épuisement des ressources

Les illusions de la productivité agricole

Alors qu’ils n’avaient cessé d’augmenter depuis les années d’après-guerre, les rendements des grandes cultures plafonnent depuis une dizaine d’années. En France, abstraction faite des variations climatique, c’est le cas aussi bien pour le blé tendre et le maïs que pour d’autres céréales comme le blé dur et l’orge. Mais aussi pour les oléagineux, colza et tournesol. L’appauvrissement en matière organique, relevé par la Commission européenne sur 45 % des sols de l’Union, est un facteur explicatif prépondérant de la baisse des rendements.*

On nous a écrit pour contester ce point de vue en s’appuyant sur les statistiques récentes de la FAO. Notons d’abord que la raison d’être des statistiques, c’est de vous donner toujours raison. Il suffit de considérer uniquement ce qui vous arrange. Notre correspondant ajoute : « La raison la plus probable du plafonnement des rendements (agricoles), c’est parce que depuis 2 décennies, on a plafonné l’utilisation des intrants. » Il touche là un point essentiel sans en apercevoir les prolongements. Pour calculer un indice statistique globalisé du rendement, il faut faire le rapport production/intrants : combien de calories ont été utilisées pour produire, combien de calories délivrent les champs cultivés. Précisons.

L’agriculture est normalement une illustration parfaite de l’échange constant entre matière et énergie. Basée sur l’assimilation chlorophyllienne, elle devrait donner plus qu’elle ne coûte puisqu’elle transforme l’énergie du soleil et les éléments de la terre. C’est ce qui a été fait pendant plusieurs millénaires, ce n’est plus le cas aujourd’hui de l’agriculture productiviste : on doit investir directement sous forme d’hydrocarbures deux fois plus d’énergie pour les engrais, l’irrigation, la culture sous serre que ce qu’on récolte avec la mécanisation.

Encore plus globalement, une étude réalisée aux Etats-Unis montrait que l’énergie consommée par l’ensemble de la chaîne alimentaire, compte tenu du processus de transformation et de la distance parcourue par les produits agricoles, représente 10 fois l’énergie restituée sous forme de calories utilisées pour l’alimentation humaine. Et encore, nous n’avons pas développé sur la détérioration des sols et du climat par l’agriculture productiviste !

Quand l’appareil agro-industriel affiche un bilan énergétique négatif, on ne peut même plus parler de rendements décroissants, mais de fuite en avant. C’est cette situation qui est ubuesque, ce n’est pas l’argumentaire écolo, l’argumentaire qui essaye de comprendre la totalité des interrelations entre les humains et la biosphère.

* LE MONDE du 28 juin 2008

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pic pétrolier, pic de la mondialisation, pic de notre civilisation

Le pic pétrolier ne signifie pas que le monde soit à court de pétrole. Cette expression décrit le moment où la production pétrolière ne peut plus augmenter. A ce moment, il reste encore beaucoup de pétrole. Mais il est tout simplement beaucoup plus difficile à découvrir et à extraire, ce qui signifie qu’il devient très ardu, voire impossible, d’accroître la production mondiale. L’offre reste stable pendant un temps (en plateau), puis finit par entrer en phase de déclin terminal. La perspective du pic pétrolier n’est plus une théorie marginale soutenue par quelques alarmistes. C’est une réalité géologique. Compte tenu du rôle fondamental du pétrole dans nos économies, cela signifie le début d’une nouvelle ère dans l’histoire humaine.

Face à une production pétrolière stagnante, la demande continue de croître considérablement : La Chine, l’Inde, la Russie… , ce qui implique une concurrence croissante pour accéder à une offre limitée. Les principes économiques de base indiquent qu’avec une offre qui stagne et une demande qui augmente, le pétrole va devenir beaucoup plus cher – une configuration qui est déjà à l’œuvre. Le problème du pic pétrolier, par conséquent, n’est pas que nous soyons à court de pétrole, mais que nous soyons déjà à court de pétrole bon marché. Actuellement, le monde consomme environ 89 millions de barils par jour, soit 32 milliards de barils par an. Ces chiffres stupéfiants expliquent pourquoi le pétrole est comparé à un élément vital de la civilisation industrielle. Comme pratiquement tous les produits d’aujourd’hui sont dépendants du pétrole, l’âge du pétrole cher renchérira les prix des marchés du commerce mondial. Le pic pétrolier se traduira donc probablement par un « pic de la mondialisation ». Certains spécialistes de l’énergie estiment même que le pic pétrolier pourrait signifier la « fin de la croissance économique », car les économies ont besoin d’énergie bon marché pour se développer. Ce qui pourrait bien provoquer une relocalisation des économies – non pas en raison de décisions de responsables politiques, ni d’une revendication citoyenne – mais simplement comme la conséquence de marchés réagissant à la hausse des cours du pétrole.

L’avenir ne ressemblera en rien au passé, et nous devrions nous préparer à cela – psychologiquement, socialement, économiquement et politiquement. La montée des sociétés de consommation depuis la révolution industrielle n’a été possible qu’en raison de l’abondance des combustibles fossiles bon marché. A titre d’exemple, en l’absence de pétrole, l’australien moyen devrait mobiliser environ 130 « esclaves énergétiques », travaillant huit heures par jour, pour maintenir son style de vie. Les consommateurs du monde entier devraient commencer à se préparer à une forte révision à la baisse de ces styles de vie si intensifs en énergie et ressources qui sont largement prisés aujourd’hui. Bien que l’exigence de consommer moins de choses provoquera un grand – et désagréable – choc culturel pour tous ceux qui ne l’ont pas anticipé, on pourrait bénéficier de cette transition en adoptant volontairement un mode de vie plus simple. Consommer moins, vivre plus. Cela vaut la peine d’y réfléchir.

Nous devons réinventer une « bonne vie », au-delà de la culture du consumérisme. Si nous attendons que le consumérisme soit abandonné sous la contrainte des circonstances, la transition vers l’après ne sera pas une bénédiction mais une malédiction.

Samuel Alexander, Sydney Morning Herald, 11 janvier 2012

Le Dr Samuel Alexander est co-directeur du Simplicity Institute (www.simplicityinstitute.org), un institut de recherche qui traite des questions liées à la consommation durable, au pic pétrolier et à l’économie post-croissance.

http://contreinfo.info/article.php3?id_article=3163

 

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Croissance économique, décroissance ou état stable ?

Superbe, cette chronique d’Hervé Kempf*: « La croissance économique implique un fort dégât environnemental… Or l’idéologie dominante reste obsédée par l’objectif de maximisation de cette croissance… Mais la réduction du chômage par l’augmentation du produit intérieur brut est donc vouée à l’échec, d’autant que la hausse de la productivité réduit mécaniquement le besoin de travail… Du point de vue écologiste, l’enjeu prioritaire actuel de l’activité économique est de modérer son impact sur la biosphère, en raison de la gravité des conséquences de la crise écologique sur la société humaine… Un levier essentiel d’une économie écologique (c’est-à-dire visant la prospérité dans le respect de l’environnement) est le partage du travail… la recherche de « l’état stable » de l’économie (conceptualisé par Herman Daly) est souhaitable… » Quelques précisions avec cette préface d’un livre** écrite par Daly :

« Lorsque l’économie croît, elle devient plus grande. Et donc, cher économiste, à quel point ce quelque chose pourrait-il être grand à l’avenir ? Cette question n’est pas du tout posée. Le mérite de Prospérité sans croissance est de contribuer à combler cette lacune. Car qu’est-ce qui grandit exactement. Il y a certes le flux de biens et de services (le PIB), mais il y a également le flux métabolique des matières et d’énergie qui part de sources environnementales, traverse le sous-système économique de la production et de la consommation et qui revient dans l’environnement sous forme de déchets. Les économistes se sont focalisés sur le ¨PIB, ils ont négligé ce « throughput ». Le sous-système économique a donc acquis une taille réellement grande quand on le réfère à l’écosystème sur lequel il s’appuie.

