démographie

Cocorico, vive la baisse de la fécondité française

En France, le rythme des naissances a faibli en 2018, mais il est encore de 758 000 bébés. L’indicateur conjoncturel de fécondité s’établit désormais à 1,87 enfant par femme, en dessous de 2,1 permettant le renouvellement des générations. C’est un bon signe. Mais la France demeure malheureusement le pays le plus fécond de l’Union européenne. « Malheureusement » car il serait faux d’associer forte natalité et dynamisme de la société ; l’intelligence des peuples ne se mesure pas à leur nombre. Le populationnisme de l’État, favorisant financièrement et fiscalement les familles nombreuses, est néfaste car la France est déjà surpeuplée. Bravo aux personnes qui réfléchissent, on ne devrait choisir de procréer qu’une fois sûr et certain de son propre avenir, avec un emploi stable, un logement convenable et une vie de couple durable. Bravo aux couples en âge de procréer qui n’ont pas d’enfants, ils devraient nous servir d’exemple quand on est écologiste, et tout le monde se devrait de devenir écologiste. Avec 614 000 décès, le solde naturel est encore de 144 000 personnes, ce qui potentiellement ne fera pas baisser un chômage structurel établi à 2,5 millions de personnes, soit 8,7 % de la population active mi-août 2018.

Notons que la population française s’établissait, au 1er janvier 2019, à 66 993 000 habitants ; chacun d’entre nous a un espace vital exagérément petit. Sans nos importations de matières premières et d’énergie, ce serait la baisse drastique du PIB par habitant. La France vit largement au-dessus des possibilités de la planète. Selon les calculs de l’empreinte écologique, il faudrait trois ou quatre planètes pour que notre niveau de vie soit généralisable à tous les Terriens. Place maintenant aux commentaires sur lemonde.fr* qui se trouvent en général du côté des malthusiens :

CYNIQUE DU BON SENS ET RAISON : Super ! Que la France donne l’exemple aux populations qui prolifèrent comme des lapins sans cervelle.

Gécé : …c’est très bien car pb démographique et social, manque de ressources et d’emploi. Je soumets d’ailleurs à l’occasion du grand débat de Macron l’arrêt des politiques incitatives en la matière : plus d’allocations au delà de 2 enfants, nous ne sommes plus dans les 30 glorieuses à devoir repeupler le pays. Le planning familial existe, et après, question de choix personnel mais que les parents assument jusqu’au bout l’éducation et les besoins de leur progéniture.

I=PAT : À notre époque, faire des enfants est éminemment stupide. Péril climatique oblige, ils sont condamnés à mourir dans d’atroces souffrances. C’est dire l’égoïsme et l’irresponsabilité de leurs parents.

Erik Sylvander : Une fécondité en baisse, ça n’est pas une mauvaise nouvelle ! Nous sommes déjà plus de 7 milliards sur terre, il faudrait s’arrêter. Et qu’on ne me dise pas que les indiens continuent à faire des enfants, l’écologie est une affaire individuelle.

Moki : Tant mieux pour l’écologie et notre planète, sans compter sur le fait que cela fera moins de gilets jaunes potentiels.Le rapport avec les gilet jaune c’est que beaucoup de leurs revendications sont à rebours des nécessités environnementales.

la France championne de la natalité et le chômage qui va avec : Chaque année 160 000 rentrants nouveaux sur le marché du travail. Pour faire baisser le chômage il faut donc créer plus que ces 160 000 par an – pourquoi en France on arrive tout simplement pas à baisser le chômage. Ce chômage est une véritable cancer à la société, sans l’éliminer ce pays ne connaîtra ni la prospérité ni la stabilité. Réduire la natalité immédiatement est un investissement à longue terme qui n’intéresse pas les politiques. La natalité plombe littéralement l’avenir.

Philippe Favre : Il est clair que le monde change. Mes enfants me disent aujourd’hui qu’on est pas obligé d’avoir des enfants pour leur donner le monde qu’ on leur prépare en ignorant totalement le problème environnemental. beaucoup de pays continuent à faire des enfants à tout-va qu’ils ne peuvent pas éduquer et nourrir et qui ne peuvent servir que de chair à canon. Qui doit faire des efforts en premier sans risquer de perdre sa souveraineté ? Seuls les Chinois ont osé.

* LE MONDE du 16 janvier 2019, Le nombre de naissances continue de baisser en France, qui reste malgré tout le pays le plus fécond de l’UE

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Ne disons plus de conneries sur la fécondité humaine

La démographie est une composante trop souvent ignorée de la catastrophe en cours. Voici quelques éléments de réflexion sur la question malthusienne.

éditorial du MONDE : La catastrophe est déjà en cours et constitue un crime contre l’avenir. On risque fort d’aborder une période où riches et puissants profiteront des dernières ressources qui nous restent, au prix de l’aggravation des injustices planétaires et de la disparition d’une part notable des sept milliards d’être humains. (5 janvier 2019)

Jane Goodall : Si nous tenons à notre avenir, il y a trois problèmes majeurs en apparence insolubles que nous devons absolument surmonter. Le premier est la pauvreté. Si vous êtes très pauvre et vivez dans une région rurale, vous êtes forcé de détruire votre environnement – vous devez cultiver davantage de nourriture, ou fabriquer du charbon de bois. Deuxième problème – et le plus difficile à résoudre : nous devons lutter contre le mode de vie consumériste de tous ceux qui ne sont pas les plus pauvres. Nous avons à notre disposition bien plus de choses que ce dont on a besoin. Enfin, il est impératif de réduire le taux de croissance démographique. Il est tout à fait absurde de penser qu’il peut y avoir une croissance économique illimitée dans un monde aux ressources naturelles limitées. Même le pape François nous dit que ce n’est pas parce que nous avons la capacité de nous reproduire comme des lapins que nous sommes obligés de le faire ! (LE MONDE idées du 5 janvier 2019)

Au Kenya, des habitants manifestent contre les éléphants. Moins d’éléphants signifierait-il moins de conflits ? Pas vraiment, les facteurs étant plus structurels. Il s’agit avant tout d’un effet conjugué de la pression démographique qui va s’aggraver avec un doublement de la population kényane d’ici à 2050, de l’expansion des surfaces agricoles et de développement de grandes infrastructures comme le train qui cloisonnent les déplacements des pachydermes. (LE MONDE du 6-7 janvier 2019)

Alors que ce type de constatations sur multiplient sur la surface de la planète, Erwan Le Noan* dit des conneries auxquelles on peut opposer le discours suivant.

Toutes les études scientifiques montrent que notre biosphère est exsangue et épuisé et l’humanité est incapable de produire des substituts durables aux énergies fossiles. C’est pourquoi la tendance radicale de l’écologie, au nom de la défense de l’environnement, verse dans le malthusianisme au nom d’un humanisme élargi aux générations futures et aux non-humains. Trop protéger les générations futures en laissant libre cours à leur fécondité se fait au détriment de toutes les autres formes de vie présentes et à venir. Cela ne se fait certes pas au détriment de la vie humaine, la contraception et l’avortement sont des méthodes admises dans les pays évolués. Personne d’ailleurs ne demande sérieusement aux Européens de « tuer leurs enfants » pour laisser de la place aux flux de migrants !

