écologie profonde dans LeMonde !

La philosophie de l’écologie profonde subit en France un ostracisme de la part d’une certaine élite pensante. Voici une réponse* à la position de JC Rufin  qui nous paraît judicieuse :

« Jean-Christophe Rufin (LeMonde du 21 décembre 2010) analyse l’idée que la justice est un impératif supérieur au droit, si bien qu’une juste cause rendrait licite l’usage de tout moyen d’action, fut-il illégal.

Il utilise ainsi l’opposition classique entre légalité et légitimité, mais il mélange deux pratiques différentes. La méthode machiavélique, au service des princes qui nous gouvernent, selon laquelle la fin justifie les moyens. Et la méthode gandhienne pour qui la fin est dans les moyens comme l’arbre dans la semence.

Jean-Christophe Rufin persiste, en effet, dans sa condamnation aveugle de l’écologie profonde en écrivant : « S’appuyant sur une philosophie élaborée (l’écologie dite « profonde »), ces mouvements n’hésitent pas à s’en prendre à l’homme en tant que représentants d’une espèce honnie, responsable à leurs yeux de tous les maux. Ils sont de plus en plus portés à l’action violente et attentent régulièrement à la sécurité des personnes et des biens. »

Jean-Christophe Rufin ne connaît donc rien à l’écologie profonde qui est une philosophie de la non-violence qui respecte profondément les humains et tente simplement de convaincre. S’il peut y avoir, dans des cas extrêmes, atteinte aux biens, il n’y aura jamais agression de personnes. Arne Naess**, disciple de Gandhi, dit par exemple: « L’un des principaux aspects de nos actions est d’attirer l’attention du public. La condition du succès est alors dépendante de notre capacité à confirmer l’hypothèse suivante : si seulement l’opinion publique savait ce que les écologistes défendent, alors la majorité des gens serait de leur côté. L’expérience accumulée ces dernières années indique que le point de vue écologique avance grâce à une communication politique non-violente qui mobilise à la racine. » (Ecologie, Communauté et style de vie, 1976) »

* Courrier du jour (LeMonde du 30 décembre 2010, p.22 en dernière page)

** Le philosophe norvégien Arne Naess est l’initiateur de l’écologie profonde

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2011, le chemin vers le Paradis

En 2011 commence la Grande Métamorphose. L’or noir a triplé, passant de 100 dollars le baril à 300 dollars en fin d’année. En effet le roi d’Arabie saoudite a cessé de fournir son pétrole à bas prix, ayant décidé mi-janvier d’en garder le plus possible pour les générations futures*. La facture pétrolière française explose, les inégalités exacerbées par la pénurie d’énergie sont dénoncées. Un revenu maximal admissible, bonus et revenus du capital compris, est fixé à trois fois le Salaire minimum par un vote unanime de la droite sarkozienne et du Front de gauche. L’Etat décide dans la foulée d’abandonner la plupart de ses prérogatives au bénéfice des entités territoriales ; même les députés se sont rendus compte que la résilience au choc pétrolier ne pouvait s’effectuer que par l’autonomie alimentaire et énergétique locale. Sarkozy fait un discours du 14 juillet révolutionnaire, à 180 degrés : Délocalisation, Démondialisation, Désurbanisation, Décroissance heureuse. Bien sûr notre cher Président, devenu le plus ardent des écolos, décide fin 2011 de sortir du nucléaire, le plus rapidement possible. D’ailleurs Anne Lauvergeon ne jurait plus que par le solaire et l’éolien.

En 2011, le nombre de chômeurs explose, mais les solidarités de proximité jaillissent comme évidences, de toute part. Les couples décident de faire moins d’enfants, ils ne veulent plus procréer des bouches inutiles. Les habitants des villes se demandent ce qu’ils vont manger. Les jardins partagés, les potagers, se multiplient au milieu des HLM et sur les balcons. Le compost d’appartement est obligatoire. Quelques autoroutes commencent à être démantelées pour redevenir de vertes prairies. Il y a de moins en moins d’employés et de cadres ; les artisans, les petits commerçants, les paysans se multiplient dans tous les domaines. On casse un peu partout les grosses machines qui ont productivé le chômage, le luddisme est de retour… le ludique aussi, la joie de vivre plus sobrement, plus simplement. Chacun a compris qu’aller moins vite, moins loin et moins souvent pouvait procurer le bonheur. Les voitures rouillent, les rotules se dérouillent : marcher dans la forêt devient le nec plus ultra de l’ecstasy. Certains arrivent même à parler aux oiseaux et aux rochers, comme François d’Assise ou Aldo Leopold. La France est devenue le pays que le monde entier veut imiter…

Que l’année 2011 devienne  le chemin d’un paradis sur Terre. Nous te souhaitons une année future où l’œuf sera pondu dans le poulailler familial, le lait produit dans une économie domestique, le miel récolté dans le respect de la nature.

* L’Arabie Saoudite, premier producteur mondial de pétrole, aurait mis un terme à la prospection sur son sol afin d’épargner ses richesses et les transmettre aux générations futures, selon une déclaration du roi Abdallah datée du 1er juillet 2010.

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Pétrole et décroissance démographique

Nous avons tendance à croire que notre intelligence humaine et nos codes moraux nous distinguent des autres espèces vivantes. Erreur ! Lorsque d’autres créatures se procurent une manne énergétique, elles réagissent par la prolifération : leur population traverse les phases bien connues d’épanouissement, de dépassement des capacités de leur environnement, puis de chute brutale. Jusqu’à présent, nous avons réagi face à l’apport énergétique des énergies fossiles exactement comme les rats ou les bactéries répondent à une nouvelle et abondante source de vie.