Au vu de la longue tradition de léthargie intellectuelle des économistes universitaires, il n’est sans doute pas étonnant que le rapport qui a inspiré cet ouvrage soit le fruit d’une initiative gouvernementale. Si nous étions de vrais économistes, nous mettrions un terme à la croissance du « throughput » avant que les coûts sociaux et environnementaux qu’elle provoque ne dépasse les bénéfices qu’elle génère. Il y a fort à parier que certains pays sont désormais entrés dans une ère de croissance non économique qui accumule plus rapidement ses impacts négatifs qu’elle n’accumule de la richesse. C’est la raison pour laquelle on ne peut faire appel à la croissance pour combattre la pauvreté. Bien au contraire, elle rend plus difficile la lutte contre la pauvreté ! »

* LE MONDE du 15-16 janvier 2012, Emploi, les solutions par Hervé Kempf

** Prospérité sans croissance (la transition vers une économie durable) de Tim Jackson

(de boeck, 2010) ; 1ère édition 2009, Economics for a finite planet)

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L’effondrement social avant 2030 ? Parions !

Pour Yves Cochet*, c’est certain : « L’époque actuelle est marquée par les symptômes d’un début d’effondrement, qui se sont manifestés autour de 2008 par la crise financière et le pic pétrolier. C’est la victoire inéluctable de l’entropie**. On appelle effondrement de la société mondialisée contemporaine le processus à l’issue duquel les besoins de base (eau, alimentation, logement, énergie, mobilité, sécurité) ne sont plus fournis à une majorité de la population par des services encadrés par la loi.

Au regard des bénéfices sociaux, la  complexification d’une société se déroule en trois phases. La première se caractérise par une forte augmentation des bénéfices. C’est le « progrès ». Puis la hausse de la complexité produit encore des bénéfices, mais à des coûts supérieurs aux bénéfices. La population se sent moins solidaire. Enfin il arrive que l’accroissement de la complexité entraîne une diminution des bénéfices sociaux. L’effondrement socio-économique est alors probable. Ce déclin catabolique est qualifié d’oscillant. L’économie oscille par paliers vers un niveau d’activité de plus en plus bas. Par exemple : croissance économique => hausse des prix de l’énergie => récession => chute des prix de l’énergie => reprise économique, mais à un niveau inférieur à cause de la déplétion des ressources.

A la suite des travaux de Joseph Tainter, Jared Diamond, John Michael Greer et François Roddier, il est possible de dessiner les contours de cet effondrement :

–          Déspécialisation : le nombre d’empois spécialisés diminuent. Les individus, les groupes et les territoires deviennent plus multifonctionnels ;

–          Décomplexification : Les quantités et la diversité des échanges d’information, de services et de marchandises se réduisent ;

–          Déstructuration : Les instituions centrales deviennent plus faibles ou impuissantes, les modes de vie locaux plus autonomes ;

–          Dépeuplement : les densités de population baissent.

La vitesse de l’effondrement est une fonction de l’intégration, de la connectivité. L’effondrement de l’Empire romain a duré plusieurs siècles. Celui de notre société mondialisée est probable avant 2020, certain avant 2030. »

* La civilisation thermo-industrielle va s’effondrer avant 2030, LaRevueDurable n° 44 (décembre à février 2012)

** entropie = mesure de la disparition irréversible de l’énergie d’un système.

Joseph Tainter, The collapse of Complex Societies (Cambridge University, 1988)

Jared Diamond, Effondrement (Gallimard, 2006)

John Michael Greer, The Long Descent (New Society Publishers, 2008)

François Roddier, du Big Bang à l’homme (à paraître en 2012)

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Inventer l’avenir sans Nathalie Kosciusko-Morizet

La ministre française de l’écologie NKM* s’imagine avoir du recul pour envisager le long terme : « La raréfaction des ressources naturelles et les pollutions menaçant les équilibres vitaux de notre planète… Importations de matières premières aux prix voués inexorablement à la hausse… La consommation à outrance a vécu. » Elle propose donc la sobriété, basée sur « le simple bon sens » et les économies d’énergie ! Mais dans le même temps, elle fait toujours confiance aux technologies de pointe : « Airbus, fusée Ariane, TGV, aciers spéciaux… » !! Car elle rêve encore d’une « nouvelle croissance » !!!

Nathalie Kosciusko-Morizet n’a pas encore compris que la sobriété assumée est incompatible avec la recherche de la croissance. Son diagnostic est bon (équilibres vitaux menacés), ses perspectives déplorables. Car aucune civilisation n’a survécu à la destruction continue de son écosystème. NKM fait comme tous ces prétendus experts qui ne voient dans la récession de 2088-2009 qu’un simple incident de parcours avant le retour à une croissance « nouvelle ». La pensée dominante ignore le seuil de reproduction durable des écosystèmes. Cette vision est aux antipodes de la réalité écologique.

Début 2009, John Beddington, premier conseiller scientifique du gouvernement du Royaume Uni, a déclaré que le monde ferait face d’ici 2030 à une « crise absolue » de pénuries d’eau et de nourriture et à une explosion des prix du pétrole. Une semaine plus tard, l’ancien président de la Commission du développement durable britannique Jonathan Porritt exprimait son accord ; mais il écrivait que la crise frapperait à une date plus proche de 2020 que de 2030. Il parle de « récession ultime », celle dont il pourrait être impossible de se relever. NKM ferait mieux de lire le livre de Lester Brown, Basculement, pour savoir comment éviter l’effondrement économique et environnemental.

* | LEMONDE.FR | 27.12.11 | Trois clés pour une croissance durable

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rendement maximal durable… des pêcheries ?

Les pouvoirs politiques sont trop libéraux en matière d’autorisation de captures, trop laxistes quant à la répression des infractions et trop tardifs dans leur prise de conscience de la gravité de la situation. Le marchandage politique à Bruxelles l’emporte donc sur l’analyse écologique. Après une discussion de marchands de tapis entre ministres européens de l’agriculture, les amis des pêcheurs sont contents. Les pêcheurs français pourront donc pêcher autant, voire plus en 2012 qu’en 2011*. Le ministre Bruno Lemaire exulte : « Il s’agit d’un résultat extrêmement positif, car il permet de maintenir les capacités de capture des pêches françaises ». Les pêcheurs espagnols ont obtenu des hausses de 110 % de leurs quotas de lotte et de 500 % du merlan bleu du nord.

La commission européenne souhaitait se référer au « rendement maximal durable »** dès 2012, le ministère français trois ans plus tard (« La France est prête pour 2015, lorsque ce sera possible et sans casse de bateau »), c’est-à-dire en 2020, c’est-à-dire jamais. En repoussant aux calendes grecques l’optimisation de l’exploitation des stocks, on pêche plus de poissons que les capacités de renouvellement des ressources halieutiques. Les ministres à Bruxelles votent ainsi contre les générations futures, mais cela reste l’objet d’un article confidentiel dans LE MONDE, article qui cite en passant les opposants comme Stephan Beaucher*** sans reprendre leurs arguments. La surexploitation des principaux stocks oblige à augmenter constamment l’effort de pêche pour maintenir artificiellement des volumes de prises et érode en permanence la rentabilité de l’activité. Les captures ont déjà atteint leur apogée autour des années 1970 ; pour pêcher la même quantité de poissons, il faut aller plus loin, pêcher plus profond, avec des bateaux toujours plus puissants.

