’âge différent, ce qui permet la co-éducation. Mais aussi envisager la transversalité de l’enseignement en collège ; il est absurde que les professeurs soient spécialisés dans une seule matière pour transformer les préados en spécialistes et non en humains clairement conscients des interdépendances et préparés à y faire face. Enfin on pourrait y voir la contestation du monopole des parents en matière de socialisation primaire. Les parents ne sont pas propriétaires de leurs propres enfants, il sont en charge de leur faire à la fois trouver leur autonomie et le sens du collectif. Mais cette capacité pédagogique est déjà contenu dans le fait qu’un candidat parent obtiendrait ou non le droit de procréer (cf. point 2)…

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L’immigrationisme pousse à la guerre de tous contre tous

Galaad Wilgos (p.67 à 70)* : « L’immigrationnisme, c’est-à-dire l’idéologie valorisant les flux migratoires, a selon nous toujours été l’ennemi des classes populaires. Tout indique que le capitalisme ne peut fonctionner sans une main d’oeuvre mobile, malléable et mal payée. Pompidou, déjà, disait en septembre 1963 que «l’immigration est un moyen de créer une certaine détente sur la marché du travail et de résister à la pression sociale.» C’est chez Marx et Engels que l’on trouve une des premières critiques révolutionnaire de l’immigrationnisme. Ils emploient le concept d’armée de réserve pour désigner l’existence d’une masse de sans-emploi permettant aux détenteurs du capital de ne pas augmenter les salaires et de menacer ceux qui ont la chance de disposer d’un travail. Dans les conditions actuelles de la concurrence universelle, les migrations ne sont rien d’autre qu’un moment de plus de celle-ci. En soi, migrer n’est pas plus émancipateur que rester chez soi. Outre les intérêts évidents qui entrent en jeu (passeurs, mafia, grands patrons et politiciens cyniques), c’est l’idéologie du «bougisme» qui irrigue désormais notre imaginaire. Comme l’exprime Pierre-André Taguieff, « Dans cette utopie fondée sur le culte du mouvement pour le mouvement, l’accélération de la mobilité, de la vitesse et de la flexibilité dans tous les domaines se substitue aux fins telles que la liberté ou la justice.» Ce qui sert de distinction entre ceux qui sont «en haut» et ceux qui sont « en bas» de la société de consommation, c’est leur degré de mobilité, c’est-à-dire leur liberté de choisir l’endroit où ils veulent être. Ceux qui sont « en bas» sont régulièrement chassés des endroits où ils seraient contents de demeurer. (Zygmunt Baumann) » La lutte des classes prend ainsi l’aspect d’une confrontation entre une élite nomade, déterritorialisée, qui prend l’avion ou les TGV comme d’autres le RER, et la masse des manants, ceux qui ne peuvent que demeurer dans les périphéries, condamnées à une quotidienne et morne migration pendulaire. En réalité, une société écologiquement durable ne peut coexister avec une mobilité intempestive. Le culte de la vitesse et du mouvement est dangereux pour notre environnement social et naturel : pollution, urbanisation, bétonisation, folklorisaiton des cultures locales par le tourisme de masse, etc. Seul l’enracinement dans un contexte local où les habitudes et la connaissance des habitants du lieu ne subissent pas une précarité constante permet aux individus de se retrouver dans un collectif, d’attacher de l’importance aux autres et de faire preuve de solidarité. Seuls un ralentissement et une relocalisation permettraient de sortir de la dictature du profit, du vide spirituel et de la mobilisation constante de tous contre tous.»

Autre article (p.60), Camel Bechikh : « Pour acculturer, il faut stopper l’immigration car les trois principaux lieux d’intégration sociale, l’école, le logement et le travail, sont engorgés et ne produisent plus l’ascension sociale attendue, permettant d’amorcer cette acculturation. Les nouvelles vagues de migrants iront disputer aux plus fragilisés de notre société les places d’école, de logement, l’emploi précaire. D’autant plus que les difficultés liées à l’immigration risquent de retomber sur la minorité musulmane déjà présente. Ceux qui font l’apologie de l’accueil sont-ils prêts à en assumer eux-mêmes les conséquences à long terme ?»