On peut parler de malthusianisme en s’inspirant de l’économiste du 19e siècle, Thomas Malthus, qui considérait que la population croissant plus vite que la production alimentaire, le monde allait s’exposer à de terribles famines. Évidemment, la révolution NPK (azote, phosphore, potassium) des engrais a entraîné un surplus temporaire de la productivité, mais au prix d’un appauvrissement des sols. Les terres sont aujourd’hui de plus en plus rendues stériles par l’agriculture intensive sans compter la perte de productivité entraînée par le réchauffement climatique. A cause d’un population qui tend vers les 8 milliards de terriens, guerres, famines et épidémies sont déjà au rendez-vous comme le prévoyait Malthus. Dans l’apologue du banquet, il écrivait en 1798 : «  Un homme qui naît dans un monde déjà occupé, s’il ne peut obtenir de ses parents la subsistance qu’il peut justement leur demander, et si la société n’a pas besoin de son travail, n’a aucun droit de réclamer la plus petite portion de nourriture et, en fait il est de trop. Au grand banquet de la nature, il n’y a pas de couvert vacant pour lui. Elle lui commande de s’en aller, et elle mettra elle-même ses ordres à exécution s’il ne peut recourir à la compassion de quelques-uns des convives du banquet. Si ces convives se serrent et lui font place, d’autres intrus se présentent immédiatement, demandant la même faveur. Le bruit qu’il existe des aliments pour tous ceux qui arrivent remplit la salle de nombreux réclamants. L’ordre et l’harmonie du festin sont troublés, l’abondance qui régnait auparavant se change en disette, et le bonheur des convives est détruit par le spectacle de la misère et de la gêne qui règnent dans toutes les parties de la salle, et par la clameur importune de ceux qui sont justement furieux de ne pas trouver les aliments sur lesquels on leur avait appris à compter. Les convives reconnaissent trop tard l’erreur qu’ils ont commise, en contrecarrant les ordres stricts à l’égard des intrus, donnés par la grande maîtresse du banquet, laquelle désirait que tous ses hôtes fussent abondamment pourvus et, sachant qu’elle ne pouvait pourvoir un nombre illimité de convives, refusait humainement d’admettre de nouveaux venus quand la table était déjà remplie. »*  Ce raisonnement a été très critiqué, éliminé par Malthus des éditions suivantes de son Essai sur le principe de population, mais en termes de réalisme économique il paraît incontournable.

Il ne s’agit plus de courir après une croissance qui de toute façon ne produit plus assez d’emploi, si ce n’est délocalisé, il s’agit de gérer une décroissance conviviale, une sobriété partagée, et une baisse de la natalité sur toute la surface du globe. Le principal attrait de cette vision, c’est qu’elle marque la volonté d’un avenir meilleur au prix de beaucoup d’efforts aujourd’hui. C’est une utopie qui doit devenir réalité. Il ne s’agit plus de préserver les acquis socio-économiques, il s’agit de reconsidérer nos méthodes de production, de consommation, de répartition des richesses et même notre désir de faire des enfants

* https://www.atlantico.fr/decryptage/3562816/yves-cochet-demographie-et-economie–le-malthusianisme-ce-mal-si-francais-naissance-natalite-migrants-erwan-le-noan

** Malthus hier et aujourd’hui, éditions du CNRS, 1984 (note 53 p.86)

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Faire moins d’enfants, c’est le geste écolo primordial

Le périodique LE POINT* devient-il malthusien ? « Aux Etats-Unis, on les appelle les Ginks, pour Green Inclinations No Kids… Être Ginks, cela revient à alléger son empreinte climatique, à refuser de peser dans l’explosion démographique, à moins participer à l’épuisement des ressources naturelles de la planète… La maternité devrait aller au-delà d’un besoin personnel égoïste, elle doit aussi prendre en compte l’intérêt de tous… » LE POINT cite Corinne Maier qui a écrit « No Kids : 40 bonnes raisons de ne pas avoir d’enfants ». Il fait aussi référence à l’association « Démographie responsable » qui estime que l’État devrait cesser d’encourager la hausse du taux de fécondité.

Pour nous, il est encourageant de voir qu’un média commence à parler ouvertement de la problématique de la décroissance démographique, c’est trop rare pour être souligné. Un seul politique français à notre connaissance soutient une politique malthusienne, c’est Yves Cochet qui a écrit la préface du livre « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) ». Ses propos de 2014 restent toujours d’actualité :

« La question démographique se situe à l’intersection des questions culturelles et des questions naturelles, elle en rassemble les difficultés et les controverses. Les néomalthusiens réunis dans ce livre sont l’objet de critiques politiques en provenance de tous les bords. Dans la décroissance démographique que nous soutenons, la droite décèle une campagne en faveur d’avortements massifs, de promotion de l’homosexualité et d’abandon du patriotisme. La gauche nous soupçonne d’attaquer les droits humains, de fuir le problème du financement des retraites, voire de prêcher l’eugénisme ou le racisme. D’une façon générale, la question est taboue ou considérée comme mal posée : l’information, la croissance et la technologie résoudront les éventuels problèmes démographiques. Quant aux organisations écologistes, associatives ou politiques, elles résolvent la question en ne se la posant pas, alors que l’écologie des populations est une discipline importante de l’écologie scientifique () En 2008 lors d’un séminaire public, mon exposé portait sur l’empreinte écologique. D‘un point de vue écologique, l’empreinte énergétique d’un nouveau-né européen est dix fois plus importante que celle d’un nouveau-né au Tamil Nadu. J’en déduisais que la question de la surpopulation ne se réduisait pas au nombre des personnes mais à la multiplication de ce nombre par l’empreinte moyenne de la population du territoire en question. Par conséquent, il était rationnel de se poser aussi la question d’une baisse de la natalité en Europe que j’ai énoncée sous la forme spectaculaire de slogans tels que « l’inversion de l’échelle des allocations familiales ».

Qu’avais-je dit là ! Les innombrables partisans du jeunisme, du croissancisme et du patriotisme, idéologies compagnes du natalisme comme horizon indépassable de la richesse des nations, m’ont immédiatement accablé des qualificatifs les plus pénalisants, jusqu’à celui de « nazi », comme prévu par la loi de Godwin. Cependant, j’avais simplement résumé la principale tendance historique depuis soixante ans : l’accès impérial des Occidentaux aux matières premières du monde et l’exubérance énergétique bon marché sont les deux paramètres qui permirent de propager presque partout la « révolution verte » agricole et l’amélioration sanitaire, engendrant ainsi une forte croissance démographique. Si l’on respecte le principe d’égalité entre tous les humains, règle d’or de la morale politique, et si l’on estime que le mode de vie occidental est le plus désirable – ce qui est contestable, mais qui le conteste ? – on en déduit que nos sœurs et frères chinois, indiens, africains et sud-américains devraient eux aussi vivre à l’occidentale en bénéficiant des joies du consumérisme de masse. Ce lieu commun de tous les discours sur le « développement » depuis cinquante ans est contredit par l’impossibilité matérielle d’une telle fantaisie… »

* http://www.lepoint.fr/societe/faire-moins-d-enfants-le-geste-ecolo-ultime-18-09-2018-2252243_23.php?utm_term=Autofeed&utm_campaign=Echobox&utm_medium=Social&utm_source=Facebook&Echobox=1537277174#xtor=CS1-31-[Echobox]

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pas de PMA, pas de GPA, pas d’enfant !

« Chacun de nous enlève la capacité aux suivants de vivre correctement ici », affirme Laure Noualhat qui ne veut pas d’enfant*. Sa décision est d’abord liée à ses convictions écologiques. « Je politise mon ventre vide », plaisante la quarantenaire. Aux États-Unis, on les appelle les GINKS, pour « Green Inclination No Kids » (engagement vert, pas d’enfant), nullipares en français même si cela ne relève pas de la politisation. Comme on ne peut pas avoir une croissance économique infinie dans un monde fini, de même on ne peut pas avoir une croissance démographique infinie dans un monde fini. Faire un enfant de moins est beaucoup plus efficace pour économiser du CO2 que de renoncer à posséder une voiture, surtout quand on appartient aux classes moyennes mondiales, la classe globale. Chaque bébé qui voit le jour aux États-Unis est responsable de l’émission de 5 fois plus de tonnes d’émissions qu’un bébé chinois et 91 fois plus qu’un enfant qui naît au Bangladesh. Rien d’absurde donc, pour Laure Noualhat, à commencer par « balayer devant sa porte ».

