effet de serre

2/4) agir personnellement sans attendre la COP.21

Les conférences internationales sur le climat ne servent à rien si l’ensemble des citoyens du monde ne prennent pas conscience que c’est par mes gestes quotidiens que je favorise ou non les émissions de gaz à effet de serre. Prenons ma façon de me déplacer et de consommer. Au niveau professionnel, j’ai toujours choisi d’habiter à proximité de mon lieu de travail (un lycée) de façon à pouvoir y aller à pied. J’utilise donc le moyen de déplacement le plus doux possible, mes jambes. Mais la plupart des lycéens sont obligés de prendre le bus ou une voiture pour me rejoindre. Mon action individuelle se confronte à des réalités structurelles difficiles à changer. C’est pourquoi la politique d’économies d’énergie va être politiquement une affaire sensible, sources d’affrontements et d’atermoiements. Mais si chacun décidait de se rapprocher le plus possible de son lieu de travail, cela faciliterait la transition énergétique.

Pour les déplacements de loisirs, je les limite au maximum. Après un voyage de tourisme en Egypte que je regrette encore, je me refuse désormais à tout voyage en avion même si ma belle fille est péruvienne. La fragmentation géographique des familles pose un véritable problème quant aux dépenses en énergie. A part des randonnées pédestres pour lesquelles nous faisons du covoiturage à deux couples, mes lieux de villégiature sont chez mes parents (à 200 km) ou chez mon fils (au moins 600 km). Mon ménage possède un seul véhicule. Ma femme voulait une Citroën C4, j’ai montré qu’une C3 nous suffisait amplement. Les économies d’énergie ne sont pas seulement le fruit d’une décision individuelle, c’est toujours un compromis familial, parfois difficile. Je respecte scrupuleusement toutes les limitations de vitesse alors qu’autrefois je roulais sans y penser à 140. Je sais que si j’allais jusqu’au bout de mes convictions, je roulerais bien en dessous des vitesses autorisées. Si j’étais encore plus proche de ce qu’il faudrait, je n’aurai pas de véhicule motorisé individuel. Mon loisir préféré est de marcher le long de la Charente ou dans les bois au sortir de mon domicile. Pour les dépenses courantes de loisirs, je n’achète que des livres d’écologie et mes sorties au cinéma se bornent aux films militants. Et je préfère une bonne partie de belote à une soirée télé.

Dès que j’ai eu mon propre logement, j’ai fabriqué mon lit avec un châlit de bois brut ; une caisse en carton servait de table de nuit. J’utilise depuis 1975 la bibliothèque que j’ai confectionnée en clouant quelques planches. Elle me sert toujours aujourd’hui, contenant uniquement des livres centrés sur l’écologie. Quant aux biens durables, je refuse le portable, mais j’ai un téléphone fixe et un ordinateur branché Internet : uniquement ou presque pour militer avec mon site biosphere. Nous avons une télé, nous pourrions nous en passer. Notre ménage possède aussi un réfrigérateur, souvent vide ; son usage devrait être discontinu, ce que je fais maintenant. Nous avons une machine à laver, mais le besoin de propreté pourrait être satisfait grâce à une laverie collective. Nous avons aussi des appareils électriques superflus, micro-onde, grille-pain, mixer… Mais, et là c’est un bon point, nous avons liquidé notre sèche-linge et notre congélateur. Je me refuse au vélo électrique dont le point faible est la batterie, source d’énergie extracorporelle et non durable. Je refusais jusqu’à récemment la carte bancaire, mais les commerçants acceptent de moins en moins le chèque. J’aimerais une société où ne circule que pièces et billets pour que la contraction monétaire limite les échanges. Pour le poste habillement, je fais au minimum, même si ma femme m’incite à m’habiller mieux que je ne le ferais personnellement. J’use ce que j’ai au maximum, les sirènes de la mode vestimentaire ne sont pas pour moi.
Michel Sourrouille

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1/4) agir personnellement sans attendre la COP.21

Les conférences internationales sur le climat ne servent à rien si l’ensemble des citoyens du monde ne prennent pas conscience que c’est par mes gestes quotidiens que je favorise ou non les émissions de gaz à effet de serre. Prenons ma façon de me loger. Il n’y a pas de limites à la limitation de notre consommation d’énergie : Diogène se contentait de vivre dans un tonneau. Mais Diogène est une exception même si on côtoie sur nos trottoirs des sans domicile fixe. Se fixer ses propres limites est donc un exercice difficile, Il y a ce que je fais et ce je voudrais faire. Personne n’est parfait. Je vais donc parler de mes manques plutôt que de mes éco-gestes.

Pour le logement, j’ai la chance d’être propriétaire après vingt ans d’endettement et d’avoir eu un emploi stable, ce qui n’est malheureusement pas donné à tout le monde. C’est pourquoi j’ai pu faire isoler progressivement au cours du temps mon lieu d’habitation. Je n’ai pas exercé de contrôle sur les matériaux utilisés, or l’énergie grise* et donc l’impact environnemental varie d’une substance à l’autre. Même si j’ai fait intervenir des artisans locaux, j’aurais pu utiliser ma propre force physique pour faire preuve de plus d’autonomie énergétique. J’ai quand même fait quelques efforts personnels, par exemple en enlevant les plaques amiantées qui étaient posées comme isolation ancienne. La dernière dépense dans l’ordre chronologique fut le double vitrage, mais j’ai encore le regret d’avoir envoyé à la casse des fenêtres qui, bien qu’anciennes, auraient pu encore servir.

Ce problème de l’isolation se double de la question du chauffage. Je n’ai toujours pas de solaire thermique sur mon toit, ce n’est pas bien. D’ailleurs ma maison est significative des changements historiques de mode de chauffage. Une cheminée dans chaque pièce montrait l’omnipotence du bois avant que j’y aménage. Il y avait dans la cave à mon arrivé à la fin des années 1970 une chaudière à charbon pour un « chauffage central ». J’ai chauffé ainsi la maison quelques années, renouvelant le charbon, régulant la température par moi-même. Je plaignais celui qui venait me livrer les lourds sacs de charbon et de toute façon le charbon devenait assez rare pour ce type d’usage. Sans compter que le charbon en terme de gaz à effet de serre, c’est le plus mauvais des choix. Alors quand il a fallu changer de chaudière, j’ai opté pour le gaz : quarante à cinquante années de réserves mondiales sous terre, des problèmes de fuites de gaz dans la mer du Nord, cela non plus ne sera pas durable. Je voudrais bien revenir au chauffage au bois, mais si tout le monde faisait comme moi, il n’y aurait bientôt plus de forêts ! Je me contente donc de baisser le thermostat, 18°C dans la journée, 13° la nuit. Je ferais mieux de changer de maison, les enfants devenus grands sont partis et je garde un logement disproportionné par rapport aux deux seules personnes qui y résident. Nous avons un récupérateur de chaleur Tifon dans un foyer de cheminée, mais il nécessite une consommation d’électricité pour pulser la chaleur emmagasinée.

Sans électricité, nous ne sommes plus grand chose, c’est la dépendance absolue. Mon idéal serait la maison passive**, c’est-à-dire la maison qui n’a comme chauffage que celui nécessaire à la préparation culinaire ; mais je suis trop vieux et devenu frileux, pas assez élevé à la dure ! Pourtant c’est ainsi que vivaient mes grands-parents, « chauffés » la nuit par des couettes de plumes avec les toilettes sèches à l’extérieur de la maison. Nous devrions savoir que tout est équivalence énergie, même les plus intimes de nos activités. A chacun de réfléchir et de se limiter comme il peut.
Michel Sourrouille

* énergie grise : quantité d’énergie nécessaire au cycle de vie d’un matériau ou d’un produit : la production, l’extraction, la transformation, la fabrication, le transport, la mise en œuvre, l’utilisation, l’entretien et à la fin le recyclage. Chacune de ces étapes nécessite de l’énergie, qu’elle soit humaine, animale, électrique, thermique ou autre. En cumulant l’ensemble des énergies consommées sur l’ensemble du cycle de vie, on peut prendre la mesure du besoin énergétique d’un matériau ou d’un produit. Cette connaissance peut guider ou renseigner les choix notamment en vue de réduire l’impact environnemental.
** maison passive : On désigne généralement par maison passive un bâtiment qui est pratiquement autonome pour ses besoins en chauffage. Il se contente des apports solaires, des apports métaboliques (habitants, machines) et d’une bonne isolation, ce qui relègue le rôle du chauffage à un simple appoint

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effet de serre et couche d’ozone, quelle est la différence

Du point de vue de la Biosphère, la classe globale (tous ceux qui possèdent un véhicule personnel) ne peut continuer à polluer sans entrave car tous les humains doivent partager à égalité les capacités d’épuration de la planète : ils ne peuvent donc émettre plus de 0,5 tonnes de carbone par habitant et par an. Pourquoi cette limite ?

