démographie

pour casser le cercle vicieux agriculture-surpopulation

Connaître la pénurie alimentaire ou mourir de faim est la résultante d’une double causalité, l’évolution de la population et la possibilité de se nourrir. Or il y a profusion de livres sur l’agriculture et une absence extraordinaire d’analyse démographique. Ainsi des titres récents : « Nourrir l’humanité », « Entre faim de terres et appétit d’espace », « La fin des terres, comment mangerons-nous demain », « Famine au Sud, malbouffe au Nord, comment le bio peut nous sauver », «  Et si l’agriculture sauvait l’Afrique ? », « Vers l’autonomie alimentaire », « Développement, alimentation, environnement : changer l’agriculture », etc. Si l’influence de la surpopulation est mentionnée, ce n’est que marginalement. Ainsi Hugues Stoeckel qui lui consacre seulement une page dans son livre, « La faim du monde1 ». Ainsi Walden Bello, qui expédie Malthus en quelques lignes ambiguës dans son introduction : « On peut critiquer l’extrême pessimisme de Malthus et de beaucoup de ses disciples actuels, mais il est difficile de récuser leur mise en garde »2.

La problématique malthusienne n’intéresse ni les analystes, ni les médias, ni en conséquence les mouvements politiques. La loi répressive de 1920, interdisant aussi bien l’avortement que la contraception, a été votée aussi bien par Maurice Barrès (nationaliste) qu’Edouard Herriot (radical-socialiste), Marc Sangnier (chrétien-démocrate) ou Robert Schuman (catholique). Le congrès du parti communiste en 1956 l’affirme : « Le néomalthusianisme, conception ultra réactionnaire, remise à la mode par les idéologues de l’impérialisme américain, est une arme aux mains de la bourgeoisie pour détourner les travailleurs de la lutte pour les revendications immédiates, pour le pain, pour le socialisme. »3 Quand Le Monde ou Le Figaro parle aujourd’hui de la population française, c’est pour se féliciter de la reprise de la fécondité. Le président Nicolas Sarkozy ou le président François Hollande restent partisans des allocations familiales, soutenant les familles nombreuses. Droite et gauche ont le même discours. Mais la droite reste la plus virulente. Le présidentiable américain Mitt Romney voulait supprimer le « Title X Family Planning« , programme ayant pour objectif d’aider ceux qui le souhaitent à contrôler leur fécondité. Paradoxalement cet unanimisme touche aussi la revue mensuelle La Décroissance ou même le Parti Pour La Décroissance (PPLD). Ils jugent que le problème n’est pas le nombre de personnes sur terre mais le nombre d’automobiles.

La régulation de la population humaine est mal perçue par les élites qui veulent nous gouverner. Les malthusiens, en faveur d’une limitation des naissances, sont donc bien isolés. Rares sont les pays comme la Chine ou l’Iran qui accordent de l’importance au risque de surpopulation. Pourtant la population mondiale augmente en moyenne de un milliard de personnes tous les 12 ans. Ce n’est pas rien. Car tout être vivant a besoin pour vivre d’un certain espace où trouver assez de nourriture pour assurer sa survie et celle de sa descendance. La réalité semble incontournable. Aucune mesure susceptible de protéger notre environnement ne sera efficace s’il n’y a pas au départ une interrogation sur les limites de l’expansion de l’homme sur notre planète. Aucune espèce biologique, y compris homo sapiens, ne peut être dissociée du contexte naturel qui l’entoure. Lorsque le territoire s’appauvrit, il va falloir en changer ou l’agrandir aux dépens des autres. L’histoire de l’homme c’est aussi une quête incessante de nouveaux territoires. C’est aussi une succession de famines et de guerres, la régulation se fait de toute façon d’une manière ou d’une autre.

La révolution agricole au XIXe siècle nous a fait croire temporairement à l’abondance alimentaire. Mais comme l’exprime Albert Howard en 1940 dans son Testament agricole4 : « Des engrais artificiels sont largement utilisés, ce que l’on pourrait appeler la mentalité NPK (azote, phosphore, potassium). On fait appel à la science agronomique pour aider à la production. Mais les engrais minéraux et les machines sont impuissants à maintenir un équilibre entre les phénomènes de croissance et ceux de dégradation. Les engrais artificiels mènent infailliblement à une alimentation artificielle, à des animaux artificiels et finalement à des hommes et des femmes artificiels. Dans les années à venir, les engrais chimiques seront considérés comme l’une des plus grandes stupidités de l’ère industrielle… » De plus, sans maîtrise de la fécondité, il n’y a pas d’agriculture durable.

Dans son introduction à Essai sur le principe de population5 de Thomas Robert Malthus, Jean Paul Maréchal va à l’essentiel : «  Si l’on pense que la substance de l’Essai réside dans l’avertissement que la Terre constitue un espace clos et un fonds borné, alors Malthus précède d’un siècle et demi le Club de Rome et ses courbes exponentielles. La catastrophe démographique n’est pas survenue, non pas parce que la Terre pourrait nourrir n’importe quelle population, mais parce que, jusqu’à présent, le développement économique a pu suivre la croissance des besoins. » Aujourd’hui le constat est cruel. Notre expansion butte sur la double limite de l’épuisement des ressources naturelles et des capacités de régénération du milieu. Le principe de population resurgit dans l’air, dans l’eau et dans les sols. Tout écologiste se doit de rendre hommage à Malthus sur ce point, il avait vu loin. Au moment où l’homme met en péril les conditions de sa propre survie, le souvenir de Malthus nous rappelle la nécessité d’une pensée des limites. Car la population ne peut croître au delà des ressources alimentaires. La « loi de Malthus » exprimait cette impossibilité : « Lorsque la population n’est arrêtée par aucun obstacle, elle va doubler tous les vingt-cinq ans, et croît de période en période selon une progression géométrique… Les moyens de subsistance, dans les circonstances les plus favorables à l’industrie, ne peuvent jamais augmenter plus rapidement que selon une progression arithmétique… Pour que la population existante trouve des aliments qui lui soient proportionnés, il faut qu’à chaque instant une loi supérieure fasse obstacle à ses progrès… Si nous laissons la population s’accroître trop rapidement, nous mourons misérablement, en proie à la pauvreté et aux maladies contagieuses. »

Pour éviter guerres, épidémies et famines, Malthus préconisait la contrainte morale, c’est-à-dire l’abstinence du mariage jointe à la chasteté. Ce message a été développé de façon plus moderne à la fin du XIXe siècle par les néo-malthusiens. L’action de Paul ROBIN (1837-1912) mériterait d’être enseignée dans toutes les écoles. En 1896 le Dr Jacques Bertillon fondait l’Alliance nationale pour l’accroissement de la population française. La même année Paul Robin fonde au contraire la Ligue de la régénération humaine dont la devise sera « bonne naissance-éducation intégrale ». Cette association se propose de « répandre les notions exactes de science physiologique et sociale permettant aux parents d’apprécier les cas où ils devront se montrer prudents quant au nombre de leurs enfants, et assurant, sous ce rapport, leur liberté et surtout celle de la femme ». Un centre de consultation et de vente de produits anticonceptionnels est ouvert à Paris par Paul Robin en 1899. Le Planning familial, le Mouvement de libération des femmes  (MLF) et le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC) doivent beaucoup à Paul Robin.

Malheureusement l’arrivée de la première guerre mondiale met un terme au néo-malthusianisme. La propagande antinataliste est alors considérée comme une trahison, des lois condamnant la contraception et l’avortement sont votées en 1920. Le nationalisme (plus de soldats), l’ordre moral (religion nataliste) et l’exigence économique (davantage d’ouvriers, moins de revendications) l’ont emporté. Il faudra attendre les premières préoccupations écologistes pour que la problématique du nombre d’hommes refasse surface. L’idée d’écrire le livre La planète au pillage6 est venue à Fairfield Osborn dès la fin de la seconde guerre mondiale. Il lui semblait que l’humanité se trouvait engagée non pas en un, mais en deux conflits : «  Cette autre guerre mondiale grosse d’un désastre final pire même que celui qui pourrait provenir d’un abus de la bombe atomique. Cette autre guerre, c’est celle de l’homme contre la nature. » Son diagnostic reste toujours vrai : « C’est chose étonnante que de voir combien il est rare de trouver une seule personne bien au fait de la destruction accélérée que nous infligeons sans arrêt aux sources même de notre vie. Par ailleurs, les rares esprits qui s’en rendent compte ne voient pas en général le lien indivisible entre ce fatal processus et les exigences irrésistibles d’une population humaine sans cesse en augmentation. »

Ce n’est que dans les années 1970 que la problématique démographique se popularise avec La bombe P de Paul Ehrlich7. Les mesures à prendre sont précises, par exemple : « Un bureau de la Population et de l’Environnement devrait être créé pour apprécier le niveau de peuplement optimal, et préconiser les mesures permettant d’y arriver. Ce BPE devrait coordonner politique démographique, protection de l’environnement et gestion des ressources. » Le rapport du club de Rome en 1972 ne fait que confirmer statistiquement les craintes de Paul Ehrlich sur le décalage qui existe entre évolution exponentielle de la démographie humaine et possibilités finies de la planète. Les néomalthusiens savent qu’un jour ou l’autre la nature leur donnera raison. La philosophie générale de Malthus et surtout celle des néo-malthusiens, qui consiste à nous responsabiliser sur la procréation dans le but d’assurer une plus grande qualité de vie à chaque génération, garde toute sa pertinence. Avec le pic pétrolier et le réchauffement climatique, voici des éléments qui renforcent l’incontournable réflexion sur les bornes que le milieu, la nature, la biosphère, finissent par opposer à l’expansion indéfinie de toute espèce vivante. Il n’y a pas un seul problème environnemental qui ne pourrait être plus facilement résolu avec une population moindre.