Laure Noualhat est l’auteure de « Lettre ouverte à celles qui n’ont pas (encore) d’enfant. PMA, GPA, faut-il vraiment y aller ? ». Le mensuel La Décroissance** en fait une bonne recension car il occulte le côté malthusien du refus de fécondité pour se centrer sur un autre aspect : « L’essentiel du livre de Noualhat est une charge documentée, intéressante et dont nous partageons l’analyse contre la marchandisation de la reproduction. » Quant aux côtés écolo de Laure Noualhat, cet aspect n’apparaît pas dans l’article de Vincent Cheynet, sauf sous cette forme caricaturale et anti-malthusienne : « Nous avons souvent souligné dans nos colonnes l’absurdité d’une démarche purement écologique de la décroissance. Dans cette logique, le meilleur service que nous pourrions rendre à la planète, surtout si on habite dans un pays riche, ce serait de se suicider. »

Laure Noualhat est journaliste, spécialiste de l’environnement, est passée durant 15 ans par Libération. Elle a co-écrit et co-réalisé en octobre 2015 le documentaire. Climatosceptiques : la guerre du climat. C’est une activiste comme on les aime, qui médiatise des pensées mais sait aussi se mettre en cause personnellement.

* OBS du 15 novembre 2018, « Je politise mon ventre vide » : pour la planète, cette écolo a renoncé à la maternité

** La Décroissance de décembre 2018, janvier 2019, « Pas d’enfant »

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Le pape de la décroissance et la question démographique

Serge Latouche, surnommé à juste titre le pape de la décroissance tant il a développé cette idée par ses écrits, a une position bizarre sur la question démographique. Voici ce qu’il répond au MONDE et les réactions sur lemonde.fr :

LE MONDE* : La décroissance peut-elle être compatible avec une population mondiale en constante augmentation ?

Serge Latouche : « Poser la question démographique comme un frein à la décroissance est une bonne façon de ne pas remettre en cause une société fondée sur l’accumulation illimitée de biens matériels. Le problème n’est pas que les Chinois soient près de 1,4 milliard, mais que 325 millions d’Américains émettent 2,5 fois plus de CO2 par personne que les Chinois. En outre, puisqu’une croissance infinie de la population est incompatible avec les limites de la planète, la question démographique va, je pense, se réguler naturellement. Il est donc inutile, dès lors, de mettre en place une politique restrictive de natalité. » Quelques commentaires sur lemonde.fr :

Desideriusminimus : « Le problème n’est pas que les Chinois soient près de 1,4 milliard, mais que 325 millions d’Américains émettent 2,5 fois plus de CO2 par personne que les Chinois« . Quel manque de lucidité et quelle carence dans l’analyse ! M. Latouche ne sait-il pas que l’ambition de tout chinois – et de tout africain, prochainement par milliards – est d’émettre dans 10 ou 20 ans au moins autant de CO2 que l’américain moyen ?

JEAN CLAUDE HERRENSCHMIDT : Je cite : « En outre, puisqu’une croissance infinie de la population est incompatible avec les limites de la planète, la question démographique va, je pense, se réguler naturellement. Il est donc inutile, dès lors, de mettre en place une politique restrictive de natalité. » Ah, les experts théoriciens. Toujours prêts à contourner l’obstacle. Tout en reconnaissant le rôle central de la démographie, il l’élimine d’un revers de…discours. À quel prix et quelles souffrances se fera cette régulation ?

Obéron : « Il est inutile de mettre en place une politique restrictive de natalité ». Il ne s’agit bien sûr pas d’un « tout ou rien » ! On peut encourager la contraception, le planning familial, l’éducation, sans pour autant user de coercition. Si à l’horizon 2050, les humains ne sont « que » 9,5 milliards au lieu de 10, ça fait déjà un bon 5% du problème en moins. La décroissance prônée (du moins celle liée aux ressources non renouvelables) est-elle si aisée qu’on ne soit pas à 5% près ?

NB : Quelques livres de Latouche et leur présentation : Le pari de la décroissance (2006), Petit traité de la décroissance sereine (2007), L’âge des limites (2012), Bon pour la casse (les déraisons de l’obsolescence programmée)…

* lemonde.fr du 13 décembre 2018, Serge Latouche : « La décroissance vise le travailler moins pour travailler mieux »

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Un écologiste ne peut qu’être anti-populationniste

Une infographie publiée par l’AFP a placé parmi les gestes permettant de réduire son empreinte carbone le fait d’« avoir un enfant de moins ».

L’AFP n’a fait que reprendre l’évaluation effectuée l’an dernier par la revue scientifique Environmental Research Letters. Du reste, les calculs associant l’impact environnemental d’une société à la consommation individuelle multipliée par l’effectif des consommateurs (en tenant compte du type de technologie utilisée) sont présents de longue date dans la réflexion écologiste la plus sérieuse. Citons l’équation de Ehrlich-Holdren (« I = PAT »), au début des années 1970, ou encore l’équation de Kaya, utilisée par le GIEC. L’évidence mathématique provoque pourtant des cris d’orfraie, car la question démographique a cette particularité d’associer deux dimensions que l’on préférerait sans doute dissocier : d’une part la vaste échelle géographique où se mesure l’impact du nombre, et d’autre part l’échelle familiale et individuelle où toute perspective d’ingérence suscite méfiance ou scandale, comme une atteinte aux droits fondamentaux

Yannick Jadot, cité par le Figaro, affirme pourtant que « ces thèses ne pèsent plus rien dans l’écologie politique »…

Les représentants de l’écologie institutionnelle se sont discrédités en évacuant de leur discours les données scientifiques les moins compatibles avec leur programme politique qui se veut « progressiste ». Le fait de ne pas chercher à séduire les foules a un avantage : on peut dès lors ne pas tenir compte du tabou démographique. Tout récemment, les scientifiques signataires d’une tribune dans LE MONDE l’ont répété eux-mêmes clairement : « Freiner la croissance de la population est une nécessité absolue pour sauver l’habitabilité de notre planète d’un désastre annoncé. » Yves Cochet avait d’ailleurs déjà évoqué en 2009 une « grève du troisième ventre », suscitant la gêne de ses collègues Verts. Cochet a également raison quand il souligne qu’agir sur ce paramètre n’est pas plus illusoire que prôner le sacrifice du confort matériel : renoncer à la voiture, au smartphone, à l’entrecôte…

Un écologiste immigrationniste commettrait-il un contresens ?

Le problème, c’est que le « malthusianisme dans un seul pays », dans le cadre d’une « planète migratoire », c’est un peu l’équivalent d’un désarmement unilatéral dans un contexte belliqueux. Se contenter d’inciter les Européens à réduire leur fécondité sans remettre en cause les flux migratoires en provenance des zones à forte pression démographique ne contribue guère à résoudre le problème global, bien au contraire. Pour les pays récepteurs, l’apport migratoire réduit à néant les amorces de stabilisation voire de décrue démographique. Quant aux pays émetteurs, la perspective migratoire leur offre un bassin déversoir qui a pour effet de retarder les mesures de régulation interne. Le bilan global en terme de pression démographique et écologique n’est donc en rien amélioré par l’ouverture migratoire.

Réaffirmons-le : la prise en compte de la démographie est une absolue nécessité écologique. S’aveugler à ce sujet revient à nier que deux fois trois fassent six. Dans une planète saturée, il est même indispensable d’envisager le compartimentage de l’écoumène, la relocalisation.