Dans la basse atmosphère, certains gaz (CO2, méthane) piègent une partie du rayonnement de la chaleur émise par la terre sous l’effet des rayons de soleil et contribuent ainsi à assurer une température propice à la vie (15° en moyenne), sinon la température du globe descendrait en dessous de -18 °. Les gaz à effet de serre sont d’origine naturelle et se recyclent alors que ceux qui sont émis par l’activité humaine (industrie, transports, chauffage…), dégagent dans l’atmosphère du gaz carbonique (CO2) et du méthane (CH4) en brûlant brutalement des ressources fossiles accumulées sur des millions d’années. Le gaz naturel, considéré par certains comme une énergie propre, n’émet pourtant que 30 % de CO2 de moins que le pétrole. Le charbon contribue doublement à l’effet de serre : lors de sa combustion, il émet du gaz carbonique, mais lors de son extraction il génère des émissions de méthane qui s’échappe de la roche mère que constituait le charbon. L’impact du méthane est 23 fois supérieur à celui du CO2 ! Mais le CO2 reste le gaz qui est émis en plus grande quantité. En l’an 2000 un Américain émet en moyenne 20 tonnes de CO2, un Chinois 2,6 t et un Béninois 0,1 tonnes seulement. Ce surplus, bien qu’il soit le fait principalement des pays industriellement avancés, va entraîner une variation climatique sous forme de réchauffement dans la plupart des régions du monde.

Il ne faut pas confondre les atteintes à la couche d’ozone et la modification du climat. L’ozone stratosphérique (O3) est formé par la conversion des molécules d’oxygène en présence des rayons solaires. Cette couche d’ozone absorbe une grande partie des radiations ultraviolettes néfaste pour les organismes vivants en les empêchant d’atteindre la surface de la Terre. Mais certaines activités humaines rejettent des CFC (chlorofluorocarbones) dont on n’a pas immédiatement mesuré les effets négatifs ; les CFC appartiennent aux innombrables composés chimiques fabriqués par la société techno-industrielle, ils ont contribué à la destruction de la couche d’ozone stratosphérique. Par chance, des études scientifiques ont pu montrer à temps l’appauvrissement de la couche d’ozone, mais surtout les industriels avaient dans leurs laboratoires des molécules de substitution aux CFC : des décisions ont été prises lors du protocole de Montréal, signé en 1987 et renforcé en 1992 à Copenhague qui imposent l’interdiction de production des CFC destructeurs de couche d’ozone à partir de l’an 2000. Mais ces circonstances exceptionnelles sont rarement réunies, les humains ne sont que les cobayes de leur croissance économique, ils ne pourront pas toujours maîtriser les conséquences de leurs actes techno-industriels. Ainsi la lutte contre l’effet de serre est beaucoup plus difficile.

Augmenter l’offre d’énergie et en maintenir le prix bas tout en continuant à lier croissance économique et consommation de la population solvable est une stratégie complètement inadaptée à la réalité du monde clos que constitue notre planète. Le cycle du carbone n’est pas respecté, il se vengera. Bientôt nous n’aurons plus de ressources fossiles, ce qui éliminera de facto l’émission en surnombre de gaz à effet de serre, mais le changement climatique aura lieu qui bouleversera la planète.
(texte de Michel Sourrouille, écrit en juillet 2005)

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COP 21 et religion : Adoption d’un accord contraignant

Les représentants des instances des six principaux cultes en France (catholique, orthodoxe, protestant, musulman,  juif, bouddhiste) devaient remettre à François Hollande, mercredi 1er juillet, une déclaration commune appelant à « l’adoption d’un accord contraignant applicable à tous » lors de la conférence de Paris sur le climat, en décembre 2015. Voici le texte de cet appel :

« Nous, membres de la Conférence des responsables de Culte en France, prenons la parole ensemble pour partager notre conviction : au-delà des problématiques techniques, économiques et géopolitiques, la crise climatique relève d’un défi spirituel et moral. C’est d’abord notre rapport à la création comprise comme don de Dieu et à la nature qui est en jeu.
Ayant perdu de vue sa relation à la nature et son intime interdépendance avec tout ce qui constitue celle-ci, l’humanité s’est fourvoyée dans un rapport de domination et d’exploitation mortifère de l’environnement.
Nous sommes mis au défi de repenser et d’habiter autrement notre rapport à la création et à la nature. Nous faisons un. En détruisant l’environnement, l’humanité se détruit elle-même ; en le préservant, nous nous préservons nous-mêmes, nous préservons notre prochain et les générations futures. Notre conscience spirituelle et morale est interpellée.
Nous sommes mis au défi d’agir pour la justice, d’œuvrer pour la paix, de préparer de toute urgence un futur sûr et viable pour nos enfants, en sortant de l’ère des énergies polluantes et en revoyant nos modèles économiques de production et de consommation sans limite.
Nous appelons à un sursaut des consciences vers une action climatique conséquente et à une remise en question de nos valeurs et de nos attitudes. Refusons l’indifférence et l’avidité. Ouvrons-nous à la compassion et à la fraternité. Sortons de nos égoïsmes. Soyons solidaires et prenons le bien commun pour boussole. Persévérons et valorisons chaque action.

Notre appel
La France accueillera et présidera la 21e Conférence des Parties de la Convention cadre des Nations unies sur les changements climatiques (la COP21). La France joue et jouera un rôle diplomatique clé. Nous appelons à l’adoption d’un accord contraignant applicable à tous qui :
– engage à sortir à temps de l’ère des énergies fossiles et vise un ensemble d’objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre qui garde le réchauffement moyen global bien en deçà de 2 °C, doté de règles assurant la transparence, la responsabilité et un processus de révision des objectifs régulier ;
– protège les populations les plus vulnérables aux impacts des changements en leur permettant de s’adapter à ces impacts et en prenant en compte les pertes et dommages qui leur sont causés ;
– favorise un développement écologiquement responsable et la lutte contre la pauvreté en garantissant un financement adéquat, le transfert de technologies et le renforcement des savoirs et des compétences.

Notre engagement
Bien que la COP21 soit une étape clé, nous sommes convaincus que les défis posés par les changements climatiques ne peuvent être relevés de façon effective par les Etats seuls, mais surtout par une mobilisation individuelle et collective, aujourd’hui et dans les années à venir. Nous appelons les membres de nos communautés à prendre conscience des enjeux de la COP21 et à faire évoluer leurs propres modes de vie. Nous nous engageons à enseigner et transmettre à partir de nos textes fondateurs et de nos traditions respectives, l’exigence de prise de conscience, d’éveil et de responsabilité de l’être humain au sein de la nature et de la création. »

(Mgr Georges Pontier et Mgr Pascal Delannoy (Conférence des évêques de France), François Clavairoly et Laurent Schlumberger (Fédération protestante de France), le métropolite Emmanuel et le métropolite Joseph (Assemblée des évêques orthodoxes de France), Haïm Korsia (grand rabbin de France) et Joël Mergui (président du Consistoire central israélite de France), Dalil Boubakeur et Anouar Kbibech (Conseil français du culte musulman) ; Olivier Wang-Genh et Lama Droupgyu (Union bouddhiste de France))
in LE MONDE du 2 juillet 2015, Pour les représentants religieux, « la crise climatique est un défi spirituel et moral »

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GES, les engagements des différents pays

Si nous voulons rester en-deçà de 2°C de réchauffement, il FAUT que les émissions mondiales de gaz à effet de serre commencent à décroître très fortement avant 2025. En Europe, le marché des quotas d’émissions de CO2 est moribond depuis plusieurs années. Sa réforme pourrait aboutir après 2025. Et pourtant l’Union Européenne fait figure de pionnière en matière de transition énergétique ! il suffit de lister les engements de réductions des GES (gaz à effet de serre) des différents pays pour s’apercevoir que la préparation de la COP21 n’est qu’une mascarade.