Pourtant la volonté de croissance économique et les errements idéologiques continuent d’occulter les prises de conscience. Le fait d’avoir ou de ne pas avoir d’enfants est considéré comme une affaire strictement privée, dans laquelle les décisions sont prises sans aucune considération des conséquences globales dans le temps et dans l’espace. La plupart des activités requièrent l’obtention d’un permis ou la présentation d’un certain nombre de garanties, pas la procréation ! Mais plus nous attendrons pour faire face à la pression démographique, plus la régulation sera douloureuse.

1. La faim du monde (L’humanité au bord d’une famine globale) (édition Max Milo, 2012) : Agir sur la démographie p 267

2. La fabrique de la famine (Editions carnetsnord, 2012)

3. Le poids du nombre de Georges Minois (éditions Perrin, 2011)

4. Testament agricole d’Albert Howard  (éditions Dangles en langue française, 2010 ; première édition en 1940).

5. Essai sur le principe de population de Malthus (éditions Flammarion, 1992 ; première  édition en 1798)

6. La planète au pillage de Fairfield Osborn (Actes  sud, 2008 ; première édition en 1948)

7. La bombe P de Paul Ehrlich (Fayard, les amis de la Terre, 1972 ; première édition en 1971)

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Pour limiter le nombre de morts, vive l’avortement…

Un écologiste sait que la vie entraîne la mort. C’est un cycle biologique, un être vivant naît, grandit puis meurt, personne ne peut y échapper. Cela veut dire aussi qu’augmenter le nombre de vies, c’est nécessairement augmenter le nombre de morts. C’est pourquoi le simpliste « droit à la vie » des anti-avortements est une fausse argumentation qui oublie la réalité du cycle naturel. L’interruption volontaire de grossesse est interdite au Chili depuis 1989, lorsque le général putschiste et dictatorial Pinochet a fait inscrire dans le code sanitaire qu’« aucune action ne peut être exécutée dans le but de provoquer un avortement ». Même s’il s’agit comme aujourd’hui d’une enfant de 11 ans violée par son beau-père et enceinte de ses basses œuvres. La présidence du Chili déclare : « Notre gouvernement défend la vie de l’enfant à naître et, par conséquent, nous refusons tout type d’avortement. »*

Une telle attitude applique à l’extrême l’impératif biblique « croissez et multipliez », donnant à l’espèce humaine un droit exorbitant de pouvoir se développer en nombre bien plus que les capacités des écosystèmes le permettent. Ce tour de force ne peut réussir qu’au détriment des autres espèces (chute de la biodiversité) et par l’augmentation du nombre de vies humaines. Les guerres, les famines et les épidémies ponctionnent le surplus de vies humaines. Or, si des pays interdisent encore l’IVG, aucun ne s’interdit la guerre. Pire, on s’habitue très rapidement aux massacres de masse. Un soldat de la Wehrmacht exprimait ainsi cette capacité humaine d’adaptation aux œuvres de destruction : « Le premier jour, çà m’a paru effroyable, de tuer, alors je me suis dit : et merde, c’est un ordre. Les deuxième et troisième jours, j’ai dit : je n’en ai rien à foutre. Et, le quatrième, j’y ai pris du plaisir. »**

Les natalistes anti-avortements, s’ils étaient logiques avec leur « droit à la vie », devraient être les objecteurs de conscience les plus résolus, opposés à l’usage des armes et aux meurtres collectifs organisés. Malheureusement leur pensée s’arrête à la vue d’un berceau, considéré comme le but ultime de la vie. Ce point de vue racorni amène alors la petite chilienne de 11 ans à dire d’une faible voix : « Je vais aimer beaucoup mon enfant même s’il est de cet homme qui m’a fait du mal, cela ne fait rien, je vais l’aimer. » Aimer la vie à n’importe quel prix n’est pas aimer. Etre anti-avortement veut nous faire oublier que la vie appelle la mort…

* LE MONDE du 13-14-15 juillet 2013, au Chili le viol d’une fillette relance le débat sur l’IVG

** Le Canard enchaîné du mercredi 10 juillet 2013, Heili allô

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La démographie, le vrai problème, le problème de fond

Les Georgia Guidestones sont un monument en granit érigé le 22 mars 1980 en Géorgie. Dix commandements sont gravés sur les deux faces de 4 pierres érigées verticalement. Ils sont écrits en 8 langues différentes : l’anglais, le russe, l’hébreu, l’arabe, l’hindi, le chinois (mandarin), l’espagnol et le swahili.

Maintenez l’humanité en dessous de 500 millions d’individus en perpétuel équilibre avec la nature3.

Guidez la reproduction intelligemment en améliorant la forme physique et la diversité4.

Unissez l’humanité avec une nouvelle langue mondiale5.

Traitez de la passion, de la foi, de la tradition et de toutes les autres choses avec modération6.

Protégez les personnes et les nations avec des lois et des tribunaux équitables7.

Laissez toutes les nations gérer leurs problèmes internes, et réglez les problèmes extra-nationaux devant un tribunal mondial8.

Évitez les lois et les fonctionnaires inutiles9.

Équilibrez les droits personnels et les devoirs sociaux10.

Faites primer la vérité, la beauté, l’amour en recherchant l’harmonie avec l’infini11.

Ne soyez pas un cancer sur la terre. Laissez de la place à la nature. Laissez de la place à la nature12.

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Suicide mode d’emploi, voici les nouvelles recettes

– Avaler un antivomitif, attendre vingt à trente minutes qu’il agisse, ingérer ensuite un mélange de comprimés broyés et de jus de pomme. Cinquante minutes plus tard, prises de quelques gouttes de diazépam et décès dans l’heure.

– La potion miracle, c’est le pentobarbital de sodium. Il suffit d’en ingérer quelques grammes, mélangés à un verre de jus de pomme, pour s’endormir dans les deux minutes et mourir dans la demi-heure.

– Le lieu idéal, c’est la Suisse. Il suffit d’envoyer un dosser médical à l’association suisse Dignitas, rencontrer un médecin par deux fois pour que ce dernier s’assure da la volonté de mourir (procédure de suicide assisté), boire une première potion qui prépare l’estomac à recevoir trente minutes plus tard le pentobarbital de sodium.

                Nous n’inventons rien, c’est écrit dans LE MONDE du 2 juillet 2013, « J’ai aidé ma mère à mourir ». Rappelons qu’en 1987, le parlement français avait voté un texte spécifique réprimant la « provocation au suicide » et « la propagande ou la publicité en faveur de produits, d’objets ou de méthodes préconisées comme moyen de se donner la mort ». Il s’agissait en  fait d’interdire le livre « Suicide, mode d’emploi ». Mais comme aucune loi ne peut empêcher de se donner la mort, pourquoi la société ne donnerait-elle pas à l’individu les moyens de sa liberté ? Où placer une dignité humaine indéfinissable ? Une maladie incurable ne peut-t-elle donner le droit au suicide assisté ? Enfin, si on se place du point de vue de la Biosphère, toute mort consentie n’est-elle pas une délivrance partielle sur une planète ravagée par le poids des humains ? Quand le fait de se donner la mort paraît la seule issue possible, pourquoi ne pas l’accepter socialement… en toute liberté individuelle…

Rappelons les propos de Ludwig A. Minelli, fondateur de Dignitas, association suisse d’aide au suicide (LeMonde du 25-26.05.2008) : « En Suisse, on peut aider quelqu’un à se suicider tant que l’on n’est pas mû par un « mobile égoïste ». Or j’ai toujours estimé que la mort volontaire assistée était un droit universel. Dans nos sociétés, une personne suicidaire ne peut pas s’adresser à quelqu’un d’autre sans craindre d’être mise dans un hôpital psychiatrique. Nous, nous discutons, d’abord en cherchant des solutions en faveur de la vie. Si l’on arrive à la conclusion que le suicide est la seule possibilité, il se produit alors un phénomène étrange. Sur cent personnes qui reçoivent notre feu vert provisoire, à savoir qu’un médecin suisse s’est dit prêt à leur prescrire du Pentothal après consultation de leur dossier, seulement 12 % réalisent leur souhait de mourir. Quand ils savent que la porte de secours existe, les individus se sentent plus tranquilles, ils ont moins peur. Il y a une grande différence entre un suicide ordinaire et une mort volontaire assistée. Dans le premier cas, le suicidaire ne parle à personne, et sa mort, brutale, est très dure pour son entourage. A Dignitas, nous conseillons à nos adhérents de discuter avec leur famille. Ils peuvent ainsi se dire adieu, et la phase de deuil se passe en général mieux. Pourtant beaucoup de personnes condamnent le suicide assisté. Ce n’est qu’une question de pouvoir. Certains milieux ne peuvent pas accepter qu’un individu ait la faculté de décider de sa propre mort. Les médecins ne l’acceptent pas, car cela va contre leur pouvoir sur les patients. Le suicide assisté va aussi contre les intérêts de l’industrie pharmaceutique, des Eglises et des responsables politiques. »

