épuisement des ressources

crise grecque, roupie de sansonnet à côté de ce qui vient

Le problème actuel des écologistes, c’est que depuis 2008 on saute d’une crise financière à l’autre. Crise des subprimes aux Etats-Unis, crise de l’endettement des Etats, Espagne, Italie, France, Grèce… personne n’est épargné ou presque. Comme cela va de pair avec un problème mondial de chômage structurel, les manifestations d’indignés se multiplient dans tous les replis de la planète. Quand tous les regards sont tournés vers les indicateurs économiques, comment porter un discours sur l’urgence écologique ? En France, Europe Ecologie-Les Verts ne parle que du nucléaire et de la répartition des sièges de députés, rien d’autre. Le choix d’Eva Joly comme candidate présidentiable, surtout connue pour sa lutte contre la corruption, ne fait rien pour aider. Aussi personne ou presque ne sait que nous allons être confrontés à une crise énergétique énorme qui va balayer toutes nos certitudes croissancistes et modifier de fond en comble notre mode de vie. Ce krach qui nous attend est dû à l’insignifiance des alternatives énergétiques quand prochainement nous aurons conscience du pic pétrolier, gazier, charbonnier… Prenons le cas de la biomasse. La biomasse, c’est l’ensemble des matières organiques d’origine végétale ou animale qui peuvent être transformées en une source d’énergie par combustion, méthanisation ou transformations chimiques (agrocarburant). Non seulement le bois ne peut que répondre à une part infime de nos besoins en énergie primaire, mais son usage industriel est pire que le charbon*.

Un récent rapport de Greenpeace, intitulé De la biomasse à la biomascarade, conclut en effet que la ruée vers l’or vert est néfaste tant pour les forêts que pour le climat. Les fabriques à petite échelle ont aujourd’hui laissé place à un usage industriel à grande échelle des forêts naturelles pour la production d’énergie. Or, pour fournir ne serait-ce que 15 % de la production électrique canadienne, il faudrait brûler l’équivalent de tous les arbres coupés en 2008 au Canada. Les nouvelles politiques en faveur de l’industrie de la biomasse réduisent en cendres la possibilité pour la forêt boréale de se régénérer. Au-delà de la déforestation, c’est le climat mondial qui défaille et notre santé qui trinque. Les émissions de CO2 provenant de la bioénergie forestière s’élèvent à 40 mégatonnes par an, chiffre qui dépasse celles du parc automobile canadien en 2009. En ce qui concerne la santé, « la fumée de bois contient toujours au moins cinq carcinogènes humains connus et au moins 26 produits chimiques qui appartiennent à la catégorie des polluants atmosphériques dangereux (…)Les centrales électriques nord-américaines fonctionnant à la biomasse émettent jusqu’à 150 % de plus de CO2, 400 % de plus de monoxyde de carbone irritant pour les poumons, et 200 % de plus de particules fines qui causent l’asthme que celles à charbon pour produire la même quantité d’énergie ».

En conclusion, Greenpeace estime que l’énergie tirée de la biomasse ne doit pas être considérée comme renouvelable et doit rester à petite échelle. L’ONG demande l’interdiction de la récolte d’arbres entiers et l’abandon du principe de « carboneutralité » concernant la biomasse. Nous serons un jour prochain obligés d’aller beaucoup plus loin, instaurer des communautés de résilience qui mettront en place une relative autonomie énergétique et alimentaire pour faire face aux terribles jumeaux de l’hydrocarbure, le pic des énergies fossiles et le réchauffement climatique.

* http://ecologie.blog.lemonde.fr/2011/11/04/l%E2%80%99energie-tiree-des-forets-pollue-plus-que-le-charbon/

 

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il n’y a plus de pêche durable, sauvons les poissons !

LE MONDE-planète s’inquiète de la surexploitation des abysses*… Nous pensons qu’il faut dorénavant être l’ami des poissons avant d’être l’ami des pêcheurs. Quelques articles consacrés à la pêche sur ce blog :

19.06.2008 ami des pêcheurs ou ami des poissons ?

Chaque pêcheur est aujourd’hui individuellement conscient que sa catégorie professionnelle va collectivement à la catastrophe. Mais chaque pêcheur sait également qu’en situation de rareté générale, le poisson qu’il ne prend pas immédiatement sera pris par un autre. Il est donc condamné à pêcher tout ce qu’il peut dans un minimum de temps tout en sachant pertinemment que cela aggrave le processus de catastrophe collective (…)

13.02.2009 permis de sur-exploiter la mer

Le libéralisme économique repose sur le libre choix, c’est donc un principe vraiment superbe. Mais quand un code de bonne conduite en matière de pêche « responsable » repose sur l’engagement volontaire des pays, la surexploitation des ressources halieutique continue. La moitié des stocks mondiaux est aujourd’hui exploitée au maximum de ses  capacités, et 25 % sont surexploités…

10.03.2009 Surexploitation prouvée de la mer

Il est français mais inconnu en France. Daniel Pauly est le premier à alerter la communauté internationale sur la surexploitation des ressources halieutiques. S’appuyant principalement sur les statistiques de la FAO, il prouve en 2001 que les stocks de poissons diminuent depuis la fin des années 1980… Il démontre que les humains pêchent des poissons de plus en plus bas dans la chaîne alimentaire des océans : nous finirons par manger du zooplancton…

15.04.2009 tiers sauvage, les aires marines

Le but fixé par le Conservatoire du littoral en 1975 était le tiers sauvage, à savoir protéger le tiers du littoral à l’horizon 2030… En 2005 au niveau mondial, on croyait à l’idée d’aires marines protégées pouvant couvrir 20 à 30 % de la surface des mers. Mais comme il faudrait aussi créer un million d’emplois de gendarmes des mers pour contrôler les trois à quatre millions de pêcheurs menaçants le capital naturel, alors on n’a rien fait …

19.05.2010 Findus et le MSC (Marine Stewardship Council)

Greenwashing, c’est habiller en vert écolo ce qui n’a rien à voir avec la protection de l’environnement. Mais d’un autre côté, le changement ne pourra découler que d’une modification du comportement des grandes entreprises. C’est la tactique de WWF (Fonds mondial pour la nature) qui s’était même associé en 1997 avec Unilever pour définir le label écolo MSC pour une pêche durable…

Conclusion : Sur son lit de mort, Geronimo délivrait un message assez simple à entendre : « Quand le dernier arbre aura été abattu, quand la dernière rivière aura été empoisonnée, quand le dernier poisson aura été péché, alors on saura que l’argent ne se mange pas. »

* LE MONDE du 15 octobre 2011, des experts s’alarment des dommages irréversibles causés sur la biodiversité par la pêche en eaux profondes (conférence internationale du 13 octobre à Monaco)

 

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le jour du dépassement, 27 septembre 2011

Comme si l’endettement massif ne suffisait pas, les Terriens vont finir l’année à découvert le 27 septembre prochain. Mais cette fois la situation est plus grave, car il s’agit d’une réalité, pas de mécanismes financiers ! Nous allons dépasser le niveau des ressources naturelles que peut générer la Terre en un an sans compromettre leur renouvellement. Pour finir l’année 2011, l’humanité en sera donc réduite à vivre écologiquement à « découvert » et à puiser dans des « stocks » chaque année plus maigres. C’est-à-dire à pratiquer une pêche qui va entretenir la baisse des stocks de poissons dans les océans, à détruire plus d’arbres qu’elle n’en replante ou à rejeter plus de CO2 que ce que la planète ne peut absorber. « C’est comme avoir dépensé son salaire annuel trois mois avant la fin de l’année, et grignoter ses économies année après année », explique dans un communiqué le président de Global Footprint Network, Mathis Wackernagel.