Le Costa Rica s’engage à devenir un pays neutre en carbone d’ici à 2021. C’est le seul pays qui montre l’exemple que les autres ne suivront pas. D’ailleurs le Costa Rica n’a pas d’armée, preuve s’il en est que le bon exemple n’est pas suivi par les autres.

La Suisse s’engage sur une baisse de 50 % d’ici à 2025 par rapport à 1990. La Suisse est passé de 6,42 tonnes métriques de CO2 par habitant en 1990 à 5,06 en 2013 soit une diminution de 21 %. L’objectif fixé des 50 % est donc atteignable, mais avec quelques efforts sur peu d’années. Notons cependant qu’une division par deux est insuffisante, il faudrait une division des GES au moins par 4 ou 5 dans les pays riches. Comparons avec le Mali qui est passé de 0,05 tonnes métriques de CO2 par habitant en 1990 à 0,04 en 2013 !

L’Union européenne s’engage sur une baisse de 40 % d’ici à 2025 par rapport à 1990. Elle est contente de cette déclaration, c’est bien la seule.

Le Canada s’engage sur une baisse de 30 % d’ici à 2030 par rapport à 2005. Notons la perversité de l’annonce, on ne se fixe plus sur 1990 mais sur 2005. La manipulation des chiffres sera la constante du Canada, gros pollueur du climat avec ses sables bitumineux.

Les Etats-Unis s’engagent sur une baisse de 26 à 28 % d’ici à 2025 par rapport à 2005. Les plus gros pollueurs resteront toujours les moins disant : 18,82 tonnes métriques de CO2 par habitant en 1990 et encore 16,5 en 2013.

Le Japon s’engage sur une baisse de 26 d’ici à 2030 par rapport à 2013. La base de référence, « 2013 », est choisie exprès car les émissions japonaises sont proche du record historique établi en 2007 (1,41 milliard de tonnes équivalent CO2)

La Chine, premier émetteur mondial de gaz à effet de serre depuis 2006 – il représente à lui seul 25 % du total mondial – se fixe pour objectif d’« atteindre le pic de ses émissions de CO2 autour de 2030 tout en s’efforçant de l’atteindre au plus tôt ». Pékin entend aussi « baisser l’intensité carbone [émissions de CO2 par unité de produit intérieur brut] de 60 % à 65 % par rapport à 2005 » et « porter la part des énergies non fossiles dans la consommation énergétique primaire à environ 20 % ». Rien sur la priorité de premier rang, réduire ses besoins industriels et donc cesser d’être « l’atelier du monde ».
(LE MONDE du 1 juillet 2017, La Chine dévoile ses ambitions pour la Conférence de Paris sur le climat)

Rappel de quelques données : le G7 (juin 2015) soutient une réduction, d’ici à 2050, des émissions mondiales de gaz à effet de serre « correspondant au haut de la fourchette de la dernière recommandation du GIEC, laquelle se situe entre 40 % et 70 % par rapport à 2010 ».
Les délégations africaines, et celles des pays en développement de manière générale, demandent une baisse globale des émissions de 40 % à l’horizon 2020. « Fixer comme cap 2050, c’est trop lent et c’est surtout trop tard. »

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GES, l’interdépendance entre économie et démographie

L’équation de KAYA présente les causes du réchauffement climatique Elle met en relation l’influence et le poids de l’activité humaine en termes d’émission direct de gaz à effet de serre :
CO2 = (CO2 : TEP) x (TEP : PIB) x (PIB : POP) x POP => CO2
(CO2 : TEP) : contenu carbone d’une unité d’énergie (qui peut s’exprimer en TEP, tonnes d’équivalent pétrole)
Cela correspond à un choix de ressources naturelles, charbon ou gaz, électricité, énergie renouvelable ou non, nucléaire
(TEP : PIB) : quantité d’énergie requise à la création d’une unité monétaire (qui peut correspondre au PIB)
C’est l’intensité énergétique de l’économie ou inverse de l’efficacité énergétique (qui serait PIB : TEP)
(PIB : POP) : production par personne ou niveau de vie moyen
POP : nombre d’habitants.

Tout est interdépendant, on ne peut agir sur un des termes sans considérer ce qui se passe ailleurs.
–  si on divise par 3 les émissions de gaz à effet de serre, il faut aussi que l’ensemble des autres éléments soit divisés par trois. Peu importe mathématiquement ce qui est réduit.
Cette division par 3 au niveau mondial est une approximation liée à un seuil (politiquement décidé) de 2°C de réchauffement. Les dernières indications scientifiques montrent qu’il ne faudrait pas dépasser le seuil de 1,5°C d’ici 2050, soit une division par 4 (c’est-à-dire – 75%). Ce facteur 4 était envisagé par la premier ministre Raffarin dès 2003 (voir annexe)

– Jean-Marc Jancovici : « Quand Bush a annoncé qu’il allait diminuer l’intensité énergétique de l’économie américaine de 18% en 10 ans, il est facile de voir que cela ne porte que sur l’un des termes de cette égalité (TEP/PIB). Et le reste ? Si la production économique par personne (PIB/POP) augmente de 25% dans le même temps (ce qui représente une croissance de 2,5% par an, soit un objectif conservateur pour n’importe quel gouvernement), avec une population (POP) qui augmente de quelques % dans le même temps (simple prolongation des tendances aux USA), et un contenu en carbone qui reste constant (assertion raisonnable compte tenu des tendances actuelles aux USA), le résultat sera une hausse des émissions de CO2, pas une diminution ! » »

– la tendance moyenne d’augmentation démographique est de 30 % d’ici 2050, soit un peu plus de 9 milliards d’habitants. Il faudrait donc diviser les autres indicateurs par 4, ce qui veut dire par beaucoup plus que 4 pour les pays les plus émetteurs. On mesure les efforts à demander à la population, gigantesque, sachant qu’on ne peut agir dans le court terme sur l’évolution démographique étant donné son inertie.

– Hypothèse d’une croissance annuelle moyenne du PIB de 2 % (2,3 % est atteint en 2012 et 2013) sur 40 ans, soir une multiplication de 2,2. La population serait multipliée par 1,33. Il faudrait donc diviser les autres indicateurs par 9. Or le « contenu en gaz carbonique de l’énergie » a juste diminué de 10 % sur les 40 dernières années. D’autre part le découplage entre TEP et PIB se heurte à l’effet rebond.

étant donné ce qui précède, on est voué à une décroissance économique (récession, voir dépression) et démographique (épidémies, guerres et famine) forcée qu’il s’agit politiquement de maîtriser le mieux possible.

conclusion
Il est donc politiquement absurde d’ignorer la variable démographique et le concept de décroissance économique lors de la COP21. La solution au réchauffement climatique passe obligatoirement par ces deux axes.

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GES : trop d’automobiles ou trop d’automobilistes ?

Un petit exercices simple pour comprendre les émission de gaz à effet de serre et confondre leurs auteurs:
Une automobile A brûle des combustibles fossiles
Il y a émission de gaz à effet de serre I (impact écologique)
Elle ne roule pas sans un automobiliste P au volant.
D’où la formule I = PxA
100 automobilistes possédant une voiture polluent 100 fois plus qu’un automobiliste possédant 100 voitures. On ne peut pas donc dire comme certains décroissants qu’il y a trop d’automobiles, peu importe le nombre d’automobilistes. Mais il faut préciser l’influence des inégalités, un 4X4 pollue plus qu’une petite voiture… et un riche préfère l’avion !
Il faut donc considérer en plus la puissance du moteur, sa consommation, son niveau technique T

D’où la formule célèbre I = PAT (Ehrlich) avec A = Abondance ou consommation ou niveau de vie
Conséquence : Cette équation veut dire qu’il y a responsabilité conjointe dans le réchauffement climatique de P, A et T. Si on bride les moteurs mais qu’il y a plus d’automobilistes, il n’y a pas d’avantage conséquent.