Autre article (p. 80), Hervé Juvin : « La nation était le meilleur antidote au choc des civilisations. Par la frontière et l’exigence de la citoyenneté, on était parvenu à faire vivre côte à côte des gens très différents de par leur foi religieuse ou leur appartenance. Quand vous enlevez le couvercle de la nation, vous rêvez de concorde , mais vous récoltez la guerre de tous contre tous. »

* Limite n° 2, revue d’écologie intégrale (dans le dossier «Naufrage mondial, Ancrage local», quelques extraits sur l’immigration)

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Sans un Maghreb prospère, pas d’Europe qui vaille

L’histoire fourmille d’exemples démontrant qu’au-delà de certains seuils numériques, l’immigré n’est plus considéré comme un individu digne de respect, mais comme le représentant d’un monde envahisseur. Pourquoi de tels fossés, souvent sanglants, entre Irlandais catholiques et protestants, entre Flamands et Wallons, entre Israéliens et Palestiniens, entre Indiens et Pakistanais ? Pousser les questions sous le tapis ne fait que le jeu de l’extrême droite. Charles de Gaulle déclarait à Alain Peyrefitte le 5 mars 1959 : «Ceux qui prônent l’intégration ont une cervelle de colibri. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber 10 millions de musulmans qui seront demain 20 millions et après-demain 40 millions ? Si nous faisons l’intégration, si tous les Arabes et Berbères d’Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s’appellerait plus Colombey-le-Deux-Eglises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées. »

Comment ne pas reconnaître qu’il y a quelques similitudes également légitimes entre le «droit à la différence» et le «droit à l’identité», pourquoi ne pas admettre qu’en ayant été opposé à la francisation de l’Algérie, on puisse être aujourd’hui inquiet du phénomène inverse ? N’est-il pas politiquement incohérent qu’une partie notable de ceux qui s’indignent de l’immigraiton maghrébine en France provienne de ceux qui plaidaient pour l’Algérie française et la «fraternisation» ? En fait un système ne doit être ni (trop) ouvert, ni (trop) fermé ; mais toute la difficulté réside de définir – et de mettre en oeuvre – son taux optimal d’ouverture.

Je citerai un vieux proverbe chinois : «Quand le réservoir déborde, avant d’aller chercher une serpillière, le sage ferme le robinet.» Autrement dit, si le gâteau n’est plus assez grand pour nourrir tous les affamés, comment ne pas s’interroger sur la montée en puissance incontrôlée de tant de nouvelles bouches à nourrir ? Comme disaient les anciens lorsque nous étions cinquante fois moins nombreux, «Laissez faire Vénus et vous aurez Mars». Je suis non seulement prêt à poursuivre mon aide financière aux ONG humanitaires, mais encore à doubler la mise.  J’assortis néanmoins cette proposition de la clause suivante : le montant antérieur continuerait à être attribué aux actions «habituelles», la nouvelle moitié à la maîtrise simultanée de la natalité. Je propose une campagne pilule avec nourriture, ou plus précisément «droits féminins et pilules avec nourriture et soins», volets indispensables pour une humanité/féminité durable, consciente et responsabilisée à tous les niveaux. Avec l’espoir de voir les réalités en face…

(extraits du livre «Le futur a-t-il un avenir ? (pour une responsabilité socio-écologique)« de Philippe Lebreton
éditions Sang de la Terre 2012, 380 pages pour 24,50 euros)

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Sur ce blog, nous sommes profondément malthusiens

A tous ceux qui pensent qu’il est idiot de se préoccuper du problème  démographique et que la détérioration de la biosphère ne relève que du mode de vie consumériste, nous pouvons rappeler que parmi les personnages s’étant inquiétés de la surpopulation, on trouve Einstein, Lévi-Strauss, Baudrillard, Freud, Yourcenar… tous bien connus pour leur déficience intellectuelle notoire. Pour soutenir notre point de vue, allez sur le site Démographie Responsable

  « Lorsque les hommes commencent à se sentir à l’étroit dans leurs espaces géographiques, une solution simple risque de les séduire, celle qui consiste à refuser la qualité humaine à une partie de l’espèce . »Claude Lévi-Strauss (entretien télévisé)

 « Si nous continuons dans cette voie, si nous ne faisons rien pour enrayer l’accroissement de la population, nous allons en payer le prix, nous allons nous retrouver dans un monde surpeuplé. La démographie a un impact sur le développement économique, sur l’environnement et sur les ressources de la Terre qui sont limitées. » » Kofi Annan