Comme les découverts écologiques s’ajoutent d’une année sur l’autre, comme les déficits budgétaires, le grignotage du capital naturel commence de plus en plus tôt. L’empreinte écologique mondiale a égalé la biocapacité mondiale jusqu’en 1986. En 1987, l’humanité était passée dans le rouge un 19 décembre. En 1995, cette date était intervenue le 21 novembre. Pendant l’année 2008, l’humanité a basculé du côté obscur le 9 octobre. Et maintenant le Jour de la dette écologique ou Jour du dépassement (Overshoot day), c’est le 27 septembre 2011. En arrêtant chaque année une date symbolique où l’humanité commence à puiser dans les ressources, le Global Footprint Network entend d’abord permettre de prendre conscience de cet écart grandissant. « Mais il n’est pas possible, bien sûr, de déterminer avec une précision absolue le moment exact où nous dépassons notre budget. Ce jour où nous dépassons la capacité de la Terre est plus une date estimée qu’une date exacte », précise le think tank

Depuis plus de 30 ans, l’humanité vit au-dessus de ses moyens et il faudrait en fait 1,2 à 1,5 Terre pour assumer aujourd’hui les besoins d’une population toujours croissante. Chiffre encore plus élevé si tous les habitants de la planète vivaient selon les normes de la consommation occidentale. En 2010, un rapport du WWF avait mis en exergue les fortes disparités entre habitants de la Terre, qui consomment en fait 4,5 planètes et demie s’ils vivent aux Etats-Unis ou aux Emirats arabes unis mais moins d’une moitié s’ils vivent en Inde.

« Alors que nous cherchons à reconstruire nos économies, c’est le moment de se présenter avec des solutions qui resteront opérationnelles et pertinentes dans le futur », estime Mathis Wackernagel. « Une reconstruction à long terme ne peut réussir que si elle est conduite avec une réduction systématique à notre dépendance aux ressources. »

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la pensée unique du croissancisme

Daniel Cohn-Bendit reste dans la logique de la politique libérale keynésienne, une relance de l’économie*. Le discours est répétitif : « Nous avons besoin d’euro-obligations pour relancer l’économie »… « Davantage d’Europe fédéraliste, cela veut dire une « règle d’or » européenne, des investissements européens pour relancer l’économie »… « On pourrait aussi instaurer une taxe sur les communications intereuropéennes par GSM et sur Internet, pour abonder un fonds qui aiderait la relance européenne »… « Je suis pour la rigueur de la relance ». Ce faisant, il refuse explicitement toute idée de sobriété heureuse : « Si, à l’inverse, on applique une politique d’austérité, les économies ne repartiront pas »… « Comment réduire la dette ? Pas par une politique d’austérité qui touche les plus pauvres ».

Ces propos d’une platitude affligeante sont à peu de chose près les mêmes que ceux de Hollande et consorts socialos. D’ailleurs, dans le même numéro du MONDE**, le Premier secrétaire par intérim du PS ne dit pas autrement : « Désormais Sarkozy et Merkel sont le couple de la croissance zéro »… « Le duo Sarkozy-Merkel ne coordonne plus que l’austérité »… « L’austérité budgétaire ne fait pas un projet de relance économique »… « Le coup de frein budgétaire ne doit pas bloquer la reprise mondiale »… « Les socialistes européens proposent un pacte pour la croissance ».. « Le moteur franco-allemand ne doit pas être au service de l’austérité qui brise la croissance ». Pas étonnant qu’il y ait convergence  entre Cohn-Bendit et le PS, le quotidien LE MONDE a la même optique. Dans un éditorial récent***, ce journal estime que « le seul remède capable de réduire durablement l’endettement public, c’est une croissance économique plus vigoureuse ». Pas étonnant que Cohn-Bendit possède ses entrées privilégiées dans ses colonnes, qui se ressemble s’assemble. Mais nous voyons mal dans une relance la singularité de la pensée écologique en matière économique.

Pour son discours de clôture des journées d’été, Eva Joly montre qu’elle a désormais assimilé toutes les références la transformation écologique de l’économie avec la relocalisation et la reconversion des industries. Elle exige que le Parti socialiste rompe avec la « logique productiviste ». Nous espérons que l’écologie politique ira au bout de cette démarche. La rigueur sans austérité est un mensonge. L’austérité n’est pas un gros mot. Au contraire, elle pourrait être l’amorce d’une décroissance raisonnée, le premier pas vers une société économe. Il ne peut pas y avoir d’écologie sans décroissance. Rappelons à Harlem Désir que « croissance zéro » n’est pas une insulte, c’était en résumé la conclusion d’un rapport scientifique de 1972 sur les limites de la croissance.

Il est vraiment étonnant que ce soir le vice-président américain en visite à Pékin**** qui « joue la carte de la frugalité »… On ne sort de la pensée unique croissanciste que sous l’emprise de la nécessité !

* LE MONDE du 20 août 2011, La parole de nos gouvernants, c’est triple zéro.

** LE MONDE du 20 août 2011, Non au pacte d’austérité Sarkozy-Merkel.

*** LE MONDE du 18 août 2011, les limites du volontarisme.

**** LE MONDE du 20 août 2011, la dégradation de la note des Etats-Unis avait inquiété son principal créancier étranger.

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notre avenir, stagflation et âge de fer

Le quotidien LE MONDE  nous énerve. Son dossier* du jour ne parle que de relance de la croissance et d’impossibilité de l’inflation. Les « experts » ont déjà oublié que la période qui a suivi le premier choc pétrolier a été caractérisée par la stagflation, ce mélange de stagnation économique et d’inflation. La montée du prix de matières premières qui nous guette va aboutir inéluctablement au même phénomène. Car notre modèle de développement, qui repose sur la croissance économique et un accroissement continu du prélèvement des ressources, se heurte à la finitude de la planète. C’est ce que démontre Philippe Bihouix**, ingénieur centralien. En résumé :

« Quel avenir veut-on laisser aux générations futures, un retour à l’âge de fer ? Un monde où quelques dizaines de millions de ferrailleurs-cueilleurs, survivants de la grande panne ou de l’effondrement, exploiteront le stock de métaux dans les décharges, des bâtiments délabrés et des usines à l’arrêt est une possibilité.