Si on rend l’équation plus complexe, cela devient l’équation de Kaya :
CO2 = (CO2 : TEP) x (TEP : PIB) x (PIB : POP) x POP => CO2
(CO2 : TEP) : contenu carbone d’une unité d’énergie (qui peut s’exprimer en TEP, tonnes d’équivalent pétrole). Cela correspond à un choix de ressources naturelles, charbon ou gaz, électricité, énergie renouvelable ou non, nucléaire…
(TEP : PIB) : quantité d’énergie requise à la création d’une unité monétaire (qui peut correspondre au PIB). C’est l’intensité énergétique de l’économie
(PIB : POP) : production par personne ou niveau de vie moyen
POP : nombre d’habitants.

A toi de considérer ce qu’il faut décroître !

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GES, la France n’a toujours pas de politique crédible

La France se fixe un objectif de réduction de 40 % en 2030 des émissions de gaz à effet de serre et une division par quatre en 2050, par rapport au niveau de 1990*. Mi-octobre 2015 sera publié par décret des « budgets carbone », c’est-à-dire des plafonds d’émissions à ne pas dépasser. Mais pour l’heure, il n’existe encore qu’un document de travail de 89 pages, élaboré par les différents ministères concernés (écologie, transports, agriculture…) ! La ministre de l’écologie Ségolène Royal préfère s’attaquer au nutella et Laurent Fabius fait semblant de s’occuper du climat. De toute façon ce scénario de transition vers une économie moins carbonée ne précise pas les mesures qui permettront de la mettre en place. La taxation du carbone reste par exemple indéfinie. Voici quelques mesures qui rentreront, peut-être, en application à Pâques ou à la Trinité alors qu’elles sont connues depuis 1936 :

Transports : renforcement de l’efficacité des véhicules routiers » (généralisation de la voiture consommant 2 litres aux 100 km et développement des modèles électriques). On reste encore dans le tout voiture, sans considérer le bridage des moteurs, le coût de fabrication de l’électricité et encore moins le dévoiturage ou sortie de la voiture individuelle. Notons que la « promotion de la marche à pied et du vélo » ne peut aller qu’avec de profondes modifications par la localisation des lieux de travail et de consommation près des domiciles. Ah qu’il était bon le temps où, avec les premiers congés payés en 1936, les couples partaient en tandem en vacances !

Bâtiments, « plus dense et très sobre en énergie ». C’est une antienne depuis des années sans qu’on note d’avancées véritables. On devrait expliquer aux ménages qu’une maison passive, c’est une maison qu’on ne chauffe pas… comme en 1936.

Industrie, « amélioration de l’efficacité ». On parle toujours d’efficacité énergétique, qui est un problème technique, et non de la réduction des besoins en énergie, et donc de la fin de la civilisation du tout jetable. On prône pour ainsi dire les valeurs de 1936, Recyclage, Récupération, Réparation…

Agriculture et élevage, vers le « projet agroécologique » avec une moindre artificialisation des sols « limitée à 10 000 hectares par an », six fois moins qu’aujourd’hui. En 1936 on ne connaissait pratiquement que l’agriculture biologique et les villes n’étaient encore que des bourgs, sans autoroutes ni supermarchés.

* Le Monde.fr | 16.06.2015, La France dévoile sa stratégie bas carbone

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Le pape François va-t-en-guerre pour le climat

L’encyclique papale sur l’environnement, Laudato Si (loué sois-tu), va bientôt être officialisée. Cette encyclique est importante, même pour les non-croyants : « Aujourd’hui, croyants et non-croyants sont d’accord sur le fait que la Terre est essentiellement un héritage commun, dont les fruits doivent bénéficier à tous. ». C’est d’ailleurs le premier texte de ce type exclusivement consacré par un pape à la crise écologique. Cette analyse du pape François a vocation à devenir un élément du magistère officiel de l’Eglise et aider à la prise en compte du réchauffement climatique. Selon le pape, réduire les émissions de gaz à effet de serre demande « de l’honnêteté et du courage, notamment de la part des pays les plus puissants et les plus polluants »… « Les négociations internationales ne peuvent pas progresser de manière significative à cause de la position de pays qui privilégient leurs intérêts nationaux plutôt que le bien commun »… « Ceux qui pâtiront des conséquences de ce que nous essayons de cacher se souviendront de ce manque de conscience et de responsabilité. »*

Le pape François en appelle à « toute la famille humaine », croyants ou non, catholiques ou autres, à joindre leurs efforts pour surmonter la crise et engager un changement radical « de style de vie, de production et de consommation »**. Il réfute l’idée que « l’économie actuelle et la technologie résoudront tous les problèmes environnementaux », tout comme celle qui voudrait que « les problèmes de la faim et de la misère dans le monde se résolvent simplement par la croissance du marché ». Mais, fidèle à la doctrine de l’Eglise, il assure que la croissance de la population mondiale n’est pas une cause des problèmes écologiques. Rappelons à tous les chrétiens et à bien d’autres que le nombre d’habitants sur notre petite planète est un multiplicateur de nuisances. On ne peut contredire l’équation de Kaya qui présente les causes du réchauffement climatique

CO2 = (CO2 : TEP) x (TEP : PIB) x (PIB : POP) x POP => CO2
(CO2 : TEP) : contenu carbone d’une unité d’énergie (qui peut s’exprimer en TEP, tonnes d’équivalent pétrole)
(TEP : PIB) : quantité d’énergie requise à la création d’une unité monétaire (qui peut correspondre au PIB)
(PIB : POP) : production par personne ou niveau de vie moyen
POP : nombre d’habitants.

Si on veut diviser par 3 les émissions de gaz à effet de serre, ce qui est un minimum au niveau mondial, il faudrait aussi que l’ensemble des autres éléments soit divisé par trois. Peu importe mathématiquement ce qui est réduit. Or la tendance moyenne d’augmentation démographique est de 30 % d’ici 2050. Il faudrait donc diviser les autres indicateurs par 4, ce qui veut dire par beaucoup plus que 4 pour les pays les plus émetteurs. On mesure les efforts d’économies d’énergie à demander à la population ou à la technique, gigantesque, sachant qu’on ne peut agir dans le court terme sur l’évolution démographique étant donné son inertie. Nous allons payer en termes climatiques le fait que l’Eglise catholique ait toujours œuvré contre le planning familial, la contraception « non naturelle » et l’avortement. Le pape François a encore du chemin à faire pour arriver à la vérité…écologique !

* Le Monde.fr | 16.06.2015, Environnement : le pape en appelle au « courage » et à l’action urgente
** LE MONDE du 17 juin 2015, Climat : le blâme du pape aux pays riches

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le facteur 4 en 2003, diviser par 4 nos émissions de gaz

Le premier ministre français JP.Raffarin expliquait en février 2003 que, pour limiter à 2 degrés le réchauffement de la planète, il fallait en 2050 diviser par deux les émissions de gaz à effet de serre à l’échelle de la planète, soit une baisse annuelle de 3 % : « Pour nous pays industrialisés, cela signifie une division par quatre ou par cinq. En vertu du principe de responsabilité commune mais différenciée, nous devons en effet montrer l’exemple ». Mais dans la pratique, l’effort exigé pour la France par le protocole de Kyoto est l’un des plus faibles de tous les pays industrialisés, une baisse de 8 % des gaz à effet de serre en 2010 par rapport au niveau de 1990. La France ayant fait valoir que l’importance de son parc nucléaire lui laissait moins de marge de manœuvre, l’objectif est alors passé de 8 à 0 % ! Même le respect de ce minimum d’obligation est compromis par la progression constante des émissions dues aux transports et à l’habitat. Deux ans plus tard en février 2005, le Protocole de Kyoto entre en vigueur et le président J.Chirac nous dit que « Kyoto n’est qu’un premier pas, nous devrons diviser par quatre les émissions de GES de l’ensemble des pays développés d’ici 2050 ». Mais l’inertie gouvernementale reste flagrante.