Sur le globe vivent aujourd’hui entre 2 et 5 milliards d’êtres humains qui n’existeraient probablement pas sans les combustibles fossiles. Lorsque l’afflux d’énergie commencera à décliner, l’ensemble de la population  pourrait se retrouver dans une situation pire encore que si les combustibles fossiles n’avaient jamais été découverts et l’on assistera à une compétition intense pour la nourriture et l’eau entre les individus d’une population dont les besoins seront désormais impossibles à satisfaire. Combien d’êtres humains l’agriculture post-industrielle sera-t-elle capable de nourrir ? Une estimation précautionneuse serait : autant qu’elle pouvait en faire vivre avant que l’agriculture s’intensifie, c’est-à-dire la population du début du XXe siècle, soit un peu moins de 2 milliards d’êtres humains.

Une politique démographique faisant en sorte que chaque couple n’engendre en moyenne que 1,5 enfants parait incontournable. Cet objectif global doit se traduire par des mesures et quotas nationaux. En effet, le niveau le plus efficace pour la régulation de la population se situe actuellement sur le plan national car seuls les Etats ont la possibilité d’influencer efficacement les comportements et d’imposer des restrictions. L’opposition à l’immigration incontrôlée est souvent assimilée à tort à la xénophobie anti-immigrés. Mais dans une perspective écologique, l’immigration n’est pratiquement jamais souhaitable. Lorsqu’elle se fait massivement, elle ne fait que mondialiser le problème de surpopulation. De plus, ce n’est que lorsque les groupes humains se sont enracinés dans une zone particulière, au fil de plusieurs générations, qu’ils développent un sens des limites en termes de ressources. Pourtant la gauche comme la droite tendent à occulter le problème de la croissance démographique continuelle.

Richard Heinberg , Pétrole, la fête est finie (2003, traduction française 2008)

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Crise ultime et pic pétrolier

Les écologistes peuvent affirmer que, cachée derrière une fin d’année festive, s’approfondissent les fractures qui mènent droit à l’effondrement de la civilisation : bientôt le baril à 100 dollars*. Jean Albert Grégoire** nous avertissait dès 1979 : « Comment l’automobiliste pourrait-il admettre la pénurie lorsqu’il voit l’essence couler à flot dans les pompes et lorsqu’il s’agglutine à chaque congé dans des encombrements imbéciles ? L’observateur ne peut manquer d’être angoissé par le contraste entre l’insouciance de l’homme et la gravité des épreuves qui le guette. Comme le gouvernement crie au feu d’une voix rassurante et qu’on n’aperçoit pas d’incendie, personne n’y croit. Jusqu’au jour où la baraque flambera.

Apercevoir la fin des ressources pétrolières, admettre son caractère inéluctable et définitif, provoquera une crise irrémédiable que j’appellerai crise ultime. Nous n’en souffrons pas encore. Les premières ruptures sérieuses d’approvisionnement du pétrole la déclencheront. Alors on reverra, comme au temps de Suez ou de la guerre du Kippour, un brutal renversement de l’opinion, définitif cette fois. Il ne s’agira pas, comme on le croit et comme les économistes eux-mêmes l’affirment, de surmonter une crise difficile, mais de changer de civilisation. L’humanité devra passer de l’ère d’abondance factice à celle de la pénurie, de l’orgueil insensé à celle de l’humilité. Elle devra répartir des richesses qui, au lieu d’être infinies comme elle le pensait naïvement, lui  apparaîtront à l’heure du bilan bien modeste en face de ses besoins. Les pays riches devront réduire leur train de vie, ce qui pour chaque individu représentera une contrainte douloureuse à laquelle il n’est aucunement préparé. »

                Ce qu’on appelle crise va devenir l’état normal de l’humanité et le manque de pétrole imposera l’austérité. Le pôle écologique va en débattre le 25 janvier 2011. On peut s’inscrire à ce colloque 

* LeMonde du 29 décembre, le prix du pétrole menace la reprise économique en 2011.

** Vivre sans pétrole de J.A. GREGOIRE (Flammarion, 1979)

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Démondialisation féroce

Le libre-échange n’était qu’un leurre. Les économistes libéraux ont voulu nous faire croire au doux commerce, à l’avantage comparatif, à la prospérité pour tous. Le bilan de la mondialisation, c’est un désastre : délocalisation en série, destruction d’emplois et d’outils de travail, pression à la baisse sur les revenus du travail. Cette course au moins-disant pour plus de compétitivité internationale, c’est un suicide collectif. Si l’on voulait résumer, la mondialisation a fabriqué des chômeurs au Nord et augmenté le nombre de quasi-esclaves au Sud. Pour Arnaud Montebourg*, la mondialisation s’est en fait résumée à une mise en concurrence mondiale, sans limites, sans scrupule, sans filet…

Alors que Montebourg prône la démondialisation, la Chine pratique déjà le protectionnisme**. Elle a décidé de réduire de plus de 10 % les quotas de ses exportations de terres rares pour l’année prochaine. Or la Chine en produit environ 97 %, soit 17 métaux aux propriétés électromagnétiques très recherchées dans les technologies de pointe utilisées dans le monde entier. Les guerres commerciales ne font que commencer à s’envenimer, sur les matières premières, sur les produits agricoles, sur l’énergie. Dès que le monde reconnaîtra la réalité du fait que nous avons franchi le pic de la production pétrolière, la mondialisation sera morte à la fois en théorie et en pratique. Les pays exportateurs de l’or noir mettront sur le marché des quantités décroissantes bien avant que le débit maximal possible de la production mondiale soit atteint. Ces pays se réserveront en effet une part de plus en plus grande de leur production pour leur propre développement, et ménageront leurs réserves en prévision de l’avenir ! Les Etats-Unis ont déjà prouvé qu’ils étaient prêts à envahir les nations souveraines du Moyen-Orient ; ils appliqueront la doctrine Carter, selon laquelle le ravitaillement en pétrole est un intérêt vital qu’il faut défendre par la force militaire si nécessaire. Un affrontement militaire à propos du pétrole pourrait alors mettre la planète à feu et à sang depuis le Moyen Orient jusqu’à l’Asie, en détruisant l’infrastructure pétrolière de nombreux pays. Un tel conflit pourrait être la Dernière Guerre mondiale***.