En France, la politique publique de la pêche n’a jamais été pensée sur le long terme, n’a jamais répondu à une stratégie autre que le maintien de la paix sociale dans les ports. Un certain nombre de bateaux, quand ils quittent le port, ne partent plus pêcher des poissons mais des subventions. On consomme en moyenne 1 litre de gazole pour pêcher un kilo de poisson. Alors que l’approvisionnement mondial (quantité disponible par habitant) a culminé à 17,2 kilos en 1988, il est passé à 16 kg en 2003 et devrait être à 10 kg en 2050 sous la double pression de la diminution des stocks et de la croissance de la population. Par analogie au peak oil que nous redoutons, le peak fish a été atteint lors de la décennie 1990. Le rendement maximal durable est derrière nous.

* LE MONDE du 20 décembre 2011, Les pêcheurs ont obtenu le maintien de leurs quotas pour 2012

** rendement maximal durable : encore appelé Rendement Soutenable  Durable, c’est la plus grande quantité de biomasse que l’on peut extraire en moyenne et à long terme d’un stock halieutique dans les conditions environnementales existantes sans affecter le processus de reproduction. Mais ce rendement est une notion imparfaite. Ce n’est pas le seuil biologique au-delà duquel le stock n’est plus capable de se reproduire et disparaît brutalement. Les exemples récents d’effondrement sont malheureusement de plus en plus nombreux, particulièrement chez les petits pélagiques côtiers (harengs, sardines). Le niveau exact du seuil biologique critique est le plus souvent inconnu a priori. Pour observer le principe de précaution, il ne faut donc pas exploiter la totalité du stock.

*** Plus un poisson d’ici 30 ans ? de Stephan Beaucher (Les petits matins, 2011)

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François Hollande et le peuple de barbares

Nous sommes tout à fait d’accord avec Jean François Mouhot*, il est tout à fait « plausible que les générations futures nous maudissent pour les dégâts irréparables que nous aurons causés à la planète. Sans aucun doute, diront-ils, c’était là un peuple de barbares ». Autrefois l’esclavage semblait tout à la fois normal et indispensable, aujourdhui les esclavagistes sont jugés à juste titre barbares. Aujourd’hui l’esclavage mécanique semble tout à la fois normal et indispensable, faire rouler une voiture, se chauffer confortablement, prendre l’avion… Demain ce mode de vie sera jugé à juste titre comme le fait de barbares qui ont saccagé les ressources non renouvelables (et même renouvelables) pour une frange de la population qui vivait à l’occidentale.

C’est pourquoi nous ne pouvons pas être d’accord avec la transition énergétique de François Hollande** : beacoup trop mou face aux enjeux : « L’industrie nucléaire sera renforcée »… « Le CEA et Areva seront les fers de lance du renouvelable »… « Il faut préserver le pouvoir d’achat des Français »… Hollande n’est pourtant pas dupe, il sait que le prix de l’énergie va augmenter, mais l’après-pétrole reste totalement absent de son discours. C’est pourquoi il propose des mesures de protection des consommateurs en se gardant bien de préciser ce qui va différencier besoins essentiels et confort dans la facture énergétique. Les entreprises ne seront pas touchées par le coût de l’énergie pour « la préservation de leur compétitivité ». François Hollande veut aussi « ouvrir un grand débat sur l’énergie ». Rappelons que quand il était premier secrétaire du parti, l’énergie n’a jamais été soumis au débat alors que cela était prévu. Les promesses n’engagent pas celui qui les formule. La « sobriété énergétique » dont il parle reste un slogan !

En définitive, François Hollande ne veut fâcher personne, il prend les électeurs pour un peuple de barbares. Nous sommes loin d’une politique qui demande rigueur et efforts pour sauvegarder les générations futures et mettre un terme aux inégalités scandaleuses qui existent dans la consommation mondiale d’énergie. N’oublions pas que si tous les habitants de la Terre avaient une empreinte écolgique comme celle du Français moyen, il nous faudrait déjà plusieurs planètes… ce qui est impossible. Nous avons encore une mentalité d’esclavagistes ! François Hollande ne prépare par l’avenir, il nous maintient dans nos mentalités franco-françaises d’égoïstes. Mais bien entendu avec Sarkozy, ce serait pire… avec lui les barbares sont déjà là !

* Point de vue | LEMONDE.FR | 28.11.11 | Et nos enfants nous appelleront « barbares »

** LE MONDE du 29 novembre 2011, Réussir la transition énergétique

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crise grecque, roupie de sansonnet à côté de ce qui vient

Le problème actuel des écologistes, c’est que depuis 2008 on saute d’une crise financière à l’autre. Crise des subprimes aux Etats-Unis, crise de l’endettement des Etats, Espagne, Italie, France, Grèce… personne n’est épargné ou presque. Comme cela va de pair avec un problème mondial de chômage structurel, les manifestations d’indignés se multiplient dans tous les replis de la planète. Quand tous les regards sont tournés vers les indicateurs économiques, comment porter un discours sur l’urgence écologique ? En France, Europe Ecologie-Les Verts ne parle que du nucléaire et de la répartition des sièges de députés, rien d’autre. Le choix d’Eva Joly comme candidate présidentiable, surtout connue pour sa lutte contre la corruption, ne fait rien pour aider. Aussi personne ou presque ne sait que nous allons être confrontés à une crise énergétique énorme qui va balayer toutes nos certitudes croissancistes et modifier de fond en comble notre mode de vie. Ce krach qui nous attend est dû à l’insignifiance des alternatives énergétiques quand prochainement nous aurons conscience du pic pétrolier, gazier, charbonnier… Prenons le cas de la biomasse. La biomasse, c’est l’ensemble des matières organiques d’origine végétale ou animale qui peuvent être transformées en une source d’énergie par combustion, méthanisation ou transformations chimiques (agrocarburant). Non seulement le bois ne peut que répondre à une part infime de nos besoins en énergie primaire, mais son usage industriel est pire que le charbon*.

Un récent rapport de Greenpeace, intitulé De la biomasse à la biomascarade, conclut en effet que la ruée vers l’or vert est néfaste tant pour les forêts que pour le climat. Les fabriques à petite échelle ont aujourd’hui laissé place à un usage industriel à grande échelle des forêts naturelles pour la production d’énergie. Or, pour fournir ne serait-ce que 15 % de la production électrique canadienne, il faudrait brûler l’équivalent de tous les arbres coupés en 2008 au Canada. Les nouvelles politiques en faveur de l’industrie de la biomasse réduisent en cendres la possibilité pour la forêt boréale de se régénérer. Au-delà de la déforestation, c’est le climat mondial qui défaille et notre santé qui trinque. Les émissions de CO2 provenant de la bioénergie forestière s’élèvent à 40 mégatonnes par an, chiffre qui dépasse celles du parc automobile canadien en 2009. En ce qui concerne la santé, « la fumée de bois contient toujours au moins cinq carcinogènes humains connus et au moins 26 produits chimiques qui appartiennent à la catégorie des polluants atmosphériques dangereux (…)Les centrales électriques nord-américaines fonctionnant à la biomasse émettent jusqu’à 150 % de plus de CO2, 400 % de plus de monoxyde de carbone irritant pour les poumons, et 200 % de plus de particules fines qui causent l’asthme que celles à charbon pour produire la même quantité d’énergie ».