Le ministre de l’écologie, du développement et de l’aménagement durable Serge Lepeltier avait annoncé publiquement la mise en place à partir du 1er janvier 2005 d’un système bonus-malus écologique destiné à limiter l’effet de serre ; inquiet de ce que le plan climat apparaisse trop étriqué, il voulait forcer la main du gouvernement. Le 29 juin 2004 devant les députés, Serge explique de façon passionnée l’intérêt du système bonus-malus, mais les députés UMP sont trop ulcérés d’avoir découvert les mesures de Serge à la télé. En face de lui, papotage et indifférence, pas un seul applaudissement à la fin de son discours. Par la suite le Premier ministre Raffarin contredisait son ministre de l’écologie : « La décision n’est pas encore prise, c’est à l’étude ». Le bonus-malus à l’achat de voitures neuves était donc enterré, il n’y avait plus de mesures symboliques marquant l’opinion. Le Plan Climat a été vidé de sa substance avec l’abandon du bonus-malus écologique, l’arrêt de l’opération « une ville sans voiture », l’absence totale de volonté de remplacer la logique d’augmentation de la production par une priorité donnée aux économies d’énergie (par exemple réduction du budget de l’ADEME).

Jacques Chirac préconise pourtant la réhabilitation énergétique des habitats anciens, une réflexion sur le transport aérien, le renforcement des normes existantes. Mais dans les couloirs, l’UMP (la majorité présidentielle) tourne en dérision le Chef de l’Etat. A cette époque (2003-2005), les mots écologie, environnement, développement durable sont dans la bouche de tout un chacun, mais on n’a pas tiré les conséquences que cela implique, une révision fondamentale de notre fonctionnement socio-économique et un changement de notre mode de vie.

(texte tiré de nos archives personnelles, du temps où ce blog n’existait pas encore)

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COP21, l’article le plus perspicace enfin dans la presse

« Les engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre par les pays qui en sont responsables ne seront pas tenus… Le système de gouvernance climatique mis en place voilà plus de vingt ans est complètement déconnecté du monde réel… Ce formidable hiatus, ou « schisme de réalité », en temps de crise, entre d’un côté la continuation apparente du processus démocratique et de l’autre la violence et l’arbitraire… D’un côté l’enchaînement des conférences sur le climat, de l’autre l’exploitation forcenée des ressources d’énergie fossiles et l’affirmation farouche des souverainetés… Le Protocole de Kyoto, signé en 1997 avec entrée en vigueur en 2005, n’a eu aucun effet : en 2005, le monde émettait 29 milliards de tonnes de dioxyde de carbone (CO2) ; en 2013, il en émettait près de 37 milliards de tonnes… Une forme de schizophrénie conduit les responsables politiques à rivaliser de déclarations alarmantes sur le climat tout en continuant à subventionner massivement les énergies fossiles : 5 000 milliards de dollars par an au niveau mondial.. Nous voici dans la « double pensée » imaginée par Orwell dans 1984, cette faculté à mettre en veilleuse la plus élémentaire logique pour accepter des faits contradictoires, et pour cela être capable d’« oublier tout ce qu’il est nécessaire d’oublier, puis le rappeler à sa mémoire quand on en a besoin, pour l’oublier plus rapidement encore ». »

Dans cet article*, Stéphane Foucart emploie deux dénominations parlantes : « schisme de réalité » et « double pensée ». Une autre expression est similaire, « dissonance cognitive ». Le psychosociologue Leon Festinger a appelé ainsi la situation de notre psyché lorsque se mettent à l’habiter deux croyances contradictoires, ce qui entraîne un malaise profond. De ce sentiment d’inconfort, que fait la conscience ? Ou bien elle intègre les informations nouvelles et veille à en tirer les conséquences : les politiques savent que nous allons dépasser le seuil de 2°C, passage vers des perturbations ingérables. Ou bien la conscience trouve le moyen d’éviter d’y penser en participant à une mascarade nommée COP21. Il y a une telle opposition entre ce qu’on sait de dramatique (ou catastrophique) de source sûre et le besoin absolu de pouvoir conserver son statut social qu’on veut ignorer ce qui fait mal pour croire à ce qui n’est qu’illusoire. Les politiques choisissent la voie du moindre effort.

Mais avec cette chronique planète de Stéphane Foucart, journaliste reconnu, on nous donne pour la première fois une vision claire de la réalité des choses. Les journalistes eux aussi sont trop souvent les premiers à tenir un double langage : ainsi Pujadas au journal télévisé nous promet pour bientôt des robots domestiques. Son cerveau schizo fait-il un seul instant le lien avec les monstrueuses quantités d’énergie qu’il va falloir pour cela ? Quel lien avec son précédant sujet, réussir la conférence climat ? La seule vérité qui devrait être reconnue à la fois médiatiquement et politiquement : impossible de lutter contre le réchauffement sans décroissance drastique du niveau de vie de tous ceux qui peuvent se payer une bagnole.

* LE MONDE | 08.06.2015, Un « schisme de réalité »

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Rester en dessous de 2°C, un objectif politique illusoire

Notre société en pollupullulation est obligée de simplifier à l’extrême en habillant de chiffres abstraits une réalité très complexe. Ainsi cet objectif fétiche à ne pas dépasser les « Deux degrés Celsius », emblème de la lutte contre le changement climatique en cours. Stéphane Foucart dans son article* est clair : « Le niveau de sécurité garanti par ce seuil est largement sujet à caution. » Cette limite de 2 °C n’est d’ailleurs pas issue d’un travail scientifique, mais le fruit d’une décision politique : cela semblait raisonnable et médiatiquement valable.

Dans son dernier rapport, la CCNUCC** estime au contraire que dans un monde plus chaud de 2 °C par rapport à la période préindustrielle, « la rapidité du changement climatique deviendrait trop importante pour certaines espèces », que « l’élévation à long terme du niveau de la mer pourrait excéder un mètre » ou encore que « les risques combinés du réchauffement et de l’acidification des océans deviendraient élevés ». Dans la plage de réchauffement comprise entre 1,5 °C et 2 °C, la survenue d’« effets non linéaires » (c’est-à-dire emballement climatique) n’est cependant pas exclue. Or la différence des efforts à accomplir est très élevée : selon le GIEC, avec un objectif de 2 °C cas, il faut réduire les émissions de 40 % à 70 % d’ici à 2050, et rester en dessous de 1,5 °C nécessite une réduction de 80 % à 90 %. En 2011, le climatologue américain James Hansen (NASA) – le premier à avoir alerté l’opinion en 1988 sur le réchauffement climatique – avait déclaré que la trajectoire vers 2 °C de réchauffement était « la promesse d’un désastre ». Il est encore possible qu’à seulement 1°C (c’est-à-dire plus chaud de 0,15 °C par rapport au niveau actuel) l’effondrement de la calotte de glace du Groenland fasse grimper de sept mètres le niveau de la mer.

La lutte contre le réchauffement climatique devient donc une tâche absolument nécessaire mais pratiquement impossible. Réduire par exemple nos émissions de gaz à effet de serre de 75 %, c’est les diviser par 4 en 35 ans. Personne ne dit dans les négociations internationales comment y arriver. L’idée d’un prix mondial du carbone a été abandonnée lors de la conférence de Copenhague de 2009 et la diplomatie climatique s’est transformée en une chambre d’enregistrement de promesses de réduction sans lendemain. Des économistes donnent quelques pistes : « Une taxe carbone mondiale serait la meilleure solution. Mais la mise en place d’un marché d’émissions nous semble être la solution la plus pertinente dans le cadre actuel. »*** Or le marché carbone à petite échelle a déjà montré ses insuffisances, la carte carbone « nationale » est refusée par presque tous les pays, à plus forte raison si elle est mondialisée. Il nous restera donc la carte carbone de rationnement, mais il sera déjà trop tard pour éviter la montée des eaux, l’acidification des océans, la perte de biodiversité, les réfugiés climatiques et, cela a déjà commencé, guerres, famines et épidémies.

