biodiversité

Trop d’humains, pas assez d’éléphants et de vie sauvage

« Il est indispensable de trouver un équilibre qui permette à tous, êtres humains comme animaux sauvages, de conserver leur droit de vivre sur cette planète. » Telle est la conclusion de l’éditorial du MONDE*, titré « halte au braconnage ! » 20 000 à 30 000 éléphants sont désormais tués clandestinement chaque année. Le cadavre d’un éléphant au bord d’un cours d’eau empoisonné par les braconniers est insupportable. Cette photo illustre l’article intérieur : « Malgré une forte mobilisation, la proportion des éléphants africains a chuté de 15 % en dix ans ». A ce rythme, nos petits-enfants ne verront plus d’éléphants que dans les zoos ou dans les livres d’histoire. Le trafic d’ivoire et la demande des gens friqués n’est cependant pas la cause principale de la disparition des éléphants, des gorilles, des tigres, des ours, des rhinocéros, des loups, des pangolins…

La pression démographique humaine, qui limite les habitats naturels nécessaires à la vie sauvage, doit être mise sur le banc des accusés. Il faut donc limiter la fécondité humaine, vaste programme. Le but fixé en France par le Conservatoire du littoral en 1975 était le tiers sauvage pour protéger les côtes d’une urbanisation sauvage : le tiers de la planète pour la Nature et les deux tiers pour l’impérialisme humain, ce serait déjà un pas dans la bonne direction. Mais restreindre la propension des humains à s’étaler dans l’espace avec tout leur appareillage de routes et de LGV, de magasins et de parkings, de villes tentaculaires et d’habitats dispersés semble encore plus difficile que de prôner le planning familial. Alors, en désespoir de cause, nous donnons la parole à quelques espèces emblématiques pour espérer que vous écouterez un peu leurs discours (extraits d’article sur notre blog) :

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2013/10/28/de-lhomme-au-loup-une-trop-troublante-similitude/
…Un berger s’exclame : « On élève des brebis, pas des loups. On n’a pas signé pour faire des croquettes fraîches. » Un loup rétorque : « Mieux vaut des croquettes fraîches de brebis qu’un Big Mac de chez McDonald’s »…

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2013/08/28/le-droit-absolu-des-crocodiles-a-manger-de-lhumain/
…Un ingénieur de 26 ans vivant à Darwin (Australie) a été attrapé et emporté par un crocodile… Il s’est baigné dans une zone appartenant aux crocodiles, qui ne savent pas lire les pancartes interdisant de manger des hommes…

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2012/09/11/nous-lions-de-tanzanie-nous-voulons-la-paix/
…Nous, Lions de Tanzanie, déclarons : à qui appartiennent les terres ? Toutes les terres nous appartiennent, nous les animaux. Nous les partageons avec toutes les autres créatures, nous aimons nous coucher dans l’herbe et savourer le temps qui passe. Qu’il nous semble lointain le temps béni où nous partagions la savane avec beaucoup de Gnous et très peu de Massaïs…

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2012/09/04/face-aux-eleveurs-des-loups-exasperes/
…Nous les loups, nous ne pouvons pas saquer les bergers. Sans nous, ils se croyaient en vacances en haute montage. Mais pour nous la montagne, sans les bergers, c’était le paradis ! Ils font de l’élevage pour la viande, un ranching avec des troupeaux de plus en plus importants…

* LE MONDE éditorial du 27 mars 2015, Halte au braconnage

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Loi sur la biodiversité ne veut pas dire biocentrisme

Le projet de loi pour la reconquête de la biodiversité, de la nature et des paysages a été voté le mardi 24 mars en première lecture à l’Assemblée nationale par 325 voix contre 189. La quasi-totalité des députés UMP a voté contre un texte pénalisant pour les agriculteurs et chasseurs. Un survol des principales dispositions de la loi :

– principe de solidarité écologique : prendre en compte les écosystèmes dans toute décision publique. Il s’agit d’« éviter, réduire et compenser » les atteintes à la nature.
– création d’une Agence française pour la biodiversité, soit 1 200 agents de quatre structures déjà existantes.
– interdiction des pesticides de type néonicotinoïde à partir du 1er janvier 2016.

Mais ce n’est pas encore aujourd’hui qu’on réussira à « créer une nouvelle harmonie entre la nature et les humains ». L’AFB n’inclut pas l’Office national de la chasse et de la faune sauvage et ses 1800 agents. L’article visant à étendre à l’animal sauvage les sanctions pour sévices prévues par le code pénal, a été retiré du texte. Quant à l’ONF et ses 9 000 agents, il s’agit d’un établissement public à caractère industriel et commercial, censé équilibrer ses comptes sur la vente de bois ! Et le sénat va s’empresser de détricoter le texte des députés : l’état de notre environnement est souvent celui de notre démocratie.

Les scientifiques démontrent qu’il n’y aura pas de planète de rechange, pourtant rien ne change politiquement. La superficie et la qualité des habitats naturels continuent à se dégrader presque partout. Le rythme auquel disparaissent les espèces est de 100 à 1000 fois plus rapide que ce qui s’est passé au cours des 500 derniers millions d’année. Que la vie dans les forêts, les océans et les écosystèmes de notre planète constituent les fondements de notre société et de notre économie, au fond tout le monde s’en fout : nous n’en voyons pas encore la réalité dans notre quotidien ! La perte de biodiversité est encore une abstraction aux yeux des travailleurs : le chômage d’abord, le pouvoir d’achat ensuite ! La perte de biodiversité est toujours un avantage pour les industriels et les consommateurs : tout le monde est complice ! Personne ne manifestera dans les rues pour protéger la richesse de la biodiversité. C’est pourquoi on vote encore des lois de protection de la nature qui n’ont aucune influence pratique. Le biocentrisme n’est pas une composante de notre sensibilité encore trop anthropocentrée.
* Le Monde.fr | 24.03.2015, Ce que contient le projet de loi sur la biodiversité

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Corrida et « qualité » de vie des taureaux espagnols

Depuis que l’Assemblée nationale, travaillée au corps par nos « 30 Millions d’Amis », a voté le projet de loi relatif à la modernisation du droit et reconnu l’animal comme « un être vivant doué de sensibilité » (article 515-14 du Code civil), je m’interroge sérieusement sur la qualité de vie des taureaux espagnols encore libres en cette période hivernale de filtrer par leurs naseaux l’air frais de la prairie.

Certains de leurs frères ont déjà été embarqués sans précaution à destination des arènes du pays des droits de l’homme. La bise venue, le prédateur humain ressent déjà ou encore l’excitation du combat inégal entre l’animal puissant et son meurtrier en habit de lumière. Ce revêtement « féminin » tombera comme par magie quand, du transpercement de la bête par l’épée, naîtra enfin l’homme, comme le déclare un certain Julien Lescarret, matador de son état. Si j’ai bien compris ce vote, le taureau de 4 ans dont on blesse les cornes, celui de 2 ans et le veau qui pleure dans l’arène à me déchirer les tripes sont aujourd’hui déclarés et reconnus doués de sensibilité au même titre que tous les animaux qui partagent avec l’Homme la planète Terre. Il n’y a donc aucune raison pour que ce statut juridique, qui devrait permettre aux juges d’appliquer les règles protectrices des animaux, ne concerne pas les taureaux massacrés dans l’arène.

Nous pourrions nous étonner de ce qu’il faille autant de tracas, de soucis et de combats pour obtenir une reconnaissance qui aurait pourtant dû couler de source si l’homme avait évolué en harmonie avec la nature et donc avec le règne animal. Mais le respect et l’amour s’apprennent d’abord au sein de la famille ou à défaut au contact d’au moins une personne empathique et suffisamment proche de l’enfant. La violence s’expérimente également à partir de modèles, n’en déplaise à nos aficionados confits dans leur tradition et leur inébranlable certitude d’agir pour le bien des générations futures en transmettant l’ignoble coutume. Avant tout, il s’agit pour eux de préserver leur possibilité de jouir en toute impunité de la cruauté infligée au taureau ou au veau, et cela même si la corrida ne fait plus recette.