Rien n’est plus fondamental dans l’histoire que les guerres pour les ressources. Avec la raréfaction des ressources, le futur proche connaîtra une période de contraction généralisée et chronique du commerce international. La fête est finie. Mais comme c’est bizarre, personne n’envisage que l’avenir puisse être très désagréable. Bonne année 2011…

* Des idées et des rêve, chapitre 13 sur la démondialisation (édition Flammarion, 2010)

** LeMonde.fr du 28 janvier, La Chine réduit ses exportations de terres rares pour début 2011

*** La fin du pétrole (le vrai défi du XXIe siècle) de James Howard Kunstler

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la dernière goutte de pétrole

Demain, bientôt, en 2011 ou 2027, le baril à 300 dollars, 1000 dollars, plus… Autant dire le Premier jour de l’après-pétrole. Quelques tankers circulent encore, mais la Russie a serré la vis de ses pipe-lines. L’Europe se dessèche et les Etats-Unis entrent en transes. Des milliers de station-service ferment, les avions cessent de voler, le chauffage au fuel est abandonné. La fermeture des raffineries contamine peu à peu le secteur industriel tout entier. Plus de matières plastiques,  donc plus de tuyauteries, plus d’emballages, de rouge à lèvre, de tissus synthétique, de bouteilles d’eau. Wall Street fait naufrage, les traders sautent par la fenêtre. Le chômage explose, 15 %, 30 %, 50 % de la population… Des manifestations dans tous les pays, des violences incontrôlées, la loi martiale est décrétée. Les voitures s’arrêtent de rouler, les supermarchés ferment quand ils ne sont pas pillés. La plupart des habitants des conurbations ne peuvent plus se rendre désormais à des boulots inexistants. Les banlieues pavillonnaires deviennent des déserts ou des taudis. La police est débordée, l’armée déboussolée. L’obscurité s’étend sur les villes, plus d’éclairage public. Les dernières gouttes de pétrole sont réservées à des tanks qui ne servent plus à grand chose. Les centrales nucléaires sont abandonnées, même l’Etat n’a plus les moyens de les pérenniser. Les émeutes de la faim gagnent les pays du Nord après avoir dévasté le Sud. Des marées humaines se réfugient à la campagne où il n’y a plus de refuges possibles. Des seigneurs de la guerre font la loi à coup de kalachnikov tant qu’ils ont encore des balles. En 2050, la planète compte moins d’un milliard d’habitants. Dans quelques endroits aux terres encore fertiles, la vie communautaire se reconstruit peu à peu. L’ère de la croissance économique dans un monde fini est définitivement terminée.

Cette histoire est notre réponse à la question d’un « National Geo » qui posait cette question fin 2010 : « Supposons que nous avons épuisé la dernière goutte de pétrole, que se passe-t-il ?

Sur ce, bonne année 2011…

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pour un Noël écolo (6/6)

Fin 2005, dix mouvements catholiques avaient lancé un appel « vivre Noël autrement ». L’association Pax Christi avait été rejointe par le Secours catholique et le Comité catholique contre la faim. Ils avaient diffusé une affichette avec le slogan : « Noël, bonne nouvelle pour la Terre » puisque « Jésus nous offre un monde nouveau, sans caddies pleins de cadeaux qui comblent les armoires et les décharges. » Les tracts invitaient à consommer moins et à se rapprocher de ses voisins avec lesquels la fête sera plus belle encore sans faire des kilomètres inutiles avec sa voiture, en offrant un peu de temps, un sourire, une oreille attentive, en inventant des gestes qui contribuent à sauver l’air, la terre, la mer, les forêts. Les associations mentionnent un texte de Jean Paul II publié en 1990 et consacré à la protection de l’environnement : « La société actuelle ne trouvera pas de solution au problème écologique si elle ne révise pas sérieusement son style de vie. » Quelques rares familles ont donc essayé de montrer l’exemple.

En 2010, c’est donc la sixième campagne du collectif chrétien Vivre Autrement : « Terre eau, air, paix, santé, éducation, justice, autant de biens communs indispensables à tous et pourtant menacés : pollution, gaspillage, réformes des services publics, brevetage du vivant, conflits… En ce temps de Noël, le collectif propose de réfléchir aux conditions de la préservation de ces biens communs et de leur partage entre tous. Car préserver ces biens communs passe par des gestes relevant de la responsabilité individuelle, mais aussi par une régulation qui est du ressort de tous, responsables politiques et citoyens. » L’idée de fond est parfaite : « Arrêtons l’hyper-Noël, faisons la paix avec la terre. » Mais ce mouvement reste marginal, sans le soutien officiel de son Eglise qui préfère lutter contre les préservatifs.

Le dieu de la Bible est trop anthropocentrique pour que les fidèles échappent aux gaspillages des fêtes de Noël. Leurs enfants ne savent pas le Christ est né dans la plus pauvre des conditions, ils attendent eux-aussi avec impatience d’ouvrir le suremballage de leurs cadeaux. Pour un Noël écolo, il nous faut supprimer le père Noël et rechercher une spiritualité plus proche de la Nature.