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le Mahatma Gandhi était-il un pervers polymorphe ?

aux lecteurs de ce post, remarque préalable

Cet article sur la « perversité » de Gandhi a été publié en 2013, ce blog ayant démarré en 2005. C’est le plus visité parmi les 6647 article parus à ce jour (23 août 2022) sur ce blog biosphere. Comme vous allez le lire, cette « perversité » n’est qu’un mythe. La « grande âme » doit au contraire être considéré comme une référence majeure pour l’humanité. Lire par exemple ce résumé de  la vie du mahatma Gandhi :

Autobiographie ou mes expériences de vérité

Et retenez cette phrase de Gandhi : « N’importe quelle question peut être examinée de sept points de vue au moins, tous exacts en soi, mais non dans le même temps ni dans les mêmes circonstances. »

Le Mahatma Gandhi, la Grande âme, était-il un pervers ?

Une de ses petites-nièces, Mridula Gandhi dite Manu, dormait nue à ses côtés. La jeune fille avait alors 17 ans. Il en avait soixante de plus. Mais il « voulait tester en leur présence nocturne et dévêtue sa résistance au désir »*. Pourquoi publier ces extraits des carnets intimes de Manu ? Pourquoi insister sur les jalousies qui sévissaient dans l’entourage de Gandhi ? Que cherche le journaliste Frédéric Bobin en racontant une telle histoire ? La réponse est simple, il faut flirter avec le scandale pour vendre du papier, même quand on est journaliste au MONDE. Frédéric Bobin laisse même entendre que cette « expérience » de cododo (co-sleeping) a complètement déstabilisé Manu**.  Rien dans cet article pour rehausser l’image d’un homme qui a été le principal levier de l’indépendance de l’Inde, un artisan par l’exemple de la validité des méthodes de la non-violence et un modèle de limitation des désirs qu’on appellerait aujourd’hui recherche de la simplicité volontaire.

En vérité Frédéric Bobin aurait pu dire que Gandhi était sans doute au sens freudien un « pervers polymorphe ». Sigmund Freud situe la perversion dans les pulsions qui visent une satisfaction « polymorphe », ou détournée, c’est-à-dire un but autre que génital. L’adulte serait l’enjeu de la dynamique des fixations et des régressions, et pourrait développer une perversion dans le sens psychopathologique. La perversion deviendrait alors l’expression de la pulsion d’emprise, et son fondement psychique serait, selon Freud, le déni de la différence des sexes. Peut-être que Gandhi avait des difficultés à pratiquer une sexualité normale, son vœu de chasteté n’en serait qu’un des symptômes et sa relation nocturne avec Manu un autre. Mais ce n’est pas l’essentiel et cela relève d’ailleurs de la vie personnelle qu’un journaliste se devrait de respecter.

En fait, dans son autobiographie, Gandhi explicite clairement sa position personnelle sur l’acte sexuel : « Que devaient être mes rapports sexuels avec ma femme ? Ce que je voulais surtout, c’était ne plus avoir d’enfants. En Angleterre, j’avais lu des textes se rapportant à l’usage de produits anticonceptionnels. Si cette propagande a exercé sur moi une influence passagère, le plaidoyer de Mr Hill pour l’effort intérieur (opposé aux moyens extérieurs) a fait sur moi un effet beaucoup plus grand. Le couple qui comprend parfaitement ce genre de chose n’accomplira jamais l’acte d’union sexuelle pour satisfaire le désir charnel, mais dans les seuls moments où il désire un enfant. »

La chasteté pour Gandhi n’était qu’un moyen malthusien de limitation des naissances. N’oublions pas aussi que Gandhi a été forcé à se marier à l’âge de 13 ans et qu’à seize ans, il attendait déjà un enfant. D’où son voeu de chasteté. Frédéric Bobin ferait mieux de se documenter avant de pondre un article aussi pervers.

* LE MONDE du 22 juin 2013, Gandhi, la chasteté et les femmes

** « Gandhi privilégia son « expérience » (de cododo) entêtée sur sa réputation politique. Manu ne se remit jamais vraiment de l' »expérience ». »

NB : Pour contacter l’auteur de cette analyse, biosphere@ouvaton.org

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respect du vivant, hommage radical à la dénatalité

Nous devenons iconoclastes, choquants, violeurs de tabous  en affirmant, contre la propagande nataliste, que la croissance démographique est un mal pour la nature et à terme pour l’humain.

Plus les hommes seront nombreux, plus il faudra urbaniser, artificialiser, plus croîtront les besoins en énergie et moins les autres formes de vies conserveront une place sur la terre. Quant aux hommes, la qualité de la vie s’altérera, lorsque l’Europe ne sera plus qu’une vaste mégapole sillonnée d’axes de transports, transformant ce que la mode appelle « l’environnement » en un permanent
enfer urbain. La biodiversité aura disparu et ce d’autant que trop d’humains se révèlent intolérants à toute autre forme de vie. Malgré quelques velléités de bien faire, malgré les colloques scientifiques et les déclarations pontifiantes des dirigeants de la planète, l’homme se comporte encore en ennemi de la terre.

La France se glorifie stupidement de son taux de natalité supérieur à celui de tous ses voisins. La propagande officielle s’en réjouit sur le thème : « pour payer les retraites de demain ». En fait, cela pourrait bien être : Pour surcharger les statistiques de pôle emploi. Que veulent-ils ? Pour eux, croître est une finalité qui se suffit à elle-même. Quelle place laisserons-nous aux ours, aux loups, aux oiseaux, aux amphibiens ? Voilà une question qui n’effleure même pas l’esprit étriqué des natalistes poursuivant leur course folle au toujours plus, leur logique de cellule cancéreuse de la terre.

Donc, le plafonnement du quotient familial n’est qu’une mesurette financière visant à ponctionner des citoyens en se gardant bien de toucher aux incitations au troisième enfant. Il fallait instaurer une dégressivité des allocations familiales et leur suppression pour un couple percevant plus de dix mille Euros par mois. J’entends nos détracteurs me reprocher d’être un misanthrope voulant sacrifier l’humain au reste du vivant. Actuellement, c’est l’humain qui sacrifie le vivant. Un biocentriste, en condamnant l’anthropocentrisme, fait oeuvre de philanthrope. Car nous voulons des humains heureux, prospères, hédonistes mais réconciliés avec les autres espèces et sachant partager la planète avec elles. Pour sauver la nature et donc pour sauver l’humain, deux conditions cumulatives doivent être réalisées :

– D’une part, l’homme doit aimer le vivant et cesser de l’anéantir.

– D’autre part, la population humaine ne doit plus croître au point d’occuper tout l’espace et de dégrader son propre cadre de vie.
lettre (résumée) de Gérard CHAROLLOIS, dimanche 16 juin 2013

www.ecologie-radicale.org

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en mémoire du malthusien convaincu René Dumont (7/9)

Toute sa vie, l’agronome René Dumont s’obstina à rendre compte de cette évidence qui lui avait sauté aux yeux en 1930, sur les bords du fleuve rouge : l’expansion démographique est en train de miner la planète. A cette époque, le delta indochinois ne comptait encore que 430 habitants au kilomètre carré, avec cependant des pointes à près de 1000 à l’ouest et au sud. Le jeune ingénieur passait ses journées parmi les familles vietnamiennes à étudier les méthodes d’intensification de la culture du riz. Il en avait tiré la conséquence essentielle : « Aucun progrès sensible ne pourra être réalisé tant que le delta portera un excès de population qu’il ne peut ni nourrir convenablement ni occuper normalement. » Dans son livre La culture du riz dans le delta du Tonkin (1935), il constatait que « la classe pauvre jeûne » et il annonçait que « la misère va s’accroître ». Il dénonçait l’« erreur monstrueuse des autorités coloniales françaises que constitue l’extension à l’Indochine de la loi du 31 juillet 1920 réprimant la provocation à l’avortement et la propagande anticonceptionnelle ». Que font les pauvres ? des gosses. Et comment nourrit-on de plus en plus de gosses ? En surexploitant les sols et les ressources naturelles jusqu’à l’épuisement, en dégradant l’écosystème. Pour l’agronome, il n’y a aucun doute : « L’agriculture ne peut plus assurer la sécurité alimentaire mondiale… La loi des rendements décroissants des facteurs de production domine l’agriculture. » Tout son univers avait basculé le jour où il découvrit que la terre n’est pas inépuisable, pire qu’elle est en train de s’épuiser : « L’Afrique consomme tous les jours son capital de fertilité comme on exploite une mine. » Pour lui « la réduction des naissances serait le vrai remède ».