L’année 2014 a vu se dresser les anticorrida dans toutes les villes barbares. Marina Ruiz-Picasso, petite-fille du célébrissime peintre aficionado de corrida, a rejoint le comité d’honneur de la FLAC, Fédération des luttes pour l’abolition des corridas.
Le FLAC 66, Front des luttes pour l’abolition des corridas, a attaqué en justice l’arrêté de la municipalité de Millas interdisant tout rassemblement anticorrida à moins de 500 mètres des arènes. La commune a été condamnée à verser 1 500 euros à l’association. Le FLAC a tenu un stand aux Journées d’été d’EELV à Bordeaux.
Le Comité des droits de l’enfant (organe de l’ONU) a recommandé au Portugal, en février dernier, de prendre des mesures législatives permettant une meilleure protection des mineurs contre la violence des spectacles de tauromachie et examinera cette question pour la France au printemps de cette année. L’ONU condamne l’implication de mineurs dans la tauromachie, estimant que ces activités sont contraires à la Convention sur les droits de l’enfant.
(De la part de notre correspondante Isabelle Nail)

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L’Europe et la planète malades de la présence humaine

Nous nous préoccupons beaucoup dans les médias du FN (« acteur incontournable aux cantonales ») ou de la fessée (« pas encore interdite en France »), mais vraiment pas assez dans notre comportement pour les choses essentielles. Rappel :

1/2) Biodiversité, état des sols, pollution : l’environnement se dégrade en Europe
L’artificialisation des sols, due principalement à l’urbanisation, s’accompagne de leur fragmentation (30 % du territoire de l’UE est aujourd’hui fortement morcelé), mais aussi de leur dégradation, du fait de l’intensification de la production agricole et de l’érosion, qui touche plus de 25 % de l’espace européen… L’utilisation « non durable » des terres, facteur majeur de la perte de biodiversité, menace aussi les « services écosystémiques » assurés par les sols (comme le stockage de l’eau ou la filtration de contaminants), en même temps qu’elle accroît la vulnérabilité de l’Europe au changement climatique et aux catastrophes naturelles. Cette situation, qu’il est « difficile ou coûteux d’inverser », « ne devrait pas changer de manière favorable »…
L’AEE (agence européenne de l’environnement) exhorte à « une refonte complète des systèmes de production et de consommation qui sont à l’origine des pressions exercées sur l’environnement et le climat ». Ce qui nécessite, ajoute-t-elle, « de profonds changements dans les institutions, les pratiques, les technologies, les politiques et les modes de vie et de pensée prédominants ». (LE MONDE du 4 février 2015)

2/2) La Terre a perdu la moitié de ses populations d’espèces sauvages en 40 ans
La planète est malade, et sa guérison semble de plus en plus incertaine. La pression exercée par l’humanité sur les écosystèmes est telle qu’il nous faut chaque année l’équivalent d’une Terre et demie pour satisfaire nos besoins en ressources naturelles, tandis que le déclin de la biodiversité est sans précédent. Ce sont les conclusions alarmantes du Fonds pour la nature (WWF), dans la dixième édition de son rapport Planète vivante, le bilan de santé le plus complet de la Terre… L’empreinte écologique de l’humanité atteignait 18,1 milliards d’hectares globaux (hag, hectares de productivité moyenne) en 2010, soit 2,6 hag par personne.
Le problème, c’est que cette empreinte mondiale, qui a doublé depuis les années 1960, excède de 50 % la biocapacité de la planète, c’est-à-dire sa faculté à régénérer les ressources naturelles et absorber le CO2. Ce « dépassement » est possible car nous coupons des arbres à un rythme supérieur à celui de leur croissance, nous prélevons plus de poissons dans les océans qu’il n’en naît chaque année, et nous rejetons davantage de carbone dans l’atmosphère que les forêts et les océans ne peuvent en absorber… Résultat : les effectifs de ces espèces sauvages ont décliné de 52 % entre 1970 et 2010. Autrement dit, la taille de ces populations a fondu de moitié en moins de deux générations. (Le Monde.fr | 30 septembre 2014)

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Les souris à l’intelligence « augmentée », une connerie

Les NBIC (nanotechnologies, biotechnologies, informatique et cognitique) sont censées faire en sorte que la planète soit plus intelligente : « Trois expérimentations ont augmenté les capacités intellectuelles de souris en modifiant la séquence de leur ADN avec des segments de chromosomes humains »*. Cela pose des questions inédites que l’auteur de l’article*, Laurent Alexandre, égrène avec gourmandise.

Laurent Alexandre : Au nom de quelle morale interdire que les chimpanzés soient dans le futur plus intelligents ?
Biosphere : L’expérience sur les souris franchit la barrière des espèces. C’est le même mécanisme que les chimères ou Organisme Génétiquement Modifié. Or les humains ne peuvent maîtriser les conséquences lointaines de leurs inventions, surtout quand il faut des périodes très longues pour qu’un organisme s’adapte véritablement à son milieu (selon les lois de l’évolution). Les chimères animal-homme, même fabriquées « à faible coût », restent du domaine de la volonté de puissance. Or le problème actuel semble plutôt de savoir s’il y aura encore des chimpanzés et Bonobos dans un futur proche alors que l’activité humaine détruit la biodiversité globale. Des singes de laboratoire ou de zoo ne sont plus des singes qui vivent leur vie de singe.
Comment empêchera-t-on certains amoureux des animaux de commander un chien plus intelligent, plus empathique, plus « humain » ?
Biosphere : phrase caractéristique, on veut plus d’intelligence pour l’animal, mais on veut garder la capacité de le « commander ». Le transhumanisme des « animaux augmentés » veut donc rester un anthropocentrisme ! Or un esclave doit se révolter, pas continuer à obéir. L’intelligence mène normalement à cela, ne pas se laisser commander et échapper à ses maîtres.
Comment devrons-nous considérer les animaux lorsqu’ils auront un QI proche d’un humain d’aujourd’hui ?
Biosphere : l’intelligence est multiple et cela ne peut être mesuré par un QI, simple mesure culturelle dans une société donnée. Quelle est la capacité relationnelle et émotionnelle de Laurent Alexandre ou du singe « augmenté ». Il faut admirer l’intelligence des mains plutôt que les billevesées du cerveau ; il faut savoir que les animaux ont déjà leurs formes d’intelligence, et souvent des performances que ne peuvent atteindre les humains par leurs propres moyens. Ne faisons pas de futurologie pour un avenir improbable. Apprenons plutôt à vivre en bonne entente avec nos animaux d’élevage et à laisser en paix les animaux sauvages.
Devrait-on décréter un monopole de l’intelligence conceptuelle à notre espèce et aux ordinateurs dotés d’intelligence artificielle ?
Biosphere : Eh oui. Les transhumanistes comme Laurent Alexandre rêvent d’une synthèse entre notre espèce et l’intelligence artificielle. Les animaux augmentés de cet article ne sont qu’un prétexte pour mieux fait avaler l’idée de « l’humain augmenté ». La « révolution » NBIC veut abolir les limites qui nous séparent des machines. Or jusqu’à preuve du contraire, le règne des machines, pilotées plus ou moins par l’homme, a détérioré la planète et l’ensemble des formes du vivant. Quel exploit !
L’accession à l’intelligence ne signifie-elle pas l’accession à une dignité égale à celle de tout humain ?
Biosphere : L’intelligence d’Hitler ou Staline n’avait rien à voir avec l’idée de dignité. Les capacités d’empathie et le respect d’autrui n’ont rien à voir avec la grosseur du cerveau. Laurent Alexandre n’a aucune notion sur la socialisation nécessaire à l’intelligence envers autrui, il préfère injecter des cellules gliales cérébrales humaines à des singes.
Quelle place faudra-t-il reconnaître aux animaux augmentés et aux robots dans nos institutions ?
Biosphere : Nous espérons que la poubelle de Laurent Alexandre est assez grande pour recevoir la grandeur de ses lubies.

Conclusion : Pour Laurent Alexandre, la validité de l’expérience pour faire des souris « augmentées » allait de soi. Il est président de DNAVision, donc gagne sa vie avec les NBIC. Etonnant que LE MONDE lui offre une tribune régulière qui peut se faire sans opposition alors qu’un article de journaliste essaye d’envisager les points de vue contraires. LE MONDE serait-il un repère de trans-humanistes ?
* LE MONDE SCIENCE ET TECHNO du 24 février 2015, Quelle place pour les animaux augmentés ?

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BIOSPHERE-INFO et la sensibilité animale, abonnez-vous

Le Parlement a reconnu aux animaux la qualité symbolique d’« êtres vivants doués de sensibilité » dans un projet de loi « de modernisation et de simplification du droit » adopté définitivement le mercredi 28 janvier 2015*. Pour Jean-Marc Neumann, ce « cavalier législatif », sans lien direct avec le projet de loi global dans lequel il s’insère, ne changera pas les comportements envers les animaux, qui pourront toujours être vendus, loués, exploités… Les pratiques les plus cruelles, comme la corrida, la chasse à courre, les combats de coqs, l’abattage rituel ou certaines formes de pêche ou d’élevage, ne sont pas du tout remises en cause. L’idéal serait une grande loi de protection de l’animal, qui remettrait tout à plat. Par exemple le Code civil continue d’exclure de son domaine les animaux sauvages. Ceux-ci sont pris en compte par le code de l’environnement. Or ce Code ne reconnaît pas leur sensibilité. Quant aux animaux d’élevage, ils sont régis par le Code rural, qui est le véritable code animalier, celui qui détermine la façon de les entretenir, de les élever, de les soigner, etc.**
Voici ci-dessous notre dossier sur les rapports entre l’espèce humaine et les autres animaux. L’abonnement au bimensuel BIOSPHERE-INFO est gratuit, il suffit d’envoyer un courriel à biosphere@ouvaton.org
* Le Monde.fr du 28 janvier 2015, Les animaux sont désormais officiellement « doués de sensibilité »
** lemonde.fr du 16 avril 2014, Les animaux reconnus comme êtres sensibles, un pas totalement symbolique

Bimensuel BIOSPHERE-INFO n° 345 (16 au 28 février 2015)