 « Le besoin d’une nombreuse génération ne se fait pas sentir de nos jours comme dans les temps anciens […] la différence des temps influe sur l’opportunité qu’il y a à faire ou à ne pas faire telle ou telle chose […] Dans les temps où nous vivons, il est mieux, il est plus saint de ne pas rechercher le mariage en vue de la génération charnelle. » Saint Augustin

« L’impératif de pérennité implique que l’on définisse une limite de population mondiale, limite dont tout indique qu’elle est déjà dépassée.» André Lebeau,  » L’enfermement planétaire « 

 « C’est ce qui n’est pas Homme autour de lui qui rend l’Homme humain…. Plus sur Terre il y a d’hommes, plus il y a d’exaspération »  Henry Michaux  

 « Les grandes épidémies meurtrières ont disparu. Elles ont toutes été remplacées par une seule : la prolifération des êtres humains eux-mêmes. La surpopulation constitue une sorte d’épidémie lente et irrésistible, inverse de la peste et du choléra. On peut seulement espérer qu’elle s’arrêtera d’elle-même, une fois repue de vivants, comme le faisait la peste, une fois repue de cadavres. Le même réflexe de régulation jouera-t-il contre l’excès de vie qu’il a joué jadis contre l’excès de mort ? Car l’excès de vie est plus mortel encore. »Jean Baudrillard

 « Il y a peu de travail et beaucoup trop de population sur la terre. »Bernard Kouchner

«  Le commandement « Croissez et multipliez » a été promulgué, avec l’accord des autorités, au temps où la population était composée seulement de deux personnes »William Inge

« Les plus grandes épreuves auxquelles le Monde aura à faire face dans les années à venir seront la surpopulation, le manque de ressources (eau, matières premières, pétrole…), des pandémies de toutes sortes de maladies connues et nouvelles, des pollutions de toutes sortes (chimiques, air, eau, alimentation…) » Albert Einstein

« Ce serait l’un des plus grands triomphes de l’humanité si l’on parvenait à élever l’acte responsable de la procréation au rang d’action volontaire et intentionnelle. »Sigmund Freud

« L’épanouissement de la vie et des cultures humaines est compatible avec une diminution substantielle de la population humaine. L’épanouissement de la vie non-humaine requiert une telle diminution. » Arne Naess

 « Ne me parlez pas de pénurie. Mon monde est vaste et a plus qu’assez – pour un nombre limité. Il n’y a pénurie de rien, à part de volonté et sagesse ; mais il y a un surplus de gens. » Garrett Hardin

 « L’humanité devrait diminuer progressivement sa population jusqu’à un niveau où une agriculture organique suffirait à la nourrir convenablement. Bien entendu les pays qui connaissent à présent une très forte croissance démographique devront faire des efforts tout particuliers.»Nicholas Georgescu Roegen

 « Nous périrons sous les berceaux. Nous sommes le Cancer de la Terre ; la pullulation de l’espèce humaine est responsable d’une pollution ingérable par la nature. Cela est tellement évident qu’on se demande de quel aveuglement sont frappés nos dirigeants. La Nature, dans sa grande sagesse, essaie de nous aider ; les cas de stérilité sans cause apparente s’accroissent – comme d’ailleurs s’accroissent les orphelins et enfants abandonnés et maltraités ! » Jacques-Yves  Cousteau

« La plus grave menace pour l’avenir de l’humanité reste l’explosion démographique, la prolifération du plus redoutable prédateur, l’homme, sur une petite planète. (…) Notre petite planète n’est pas capable de supporter longtemps les conséquences d’une surpopulation délirante et de l’activité industrielle incontrôlée de notre société de consommation, qui épuise les ressources rares non renouvelables de cette Terre, et qui pollue, défigure et finalement détruit une large part d’un écosystème dont nous faisons partie. » René Dumont

 « Aujourd’hui, les niveaux de population dépendent des carburants fossiles et de l’agriculture industrielle. Ôtez les du tableau et il y aurait une réduction de la population mondiale qui est bien trop horrible pour pouvoir y penser.»Joseph Tainter   

 «  Il ne suffit plus aujourd’hui d’écrire que « la baisse de la pression démographique passe d’abord par l’éradication de la pauvreté mais aussi par des politiques d’égalité des droits des hommes et des femmes devant l’éducation, la santé et le pouvoir ».Tout ceci a beau être vrai, c’est largement insuffisant.