Mais quels que soient les régimes, les cultures et les religions, personne n’écoute. Le « croissez et multipliez » constitue la certitude commune de l’humanité. Le communiste Maurice Thorez s’en prend directement à Dumont : « Les communistes condamnent les conceptions réactionnaires de ceux qui préconisent la limitation des naissances et cherchent ainsi à détourner les travailleurs de leur bataille pour la paix et le socialisme. » Dans l’ouvrage Richesse et population, Alfred Sauvy écrit : « Le nombre crée la pression et la pression fait jaillir la qualité. » Avec Economie agricole dans le monde (1953), l’agronomie déroule le fil d’une autre logique : à partir d’un certain seuil, la pression démographique conduit au déclin. « L’équilibre biologique est une notion à laquelle l’esprit toujours paresseux résiste. Sa nécessité est niée par une bien curieuse conjonction : celle des catholiques et des marxistes ». « Les possibilités offertes par la nature sont limitées », écrit-il en 1966. A la différence de tous ceux qui annonçaient la « défaite de Malthus », l’observateur inlassable des réalités de terrain n’a cessé de constater que « la fécondité galopante ne fournit pas de main d’œuvre mais un surplus de bidonvilles. » Pire, elle renforce les dépendances et les dominations : « L’explosion démographique est la plus fidèle alliée du néocolonianisme. »

En Afrique, dès 1962, c’est à l’idée dominante qui veut que le continent soit sous-peuplé que Dumont s’oppose en juxtaposant deux chiffres : 3 % de croissance démographique contre 1 % de croît agricole. En 1965, Boumediene déclare en s’emparant du pouvoir qu’à la fin du siècle l’Algérie sera une grande puissance grâce à ses 40 millions d’habitants. Dumont lui fait tenir immédiatement un  message : « Sur 40 millions d’Algériens, il y aura 39 millions de miséreux et 1 million de privilégiés. » En 1965, Dumont titre son deuxième ouvrage sur le pays de Mao La Chine surpeuplée. Tiers-monde affamé. Il y prévient que plus le gouvernement tardera à prendre des mesures, plus celles-ci se  révéleront féroces. Des décisions interviennent effectivement en 1970, et avec quelle brutalité (enfant unique, avortement obligatoire) ! Dumont ne gémit pas : « De la Chine au Kenya, il n’est malheureusement plus possible, sans danger pour le pays, de laisser aux couples la liberté de se reproduire à leur guise. » Dès 1966, dans Nous allons à la famine, il avait fait ses comptes : avec un taux moyen de croissance démographique prévisible de 2,7 % l’an, le tiers-monde compterait près de 5 milliards d’habitants en l’an 2000. « La catastrophe est inévitable », concluait-il. «  En envoyant dans ces pays le médecin et la religieuse avant l’agronome, on a permis aux enfants de survivre aux épidémies avant de leur préparer la nourriture pour qu’ils puissent vivre dignement. » En Egypte, en 1967, au grand dam des autorités religieuses, il confronte la hausse de la natalité à la baisse au débit du Nil. Au Bangladesh, où l’agronome se rend pour la première fois en 1973, il découvre le « risque de surpeuplement le plus effroyable ». La croissance démographique va rendre les moussons encore plus meurtrières, prévient-il, dans la mesure où la population, faute de place, sera amenée à s’installer sur les zones ruinées périodiquement par les inondations ou par les cyclones.

Le développement est la meilleure des pilules, s’accorde-t-on à dire à la conférence mondiale de Bucarest sur la population (1974). Dumont estime que les conditions actuelles de dénuement économique et de crises écologiques posent le problème démographique dans des termes différents de ceux qu’a connus l’Europe : « C’est quand la population s’emballe que s’amplifient les dégâts du productivisme, compromettant les moyens mêmes de production ». On n’a plus les capacités d’assurer les conditions du décollage économique. La vérité oblige aujourd’hui à reconnaître que la natalité n’appelle pas la richesse et le développement n’est pas au rendez-vous pour contenir la natalité. Dans un contexte de baisse de la mortalité et de pénurie économique, la croissance de la population resserre les mailles du sous-développement et aggrave la destruction de l’environnement. Comme l’annonçait Dumont, la « bombe à retardement » a frappé. Depuis 1975, l’agronome estime qu’après examen de nos potentialités agricole, il ne faudrait jamais dépasser 7 ou 8 milliards d’habitants au total.

Au tournant des années 1980, les théories ultralibérales prennent le relais des aveuglements archaïques. Guy Sorman (un « ignorant », lâche Dumont) annonce la défaite de Malthus et, dans un ouvrage de 1986, il fait de la croissance démographique la « nouvelle richesse des nations ». Au même moment, Jean-Claude Chesnaix, dans La revanche du tiers-monde, qualifie la croissance démographique de moteur du développement par la dynamique qu’elle enclenche, par « la pression à l’innovation ». Dumont voit ses amis tiers-mondistes faire le dos rond. Dumont lance aux tenants de la thèse libérale : « Quand vous aurez partagé le repas des mal-nourris, vous aurez droit à la parole. » Qu’un enfant soit décédé directement d’inanition ou indirectement de kwashiorkor (prostration à la suite d’un déficit en protéines) ou de marasme (fonte musculaire par manque de calories), il n’empêche qu’il est mort !

En 1989, il se sépare avec fracas de Frères des hommes, l’organisation non gouvernementale avec laquelle il travaillait étroitement, dans la mesure où celle-ci se refuse à inscrire la surnatalité comme une cause essentielle du sous-développement. Dumont ne peut admettre que cette organisation tiers-mondiste écrive : « Une bouche de plus à nourrir, c’est aussi deux bras et un cerveau prêt à travailler, donc à produire. » Car dans ses incessants va-et-vient autour de la planète, l’agronome a trop souvent vérifié combien l’expansion de la natalité creusait la tombe des vivants. Un gosse des collines du Bihar indien lui demande : « Quel mois chez toi on a faim ? » Les principes moraux de respect de la personne qu’on lui oppose ne l’impressionnent pas. Il invoque pour sa part une autre morale : « A quoi bon amener à la vie un enfant pour laisser mourir un peu plus loin ceux qui sont déjà nés ? » Le prétexte productiviste le scandalise tout autant : « Les deux bras de plus, que peuvent-ils produire chez les paysans sans-terre ou dans les bidonvilles, sinon être exploités abominablement ? »

Place donc au volontarisme : politique antinataliste, planning familial, suppression des allocations familiales après le deuxième enfant, scolarisation prioritaire des fillettes, recul de la date au mariage, libération et promotion de la femme. Par le biais de la natalité, l’agronome devient un fervent féministe. « Entre le Charybde de la contrainte écologique et le Scylla de la contrainte démographique, il faut se révéler fin navigateur. » La seule bonne nouvelle, c’est la baisse de la fécondité dans les pays riches : « Moins les riches seront nombreux, moins ils détruiront la planète. »

René est mort le 18 juin 2001, souvenons-nous de son malthusianisme. Une conviction écologique pousse à la lutte contre la surpopulation …

Source : René Dumont, une vie saisie par l’écologie de Jean-Paul Besset

en mémoire du malthusien convaincu René Dumont (7/9) Lire la suite »

Si les hommes portaient les bébés, avorter serait adoré

Si les hommes portaient les bébés, l’avortement ne serait pas une loi, ce serait un sacrement. Cette formule se retrouve dans un article que consacrait LE MONDE à Henry Morgentaler en 1975 *. L’avortement était légal au Québec depuis 1969 « lorsque la santé ou la vie de la mère est menacée », mais les hôpitaux étaient libres de ne pas exercer cette possibilité. On a aussi interprété dans un sens restrictif la notion de santé de la mère en éliminant les indications psychiques ou morales. Les francophones du Québec étaient donc obligées d’avorter à New-York. C’est pourquoi ce gynécologue, né en Pologne, ancien rescapé des camps de déportation, décida de pratiquer des avortements de façon plus souple dans sa propre clinique.

Au début de 1973, Morgentaler fit connaître publiquement ses activités. Il dénonçait ainsi l’attitude des médecins francophones du Québec qui, en majorité catholiques et à mentalité nataliste, bloquaient l’application de la loi. Le gynécologue montréalais, pourtant membre du Mouvement humaniste,  a focalisé sur lui la hargne de tous les adversaires de l’avortement. La Cour suprême du Canada a condamné ce médecin, alors qu’un jury, en 1974, avait rendu un verdict d’acquittement. En 1975,  il a donc été envoyé pour dix-huit mois en prison !

LE MONDE titre aujourd’hui : Henry Morgentaler médecin canadien, militant du droit à l’avortement**. Morgentaler vient de mourir le 29 mai 2013. Morgentaler affirmait:  » Toute mère doit l’être par choix. «  Mais toute sa carrière, le médecin a dû affronter le mouvement pro-vie et la violence d’éléments radicaux. En 1992, sa clinique torontoise est soufflée par l’explosion d’une bombe. Onze ans plus tard, un homme l’attaque avec un sécateur. Ce ne sont pas les néo-malthusiens qui sont des fascistes, ce sont ces intégristes qui n’ont d’autres arguments percutants que l’usage de la violence contre tous ceux qui veulent pour leurs enfants une vie digne d’être vécue.