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Noël sans le pape (5/6)

Benoît XVI n’est pas un pape « vert ». Benoît 16 dénonçait en décembre 2007 dans son message de Noël l’exploitation de la planète : « paix et écologie dans le message de Noël du pape ». En fait, juste une petite phrase du pape peut appuyer cette assertion : « Dans le monde, le nombre des migrants, des réfugiés, des déplacés, va toujours croissant, à cause aussi des catastrophes naturelles, qui sont souvent la conséquence de préoccupants désastres écologiques. » Pas de quoi changer la face du monde et dénoncer les innombrables dommages environnementaux causés par l’homme. Il est vrai que la religion catholique, comme d’ailleurs bien d’autres religions, ne voit dans la planète qu’une propriété que les humains « à l’image de Dieu » peuvent exploiter et saccager.

Dans son message Urbi et Orbi du 25 décembre 2009, le Pape n’était toujours pas écolo : « Autour de la crèche de Bethléem, tout se passe dans la simplicité et dans la discrétion, selon le style par lequel Dieu opère. » Mais le pape n’en dit pas plus, à chacun de choisir sans le pape la simplicité volontaire dans sa vie quotidienne. Benoît 16 fait le tour des problèmes de l’humanité : « Le « nous » des croyants opère au Sri Lanka comme levain de réconciliation et de paix… Le « nous » de l’Église incite à dépasser la mentalité égoïste et techniciste… » Y’a pas beaucoup plus d’écologie dans le message du pape que dans le Noël des marchands.

Avec Benoît 16 la papauté est sur le déclin, encore imprégnée d’une théologie d’un autre âge, pape dont rien ne laisse supposer une capacité d’ouverture aux problèmes contemporains, à commencer par ceux de la Biosphère. D’ailleurs pour lui, nul besoin d’électricité et de pétrole, la parole est toujours éthérée : « « La lumière qui émane de la grotte de Bethléem resplendit sur nous. Toutefois la Bible et la Liturgie ne nous parlent pas de la lumière naturelle, mais d’une autre lumière, spéciale… » Les servants du nucléaire et les marchands du Temple peuvent continuer à sévir le jour de Noël et tout le reste du temps, ce n’est pas le problème du pape. Il nous faut chercher une spiritualité ailleurs, par exemple dans l’écologie profonde.

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Noël sans ses skis (4/6)

La Biosphère espère que vous allez passer un bon Noël sans skis. On ne peut en effet maintenir la montagne « propre » quand on y multiplie les immeubles et les remonte-pentes. Ce n’est pas un loisir qui préserve la Biosphère que de déplacer des citadins en mal d’air pur vers de lointaines destinations où on va recréer la ville et poursuivre des activités sans intérêt.

Mais le greenwashing règne dans tous les  domaines. On veut dorénavant vendre la destination neige en l’inscrivant sur le registre du développement durable ! L’office de tourisme d’Avoriaz avait installé un « corner environnemental » qui invite à calculer son empreinte écologique ; Sainte-Foy en Tarentaise mettait en évidence l’habillage bois de ses bâtisses ; Val-d’Isère mettait l’environnement au cœur de l’organisation des championnats du monde de ski alpin prévu en 2009. Poudre de neige et de perlimpinpin ! Infinitésimales sont les sociétés de remontées mécaniques qui obtiennent la certification Iso 14001 avec la mise en place de tri sélectif, l’utilisation de produits biodégradables et une recherche d’économie d’énergie. Une seule station en France détient la certification QSE (qualité, sécurité, environnement).

L’association Moutain Wilderness rappelle que la consommation d’eau pour produire de la neige atteint 15 millions de mètres cubes pour 188 stations, un chiffre presque comparable aux 25 milliards de m3 qui servent au remplissage des piscines privées. Il faut aussi 108 millions de kWh pour les canons à neige, soit 0,023 % de la consommation française d’électricité, mais presque autant de proportion dans les déchets nucléaires. Signalons en passant qu’on peut agréablement passer un Noël sans ses skis, même si c’est sous la neige.

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le père Noël sans cadeaux (3/6)

Le Père Noël est un des pires flics de la terre et de l’au-delà, le Père Noël est le camelot immonde des marchands les plus fétides de ce monde. Tous ces marchands de rêve et d’illusion, véritables pirates des aspirations enfantines, colporteurs mercantiles de l’idéologie du flic, du fric, du flingue… Face à la grisaille géométrique des cités-clapiers, bidonvilles de la croissance, face aux arbres rachitiques, aux peuples lessivés, essorés, contraints, s’étale la merde plaquée or-synthétique, la chimie vicieuse des monceaux de jouets, un dégueulis de panoplies criardes, avec, derrière la porte capitonnée le ricanement malin des marchands.

Noël est une chiotte ignoble et on va plonger nos gosses là-dedans ? Mais faut bien faire plaisir au gamin ! Rubrique « Filles » du catalogue des Nouvelles Galeries : 28 pages sur 30 exclusivement consacrées aux poupées, aux dînettes, avec trousses de toilette et fers à repasser miniatures. Les deux pages restantes sont consacrés au tissage, à la couture, à des panoplies de danseuse…et de majorette ! Si avec ça votre fifille n’a pas pigé quel est son rôle futur. Côté « les Garçons » : sur 40 pages, 32 seulement consacrées aux bagnoles, avions, panoplies de cow-boys et carabines à plomb ! Doivent retarder, aux Nouvelles Galeries, j’ai pas trouvé de panoplies de CRS ou de para. Par ailleurs ces jeux sollicitent de plus en plus de consommation électrique. Allez, tenez, on va fantasmer un peu : bientôt pour construire des centrales nucléaires, l’EDF s’adressera à nos gosses et leur proclamera la nécessité de l’atome pour fournir de l’électricité à leurs jouets !