En conclusion, Greenpeace estime que l’énergie tirée de la biomasse ne doit pas être considérée comme renouvelable et doit rester à petite échelle. L’ONG demande l’interdiction de la récolte d’arbres entiers et l’abandon du principe de « carboneutralité » concernant la biomasse. Nous serons un jour prochain obligés d’aller beaucoup plus loin, instaurer des communautés de résilience qui mettront en place une relative autonomie énergétique et alimentaire pour faire face aux terribles jumeaux de l’hydrocarbure, le pic des énergies fossiles et le réchauffement climatique.

* http://ecologie.blog.lemonde.fr/2011/11/04/l%E2%80%99energie-tiree-des-forets-pollue-plus-que-le-charbon/

 

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il n’y a plus de pêche durable, sauvons les poissons !

LE MONDE-planète s’inquiète de la surexploitation des abysses*… Nous pensons qu’il faut dorénavant être l’ami des poissons avant d’être l’ami des pêcheurs. Quelques articles consacrés à la pêche sur ce blog :

19.06.2008 ami des pêcheurs ou ami des poissons ?

Chaque pêcheur est aujourd’hui individuellement conscient que sa catégorie professionnelle va collectivement à la catastrophe. Mais chaque pêcheur sait également qu’en situation de rareté générale, le poisson qu’il ne prend pas immédiatement sera pris par un autre. Il est donc condamné à pêcher tout ce qu’il peut dans un minimum de temps tout en sachant pertinemment que cela aggrave le processus de catastrophe collective (…)

13.02.2009 permis de sur-exploiter la mer

Le libéralisme économique repose sur le libre choix, c’est donc un principe vraiment superbe. Mais quand un code de bonne conduite en matière de pêche « responsable » repose sur l’engagement volontaire des pays, la surexploitation des ressources halieutique continue. La moitié des stocks mondiaux est aujourd’hui exploitée au maximum de ses  capacités, et 25 % sont surexploités…

10.03.2009 Surexploitation prouvée de la mer

Il est français mais inconnu en France. Daniel Pauly est le premier à alerter la communauté internationale sur la surexploitation des ressources halieutiques. S’appuyant principalement sur les statistiques de la FAO, il prouve en 2001 que les stocks de poissons diminuent depuis la fin des années 1980… Il démontre que les humains pêchent des poissons de plus en plus bas dans la chaîne alimentaire des océans : nous finirons par manger du zooplancton…

15.04.2009 tiers sauvage, les aires marines

Le but fixé par le Conservatoire du littoral en 1975 était le tiers sauvage, à savoir protéger le tiers du littoral à l’horizon 2030… En 2005 au niveau mondial, on croyait à l’idée d’aires marines protégées pouvant couvrir 20 à 30 % de la surface des mers. Mais comme il faudrait aussi créer un million d’emplois de gendarmes des mers pour contrôler les trois à quatre millions de pêcheurs menaçants le capital naturel, alors on n’a rien fait …

19.05.2010 Findus et le MSC (Marine Stewardship Council)

Greenwashing, c’est habiller en vert écolo ce qui n’a rien à voir avec la protection de l’environnement. Mais d’un autre côté, le changement ne pourra découler que d’une modification du comportement des grandes entreprises. C’est la tactique de WWF (Fonds mondial pour la nature) qui s’était même associé en 1997 avec Unilever pour définir le label écolo MSC pour une pêche durable…

Conclusion : Sur son lit de mort, Geronimo délivrait un message assez simple à entendre : « Quand le dernier arbre aura été abattu, quand la dernière rivière aura été empoisonnée, quand le dernier poisson aura été péché, alors on saura que l’argent ne se mange pas. »

* LE MONDE du 15 octobre 2011, des experts s’alarment des dommages irréversibles causés sur la biodiversité par la pêche en eaux profondes (conférence internationale du 13 octobre à Monaco)

 

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le jour du dépassement, 27 septembre 2011

Comme si l’endettement massif ne suffisait pas, les Terriens vont finir l’année à découvert le 27 septembre prochain. Mais cette fois la situation est plus grave, car il s’agit d’une réalité, pas de mécanismes financiers ! Nous allons dépasser le niveau des ressources naturelles que peut générer la Terre en un an sans compromettre leur renouvellement. Pour finir l’année 2011, l’humanité en sera donc réduite à vivre écologiquement à « découvert » et à puiser dans des « stocks » chaque année plus maigres. C’est-à-dire à pratiquer une pêche qui va entretenir la baisse des stocks de poissons dans les océans, à détruire plus d’arbres qu’elle n’en replante ou à rejeter plus de CO2 que ce que la planète ne peut absorber. « C’est comme avoir dépensé son salaire annuel trois mois avant la fin de l’année, et grignoter ses économies année après année », explique dans un communiqué le président de Global Footprint Network, Mathis Wackernagel.

Comme les découverts écologiques s’ajoutent d’une année sur l’autre, comme les déficits budgétaires, le grignotage du capital naturel commence de plus en plus tôt. L’empreinte écologique mondiale a égalé la biocapacité mondiale jusqu’en 1986. En 1987, l’humanité était passée dans le rouge un 19 décembre. En 1995, cette date était intervenue le 21 novembre. Pendant l’année 2008, l’humanité a basculé du côté obscur le 9 octobre. Et maintenant le Jour de la dette écologique ou Jour du dépassement (Overshoot day), c’est le 27 septembre 2011. En arrêtant chaque année une date symbolique où l’humanité commence à puiser dans les ressources, le Global Footprint Network entend d’abord permettre de prendre conscience de cet écart grandissant. « Mais il n’est pas possible, bien sûr, de déterminer avec une précision absolue le moment exact où nous dépassons notre budget. Ce jour où nous dépassons la capacité de la Terre est plus une date estimée qu’une date exacte », précise le think tank

Depuis plus de 30 ans, l’humanité vit au-dessus de ses moyens et il faudrait en fait 1,2 à 1,5 Terre pour assumer aujourd’hui les besoins d’une population toujours croissante. Chiffre encore plus élevé si tous les habitants de la planète vivaient selon les normes de la consommation occidentale. En 2010, un rapport du WWF avait mis en exergue les fortes disparités entre habitants de la Terre, qui consomment en fait 4,5 planètes et demie s’ils vivent aux Etats-Unis ou aux Emirats arabes unis mais moins d’une moitié s’ils vivent en Inde.

« Alors que nous cherchons à reconstruire nos économies, c’est le moment de se présenter avec des solutions qui resteront opérationnelles et pertinentes dans le futur », estime Mathis Wackernagel. « Une reconstruction à long terme ne peut réussir que si elle est conduite avec une réduction systématique à notre dépendance aux ressources. »

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la pensée unique du croissancisme

Daniel Cohn-Bendit reste dans la logique de la politique libérale keynésienne, une relance de l’économie*. Le discours est répétitif : « Nous avons besoin d’euro-obligations pour relancer l’économie »… « Davantage d’Europe fédéraliste, cela veut dire une « règle d’or » européenne, des investissements européens pour relancer l’économie »… « On pourrait aussi instaurer une taxe sur les communications intereuropéennes par GSM et sur Internet, pour abonder un fonds qui aiderait la relance européenne »… « Je suis pour la rigueur de la relance ». Ce faisant, il refuse explicitement toute idée de sobriété heureuse : « Si, à l’inverse, on applique une politique d’austérité, les économies ne repartiront pas »… « Comment réduire la dette ? Pas par une politique d’austérité qui touche les plus pauvres ».