En un siècle, nous avons multiplié par 7 la consommation d’énergie par personne, sachant que la population a été multipliée par 4. La limite physique s’appelle EROEI, pour energy return on energy invested : pour produire 100 barils de pétrole, il faut en investir 2 en Arabie Saoudite, mais 10 à 15 en offshore profond, et entre 25 à 35 pour l’extraire des sables asphaltiques de l’Alberta. Il est aisé de comprendre que les pétroles non conventionnels ne peuvent pas compenser la déplétion du pétrole bon marché. Passons aux métaux : on a d’abord exploité les minerais les plus concentrés, la tendance est donc à une baisse de la concentration moyenne. On commence à exploiter du nickel à 1 % là où 3 % ou plus était la norme il y a quelques décennies. Les mines d’or produisent à peine 5 grammes par tonne contre 20 il y a un siècle. Les métaux, toujours moins concentrés, requièrent plus d’énergie, tandis que la production d’énergie, toujours moins accessible, requiert plus de pétrole. Le peak oil sera donc vraisemblablement accompagné d’un peak everything (pic de tout). Qu’on se le dise, il n’y a pas assez de lithium ou de cobalt sur terre pour équiper plusieurs centaines de millions de véhicules électriques, ni de platine pour des moteurs à hydrogène.

Le recyclage a ses limites et l’économie parfaitement circulaire est impossible : c’est le second principe de la thermodynamique, on en dissipe toujours un peu. A chaque recyclage, on perd une partie des ressources et on génère des déchets. Mais surtout la complexité des produits nous empêche de séparer et de récupérer facilement les matières premières. Bref les technologies vertes ne feront qu’accélérer jusqu’à l’absurde le système, car elles sont généralement basées sur des métaux peu répandus. Que diront nos descendants d’une société qui extrait de l’argent des mines (nano-argent) pour l’utiliser comme technologie anti-odeurs ?

Conclusion. Pour lutter contre le changement climatique et gagner un peu de poids et quelques grammes  de CO2 par kilomètre, on utilise des alliages dans des voitures bourrées d’électronique. Il suffirait de brider les moteurs et de réduire la vitesse à 90 km/heure pour en gagner 30 ou 40 % ! Aujourd’hui le responsable marketing est socialement plus reconnu que le cordonnier ou l’éboueur. Pourtant, d’un point de vue utilitariste, seuls ces derniers produisent réellement une valeur pour la société. Une consommation plus locale, fondée sur des objets réparables, basée sur des circuits économiques courts, relancerait l’artisanat, le commerce de proximité… à condition de revaloriser les métiers manuels. »

* LE MONDE du 17 août 2011,  Comment sortir de la crise ? Débat d’experts

** mensuel La décroissance (juillet-août 2011)

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Le MONDE n’est pas écolo, il est obscène

LE MONDE « Planète » nous informe que tout va mal : le plomb empoisonne le tiers-monde et la forêt tropicale pourrait libérer plus de carbone*. LE MONDE « L’œil du Monde » nous informe que jamais les riches n’ont été aussi riches**. Triste paradoxe que LE MONDE se garde bien de dénoncer. Alors, comment voulez-vous que les riches se responsabilisent et que la planète aille mieux ?

Pourtant l’article sur les vacances de milliardaires est saignant. Alors que « les têtes couronnées ont adopté une certaine frugalité », les happy few se déchaînent : « extravagances, fautes de goût, gaspillage, plusieurs résidences avec plein de chambres et autant de salles de bain, avidité, à ne pas contrarier… En résumé, l’enjeu pour les très riches se résume à faire toujours plus : plus spacieux, plus confortable, plus climatisé, plus insolent sur des yachts qui peuvent atteindre plus de 160 mètres avec sous-marin inclus. LE MONDE devient obscène avec photos du palace flottant de Roman Abramovitch, description imagée des 10 yachts les plus longs, photo sur le jetlev-flyer qui vous donne l’impression de voler. Oui, le quotidien qui a une époque refusait les images car elles ne signifiaient rien se met à imiter Paris-Match et le choc des photos.

Oui, LE MONDE devient obscène quand il célèbre l’univers des très riches qui se veulent sans limite alors que la bonne santé de notre Planète demanderait au contraire de retrouver le sens des limites. J’aurais aimé retrouver cette conclusion sous la plume des journalistes de « L’œil du Monde », Claire Gatinois et Marie-Béatrice Baudet… Mais au MONDE, on se contente de constater, on se refuse à juger. Il  est vrai que Claire Gatinois appartient au service Economie du MONDE et que les économistes n’ont pas encore compris qu’il y a une relation étroite entre effet de richesse et gaspillage des ressources de notre biosphère. Claire Gatinois est donc presque pardonnable. Par contre Marie-Béatrice Baudet est depuis la mi-janvier 2009, responsable du service Planète. Nous attendions d’elle autre chose que des photos de yachts !

* LE MONDE du 16 août 2011, page 6

** LE MONDE du 16 août 2011, page 8-9

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Martine Aubry, la retraite et l’écologie

Le départ à la retraite à 60 ans a vécu, ce sera bientôt 65 ans. Retour à la case départ, avant Mitterrand. Dans son premier septennat, celui-ci aurait du pourtant savoir que le baby boom des années d’après-guerre mettrait à mal le système des retraites au début du XXIe siècle. Les lycéens, « mitterrandiens », étaient dans la rue en octobre 2010… pour la retraite à 60 ans ! Les jeunes ne s’imaginent pas du tout que dans cinquante ans les chocs systémiques auront fait leur effet. Quand les lycéens arriveront à l’âge de la retraite, la désindustrialisation sera galopante, les caisses de l’Etat seront vides, les réfugiés climatiques nombreux, les chômeurs encore plus nombreux qu’après la crise de 1929. Beaucoup trop d’ayants droit pour les rares actifs occupés, le système de redistribution sur lequel reposent les retraites en France sera exsangue. Mais le réalisme du poids des retraités sur les actifs ou la charge actuelle de l’endettement de la France n’est qu’un aspect du problème. Il faut ajouter les raisonnements écologistes, fondés sur la raréfaction de l’énergie extracorporelle.

Comme l’exprime Jean-Marc Jancovici, « Retraites et études longues sont assises sur des consommations d’énergie importantes, et c’est bien ainsi que se lit la géographie actuellement : il n’y a beaucoup de retraités et d’étudiants que dans les pays qui consomment beaucoup d’énergie. Evidemment, ce lien de cause à effet est porteur d’une très mauvaise nouvelle pour tous ceux qui ont cru que le problème des retraites était en bonne voie d’être réglée après la réforme initiée en 2010. En effet, la contrainte sur l’approvisionnement énergétique futur, qui va venir contrarier la productivité physique de manière forte, aura pour conséquence que le niveau relatif des retraites baissera, et que l’on va probablement pour partie revenir à un système de gestion des personnes âgées économe en énergie, c’est-à-dire… les garder chez leurs enfants. La question n’est pas de savoir si cette organisation est désirable ou non. Les bons sentiments sans kilowattheures risquent d’être difficiles à mettre en œuvre ! »

Les présidentielles de 2012 se joueront sur le courage politique de regarder les réalités écologiques en face. Or la gauche, c’est plutôt la politique du moindre effort. Dans l’annonce de candidature à la primaire socialiste de Martine Aubry, ce qui préoccupe Roland Muzeau, porte-parole des députés communistes, c’est la phrase « Nous aurons des efforts à réaliser » : C’est inquiétant, parce que ce à quoi nous souhaitons nous attendre si la gauche gagne, c’est à une nouvelle répartition des richesses entre capital et travail et non pas à des efforts qui seraient demandés à tout le monde, même s’ils sont justement répartis. Les limites de la Planète et de nos finances publiques sont superbement ignorées. Les contradictions entre l’écologie et la conception dominante du progrès social (toujours plus…) sont trop frontales pour se résoudre dans un compromis.