Extraits de l’interview de Fabien Niezgoda

http://blogelements.typepad.fr/blog/2018/10/%C3%A9cologie-et-d%C3%A9mographie-le-n%C3%A9cessaire-compartimentage-dune-plan%C3%A8te-satur%C3%A9e.html

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L’humanitairerie, un concept réinvesti par ANNABA

Le livre de Philippe ANNABA percute : Pourquoi mettre au monde dans un monde qui se fout du monde ? On n’accroche pas tout de suite au milieu de citations multiples et d’un discours en forme de cri de désespoir. Mais quand on a mordu, on reste scotché par sa virulence, exemple sur l’humanitairerie* (p 131 et suivantes) :

La planète compte deux milliards de personnes vivant sous le seuil de pauvreté. Pourquoi devrions-nous nous soucier du sort de quelques déshérités ?… Quelle dérision ces moyens colossaux mis à la disposition des médias pour promouvoir cette humanitairerie, outil privilégié des démagogues… L’humanitaire est le substitut mercantile, infantile et hypocrite de l’humanisme. De l’Abbé Pierre aux Restos du cœur, c’est le dégrippant qui empêche les rouages de la société de se bloquer… Pourquoi tous ces bons Samaritains ne frappent-ils plutôt aux portes des milliers de français très fortunés adeptes des paradis fiscaux ?…

170 ONG s’occupent des réfugiés du Moyen-orient et de l’Afrique de l’Ouest, la plupart reçoivent des subventions sans aucun contrôle. Certains l’appellent « l’industrie de l’aide »… La solidarité est une escroquerie, la preuve en est que celui qui la prêche la fait toujours payer aux autres… Avec les conséquences de la mondialisation sur la paupérisation de l’Europe, les États sont en faillite. Ce n’est que par l’endettement qu’ils peuvent encore verser les aides multiples qui sont autant de soupapes désamorçant les révoltes… Cette charité et ce sauvetage si insistant de la misère humaine sont essentiellement suspects parce que l’on ne se demande jamais quelles en sont les causes et qui sont les responsables… Les membres des nombreuses associations françaises de défense des migrants feraient mieux de penser à leurs enfants et à leurs petits-enfants, plutôt que de se laisser aveugler par les chants de sirène des immigrationnistes… Sous quel prétexte devrions-nous avoir de la compassion pour des peuples qui se laissent conditionnés par des religions ou des gouvernements corrompus, plus facilement que le chien de Pavlov par quelques bouts de viande !… Le sage n’a rien à faire de la charité ; s’il a fait le choix de ne pas devenir l’esclave des désirs et des passions, ce n’est pas pour aider les autres à y succomber…

Alors que nous ne sommes pas responsables de notre propre naissance, la société nous rend responsable de toutes les naissances… Le but de cette mascarade ? Faire oublier que, hormis les handicapés, chacun est d’abord responsable de son propre sort et surtout de celui de ses enfants… La seule conséquence de toute aide est de favoriser la reproduction… La seule charité concevable, c’est celle qui permet d’aider une femme à avorter si elle le désire… Le véritable fléau, ce n’est ni la misère ni la pauvreté, mais la naissance, cause de l’un et de l’autre… Que ceux qui ont le désir d’engendrer n’attendent pas des autres la manne pour nourrir leur progéniture ! Dans un monde où le cynisme et l’individualisme règnent, seuls la Terre et le reste du vivant méritent notre compassion !

(édition 2018, lespressesdumidi, 290 pages pour 17 euros)

* Humanitairerie : Vieilli et péj. Sentimentalisme affecté et vain à l’égard des hommes, de l’humanité souffrante. « Cette humanitairerie qui me gâte les paysans de Millet » (Huysmans, Art mod., 1883, p. 268). « Les armes de Satan c’est la sensiblerie, C’est censément le droit, l’humanitairerie, Et c’est la fourberie et c’est la ladrerie. » (Péguy, Tapisserie Ste-Genevière et J. d’Arc,1913, p. 85).

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Enfin, deux femelles peuvent engendrer sans mâle !

Il y avait une époque bénie où tout était simple, on n’avait pas besoin de savoir grand chose pour pouvoir baiser avec l’autre sexe… même si on ne comprenait pas grand chose aux mécanismes de la reproduction. Savoir que les mammifères héritaient une moitié de leur génome de chacun des deux parents n’était pas indispensable, mais l’information confortait la complémentarité des deux sexes. Et puis aujourd’hui tout se complique, la science cherche à se faire mousser en explorant tous les mécanismes contre-nature. Des scientifiques chinois ont supprimé les barrières naturelles qui empêchent deux mammifères de même sexe de se reproduire entre eux.

Cela devient alors très compliqué de faire un bébé. L’empreinte parentale sur les gènes est un obstacle à la parthénogenèse, qui est le mode de reproduction uniparentale par division d’un ovocyte non fécondé. Il faut donc supprimer cette empreinte due à la rencontre des sexes, donc modifier une partie de l’ADN. Pour cela, les chercheurs ont eu recours à un outil : les cellules souches embryonnaires haploïdes (haESCs selon le sigle anglais). Celles-ci ne disposent que d’un seul jeu de chromosomes, et non d’une paire de chaque chromosome (cellules diploïdes). Les apprentis sorciers ont ensuite effectué des modifications génomiques chez les haESCs en supprimant, dans la partie de l’étude sur des souris femelles, trois régions identifiées comme participant à l’empreinte parentale. Ces haESCs modifiées ont été injectées dans des ovocytes provenant d’une autre souris, ce qui reconstitue le total de vingt paires de chromosomes de leur patrimoine génétique (contre vingt-trois paires dans l’espèce humaine). Les embryons ainsi obtenus ont été ensuite transplantés dans l’utérus d’autres souris où ils se sont développés jusqu’à la naissance. Au total, sur 210 embryons, vingt-neuf souris nées de deux mères sont nées en bonne santé. Pour engendrer à partir de deux mâles, c’est encore plus compliqué ! Les régions du génome impliquées dans l’empreinte parentale peuvent être spécifiques d’une espèce, et les scientifiques sont encore loin d’une maîtrise technique permettant d’obtenir des descendants viables et dépourvus d’anomalies.* Les commentateurs sur lemonde.fr s’interrogent, les LBGT exultent :

Thomas : Cool, un grand débat à venir, mêlant des transhumanistes, des généticiens, des anti-spécistes, des animalistes, des féministes, d’autres féministes, la Manif pour tous, et enfin, tous milieux religieux confondus… J’ai hâte !

Basco : Quel est l’intérêt de ces recherches ?

Kickaha : L’intérêt c’est la maîtrise totale du vivant…Après les révolutions mécaniques, électriques, électroniques,… nous arrivons à la révolution biologique…

citoyen alpha : Tout cela n’a strictement aucun intérêt scientifique… on peut aussi prendre un chromosome dans un ovocyte, un autre dans un deuxième … etc… et on aura une souris issue de vingt femelles !… le seul intérêt est de mettre à jour le fantasme démiurgique et assez infantile de ces chercheurs qui, comme le disait Lacan il y a bien longtemps ( à une époque où l’on ne pensait pas en réseau…) méconnaissent radicalement l’objet de leur désir !

PASBETE : C’est la solution pour les couples homos

Pinpon : Et ben voilà, bientôt plus besoin de GPA.

Hein ? : C’est aussi la fin des problèmes de style #metoo ! Avec la possible éviction complète d’une société donnée de l’un ou l’autre sexe, puisque la mixité sexuelle ne sera plus nécessaire pour se reproduire, finies les questions oiseuses & fatigantes de harcèlement, d’écriture inclusive, de GPA, de domination masculine (ou féminine, d’ailleurs). Sodome et/ou Gomorrhe, sinon rien !

* LE MONDE du 12 septembre 2018, Des chercheurs chinois obtiennent des souriceaux à partir de parents de même sexe

Enfin, deux femelles peuvent engendrer sans mâle ! Lire la suite »

Il faut tirer sur les migrants pour contrer l’invasion

Cela a failli nous échapper, mais une tribune malthusienne paraît enfin dans LE MONDE*. En résumé : « Les articles dans les journaux se multiplient pour appeler les pouvoirs publics à engager une action vigoureuse et immédiate  : réduire notre consommation d’énergie polluante, accroître l’efficacité environnementale, etc. Mais il est frappant de constater que la croissance démographique est la grande absente de ces prises de position : on fait comme si démographie et environnement étaient deux sujets séparés, alors qu’ils sont indissociablement liés. Les effets combinés de la croissance à venir de la population et de l’augmentation inéluctable de la consommation par habitant conduisent à une véritable catastrophe pour notre planète : destruction de la biodiversité, ressources en eau menacées, montée des eaux par fonte des glaciers, raréfaction des ressources halieutiques, épuisement et salinisation des terres cultivées, réchauffement de plus de 5 °C en 2100 en France avec des pointes à plus de 50 °C, déplacements massifs de populations. On ne pourra pas faire l’impasse sur une réduction importante de l’accroissement de la population mondiale, elle est passée de 2 à 7,6 milliards entre 1950 et 2017 ! Comme il est clair que la démographie a un impact direct sur les augmentations de dioxyde de carbone, il est parfaitement légitime de consacrer une part significative de l’aide pour lutter contre le réchauffement climatique aux programmes de « santé reproductive », terme utilisé pour désigner la contraception et le planning familial. Freiner la croissance de la population est une nécessité absolue pour sauver l’habitabilité de notre planète d’un désastre annoncé. » Sur les 183 commentaires du monde.fr, nous retenons cet échantillon :

Edgar : Les Africains les plus pauvres n’ont rigoureusement rien à perdre. Ils traversent la Méditerranée sans considération pour les risques. Ils se moquent de vos problèmes environnementaux. Si vous voulez les contraindre à baisser leur natalité, il faudrait avoir quelque chose à leur offrir, un espoir de développement, une coopération fructueuse, des investissements dans la technologie et l’éducation.