* LE MONDE du 29 juillet 1975,  » Si les hommes portaient les bébés… »

** LE MONDE du 6 juin 2013, « rubrique Disparitions »

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Le fantasme de l’immortalité, une perte de sens

Ivan Illich est un penseur célèbre, décédé en 2002 des suites d’un cancer du cerveau qu’il a volontairement choisi d’assumer jusqu’au bout sans vouloir l’opérer. Il  considérait que les tumeurs sont un exemple de maladie traitée de manière contre-productive par la médecine ; le mourant s’agrippe aux résultats des examens médicaux et ne juge de son état qu’à travers eux.

Le transhumaniste Laurent Alexandre est d’un avis contraire, il vise à « euthanasier la mort » pour vivre mille ans et plus*. Il suffirait de modifier notre nature humaine par des interventions technologiques en utilisant la puissance des NBIC (nanotechnologies, biologie, informatique et sciences cognitives).

Ivan Illich s’étonne de la technicisation de la mort dans son ouvrage La perte des sens : « Dans la tradition galénique, les médecins étaient formés à reconnaître la facies hippocratica, l’expression du visage indiquant que le patient était entré dans l’atrium de la mort. A ce seuil, le retrait  était la meilleure aide qu’un médecin pût apporter à la bonne mort de son patient. Ce n’est qu’au milieu du XIXe siècle qu’apparaît le docteur en blouse blanche aux prises avec la mort, qui arrache le patient à l’étreinte de l’homme-squelette.  De même que l’habitude d’aller « en voiture » atrophie les pieds, la médicalisation de la mort a atrophié le sens intransitif de vivre ou de mourir. La gestion de l’agonie a fini par apparaître comme la tâche de l’équipe médicale, la mort étant décrite comme la défaite de ladite équipe. L’âge industriel réduit l’autonomie somatique, la confiance dans ce que je sens et perçois de mon état. Les gens souffrent maintenant d’une incapacité à mourir. Peu sont capable d’envisager leur propre mort dans l’espoir qu’elle apporte la dernière touche à une vie active, vécue de manière intransitive. »

Laurent Alexandre croit au miracle technologique : « La demande de vivre plus longtemps est insatiable. La fusion de la biologie et des nanotechnologies va transformer le médecin en ingénieur du vivant et lui donnera peu à peu un pouvoir fantastique sur notre nature biologique. Un enfant qui naît aujourd’hui aura probablement une espérance de vie nettement plus longue… de quoi atteindre 2150 et, peut-être, de proche en proche, atteindre 1 000 ans. Faust, de retour grâce aux technologies NBIC. La fixation des limites dans la modification de l’espèce humaine conduira très certainement à des oppositions violentes entre bioconservateurs et transhumanistes. » Inutile de préciser que Laurent Alexandre est à la tête d’une entreprise de biotechnologie.

De notre point de vue, les pénuries d’énergie et autres ressources naturelles vont rendre impossible le projet transhumaniste à moins de le réserver à une caste qui accaparerait tous les pouvoirs. Nous ne voulons pas de cette société là, nous préférons naître et mourir de façon la plus naturelle possible.

* LE MONDE science&médecine du 5 juin 2013, Vivre mille ans ?

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consensus nataliste chez les dirigeants occidentaux

Les familles vivant au Royaume-Uni bénéficient de 100 euros pour le premier enfant, puis 66 euros supplémentaires par enfant. En Allemagne, on donne 184 euros par enfant et par mois. On ne comptera pas les « prestations d’accueil », « primes à la naissance » et autres revenus parentaux. Les Occidentaux n’ont pas seulement un niveau de vie qui détériore les capacités de la planète, il faut augmenter encore plus le nombre de futurs consommateurs. C’est l’objet de la politique familiale. Pas un mot dans LE MONDE* du débat entre natalistes et malthusiens en France, on s’interroge seulement sur les modalités des allocations familiales. Même le fait de supprimer ou non les allocations pour les plus riches ne fait pas débat, on agira de façon indolore sur les impôts : aucun contribuable n’est en mesure de savoir combien lui rapporte en termes de réductions d’impôt le mécanisme du quotient familial*.

En France, les clivages gauche-droite n’ont plus cours, ils veulent tous soutenir la multiplication des bébés. Le Modem s’oppose à toute mesure susceptible de culpabiliser les familles nombreuses. Le Front de gauche qui avait pourtant promis prendre le tournant écologique défend l’universalité des prestations familiales, il ne faut pas pénaliser les riches en la matière. Un comble pour un parti anti-riches ! Le porte-à-porte du PCF ose parler de « la bonne santé démographique (à maintenir) dans notre pays », ce qui veut dire pour lui une forte fécondité soutenue par l’Etat. Sans surprise le Front national plaide pour une politique nataliste « volontaire », on entrevoit la célèbre formule « Kinder, Kirche, Küche ». Le parti socialiste a toujours été nataliste et anti-malthusien. Personne pour dire « trop c’est trop », trop d’enfant tue la planète.

* LE MONDE du 4 juin 2013, Le gouvernement renonce à réduire les allocations, le premier ministre a annoncé l’abaissement du plafond du quotient familial

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optimum démographique pour l’humanité : 200 millions ?

Que dire de vrai quand tout est relatif  ? Quelle serait la population mondiale optimale, son meilleur niveau ? Voici trois critères, soumis à vos observations :

1/3) Un optimum relatif à la durabilité    

La durabilité  de l’humanité coïncide avec celle des équilibres écologiques. Toutes les autres finalités sont soumises à cette contrainte de maximisation de la durée. Toute autre règle viserait à organiser notre propre disparition. La nature, de son côté, n’a d’autre objectif que de survivre sur Terre par des mécanismes d’adaptation permanente. L’objectif de durabilité est le même, mais sans intentionnalité pour les autres formes de vie.

2/3) Un optimum relatif au nombre  

Une Terre sans l’espèce humaine est mieux susceptible de préserver ses équilibres écologiques. Avec un très bas niveau de technologie, certaines sociétés pré-néolithiques pouvaient être considérées comme parfaitement intégrées, les humains restant des prédateurs parmi d’autres. Rappelons qu’il y a 10 000 ans nous étions seulement de 5 à 10 millions sur l’ensemble de la planète. Quelle population retenir pour une humanité vivant sur des conditions technologiques comparables à celles d’aujourd’hui et se donnant pour objectif de durer aussi longtemps que faire se peut ? Je propose pour ma part, une population d’environ 200 millions d’habitants sur la planète. Notons également que cela suppose une baisse annuelle de la population de 0,7 %  sur 500 ans, à comparer à la croissance d’environ 1,2 %  que nous connaissons actuellement. Ce résultat pourrait être obtenu en maintenant une fécondité comprise entre 1,5 et 1,8 enfant par femme en moyenne. Cette évolution ne conduit ni à un dépeuplement trop rapide ni à une pression trop forte sur les couples pour imposer une fécondité très basse.

3/3) Un optimum au niveau des moyens

Une fécondité de 1,5 est atteinte spontanément par certains pays européens, la Chine avec une politique volontariste est à tombée à 1,7 enfant par femme. Attendre du développement économique est un leurre puisque nous sommes à l’aube d’une grave crise écologique due à l’épuisement des ressources. Le changement culturel et la coercition se mélangeront en proportion variable selon les pays. Mais nous savons déjà définir les moyens de base à la maîtrise de la fécondité : généralisation des moyens de contraception et des possibilités d’avortement, éducation des jeunes et des adultes à la notion de capacité de charge de la planète et d’optimum démographique, revalorisation du statut de la femme qui ne doit plus subir le machisme nataliste.

(Texte librement interprété à partir d’un article du site Démographie responsable)

NB : Nous avons déjà traité sur ce blog biosphere cette notion d’optimum

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Bientôt l’effondrement auquel personne ne veut croire

La population mondiale était évaluée en 1947 à 2 325 000 000 d’habitants. La population mondiale est de 7 120 500 000 personnes en ce mois d’avril 2013. Multipliée par trois au cours d’une courte vie humaine, si ce n’est par quatre pour un centenaire ! Certains croient que cette évolution n’a rien de dramatique. Nous pensons au contraire que l’effondrement de notre civilisation globale ne peut plus être évité. Aujourd’hui la société technologique est  menacée  par un ensemble de problèmes environnementaux qu’accroissent l’expansion démographique. La liste est longue : érosion rapide de la biodiversité ; exploitation irraisonnée des océans ; destruction accélérée des insectes pollinisateurs ; épuisement des sols et des eaux souterraines ; réchauffement climatique ; acidification des océans ; etc.