Le reflux démographique ne saurait être un simple effet collatéral de mesures de justice. La population humaine doit réaliser qu’elle est objectivement en surnombre par rapport par rapport à la capacité de charge de la Terre, et que ce surnombre mène la civilisation voire l’espèce à sa perte. Si l’on veut un reflux de la natalité fort, désiré et durable, il faut que ses vertus propres s’inscrivent dans les têtes et qu’il fasse l’objet de mesures dissuasives qui affirment l’adhésion de la collectivité à leur nécessité».  Hugues Stoeckel « La faim du monde »

« Tout pacte écologique devrait sous tendre un pacte antinataliste. » Michel Tarrier

« Il faut réduire doucement la masse humaine pour que chaque être retrouve sa propre dignité. […] Aucune solution n’est viable tant qu’on a pas d’abord réglé la question de la démographie. » Marguerite Yourcenar

(Citations extraites du site Economie Durable)

 

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Liberté de quitter son pays, pas de rentrer dans un autre

Il n’y a rien d’universel dans nos démêles inter-humains, il n’y a que du relatif ! L’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 est censé garantir le droit à « toute personne (…) de quitter tout pays, y compris le sien ». Le philosophe Etienne Balibar avait souligné le caractère ambigu de ce texte : il manque l’obligation pour tout Etat d’accepter l’entrée des étrangers ! De plus il ne faut pas tronquer cet article : « Toute personne a le droit de quitter tout pays… et de revenir dans son pays. » On sait que le « retour aux pays » est un droit le plus souvent fictif.

Certains se veulent optimistes : « Imaginez que tous les pays ouvrent en même temps leurs frontières. »* Catherine Wihtol de Wenden a publié dès 1999 Faut-il ouvrir les frontières ? Antoine Pécoud et Paul de Guchteneire prolongèrent en 2009 avec Migrations sans frontières. Essais sur la libre circulation des personnes. L’ouverture des frontières est aussi le cheval de bataille des associations, réseau No border ou l’Organisation pour une citoyenneté universelle (OCU). Ce courant de pensée est irréaliste. Comme l’exprimait André Lebeau, « Le découpage de l’espace terrestre en territoires nationaux est achevé. A l’enfermement planétaire qui pèse sur l’humanité s’ajoute un confinement territorial qui fait de la notion d’expansion un synonyme de guerre de conquête. »** Comme l’écrivait René Monet : « Les écologistes devraient dire que l’immigration maintient ou accroît la pression humaine sur le milieu naturel dans des pays où, de par le recul de la natalité, cette pression pourrait s’y stabiliser sinon régresser. Ainsi il n’y aura pas de répit. L’homme va continuer à saturer l’espace planétaire à la fois par la croissance démographique et par les transferts de population. »*** Cette période où la terre offrait encore des territoires qu’on croyait vierges se termine. Malthus avait une approche perspicace de la mobilité géographique : « L’émigration, en supposant qu’on en pût faire un libre usage, est une ressource qui ne peut être de longue durée. »

Au niveau d´un pays, l´émigration peut constituer pour l´individu un espoir de survie, remédier temporairement au problème du chômage. Cela permet aussi politiquement d´amoindrir l´effet « cocotte minute » qui peut se produire lorsque le mécontentement citoyen atteint son paroxysme : l’émigration peut servir de soupape de sécurité. L´émigration constitue une tactique politique pour exporter le mécontentement vers l´extérieur tout en attendant les retombées financières des migrants. Mais la démographie du pays peut continuer à galoper, les problèmes ne sont pas résolus. Libéraliser l´immigration (l’émigration) n´est pas une stratégie durable… Par contre, si la population sur un territoire délimité commence à excéder les possibilités du milieu sans qu’on puisse émigrer, c’est là une forte incitation à décider collectivement de la régulation des naissances. C’est une mise sous pression des politiques, qui pousse les autorités à prendre des mesures conséquentes – à être démographiquement responsable -. Empêcher les mouvements migratoires semble une approche adaptée politiquement si on veut agir pour un avenir durable****.

* LE MONDE CULTURE&IDEES | 27.06.2015, Migrants : et si un monde sans frontières générait de la richesse ?