* Changer le monde, tout un programme de Jean-Marc Jancovici (2011)

NB : une version de cet article a été déjà publié dans « Chroniques d’abonnés » sur lemonde.fr

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la démondialisation contre le gauche-droite de Zaki Laïdi

Idéologue en cour qui va se répétant de tribune en tribune, Zaki Laïdi a trouvé un nouvel os à ronger : la démondialisation. Il la pense « absurde »* sur le seul exemple de l’imbrication des composants Airbus et Boeing produits un peu partout dans le monde. Or la multiplication des kilomètres que parcourt un yaourt ou la construction d’un avion n’est pas soutenable. Ces kilomètres ont besoin d’énergie fossile, d’où l’absurdité de ces va-et-vient puisque le pétrole est en voie de disparition. Dans le cas des avions le kérosène est indispensable : Boeing et Airbus sont comme les dinosaures, voués à une mort certaine. Zaki Laïdi ne sait pas tout cela, il se contente de réciter son catéchisme libre-échangiste.

Zaki Laïdi trouve la démondialisation « politiquement effrayante » car sa « modernisation » à lui se résume à l’acceptation de l’économie de marché. Depuis quelque années, la conviction de Zaïdi est simpl(ist)e : « le PS ne pourra gagner que lorsqu’il aura cessé de faire du marché un épouvantail »… ce qui équivaut en fait à une ouverture à droite ! Zaki Laïdi affirme que « La démondialisation est une idée absurde qui n’a de surcroît aucune chance de voir le jour ». Il ne se rappelle pas que le libre-échange imposé par l’Angleterre au XIXe siècle ne l’a été que pour soutenir le pouvoir des industriels contre les agriculteurs en interne et en externe au moment où le pays dominait de façon militaire le reste du monde. Avant cela l’Angleterre était protectionniste. Elle redeviendra protectionniste, comme l’Europe et les Etats-Unis, quand la Chine aura terminé sa remontée des filières pour maîtriser l’ensemble de choses à vendre, y compris les avions. Ce qui ne saurait tarder.

Cependant Zaki Laïdi donne de la démondialisation une bonne définition : « Une forme de déconnexion par rapport à l’économie mondiale au travers de la réduction des échanges commerciaux et l’autocentrage économique. » Or la descente énergétique va imposer cette contraction des échanges. Mais Zaki Laïdi vit encore aux temps du libéralisme triomphant, il n’a pas encore pris conscience que l’économie a dépassé les limites de la biosphère et que les contraintes géophysiques sont plus fortes que les vaines spéculations.

LeMonde du 30 juin 2011, Absurde démondialisation

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les indignés vont s’étrangler d’indignation

Les peuples européens sont à l’épreuve de la rigueur*. Toujours plus d’austérité est demandée pour  payer les excès passés, toujours plus de rejets des populations concernées. Les dettes n’étaient pas soutenables, le remboursement de ces dettes est insoutenable. Après les Trente Glorieuses, les Trente Moroses et maintenant les Trente Agitées. Les jeunes précaires et autres indignés sont dans la rue. Ils rejettent les gouvernements socialistes, et même les organisations syndicales. Ils organisent leur spontanéité avec portables et Internet. Ils ne savent pas encore qu’il est impossible de réduire le déficit budgétaire sans récession, ce qui veut dire hausse du chômage. Ils perçoivent déjà la hausse de l’inflation, ce sera autant de pouvoir d’achat en moins. Le cercle vicieux de l’appauvrissement généralisé se dessine, moins de consommation, moins de production, moins d’emplois, moins de croissance, augmentation des prix, augmentation des taux d’intérêt, encore plus de difficulté de rembourser les dettes, etc. Il ne sert donc à rien de manifester dans la rue. Les indignés vont s’étrangler d’indignation.

Après le printemps arabe, l’hiver sur toute la biosphère, un hiver sans fin. Il en sera ainsi en Grèce et en Espagne comme en Egypte ou en Tunisie : les défilés dans la rue n’ont jamais créé d’emplois. Et le pire est à venir. Personne n’a encore expliqué dans les grands médias que le retour de la croissance économique est impossible. Ce n’est pas spécifiquement la faute du système financier, c’est la cause de notre endettement massif à l’égard de notre planète. Notre croissance démesurée s’est fait à crédit, en faisant marcher la planche à billet et en dilapidant le capital naturel. Les métaux (cuivre, zinc, étain, antimoine, platine…) et les sources d’énergie (uranium, gaz, pétrole, charbon…) ne sont pas renouvelables, il n’y a pas de relance possible. La société thermo-industrielle explosera au cours de ce siècle, nous retomberons comme un soufflé au stade préindustriel sans pouvoir rebondir de nouveau. C’est pourquoi la révolte, le peuple qui se met en marche, est un phénomène inquiétant car ni les économistes, ni les politiques ne peuvent promettre la croissance qui sauve, même si actuellement ils n’ont encore que ce mot à la bouche.

Les rassemblements pacifiques se transformeront en émeutes, la protestation prendra un cours violent, la répression s’abattra sur le peuple. Les indignés vont être étranglés. Ni les économistes, ni les politiques n’ont su nous prévenir à temps qu’il nous fallait  changer de modèle de société, aller vers une société de décroissance conviviale, organiser des communautés de résilience, partager solidairement la pénurie, éliminer les inégalités. L’amour de la croissance était un amour sans avenir.

* dossier du monde-économie du 31 mai 2011, L’Europe des « indignés » contre le garrot de la dette.