1/3) Recensions de livres
A l’heure actuelle, les livres sur les animaux se multiplient, « Manifeste pour les animaux », « Que diraient les animaux… si on leur posait la bonne question », « Le chagrin des animaux », « L’animal est une personne », etc. Voici une liste de livres sur notre réseau de documentation qui peut vous servir d’historique de la pensée sur les rapports animal-homme / autres animaux.
1993 Questions d’éthique pratique de Peter Singer (Bayard, 1997)
2000 Les poules préfèrent les cages d’Armand Farrachi (Albin Michel)
2008 Nous sommes ce que nous mangeons de Jane Goodall (Actes sud)
2008 Ethique animale de Vilmer Jean-Baptiste Jeangène (Puf)
2008 Une vie de cochons de J.Porcher et C.Tribondeau (la découverte)
2009 Pour en finir avec la chasse (la mort-loisir, un mal français) de Gérard Charollois (Radicaux libres)
2009 Bidoche, l’industrie de la viande menace le monde Fabrice Nicolino (Les liens qui libèrent)
2010 Faut-il manger les animaux ?  de Jonathan Safran Foer
2012 Tous vulnérables (le care, les animaux et l’environnement) par collectif
2012 Les insectes ont-ils un cerveau ?  de Vincent Albouy
2013 Les animaux aussi ont des droits  (Cyrulnik, Fontenay et Singer)

2/3) Extraits tirés de notre blog
17 avril 2014 Pour respecter les êtres sensibles… et tous les autres
…Alors que le Code civil considérait les animaux comme « des biens meubles », les animaux seront désormais considérés en France comme des « êtres vivants doués de sensibilité »… comme le faisait déjà code rural et code pénal. Autrefois la femme était à peu près considérée comme un « bien meuble », il en était de même des esclaves et des noirs. Et puis ce fut la fin du sexisme dans beaucoup du pays, la fin du racisme dans beaucoup de têtes. Aujourd’hui cette ouverture d’esprit se porte sur certaines espèces vivantes, nous nous dirigeons vers la fin du spécisme. Demain marquera peut-être la grande réconciliation de l’espèce humaine avec toutes les autres formes de vie et la fin de l’anthropocentrisme
20 janvier 2014 Toute vie est sacrée, mort à l’insecticide
… La vie d’un insecte n’appelle aucune pitié, sauf s’il s’agit d’espèces utiles à l’homme comme les abeilles et les coccinelles. L’insecticide nous rassure alors que l’homicide nous effraie et appelle condamnation. Suscitant le rejet plus souvent que la compassion, une réflexion sur le statut de l’insecte peut contribuer au débat sur les fondements d’une attitude éthiquement réfléchie envers les animaux. Les insectes aussi ont un cerveau…
6 juin 2014 L’homme est-il un animal ? Une opposition fondamentale
… Dans le petit Larousse, il y a trois définitions de « Animal » :
1) être vivant, généralement capable de se mouvoir, se nourrissant de substances organiques.
2) être animé, dépourvu du langage (par opposition à l’homme).
3) Personne stupide, grossière ou brutale.
On peut donc répondre aussi bien que l’homme est un animal selon la première définition, que l’homme n’est pas un animal selon la seconde et que, d’après la troisième l’homme n’est pas un animal, bien qu’il soit traité d’animal !…
10 juin 2013 Sommes-nous si bêtes au point de mépriser la vie ?
… Le bioéthicien Peter Singer, interrogé par LE MONDE, établit une hiérarchie entre les formes de vie (« ils n’ont pas le même statut moral ») … Le pathocentrisme de Peter Singer, centré sur la souffrance, est un critère trop restrictif. Il s’agit de s’identifier aux êtres qui nous ressemblent (ici par la souffrance) et de les valoriser. Vieil argument : un homme valait autrefois plus qu’une femme puisqu’elle n’était pas un homme…
16 décembre 2012 Les humains, des singes qui se croient intelligents
… Contrairement à d’autres civilisations, la culture occidentale pense le monde en insistant sur le dualisme et les différences : elle place les humains au centre du cosmos en théorisant l’opposition homme et animal, culture et nature, esprit et corps. Cet anthropocentrisme commence juste à évoluer… vers du primatocentrisme…
15 décembre 2012 Définir anthropocentrisme, biocentrisme et écocentrisme
… Le biocentrisme comme le pathocentrisme (l’antispécisme), s’ils remettent en cause l’anthropocentrisme, restent cependant tributaires d’une approche individualiste de la considérabilité morale. Or la protection de la biodiversité s’intéresse surtout à des entités supra-individuelles, comme les espèces ou les écosystèmes. Les tenants de l’écocentrisme invitent à prendre en compte dans la délibération morale ces entités globales…
10 octobre 2012 Anthropocentrisme, biocentrisme ou écocentrisme, que choisir ?
… Les humains et les non humains ne sont concrètement que des nœuds relationnels sur le réseau du vivant. Au niveau social, les individus se constituent par leurs relations aux autres, et ne sauraient exister par eux-mêmes, sans ces relations aux autres. Il en est de même de l’être humain qui est inséré dans un écosystème et en étroite interrelation avec lui…
2 mai 2012 Hollande et Sarkozy face à la souffrance animale
… J’avais affirmé à ma petite fille Zoé, bientôt 6 ans, que l’homme était un animal parmi d’autres. Réaction spontanée de Zoé : « Mais papi, les animaux ne sont pas comme nous, ils ne parlent pas ». Je lui ai appris ce qui ne va pas de soi pour un enfant, par exemple : « La maman dinde a une incroyable gamme vocale pour s’adresser à ses petits. Et les petits comprennent. Elle peut les appeler pour qu’ils viennent se blottir sous ses ailes, ou bien leur dire de se rendre à tel endroit. » (… ) Qu’en pensent les présidentiables Sarkozy et Hollande ?…
8 février 2012 Un seul verre de terre vaut autant que le tigre
… WWF (le spécialiste du panda) ou l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) privilégient des espèces emblématiques. On abandonne à leur sort ce qui n’est pas jugé gros et mignon : l’ours polaire attire plus l’attention que le ver de terre. Or l’équilibre de la biosphère tient non seulement à la richesse en espèces animales d’un bout à l’autre de la chaîne alimentaire, mais aussi au nombre de ver de terre et aux microbes. Charles Darwin a fait un récit fascinant sur le ver de terre qui participe activement à la vie complexe du sol…
12 juillet 2010 Sexe, nature, religions et spécisme
… Dès lors qu’on reconnaît qu’il y a unité du vivant, la stratégie cartésienne de supériorité de l’homme sur les autres espèces ne fonctionne pas. Aucune comparaison des différences n’implique une hiérarchie : on peut étudier des différences et des parentés, mais non pas construire une hiérarchie téléologique. Il faut le répéter encore une fois : toutes les espèces qui vivent aujourd’hui sont nos contemporains, issues du même processus d’évolution. Nous pouvons faire des différences entre les hommes et les femmes, entre les noirs et les blancs, entre les humains et les végétaux, mais il n’y a pas en soi d’inégalités entre les espèces, pas de supériorité en soi de l’espèce humaine…
17 août 2009 Esclavagisme et spécisme
… Nous devrions renoncer au spécisme. Ce mot vient de l’anglais speciesism, introduit en 1970 par Ryder par analogie avec racisme et sexisme : le spécisme est une discrimination selon l’espèce. Il consiste à assigner différents droits à des êtres sur la seule base de leur appartenance à une espèce. Ryder justifiait l’analogie avec racisme en montrant par exemple que la rhétorique des professionnels de l’exploitation animale est tout à fait similaire à celle des esclavagistes d’hier…
14 février 2008 Humanisme et anthropocentrisme
… Relisons Claude Levi-Strauss pour qui notre humanisme est « dévergondé » : « …Que règne, enfin, l’idée que les hommes, les animaux et les plantes disposent d’un capital commun de vie, de sorte que tout abus commis aux dépens d’une espèce se traduit nécessairement, dans la philosophie indigène, par une diminution de l’espérance de vie des hommes eux-mêmes, ce sont là autant de témoignages peut-être naïfs, mais combien efficaces d’un humanisme sagement conçu qui ne commence pas par soi-même mais fait à l’homme une place raisonnable dans la nature au lieu qu’il s’en institue le maître et la saccage sans même avoir égard aux besoins et aux intérêts les plus évidents de ceux qui viendront après lui. » (« Le regard éloigné » Plon, 1983)…
11 juin 2007 La biosphère est Une, indivisible
… La philosophie de l’écologie profonde ou deep ecology s’extrait d’une posture où l’animal est à notre disposition. Elle défend l’idée que le bien-être et l’épanouissement de la vie humaine et non-humaine sur Terre ont une valeur intrinsèque (en eux-mêmes) et que ces valeurs sont indépendantes de l’utilité que peut représenter le monde non-humain pour nos intérêts humains. Que les 62 millions de Français pensent enfin à ce que représente le milliard d’animaux de boucherie qui sont tués chaque année !…

