Rifkin, un New Deal vert mondial ?
Nous ne ferons pas la publicité pour le dernier ouvrage de Jeremy Rifkin. Il croit que la « destruction créatrice » décrite par l’économiste Joseph Schumpeter nous entraîne vers une société « énergie renouvelable à 100 % »… si les investissements suivent ! Il croit que l’épargne-retraite des Américains (22 300 milliards) financera les énergies du futur alors que les marchés s’accrocheront aux énergies fossiles jusqu’à la dernière goutte de pétrole. Il croit que l’imprimante 3D va transformer la production, que le big data et les objets connectés contribueront au bien commun, que chaque région sera en mesure de disposer de sa propre alimentation électrique en cas de catastrophe… Un seul point positif dans son discours, « Le mouvement des jeunes [Fridays for Future] né autour de Greta Thunberg me donne de l’espoir : nous assistons à la première révolte d’ampleur planétaire »*. Les commentateurs sur lemonde.fr descendent en flèche l’idée d’un New Deal vert mondial :
Toni W. : J »ai l’impression en lisant Rifkin d’assister au discours optimiste d un conférencier pour entreprises. Viser une collaboration mondiale, le remplacement rapide des énergies fossiles par du pseudo renouvelable etc. Le tout agrémenté de contrôle du Big Data, développement du numérique et de l intelligence artificielle, c est une grande bouillie, du messianisme technoptimiste pour le CAC40 et autres. Le numérique à tout va est extrêmement consommateur d’énergie, à titre d exemple le fonctionnement du Bitcoin consomme plus d energie que la Suisse. Rifkin, du grand n importe quoi…
Gilbert : Ajoutons que Rifkin, dans la troisième révolution industrielle, fait l’apologie de Monaco comme champion de la transition … Certains ne mordent jamais la main qui les nourrit …
pelayo
decovadonga : « il est désormais possible de produire
de l’électricité à l’échelle d’un immeuble ou d’un
quartier. » Les maoïstes du grand bon en avant n’auraient pas
renié cette affirmation. On connaît la suite de l’histoire. Tous
les techniciens savent que le bilan énergétique des petits systèmes
est en général assez mauvais.
Fouilla : Rifkin, ce
génie qui prédisait il y a une quinzaine d’années que l’hydrogène
allait nous sauver du changement climatique, puis il y a une dizaine
d’année pareil avec internet et les réseaux… En fait, ses
prédictions pourraient marcher, s’il n’y avait la physique et la
géopolitique qui font rien qu’à nous embêter. J’en rigole, mais
cet anti-Jancovici est extrêmement dangereux car il a l’oreille d’un
grand nombre de décideurs.
Michel Lepesant : L’optimisme de Rifkin (tous ces espoirs mis dans une nouvelle révolution industrielle) dans les solutions qu’ils proposent semble encore pire que les problèmes dont ils prétend sortir. Que les marchés tenteront de récupérer toute tentative pour sortir de nos modes de vie sociocidaires, c’est une évidence ; mais de là à s’en réjouir, c’est désespérant.
Marius Albufera : La « destruction créatrice » n’est que l’autre nom du darwinisme et la soi-disant création ce qui reste après que l’ ancien a succombé. On a envie de dire à ce monsieur en costume cravate : vous feigniez par vos prophéties d’être l’organisateur de ce qui arrivera alors que vous n’ y êtes pour rien et n’ y serez pour rien. Notre avenir se présentera une fois encore sous le visage de la nécessité qu’on grime sous les traits de l’ histoire.
Articles antérieurs sur notre blog biosphere :
12 novembre 2014, Un intellectuel de l’illusionnisme, Jeremy Rifkin
La Troisième Révolution industrielle prônée par Jeremy Rifkin n’est qu’une illusion. Plus grave, grâce à ce rêve technologique , il n’est plus nécessaire de penser aux impasses de notre trajectoire, à nos vrais besoins, il suffit de s’en remettre aux grandes entreprises, aux experts et aux entrepreneurs high-tech de toutes sortes…
3 juillet 2013, Troisième révolution industrielle, débat Gadrey/Rifkin
Energies renouvelables quasiment gratuites, production par les particuliers d’énergie et de biens matériels, déplacement écologique dans des véhicules verts. Contre ces illusions, Jean Gadrey n’y va pas avec le dos de la cuillère. En résumé…
* LE MONDE du 17 octobre 2019, Jeremy Rifkin : « La survie de notre espèce dépend de la transformation de nos modes de production »
Rifkin, un New Deal vert mondial ? Lire la suite »