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Rio 1992-2012 : le procès de l’humanité

En 1992, l’appel d’Heidelberg, faisait pression sur le Sommet brésilien de Rio. Cette pétition, signée par plusieurs dizaines de Nobel, accusait « l’émergence d’une idéologie irrationnelle à l’aube du XXIe siècle qui s’oppose au progrès scientifique et industriel et nuit au développement économique et social ». Les Nobel opposaient une « écologie scientifique » à une « argumentation pseudo-scientifique » ; ils se gardaient bien de définir précisément ce qui fait science ou non. Ils faisaient acte d’allégeance à la croissance économique ; ces « scientifiques » croyaient pouvoir intervenir dans le domaine économique dont ils étaient souvent dépendants. Ils attaquaient des « mouvements qui ont tendance à se référer au passé » ; cette imbécillité est véhiculée depuis avec le « retour à la bougie » ou « l’âge des cavernes » ! Savaient-ils d’ailleurs, ces Nobel, qu’ils rentraient dans le jeu d’une agence de communication française pour l’industrie pharmaceutique ?
Vingt ans ont passé. Le discours est aujourd’hui très différent. Les écolosceptiques ont perdu du terrain. On découvre même qu’il y a des crimes de l’humanité contre la planète Terre*. Le « procès de l’humanité » s’est ouvert le 19 mai, préparation à la Conférence de l’ONU sur le développement durable à Rio en 2012*. « Il s’agit d’un procès civil pour déterminer si nous avons manqué à notre relation avec la planète » et pour voir « comment nous pouvons restaurer cette relation » Cette réflexion a pris la forme d’un procès car « nous en sommes arrivés à un point où une simple énième réunion avec un énième dialogue n’aurait pas eu d’impact ». L’humanité va donc se juger elle-même en pensant aux générations futures. « Quoi qu’il arrive, l’Histoire nous jugera », a déclaré à la presse le ministre suédois de l’Environnement. Les 18 prix Nobel du jury sont confiants : « Les décideurs vont nous écouter ».
Mais les décideurs politiques sont attentifs à d’autres voix que celle de la raison écologique, celle des électeurs. En ce moment, les députés UMP** ne veulent pas des mesures supplémentaires contrôlant la vitesse des automobilistes. Il faudrait cesser d’emmerder les Français. Quand le Premier ministre en appelle à « assumer ses responsabilités », il essuie une véritable bronca. Que feront alors les députés s’il s’agissait de voter une taxe carbone conséquente ! Or agir contre la vitesse sur route n’est qu’une des décisions à prendre pour diminuer nos émissions de gaz à effet de serre. Beaucoup de concitoyens ne savent pas encore que la vitesse est un crime contre la planète Terre, ils ne savent pas que leur empreinte écologique est démesurée, insupportable, irrationnelle. Il n’y a pas de « présumé coupable » puisque les dégradations causées par l’activité humaine sont amplement démontrées à l’heure de l’anthropocène. Il nous faut donc plaider coupable, et changer de mode de vie, sobriété énergétique, simplicité volontaire, Nicolas Hulot au pouvoir, etc. Mais scientifiques et politiques renâclent !
* LeMonde du 19 mai, Le procès de l’humanité s’est ouvert à Stockholm.
** LeMonde du 19 mai, La colère des députés UMP contre les décisions du gouvernement sur la sécurité routière.

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le litre d’essence à 1,55 euros… le début de la fin

Lire LeMonde* en diagonale nous en apprend beaucoup. D’abord en page 2, le super 95 vient de dépasser son record de 2008 avec un prix au litre de 1,547 euros. Ensuite en page 15, les Américains n’ont aucune notion de la réalité des prix à la pompe. N’étant pas soumis à TIPP et autres TVA, ils trouvent insupportables toute augmentation du baril car cela se répercute directement sur le porte-monnaie. Face à cet aveuglement, les républicains inféodés aux pétroliers, premier contributeur financier de ce parti, veulent lever les moratoires sur les forages en haute mer ; Obama de son côté veut financer la recherche dans les énergies renouvelable et « propres ». Pour les deux camps, aucun mention de la nécessité de réduire la consommation d’énergie ; il s’agit toujours de politiques de l’offre. En France, c’est la même optique : une page entière (p.5) pour faire de la publicité sur l’extraction de pétrole dans le bassin parisien. Il faut aller en Amazonie page 4 pour s’apercevoir que les Indiens veulent au contraire une politique de restriction de la demande d’énergie en mettant fin aux grands travaux d’infrastructure routière qui, en plus, « détruisent la biodiversité de nos terres ». En France aussi avec le Grenelle de l’environnement, on voulait geler les dépenses d’infrastructure : vœu pieux.

                Pourtant l’ASPO (Association d’étude du pic pétrolier) nous avait avertis : c’est la fin du pétrole bon marché. Ces experts et transfuges de l’industrie pétrolière ont fondé l’ASPO en 2000 et organisé leur première conférence mondiale en 2002. Fin avril dernier, c’était donc leur 9ème conférence. Leur diagnostic est imparable : tous les gisements, en dehors du Moyen-Orient, ont passé leur pic. Même l’Agence internationale de l’énergie (World Energy Outlook de 2010) représente la production de brut conventionnel atteignant son maximum en 2006. Les courbes qui en résultent devraient terroriser nos élites, elles montrent l’écart sidérant entre une offre qui se tasse et une demande croissante de brut au cours des 40 prochaines années. Mais les économistes et la gent politique vivent encore dans un monde de rêve où la demande qui ne peut pas être satisfaite permet quand même l’élaboration d’une courbe croissante ! Comme le prix du pétrole va augmenter de façon irrémédiable, cette courbe imaginaire sera bien obligée de s’effondrer dans la réalité pour rester égale à l’offre de brut. Etrangement, les économistes n’ont pas encore pris la mesure de la connexion entre la crise et un prix du baril à trois chiffres Or toutes les récessions économiques depuis les années 1970 ont été liées au prix du pétrole. Il est maintenant certain qu’une crise énergétique systémique et une inflation galopante vont entraîner toutes les économies dans la tourmente, et déclencher un processus de démondialisation. Le temps du pétrole bon marché est fini, notre mode de vie va changer, reconnaît Pierre Mauriaud, géologue de Total. Nous vivrons dans les prochaines années la descente énergétique mais aucune institution responsable ne nous l’annonce… même pas un journal de référence comme LeMonde !

Il n’y a pourtant pas d’autre solution que d’apprendre à vivre avec moins de pétrole. Votez aux prochaines présidentielles pour celui qui vous dira enfin la vérité… s’il existe !

* LeMonde du 4 mai 2011

pour en savoir plus, Il n’y a pas d’autre solution que d’apprendre à vivre avec moins de pétrole

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l’Homo automobilus chinois

J’ai éprouvé une véritable souffrance devant la présentation faite par LeMonde* de la motorisation chinoise. Car j’ai maintenant la certitude que la civilisation thermo-industrielle se précipite de plus en plus vite en voiture vers son effondrement (et les difficultés sociales que cela entraînera). En page 3, le Chinois devient un « Homo automobilus » inconsistant : on achète une auto pour montre qu’on en a (du fric), on se précipite sur la berline de luxe puisque sa sœur vient d’acheter une BMW, on croit donner une image de soi glorieuse alors qu’on vient de se faire kidnapper par l’industrie automobile. Le Salon de Shanghai (page 13) s’ouvre sur ce qui est devenu le premier marché automobile du monde. C’est une grande première pour la Chine, passée de 600 000 voitures particulières en 2000 à 14 millions en 2010. Cette expansion forcenée du marché repose sur les ingrédients habituels de la publicité commerciale, imitation et ostentation : on achète une voiture pour faire comme les autres, on achète un super-modèle  pour se différencier du voisin ! L’aliénation peut commencer.