Mais quelles sont les tendances d’enfants élevés dans un milieu naturel et n’ayant pas à souffrir du poids des divers modes d’intoxication ? Ils courent, ils jouent dans les flaques, se roulent dans la boue, ou tentent de percer les mystères de « papa-maman ». Ils vivent, pensent, créent. Refouler ces pulsions naturelles est donc le but criminel de notre société. Sauter à la corde ou jouer au ballon devient un exploit quasi contestataire sur des abords d’immeubles transformés en parking. Le système des marchands au pouvoir a dit : J’achète le Père Noël. 

(in la Gueule ouverte de janvier 1973… Un texte qui reste toujours d’actualité en 2010 !)

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le père Noël sans sapins (2/6)

En 1900, il suffisait d’une orange donnée à un enfant pour avoir l’impression d’un immense cadeau. En l’an 2010 les consoles de jeux vidéos du père Noël finissent par intoxiquer les jeunes esprits autour d’un arbre à cadeaux. Car le père Noël  a besoin d’un sapin à l’arrivée de son traîneau. Alors quel sapin « vert » pour Noël, artificiel ou naturel ?

C’est en Alsace-Lorraine qu’est né au XIIe siècle le sapin de Noël, ce sont les protestants qui développent la tradition à partir de l’an 1560 et cela totalise maintenant en France 5 millions d’arbres de 6 à 8 ans d’âge pour moins d’un million de reproductions en plastique. En 2009, le sapin artificiel représente 16 % en France, 58 % aux Etats-Unis et 67 % en Grande-Bretagne. L’association du sapin de Noël naturel, qui regroupe 70 professionnels, ironise : « Contrairement aux sapins artificiels, les sapins naturels ne sont pas dérivés du pétrole et sont parfaitement biodégradables ». Il n’empêche que les sapins naturels issus d’une monoculture mobilisent des terres qu’on devrait laisser à la biodiversité. On les coupe pour les jeter dans des semi-remorques qui contribuent à l’effet de serre. On les habillera de boules et de guirlandes qui ne représentent rien si ce n’est le culte du toc et de la superficialité qui caractérise la société marchande. En définitive, l’arbre artificiel contribue trois fois plus que l’arbre naturel au réchauffement climatique et à l’épuisement des ressources naturelles, ce qui ne fait pas du sapin naturel un innocent !

Profitez plutôt de cette fête de Noël pour marcher au milieu d’une forêt vivante et réfléchir au système qui nous aliène. Considérez que dans un monde fini nous devons apprendre à limiter nos envies matérialistes. Il nous faut retrouver cet objectif qui devrait nous mobiliser à toutes les époques : moins de biens, plus de liens. Cette année 2010, Michelle Obama a demandé qu’on réutilise les ornements des années précédentes. Pour la Green Room, elle a choisi des sapins recyclés : ils sont faits de papier journal passé à la peinture dorée. Il ne reste plus qu’à refuser les cadeaux.

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le père Noël, invention des marchands d’illusion (1/6)

En Europe, les rituels liés à l’approche de l’hiver sont ancestraux. Fixer la naissance de Jésus près du jour le plus court de l’année, ce fut d’abord la tentative de l’Eglise catholique de nier un paganisme proche de la Nature.
La liturgie de la Messe de l’Aurore rappelle que la nuit est passée, le jour est avancé. L’invention du père Noël résulte d’un détournement historique complémentaire. L’Église catholique avait décidé de remplacer les figures païennes par des saints. Saint Nicolas de Lycie désignait le saint protecteur des tout-petits car, selon la légende, il aurait ressuscité trois enfants trucidés par un horrible boucher. Mais il était fêté le 6 décembre : un personnage, habillé comme on imaginait que saint Nicolas l’était (grande barbe, crosse d’évêque, grand vêtement à capuche), va alors de maison en maison pour offrir des cadeaux aux enfants sages.

C’est seulement en 1809 que l’Américain Washington Irving a créé le personnage du Père Noël. La mondialisation du Père Noël peut commencer, y compris avec sa couleur rouge, utilisée dès 1866. De nombreuses firmes avaient déjà utilisé cette symbolique dans des publicités, mais Coca-Cola a largement contribué à fixer l’image actuelle : à partir de 1930, une série de publicités pour la marque Coca-Cola utilise le costume rouge et blanc. En France les catholiques, qui depuis longtemps s’échangeaient des petits cadeaux à Noël le 25 décembre en l’honneur de la naissance du Christ, ont résisté un temps au « père Noël ». Mais entre le XIX et le XXe siècle, des chrétiens associent cette « fête des enfants » à celle de l’Enfant Jésus : Saint Nicolas fera désormais sa tournée la nuit du 24 décembre.

Le père Noël n’est qu’un hérétique dont la hotte va être garnie par les marchands du Temple. Aujourd’hui l’enfant Jésus est bien oublié, Noël est devenu la fête des marchands. Même des pays n’ayant pas de tradition chrétienne comme la Chine utilisent désormais le 25 décembre comme outil de vente. Rien n’est plus emblématique de l’esprit de notre temps que cette fête de Noël (censée représenter la naissance du fondateur d’une religion à l’origine ascétique) qui a dégénéré en un rite purement commercial et mène à son paroxysme la fièvre consumériste. Il nous faut supprimer le père Noël.

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biotechnologies et respect du vivant

Nous ne respectons pas le vivant. La transgression des codes ADN est une abomination. Nous dépouillons un organisme vivant de ses gènes pour parvenir à un génome minimal nécessaire pour perpétuer la vie. Nous avons construit une bactérie au patrimoine génétique synthétisé. . La cellule vivante devient un châssis pour lequel on construit des lignes d’assemblage. Des logiciels sont déjà en développement pour identifier les commandes d’ADN susceptibles de conduire à la création d’agents pathogènes. Certains veulent même créer un monde artificiel séparé de celui où nous vivons. Or les transformations biogénétiques sont imprévisibles, non testées et mal comprises. On se demande parfois jusqu’où ne pas aller trop loin !