** L’enfermement planétaire d’André Lebeau (Gallimard, 2008)

*** Environnement, l’hypothèque démographique de René Monet (l’Harmattan, 2004)

**** Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) (éditions Sang de la Terre, 2014)

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Les Juifs d’Israël vont mourir par là où ils ont péché

En 2016, Israël annonce 8,5 millions d’habitants et 366 personnes au kilomètre carré. Sa population a plus que décuplé depuis sa création en 1948, elle devrait quasiment doubler d’ici à 2050 pour atteindre 15 à 16 millions de personnes. Résultat ? Les routes de l’Etat hébreu sont congestionnées, les bouchons interminables, les habitants privés de nature, la biodiversité en ruine. On va droit vers une catastrophe écologique et socio-économique*.

Les causes de cette vitalité ? Elles sont multiples, de l’injonction biblique « Soyez féconds et multipliez-vous », à la course poursuite entre population palestinienne et israélienne. Laissons de côté la problématique politique d’un Etat juif composée à 20 % d’Arabes israéliens et d’un Etat palestinien toujours à l’état de projet depuis près de 70 ans. Du côté religieux, les Juifs feraient mieux de comprendre les desseins de Dieu, ce qu’avait parfaitement réalisé le pasteur Malthus en 1798 :

« La plupart des attaques contre cet ouvrage (essai sur le principe de population) sont moins de réfutations que des déclamations ou des injures qui ne méritent aucune réponse. Je suis donc appelé à relever des objections qui ont été faites en simple conversation.La première grande objection est que mes principes contredisent le commandement du Créateur, ordre de croître, de multiplier et de peupler la terre. Je suis pleinement persuadé que c’est le devoir de l’homme d’obéir à son Créateur, mais ce commandement est subordonné aux lois de la nature. Si, par une opération miraculeuse, l’homme pouvait vivre sans nourriture, nul doute que la terre ne fût très rapidement peuplée. Mais comme nous n’avons aucune raison de compter sur un tel miracle, nous devons, en qualité de  créatures raisonnables, examiner quelles sont les lois que notre Créateur a établies relativement à la multiplication de l’espèce. Il n’y a aucun chiffre absolu : garnir une ferme de bestiaux, c’est agir selon la grandeur de la ferme et selon la richesse du sol qui comportent chacune un certain nombre de bêtes. Le fermier doit désirer que ce nombre absolu croisse. Mais c’est une entreprise vaine de prétendre augmenter le nombre  avant d’avoir mis les terres en état de les nourrir. »

* LE MONDE du 10-11 juillet 2016, En Israël, les défis d’une démographie explosive

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À lire, Essai sur le principe de population (1798)

L’essentiel de cet « Essai » de Robert Malthus réside dans l’avertissement que la Terre constitue un espace clos et saturé d’humains si on laisse faire les choses en matière démographique. Robert Malthus (1766-1834) est donc un écologiste avant la lettre, mettant en relation la croissance rapide (progression géométrique) de la population humaine qui se trouve en décalage croissant avec l’évolution linéaire (dite arithmétique) des ressources alimentaires. Il précède d’un siècle et demi le Club de Rome et ses courbes exponentielles et annonce la catastrophe. Jusqu’à présent le développement économique a pu suivre la croissance des besoins grâce à l’utilisation des énergies fossiles. Mais ces dernières années cette expansion butte sur la double limite de l’épuisement des ressources naturelles et des capacités de régénération du milieu. Et l’on découvre, maintenant que la sphère des activités économiques est dépendante de la reproduction de la biosphère. Au moment où l’homme met en péril les conditions de sa propre survie, le principe de population doit rappeler à tout homme politique la nécessité d’une pensée des limites.

« – Pour les plantes et les animaux, le défaut de place et de nourriture détruit ce qui naît au-delà des limites assignées à chaque espèce. Les effets de cet obstacle sont, pour l’homme, bien plus compliqué. Il se sent arrêté par la voix de la raison, qui lui inspire la crainte d’avoir des enfants aux besoins desquels il ne pourra point pourvoir. Si au contraire l’instinct l’emporte, la population croît plus que les moyens de subsistance.

– Les obstacles à la population qui maintiennent le nombre des individus au niveau de leurs moyens de subsistance, peuvent être rangés sous deux chefs. Les uns agissent en prévenant l’accroissement de la population, et les autres en la détruisant. Les obstacles destructifs renferment toutes les causes qui tendent de quelque manière à abréger la durée naturelle de la vie humaine par le vice ou par le malheur. Ainsi on peut ranger sous ce chef l’extrême pauvreté, la mauvaise nourriture des enfants, l’insalubrité des grandes villes, toutes les espèces de maladies et d’épidémies, la guerre, la peste, la famine.