                En effet, un statut social qui relève d’une possession matérielle n’est que le signe d’une société matérialiste qui a abandonné toute sagesse. L’automobiliste croit renforcer son sentiment de liberté sans limites, décider où aller et à quelle vitesse, alors qu’il n’est que le prisonnier des infrastructures routières, des règlements et des embouteillages, des ressources pétrolières et de leur rareté croissante. A Pékin existe déjà un rationnement à l’immatriculation automobile pour enrayer son engorgement routier. On pense déjà hybride et voiture électrique sans se rendre compte que les centrales thermique au charbon accélèrent la pollution et les émissions de gaz à effet de serre. La Chine  rentre dans une impasse, elle possède  peu de ressources pétrolières et l’Arabie Saoudite commence à garder son pétrole pour ses propres ressortissants (déjà 15 % de sa production à l’heure actuelle). Le « juste » prix du pétrole n’existe pas. Le pétrole est un miracle volé par les humains à la nature, le prix du baril ne peut qu’exploser.

                Bientôt l’homo automobilus va être obligé de suivre une cure de désintoxication. Déjà la Chine a mis en place des centres chargés de guérir ses malades du jeu vidéo… elle interdira un jour les véhicules individuels après avoir suivi la sinistre pente du gaspillage des ressources fossiles.

* LeMonde du 21 avril 2011,

– Le Chinois, « Homo automobilus »

– les constructeurs automobiles rêvent en chinois

– Le juste prix du pétrole saoudien

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supprimons (le) Coca-Cola

LeMonde* critique Coca-Cola, mais chut… il ne faut pas le dire. Le journaliste peut raconter que le géant américain vide les nappes phréatiques. Julien Bouissou ne peut pas en déduire qu’il faut supprimer l’entreprise Coca-Cola. Comme toujours, l’article du journal de référence balance entre les arguments des Hindous qui manquent d’eau face à la concurrence de Coca-cola et l’argumentation de la multinationale qui accuse les paysans d’avoir des méthodes archaïques d’utilisation de l’eau. Pourtant, y’a pas photo, Coca-Cola n’a rien à faire sur la surface de la Terre, ici ou là : cette boisson n’a que des inconvénients.

                Il y a quelques années un président de cette transnationale tenait un discours terrifiant : « Chaque être humain boit en moyenne douze fois par jour, que ce soit une boisson alcoolisée ou non, de l’eau en bouteille ou au robinet, et cela représente un marché quotidien de 48 milliards de boissons. Coca-cola n’en vend qu’un milliard par jour, cela fait seulement 2 % de part de marché, nos possibilités d’expansion sont donc considérables. » Coca-Cola n’est donc pas là pour satisfaire nos besoins, mais pour faire du fric. A l’heure où même l’eau potable commence à manquer, autant dire que Coca-cola est une entreprise normalement sans avenir.

Mais Coca-Cola, c’est la mainmise sur nos esprits. A partir de 1930, une série de publicités fixait le costume rouge et blanc du père Noël pour « aider » la marque Coca-Cola. Aujourd’hui, « soyons réalistes : à la base, le métier des médias, c’est d’aider Coca-Cola à vendre son produit. Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible (Patrick Le Lay, PDG de TF1) ». Alors, plutôt que de boire de l’eau ou du jus de fruit de fabrication locale, on  se précipite vers les refrescos, ces boissons gazeuses très sucrées indispensables pour couper la faim dans le ventre des pauvres. Il faut supprimer Coca-Cola.

                Coca-Cola, c’est aussi le greenwashing. L’analyse du cycle de vie ou ACV est une notion apparue aux Etats-Unis en 1969. Il ne s’agissait pas d’une découverte de théoriciens de l’écologie, mais d’une problématique stratégique initiée par l’entreprise Coca-cola : faut-il mettre la boisson dans une bouteille de verre ou lui préférer le plastique ? Coca-Cola a « découvert » que les contenants en plastique seraient plus respectueux de la Biosphère une fois pris en compte toute l’essence nécessaire à la réutilisation du verre consigné. Depuis, les bouteilles plastiques ont conquis le monde entier. Mais l’ACV ne mesure ni l’impact sur les nappes phréatiques, ni la propension à l’obésité, ni surtout l’utilité réelle du produit. Il faut supprimer Coca-Cola.

                Coca-Cola, c’est donc l’ennemi numéro un de la société humaine. Pourtant WWF s’acoquine avec cette entreprise peu recommandable. En Belgique, l’actuel président du WWF est Ronald Biegs, ancien directeur général de Coca-Cola en France et en Allemagne. Un accord international conclu depuis 2007 entre Coca-Cola et le WWF pour un montant de 23,75 millions de dollars a été affecté à un fonds « pour protéger les sept bassins fluviaux qui comptent parmi les réserves d’eau douce les plus critiques au monde » C’est complètement paradoxal et absurde : en soutenant ces projets, The Coca-Cola Company dit contribuer à résoudre la crise de l’eau dans le monde… tout en faisant baisser les nappes phréatiques en Inde. Il faut supprimer Coca-Cola qui dénature tout ce qu’il touche.

                Les humains n’ont pas besoin de boissons manufacturées, ils ont seulement besoin d’eau potable et d’amitiés profondes. Supprimons l’entreprise Coca-cola, c’est facile. Il suffit de ne plus boire de coca-cola, en Inde et ailleurs…

* LeMonde du 5 mars 2011, Coca-Cola au centre de conflits sur l’eau en Inde.

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demain nous cultiverons nos légumes

Phénomène temporaire ou tendance structurelle, quel est l’avenir du retour à la terre ? LeMonde* nous présente toute une page sur les jardins potagers : « Désormais 42 % des foyers français ont désormais un espace potager. Le quart d’entre eux n’en avaient pas il y a encore cinq ans… L’aboutissement ultime est la récolte de graines de sa propre production pour atteindre l’autosuffisance alimentaire. » On envisage plusieurs raisons possibles de cette évolution, réflexe anticrise ou retour aux sources ou acte militant. Une sociologue ajoute le potager comme moyen d’échapper au stress de sa vie professionnelle et la volonté de court-circuiter la production marchande. On exclut la volonté politique des temps de guerre. Personne n’envisage ce qui va rendre l’autonomie alimentaire absolument indispensable : le choc énergétique.

En un demi-siècle (de 1960 à 2010) le monde a multiplié par 8 sa consommation de pétrole. Nous consommons 85Mb/j, soit 11,5 millions de tonnes par jour. Avec une telle quantité rien ne remplace le pétrole. Sachant que le monde consomme 180 millions de tonnes d´engrais chimiques basés sur le pétrole ou gaz (NPK) et phytosanitaires, que l´agriculture intensive a besoin pour planter, traiter et récolter de 100 à 150 litres de diesel par ha/an, que de 1900 à 2000 la production mondiale d´aliments a augmenté de 600 % et la population de 1,7 à 7 milliards de personnes, comment pouvoir continuer sur cette lancée sans pétrole ? C’est sur le constat imminent d’un double choc, le pic pétrolier et le réchauffement climatique, que le mouvement pour la résilience locale, dit « territoires en transition »**, commence à se développer : les jardins potagers deviennent une nécessité.