3/3) Les résistances
La très légère avancée actuelle du statut juridique des animaux n’est pas reconnu comme tel par une bonne moitié des intervenants sur lemonde.fr*. L’anthropocentrisme domine encore les esprits. Voici un florilège de ce type de commentaire à propos du vote de la loi :
Annie C : Manifestement les Députés de gauche n’ont rien d’autre à faire! Et les chômeurs, ils sont dotés de sensibilité ? A quand le droit de vote pour ma chatte?
L’Ami Fritz : Par conséquent mes vaches et mes brebis deviennent des êtres vivants et sensibles, et bien entendu aussi le loup et l’ours, non moins sensibles car non domestiqués. Il reste cependant à nos parlementaires à se prononcer rapidement sur les géraniums, il y a urgence à les protéger des nombreux traitements « inhumains » qu’on leur inflige.
Képhalos : J’adore l’expression “officiellement » doués de sensibilité. Cela dit bien à quel point cela relève d’une décision purement factice et conventionnelle, soumise aux exigences d’une société civile qui ne sait plus où donner de la sensiblerie. En tout cas je ne manquerai pas de notifier leur nouveau statut officiel à mes souris domestiques par voie d’affichettes placées à côté des pièges. Elles mourront en jouissant de leur nouvelle dignité.
Lolodu76 : Ah c’est une bonne nouvelle, je vais enfin arrêter de ranger mon chat au placard quand je ne m’en sers pas. Quand leur reconnaîtra-t-on la capacité d’intelligence ? Elle est par exemple absolument criante chez certains oiseaux comme le corbeau.
Luky : Les animaux sont des choses. Point barre.
Raphaël C : Ah, le « point barre », par lequel les non-pensants tentent de clore un débat qu’ils sont incapables de tenir…
* Le Monde.fr du 28 janvier 2015, Les animaux sont désormais officiellement « doués de sensibilité »

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L’homme est aussi un monstre doté parfois d’empathie

Le Parlement a reconnu aux animaux la qualité symbolique d’« êtres vivants doués de sensibilité » dans un projet de loi de modernisation et de simplification du droit adopté définitivement mercredi 28 janvier. Le problème, c’est que cette très légère avancée du statut de animaux n’est pas reconnu comme tel par une bonne moitié des intervenants sur lemonde.fr*. L’anthropocentrisme domine encore les esprits. Voici un florilège des commentaires :
Philémon Frog : L’analyse de l’opposition : après la reconnaissance de l’animal comme être vivant doué de sensibilité, la prochaine étape sera la remise en cause de l’élevage, au moins dans ses conditions actuelles. Mais on croirait là entendre les esclavagistes du 18ème niant l’humanité des Africains pour en faire des bêtes de somme ! Il est vain de nier une réalité : nous bouffons des êtres sensibles et ça pose un problème éthique. Pour ma part, je l’ai réglé pour les mammifères (exclus de ma table).
Paix verte : Tout ça c’est n’importe quoi. Ici « animaux » ne veut rien dire. Nous sommes des animaux. Et par ailleurs comment comparer un chimpanzé, un dauphin ou un éléphant avec un moucheron par exemple ?
Philippe Fritsch : Les Amérindiens s’excusent auprès du bouleau dont ils prélèvent l’écorce pour construire leur canoë. Que feraient-ils sans le canoë ?
Annie C : Manifestement les Députés de gauche n’ont rien d’autre à faire! Et les chômeurs, ils sont dotés de sensibilité ? A quand le droit de vote pour ma chatte?
Taxalot : Annie, avez-vous conscience que l’on peut s’occuper à la fois du chômage, de la police, et du droit des animaux ? Avez-vous simplement en tête que le personnel s’occupant de l’un et de l’autre est généralement différent ? Peut-être faut-il effectivement le droit de vote à certaines bêtes, et le retirer à certains humains. Le résultat serait sensiblement équivalent, voire meilleur.
L’Ami Fritz : Par conséquent mes vaches et mes brebis deviennent des êtres vivants et sensibles, et bien entendu aussi le loup et l’ours, non moins sensibles car non domestiqués. Il reste cependant à nos parlementaires à se prononcer rapidement sur les géraniums, il y a urgence à les protéger des nombreux traitements « inhumains » qu’on leur inflige.
Philippe Fritsch : Les humains ne sont pas seuls au monde. Il fallait de toute évidence le rappeler.
Képhalos : J’adore l’expression “officiellement » doués de sensibilité. Cela dit bien à quel point cela relève d’une décision purement factice et conventionnelle, soumise aux exigences d’une société civile qui ne sait plus où donner de la sensiblerie. En tout cas je ne manquerai pas de notifier leur nouveau statut officiel à mes souris domestiques par voie d’affichettes placées à côté des pièges. Elles mourront en jouissant de leur nouvelle dignité.
Sergio : Les animaux sont assurément « doués de sensibilité ». Ce qui est surtout extraordinaire est plutôt qu’ils aient été considérés comme des « biens meubles » jusqu’à présent, et qu’il ait fallu attendre 2015 pour qu’un fait indéniable soit reconnu par l’Etat.
Lolodu76 : Ah c’est une bonne nouvelle, je vais enfin arrêter de ranger mon chat au placard quand je ne m’en sers pas. Quand leur reconnaîtra-t-on la capacité d’intelligence ? Elle est par exemple absolument criante chez certains oiseaux comme le corbeau.
Uchronik451 : Même le ver de terre est intelligent d’après un livre édifiant de Darwin. La seule certitude est que l’Homme est un monstre doué d’empathie…
Luky : Les animaux sont des choses. Point barre.
Raphaël C : Ah, le « point barre », par lequel les non-pensants tentent de clore un débat qu’ils sont incapables de tenir…
* Le Monde.fr | 28.01.2015, Les animaux sont désormais officiellement « doués de sensibilité »

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D’une définition de l’écocide à une application pénale

En Inde, en Chine ou à Madagascar, LE MONDE* a traqué cinq écocides, des crimes contre la nature. Le premier volet est consacré au bolabola, l’arbre qui saigne, le bois de rose. Les termes sont forts, « écocide » à l’image du génocide, « crimes contre la nature ». Mais le droit pénal contre la criminalité environnementale est encore dans ses limbes. Un colloque dans l’auditorium du MONDE aura lieu le mercredi 11 février et devrait déboucher sur 35 propositions juridiques qui sera remis à la garde des sceaux, Christiane Taubira. Il s’agit de formaliser deux projets de conventions internationales destinées à faire bouger l’arsenal juridique mondial
En avril 2010, l’avocate Polly Higgins a déposé officiellement le concept d’écocide auprès de la commission des lois des Nations unies. Son idée : en faire le cinquième crime international contre la paix, qui comprend déjà le génocide, le crime contre l’humanité, le crime d’agression et le crime de guerre. La définition de l’écocide : « Des dommages extensifs ou la destruction d’un écosystème d’un territoire donné ». Depuis le professeur de droit Laurent Neyret a théorisé ce concept. Reste la mise en pratique, le plus difficile. Tant qu’une clientèle acceptera de payer le kilo de poudre de corne de rhinocéros 70 000 dollars (soit deux fois et demie plus cher qu’un kilo de cocaïne, 28 000 dollars), il y aura toujours des trafiquants pour abattre cet animal, même si c’était le dernier de son espèce. « High profit, low risk » ! Si vous êtes pris avec un kilo de cocaïne aux Etats-Unis, vous pouvez écoper de dix ans, avec un kilo de poudre de rhinocéros, vous risquez un an. Le Programme des Nations unies pour l’environnement vient d’annoncer que 100 000 éléphants avaient été tués en Afrique depuis trois ans pour leurs défenses. Le chiffre d’affaires du commerce illégal de bois est estimé entre 30 et 100 milliards de dollars. La pêche illégale rapporte aujourd’hui 23 milliards de dollars par an.
Pour en lire plus sur la destruction de la nature :
2012 Sommes-nous tous voués à disparaître ? d’Eric Buffetaut
2012 La grande amnésie écologique de Philippe J. Dubois
2011 Plus un poisson d’ici 30 ans ? (surpêche et désertification des océans) de Stephan Beaucher
2010 philosophie de la biodiversité (petite éthique pour une nature en péril) de Virginie Maris
2006 Un éléphant dans un jeu de quilles de Robert Barbault
2004 Vers l’ultime extinction de Philippe Dubois
1965 Avant que nature meure de Jean Dorst
1949 La planète au pillage de Fairfield Osborn
N’attendez pas de la lente évolution de la loi et de ses applications encore plus vacillantes une solution à la chute de la biodiversité. Engagez-vous personnellement dans une association de protection de la nature.
* LE MONDE du 25-26 janvier 2015, Sur la piste des mafias de l’environnement

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Ecologie radicale, droit des animaux, devoirs de l’homme

De la part de notre correspondant Gérard Charollois :

« En un temps où l’humanité massacrent des milliards d’animaux d’élevage « produits » sur un mode industriel pour leurs viandes, où certaines religions perdurent à exiger de la souffrance préalable à la mort pour satisfaire les dieux, où des pays tolèrent encore la chasse loisir et des spectacles cruels impliquant des animaux, les législateurs promulguent, dans tous les pays, des lois proclamant que l’animal est un être sensible.