Nous ne respectons pas le vivant. L’élevage en batterie est une abomination. Nous commençons à en prendre conscience. Les poules pondeuses auront bientôt droit à un perchoir, une litière et au moins 750 cm2. Les députés européens réclament la mise en œuvre de cette décision. Ils devraient aussi s’occuper des biotechnologies…

* LeMonde du 18 décembre 2010, Vers des  vies moins ordinaires.

** LeMonde du 18 décembre 2010, Poules pondeuses (page planète)

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Arnaud Montebourg, le Jaurès de l’écologie ?

Arnaud Montebourg sera-t-il le Jaurès de l’écologie ? Le candidat à la candidature Arnaud Montebourg suit attentivement l’évolution du mouvement écologiste. Sa contribution au Congrès socialiste du Mans en 2005 était remarquable : « La conjonction de l’explosion démographique et de l’épuisement prévisible des ressources de combustible fossile entraîne un choc énergétique qui met directement en cause le mode de développement industriel et son corollaire, la délocalisation systématique des facteurs de production. L’approvisionnement en pétrole de l’économie mondiale est menacé par deux phénomènes :

          à court terme une crise d’approvisionnement liée au sous investissement en capacité de production des années récentes et le risque d’une crise géopolitique ;

          à moyen terme, l’entrée de la production de pétrole en déclin continu. C’est le phénomène de « pic pétrolier ». Il est susceptible d’intervenir d’ici 2015 (la production journalière atteindre son maximum pour décroître ensuite). L’effet principal sera d’entretenir une pression constante sur les prix, et ce d’autant plus que les économies consommatrices sont fortement dépendantes. Suivra inéluctablement une baisse de la consommation du fait de la raréfaction de la ressource.

Nous avons le choix entre anticiper ce bouleversement de nos économies ou subir la crise annoncée et ses conséquences sur le plus grand nombre… »

Fin août 2010, Arnaud Montebourg était à Saint Ciers avec le pôle écologique. Son discours était percutant : « Une synthèse “rose-verte” est nécessaire à cause des enjeux qui pèsent sur l’avenir de notre société… le Parti Socialiste fait une analyse de classe et exonère des responsabilités individuelles un certain nombre de personnes qui sont dominées dans la société. L’écologie proclame au contraire la responsabilité de chaque individu quelle que soit sa place dans la société. C’est une des raisons pour lesquelles la question écologique dépasse les clivages gauche/droite. Si tout le monde est responsable de la situation qui est faite sur la nature, l’avenir, le futur, si même nos modes de vie les plus modestes engagent cette responsabilité, alors, cela dépasse en réalité la question politique… Le propre de la transition, de la mutation écologique de l’économie est finalement bien une forme de décroissance. La question politique porte sur le choix des secteurs… La politique va devoir revisiter la vie privée des gens, ce qui est explosif dans notre société individualiste. On aura peut-être besoin de redire aux gens comment mieux dépenser leur argent, de nous exprimer sur leurs achats d’écrans plats et d’Ipad fabriqués par des esclaves chinois, de mettre en place des péages urbains dans les grandes villes, même si aujourd’hui tout cela semble liberticide. »

Dans son dernier livre, Arnaud Montebourg parle même de démondialisation* de l’économie : « Le libre-échange est devenu l’ennemi de nombreux peuples. La démondialisation peut redonner aux peuples le droit de choisir leur mode de vie. » Pour l’équilibre de la biosphère, nous avons vraiment besoin d’un Jaurès de l’écologie. Arnaud Montebourg est bien parti pour le devenir !

* LeMonde du 16 décembre, la gauche va-t-elle succomber aux sirènes du protectionnisme ?

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moins de retraités et la biosphère respire !

Toujours plus de retraités, et c’est des réformes du système de retraite à répétition ! Heureusement que l’espérance de vie commence à reculer… Aux Etats-Unis, l’espérance de vie a régressé de plus d’un mois en 2008 alors qu’elle augmentait en moyenne de 2,6 mois par an depuis 1970. L’explication tient exclusivement à un accroissement de la mortalité chez les plus de 85 ans. Sylvain Cypel* y voit surtout un phénomène conjoncturel, les effets de la crise qui paupérisent la classe moyenne blanche qui se soigne encore moins. Hervé Kempf** y voit un tournant historique : « Cette inflexion de tendance n’est pas imputable à la mortalité infantile, qui a au contraire reculé pour atteindre un minimum historique : c’est bien une dégradation de l’état de santé général qui est ici en cause. Les trois premières causes de mort sont les maladies cardiaques, le cancer, et les maladies respiratoires. » Claude Aubert*** tranche : « Un enfant sur cinq est en surpoids ou obèse en Europe, ce qui devrait conduire à une surmortalité à l’âge adulte de 50 % à 80 %. »

Il est interdit d’interdire la publicité pour la junk food ? Tant mieux ! Continuons à sur-nourrir nos enfants avec des produits gras, sucrés et chimiques… Ainsi le poids des retraités sera moins important pour les actifs. Mais les personnes obèses et toutes celles qui ne savent plus marcher, même si elles ne vivent pas longtemps, auront une fin de vie très coûteuse pour la sécurité sociale… A moins ? A moins que la couverture sociale ne diminue pour les personnes à risque !?

