Ecologie radicale, droit des animaux, devoirs de l’homme
De la part de notre correspondant Gérard Charollois :
« En un temps où l’humanité massacrent des milliards d’animaux d’élevage « produits » sur un mode industriel pour leurs viandes, où certaines religions perdurent à exiger de la souffrance préalable à la mort pour satisfaire les dieux, où des pays tolèrent encore la chasse loisir et des spectacles cruels impliquant des animaux, les législateurs promulguent, dans tous les pays, des lois proclamant que l’animal est un être sensible.
Si l’animal d’élevage et l’animal sauvage sont ainsi sacrifiés, maltraités, réifiés, pour le profit ou l’arriération, les animaux de compagnie voient leur sort s’améliorer. Il y a, ici et maintenant, contraste entre l’affection prodiguée aux chiens et chats peuplant le foyer et l’indifférence nourrie d’une ignorance entretenue à l’égard des bovins, porcs, volailles, mais aussi renards, blaireaux et autres hôtes de nos bois. Rien ne permet de justifier cet écart croissant entre les attentions bienveillantes portées aux premiers et cette coupable méconnaissance de l’enfer réservé aux seconds.
La pince métallique saisissant le blaireau ensanglanté par les morsures des chiens pour l’extraire de son terrier, dans la «vénerie sous terre » susciterait une juste indignation généralisée si elle perforait l’un de nos animaux de compagnie. Or, le blaireau ou le renard ne souffrent pas moins qu’un chien ou qu’un chat, pas moins qu’un homme. Tous ces êtres vivants possèdent un système nerveux leur permettant d’éprouver la souffrance, caractéristique essentielle fondant un droit à ne pas être maltraité.
Un droit ? L’animal a-t-il des droits ? Nos essayistes contemporains débattent ici sur le sexe des anges.
D’aucuns diront : « il faut certes protéger les animaux et considérablement améliorer les traitements que l’homme leur inflige. Mais, si l’homme a des devoirs envers eux, les animaux n’ont pas de droits, car, pour avoir des droits, il faut pouvoir contracter ». Renvoyant à la théorie du contrat social de Jean-Jacques ROUSSEAU, ces penseurs au nombre desquels figurent certains amis des bêtes, soutiennent que la loi, le droit, sont produits d’une volonté générale.
Or, l’animal ne peut pas vouloir un droit. Il ne peut pas contracter avec une société politique.
Pour eux, l’homme, en revanche, par sa domination, sa maîtrise, contracte des devoirs envers les animaux.
Pour d’autres penseurs, l’animal possède bien des droits quand bien même ceux-ci nepeuvent lui être reconnus que par l’humain.
Vous lirez, dans les ouvrages et articles consacrés au sujet, les termes de cette querelle sémantique.
Je la trancherai, pour ma part, en lui retirant tout intérêt pratique et théorique.
En effet, si l’animal ne peut pas contracter avec quiconque, on pourrait en dire autant de l’enfant en bas-âge, du vieillard dément et pourtant, nul ne songerait à contester qu’ils aient des droits. D’ailleurs, les nations-unies adoptèrent, en 1990, une convention internationale relative aux droits de l’enfant, convention ratifiée par la France qui édicta d’autres textes, dont une loi du 5 mars 2007 dite « relative aux droits de l’enfant ». Certains répliqueraient, dans un esprit anthropocentrique que si l’enfant en bas-âge et l’animal ne peuvent pas contracter, le premier est d’essence différente et que cela suffit à justifier une différence d’approche de la reconnaissance d’un droit.
Reconnaître un droit aux animaux ne retire rien aux droits de l’enfance. D’un point de vue logique, la théorie du droit de l’animal et celle du devoir de l’homme envers l’animal se rejoignent.
Le premier dira :
« l’animal possède le droit de ne pas être maltraité, car il est un être sensible ».
Le second répondra :
« L’homme a le devoir de ne pas maltraiter l’animal être sensible ».
Alors, fermons cette querelle abstraite pour condamner, tant sur le fondement du droit que sur celui du devoir, la tauromachie, la chasse, l’élevage concentrationnaire, es abattages rituels. Ces pratiques méritent, non pas des réformes, des adoucissements, des atténuations, mais une abolition. En rehaussant le statut de l’animal, on conforte les droits de l’homme en développant les qualités d’empathie qui font une civilisation digne et viable. »
Gérard CHAROLLOIS (16 novembre 2014)
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