* LE MONDE du 6 juin 2015, Réchauffement : le seuil limite des 2 °C est trop élevé
** Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC)
*** LE MONDE éco&entreprise du 5 juin 2015, pour un accord efficace sur le climat

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Inefficacité absolue des conférences sur le climat

« En Chine, quelqu’un aurait établi un texte sur le climat et à la fin on voterait. Ici vous votez le moindre adjectif. Vous pourriez même voter pour savoir ce qu’on va manger ce soir. » (un étudiant)*
« Vous retrouvez aux conférences sur le climat des centaines de personnes devant leur ordinateur, en train de discuter un point du texte entre crochet ou de jouer aux mots croisés ! » (Ségolène Royal, ministre française de l’écologie)**
« On aurait du trouver un accord depuis longtemps. A la conférence sur le climat de Bali, en décembre 2007, il avait été décidé de trouver un accord général pour 2009. Deux ans plus tard, à Copenhague, cela ne s’est pas produit. Discuter sans effet, pendant que la situation continue de se dégrader, c’est comme jouer du violon pendant que la maison brûle. » (Helen Clark, administratrice du PNUD)

Tout le monde est donc d’accord, les conférences internationales sur le climat ne servent absolument à rien. Pendant ce temps-là, EELV fait paraître un clip assez anodin (pour ne pas dire débile » sur ce qui devrait sauver le climat, c’est-à-dire l’action quotidienne de chaque citoyen : http://eelv.fr/2015/06/02/clip-les-citoyens-sauvent-le-climat/

Notons que ce clip est précédé d’une pub pour les voitures Renault alors que l’écologie politique devrait montrer qu’il n’y a pas de voiture propre : tout automobiliste contribue au réchauffement climatique, il brûle du carbone fossile. Il faudrait dire à nos concitoyens que la sortie du père carbone va être dure, difficile, éprouvante, avec décroissance du niveau de vie. Mais ni les médias ni les politiques n’ont le courage de le dire à haute voix.

* LE MONDE du 2 juin 2015, Des centaines d’étudiants ont simulé les négociations sur le climat
** LE MONDE du 2 juin 2015, Ségolène Royal : « l’ONU est inadaptée à l’urgence climatique »
*** Le Monde.fr | 02.06.2015, « Le monde attend un vrai leadership sur le climat »

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Inutilité des conférences internationales sur le climat

Les Conférences internationales sur le climat passées, présentes et futures ne servent à rien. Nos dirigeants restent bloqués dans leurs croyances ! Démonstration :

1/2) Paris et Berlin affichent leur entente sur le climat (extraits du MONDE du 20 mai 2015)
– Pour la chancelière Angela Merkel, ancienne ministre de l’environnement, la « croissance durable » est une thème privilégié. (prendre la mal pour le remède)
– Pour Fabius, les technologies pour lutter contre le réchauffement climatique sont devenues moins onéreuses et les entreprises y voient un marché. (un ministre technophile et libéral)
– La somme des engagements nationaux de réductions des émissions de gaz à effet de serre ne suffira pas pour ne pas dépasser les 2°C. Or, un mécanisme imposant aux pays de faire des efforts supplémentaires est politiquement exclu. (politique des lâches)
– Un rendez-vous est envisagé en 2025 pour voir quels effets produisent les mesures mises en œuvre en 2020. (remettre aux lendemains…)
– Les Etats s’étaient mis d’accord à Copenhague pour investir dans un fonds vert 100 milliards de dollars chaque année à partir de 2020. A ce jour, seulement 10 milliards ont été promis. (les promesses n’engagent même pas ceux qui les font)

2/2) Sur l’excellent blog de Matthieur Auzanneau
Martin Wolf, maître analyste au Financial Times, la pythie de la City : « Je crois qu’il est certainement déjà trop tard pour empêcher un réchauffement de plus de 2°C. »
Alain Juppé : « Je vous recommande de voir le film Interstellar : on devrait peut-être se chercher une autre planète ! » Il a pouffé un peu.
Ali Al-Naïmi, ministre du pétrole saoudien : « Où serait l’Ouest aujourd’hui sans le pétrole ? Les carburants fossiles domineront encore le mix énergétique mondial jusqu’en 2040-2050. »
Liu Zhenya, président de la compagnie d’Etat en charge du réseau électrique chinois envisage « un réseau omniprésent pour un village global harmonieux avec ciel bleu et mer verte », capable d’acheminer l’énergie solaire à travers les fuseaux horaires et les continents d’ici à 2050.
Laurence Tubiana, ambassadrice de la France chargée des négociations sur le changement climatique : « Tout le monde veut un accord, mais un accord a minima. »
http://petrole.blog.lemonde.fr/2015/05/25/le-climat-cest-cuit-pourquoi-la-conference-climatique-de-paris-sera-un-succes/

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rôle de la démographie dans le réchauffement climatique

1/2) rôle de l’accroissement démographique dans les émissions de gaz à effet de serre
L’Institut international pour l’analyse des systèmes appliqués (IIASA) basé à Vienne : « Notre étude a montré qu’un ralentissement de la croissance démographique pouvait favoriser une réduction notable des émissions de gaz à effet de serre. » Si l’on venait à réaliser la plus basse projection onusienne de croissance démographique, cela seul contribuerait « à hauteur de 16 à 29 % à la réduction d’émissions requises pour juguler les graves conséquences du réchauffement mondial ». (octobre 2010)
Optimum Population Trust (OPT au Royaume-Uni) affirme que la croissance démographique ne devrait pas dépasser le milliard additionnel en 2050, comparativement aux 2,3 milliards que prévoit l’ONU : « Si les mères de la planète réduisaient le nombre d’enfants qu’elles mettent au monde, en 2050 il pourrait y avoir 1,2 milliards de responsables du changement climatique en moins par rapport aux chiffres escomptés. » Une personne inexistante n’a pas d’empreinte écologique : l’économie d’émissions est immédiate et totale. La plus efficace des stratégies individuelles contre le changement climatique consiste à limiter le nombre d’enfants que l’on a. La plus efficace des stratégies nationales et internationales consiste à limiter la taille de la population. C’est une stratégie d’autant plus pertinente dans les pays développés comme le Royaume-Uni en raison de leurs niveaux élevés de consommation.
David Satterthwaitte : Entre 1980 et 2005, l’Afrique subsaharienne a généré 18,5 % de l’accroissement démographique mondial et 2,4 % de l’augmentation des émissions de dioxyde de carbone. La Chine a généré 3,4 % de l’accroissement démographique mondial et 44,5 % de l’augmentation des émissions de dioxyde de carbone.
Frederick Myerson : « Il me semble plus facile de réduire les grossesses non désirées, un objectif que nous savons pouvoir accomplir par l’amélioration des services de santé génésique et de l’éducation, que de miser sur une réduction des émissions par habitant, un point sur lequel nos résultats demeurent médiocres (avril 2008)
Ian Angus et Simon Butler : Si la quantité de CO2 dans l’atmosphère est telle qu’un dangereux changement climatique est vraisemblable, cela démontre qu’il faut transformer l’activité humaine et non qu’il y a trop de monde.