Trêve d’humour noir. Nous sommes désespérés de voir un système social qui produit de la croissance économique (pour l’agroalimentaire et les fast-food) au détriment de la santé des individus tout en détériorant la biosphère. Car mal nourrir les gens, c’est faire une espérance de vie en mauvaise santé, et c’est un coût en ressources naturelles…

*   LeMonde du15 décembre 2010, Phénomène rarissime

** LeMonde du 15 décembre 2010, Un tournant historique

*** Claude Aubert, L’Espérance de vie, la fin des illusions (Terre vivante, 2006)

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Mères porteuses = dégradation de la planète

Le problème de la plasticité des modèles sociaux, c’est que les socialistes n’ont plus aucune position cohérente sur quelque sujet que ce soit. Même sur les mères porteuses ! Les uns veulent autoriser la gestation pour autrui (interdite en France depuis 1991), les autres ne veulent toujours pas d’une marchandisation du corps féminin. Nous proposons aux socialistes une grille de référence qui nous change du marxisme. Dorénavant le discours rationnel est celui qui met l’économie au service du social, et le social reconnu comme complètement dépendant de la bonne santé de la biosphère. Au XIXe siècle, le socialisme naissant a fait comme si les ressources naturelles étaient illimitées, seul comptait le combat des travailleurs contre le capital. En matière démographique par exemple, l’analyse de Malthus a été vigoureusement critiquée par Marx. Or nous avons actuellement dépassé les limites de la planète, les humains ne peuvent plus y vivre de façon conviviale. Malthus a gagné contre Marx.

D’un point de vue écologique, vouloir des enfants à tout prix sur une planète surpeuplé paraît alors absurde. La nature nous impose certaines lois, par exemple la stérilité. Nous pouvons contourner cette loi par l’adoption. Mais admettre comme règle sociale que tout est réalisable quand c’est techniquement possible, les mères porteuses, la fécondation in vitro, la manipulation des gènes… nous projette dans un monde où ce qui importe, ce n’est pas la stabilité sociale et l’intérêt des écosystèmes, mais le désir égoïste des catégories aisées. Cela nous fait oublier le sens des limites.

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les raisons de l’infécondité volontaire

Pourquoi ne pas faire d’enfants ?

          Il n’y a pas d’instinct maternel, avoir un enfant n’a pas de sens en soi.

          Les enfants sont trop précieux, c’est une responsabilité colossale.

          Je trouve le monde trop violent, trop incivil pour donner une vie.

          Ce n’est pas une nécessité d’avoir des enfants pour être heureux.

          Ne pas provoquer de nouveaux dégâts sur terre à travers une consommation liée à la natalité.

          Ne pas prendre la responsabilité de mettre au monde un enfant dans un environnement violent, surpeuplé, où les ressources de la planète sont menacées.

En résumé, « Un enfant si je veux, quand je veux* ». Dans ce slogan féministe porté par le Planning familial après Mai 68, il y avait donc « Si je veux » ! Mais il manque la mention « Si je peux ». Car des populationnistes fervents, qui veulent un enfant à n’importe quel prix, militent pour avoir un enfant malgré une stérilité. Plusieurs personnalités proches du PS viennent de signer une tribune** demandant la fin de l’interdiction de la gestation pour autrui. Quelle sont les raisons tacites de ce souhait ?

          Il y a un instinct maternel, c’est l’enfant qui donne du sens à une femme.

          Les enfants, ils s’éduquent eux-mêmes ou ils vont à l’école.

          Plus d’enfants, c’est assurer une société dynamique et pacifiée.

          Quel bonheur d’avoir un bébé dans les bras !

          Consommer des couches et des biberons fait travailler le commerce.

          Les générations futures feront avec les ressources qu’on leur laissera… Ce sera leur liberté!

*  LeMonde du 12-13 décembre 2010, les enfants, ce n’est pas obligatoire

** Gestation pour autrui : un cadre contre les dérives (lemonde.fr du 13.12.2010)

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le juste prix du pétrole

Aucun expert ne sait déterminer le juste prix du baril. L’explication par le coût à la production n’est que partielle. Les déterminants physiques de l’offre à un moment donné se confrontent en effet à une demande. Quand le tsunami financier de 2008 a entraîné une contraction économique et réduit la demande, le prix du baril a baissé. Par contre, la demande des pays émergents pousse toujours à la hausse. Comme le marché pétrolier est hautement volatil, il n’y a aucune explication logique qui soit déterminante. En août 2005, le baril avait atteint 71 dollars à New York à cause du  cyclone Katrina, demain le simple vol d’un papillon pourra déclencher un affolement du marché pétrolier qui n’a jamais vu plus loin que le petit bout de son nez.

Remarquons en effet que le prix du marché (le jeu de l’offre et de la demande) n’est qu’un indicateur de court terme qui n’indique rien sur l’avenir d’une ressource fossile qui n’existera plus dans quarante années environ vu la consommation actuelle. Or nous sommes en train de franchir le pic pétrolier, le moment où les quantités de pétrole produites baissent inexorablement étant donné l’épuisement des ressources. L’institution financière Ixis CIB notait en 2005, que si le prix du pétrole avait augmenté depuis 1974 au rythme optimal d’une ressource épuisable, il vaudrait déjà 122 dollars en 2005 (alors qu’il ne cotait que 66,6 dollars au 22 septembre). Le même organisme évoquait la possibilité d’un cours du baril à 360 dollars en 2015.

En fait le baril n’est pas payé à qui l’a fabriqué. Le pétrole est un cadeau unique de la géologie, qui nous a permis d’utiliser l’énergie accumulée par des millions d’années d’insolation. Pour obtenir un litre d’essence, il aura fallu que 23 tonnes de matières organiques soient transformées sur une période d’au moins un million d’années. Mais les humains utilisent gratuitement les services que leur rendent la Nature, et la Nature subit des préjudices (par exemple le réchauffement climatique) sans demander réparation ni physique ni monétaire. Comme il faut des millions d’années pour « produire » du pétrole, à combien la Nature nous offrirait-elle le litre de super  si elle était une marchande capitaliste ? Le pétrole n’a pas de juste prix. Lorsque nous aurons achevé de le brûler, il aura disparu à jamais ; des millions d’années de travail géologique gaspillées. En 1892 Mendeleïev, l’inventeur de la classification périodique des éléments, écrivait d’ailleurs au tsar : « Le pétrole est trop précieux pour être brûlé. Il faut l’utiliser comme matière première de la synthèse chimique ». C’était un avis éclairé que la société thermo-industrielle n’a pas écouté. Les générations futures devront d’abord compter sur leur force physique !