Le biologiste Paul Ehrlich a toujours eu comme idée que la démographie était au centre de tout, que nous sommes trop sur la planète et qu’il fallait trouver des moyens pour être moins nombreux. James Brown, professeur à l’université du Nouveau-Mexique : « On commence à prendre conscience qu’une croissance exponentielle ne pourrait pas continuer indéfiniment sur une Terre finie… La bombe P et les limites de la croissance deviennent probablement une réalité en ce moment même. » Le biologiste Gilles Boeuf, président du Muséum national d’histoire naturelle : « Ce que souligne Paul Ehrlich, c’est que, même si, dans la situation actuelle, on calcule que la Terre pourrait nourrir neuf milliards d’humains, nous ne sommes absolument pas sûrs que cela soit encore possible dans quelques décennies… Simplement parce que le système de production va commencer à subir les effets des perturbations que nous avons introduites dans le système, à commencer par le changement climatique. » (Éléments d’information de ce paragraphe tirés principalement du MONDE Culture & Idées du 9 février 2013, Notre civilisation pourrait-elle s’effondrer ? Personne ne veut y croire – article de Stéphane Foucart)

La revue Nature a par exemple publié, au printemps 2012, deux vastes synthèses de la littérature scientifique, menées collectivement par une quarantaine de spécialistes du fonctionnement des écosystèmes. Leurs conclusions sont glaçantes : non seulement l’ensemble de la biosphère terrestre connaîtra une « bascule abrupte et irréversible » dans les prochaines décennies, du fait des transformations apportées par l’homme à l’environnement, mais les services rendus aux économies par ce dernier vont perdre en efficacité du fait de l’érosion de la biodiversité. Mais le gouffre est énorme entre les centaines d’études alarmantes et l’inertie des réactions. La communauté scientifique a toujours peur d’être accusés de catastrophisme ou d’opinions militantes ou exagérées. Les médias évitent les sujets trop anxiogènes. La situation telle que la perçoivent les spécialistes des écosystèmes est ignorée par le plus grand nombre.

Au terme de leur longue tribune dans Proceedings of the Royal Society B, Paul et Anne Ehrlich affirment : « L’effondrement de la civilisation globale peut être évité car la société moderne a montré de la capacité à traiter les menaces de long terme, si elles sont évidentes et continuellement portées à notre attention… Mais nous estimons que la probabilité d’éviter l’effondrement n’est que d’environ 10 % ».

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Et si Malthus finissait par avoir raison ?

Thèse :

1) Un écologiste se doit de traiter l’enjeu démographique. Avant même d’être le choix d’un couple, le nombre d’enfant a des conséquences collectives si importantes qu’il faut en délibérer démocratiquement.

2) La façon de consommer des populations a certes des répercussions néfastes sur l’environnement, mais le nombre d’hommes et de femmes présents sur la planète fait problème. La question démographique est aussi importante que le mode de vie des Américains qui, s’il était généralisé, nécessiterait plusieurs planètes. Par exemple le Bangladesh, hormis les très petits pays tels que Singapour, est le pays le plus densément peuplé au monde. Il n’y avait que 42 millions d’habitants en 1951, il y en a plus de 150 millions aujourd’hui : la situation est ingérable.

3) Le rythme auquel s’est accru la population mondiale au cours des cinquante dernières années est préoccupant. Le nombre d’êtres humains a plus que doublé en quarante ans, la baisse de la mortalité infantile ayant été associée à des taux de natalité encore élevés : il n’y a pas transition démographique pour de nombreux pays. Le nombre des femmes en âge d’avoir des enfants demeure supérieur à ce qu’il était pour la génération précédente. D’où un nombre absolu de naissances qui demeure très élevé.

Antithèse : Avec le texte ci-dessus, nous nous opposons point par point au chapitre « Démographie » du petit livre « L’économie verte en trente questions »* :

1) Les écologistes n’assument pas toujours de traiter de l’enjeu démographique. Pour des raisons de respect des libertés individuelles : la décision d’avoir ou non des enfants est d’abord une affaire personnelle, même si les décisions prises par les femmes et les hommes à ce sujet ont des conséquences collectives.

2) Mais une autre raison peut conduire à considérer la question démographique comme secondaire. Ce  ne serait pas tant le nombre d’hommes et de femmes présents sur la planète qui ferait problème, mais la façon dont consomment les plus riches d’entre eux. Ainsi, si un pays peut être considéré comme surpeuplé aujourd’hui, ce n’est pas le Bangladesh, mais les Etats-Unis d’Amérique, au vu du mode de vie des habitants de ces deux pays

3) Pour autant, le fait que la croissance de la population mondiale ralentisse est tout de même une excellente nouvelle, au vu de la pression sur les ressources qu’imposera dans tous les cas la satisfaction des neuf milliards d’habitants que la Terre comptera en 2050.

Synthèse : Ce hors-série d’Alternatives économiques se termine par des considérations avec lesquelles nous ne pouvons qu’être d’accord : « Le mouvement de baisse de la fécondité sera d’autant plus rapide qu’on parviendra à élever les niveaux de vie, à étendre les systèmes de protection sociale – et notamment l’éducation des filles – et à mettre à déposition de tous les moyens contraceptifs permettant d’éviter les grossesses non désirées. »

Le problème, c’est que les négociations internationales ont toujours échoué à traiter de front la question démographique, croyant que le « développement » suffirait à faire baisser la fécondité. La vulgate anti-malthusienne aura fait beaucoup de mal, contribuant à l’explosion démographique actuelle : 1 milliard d’habitants s’ajoute en moyenne tous les douze ans depuis quarante ans sur une planète dont les ressources se raréfient. Comme le dit ce hors-série, « Crise écologique, crise économique, crise sociale, il faut changer de cap ». Le malthusianisme, c’est-à-dire une politique volontariste de maîtrise de la fécondité, est une nécessité. Vous pouvez adhérer à l’association « Démographie responsable »

* Hors-série poche n° 61 (Alternatives économiques, mars 2013)

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L’échec de la politique démographique indienne

Qu’est-ce qui se cache derrière le titre du MONDE « l’Inde est en passe de gagner la bataille démographique » ? Ce n’est pas parce que la population de l’Inde va dépasser celle de la Chine d’ici à 2030 que l’Inde s’ouvre des perspectives d’avenir !

D’abord l’article de Julien Bouissou fait preuve d’un anti-malthusianisme non fondé : « Contrairement aux prévisions malthusiennes pessimistes, l’augmentation de la population indienne ne débouchera pas nécessairement sur des famines ou sur un désastre économique et social. » Admirons l’astuce, « pas nécessairement ». S’il y a des millions de morts de faim, l’article aura quand même raison ! Donnons à l’auteur de cette figure de style quelques raisons de devenir malthusien. Le quintuplement de la population indienne entre 1901 et 2010, passant de 240 millions à 1,2 milliard d’habitants, a inévitablement créé des conditions nouvelles en termes d’environnement et de développement. Si la révolution verte a permis d’accroître fortement la production agricole, les coûts écologiques et économiques des pratiques mises en place ne peuvent être ignorés : biodiversité mise à mal, usage intensif d’engrais et pollution, recours aux pesticides, développement de l’irrigation et assèchement des rivières, mécanisation qui encourage l’endettement, vulnérabilité financière des paysans. L’Inde est confrontée à une dégradation des terres à grande échelle liée autant à l’intensification des cultures qu’à la fragilité naturelle des sols. La très forte progression de la densité de la population en Inde (77 habitants au kilomètre carré en 1901, 382 aujourd’hui) explique aussi les difficultés alimentaires. L’article de Bouissou reconnaît d’ailleurs que « un enfant sur deux souffre de malnutrition ».

L’article s’appuie ensuite sur le « dividende démographique », lié au rapport favorable actifs/personnes à charge dans une population jeune. Encore faut-il que les actifs ne se retrouvent pas chômeurs. C’est ce que l’article reconnaît, « des millions d’emplois devront être créés pour absorber le surplus de main d’œuvre ». Comment ? Développer l’industrie ? Investir dans les infrastructures ?? Le mahatma Gandhi préférait à juste raison l’artisanat dans un pays qui a déjà trop de bras et la relocalisation des activités contre la mondialisation des échanges.

Pour le reste, Julien Bouissou énonce toutes les batailles démographiques que l’Inde est en train de perdre : difficultés en matière de santé publique, absentéisme scolaire, déséquilibre à la naissance entre filles et garçons. Un titre racoleur fait donc un mauvais titre quand le contenu de l’article dit l’inverse. L’Inde ferait mieux de suivre l’exemple chinois d’un enfant par famille… et LE MONDE devrait progresser en matière d’analyse démographique.

* LE MONDE du 2 avril 2013, l’Inde est en passe de gagner la bataille démographique  (Julien Bouissou)

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la politique démographique chinoise ne doit pas changer

En Une du MONDE, d’après le titre racoleur, il semblerait que « la Chine veut revenir sur la politique de l’enfant unique ». Mais ce n’est pas parce que la Commission de la planification familiale va fusionner avec le ministère de la santé que le gouvernement chinois va changer de politique démographique.