                Normalement des politiques responsables devraient nous avertir de ce bouleversement inéluctable : après le pic pétrolier, le retour à la terre. Les politiciens préfèrent comme les médias ne s’intéresser qu’à une chose : les querelles de personnes autour de la prochaine élection.

* LeMonde du 22 février 2011, C’est déjà les beaux jours pour le jardin potager (un « retour à la terre » qui réunit citadins en mal de nature et personnes durement frappés par la crise) + Une vraie parenthèse dans un environnement social très dense.

** Rob Hopkins, Manuel de transition, de la  dépendance au pétrole à la résilience locale (écosociété, 2010)

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Est-ce que LeMonde nous empapaoute ?

Bonne contre-enquête du Monde sur les terres rares*. Mais il manque l’essentiel, un point de vue durable. L’ensemble de ces deux pages veut nous faire croire que la riposte s’organise, pas besoin de s’inquiéter : « Certains imaginent même la Chine abandonner tous ses quotas d’exportation, provoquant une chute des prix. » La journaliste croit encore à l’industrie industrialisante qui va reposer sur les 17 métaux aux propriétés extraordinaires qui vont booster les technologies de pointe et la croissance propre. Patrice Christmann, responsable des ressources minérales à la direction de la stratégie du Bureau de recherches géologiques et minières est un vrai croyant : « En science, le mot jamais n’a pas de sens. Les industriels cherchent à obtenir les aimants permanents qui ont le champ magnétique le plus puisant et qui sont en même temps de petite taille… la science trouvera. » Le PDG de Rhodia, leader mondial des formulations à base de terres rares, reste optimiste : « Nous allons développer une filière de récupération de terres rares, nous allons diversifier nos approvisionnements… La crise approche de son terme. » Tout ira donc pour le mieux dans le meilleur des mondes possibles !

Voici pour l’utopie marchande, passons aux réalités. Philippe Bihouix** constate que le développement exponentiel des nouvelles technologies a fait exploser la demande en métaux high tech, les fameuses terres rares. Or les ressources métalliques constituent un stock très limité au milieu d’une quantité énorme de roches indifférenciées. Extraire des métaux toujours moins concentrés dans les roches géologiques requiert de plus en plus d’énergie. Mais inversement la production d’énergie, toujours moins accessible, requiert de plus en plus de métaux.  Une éolienne d’1 MW de puissance consomme dix fois plus d’acier et de béton au kWh qu’une centrale thermique. De plus la complexité des alliages nous empêche de récupérer facilement les métaux lors du recyclage. Il y a 30 métaux différents dans un ordinateur portable. Avec 3000 sortes d’alliages au nickel, on comprend que l’organisation de filières de récupération sera douloureuse ! Enfin une partie des métaux n’est pas récupérable car nous en faisons un usage dispersif, pigments, additifs, couches minces…

Allons à l’essentiel. On constate qu’au niveau mondial, 75 % des métaux extraits le sont pour 20 % de la population. Or déjà la pénurie commence avec les terres rares. Il ne faut donc pas promouvoir plus de technologie pour réduire les gaspillages, mais réduire notre consommation de riches pour moins de technologies. C’est sur le terrain de la morale et du juste besoin que  se situe le progrès véritable. LeMonde devrait cesser de se faire uniquement le porte-parole myope de notre appareil industriel.

* LeMonde du 14 janvier 2011, Les terres rares seront-elles une nouvelle source de conflit ?

**  Philippe Bihouix, ingénieur, coordonne avec Benoît de Guillebon l’ouvrage Quel futur pour les matériaux, résultat du travail associatif des ingénieurs de Centrale-Paris. Résumé de son point de vue dans l’Ecologiste n° 33, hiver 2010.

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faim du monde, fin du libre-échange

Au XXIe siècle il y aura la guerre des terres*, comme il y aura les guerres du pétrole, les guerres de l’eau, les guerres du climat, les guerres civiles, les guerres aux frontières… La flambée des prix alimentaires mondiaux avaient provoqué en 2008 des émeutes de la faim dans plusieurs pays. Aujourd’hui les prix alimentaires enregistrent leur sixième mois consécutif de hausse. Ce n’est pas seulement la faute des catastrophes naturelles et des spéculateurs, c’est la conséquence de la surpopulation mondiale. La pénurie n’est plus conjoncturelle. Nous sommes six milliards d’humains et on en dénombrera 3 milliards de plus en 2050. Quels sols mettront-nous en culture pour soutirer à la terre leur pitance ?

Pour protéger leur souveraineté alimentaire, l’Inde vient d’interdire l’exportation de l’oignon national, la Russie suspend ses exportations de céréales, Canberra prévoit de réduire de 25 % ses exportations de sucre en 2011. S’il est bien un domaine dans lequel la démondialisation est en marche, c’est bien  celui de l’agriculture et de l’alimentation. Le philosophe Fichte publia en 1800 L’Etat commercial fermé, ouvrage de l’anti-libre-échange. La thèse dépasse très largement le protectionnisme transitoire de Friedrich List. Fichte s’engage au contraire dans une perspective d’interdiction totale des échanges commerciaux avec d’autres nations.

Selon le philosophe allemand, l’Etat doit garantir à chaque citoyen des conditions d’existence décentes lui permettant de subvenir à ses besoins fondamentaux, et lui assurer le droit de travailler. Pour y parvenir, l’Etat doit organiser et contrôler la production de richesses, contrôle impliquant la fermeture des frontières économiques puisque tout flux en provenance de l’extérieur échappe par définition au gouvernement. La fermeture des échanges commerciaux se répercute sur la politique monétaire du pays car cela induit nécessairement de ne plus participer à des flux monétaires par la voie des taux de change. Cela évite les antagonismes en matière économique qui sont à l’origine de guerres armées.

* La guerre des terres de Thierry Pouch (Choiseul, 2010)

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Démondialisation féroce

Le libre-échange n’était qu’un leurre. Les économistes libéraux ont voulu nous faire croire au doux commerce, à l’avantage comparatif, à la prospérité pour tous. Le bilan de la mondialisation, c’est un désastre : délocalisation en série, destruction d’emplois et d’outils de travail, pression à la baisse sur les revenus du travail. Cette course au moins-disant pour plus de compétitivité internationale, c’est un suicide collectif. Si l’on voulait résumer, la mondialisation a fabriqué des chômeurs au Nord et augmenté le nombre de quasi-esclaves au Sud. Pour Arnaud Montebourg*, la mondialisation s’est en fait résumée à une mise en concurrence mondiale, sans limites, sans scrupule, sans filet…

Alors que Montebourg prône la démondialisation, la Chine pratique déjà le protectionnisme**. Elle a décidé de réduire de plus de 10 % les quotas de ses exportations de terres rares pour l’année prochaine. Or la Chine en produit environ 97 %, soit 17 métaux aux propriétés électromagnétiques très recherchées dans les technologies de pointe utilisées dans le monde entier. Les guerres commerciales ne font que commencer à s’envenimer, sur les matières premières, sur les produits agricoles, sur l’énergie. Dès que le monde reconnaîtra la réalité du fait que nous avons franchi le pic de la production pétrolière, la mondialisation sera morte à la fois en théorie et en pratique. Les pays exportateurs de l’or noir mettront sur le marché des quantités décroissantes bien avant que le débit maximal possible de la production mondiale soit atteint. Ces pays se réserveront en effet une part de plus en plus grande de leur production pour leur propre développement, et ménageront leurs réserves en prévision de l’avenir ! Les Etats-Unis ont déjà prouvé qu’ils étaient prêts à envahir les nations souveraines du Moyen-Orient ; ils appliqueront la doctrine Carter, selon laquelle le ravitaillement en pétrole est un intérêt vital qu’il faut défendre par la force militaire si nécessaire. Un affrontement militaire à propos du pétrole pourrait alors mettre la planète à feu et à sang depuis le Moyen Orient jusqu’à l’Asie, en détruisant l’infrastructure pétrolière de nombreux pays. Un tel conflit pourrait être la Dernière Guerre mondiale***.