Ces propos d’une platitude affligeante sont à peu de chose près les mêmes que ceux de Hollande et consorts socialos. D’ailleurs, dans le même numéro du MONDE**, le Premier secrétaire par intérim du PS ne dit pas autrement : « Désormais Sarkozy et Merkel sont le couple de la croissance zéro »… « Le duo Sarkozy-Merkel ne coordonne plus que l’austérité »… « L’austérité budgétaire ne fait pas un projet de relance économique »… « Le coup de frein budgétaire ne doit pas bloquer la reprise mondiale »… « Les socialistes européens proposent un pacte pour la croissance ».. « Le moteur franco-allemand ne doit pas être au service de l’austérité qui brise la croissance ». Pas étonnant qu’il y ait convergence  entre Cohn-Bendit et le PS, le quotidien LE MONDE a la même optique. Dans un éditorial récent***, ce journal estime que « le seul remède capable de réduire durablement l’endettement public, c’est une croissance économique plus vigoureuse ». Pas étonnant que Cohn-Bendit possède ses entrées privilégiées dans ses colonnes, qui se ressemble s’assemble. Mais nous voyons mal dans une relance la singularité de la pensée écologique en matière économique.

Pour son discours de clôture des journées d’été, Eva Joly montre qu’elle a désormais assimilé toutes les références la transformation écologique de l’économie avec la relocalisation et la reconversion des industries. Elle exige que le Parti socialiste rompe avec la « logique productiviste ». Nous espérons que l’écologie politique ira au bout de cette démarche. La rigueur sans austérité est un mensonge. L’austérité n’est pas un gros mot. Au contraire, elle pourrait être l’amorce d’une décroissance raisonnée, le premier pas vers une société économe. Il ne peut pas y avoir d’écologie sans décroissance. Rappelons à Harlem Désir que « croissance zéro » n’est pas une insulte, c’était en résumé la conclusion d’un rapport scientifique de 1972 sur les limites de la croissance.

Il est vraiment étonnant que ce soir le vice-président américain en visite à Pékin**** qui « joue la carte de la frugalité »… On ne sort de la pensée unique croissanciste que sous l’emprise de la nécessité !

* LE MONDE du 20 août 2011, La parole de nos gouvernants, c’est triple zéro.

** LE MONDE du 20 août 2011, Non au pacte d’austérité Sarkozy-Merkel.

*** LE MONDE du 18 août 2011, les limites du volontarisme.

**** LE MONDE du 20 août 2011, la dégradation de la note des Etats-Unis avait inquiété son principal créancier étranger.

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notre avenir, stagflation et âge de fer

Le quotidien LE MONDE  nous énerve. Son dossier* du jour ne parle que de relance de la croissance et d’impossibilité de l’inflation. Les « experts » ont déjà oublié que la période qui a suivi le premier choc pétrolier a été caractérisée par la stagflation, ce mélange de stagnation économique et d’inflation. La montée du prix de matières premières qui nous guette va aboutir inéluctablement au même phénomène. Car notre modèle de développement, qui repose sur la croissance économique et un accroissement continu du prélèvement des ressources, se heurte à la finitude de la planète. C’est ce que démontre Philippe Bihouix**, ingénieur centralien. En résumé :

« Quel avenir veut-on laisser aux générations futures, un retour à l’âge de fer ? Un monde où quelques dizaines de millions de ferrailleurs-cueilleurs, survivants de la grande panne ou de l’effondrement, exploiteront le stock de métaux dans les décharges, des bâtiments délabrés et des usines à l’arrêt est une possibilité.

En un siècle, nous avons multiplié par 7 la consommation d’énergie par personne, sachant que la population a été multipliée par 4. La limite physique s’appelle EROEI, pour energy return on energy invested : pour produire 100 barils de pétrole, il faut en investir 2 en Arabie Saoudite, mais 10 à 15 en offshore profond, et entre 25 à 35 pour l’extraire des sables asphaltiques de l’Alberta. Il est aisé de comprendre que les pétroles non conventionnels ne peuvent pas compenser la déplétion du pétrole bon marché. Passons aux métaux : on a d’abord exploité les minerais les plus concentrés, la tendance est donc à une baisse de la concentration moyenne. On commence à exploiter du nickel à 1 % là où 3 % ou plus était la norme il y a quelques décennies. Les mines d’or produisent à peine 5 grammes par tonne contre 20 il y a un siècle. Les métaux, toujours moins concentrés, requièrent plus d’énergie, tandis que la production d’énergie, toujours moins accessible, requiert plus de pétrole. Le peak oil sera donc vraisemblablement accompagné d’un peak everything (pic de tout). Qu’on se le dise, il n’y a pas assez de lithium ou de cobalt sur terre pour équiper plusieurs centaines de millions de véhicules électriques, ni de platine pour des moteurs à hydrogène.

Le recyclage a ses limites et l’économie parfaitement circulaire est impossible : c’est le second principe de la thermodynamique, on en dissipe toujours un peu. A chaque recyclage, on perd une partie des ressources et on génère des déchets. Mais surtout la complexité des produits nous empêche de séparer et de récupérer facilement les matières premières. Bref les technologies vertes ne feront qu’accélérer jusqu’à l’absurde le système, car elles sont généralement basées sur des métaux peu répandus. Que diront nos descendants d’une société qui extrait de l’argent des mines (nano-argent) pour l’utiliser comme technologie anti-odeurs ?

Conclusion. Pour lutter contre le changement climatique et gagner un peu de poids et quelques grammes  de CO2 par kilomètre, on utilise des alliages dans des voitures bourrées d’électronique. Il suffirait de brider les moteurs et de réduire la vitesse à 90 km/heure pour en gagner 30 ou 40 % ! Aujourd’hui le responsable marketing est socialement plus reconnu que le cordonnier ou l’éboueur. Pourtant, d’un point de vue utilitariste, seuls ces derniers produisent réellement une valeur pour la société. Une consommation plus locale, fondée sur des objets réparables, basée sur des circuits économiques courts, relancerait l’artisanat, le commerce de proximité… à condition de revaloriser les métiers manuels. »

* LE MONDE du 17 août 2011,  Comment sortir de la crise ? Débat d’experts

** mensuel La décroissance (juillet-août 2011)

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Le MONDE n’est pas écolo, il est obscène

LE MONDE « Planète » nous informe que tout va mal : le plomb empoisonne le tiers-monde et la forêt tropicale pourrait libérer plus de carbone*. LE MONDE « L’œil du Monde » nous informe que jamais les riches n’ont été aussi riches**. Triste paradoxe que LE MONDE se garde bien de dénoncer. Alors, comment voulez-vous que les riches se responsabilisent et que la planète aille mieux ?

Pourtant l’article sur les vacances de milliardaires est saignant. Alors que « les têtes couronnées ont adopté une certaine frugalité », les happy few se déchaînent : « extravagances, fautes de goût, gaspillage, plusieurs résidences avec plein de chambres et autant de salles de bain, avidité, à ne pas contrarier… En résumé, l’enjeu pour les très riches se résume à faire toujours plus : plus spacieux, plus confortable, plus climatisé, plus insolent sur des yachts qui peuvent atteindre plus de 160 mètres avec sous-marin inclus. LE MONDE devient obscène avec photos du palace flottant de Roman Abramovitch, description imagée des 10 yachts les plus longs, photo sur le jetlev-flyer qui vous donne l’impression de voler. Oui, le quotidien qui a une époque refusait les images car elles ne signifiaient rien se met à imiter Paris-Match et le choc des photos.