 Si l’animal d’élevage et l’animal sauvage sont ainsi sacrifiés, maltraités, réifiés, pour le profit ou l’arriération, les animaux de compagnie voient leur sort s’améliorer. Il y a, ici et maintenant, contraste entre l’affection prodiguée aux chiens et chats peuplant le foyer et l’indifférence nourrie d’une ignorance entretenue à l’égard des bovins, porcs, volailles, mais aussi renards, blaireaux et autres hôtes de nos bois. Rien ne permet de justifier cet écart croissant entre les attentions bienveillantes portées aux premiers et cette coupable méconnaissance de l’enfer réservé aux seconds.

La pince métallique saisissant le blaireau ensanglanté par les morsures des chiens pour l’extraire de son terrier, dans la «vénerie sous terre » susciterait une juste indignation généralisée si elle perforait l’un de nos animaux de compagnie. Or, le blaireau ou le renard ne souffrent pas moins qu’un chien ou qu’un chat, pas moins qu’un homme. Tous ces êtres vivants possèdent un système nerveux leur permettant d’éprouver la souffrance, caractéristique essentielle fondant un droit à ne pas être maltraité.

 Un droit ? L’animal a-t-il des droits ? Nos essayistes contemporains débattent ici sur le sexe des anges.

 D’aucuns diront : « il faut certes protéger les animaux et considérablement améliorer les traitements que l’homme leur inflige. Mais, si l’homme a des devoirs envers eux, les animaux n’ont pas de droits, car, pour avoir des droits, il faut pouvoir contracter ». Renvoyant à la théorie du contrat social de Jean-Jacques ROUSSEAU, ces penseurs au nombre desquels figurent certains amis des bêtes, soutiennent que la loi, le droit, sont produits d’une volonté générale.

 Or, l’animal ne peut pas vouloir un droit. Il ne peut pas contracter avec une société politique.

 Pour eux, l’homme, en revanche, par sa domination, sa maîtrise, contracte des devoirs envers les animaux.

 Pour d’autres penseurs, l’animal possède bien des droits quand bien même ceux-ci nepeuvent lui être reconnus que par l’humain.

 Vous lirez, dans les ouvrages et articles consacrés au sujet, les termes de cette querelle sémantique.

 Je la trancherai, pour ma part, en lui retirant tout intérêt pratique et théorique.

 En effet, si l’animal ne peut pas contracter avec quiconque, on pourrait en dire autant de l’enfant en bas-âge, du vieillard dément et pourtant, nul ne songerait à contester qu’ils aient des droits. D’ailleurs, les nations-unies adoptèrent, en 1990, une convention internationale relative aux droits de l’enfant, convention ratifiée par la France qui édicta d’autres textes, dont une loi du 5 mars 2007 dite « relative aux droits de l’enfant ». Certains répliqueraient, dans un esprit anthropocentrique que si l’enfant en bas-âge et l’animal ne peuvent pas contracter, le premier est d’essence différente et que cela suffit à justifier une différence d’approche de la reconnaissance d’un droit.

 Reconnaître un droit aux animaux ne retire rien aux droits de l’enfance. D’un point de vue logique, la théorie du droit de l’animal et celle du devoir de l’homme envers l’animal se rejoignent.

 Le premier dira :

 « l’animal possède le droit de ne pas être maltraité, car il est un être sensible ».

 Le second répondra :

 « L’homme a le devoir de ne pas maltraiter l’animal être sensible ».

 Alors, fermons cette querelle abstraite pour condamner, tant sur le fondement du droit que sur celui du devoir, la tauromachie, la chasse, l’élevage concentrationnaire, es abattages rituels. Ces pratiques méritent, non pas des réformes, des adoucissements, des atténuations, mais une abolition. En rehaussant le statut de l’animal, on conforte les droits de l’homme en développant les qualités d’empathie qui font une civilisation digne et viable. »

 Gérard CHAROLLOIS (16 novembre 2014)

 www.ecologie-radicale.org

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Un enfant a-t-il vraiment plus de valeur qu’un bouquetin ?

Stéphane Foucart dit juste dans sa chronique* : « Pourquoi a-t-on finalement déployé des moyens d’éradication de Capra ibex (bouquetin des Alpes) aussi inversement proportionnels à la menace qu’il représente ? La réponse tient sans doute à la nature même de ce risque. Un péril nous semble souvent bien plus intolérable lorsqu’il est le fruit de la nature que lorsqu’il est le produit de la société. Qu’un loup vienne à tuer un enfant et de nombreuses voix se lèveront pour exiger l’éradication du grand carnivore. Imaginons qu’un tel régime s’applique à l’automobile ou au chien, et on comprend aisément que ce qui est ici en jeu n’est pas le risque lui-même, mais notre rapport compliqué à la nature sauvage. »

Ce message est si clair que nous pouvons déjà conclure avec Claire Benard : « Nous sommes co-locataires de la planète. Pourtant nous nous comportons, en flinguant tout ce qui nous gène, comme les seuls occupants qui comptent. Comme nous sommes les plus forts on va finir par réussir à…être seuls ! » (commentaire de l’article sur lemonde.fr)

* LE MONDE du 6-7 septembre 2014, Guerre sur le Bargy

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Si tu tues les loups, tu dois aussi tuer les cerfs

Jack Ma (de son vrai nom Ma Yun, « Cheval Nuage »), le fondateur d’Alibaba, un des géants chinois du Net, avait loué quatre hélicoptères, au prix de 1 000 livres par heure chacun, pour se rendre dans une série de domaines de chasse où son groupe d’amis a tué 17 cerfs et autres animaux sauvages ». Certains ont accusé M. Ma de ne pas mettre en pratique ce qu’il professe depuis de longues années, le respect de la nature, puisqu’il est un des membres émérites de l’ONG américaine The Nature Conservancy (La préservation de la nature, TNC). Jack Ma s’explique : « Il faut maîtriser régulièrement le nombre de kangourous d’Australie, de lapins, de vieux cerfs malades en Europe et en Amérique (…). C’est scientifique, mais c’est aussi une responsabilité pour la protection de la nature (…) Actuellement en Chine, il y a beaucoup d’endroits où les sangliers causent des dégâts, d’un côté c’est un progrès pour l’écologie, mais de l’autre une reproduction excessive provoque des inconvénients et on doit régler ce problème »*. Il aurait donc compris les vertus d’une chasse au service de la protection de la nature afin de réguler des espèces sauvages qui n’ont plus de prédateurs naturels.

                 Apparemment Jack Ma serait même conforme à l’éthique de la terre telle que formulée par Aldo Leopold : « Dans le Wisconsin, il y avait des loups, et ceux-ci se chargeaient de réduire les hardes de cerfs. Mais lorsque les broussailles firent leur apparition, les loups avaient été éradiqués et l’Etat avait promulgué une loi pour protéger les élans. Tout était prêt pour que commence l’invasion du cerf. Cette immense population de cerfs mangeait des broussailles de bon appétit. Qu’y avait-il dans ces broussailles ? On y trouvait essentiellement des essences de lumière, à la durée éphémère, et des arbustes qui préparaient l’avènement de la future forêt. Au cours d’une évolution normale, les broussailles finissent par être dépassées par la croissance des arbres. Mais les cerfs mangeaient la forêt naissante. Il semblait évident que si nous ne réduisions par leur population nous-mêmes, la famine s’en chargerait et nous finirions par perdre à la fois forêt et cerfs. Les protecteurs de cervidés, interdisant les tentatives pour réduire la population de cerfs, sont prêts à sacrifier la future forêt. L’erreur fondamentale de cette forme de « protection de la nature », c’est qu’elle cherche à protéger une ressource en en détruisant une autre. Ces « protecteurs » sont incapables de considérer la terre comme un « tout ». Ils sont incapables de penser en termes de bien-être à long terme pour l’ensemble de  la communauté biotique. »

                 Conclusions de Biosphere ? D’abord la maîtrise des équilibres écosystèmiques sont difficiles à réaliser par la seule action humaine. Ensuite Jack Ma n’a pas compris que faire de la régulation des hordes sauvages un sport de riches ne résout pas le problème structurel. Enfin les loups français auraient leur utilité s’ils savaient distinguer le gibier sauvage dont la population doit être régulée et les ovins domestiques, propriété privée, donc intouchables…

 * LE MONDE du 20 août 2014, un milliardaire chinois piégé par une partie de chasse

** Aldo Leopold, la conscience écologique (éditions wildproject, 2013) p. 154-156

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La couleur de l’écologie n’est pas le vert, mais le blanc

La couleur de l’écologie n’est pas le vert, mais le blanc.. aux Etats-Unis. Alors que les minorités (Afro-Américains, Latinos…) comptent aujourd’hui pour 36 % de la population américaine, elles restent faiblement représentées dans les organisations de défense de l’environnement, qu’il s’agisse d’ONG, de fondations ou d’agences gouvernementales*. Pourtant la pollution ne frappe pas de manière similaire les différentes classes sociales. Les minorités qui appartiennent en grande partie aux classes modestes sont plus exposées que les classes les plus aisées à la pollution industrielle.