2/2)  rôle de l’immigration dans les émissions de gaz à effet de serre
D’après le canadien William Rees, coauteur du concept d’empreinte écologique, non seulement l’immigration nuit à l’environnement du pays d’arrivée, mais l’argent que les immigrants envoient à leur famille restée au pays entraîne aussi une hausse de la consommation qui « aggrave la pollution et l’épuisement net des ressources », en plus de « court-circuiter toute rétroaction négative qui aurait pu mener autrement à l’instauration de politiques nationales visant à modérer la croissance démographique et la détérioration écologique ».
Federation for American Immigration Reform (FARM) : « Les Etats-Unis ne pourront réduire de façon substantielle leurs émissions de CO2, à moins de restreindre fortement l’immigration. »
Center for American Studies (CIS) : Si les immigrants établis aux Etats-Unis étaient restés dans leur pays d’origine, le total estimé de leurs émissions annuelles de CO2 ne serait que de 155 tonnes. C’est 482 millions de tonnes en moins que les 637 tonnes qu’ils devraient produire aux Etats-Unis. Cette hausse de 482 millions de tonnes traduit l’impact de l’immigration sur les émissions mondiales. »
Ian Angus: De tels arguments ponctuent les propos réactionnaires qui justifient par la « surpopulation » la suppression de l’aide aux pays pauvres, l’élimination de l’aide sociale et la fin de l’immigration vers les pays riches des habitants du tiers-monde. (conférence de juin 2010)

(extraits du livre Une planète trop peuplée ? (le mythe populationniste, l’immigration et la crise écologique) de Ian Angus et Simon Butler)

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Campagne de désinvestissement des énergies polluantes

Que se passera-t-il quand les énergies fossiles seront épuisées ? L’effondrement de la société thermo-industrielle. Il n’y a pas d’autres réponses possibles. C’est pourquoi tout est fait pour éviter la sortie des énergies fossiles. Pourtant charbon, pétrole et gaz sont la première cause du réchauffement climatique et représentent 80 % des émissions mondiales de CO2 et 67 % des émissions de gaz à effet de serre. Pour rester sous la barre de 2 0C de hausse de la température moyenne du globe d’ici à 2100 – l’objectif fixé par les Etats –, il faudrait renoncer à exploiter un tiers des réserves de pétrole, la moitié de celles de gaz et 82 % de celles de charbon, soit au total 2800 gigatonnes de CO2 qui doivent rester sous terre. Une autre conception, plus scientifique, estime qu’au-delà d’une concentration atmosphérique de gaz carbonique la stabilité du climat terrestre n’est plus garantie. D’un niveau préindustriel de 350 ppm (parties par million) de CO2, il faudrait rester en dessous de 350 ppm. Nous sommes déjà parvenus à 400 ppm. Il faudrait donc immédiatement cesser toute extraction de combustibles fossiles. LE MONDE* donne deux pages à cette question, mais l’essentiel du dossier est consacré à une donnée marginale, le possible désinvestissement de l’argent placé dans les compagnies. C’est l’objectif principal de l’ONG 350.org tel qu’il est présenté. Mais ces campagnes mondialisées ne s’intéressent jamais à ce que l’on fait après avoir « désinvesti » : l’argent part ailleurs, dans une activité rentable, donc forcément éloignée des critères écolos.

Un autre article** donne la parole au Réseau pour la transition énergétique, ex Comité de liaison des énergies renouvelables (CLER). Le raisonnement de son délégué général Raphaël Claustre est irréfutable : « Le 100 % énergies renouvelables n’est pas seulement possible ; il s’imposera de toute façon un jour à la société. » Sans énergies fossiles, il faudra bien utiliser autre chose, y compris la force physique de chacun de nous. Mais éoliennes et centrales hydroélectriques ne suffiront jamais à nous fournir le niveau de confort que nous avons atteint. Alors les partisans des énergies fossiles jouent sur du velours. Ainsi Philippe Bordenave, directeur général délégué de BNP Paribas, assurant qu’une banque ne pouvait se retirer totalement du fossile : « Il faut encore que les gens se chauffent ! »

C’est là la clé du problème climatique, les besoins exprimés par nos concitoyens. S’ils allaient à pied ou en vélo à leur travail, s’ils faisaient uniquement du tourisme de proximité, s’ils ne chauffaient pas les chambres à coucher, alors nous pourrions passer en douceur à une société post-carbone. Mais ils veulent 4×4 et quads, tourisme dépaysant et climatisation généralisée. C’est pourquoi l’effondrement de la société thermo-industrielle ne se fera pas en douceur, à coup de « désinvestissement » et d’énergies renouvelables. Les partisans de la sobriété énergétique ne sont pas assez nombreux, ils sont d’ailleurs inexistants dans les colonnes du MONDE et dans les programmes politiques.

* LE MONDE du 19 mai 2015, Energies fossiles, stop ou encore
** LE MONDE du 19 mai 2015, « Le 100 % renouvelable en France est possible et s’imposera »

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Le vide des appels de François Hollande sur le climat

En février 2015, il avait lancé « l’appel de Manille » destiné à attirer l’attention de la communauté internationale sur les effets du réchauffement climatique. François Hollande a réitéré depuis la Martinique, samedi 9 mai, « l’appel de Fort de France ».
Un conseiller du chef de l’Etat confie : « Dans tous les déplacements qu’il fera à l’étranger, il doit y avoir une dimension climat ». mais aune indications sur les efforts collectifs à faire alors que chacun de nous rejette beaucoup de gaz à effet de serre. Les commentateurs sur lemonde.fr* descendent en flèche cet appel sans consistance :

Ricardo Uztarroz : Cet appel, comme tous ceux qui vont sans doute suivre, va avoir le même écho que celui qu’il lança depuis Manille. Personne ne s’en souvient malgré l’intervention de deux actrices, il est vrai sans turbulences ni relief. On sent qu’avec lui tout se consume avant même que la foudre frappe.
Sarah Py : Mr Hollande décrit comme un éternel optimiste, aimant la légèreté des blagues, ayant du mal à s’inscrire dans un récit, jusque-là peu sensible à l’écologie, se transforme en Cassandre face aux défis climatiques !
Roland Berger : Tout se passe normalement. Un chef politique européen alerte les habitants des Caraïbes des dangers que leur fait courir le réchauffement climatique. Bravo !
Admirateur : Hollande dans le rôle de Monsieur Météo : du brouillard pour masquer la médiocrité des 3 premières années de son mandat.
Alain Mangold : M. Hollande parle mais agit en sens contraire en abandonnant l’écotaxe… Tout est dit.
Jacques Moulan : A faire d’abord en France : rétablir l’ecotaxe, reprogrammer l’autoroute ferroviaire entre Calais et Bayonne, limiter la vitesse sur autoroute à 110 km, mettre en place le tiers-financement en même temps que l’obligation de rénovation thermique du bâti ancien, établir des contrôles a posteriori d’application de la RT 2012 sur le neuf, rendre obligatoire 50% de photovoltaïque sur les toitures neuves, etc., etc… Faire de l’écologie punitive, ce que ne veut pas Ségolène Royal !
Labess : Hollande pourrait commencer par abandonner l’A319, prendre un petit avion, et même ne plus faire campagne avec tous ces moyens : ces discours creux, il peut les faire à Paris.
Doc Philo : Combien de petites îles disparaissent quand un avion Rafale fait son grand tour à l’exportation ?

* Le Monde.fr | 09.05.2015, A Fort de France, l’appel de François Hollande pour le climat

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Pourtant il faudra bien un jour se passer de voiture

Pic de pollution en Ile-de-France*. Pourtant la ministre socialiste Ségolène Royal refuse des mesures de restriction du trafic routier contre l’avis des élus locaux : « Empêcher quelqu’un de prendre sa voiture, c’est une mesure privative de liberté (…). Personne ne peut ni imposer, ni vociférer, ni exiger » ; « La circulation alternée, ce n’est pas rien : cela se prépare et se maîtrise. Cela ne se fait pas par des déclarations sur la place publique exigeant telle ou telle décision. » La maire socialiste de Paris, Anne Hidalgo, fulmine. Le président socialiste de la région Ile-de-France, est furax : « Je ne pense pas que la ministre puisse imaginer que nous fassions de la gesticulation ou des vociférations. On ne peut pas spéculer sur la santé des gens, et c’est de la responsabilité de l’Etat. C’est une question éminemment étatique. »