Quels sont alors les arguments de fond du journaliste Brice Pedroletti* ? Il paraît que les « démographes chinois » (sans plus de précisions) réclament un assouplissement de la planification familiale au motif que « le taux de fertilité est passé bien en dessous du seuil de renouvellement de la population ». Comme si la population chinoise, de 1,253 milliard en 2012, était un idéal à conserver. Rappelons qu’une population doit toujours être mis en rapport avec la capacité de charge d’un pays, c’est-à-dire les possibilités pour les écosystèmes de pourvoir à l’entretien durable des habitants. Or, si on prend les autres titres sur lemonde.fr ce jour, on s’aperçoit que la Chine est déjà gravement polluée par sa production d’engrais ou que la pollution des rivières chinoises est un fléau. De plus le problème démographique chinois n’est pas seulement le nombre de personnes. L’article de Pedroletti rappelle que la priorité des dirigeants chinois est d’élever le produit intérieur brut (PIB) par habitant. Or la Chine est confrontée à un véritable dilemme. Si la population chinoise augmente moins vite en raison de la politique de l’enfant unique, mais que chaque Chinois change de mode de vie pour se  caler sur celui d’un Européen moyen, il est à prévoir que la pression environnementale ne diminuera pas !

Brice Pedroletti ne témoigne donc d’aucune profondeur dans son raisonnement. Pire, il commet dans un second article** le défaut journalistique courant de chercher le scandale. Le titre parle de lui-même : « Stérilisations forcées, séquestrations et tortures ». Il paraît qu’en Chine sévit une « armée d’avorteurs en marge de la légalité ». Mais quand on lit l’article, il n’est plus question de ce qu’annonçait le titre. Le contenu ne repose que sur des cas particuliers : principalement celui de Gao Liguo qui a voulu cacher aux autorités la grossesse de sa femme et Yang Zhizhu qui a été suspendu de son poste d’enseignant après la naissance de sa seconde fille. C’est vraiment insuffisant pour étayer cette conclusion de l’article : « une politique de planification familiale honnie par la population. »

Nous attendons mieux d’un journaliste écrivant dans un quotidien qui était dit jusqu’à maintenant « de référence ».

* LE MONDE du 2 avril 2013, La chine revient sur le dogme de l’enfant unique (Brice Pedroletti)

** LE MONDE du 2 avril 2013, Stérilisation forcées, séquestrations et tortures (Brice Pedroletti)

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une politique familiale sans allocations familiales ?

Le socialiste Didier Migaud suggère d’intégrer les allocations familiales dans le calcul de l’impôt sur le revenu. Thibault Gajdos répond* : « Au lieu de débattre des objectifs de la politique familiale, on ratiocine sur ses modalités… Cette « politique familiale » tant vantée, dont le quotient familial est l’inébranlable totem et les allocations familiales l’indépassable tabou, est clairement et fortement nataliste… Mais une natalité forte est-elle souhaitable ? Historiquement, une population nombreuse était un facteur puissant de domination. Ces temps sont évidemment révolus… Un second argument est souvent invoqué : une forte natalité serait un facteur de croissance économique. Le problème est qu’aucune théorie ni aucune donnée ne permettent de défendre ce point de vue. Bien au contraire… Ce n’est pas tant le nombre de bras qui importe que la qualité des cerveaux. Or, plus le taux de natalité est élevé, plus l’investissement dans l’éducation par enfant, et donc la croissance, sont faibles… Une autre politique familiale est possible. Celle qui vise, non pas à poursuivre des objectifs natalistes, mais à améliorer le bien-être et l’éducation des enfants en donnant la priorité aux plus pauvres. »

Si les propos de Thibault Gajdos sont clairement croissanciste (« Une telle politique favorise la croissance »), ils n’en restent pas moins carrément malthusiens. Ils rejoignent ainsi les préoccupations du MEI (Mouvement des écologistes indépendants) qui vient de se prononcer pour une réorientation des allocations familiales. Voici en résumé leurs positions : « La poursuite d’une politique volontariste en faveur de la natalité peut être mise en cause du triple point de vue écologique, moral et économique. Écologique d’abord, car la planète ne supporte plus nos effectifs… Problème moral ensuite, les allocations familiales sont d’abord des prélèvements qui touchent ceux qui, par leur relative retenue démographique se comportent de la façon la plus responsable et la plus écologique… Économique enfin, car quelle est la logique de ce soutien inconditionnel à la natalité ? On nous dit souvent qu’il faut préserver l’avenir. C’est une triste plaisanterie… Peut-on sérieusement compter sur une société qui, pour notamment financer les retraites, exigerait que chaque génération soit plus nombreuse que la précédente ? … On ne financera pas les retraites avec les chômeurs… »

Le MEI propose une allocation de 100 euros dès le premier enfant (au lieu de 0 actuellement) et de garder le même montant quel que soit le nombre d’enfants. Nous pensons de notre côté que l’Etat n’a pas à intervenir financièrement dans le  choix du nombre d’enfants par les familles : il ne donne rien. Par contre la formation des enfants (et des parents) doit porter aussi sur la capacité de charge de la planète : à chacun d’en tirer les conséquences et d’assumer ses propres choix.

* LE MONDE économie du 12 mars 2013, Et si l’on repensait vraiment la politique familiale ?

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Un technologue face à la procréation médicale assistée

Sur ce blog, nous nous interrogeons aux événements en tant qu’ils relèvent de la nature et de l’écologie. Or toutes nos activités humaines utilisent une quantité plus ou moins grande de ressources terrestres. Par exemple le sommeil et la méditation sont les activités les plus sobres qu’on puisse pratiquer, et donc les plus écologiques. On peut alors classer les techniques selon leur intensité croissante en ressources mesurées en termes d’énergie. C’est une première méthode. Rester au plus simple dans notre demande d’énergie exosomatique, c’est alléger notre trace sur la planète. Médicaliser la procréation nécessite des spécialistes alors que la fonction de reproduction n’a pas normalement besoin de porteur de chandelles.

Deuxième méthode d’appréciation d’une technique, la validité sociale de la division sociale du travail qui rend les choses plus complexes et exige donc toujours plus de prélèvements sur la nature. Il faut savoir choisir. C’est la question « faut-il utiliser des ressources naturelles ici plutôt que là », sachant que dans un système clos comme le nôtre, ce qui est utilisé pour une application technique ne peut plus l’être pour agir ailleurs. La PMA est une technique sophistiquée, connaissant beaucoup d’échecs et possible financièrement seulement dans un pays riche (ou pour les riches des pays pauvres). Il faut lire René Frydman (le « père » d’Amandine, premier bébé-éprouvette français en 1982) qui demandait encore récemment dans une tribune du MONDE toujours plus d’argent pour la PMA. (11.01.2013, Un plan pour la procréation médicalement assistée). La société de croissance nous a trop habitués à dépendre de techno-organisations complexes et à y voir les conditions du progrès alors qu’il faudrait économiser les ressources. De quel type de médecine avons-nous réellement besoin ? C’est une question fondamentale qu’on doit socialement se poser.

On peut aborder aussi une troisième dimension, l’équilibre nécessaire entre une population et son écosystème. Médicaliser la procréation, c’est vouloir pallier à une insuffisance naturelle, la stérilité. Or la démesure de notre empreinte écologique humaine, qui dépasse déjà la capacité de charge de la biosphère, devrait nous inciter à accepter une stérilité, qu’elle soit masculine ou féminine, naturelle ou forcée (couple homosexuel). C’est en ce sens que la  PMA devrait être rejetée dans les pays riches. Pas pour des raisons morales ou religieuses, mais parce que la planète est déjà surpeuplée. Les personnes en capacité de procréer ont mille raisons de ne pas faire d’enfants. Il ne faut donc pas considérer socialement le fait de ne pas avoir d’enfant comme une damnation, mais comme une juste limitation par la nature de notre pouvoir de désirer. Nos citoyens devraient se rendre compte que faire des enfants à n’importe quel prix dans un monde surpeuplé n’est pas un signe de liberté, mais une soumission à la vision traditionnelle qui fait de l’enfant à naître un épanouissement de soi. Pour Simone de Beauvoir, la femme n’est pas vouée à la fécondation et certaines féministes aujourd’hui choisissent la nulliparité même quand elles sont fécondes. Avoir un enfant même si on ne peut pas est-il vraiment un droit quand toute naissance supplémentaire aujourd’hui, particulièrement dans un pays riche, consume la planète en surconsommant ? Nous devrions au contraire assumer politiquement un choix raisonné en limitant le nombre des naissances. Ne pas avoir d’enfant n’est pas plus douloureux et insupportable que ne pas être un séducteur ou un savant, ou un artiste de génie.

Enfin la PMA interfère avec la sélection naturelle. Pour un couple hétérosexuel, la PMA peut avoir des conséquences négatives sur les descendants, par exemple en termes de cancer : on a forcé la nature, notre génétique n’est plus adaptée. Quand il s’agit d’une relation homosexuelle, la PMA pour lesbiennes est un moyen de nier les lois de l’évolution en refusant l’altérité des sexes et donc les mécanismes de l’évolution. Le sexe n’est autre que la production par un organisme de nouvelles versions de lui-même dans lesquelles les gènes disponibles sont redistribués. En permettant au matériau génétique de se recombiner librement, le sexe offre à la sélection naturelle beaucoup plus de variantes que si les organismes continuaient à se reproduire sans lui (les bactéries). S’il faut se mettre à deux pour faire un troisième, c’est justement pour que ce dernier ne soit identique à aucun des premiers. Ce sont les variantes génétiques de la reproduction sexuée qui ont permis la formidable diversité des espèces animales et végétales qui nous entourent aujourd’hui. Alors, pourquoi refuser dans la formation d’un couple la différence sexuée ? Est-ce un problème d’identification à son propre sexe pendant la socialisation primaire ? Est-ce un ostracisme envers le deuxième sexe ? La société peut-elle traiter à égalité des situations inégales et des cas particuliers ?