                Entre racisme environnemental et guerres vertes, le 21ème siècle sera empli de bruits et de fureurs. Nous passerons de la catastrophe au cataclysme**. C’est ce que montre Razmig Keucheyan dans son livre, La nature est un champ de bataille***. Le chapitre sur le « Racisme environnemental » bat en brèche l’idée que l’humanité subit uniformément les conséquences de la crise écologique. Tout comme il existe des inégalités économiques ou culturelles, on en trouve dans le rapport des individus ou groupes d’individus aux ressources qu’offre la nature aussi bien qu’à l’exposition des effets néfastes de la croissance, pollution, dégradation de la qualité de l’eau, inégalités d’accès à l’énergie, etc. Les catégories populaires et les minorités raciales ont une propension moindre à recourir à la loi pour empêcher l’enfouissement des déchets toxiques à proximité de leurs quartiers. Les possibilités d’évitement de sacrifices privés ne sont pas équitablement distribuées dans la population. Le Sierra Club, grande organisation environnementale, mena une enquête parmi ses membres pour déterminer s’ils souhaitaient que l’association développe des politiques spécifiquement destinées aux pauvres et aux minorités. Deux tiers de ses membres répondirent par la négative. L’écrasante majorité de ses membres étaient blancs, de classes moyennes et supérieures.

Les gouvernements soutiennent ausi un capitalisme prédateur et inégalitaire. Il est symptomatique que le président François Hollande et son gouvernement acceptent l’influence du lobbying des entreprises. Il est significatif qu’après la constitution de son nouveau gouvernement, Manuel Vall reçoive une standing ovation lors des journées d’été du MEDEF (syndicat des patrons). Il est vrai que le Premier ministre s’est livré à une véritable déclaration d’amour à l’entreprise. L’écologie politique n’aime l’entreprise que si elle ne pollue pas et répond aux besoins fondamentaux de tous, riches et pauvres. Il ne s’agit pas simplement de protéger des espèces emblématiques comme l’ours blanc, il s’agit de montrer que nous partageons le même vaisseau spatial, la Terre ; ce qui n’est utilisé que par quelques-uns l’est au détriment de tous les autres. C’est en ce sens que le combat écologique est aussi un combat social, c’est un combat pour l’égalité des conditions. Les riches savent se défendre contre les atteintes environnementales que ce soit aux Etats-Unis ou en France. Cela ne devrait pas être.

* LE MONDE du 27 août 2014, l’écologie, chasse gardée des Blancs aux Etats-Unis

** Dans la littérature assurantielle, est dit catastrophique un événement dont les dommages s’élèvent à plus de 25 millions de dollars (en 1997). Au-delà il est cataclysmique.

*** La nature est un champ de bataille (sous-titré « essai d’écologie politique »)

éditions La Découverte 2014, 206 pages, 16 euros

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Tuez-les tous et restons bien seuls entre criminels

Les Hirondelles salissent ma façade, les Loirs font du bruit sous mes tuiles, la Fouine court dans mes combles, les Chauves souris font des saletés dans ma cave, la Chouette effraie salit mon grenier (et fait peur à mes petits enfants !)…
TUEZ LES TOUS !
Les Chevreuils mangent mes salades, les Sangliers déterrent mes patates, les Limaces mangent… tout, les Castors tronçonnent mes arbres, les Corneilles, les Pies, les Geais se liguent pour manger mes cerises…
TUEZ LES TOUS !
Les Blaireaux sont malades et font des trous partout, les Campagnols et les Taupes aussi… Les Bouquetins sont malades et ne font pas de trou…
Tuez les tous !
Le Renard mange mes poules, la Fouine (encore elle) les saignent, les Serpents et les Guêpes me font peur…
TUEZ LES TOUS !
L
es Tourterelles me réveillent, les Rossignols m’empêchent de dormir et les Grenouilles aussi, et les Moustiques aussi…
                                    Tuez les tous !
Les Requins mangent les baigneurs, les Flamands roses le riz, les Phoques, les Hérons et les Cormorans le poisson…
TUEZ LES TOUS !
Les Loups égorgent les brebis, les Lynx et les Ours aussi…
Tuez les tous
Les Mésanges, les Lézards, les Papillons, les Rougegorges, les Libellules… Ne font rien, mais pourraient faire !…
TUEZ LES TOUS !  Tuez les tous ! TUEZ LES TOUS !
Vivons enfin en paix !

L’Homme a le droit de se multiplier, proliférer, gaspiller, piller, se gaver … EN PAIX !

(texte qui circule sur le net…. et à lire au second degré !)

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Encore une connerie de « l’écologiste » Ségolène Royal

La population de Canis lupus a atteint 301 individus dans l’Hexagone. La ministre de l’écologie, Ségolène Royal, a décidé, samedi 28 juin, de prendre en considération « La détresse des éleveurs et de leurs familles » en facilitant les tirs contre ces animaux protégés. Laissons la parole au commentateurs* :

William Markham : 300 ? Il y a 7 milliards d’êtres humains, dont 60 millions seulement en France…. Quelle initiative malheureuse. Laissez-les vivre !

Michel Sourrouille : Le loup est un prédateur, les humains aussi. La population de Canis lupus en France atteint un peu plus de 300 individus, la population d’Homo sapiens en France métropolitaine atteint plus de 66 millions. Quelle est la population la plus invasive ?

Auguste : C’est lamentable et écœurant. 300 loups, 65 millions d’habitants, et une ministre de l’écologie qui aurait plutôt du postuler pour l’agriculture…

Nija Nij : Génial ! Tuons une espèce protégé pour avoir un vote.

Jeanmarcd : Dans la catégorie démago-populiste, Ségolène Royal va bientôt se retrouver sans rivale. Hélas les idées intéressantes qu’elle a pu avoir il y a quelques années ont aujourd’hui disparu.

Vince38 : Mince, moi qui commençais à raconter à mes enfants que, dans l’histoire des trois petits cochons, le loup est injustement stigmatisé et discriminé…

Tramb : Dans un pays où le lobby agricole est prompt à tout casser, cette augmentation de l’abattage démontre le manque de courage des autorités. Elle est contraire à la volonté européenne de renforcer la biodiversité, traduite en droit français par les schémas régionaux de cohérence écologique. La biodiversité, c’est toute la chaîne alimentaire et pas seulement les insectes et les lombrics !

Alain B. : Une ministre de l’écologie qui donne l’autorisation de tuer des animaux sauvages pour faire plaisir à des pollueurs (car les agriculteurs sont les principaux pollueurs) ! Décidément, ce gouvernement, sans courage aucun, aura toutes les reculades et se montre capable de tout (définition d’Audiard) ! Pour parler des moutons « égorgés », il y en a, et beaucoup, depuis très longtemps, bien avant le retour des loups, mais c’est tellement facile (et rentable) aujourd’hui de le leur mettre sur le dos.

Visiteur Londonien : MM Hollande & Valls, pouvez-vous changer le titre du mandat de cette dame : Ministre des éleveurs suffirait. Il est évident que les socialistes ne connaissent rien à l’écologie.

Pierre Guillemot : Canis lupus, dans son rôle de prédateur bienfaisant, pourrait, en consommant les individus les plus faibles, améliorer la qualité de la population d’homo sapiens. Mais je m’égare. La niche écologique de homo sapiens est dans les grandes villes et le loup n’aime pas les grandes villes.

Guillaume Desjonquères : yaka mettre des drones au dessus des troupeaux !

Claire Bernard : Nous n’avons d’autres choix raisonnables que de vivre avec les autres êtres vivants de la planète même lorsqu’ils nous gênent. Que dire aux paysans Africains ou Asiatiques, tuez les éléphants, les lions, les tigres? Tous ces animaux doivent être bien gênants. Nos politiques ne cherchent par à résoudre les vrais problèmes mais à être réélus en flattant le bon peuple. Consternant! Et plus encore venant de la gauche et d’une prétendue ministre de l’écologie.

Eliot : Décision stupide et rétrograde. La plupart de nos voisins ont des effectifs de loup bien plus important que nous (Espagne Allemagne, Italie). Mais on est les seuls à proposer le retour aux battues de la fin du 19ème. De toute façon on peut le chasser mais il reviendra tout seul, car la France a un environnement fait pour lui, il y a toute sa place, il est naturel qu’il y soit. Et les mesures de protection des troupeaux on s’y met quand ? Ca se passe pourtant très bien chez nos voisins.

Narta : Elle est vraiment ministre de l’écologie, Ségolène Royal ?

* Ségolène Royal crie au loup (Le Monde.fr | 30.06.2014)

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Du loup ou des humains, quel est le super-prédateur ?

Le loup est un prédateur, les humains aussi. La population de Canis lupus en France atteint plus de 300 individus, la population d’Homo sapiens en France métropolitaine atteint plus de 66 millions. Quelle est la population la plus invasive ? Le taux de croissance des loups est de 20 % en moyenne annuelle, ils ont beaucoup de retard à rattraper sur la population humaine d’autant plus qu’ils avaient été complètement exterminés. Les loups colonisent de nouveaux territoires, en cela ils ne font qu’imiter les pratiques humaines. Les jeunes loups quittent leur meute quand il y a concurrence pour l’alimentation, les jeunes humains quittent leur cercle d’appartenance quand il faut s’expatrier pour chercher un emploi. Les loups peuvent parcourir 40 à 50 km en une nuit, des hommes prennent l’avion et font des milliers de kilomètres en peu de temps. Il n’y a pas grand-chose qui arrête le loup, il n’est pas inféodé à un écosystème, il s’adapte à tous. Les humains ont la même plasticité. Le nombre de brebis tuées ou blessées par des loups s’est progressivement alourdi au fil des années (1 500 en 2000, jusqu’à 6 786 en 2013). Les Français ont mangé 203 000 tonnes (équivalent carcasse) d’ovins en 2012, soit plus de 3 kilos par habitant bébés compris. Les loups sont une espèce protégée depuis la convention de Berne de 1979. Depuis 1982, les éleveurs ovins ont bénéficié de primes à la tête de bétail, puis de la Prime à la Brebis, et les éleveurs ovins situés dans les zones défavorisées ont bénéficié d’autres aides.