Ségolène Royal se retrouve donc du côté des fumeurs de carburant, ceux qui peuvent polluer autrui à leur aise au nom de leur « liberté ». Cela serait compréhensible si elle agissait au nom des vendeurs d’automobiles ou des lobbies pétroliers. Mais elle est ministre de l’écologie et doit préparer les mesures françaises et européennes de limitations des émissions de gaz à effet de serre. Si on prenait le climat à bras-le-corps, il s’agirait d’organiser structurellement une réduction du trafic routier partout en Europe et pas seulement quelques jours à Paris. Nous avons absolument besoin de construire une alternative au modèle thermo-industriel, la planète brûle. Or nous avons déjà perdu plus de 40 ans. Dans son programme pour les présidentielles 1974, l’écologiste René Dumont écrivait déjà : « Le type de société que je propose est une société à basse consommation d’énergie. Cela veut dire que nous luttons par exemple contre la voiture individuelle. Nous demandons l’arrêt de la construction des autoroutes, l’arrêt de la fabrication des automobiles dépassant 4 CV… » Plus on attend pour limiter les vitesses automobiles en tous lieux, brider les moteurs, interdire d’être seul dans une voiture, augmenter le prix des carburants… plus le réchauffement climatique deviendra incontrôlable. Nous proposons comme modèle la « société de non-voiture individuelle », le dévoiturage. Nous entendons déjà les cris de celles et ceux qui qualifieront ces mesures de liberticide, voire d’écofasciste : « On restreint mon droit à la mobilité ! » Oui, c’est cela, ou les guerres du climat et les conflits sur les ressources pétrolières.

« Chaque idée fausse que nous traduisons en acte est un crime contre les générations futures. » Dieter Birnbacher posait, dans son livre La responsabilité envers les générations futures (1994), la question de savoir si la démocratie était en mesure d’être le lieu d’une éthique du futur. Ce n’est pas évident car une conscience prévoyante, centrée sur le long terme, est porteuse de certains renoncements. Elle entre en conflit avec les aspirations immédiates des individus, la préférence pour le présent. Renoncer à la voiture ? Mais nous sommes bien obligés d’avoir une voiture ! Pourtant nous serons bien obligés de nous passer des voitures au nom de la lutte contre le réchauffement climatique !! Et quand il n’y aura plus de pétrole, de toute façon la voiture individuelle sera réservée aux très très riches…. s’ils existent encore !!!

* LE MONDE du 10 avril 2015, la ministre de l’écologie refuse des mesures de restriction du trafic

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Laurent Fabius, un converti du climat ? On n’y croit pas

« L’année dernière, Fabius ne parlait que de diplomatie économique. Cette année, il n’a que le climat à la bouche »*. En visite en Arabie saoudite, Laurent Fabius a glissé quelques mots sur le climat, invitant le premier producteur de pétrole au monde à « repenser son mix énergétique ». Il aurait du parler du prix du pétrole, beaucoup trop bas pour que nous pensions à limiter nos émissions de gaz à effet de serre. Chaque mois il fait un tour du monde : son empreinte carbone explose tous les plafonds. Il devrait passer par skype, et participer sans bouger à des conférences internationales depuis son fauteuil de ministre des affaires étrangères. Il va présider la 21e Conférence des Nations unies sur les changements climatiques (COP 21 ou Conférence des parties), accueillie en France du 30 novembre au 11 décembre 2015. C’est la fonction qui crée le bonhomme, Fabius n’a rien d’un écolo. Quand il a été nommé en mai 2012, il ne voulait pas de la COP en France et ne se souciait pas des questions environnementales. Laurent Fabius n’est pas un « converti » à l’écologie, il pratique l’opportunisme, cette maladie structurelle de la classe politique.

Rappelons qu’en 2000, le gouvernement Jospin avait présenté un programme de lutte contre le changement climatique qui avait rapidement sombré tandis que Fabius supprimait la vignette automobile, un impôt progressif qui aurait instauré un certain malus sur les émissions de carbone. En 2003 Fabius avait fait fort, faisant écrire que le PS deviendrait « le premier parti écologiste de France » (LE MONDE du 7.01.2003). Mais les Verts traversaient à l’époque une période de fortes turbulences et Fabius voulait récupérer la mise. Opportunisme ! Lors du Congrès de Reims (14 au 16 novembre 2008), Fabius osait cette phrase dans sa contribution générale : « Certains ont longtemps prétendu qu’une croissance exponentielle infinie dans un monde qui ne l’est pas était possible. Nous affirmons avec force que la croissance économique et l’impératif écologique constituent un seul et même enjeu. » Il part d’un postulat irréfutable (les limites de la croissance) pour en déduire l’inverse, que la croissance (et donc les émissions de GES) est encore possible et nécessaire. C’est un croissanciste !

Depuis qu’il est devenu ministre, il n’a pas changé, toujours aussi aveugle face au réchauffement climatique. Il faut dire qu’il est à la fois ministre des affaires étrangères ET du développement international. Croissanciste toujours ! Le 8 janvier dernier, Laurent Fabius prônait devant un comité inter-ministériel l’adoption d’un objectif « zéro carbone – zéro pauvreté » et le rapprochement des agendas internationaux pour le climat et des Objectifs mondiaux pour le développement, qui doivent désormais être « durables ». On ne voit pas du tout comment un programme de « développement/croissance » peut être durable, sauf à décroître très fortement dans les pays riches, ce qui n’est pas du tout à l’agenda du PS ! En novembre 2014, sa présentation aux entreprises de la Conférence Climat était désastreuse : « L’état d’esprit est que cette COP21 ne soit pas une conférence des contraintes, parce que l’une des raisons pour laquelle cette affaire ne marche pas, c’est que nous donnons le sentiment aux gens que l’on va multiplier les contraintes. » Croire que les milliards de CO2 émis avec une très grande légèreté par une grande partie de l’humanité va disparaître sans faire d’efforts est un acte de foi, pas une stratégie.

L’écologie ne doit être ni punitive, ni positive, elle doit être réaliste. On peut déjà dire et redire que la COP 21 à Paris va être un échec, ni Hollande, ni Ségolène, ni Fabius n’ont mesuré les véritables enjeux écologiques.
* LE MONDE du 15 avril 2015, Laurent Fabius, un converti du climat

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Lien de plus en plus étroit entre démographie et climat

« La démographie reste un facteur très important dan l’évolution de la crise climatique. Car s’ils n’avaient de si grandes populations qu’ils veulent légitimement sortir de la pauvreté, les gouvernements chinois et indien ne construiraient pas autant de centrales à charbon chaque année…. Comme beaucoup d’observateurs l’ont souligné, la croissance exponentielle de la population humaine au vingtième siècle est en grande partie liée à l’exploitation des combustibles fossiles qui a permis l’utilisation d’engrais artificiels, de pesticides et de pompes pour l’irrigation.

Il existe toutefois une autre raison pour laquelle l’histoire de l’évolution humaine et le nombre total d’êtres humains aujourd’hui sont importants en ce qui concerne la question de la survie des espèces alors que la planète se réchauffe. Une des stratégies de la survie des espèces menacées par le réchauffement climatique consistera à migrer vers des zones plus propices à leur existence. Mais nous sommes maintenant si nombreux, occupant tant d’espace sur la planète que nous nous trouvons sur leur chemin. Dans le passé, les espèces pouvaient simplement se déplacer, mais elles sont maintenant piégées aux confins d’habitats qui sont pour la plupart figés par notre présence. Il y a encore plus ironique à propos de ce phénomène. L’expansion des groupes humains dans le monde entier et leur croissance à l’ère de la civilisation industrielle ont été telles qu’il est maintenant difficile pour des réfugiés climatiques d’aller vers des climats plus sûrs et habitables. D’autres êtres humains vont se trouver sur leur chemin.

Le rythme lent du changement climatique avait permis dans le passé à la population relativement petite de se déplacer, et c’est ce qu’elle a fait au cours des nombreuses variations de température dans le passé. La population est maintenant trop nombreuse pour se déplacer en masse. »

Dipesh Chakrabarty (Quelques failles dans la pensée sur le changement climatique)
In « De l’univers clos au monde infini » (recueil de textes de différents auteurs)
Editions Dehors, 2015

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