Oui, LE MONDE devient obscène quand il célèbre l’univers des très riches qui se veulent sans limite alors que la bonne santé de notre Planète demanderait au contraire de retrouver le sens des limites. J’aurais aimé retrouver cette conclusion sous la plume des journalistes de « L’œil du Monde », Claire Gatinois et Marie-Béatrice Baudet… Mais au MONDE, on se contente de constater, on se refuse à juger. Il  est vrai que Claire Gatinois appartient au service Economie du MONDE et que les économistes n’ont pas encore compris qu’il y a une relation étroite entre effet de richesse et gaspillage des ressources de notre biosphère. Claire Gatinois est donc presque pardonnable. Par contre Marie-Béatrice Baudet est depuis la mi-janvier 2009, responsable du service Planète. Nous attendions d’elle autre chose que des photos de yachts !

* LE MONDE du 16 août 2011, page 6

** LE MONDE du 16 août 2011, page 8-9

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Martine Aubry, la retraite et l’écologie

Le départ à la retraite à 60 ans a vécu, ce sera bientôt 65 ans. Retour à la case départ, avant Mitterrand. Dans son premier septennat, celui-ci aurait du pourtant savoir que le baby boom des années d’après-guerre mettrait à mal le système des retraites au début du XXIe siècle. Les lycéens, « mitterrandiens », étaient dans la rue en octobre 2010… pour la retraite à 60 ans ! Les jeunes ne s’imaginent pas du tout que dans cinquante ans les chocs systémiques auront fait leur effet. Quand les lycéens arriveront à l’âge de la retraite, la désindustrialisation sera galopante, les caisses de l’Etat seront vides, les réfugiés climatiques nombreux, les chômeurs encore plus nombreux qu’après la crise de 1929. Beaucoup trop d’ayants droit pour les rares actifs occupés, le système de redistribution sur lequel reposent les retraites en France sera exsangue. Mais le réalisme du poids des retraités sur les actifs ou la charge actuelle de l’endettement de la France n’est qu’un aspect du problème. Il faut ajouter les raisonnements écologistes, fondés sur la raréfaction de l’énergie extracorporelle.

Comme l’exprime Jean-Marc Jancovici, « Retraites et études longues sont assises sur des consommations d’énergie importantes, et c’est bien ainsi que se lit la géographie actuellement : il n’y a beaucoup de retraités et d’étudiants que dans les pays qui consomment beaucoup d’énergie. Evidemment, ce lien de cause à effet est porteur d’une très mauvaise nouvelle pour tous ceux qui ont cru que le problème des retraites était en bonne voie d’être réglée après la réforme initiée en 2010. En effet, la contrainte sur l’approvisionnement énergétique futur, qui va venir contrarier la productivité physique de manière forte, aura pour conséquence que le niveau relatif des retraites baissera, et que l’on va probablement pour partie revenir à un système de gestion des personnes âgées économe en énergie, c’est-à-dire… les garder chez leurs enfants. La question n’est pas de savoir si cette organisation est désirable ou non. Les bons sentiments sans kilowattheures risquent d’être difficiles à mettre en œuvre ! »

Les présidentielles de 2012 se joueront sur le courage politique de regarder les réalités écologiques en face. Or la gauche, c’est plutôt la politique du moindre effort. Dans l’annonce de candidature à la primaire socialiste de Martine Aubry, ce qui préoccupe Roland Muzeau, porte-parole des députés communistes, c’est la phrase « Nous aurons des efforts à réaliser » : C’est inquiétant, parce que ce à quoi nous souhaitons nous attendre si la gauche gagne, c’est à une nouvelle répartition des richesses entre capital et travail et non pas à des efforts qui seraient demandés à tout le monde, même s’ils sont justement répartis. Les limites de la Planète et de nos finances publiques sont superbement ignorées. Les contradictions entre l’écologie et la conception dominante du progrès social (toujours plus…) sont trop frontales pour se résoudre dans un compromis.

* Changer le monde, tout un programme de Jean-Marc Jancovici (2011)

NB : une version de cet article a été déjà publié dans « Chroniques d’abonnés » sur lemonde.fr

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la démondialisation contre le gauche-droite de Zaki Laïdi

Idéologue en cour qui va se répétant de tribune en tribune, Zaki Laïdi a trouvé un nouvel os à ronger : la démondialisation. Il la pense « absurde »* sur le seul exemple de l’imbrication des composants Airbus et Boeing produits un peu partout dans le monde. Or la multiplication des kilomètres que parcourt un yaourt ou la construction d’un avion n’est pas soutenable. Ces kilomètres ont besoin d’énergie fossile, d’où l’absurdité de ces va-et-vient puisque le pétrole est en voie de disparition. Dans le cas des avions le kérosène est indispensable : Boeing et Airbus sont comme les dinosaures, voués à une mort certaine. Zaki Laïdi ne sait pas tout cela, il se contente de réciter son catéchisme libre-échangiste.

Zaki Laïdi trouve la démondialisation « politiquement effrayante » car sa « modernisation » à lui se résume à l’acceptation de l’économie de marché. Depuis quelque années, la conviction de Zaïdi est simpl(ist)e : « le PS ne pourra gagner que lorsqu’il aura cessé de faire du marché un épouvantail »… ce qui équivaut en fait à une ouverture à droite ! Zaki Laïdi affirme que « La démondialisation est une idée absurde qui n’a de surcroît aucune chance de voir le jour ». Il ne se rappelle pas que le libre-échange imposé par l’Angleterre au XIXe siècle ne l’a été que pour soutenir le pouvoir des industriels contre les agriculteurs en interne et en externe au moment où le pays dominait de façon militaire le reste du monde. Avant cela l’Angleterre était protectionniste. Elle redeviendra protectionniste, comme l’Europe et les Etats-Unis, quand la Chine aura terminé sa remontée des filières pour maîtriser l’ensemble de choses à vendre, y compris les avions. Ce qui ne saurait tarder.

Cependant Zaki Laïdi donne de la démondialisation une bonne définition : « Une forme de déconnexion par rapport à l’économie mondiale au travers de la réduction des échanges commerciaux et l’autocentrage économique. » Or la descente énergétique va imposer cette contraction des échanges. Mais Zaki Laïdi vit encore aux temps du libéralisme triomphant, il n’a pas encore pris conscience que l’économie a dépassé les limites de la biosphère et que les contraintes géophysiques sont plus fortes que les vaines spéculations.

LeMonde du 30 juin 2011, Absurde démondialisation

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les indignés vont s’étrangler d’indignation

Les peuples européens sont à l’épreuve de la rigueur*. Toujours plus d’austérité est demandée pour  payer les excès passés, toujours plus de rejets des populations concernées. Les dettes n’étaient pas soutenables, le remboursement de ces dettes est insoutenable. Après les Trente Glorieuses, les Trente Moroses et maintenant les Trente Agitées. Les jeunes précaires et autres indignés sont dans la rue. Ils rejettent les gouvernements socialistes, et même les organisations syndicales. Ils organisent leur spontanéité avec portables et Internet. Ils ne savent pas encore qu’il est impossible de réduire le déficit budgétaire sans récession, ce qui veut dire hausse du chômage. Ils perçoivent déjà la hausse de l’inflation, ce sera autant de pouvoir d’achat en moins. Le cercle vicieux de l’appauvrissement généralisé se dessine, moins de consommation, moins de production, moins d’emplois, moins de croissance, augmentation des prix, augmentation des taux d’intérêt, encore plus de difficulté de rembourser les dettes, etc. Il ne sert donc à rien de manifester dans la rue. Les indignés vont s’étrangler d’indignation.