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mediator, symptôme d’une société malade

Au risque de passer pour un dangereux extrémiste, je pense que la médecine occidentale n’est pas capable de produire autre chose que des scandales : cette médecine ne veut pas prendre en compte la dimension écologique. Le Mediator nous révèle une situation qui semble étonner les médias, pourtant d’autres médicaments avaient déjà manifesté leurs effets délétères : le Vioxx, le Distilbène, le Roaccutane, etc.

Il n’est pas possible de soigner durablement un malade si on ne comprend pas le désordre responsable de son affection comme une perturbation systémique. Dans un système, il est impossible d’agir à un niveau de la chaîne sans la perturber plus ou moins sérieusement en amont ou en aval. Plus les actions seront fortes et plus ces perturbations seront graves et dommageables. On a constaté que les médicaments pouvaient nous tuer et on espère que de tels objets puissent régler durablement des troubles qui ont mis quelquefois plusieurs mois ou années à se mettre en place. On sait, en écologie, que pour résorber un déséquilibre, il faut agir subtilement et que le rétablissement à un état d’origine ne se fait que lentement. Il faut agir bien en amont, non par des dépistages précoces qui font plus de mal que de bien, mais par des anticipations qui nous permettent d’éviter les ennuis sérieux. Malheureusement, la pensée initiale de notre médecine mais aussi de notre culture est de traiter les questions de façon technique et brutale sans comprendre en quoi nos comportements construisent les pathologies qui nous affectent.

Différents toxiques sont présents dans notre environnement, l’air et l’eau et donc nos aliments. Ce sont tous les produits de combustion, les rejets industriels, les éléments de contact comme les emballages et les contenants et surtout les pesticides et les engrais agricoles. Il faut rappeler que pesticides et médicaments relèvent de la même démarche scientifique, utilisent les mêmes laboratoires, les mêmes technologies, les mêmes financements et sont produits par les mêmes entreprises. Ce sont des produits qui s’opposent à la vie, qu’ils soient antibiotiques ou insecticides, que les hormones soient utilisées pour corriger le cycle normal de la vie ou raccourcir les tiges des blés. Les médicaments ont même rejoint les autres toxiques dans le cortège des polluants aquatiques. Jusqu’à une période récente, on a pu l’ignorer mais ce sont maintenant des tonnes de médicaments qui sont charriées dans l’eau de nos rivières, ce que de nombreuses études récentes est venu confirmer.

C’est pourquoi finalement, cette affaire du Mediator n’a aucun intérêt si ce n’est pour avoir enfin une réflexion élargie sur notre façon de nous soigner… (Christian Portal)

http://www.medecine-ecologique.info/?Le-Mediator-R-une-affaire

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Cancun devant le tribunal de la Nature

Cancun ne pouvait aboutir qu’à une impasse dans un contexte d’indifférence des citoyens, de polarisation des médias sur les faits-divers et de langue de bois des politiques. Sept policiers condamnés à de la prison ferme, 184 commentaires sur lemonde.fr ! L’accord international à Cancun, 2 commentaires (dont un climatosceptique). Le Monde (LeMonde) est plus occupé par les révélations de WikiLeaks ou le Mediator que par le réchauffement climatique ; les annotations conjoncturelles étouffent les préoccupations écologiques.

Cancun se termine donc politiquement ce samedi 11 décembre sur du greenwashing. Les pays développés promettent de l’argent, un « Fonds vert » qui permettrait aux pays en développement de s’adapter au changement climatique ; nous savons que les promesses d’argent des Etats n’engagent que ceux qui y croient. Pour Eva Joly, députée européenne : « Les 420 millions d’euros que la France devait verser (après Copenhague) ont été prélevés sur l’aide au développement, pour laquelle l’objectif d’atteindre 0,51% du PIB n’est même pas atteint. »

Cancun maintient le statu quo sur le protocole de Kyoto, c’est-à-dire un objectif de réduction des gaz à effet de serre que tout le monde a oublié. Les problématiques environnementales (changement climatique, pic pétrolier, perte de biodiversité…) disqualifient les frontières politiques. Mais les représentants aux conférences internationales représentent d’abord leur propre pays. Al Gore, ancien vice-président américain et prix Nobel de la paix, est complètement déprimé : « Le problème ne s’éloigne pas, il a plutôt tendance à s’aggraver. »

Alors la question se pose de savoir comment prendre des décisions et organiser la régulation à l’échelle où les questions se posent. Faut-il remettre les décisions sur l’avenir de la planète dans les mains de l’axe américano-chinois? du G8 ? du G20 ? de l’OMC ? Doit-on confier le destin de la planète au grand capital ? aux médias ? aux citoyens ? Il n’y a que deux solutions, expliquait à Cancun le président de la Bolivie : « Soit le capitalisme meurt, soit la Terre-Mère trépasse. » Le passage du parlement des hommes au parlement du futur (le parlement de la Nature) va se faire dans la douleur : 2°C de plus ? 4 ? 6 ? Rappelons le principe-responsabilité formulé par H. Jonas : « Agir de façon à ce que les effets de son action ne soient pas destructeurs pour la possibilité d’une vie future sur terre. »

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