Rien n’est plus fondamental dans l’histoire que les guerres pour les ressources. Avec la raréfaction des ressources, le futur proche connaîtra une période de contraction généralisée et chronique du commerce international. La fête est finie. Mais comme c’est bizarre, personne n’envisage que l’avenir puisse être très désagréable. Bonne année 2011…

* Des idées et des rêve, chapitre 13 sur la démondialisation (édition Flammarion, 2010)

** LeMonde.fr du 28 janvier, La Chine réduit ses exportations de terres rares pour début 2011

*** La fin du pétrole (le vrai défi du XXIe siècle) de James Howard Kunstler

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douter est parfois criminel

         Nous doutons de tout car toute chose est relative, aux mœurs de notre époque succéderont d’autres croyances. Il n’y a pas d’ordre naturel, n’en déplaise à Benoît XVI. Mais en matière scientifique, le doute n’est qu’hypothèse : l’observation scientifique détermine certains constats, ils restent valides en l’attente d’une démonstration contraire. C’est pourquoi nous ne doutons pas de la responsabilité du virus d’immunodéficience dans le SIDA, nous ne doutons pas des causes anthropiques du réchauffement climatique, nous ne doutons pas du pic pétrolier. Stéphane Foucart* explique clairement en quoi le doute suffit à retarder les mesures à prendre. Penchons-nous sur le pic pétrolier, un fait d’origine géologique qui normalement ne souffre pas la contestation.

         Bernard Durand** attaque les économistes : « Ils s’imaginent que l’augmentation du prix du pétrole se traduit par une augmentation plus ou moins proportionnelle des réserves. C’est inexact pour le pétrole : ont-ils seulement réalisé que les augmentations de prix seront incapables de créer le moindre gisement de pétrole dans le sous-sol ? » Même dans le mensuel voué à la décroissance, l’économiste Denis Baba*** essaye de jeter le doute : « Rien n’est démontré, il y a encore suffisamment de pétrole, charbon, etc. pour que la société marchande persévère encore longtemps dans son être.. A la lecture des textes piquistes, on ne peut s’empêcher de penser que les désastres promis sont ardemment souhaités par leurs auteurs… Sur le fond ? Les experts se sont trompés tant de fois. »

         En fait, nous n’accordons pas trop d’importance aux économistes qui se veulent plus forts que les contraintes naturelles (les ressources non renouvelables). Le problème du pic pétrolier est d’abord médiatique. Nous laissons à nouveau la parole à Bernard Durand : « Le terrain médiatique est accaparé, souvent avec véhémences, par les partisans et les adversaires de telle ou telle source d’énergie ou de telle ou telle technique prétendument salvatrice, sans que soit pour autant présenté un bilan raisonné et précis. Un temps précieux a ainsi été perdu, qui aurait pu être utilisé pour la mobilisation et l’action. » Car tant que les médias ne parleront pas du pic pétrolier en cours, les politiques ne feront rien…

* La science, le doute et la faute de l’Académie, LeMonde du 14-15 novembre 2010

** La crise pétrolière (analyse des mesures d’urgence) de Bernard Durand (EDP, 2009)

*** Que cache le pic pétrolier ? in La décroissance de novembre 2010

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cervelle d’or, biosphère pillée

Il suffit de lire une semaine du Monde pour mesurer à quel point notre planète se vide :

– les prélèvements non durables d’eau sont passés de 126 km3 par an à 283 km3 de 1960 à 2000 dans le monde*

– pénurie des éléments rare, gallium, hafnium, indium, rhodium …**

– un cinquième des espèces de vertébrés de la planète est menacé d’extinction***

Nous sommes à l’image de l’homme à la cervelle d’or****, nous puisons dans les tréfonds de notre planète pour en arracher les derniers morceaux : « Du train dont il menait sa vie, royalement, et semant l’or sans compter, on aurait dit que sa cervelle était inépuisable… Elle s’épuisait cependant, et à mesure on pouvait voir les yeux s’éteindre, la joue devenir plus creuse. Un jour enfin, au matin d’une débauche folle, le malheureux, resté seul parmi les débris du festin et les lustres qui pâlissaient s’épouvanta de l’énorme brèche qu’il avait déjà faite à son lingot. Il était temps de s’arrêter. »

Mais comme le malheureux héros de cette fable, nous ne savons pas nous arrêter…

* LeMonde du 24-25 octobre, Aux Etats-Unis, l’agriculture irriguée est en sursis

** LeMonde du 27 octobre, la situation préoccupante d’éléments essentiels pour l’industrie de pointe

*** LeMonde du 28 octobre, un plan de discussion a minima pour la biodiversité

**** La Légende de l’homme à la cervelle d’or d’Alphonse Daudet in Lettres de mon moulin (1866)



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des mineurs bientôt sans charbon

Il fut un temps où on envoyait les mineurs au charbon. Métier ingrat, dangereux pour la santé (silicose…), dangereux pour la vie (coup de grisou…). Pourtant les mineurs veulent continuer à creuser les flancs de notre mère la terre. Ils appartiennent à une espèce, complètement folle, qui brûle les combustibles officiels avec désinvolture. Les Espagnols* font mieux encore, ils subventionnent cette activité ingrate et sans lendemain : le  charbon n’est pas une ressource renouvelable. On explique aux mineurs que le charbon est très polluant, que leurs mines ne sont pas compétitives et qu’il n’y a pas d’avenir sous la terre, rien n’y fait, ils font grève pour être payé à continuer.

Pour Thomas More, « L’or et l’argent n’ont aucune vertu, aucun usage, aucune propriété dont la privation soit un inconvénient véritable. C’est la folie humaine qui a mis tant de prix à leur rareté. La nature, cette excellente mère, les a enfouis à de grandes profondeurs, comme des productions inutiles et vaines, tandis qu’elle expose à découvert l’air, l’eau, la terre et tout ce qu’il y a de bon et de réellement utile (L’utopie, 1516). » Il en est de même du charbon, il aurait dû rester sous terre et nous aurions échappé au pic énergétique, au réchauffement climatique, à la dégradation des conditions de travail, à la dislocation des liens sociaux…

* LeMonde du 26-27 septembre, en Espagne, les mineurs de charbon etc.

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