Tacite @ Edgar : Ils n’ont en effet rien d’autre à perdre que la vie, c’est bien pour ça qu’il faut tirer dessus si on veut éviter l’invasion. (ndlr, étonnant que la modération du monde.fr ait laissé passer cette expression)

Débordements nauséabonds : Si je lis bien les thuriféraires de l’idée malthusienne, c’est les juifs, les arabes, les musulmans qu’ils veulent écarter. Leur argumentation ne repose que sur une idéologie xénophobe très orientée, raciste…. C’est vrai qu’en refoulant aux frontières le migrant passant les cols dans la neige, en poursuivant les bénévoles qui portaient assistance on pouvait penser que ce n’étaient pas des humains qui migraient, mais des moins que rien.

Etasseur @ Débordements nauséabonds : Le déni et le whataboutism, il n’y a que ça de vrai. Bien tartinés d’accusations de xénophobie et de racisme (où l’on apprend que l’islam est une « race »), ça évite de réfléchir et l’on se sent tout de suite dans le camp du bien. Mais sans beaucoup de cerveau.

le sceptique @ nauséabonds… : xénophobie mise à part, il est légitime de se demander si les religions ont un effet sur la démographie, non ?

Barnebie : La multitude croissante des humains sur la planète, de quelques pays qu’ils proviennent, me semble indiscutablement le problème majeur qui explique la destruction des ressources. Le nier pour des raisons idéologiques, c’est se voiler la face. Surtout lorsque toutes ces populations, comme c’est légitime, aspirent à plus de bien-être, de confort et de survie le plus longtemps. Tout cela demandent des ressources de toutes natures, alimentaires et énergétiques, qui existent en quantité limité.

ChP : L’équation est simple: Consommation mondiale = (consommation/hab pour un pays x Nombre d’habitants du pays). La résolution est impossible, car pour les pays riches il faut diminuer drastiquement la consommation/hab, et la population pour une part importante. Pour les pays pauvres il faut diminuer drastiquement la population et augmenter la consommation. L’équation est simple, mais elle n’a pas de solution !

le sceptique : Les Européens ont aussi rempli peu à peu leur espace de vie, puis déversé leur surplus dans des migrations (qu’ils appelaient fièrement « colonisation ») tout en se massacrant entre eux.

Alain Sager : Coucou ! Revoilà Malthus… Non pas sous l’angle du rapport entre population et moyens de subsistance. Mais sous celui de la préservation de la planète. C’est avec les vieux pots…

* LE MONDE du 10 octobre 2018, Freiner la croissance de la population est une nécessité absolue

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Immigration, l’écologie politique est-elle humaniste 

Une certaine gauche, plus ou moins écologique, prône l’ouverture sans frontières. Exemple, les rubriques exposées récemment par deux mouvements concordants :

Livre en préparation du mouvement Utopia, « Migrations (propositions) » : Abroger le délit de solidarité ; Sécuriser les parcours migratoires ; Refuser l’externalisation de nos frontières ; Garantir la liberté d’installation ; Instaurer une citoyenneté universelle de résidence : Accorder le droit de travailler à toute personne arrivant en France ; Abolir toute rétention administrative ; Réviser la position de la France en donnant la primauté à l’accueil sur l’ingérence…

Motion de la commission Immigration « en contribution au projet EELV pour l’élection européenne » (présentée au Conseil fédéral fin septembre 2018) : L’Europe ne doit pas être une forteresse, mais au contraire tendre vers l’ouverture des frontières ; La mise en place d’un titre de séjour européenne « résident.e étranger.e » doit permettre la libre circulation et libre installation de personnes étrangères au sein de l’UE ; Sortir de la logique sécuritaire qui régit actuellement les politique migratoires ; La Méditerranée n’est pas destinée à être un cimetière pour les personnes abandonnées au naufrage ; L’aide au développement doit viser à réduire les inégalités, et non à empêcher les migrations…

Bien entendu toutes ces propositions sont un idéal à atteindre, l’utopie se rêve avant d’être réalisé. Mais une écologie mise en acte tient compte des limites, doit gérer le long terme et ne pas s’appuyer sur de faux raisonnements. Prenons point par point l’exposé des motifs de la commission Immigration :

EELV : « Notre position découle d’une vision spécifique à l’écologie politique, celle d’un monde qui forme un tout par-delà le quadrillage national, et dont les parties se doivent d’être solidaires du fait d’un destin inévitablement partagé. »

Biosphere : Bien entendu la biosphère est un espace interdépendant, l’écologie scientifique considère que les parties et le tout sont indissociables au niveau biophysique. Mais les espèces qui constituent le Vivant ont un comportement migratoire qui est propre à leur espèce. Il y a des espèces qui migrent très loin, d’autres qui se contentent d’un territoire très réduit. Le trait commun, c’est l’adaptation à une niche écologique qui permet à chaque espèce de subsister durablement. La spécificité des migrations humaines, c’est qu’elles ont progressivement envahies le territoire de toutes les autres espèces, réduisant leur espace vital dans des proportions le plus souvent insupportables conduisant à l’extinction massive des espèces. Ces migrations ont même entraîné la disparition des autres hominidés, pensons aux Néandertaliens ou à la volonté d’éradication de peuples autochtones. Homo sapiens a historiquement résolu ses problèmes de surpopulation et d’approvisionnements défaillants pas l’invasion du territoire des autres. Or aujourd’hui notre espèce vit sur une planète close et saturée d’humains au point où on a même dépassé la capacité de régénération globale de la planète (cf. l’empreinte écologique). Dans ce contexte, la tendance que doit prôner l’écologie politique, c’est d’arriver à la concordance entre une population humaine et sa biorégion, son propre écosystème, son Lebensraum (espace vital). Actuellement la définition la plus institutionnalisée de cette obligation de vivre de ses propres ressources est le cadre national ou ethnique (une culture homogène). Échapper à ce cadre, c’est promouvoir des luttes interethniques, conflits souvent meurtriers qui se multiplient actuellement sur toute la surface du globe. Bien entendu l’écologie n’est pas nationaliste en soi, elle dit au contraire que le plus adapté à la durabilité est la constitution de communautés de résilience sur un territoire restreint, alliant l’autonomie alimentaire et énergétique à la décentralisation du pouvoir. L’écologie est pour une relocalisation, pas pour la libre circulation des hommes et des marchandises, idéologie à la base d’un libéralisme économique dévastateur.

EELV : « L’ambition de l’écologie politique est de faire humanité dans un monde commun. »

Biosphere : les mots sont trompeurs, « humanité » est mis à toutes les sauces, entre humanisme et humanitaire. Notons d’ailleurs qu’il s’agit de mettre l’anthropocentrisme au premier plan, ce que critique une écologie digne de son nom. Un « monde commun » est d’une complexité de définition encore plus effrayante : avec qui partager ce monde et quels sont ses contours ? Tant que l’espèce humaine n’aura pas acquis le sens des limites, à commencer par l’adaptation de son niveau de population aux capacités de charge de son milieu, définir un « monde commun » se révélera impossible. L’histoire humaine est une longue litanie de conflits de territoires, d’invasions, de colonialismes, d’impérialisme… Se dire « citoyen du monde » est bien sûr une option pour revendiquer son pacifisme, pas pour justifier les migrations humaines.