Après le printemps arabe, l’hiver sur toute la biosphère, un hiver sans fin. Il en sera ainsi en Grèce et en Espagne comme en Egypte ou en Tunisie : les défilés dans la rue n’ont jamais créé d’emplois. Et le pire est à venir. Personne n’a encore expliqué dans les grands médias que le retour de la croissance économique est impossible. Ce n’est pas spécifiquement la faute du système financier, c’est la cause de notre endettement massif à l’égard de notre planète. Notre croissance démesurée s’est fait à crédit, en faisant marcher la planche à billet et en dilapidant le capital naturel. Les métaux (cuivre, zinc, étain, antimoine, platine…) et les sources d’énergie (uranium, gaz, pétrole, charbon…) ne sont pas renouvelables, il n’y a pas de relance possible. La société thermo-industrielle explosera au cours de ce siècle, nous retomberons comme un soufflé au stade préindustriel sans pouvoir rebondir de nouveau. C’est pourquoi la révolte, le peuple qui se met en marche, est un phénomène inquiétant car ni les économistes, ni les politiques ne peuvent promettre la croissance qui sauve, même si actuellement ils n’ont encore que ce mot à la bouche.

Les rassemblements pacifiques se transformeront en émeutes, la protestation prendra un cours violent, la répression s’abattra sur le peuple. Les indignés vont être étranglés. Ni les économistes, ni les politiques n’ont su nous prévenir à temps qu’il nous fallait  changer de modèle de société, aller vers une société de décroissance conviviale, organiser des communautés de résilience, partager solidairement la pénurie, éliminer les inégalités. L’amour de la croissance était un amour sans avenir.

* dossier du monde-économie du 31 mai 2011, L’Europe des « indignés » contre le garrot de la dette.

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Rio 1992-2012 : le procès de l’humanité

En 1992, l’appel d’Heidelberg, faisait pression sur le Sommet brésilien de Rio. Cette pétition, signée par plusieurs dizaines de Nobel, accusait « l’émergence d’une idéologie irrationnelle à l’aube du XXIe siècle qui s’oppose au progrès scientifique et industriel et nuit au développement économique et social ». Les Nobel opposaient une « écologie scientifique » à une « argumentation pseudo-scientifique » ; ils se gardaient bien de définir précisément ce qui fait science ou non. Ils faisaient acte d’allégeance à la croissance économique ; ces « scientifiques » croyaient pouvoir intervenir dans le domaine économique dont ils étaient souvent dépendants. Ils attaquaient des « mouvements qui ont tendance à se référer au passé » ; cette imbécillité est véhiculée depuis avec le « retour à la bougie » ou « l’âge des cavernes » ! Savaient-ils d’ailleurs, ces Nobel, qu’ils rentraient dans le jeu d’une agence de communication française pour l’industrie pharmaceutique ?
Vingt ans ont passé. Le discours est aujourd’hui très différent. Les écolosceptiques ont perdu du terrain. On découvre même qu’il y a des crimes de l’humanité contre la planète Terre*. Le « procès de l’humanité » s’est ouvert le 19 mai, préparation à la Conférence de l’ONU sur le développement durable à Rio en 2012*. « Il s’agit d’un procès civil pour déterminer si nous avons manqué à notre relation avec la planète » et pour voir « comment nous pouvons restaurer cette relation » Cette réflexion a pris la forme d’un procès car « nous en sommes arrivés à un point où une simple énième réunion avec un énième dialogue n’aurait pas eu d’impact ». L’humanité va donc se juger elle-même en pensant aux générations futures. « Quoi qu’il arrive, l’Histoire nous jugera », a déclaré à la presse le ministre suédois de l’Environnement. Les 18 prix Nobel du jury sont confiants : « Les décideurs vont nous écouter ».
Mais les décideurs politiques sont attentifs à d’autres voix que celle de la raison écologique, celle des électeurs. En ce moment, les députés UMP** ne veulent pas des mesures supplémentaires contrôlant la vitesse des automobilistes. Il faudrait cesser d’emmerder les Français. Quand le Premier ministre en appelle à « assumer ses responsabilités », il essuie une véritable bronca. Que feront alors les députés s’il s’agissait de voter une taxe carbone conséquente ! Or agir contre la vitesse sur route n’est qu’une des décisions à prendre pour diminuer nos émissions de gaz à effet de serre. Beaucoup de concitoyens ne savent pas encore que la vitesse est un crime contre la planète Terre, ils ne savent pas que leur empreinte écologique est démesurée, insupportable, irrationnelle. Il n’y a pas de « présumé coupable » puisque les dégradations causées par l’activité humaine sont amplement démontrées à l’heure de l’anthropocène. Il nous faut donc plaider coupable, et changer de mode de vie, sobriété énergétique, simplicité volontaire, Nicolas Hulot au pouvoir, etc. Mais scientifiques et politiques renâclent !
* LeMonde du 19 mai, Le procès de l’humanité s’est ouvert à Stockholm.
** LeMonde du 19 mai, La colère des députés UMP contre les décisions du gouvernement sur la sécurité routière.

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le litre d’essence à 1,55 euros… le début de la fin

Lire LeMonde* en diagonale nous en apprend beaucoup. D’abord en page 2, le super 95 vient de dépasser son record de 2008 avec un prix au litre de 1,547 euros. Ensuite en page 15, les Américains n’ont aucune notion de la réalité des prix à la pompe. N’étant pas soumis à TIPP et autres TVA, ils trouvent insupportables toute augmentation du baril car cela se répercute directement sur le porte-monnaie. Face à cet aveuglement, les républicains inféodés aux pétroliers, premier contributeur financier de ce parti, veulent lever les moratoires sur les forages en haute mer ; Obama de son côté veut financer la recherche dans les énergies renouvelable et « propres ». Pour les deux camps, aucun mention de la nécessité de réduire la consommation d’énergie ; il s’agit toujours de politiques de l’offre. En France, c’est la même optique : une page entière (p.5) pour faire de la publicité sur l’extraction de pétrole dans le bassin parisien. Il faut aller en Amazonie page 4 pour s’apercevoir que les Indiens veulent au contraire une politique de restriction de la demande d’énergie en mettant fin aux grands travaux d’infrastructure routière qui, en plus, « détruisent la biodiversité de nos terres ». En France aussi avec le Grenelle de l’environnement, on voulait geler les dépenses d’infrastructure : vœu pieux.

                Pourtant l’ASPO (Association d’étude du pic pétrolier) nous avait avertis : c’est la fin du pétrole bon marché. Ces experts et transfuges de l’industrie pétrolière ont fondé l’ASPO en 2000 et organisé leur première conférence mondiale en 2002. Fin avril dernier, c’était donc leur 9ème conférence. Leur diagnostic est imparable : tous les gisements, en dehors du Moyen-Orient, ont passé leur pic. Même l’Agence internationale de l’énergie (World Energy Outlook de 2010) représente la production de brut conventionnel atteignant son maximum en 2006. Les courbes qui en résultent devraient terroriser nos élites, elles montrent l’écart sidérant entre une offre qui se tasse et une demande croissante de brut au cours des 40 prochaines années. Mais les économistes et la gent politique vivent encore dans un monde de rêve où la demande qui ne peut pas être satisfaite permet quand même l’élaboration d’une courbe croissante ! Comme le prix du pétrole va augmenter de façon irrémédiable, cette courbe imaginaire sera bien obligée de s’effondrer dans la réalité pour rester égale à l’offre de brut. Etrangement, les économistes n’ont pas encore pris la mesure de la connexion entre la crise et un prix du baril à trois chiffres Or toutes les récessions économiques depuis les années 1970 ont été liées au prix du pétrole. Il est maintenant certain qu’une crise énergétique systémique et une inflation galopante vont entraîner toutes les économies dans la tourmente, et déclencher un processus de démondialisation. Le temps du pétrole bon marché est fini, notre mode de vie va changer, reconnaît Pierre Mauriaud, géologue de Total. Nous vivrons dans les prochaines années la descente énergétique mais aucune institution responsable ne nous l’annonce… même pas un journal de référence comme LeMonde !