En définitive, vouloir contourner la sélection naturelle qui a donné la fécondité aux uns et la stérilité à d’autres relève d’une volonté de toute puissance de l’homme, l’hubris, liberté de faire tout et n’importe quoi au nom du « désir individuel » pour le plus grand profit du système capitaliste libéral et de ses spécialistes. En toutes choses, il faut savoir raison garder, c’est-à-dire respecter les limites de la planète. Que les citoyens pratiquent une société moins complexe, plus conviviale parce que plus simple, plus centrée sur nos propres capacités physiques, limitant notre trace sur la planète… à notre avis nous nous en porterons tous mieux.

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Pierre Rabhi, un anti-malthusien en parole et en acte

Pierre Rabhi est une personnalité admirable. Auteurs de nombreux livres, praticien de l’agroécologie, candidaté aux présidentielles de 2002, sa parole est sage et ses actions écologiquement valables… sauf en matière démographique. Il écrit : « Les arguments démographiques que les repus exhibent sans cesse pour justifier l’inanition des pauvres, sont fallacieux et ne résistent pas à un examen attentif. Accuser le million de ventres vides d’être responsables du fléau dont ils sont victimes relèvent du cynisme que la raison et le cœur ne peuvent que récuser. Pour contribuer à réduire ou à supprimer ce terrible fléau, l’agroécologie est souveraine. »*

Nous reconnaissons là le bréviaire des anti-malthusiens : les riches n’ont rien à reprocher à la fécondité des pauvres, notre humanisme à nous est le plus grand, les performances agricoles sont LA solution à la famine.  Sauf que sur la planète, il n’y a pas un million, mais un milliard de ventres vides, sauf que les enfants des riches sont aussi trop nombreux, sauf que l’agriculture industrielle n’arrive pas à nourrir le monde et que l’agroécologie ne ferait pas mieux. Pierre pense qu’en améliorant la fertilité (des sols), « j’augmente la capacité de la terre à nourrir un nombre croissant de personnes sur une surface donnée** ». Sans s’en rendre compte, Pierre définit ainsi la course sans fin qu’il y a entre amélioration des méthodes agricoles et explosion démographique. Il ne se pose pas la question d’une capacité de charge limite de la biosphère à supporter les humains. Il ne semble pas connaître la loi des rendements décroissants en agriculture, loi absolue quelle que soit la méthode d’exploitation des sols utilisée. Il dit : « La démographie n’est qu’un prétexte, pas une cause. Ce ne sont pas les nombreux affamés qui épuisent les ressources.*** » Cette phrase ne serait juste que s’il ajoutait « seulement ». En effet, ce sont à la fois les riches et les pauvres qui épuisent les ressources. Et l’état de pénurie absolue fait en sorte que les pauvres en arrivent même à manger les semences qui devraient servir pour l’année suivante et à détériorer durablement leur écosystème proche. Pierre pense encore que l’émigration est une solution : « Les êtres humains se sont spontanément réunis en clans et en tribus, mais au-delà d’un certain nombre, lorsqu’ils n’étaient plus à même de se nourrir sur un territoire, ils essaimaient pour survivre*** . » Il devrait se rendre compte que sur une planète close et saturée d’hommes, la fin des migrations est proche. D’ailleurs il reconnaît que les humains sont heureux jusqu’à une certaine densité ; quand elle devient excessive, ils sombrent dans l’anonymat des cités…, « La ville est incompatible avec la nature de l’humain.*** » Or l’urbanisation résulte pour une grande partie de la paupérisation des paysans qui n’arrivent plus à vivre de leurs terres, même si elles sont cultivées en agroécologie.

Pierre Rabhi avec sa femme Michèle a fait cinq enfants. Si tous les couples faisaient comme eux, cela correspondrait à une multiplication par deux de la population mondiale tous les 40 ans environ. Nous sommes 7 milliards, en 2100 nous serions plus de 28 milliards. Pierre devrait étudier les évolutions exponentielles et leur course folle. Pierre devrait étudier Malthus, la progression arithmétique de la production alimentaire et la progression géométrique de la population humaine.

* Kaizen, hors série n° 1, janvier 2013 : « Il était une fois, Pierre Rabhi » p.121

** Kaizen p.33

*** Kaizen p.12

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le mariage légal entre femmes, ce n’est pas nouveau

Dans certaines ethnies africaines, il existait un mariage légal entre femmes. C’est le cas des Nuer soudanais chez lesquels la fille stérile est considérée comme un homme de son lignage d’origine. C’est pourquoi elle perçoit une part des dots et, avec ce capital, elle peut à son tour acquitter le prix de la fiancée pour une jeune fille qu’elle épouse légalement. Elle lui choisit, pour engendrer des enfants, un homme pauvre qui gardera le statut de serviteur. Les enfants tiendront pour « père » la femme stérile. Cette histoire, rapportée par Françoise Héritier, montre que le statut de femme stérile engendre socialement des arrangements pour procurer quand même un enfant et remédier ainsi à un « défaut » de la nature. Il s’agit donc d’une société nataliste pour laquelle l’absence d’enfant est une tare. Les Nuers en arrivent même à procurer un enfant à un mort sans descendance.

Ces méthodes paraissent écologiquement valables, elles n’ont pas de coût en énergie extra-corporelle. C’est bien mieux que la procréation médicale assistée (PMA) et infiniment mieux que l’ectogénèse avec utérus artificiel : toute technicisation utilise des ressources en spécialistes et en ressources. Mais l’écologie est un vaste ensemble qui amène à d’autres considérations. Toute naissance supplémentaire aujourd’hui, particulièrement dans un pays riche qui consume la planète en surconsommant (ah, le poids écologique des couches des bébés !) devrait correspondre à un choix raisonné, limitant le nombre de naissance. La stérilité est donc une bonne chose, les personnes en capacité de procréer ont d’ailleurs mille raisons de ne pas faire d’enfants. La démesure de notre empreinte écologique humaine, qui dépasse déjà la capacité de charge de la biosphère, nous incite à accepter une stérilité, qu’elle soit masculine ou féminine, naturelle ou forcée (couple homosexuel). C’est en ce sens que la  PMA ou la GPA (gestation pour autrui) devraient être rejeté dans les pays riches. Pas pour des raisons morales, mais parce que la planète est déjà surpeuplée. Il ne faut pas considérer socialement le fait de ne pas avoir d’enfant comme une damnation, mais comme une juste limitation par la nature de notre pouvoir de désirer.

Nos citoyens devraient se rendre compte que faire des enfants à n’importe quel prix dans un monde surpeuplé n’est pas un signe de liberté, mais une soumission à la tradition qui fait de l’enfant à naître un épanouissement de soi. D’autre part vouloir contourner la sélection naturelle qui a donné la fécondité aux uns et la stérilité aux autres relève d’une volonté de toute puissance de l’homme, l’hubris, liberté de faire tout et n’importe quoi pour le plus grand profit du système capitaliste libéral et de ses spécialistes. Soulignons enfin que la rigueur morale ne peut reposer sur le fait que d’autres pays (ou d’autres personnes) ont mis en place des systèmes qui mettent à mal la filiation.

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pour une politique de l’enfant unique en France

Cocorico : la France est vice-championne d’Europe de fécondité (Le Monde.fr, 15.01.2013). Bientôt 100 millions d’habitants comme le voulaient à une époque ces principes qui nous gouvernent ? Non car avec 2,01 enfants par femme, nous sommes un peu au dessous de ce qu’il est nécessaire pour assurer durablement le renouvellement des générations (2,1). Car « un pic de mortalité a freiné la démographie française en 2012 (LE MONDE du 16 janvier 2013) : canicule, vague de froid exceptionnelle, épidémie de grippe hiver particulièrement rigoureux, gastro-entérite, surmortalité… le réchauffement climatique et les errements du thermomètre ont encore frappé.

Il n’empêche, la journaliste Gaëlle Dupont nous rassure : La France arrive seconde parmi les pays de l’Union, derrière l’Irlande (2,05 enfants par femme). La population française a augmenté de 0,47 % en 2012 et on arrive presque à 66 millions de personnes. Rapprochons ces chiffres de la montée structurelle du chômage, de la disparition inéluctables des ressources fossiles, du fait que le niveau de vie français nécessiterait plusieurs planètes pour être généralisé. Alors l’indicateur de fécondité espagnol, tombé à 1,3 enfant par femme, nous semble un modèle à suivre. Bientôt le modèle chinois d’un enfant par couple serait même l’objectif  à atteindre en France… si les médias ne glorifiaient pas la forte fécondité… si nos gouvernants n’assuraient plus de primes aux famille nombreuses… si nous étions enfin raisonnable…

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