EELV : « Le droit à la mobilité de chaque individu est l’horizon vers lequel tendre. »

Biosphere : Prenons la Déclaration universelle des droits de l’Homme qui définit nos droits : « Toute personne a le droit de quitter tout pays, y compris le sien, et de revenir dans son pays. » Le philosophe Etienne Balibar a souligné le caractère ambigu de ce texte, il manque l’obligation pour tout État d’accepter l’entrée des étrangers ! Balibar estimait à juste titre qu’il existe « un point où la liberté non contrôlée se détruit elle-même ». Le droit à la mobilité est un facteur prépondérant de la dégradation de la biosphère et des relations humaines. Richard Heinberg lie conscience écologique et limitation des migrations : « L’opposition à l’immigration incontrôlée est souvent assimilée à tort à la xénophobie anti-immigrés. Mais dans une perspective écologique, l’immigration n’est pratiquement jamais souhaitable. Lorsqu’elle se fait massivement, elle ne fait que mondialiser le problème de surpopulation. De plus, ce n’est que lorsque les groupes humains se sont enracinés dans une zone particulière, au fil de plusieurs générations, qu’ils développent un sens des limites en termes de ressources. » Or la mobilité humaine est sans précédent. En 2012, nous cumulions déjà 214 millions de migrants internationaux et près de 1 milliard en comptant les migrations internes. Cela s’accompagne nécessairement de perception anxiogène et d’image négative des migrants, de manifestation de xénophobie et d’attitudes discriminatoires. Une attitude politique d’ouverture des frontière sans aucun filtre ne peut que nourrir la percée électorale de l’extrême droite et des partis nationalistes.

EELV : « Droits humains et droits de la nature sont indissociables. »

Biosphere : Notons que le discours d’EELV sur les migrations ne parle jamais de toutes les analyses écologiques que nous venons de faire. Dire que « Droits humains et droits de la nature sont indissociables » n’est donc qu’un discours auto-justificatif sans aucune réalité. Cette soi-disant « écologie politique » est hors sol, même pas utopique, complètement absurde. EELV devrait prendre exemple sur l’association suisse Ecopop (Ecologie et Population) qui s’occupe depuis 1970 de l’impact de la démographie sur la nature et les ressources naturelles. EELV devrait nuancer ses propos sur  les phénomènes d’émigrations et soutenir fortement les mouvements de relocalisation humaine.

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Le droit à l’enfant n’est pas un droit donné à toutEs

Deux lesbiennes qui ont des problèmes de fertilité veulent avoir un enfant. Deux raisons de ne pas en avoir, mais on en veut quand même ! Un pays sur-développé comme la France laisse aujourd’hui les fantasmes de totale liberté individuelle s’exprimer. Le Conseil d’État, interpellé par ce couple, mets les points sur les i : « Refuser d’accorder une procréation médicalement assistée (PMA) à deux lesbiennes n’est pas contraire au principe d’égalité devant la loi… Le principe d’égalité ne s’oppose pas à ce que le législateur règle de façon différente des situations différentes ni à ce qu’il déroge à l’égalité pour des raisons d’intérêt général. »* Quelques réactions sur le monde.fr où lois de la nature et désirs individuels s’entrechoquent :

Bfree : Un couple de lesbienne n’est pas fertile, c’est la nature humaine et même bien au delà. Il n’y a rien à corriger dans cela. Quel est donc cet acharnement à vouloir se faire rembourser ce qui est contre nature ?

PHILÉMON FROG : Le sujet est le droit de toute femme à avoir un enfant quel que soit son mode de vie. La PMA le permet. Si l’on ne donne pas à toute femme le droit d’accéder à la PMA mais seulement à celle qui ont un conjoint, c’est là qu’on rompt le principe d’égalité des femmes. Le CE donne l’impression de se positionner idéologiquement et éthiquement en faveur des couples, indirectement certes mais, même indirectement, ce n’est pas son rôle.

René B. : On rompt (peut-être) le principe d’égalité des femmes, mais on respecte le principe d’égalité des enfants : chacun a droit à avoir un père et une mère.

Stan : En quoi discriminer les lesbiennes est-il conforme à « l’intérêt général » ? Bref, encore un combat d’arrière garde menée par de vieux réacs probablement bigots, qui sacrifient le principe d’égalité républicaine à leurs préjugés hors d’âge.

Zzxyz : C’est vrai que les lesbiennes ne sont pas discriminantes pour deux ronds !

MICHEL BRUNET : Pour moi cette décision du CE est « choquante » voire « idéologique » car rien ne justifie la différence de traitement entre les couples souffrant d’une infertilité médicalement diagnostiquée, selon qu’ils sont de même sexe ou de sexe différent.

Loriane : Jusqu’à présent, un enfant ne peut pas être procréé sans l’intervention d’un homme, à un moment ou à un autre. Les hommes sont par conséquent impliqués dans cette affaire dès le début. Il est hors de question de vouloir les éliminer, comme s’il n’existait pas, pour les remplacer égoïstement par de pauvres seringues anonymement inséminatrices.

Jean-Claude TIREX : Au fond, ce que le politiquement correct appelle la « procréation médicalement assistée » n’est pas autre chose que l’insémination artificielle que tous les éleveurs de bovins connaissent. Je serais une dame, je n’aimerais pas être traitée comme une vache.

Votre conscience qui vous parle : Elles devraient plutôt s’abstenir et s’assumer. Il n’y a pas de honte à être lesbienne, mais l’enfant a aussi droit à avoir un père. Par ailleurs, ce n’est pas comme si la planète était sous-peuplée. On ne peut pas nier la souffrance de ne pas avoir d’enfant, mais il y a pire comme sort.

Sonia Moriz : Le Conseil d’État consacre le droit de l’enfant à avoir un père. La légalisation de la PMA pour les couples de femmes conduirait en outre l’ensemble des assurés sociaux à prendre en charge les conséquences d’un choix sexuel qui n’est pas une maladie.

CHANTAL LAURENT : Dans toute cette histoire, on ne parle que des couples homosexuelles et on oublie les femmes seules. Comme quoi le débat est biaisé par une bande d’intégristes cathos et autres homophobes.

Bfree @ Chantal : Lol, on oublie « les femmes seules » … Et les hommes, tous les hommes ? Ah, oui, c’est vrai que l’égalité ce n’est pas dans les objectifs de la PMA, c’est juste pour faire plaisir au lobby féministe.

Asia : Il y a tellement d’enfants orphelins ici ou ailleurs abandonnés par tous. L’adoption pourrait être une solution. Une amie, veuve très tôt, l’a fait et ne le regrette pas.

* LE MONDE du 4 octobre 2018, Exclure les lesbiennes de la PMA n’est pas discriminatoire, selon le Conseil d’Etat

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L’immigration, question centrale des Européennes ?

Au lieu d’avoir des approches nuancés sur la question migratoire, la polarisation s’accentue entre contrôle aux frontières et ouverture à l’altérité. Ce sera sans doute la thématique prépondérante des élections européennes (26 mai 2019).