La régulation du nombre de loups est strictement encadrée par l’Etat, 24 loups peuvent être tués chaque année. La régulation du nombre d’humains se fait à la hausse en France, l’Etat multiplie l’aide aux familles nombreuses, allocation familiales, quotient familial pour alléger l’impôt, etc. Mais il ne faut tuer aucun être humain. Comme dit un commentateur sur lemonde.fr* : « 300 loups, 66 millions de cons-sommateurs. C’est sûr, il y a surpopulation; mais de quelle espèce ? »

* Le Monde.fr | 10.06.2014, La population de loups en France atteint plus de 300 individus

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Les méduses (et les insectes) seront l’avenir de l’homme

« En Namibie, les quelque 10 millions de tonnes de sardines et d’anchois ont été surexploités. Leur population déclinante a laissé la place à 12 millions de tonnes de méduses. Partout les excès de la pêche ont décimé les grands prédateurs de la méduse – requins, thons, tortues luth – alors qu’elle-même dévore d’énormes quantités d’œufs et de larves de poissons. Les méduses sont des carnivores qui ne connaissent pas la satiété. En masse compacte, elles obstruent les prises d’eau destinées à refroidir les centrales nucléaires installées près des côtes, elles se sont illustrées par plusieurs « attaques » spectaculaires de fermes aquacoles. Les cnidaires résistent à l’acidification des océans.… »*.

 Ces pullulations sont un symptôme que nos océans sont malades… de l’homme : surpêche, émissions de  gaz à effet de serre (qui acidifient les mers), déchets de plastique (support idéal du polype au début du cycle de vie de certaines méduses), etc. « Peut-être le destin de l’homme est-il d’avoir une vie brève, mais fiévreuse, excitante et extravagante, plutôt qu’une existence longue, végétative et monotone. Dans ce cas, que d’autres espèces dépourvues d’ambition spirituelle – les méduses par exemple – héritent d’une Terre qui baignera longtemps encore dans une plénitude de lumière solaire ! »**

 Sur terre, les insectes étaient là bien avant l’homme, qui a trop souvent tendance à croire que la planète est pour lui et pour lui seul. Sur 1 200 000 espèces animales connues à ce jour, 830 000 sont des insectes. Petits, voire minuscules, les insectes ont su s’adapter à une infinité de milieux particuliers. L’homme pense dominer la planète. Pourtant, à y regarder de plus près, les vrais maîtres du monde à venir sont les insectes***… et les  méduses.

 * LE MONDE du 25-26 mai 2014, Les « attaques » de méduses se multiplient partout dans le monde

 ** La décroissance (entropie, écologie, économie) de Nicholas Georgescu-Roegen, 1979

*** Les insectes ont-ils un cerveau ? de Vincent Albouy

 

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Les humains préfèrent leur cage, le casque sur la tête

Imaginons un casque à réalité virtuelle lié à un jeu de simulation et appliqués au monde des volailles*. Des poulets de batterie pourraient ainsi avoir l’illusion d’être des volailles fermières élevées en plein air avec herbes, buissons et beau coq. Le concepteur de ce délire technologique trouve cependant une similitude avec « la façon dont nous nous traitons. Nous vivons dans des petites cages, comme les poulets ». Austin Stewart n’avait pas besoin de faire appel à la high technology pour arriver à cette conclusion ; Armand Farrachi écrivait déjà dans « Les poules préfèrent les cages » : « L’objectif à peine dissimulé de l’économie mondialisée est de soumettre le vivant aux conditions de l’industrie. En ce sens le sort des poules en cage, qui ne vivent plus nulle part à l’état sauvage, qui n’ont plus aucun milieu naturel pour les accueillir, augure ainsi du nôtre… » Voici en guise de dessert quelques commentaires sur lemonde.fr :

Nathalie G : Ce n’est que justice. Pourquoi les poulets auraient-ils le droit de vivre en plein air alors que nous vivons en batterie ?

Hazukash : Je pense sincèrement que pas mal de gens dans ce pays attendent avec impatience le jour où ils pourront vivre dans un jeu vidéo géant.

Nestor : Pourquoi s’emmerder à fournir des technologies hors de prix aux animaux qui n’en ont que faire, alors qu’il est beaucoup plus simple de développer des aliments directement en laboratoire sans tous les emmerdements que sont la peau, les entrailles et les os. Ca coûterait moins d’argent en entretien et en réparation qu’un écran plat, et cela faciliterait grandement la distribution et le rangement des denrées dans nos placards.

Marie : Marrant comme les médias nous sortent des trucs délirants. Mais pour l’info, la vraie (combien de poulets en cage, combien d’antibiotiques, comment on leur donne des anti-dépresseurs et des sédatifs pour diminuer leur torture, etc….) : rien, absolument rien. C’est d’ailleurs comme en politique ou en économie : aucune analyse, juste des petits flashs, aucune question autre que la pensée unique des élites.

Millionaire : C’est une très belle initiative. La réalité augmentée a donc aussi des débouchées dans l’agro-alimentaire. Un nouvel horizon économique se dessine avec des perspectives de profit et d’emploi ultra-intéressantes. La diversification de cette technologie est sans limite : les mal logés, les prisonniers, les affamés, etc. tout ce petit monde désormais apaisé et plus productif. Etant possesseur de Google glass, je peux témoigner de l’énergie et de la motivation qu’elles procurent. Le progrès est magnifique !

Noé : Niveau confort, les poulets élevés « en plein air », qui doivent par conséquent se taper le tonnerre, la pluie, la neige, le froid, le chaud, demanderont d’eux-mêmes une batterie industrielle « sous casque ».

Jahawai : Merci pour votre second degré, il fait du bien à lire. On dirait presque le message d’un robot tellement il est parfait !

Un mec : Déjà qu’il est difficile de se loger, on ne va pas faire des courbette devant des poulets afin de satisfaire leur désir de gigoter. Une volaille, ça fini dans un four. Il faut donc l’habituer à prendre sa place dès son plus jeune âge.

Max069 : Et vous comme moi, nous finirons dans un cercueil. Prêt à s’habituer ?

Dfg : J’ai envie de proposer une solution complètement folle et utopique : devenir végétarien.Mais nan, je déconne… tout le monde sait que c’est impossible, on va faire des carences et perdre toutes nos dents. Tout le monde le sait.

Marc : Il reste encore d’autres défis à relever ; car ces poulets là, bien que désormais heureux grâce à cet environnement naturel virtuel, continueront probablement à devoir manger, boire, respirer, bouger, faire des fientes, etc… et attraperont toujours des tas de maladies, ce qui ne laissera pas de poser de nombreux problèmes économiques à nos éleveurs.

Josef : Un savant français vient d’inventer un casque virtuel qui donne l’impression à un blaireau qui mange de la merde qu’il déguste un poulet fermier.

M.S.: Déjà inventé : ça s’appelle la télévision et le programme diffusé se nomme Publicité…

* http://bigbrowser.blog.lemonde.fr/2014/05/19/realite-virtuelle-lillusion-dune-vie-en-plein-air-pour-les-poulets-de-batterie/

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Entre tuer les insectes ou les humains, comment choisir ?

Le DDT (DichloroDiphénylTrichloroéthane) est un produit chimique organochloré, insecticide très utilisé à partir de la seconde guerre mondiale. Il tue en ouvrant les canaux sodiques des neurones des insectes, ce qui les détruit instantanément, conduisant à des spasmes, puis à la mort. Il est classé comme POPs, polluant organique persistant aux effets écosystémiques. En effet le DDT se concentre dans les systèmes biologiques, principalement les corps gras. Ainsi il se bio-amplifie le long de la chaîne alimentaire, atteignant sa plus haute concentration pour les superprédateurs, comme les humains ou les rapaces. Voici quelques points de vue sur cette question controversée :

« Quand j’allais à la Maison Blanche lorsque j’étais enfant, je regardais toujours l’ancienne porte au bout de Pennsylvania Avenue, où des générations de faucons pèlerins nichaient sans discontinuer depuis la présidence d’Abraham Lincoln. C’était l’oiseau de proie le plus spectaculaire d’Amérique du Nord, qui pouvait voler à plus de trois cents kilomètres à l’heure. Or mes enfants ne verront jamais cette espèce qui, empoisonnée par le DDT, s’est définitivement éteinte en 1963, année où mon oncle a été assassiné. Cette créature, dont l’évolution avait exigé un million d’années, disparut en un clin d’œil à cause de l’ignorance et de la cupidité … » (Robert F Kennedy Jr.)