Il n’y a pourtant pas d’autre solution que d’apprendre à vivre avec moins de pétrole. Votez aux prochaines présidentielles pour celui qui vous dira enfin la vérité… s’il existe !

* LeMonde du 4 mai 2011

pour en savoir plus, Il n’y a pas d’autre solution que d’apprendre à vivre avec moins de pétrole

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l’Homo automobilus chinois

J’ai éprouvé une véritable souffrance devant la présentation faite par LeMonde* de la motorisation chinoise. Car j’ai maintenant la certitude que la civilisation thermo-industrielle se précipite de plus en plus vite en voiture vers son effondrement (et les difficultés sociales que cela entraînera). En page 3, le Chinois devient un « Homo automobilus » inconsistant : on achète une auto pour montre qu’on en a (du fric), on se précipite sur la berline de luxe puisque sa sœur vient d’acheter une BMW, on croit donner une image de soi glorieuse alors qu’on vient de se faire kidnapper par l’industrie automobile. Le Salon de Shanghai (page 13) s’ouvre sur ce qui est devenu le premier marché automobile du monde. C’est une grande première pour la Chine, passée de 600 000 voitures particulières en 2000 à 14 millions en 2010. Cette expansion forcenée du marché repose sur les ingrédients habituels de la publicité commerciale, imitation et ostentation : on achète une voiture pour faire comme les autres, on achète un super-modèle  pour se différencier du voisin ! L’aliénation peut commencer.

                En effet, un statut social qui relève d’une possession matérielle n’est que le signe d’une société matérialiste qui a abandonné toute sagesse. L’automobiliste croit renforcer son sentiment de liberté sans limites, décider où aller et à quelle vitesse, alors qu’il n’est que le prisonnier des infrastructures routières, des règlements et des embouteillages, des ressources pétrolières et de leur rareté croissante. A Pékin existe déjà un rationnement à l’immatriculation automobile pour enrayer son engorgement routier. On pense déjà hybride et voiture électrique sans se rendre compte que les centrales thermique au charbon accélèrent la pollution et les émissions de gaz à effet de serre. La Chine  rentre dans une impasse, elle possède  peu de ressources pétrolières et l’Arabie Saoudite commence à garder son pétrole pour ses propres ressortissants (déjà 15 % de sa production à l’heure actuelle). Le « juste » prix du pétrole n’existe pas. Le pétrole est un miracle volé par les humains à la nature, le prix du baril ne peut qu’exploser.

                Bientôt l’homo automobilus va être obligé de suivre une cure de désintoxication. Déjà la Chine a mis en place des centres chargés de guérir ses malades du jeu vidéo… elle interdira un jour les véhicules individuels après avoir suivi la sinistre pente du gaspillage des ressources fossiles.

* LeMonde du 21 avril 2011,

– Le Chinois, « Homo automobilus »

– les constructeurs automobiles rêvent en chinois

– Le juste prix du pétrole saoudien

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supprimons (le) Coca-Cola

LeMonde* critique Coca-Cola, mais chut… il ne faut pas le dire. Le journaliste peut raconter que le géant américain vide les nappes phréatiques. Julien Bouissou ne peut pas en déduire qu’il faut supprimer l’entreprise Coca-Cola. Comme toujours, l’article du journal de référence balance entre les arguments des Hindous qui manquent d’eau face à la concurrence de Coca-cola et l’argumentation de la multinationale qui accuse les paysans d’avoir des méthodes archaïques d’utilisation de l’eau. Pourtant, y’a pas photo, Coca-Cola n’a rien à faire sur la surface de la Terre, ici ou là : cette boisson n’a que des inconvénients.

                Il y a quelques années un président de cette transnationale tenait un discours terrifiant : « Chaque être humain boit en moyenne douze fois par jour, que ce soit une boisson alcoolisée ou non, de l’eau en bouteille ou au robinet, et cela représente un marché quotidien de 48 milliards de boissons. Coca-cola n’en vend qu’un milliard par jour, cela fait seulement 2 % de part de marché, nos possibilités d’expansion sont donc considérables. » Coca-Cola n’est donc pas là pour satisfaire nos besoins, mais pour faire du fric. A l’heure où même l’eau potable commence à manquer, autant dire que Coca-cola est une entreprise normalement sans avenir.

Mais Coca-Cola, c’est la mainmise sur nos esprits. A partir de 1930, une série de publicités fixait le costume rouge et blanc du père Noël pour « aider » la marque Coca-Cola. Aujourd’hui, « soyons réalistes : à la base, le métier des médias, c’est d’aider Coca-Cola à vendre son produit. Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible (Patrick Le Lay, PDG de TF1) ». Alors, plutôt que de boire de l’eau ou du jus de fruit de fabrication locale, on  se précipite vers les refrescos, ces boissons gazeuses très sucrées indispensables pour couper la faim dans le ventre des pauvres. Il faut supprimer Coca-Cola.

                Coca-Cola, c’est aussi le greenwashing. L’analyse du cycle de vie ou ACV est une notion apparue aux Etats-Unis en 1969. Il ne s’agissait pas d’une découverte de théoriciens de l’écologie, mais d’une problématique stratégique initiée par l’entreprise Coca-cola : faut-il mettre la boisson dans une bouteille de verre ou lui préférer le plastique ? Coca-Cola a « découvert » que les contenants en plastique seraient plus respectueux de la Biosphère une fois pris en compte toute l’essence nécessaire à la réutilisation du verre consigné. Depuis, les bouteilles plastiques ont conquis le monde entier. Mais l’ACV ne mesure ni l’impact sur les nappes phréatiques, ni la propension à l’obésité, ni surtout l’utilité réelle du produit. Il faut supprimer Coca-Cola.

                Coca-Cola, c’est donc l’ennemi numéro un de la société humaine. Pourtant WWF s’acoquine avec cette entreprise peu recommandable. En Belgique, l’actuel président du WWF est Ronald Biegs, ancien directeur général de Coca-Cola en France et en Allemagne. Un accord international conclu depuis 2007 entre Coca-Cola et le WWF pour un montant de 23,75 millions de dollars a été affecté à un fonds « pour protéger les sept bassins fluviaux qui comptent parmi les réserves d’eau douce les plus critiques au monde » C’est complètement paradoxal et absurde : en soutenant ces projets, The Coca-Cola Company dit contribuer à résoudre la crise de l’eau dans le monde… tout en faisant baisser les nappes phréatiques en Inde. Il faut supprimer Coca-Cola qui dénature tout ce qu’il touche.

                Les humains n’ont pas besoin de boissons manufacturées, ils ont seulement besoin d’eau potable et d’amitiés profondes. Supprimons l’entreprise Coca-cola, c’est facile. Il suffit de ne plus boire de coca-cola, en Inde et ailleurs…

* LeMonde du 5 mars 2011, Coca-Cola au centre de conflits sur l’eau en Inde.

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