Viktor Orbani : « Il y a actuellement deux camps en Europe. Macron est à la tête des forces politiques soutenant l’immigration. De l’autre côté, il y a nous qui voulons arrêter l’immigration illégale. »*

Marine Le Pen dénonce la « submersion de l’Europe » sous le flot de « migrations d’une ampleur sans précédent », lesquelles provoquent « ghettoïsation, communautarisme, délinquance, ensauvagement de la société », voire « terrorisme domestique ».*

« Manifeste pour l’accueil des migrants » publié par Mediapart, Regards et Politis : « Il ne faut faire aucune concession aux idées que l’extrême droite a imposées, que la droite a trop souvent ralliées et qui tentent même une partie de la gauche. Il est illusoire de penser que l’on va pouvoir contenir et a fortiori interrompre les flux migratoires. A vouloir le faire, on finit toujours par être contraint au pire ».**

Jean-Luc Mélenchon : « Oui, il y a des vagues migratoires, oui, elles peuvent poser de nombreux problèmes aux sociétés d’accueil quand certains en profitent pour baisser les salaires. Nous disons : honte à ceux qui organisent l’immigration par les traités de libre-échange et qui l’utilisent ensuite pour faire pression sur les salaires et les acquis sociaux !  Je ne suis pas d’accord pour faire de l’immigration la question centrale des élections qui arrivent, ce serait servir la soupe à Macron et Le Pen. Je ne suis pas d’accord pour faire comme si l’immigration était quelque chose de naturel, de désirable, de souhaitable. »**

Benoît Hamon (Génération. s), Ian Brossat (PCF), Yannick Jadot (EELV) et Olivier Besancenot (NPA) affirment de leur côté leur soutien à l’initiative de Regards, Politis et Mediapart.**

Devant cette cacophonie, quel pourrait être le point de vue des écologistes qui pensent « l’écologie d’abord » ? Pour aider à la réflexion, voici quelques extraits de notre blog :

Immigration, l’Union européenne à l’heure des choix : … L’humanité est une seule race, tous les hommes sont égaux. Cependant l’homme reste un animal territorial. Les Grecs avaient compris que tout pouvoir s’inscrit dans des frontières. A l’intérieur des limites historiques se sont bâties des sociétés et des cultures différentes et dont la différence même fait la richesse de la terre. Notre planète est propriété commune, mais la terre est trop grande pour constituer un territoire aimé. La construction abstraite de l’Europe rend l’assimilation impossible car elle transforme le continent en un vaste terrain vague. Il est difficile d’émigrer, de quitter définitivement son pays pour s’établir dans un pays étranger. Cela, les faux-amis des immigrés ne le comprennent pas. Pour les anciens Grecs, la peine capitale n’était pas la mort, c’était l’exil. Émigrer est un déchirement. »…

Le débat entre écomalthusiens et écosocialistes : … En janvier 1972 le manifeste « un programme de survie » fut le premier écrit médiatique valorisant l’idée de « communauté protégée ». Les gouvernements doivent faire cesser la croissance démographique et cet engagement devrait inclure un arrêt de l’immigration. Dans son article de 1974, « Lifeboat Ethics : The Case against Helping the Poor », Garrett Hardin comparait les Etats-Unis à un canot de sauvetage où l’espace vient à manquer : « Une immigration sans restriction revient à faire venir les populations là où est la nourriture, cela accélérant la destruction de l’environnement des pays riches. » Paul et Anne Ehrlich publièrent en 1979 un ouvrage sur la question frontalière américano-mexicaine, The Golden Door : « Le nombre accru d’Américains résultant de l’immigration accroîtra l’impact total des Etats-Unis sur les ressources du globe et sur l’environnement, tout comme un accroissement naturel le ferait. »…

La capacité d’accueil de l’Union européenne : … Il ne s’agit plus de savoir si l’UE est ou non une terre d’asile. Le temps n’est plus où le surplus de population européenne pouvait librement émigrer en Amérique du nord, du sud et dans tous les autres pays. Nous nous apercevons que l’expansion effrénée de la population et de la consommation mondiale depuis la révolution industrielle a entraîné des contraintes écologiques quasi insurmontables presque partout. Alors que la planète est close et saturée d’humains, les problèmes socio-économiques touchent l’ensemble des pays, exacerbant les désirs de migrations. Il deviendra de plus en plus difficile de différencier réfugiés politiques, réfugiés du climat et migrants économiques. C’est pourquoi il est essentiel que chaque pays établisse ses capacités d’accueil en fonction de sa richesse, de sa population, de son taux de chômage et du nombre de personnes déjà accueillies…

* LE MONDE du 3 octobre 2018, La bataille de l’immigration

** LE MONDE du 3 octobre 2018, L’immigration continue de diviser la gauche

un livre de référence : Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie)

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Surpopulation africaine par une virilité mal employée

La population du Mozambique, 29 millions d’habitants, a augmenté de 40 % au cours des dix dernières années et le taux de fécondité, de 5,4 enfants par femme, aurait même légèrement augmenté. La pression des jeunes dont la plupart sont sans travail va croissante. Le gouvernement a fini par s’en inquiéter. Le contrôle des naissances n’a jamais été, jusqu’à une date très récente, une priorité des gouvernants. Le poids des traditions dans des sociétés rurales soumises à une grande pauvreté continue d’alimenter la machine à procréer. Pourtant le Fonds des Nations unies pour la population (FNUAP) finance presque intégralement l’approvisionnement en contraceptifs et déploie depuis deux ans des brigades de « tutrices » dans les villages et les écoles secondaires pour convaincre les adolescentes de se protéger. Les moyens de contraception sont fournis gratuitement à celles qui le désirent. On peut proposer un « injectable » pour trois mois ou un implant qui assure la tranquillité pendant cinq ans.* Pour un peu de repos pour notre blogueur préféré, place maintenant aux commentateurs (éclairés) sur lemonde.fr, :

Laurent : Expliquons toutefois les trois grandes causes structurelles de la pauvreté absolue au Mozambique : un colonialisme portugais particulièrement dévastateur ; une indépendance prise en main par un régime communiste ; plus de deux décennies de guerre civile, soutenue par l’Afrique du Sud de l’Apartheid, Israël et l’administration américaine, causant la destruction des infrastructures.

Michèle de Dordogne : L’Europe du XVIIIème siècle raisonnait de la même façon : J.S. Bach a eu 20 enfants (avec deux épouses successives) pour en garder 9 vivants à sa mort à lui. Si on vaccine et si on soigne les petits Africains, les femmes souhaitent la contraception même si les hommes s’en fichent – c’est bien tout le problème.

Mdut : Les hommes ne s’en fichent pas du tout. Si l’épouse d’un homme cesse d’avoir des enfants, la virilité de ce dernier va être questionnée par le village. Donc, au-delà de l’assurance-vieillesse, il y a l’affichage de la virilité, et je crois que, au quotidien, c’est plus important que de penser aux vieux jours.

Samivel51 : Parallèle intéressant avec le Niger, dont la population a même quadruplé en 40 ans. Un des rares pays au monde où la natalité désirée est supérieure à la natalité réelle (surtout celle désirée par les hommes). Et dont l’ancien Président s’opposait à tout programme de planning familial au nom de la fierté de l’homme nigérien d’avoir 10 enfants. Résultat : une famine catastrophique tous les 5 ans.

Renaud : Et dire que la gauche ainsi que certains journalistes du Monde militent pour l’abolition des frontières et la libéralisation des flux migratoires. Le continent Africain risque de couler sous son poids démographique…

L.Leuwen : Le Mozambique n’est pas un « des rares pays d’Afrique où la transition démographique n’a pas encore gagné les campagnes ». Ce genre de contre-vérité nous est asséné depuis des décennies. La fameuse « transition démographique » est un leurre dans toute l’Afrique, y-compris l’Afrique du Nord. Comme elle est un leurre en Inde, Indonésie etc. La vérité est que nous vivons une explosion démographique dans le monde.

LeBret : Le danger du concept de transition démographique est de croire qu’une fois passée, tout est résolu. Rappel : pendant plus de 95% de son temps sur Terre, l’espèce humaine n’a jamais dépassé 10 millions. À partir de l’agriculture, en moins de 10 000 ans on passé à 1 milliard en 1800, puis à 7 milliards actuellement et 10 milliards prévus en 2100.

* LE MONDE du 25 juillet 2018, Le Mozambique peine à contenir l’explosion démographique

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LE MONDE confond-il humanisme et humanitaire ?

