Michel Sourrouille, auteur en 2017 du livre « On ne naît pas écolo, on le devient », a décidé avant de mourir de partager sa pensée avec tous les Internautes qui fréquentent ce blog biosphere. La parution se fera chaque jour pendant le mois de juillet. Il dédie ce livre aux enfants de ses enfants, sans oublier tous les autres enfants… car nous partageons tous la même maison, la Terre, si belle, si fragile…
Chasse, activité dénaturée par des chasseurs motorisés
Le fusil était à l’honneur dans la famille. Mon grand-père paternel était chasseur. Il faisait lui-même ses cartouches. Il m’amenait à l’affût. Nous restions des heures à savourer la nature. Et à tuer ! J’ai connu bien des pratiques discutables, comme ces palombes qui servaient d’appeau et dont on avait crevé les yeux pour qu’elles soient plus tranquilles, ne battant des ailes qu’à la commande. On étranglait le gibier blessé, comment l’achever autrement et proprement ? J’arrachais la langue des étourneaux, mon grand-père disait que sinon l’oiseau aurait un « goût de fourmi ». Les lapins étaient nombreux, le gibier encore sauvage. Puis les lapins ont eu la myxomatose. Et le faisan ne s’envolait plus devant moi, il était apprivoisé et sortait d’un élevage. J’ai arrêté de chasser. La chasse n’était plus ce qu’elle était, une viande d’appoint pour une famille installée à la campagne. Les chasseurs sortent maintenant des villes, avec leur voiture et leur fusil à répétition.
« Le chasseur ne devrait pas être cette fourmi motorisée qui envahit les continents avant d’avoir appris à « voir » le jardin à côté de chez lui. » [Aldo Leopold, Almanach d’un comté des sables ( 1946, Flammarion 2000)]
La plupart des chasseurs considèrent les écologistes comme des ennemis. Ils ne voient pas que leur ennemi, c’est eux-mêmes et leurs pratiques de « tableau de chasse ». Nous ne sommes plus à l’époque de la chasse et de la cueillette, nous sommes trop nombreux sur chaque territoire, limitant de façon démesurée l’espace de la vie sauvage.
« Comment un million de chasseurs français pourrait-il évoluer à son aise dans des paysages urbanisés, fragmentés et « désanimalisés » ? Si le nombre des chasseurs se réduit constamment, l’omnipotence du lobby-chasse perdure, transformant le Parlement de ce pays en comice agricole du XIXe siècle et paralysant le ministère de l’environnement. Le chasseur constitue, pour le législateur, la seule espèce protégée et jusqu’à l’an 2000 le non-chasseur n’avait même pas d’existence juridique. Je ne suis pas contre la chasse, mais plutôt pour le respect de tout être sensible, pour la fin de la souffrance gratuite. Ce livre n’a pas été écrit contre qui que ce soit, mais d’abord pour le vivant, pour la nature, en vue d’un acte de paix, et non de guerre. Ce livre traitera de la chasse-loisir. Personne en France ne chasse plus pour se nourrir. » [Gérard Charollois, Pour en finir avec la chasse (la mort-loisir, un mal français) (Radicaux libres, 2009)]
Un chasseur pourrait devenir un véritable écologiste, inscrit dans une association pour redonner à la nature son exubérance naturelle et ses animaux sauvages. Il deviendrait alors simple promeneur, humant l’air des sous-bois et la chaleur des prés, admirant le vol d’un oiseau et l’effilochement d’un nuage. Pourquoi pas chasseur d’images, s’il veut conserver chez lui à vie le vol d’une perdrix ou la fuite d’un renard. Un chasseur devrait se contenter de regarder la nature sans y toucher, comme en plongée sous-marine. Quant à la surpopulation des chevreuils, il n’y a pas assez de lynx en France ! Reste les sangliers, mais si on veut se permettre de réguler une population, commençons par maîtriser notre propre fécondité…
(à suivre… demain sur ce blog biosphere)
Déjà paru :
On ne naît pas écolo, on le devient, introduction
Abécédaire, la façon la plus simple pour s’y retrouver
Abeille, qui ne pique que si on l’embête
Abondance, s’éloigne dès qu’on lui court après
Absolu, un mot à relativiser, un mot indispensable
Acteurs absents, dont on a eu tort d’ignorer l’existence
Adolescence, moment de révolte ou de soumission ?
Alcool, dur pour un écolo de refuser de trinquer !
Amour, une construction sociale trop orientée
Animal, une facette de notre humanité trop ignorée
Austérité, mot qui fait peur et pourtant source de bonheur
Barbe, un attribut des hommes qu’on voulait faire disparaître
– « Quant à la surpopulation des chevreuils, il n’y a pas assez de lynx en France ! Reste les sangliers, mais si on veut se permettre de réguler une population, commençons par maîtriser notre propre fécondité… »
Autrement dit commençons par introduire tout plein tout plein de lynx. Et quelques lions et autant de tigres, tant qu’à bien faire. Et laissons les chevreuils et les sangliers tranquilles !
Du moins tant que nous ne maîtriserons pas notre propre fécondité…
Je suppose que c’est pareil pour les rats. Un vrai écolo se doit d’être CONTRE toute sorte de régulation ! Sauf celle de sa propre espèce, ça va de soi.
Pour les rats, yaka laisser proliférer les chats.
Dans les années 1970 il y avait 2,2 millions de chasseurs en France. En moyenne 36.000 sangliers étaient abattus par an. Aujourd’hui, alors que le nombre de chasseurs a été divisé par plus de deux, ce sont 747.000 sangliers qui sont abattus. Leur population est estimée à 2,5 millions d’individus. Et les naturalistes expliquent que la fécondité du sanglier continue de progresser… et que la situation semble désormais hors de contrôle.
Super ! C’est super bon le sanglier ! Et avec autant de sangliers et de chevreuils les Français ne sont pas prêts de mourir de faim. Quoique…
Bon d’accord, des goûts et des couleurs on ne discute pas. Jonathan Swift, dans sa Modeste Proposition (1729), raconte que le gigot de nourrisson est à damner un curé. Que dis-je un curé … un pasteur ! Si ce n’est un végan.