« D’après James Lovelock (A Rough Ride to the Future), l’activisme « vert » serait directement responsable de plusieurs millions de morts dans les pays en développement. Pourquoi ? Parce que, explique M. Lovelock, l’inconséquence écologiste aurait, dans les années 1970, poussé à l’interdiction d’un insecticide-miracle – le célèbre DDT –, rendant ainsi impossible la lutte contre l’anophèle, le moustique vecteur du paludisme. Le problème est que cette histoire est parfaitement imaginaire. L’interdiction mondiale du DDT ne concerne que ses usages agricoles et l’une des raisons à cela est d’assurer que les moustiques ne deviennent pas résistants à cette substance : en d’autres termes, la réalité est exactement à l’opposé des affirmations de M. Lovelock. Empêcher un usage massif du DDT a vraisemblablement sauvé des vies plutôt qu’il n’en a détruit… En France, c’est l’Association française pour l’information scientifique (AFIS) qui a popularisé cette fable du DDT » (Stéphane Foucart, LE MONDE du 27-28 avril 2014)

« En 2006, l’Organisation Mondiale de la Santé va de nouveau recommander l’usage du DDT, constatant que « de nombreux tests et travaux de recherche ont montré que la pulvérisation de DDT à l’intérieur des habitations dans le cadre de programmes bien gérés n’est dangereuse ni pour l’homme ni pour la faune et la flore ». Cette histoire est contestée par certaines associations écologistes, et à leur suite, par le journaliste du Monde Stéphane Foucart qui parle à ce propos d’une « légende forgée et diffusée par les milieux néoconservateurs américains » et d’une « fable dépourvue de tout fondement »… Le paludisme est encore responsable, selon l’OMS, d’environ 600 000 décès chaque année. » (Jean-Paul Krivine pour l’AFIS)

«  C’est la façon de répandre le produit qui a posé problème : dans la fin des années 40, l’épandage par avion sur certaines oasis a détruit non seulement les moustiques mais aussi les insectes pollinisateurs, du coup : plus de dattes les deux années suivantes… Or c’était un des aliments-clés de la population. Dans la même veine on a fait le même genre d’erreur en Camargue ce qui a impacté les flamands. A chaque fois, ce qui est en cause est plus la méthode massue. » (un commentateur sur lemonde.fr)

« Les insectes, dans une splendide confirmation de la théorie darwinienne de la « survie du plus adapté », ont évolué vers des super-races immunisées contre l’insecticide utilisé ; il faut donc toujours en trouver un nouveau, encore plus meurtrier… Le tir de barrage chimique, arme aussi primitive que le gourdin de l’homme des cavernes, s’abat sur la trame de la vie, sur ce tissu si fragile et si délicat en un sens, mais aussi d’une élasticité et d’une résistance si admirables, capables même de renvoyer la balle de la manière la plus inattendue…Vouloir contrôler la nature est une arrogante prétention, née des insuffisances d’une biologie et d’une philosophie qui en sont encore à l’âge de Neandertal. » (Rachel Carson dans Le Printemps silencieux)

NB : pour avoir une vue synthétique du DDT,

http://fr.wikipedia.org/wiki/Dichlorodiph%C3%A9nyltrichloro%C3%A9thane

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Eradiquer la dengue, transgéniques ou insecticides ?

Un journaliste scientifique comme Stéphane Foucart prend rarement parti. Pourtant les moustiques OGM, Stéphane est pour. Puisqu’il faut éradiquer ces insectes qui transmettent aux humains le virus de la dengue, mieux vaudrait une souche d’Aedes aegypti génétiquement modifiée plutôt que l’utilisation massive d’insecticides organophosphorés : « Une technologie qui permet de se passer de ces produits et qui, contrairement aux biotechnologies végétales, n’a pas comme corollaire la privatisation du vivant, devrait être applaudie par les défenseurs de l’environnement. »*

Entre Charybde et Scylla, que faudrait-il choisir ? Audrey Garric, journaliste au service Planète du MONDE, est beaucoup plus précise sur son blog** que Stéphane Foucart : « La pulvérisation de pesticides présentent des risques pour la santé humaine et induisent des phénomènes de résistance… Oxitec produit déjà des milliers de moustiques transgéniques… Le problème, c’est que les ONG dénoncent le « manque de transparence » de la firme et le fait qu’aucune étude indépendante n’ait été réalisée pour contre-vérifier ces résultats. Si le moustique transgénique est relâché dans l’environnement, il faudrait réaliser un suivi précis des populations pour savoir si le gène modifié est efficace et s’il se transmet aux populations sauvages. En réalité, les moustiques ne sont pas tous stériles, dans les eaux usées les larves ont un taux de survie de 15 % environ. Autre risque, pointé par l’agence de surveillance sanitaire brésilienne : l’extinction de l’espèce d’Aedes aegypti pourrait favoriser un moustique concurrent, le moustique-tigre (Aedes Albopictus), lui aussi vecteur des virus de la dengue ;en détruisant une espèce, on libère une niche écologique pour une autre… »

Que ce soit l’usage d’insecticide ou d’un mutant transgénique, il s’agit d’instaurer une sorte de contrôle des naissances pour les moustiques. Mais laisser la dengue faire son œuvre, ne serait-ce pas un bon moyen de sélectionner les souches de l’espèce humaines les plus résistantes, laissant ainsi la nature faire son œuvre ? Voici ce que disait Alain Hervé, co-fondateur des Amis de la Terre : « L’homme a été doté d’une capacité de transformation trop brutale de l’environnement. Nous sommes devenus des dictateurs assassins du vivant. Nous échappons aux régulations naturelles comme les épidémies. Pasteur a conjuré la mortalité infantile naturelle. Il ne savait pas qu’il contribuait ainsi à rompre l’équilibre démographique. » Choisir un avenir durable est devenu un exercice très compliqué !

* LE MONDE du 20-21 avril 2014, un moustique génétiquement modifié dans la nature

** Le Brésil va lâcher des millions de moustiques OGM contre la dengue

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Pour respecter les êtres sensibles… et tous les autres

Alors que le Code civil considérait les animaux comme « des biens meubles », les animaux seront désormais considérés en France comme des « êtres vivants doués de sensibilité »… comme le faisait déjà code rural et code pénal. Autrefois la femme était à peu près considérée comme un « bien meuble », il en était de même des esclaves et des noirs. Et puis ce fut la fin du sexisme dans beaucoup du pays, la fin du racisme dans beaucoup de têtes. Aujourd’hui cette ouverture d’esprit se porte sur certaines espèces vivantes, nous nous dirigeons vers la  fin du spécisme. Demain marquera peut-être la grande réconciliation de l’espèce humaine avec toutes les autres formes de vie  et la fin de l’anthropocentrisme… Voici quelques commentaires avisés sur lemonde.fr* :

Champollion : Il faudrait peut-être préciser qu’il s’agit, si je ne m’abuse, des animaux domestiques et non des animaux sauvages – puisque l’amendement en question modifie le livre II du code civil qui traite de la propriété. Non ?

Etlès : Quels animaux ?!? Le règne animal c’est large, très large ….Entre notre chien-chien adoré et le moustique qui nous empêche de siroter notre pastis sous le soleil du midi il y a tout un monde, non ? Adieu les bombes insecticides et autres horreurs !

Anima : Dommage que l’on assiste encore au concert des pseudo-comiques qui font semblant de ne pas voir la différence entre un poux et un chien. Entre des êtres vivants primitifs et des êtres vivants dits supérieurs, à savoir des mammifères, des oiseaux ou des reptiles. Pour faire simple, plus ça vous ressemble et plus c’est sensible comme vous. De manière générale, ôtez la vie d’un être vivant ne devrait jamais être considéré comme un geste anodin.

Grouic : Le Monde illustre cet article avec deux photos de jolis minous. C’est sans doute pédagogique, mais ça permet d’encore « oublier » que l’immense majorité des animaux en France sont des animaux d’élevage industriel, qui vivent une (courte) vie qui n’est faite que de souffrance : leur bien-être est soigneusement minimisé pour que trop n’en meurent pas avant d’arriver à l’abattoir. Espérons que ceux-là seront un jour aussi reconnus comme animaux sensibles.

Lucine : Essayez de vous souvenir que votre tranche de jambon était, trois jours plus tôt, un être vivant et sensible. Que par ailleurs l’élevage est fortement responsable de la hausse des émissions de gaz à effets de serre du secteur agricole. Et qu’enfin toutes les protéines nécessaires à l’alimentation humaine sont présentes dans les plantes, à condition d’associer céréales et légumineuses (lentilles, pois chiches).

Gilles : Je ne partage pas la vision de Lucine. Ma mère élève pour ses besoins propres poules et poulets. Et bien ces bestioles sont heureuses (et en plein air), bien nourries, jusqu’au jour où elles finissent à la casserole sans guère sans apercevoir et sans souffrance inutile. L’alternative c’est quoi ? mort naturelle et bouffé par les vers ? Oui les animaux sont des être sensibles, mais non à la sensiblerie. Le vrai problème c’est l’élevage industriel.

Taxalot : Souvenez-vous également qu’un animal, être sensible, bouffera à la première occasion le premier animal comestible et sensible qui se présente.

* Le Monde.fr | 15.04.2014, La France reconnaît aux animaux la qualité d’« êtres sensibles »

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