– En Angleterre, les lois sur les pauvres tendent manifestement à accroître la population sans rien ajouter aux moyens de subsistance. Un homme peut se marier avec peu ou point de moyens de soutenir une famille, parce qu’il compte sur les secours de sa paroisse. Ce que je propose, c’est l’abolition graduelle des lois sur les pauvres, assez graduelle pour n’affecter aucun individu qui soit actuellement vivant, ou qui doivent naître dans les deux années prochaines. Ces raisonnements ne s’appliquent pas aux cas d’une urgente détresse, produite par quelques accidents que n’a point occasionné l’indolence ou l’imprudence de celui qui en est la victime. En aucun cas, nous ne devons perdre l’occasion de faire du bien. »(1ère édition 1798, Flammarion 1992)

pub : un livre à lire absolument pendant les grandes vacances (parution juillet)

« L’écologie à l’épreuve du pouvoir »(Michel Sourrouille aux éditions Sang de la Terre)

À lire, Essai sur le principe de population (1798) Lire la suite »

La variable démographique chez les écosocialistes

Certains ont beaucoup de mal à apprécier à sa juste mesure le fait que les humains constituent une espèce invasive qui se fait beaucoup de mal à elle-même par son nombre. La radicalité du fait peut être source de contradiction ou d’anathèmes dans la branche des décroissants et des écosocialistes. Ainsi pour Renaud Duterme dans le chapitre «Trop nombreux ?»*.

thèse : La surpopulation est dans bien des cas un des facteurs privilégiés qui expliquerait le déclin d’une société et à son tour, celui-ci entraînerait une chute drastique du nombre de personnes (soit par décès, soit par émigration). Nous ne sommes en fait jamais loin de la vision malthusienne, selon laquelle l’accroissement de la population suivant une logique exponentielle, la quantité de nourriture n’arrive pas à suivre, entraînant de la sorte une pénurie qui conduit à une baisse de la population. On ne peut balayer cet argument d’un revers de la main. Alors que son nombre au niveau mondial a été relativement stable pendant des siècles, la population humaine a brusquement explosé à partir du XIXe siècle. N’en déplaise à certains, cela n’est évidemment pas sans conséquence pour l’état de la planète. Il est possible de limiter la taille  de la population conjointement à une augmentation du niveau de vie et à une meilleure éducation. La problème avec cette transition démographique, et c’est ce que de nombreux auteurs souvent marxistes refusent de prendre en compte, c’est le décalage temporel entre la dynamique exponentielle de la population et le temps nécessaire pour atteindre une diminution de la natalité.

antithèse : la question démographique est loin d’être le facteur fondamental. Placer la démographie au centre du débat revient fréquemment à occulter d’autres facteurs. Plus que le nombre, c’est davantage le mode de production et de consommation qui pose problème. Dans le livre Moins nombreux, plus heureux, l’humanité est comparée à un cancer (p.88), à une invasion de poux (p.87) et est considéré comme la pire espèce invasive (p.158). (ndlr : Renaud Duterme dénature volontairement ce livre, il se garde bien de reproduire les phrases entières, soit « La planète Terre qui abrite le cancer humain n’est plus qu’un champ de ruines »… « Nos hommes politiques n’ont pas compris que les poux ne survivent pas sur le crâne des chauves »… « Homo sapiens est la pire espèce invasive. Notre monde est passé de 250 millions à 7 milliards depuis l’an 1 de l’ère chrétienne »). L’argument démographique sert aussi à justifier des politiques pour le moins réactionnaires, en particulier contre l’immigration et les pauvres.

synthèse : le plus gros des dégradations environnementales aujourd’hui est le fait de deux groupes : le milliard le plus riche et le milliard le plus pauvre. Les plus riches détruisent l’environnement global par leur surconsommation rapide des ressources et leur généreuse production de déchets, tandis que les plus pauvres détruisent leurs ressources par nécessité et par absence de choix.

* De quoi l’effondrement est-il le nom ? (Renaud Duterme)
éditions utopia 2016, 144 pages pour 8 euros

La variable démographique chez les écosocialistes Lire la suite »