D’un côté l’éditorial du MONDE estime que ne pas défendre l’Aquarius marque le naufrage de l’Europe, de l’autre, parmi plus de 300 commentaires, certains sont de l’avis contraire. Si on est un écologiste, quel peut être le meilleur point de vue ? A nos lecteurs de commenter à leur tour sur ce blog…

LE MONDE : « Le Panama refuse l’immatriculation de l’Aquarius… On retire donc aux citoyens européens le droit de s’ériger contre une politique qui fait passer les intérêts continentaux avant la vie humaine. Dernier bateau humanitaire patrouillant au large des côtes libyennes pour tenter de sauver des migrants en détresse, on peut craindre qu’il ait sonné le glas de l’entreprise dont l’Aquarius est le symbole : assumer concrètement et courageusement le devoir humanitaire élémentaire de sauver des vies. Chaque vie mérite d’être sauvée. Rappelons aux indifférents que 1 700 personnes sont déjà mortes en Méditerranée centrale depuis le début de l’année. L’Aquarius empêché et désarmé, les responsables européens pourront mieux feindre d’oublier les indésirables qui se noient à proximité de leurs côtes. C’est indigne. »*

Sur lemonde.fr, des commentateurs avec un avis différent :

CLAUDE STENGER : Même bien intentionné, cet édito me semble mal titré : ce n’est pas l’Europe qui fait naufrage en Méditerranée, mais l’Afrique semble-t-il. Au sens propre. Si les interventions de l’Europe sur le plan international face à des questions aussi vitales que les guerres civiles et les faillites d’Etat sur tout un continent doivent se réduire à de l’humanitaire… et à un symbolique bateau… autant ne pas se poser en donneur de leçons.

Sonia Moriz : « On retire donc aux citoyens européens le droit de s’ériger contre une politique qui fait passer les intérêts nationaux ou continentaux avant la vie humaine. » Les citoyens européens étant à une majorité écrasante hostiles à l’immigration, on leur donne plutôt le droit d’exiger le respect des frontières et de la législation.

CYNIQUE DU BON SENS ET RAISON : Plus que les noyades, ce qui est indigne est que l’Europe et/ou l’Occident sont la cause de tous les déséquilibres du monde et qu’ils n’ont jamais rien fait de sérieux pour y remédier. L’égoïsme de nos classes dirigeantes et de nos populations soumises à l’addition de la surconsommation est le facteur premier de cette indignité. Les éditorialistes du Monde, habituels donneurs de leçons de salon, pointent l’écume et jamais les courants profonds…

RENE LAPOUYADE : On ne fait pas de la politique avec de bons sentiments au moins lorsque ceux ci sont hors d’atteinte.

William James : On peut s’indigner mais il faut respecter la décision souveraine du Panama. Ce bateau, comme les autres, donnait un effet d’aspiration à tous les migrants. Il faut au maximum bloquer les départs de façon à minimiser le nombre de morts dans la Méditerranée. Ce doit être l’objectif premier.

Hipparque : L’« Aquarius » est complice des passeurs-exploiteurs libyens à hauteur de 29 523 migrants fois de 800 euros et 1700 euros le passage. Soit entre 23 millions d’euros et 50 millions d’euros de rançons en cash. Voici ce que l’« Aquarius » a permis d’empocher aux passeurs libyens, sans qu’on en parle clairement, pour se donner bonne conscience. Ce qui n’empêche pas cet éditorial du Monde de donner des leçons à la terre entière, une fois de plus, en pensant avoir raison tout seul.

EL GRINGO : Le Monde dit que limiter l’immigration, c’est être d’extrême-droite, et que ça détruit l’Europe. On ne peut pas vouloir les causes et refuser les conséquences. La question n’est pas de savoir si les intentions sont bonnes, mais si les conséquences sont acceptables. Les conséquences, c’est la montée très concrète du communautarisme et de l’extrême-droite avec le risque, à terme, d’une désagrégation des démocraties libérales face aux nationalismes, et la fin de l’UE. La question est donc de savoir si nous acceptons de payer un tel prix en échange d’un humanisme compassionnel. Ma réponse, comme la majorité des Européens, c’est que non.

Hervé S. : El Gringo considère que pour éviter que les racistes n’arrivent au pouvoir, il faut cesser d’être humaniste.

GEOFFREY BASSET@ Hervé S : Cessez donc cet amalgame fallacieux consistant à confondre humanisme et immigrationnisme SVP !

Potard Clément : Seul un monstre peut se réjouir de pertes humaines… mais seul un naïf peut croire que l’Aquarius représentait un modèle viable de gestion des migrations. L’humanité n’a pas trouvé de solutions pour un avenir durable. L’homme ne reste qu’un animal précaire, et l’Europe n’est qu’un colosse aux pieds d’argiles. Il ne faut pas se fier à notre pseudo abondance…

*LE MONDE du 25 septembre 2018, L’« Aquarius » dégradé de son pavillon ou le naufrage de l’Europe

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LFI hésite à parler vrai sur la fin des migrations !

Djordje Kuzmanovic, membre de LFI :  « La bonne conscience de gauche empêche de réfléchir concrètement à la façon de ralentir, voire d’assécher les flux migratoires. Plutôt que de répéter, naïvement, qu’il faut “accueillir tout le monde”, il s’agit d’aller à l’encontre des politiques ultralibérales. Lorsque vous êtes de gauche et que vous tenez sur l’immigration le même discours que le patronat, il y a quand même un problème. Ce que nous disons n’a rien de nouveau. C’est une analyse purement marxiste : le capital se constitue une armée de réserve. » Tous les adversaires de gauche de LFI − de Génération. s au Nouveau Parti anticapitaliste en passant par le PCF − condamnent les propos de cet ancien militant humanitaire. Jean-Luc Mélenchon précise : « Le point de vue que Kuzmanovic exprime sur l’immigration est strictement personnel. Il engage des polémiques qui ne sont pas les miennes. »*

Rob Harding, un écologiste décroissant : « Je m’inquiète de ce qui semble être un consensus naissant au sein du mouvement de décroissance en faveur d’une politique d' »ouverture des frontières » en matière de circulation des personnes. Cette position semble aller à l’encontre d’une relocalisation que le mouvement de décroissance préconise. De plus, l’ouverture des frontières ne semble pas tenir compte du fait que les pays développés sont déjà manifestement surpeuplés (c’est-à-dire qu’ils dépassent leur capacité de charge, comme l’indique l’analyse de l’empreinte écologique et d’autres mesures), et contribuent énormément à l’écocide ainsi qu’à la menace qui plane sur les réserves alimentaires du monde. Le principal problème de la position d’ouverture des frontières semble être la priorité accordée à la justice sociale à l’exclusion de l’éco-justice ; pourtant, il n’y a aucune possibilité de justice sociale sur une planète morte. Les sociétés doivent avant tout vivre dans des limites écologiques. Premièrement, si la décroissance estime que les choses qui comptent comme « croissance » (autoroutes, ponts, armées, barrages) sont mauvaises, alors pourquoi le mouvement de décroissance préconiserait-il l’immigration massive qui renforce la demande pour la croissance et ses infrastructures correspondantes ? Deuxièmement, lorsqu’il s’agit de promouvoir une transition vers un avenir écologiquement durable, il semble essentiel de limiter la taille des populations humaines locales ; nous avons besoin de plus petites empreintes de pas, mais nous avons aussi besoin de moins de pieds. La distribution spatiale et la densité des populations humaines sont des considérations clés de durabilité pour un monde  » post-croissance « , mais certains décroissants semblent ignorer l’utilité marginale décroissante d‘une densité démographique toujours croissante.

Enfin, comme la croissance démographique à l’infini est impossible sur une planète ou une nation limitée, les rétroactions garantissent que la population ne croîtra pas indéfiniment.  Ne peut-on considérer que l’opposition généralisée à la poursuite de l’immigration de masse est l’un de ces retours d’information ? Le malthusianisme nous enseigne que la croissance de la population sera de toute façon freinée par l’effondrement ; cependant, un tel effondrement causerait beaucoup de misère humaine ainsi que des dommages massifs aux écosystèmes. Par conséquent, je crois que tout le monde, y compris le mouvement de décroissance, devrait préconiser des limites à l’immigration comme une question de politique publique ; nous ne pouvons ignorer l’équation fondamentale I = PAT. »**

* LE MONDE du 14 septembre 2018, Mélenchon désavoue son porte-parole, et ses propos sur l’immigration

** https://mahb.stanford.edu/blog/response-giorgos-kallis-re-degrowth-movement-open-borders-migration/

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L’invasion migratoire de l’Europe est-elle probable ?

Depuis sa chaire Migrations et sociétés, François Héran se saisit du débat au nom de la « véracité scientifique ». Ce sociologue, anthropologue et démographe, statisticien à l’Insee et meilleur spécialiste français du sujet, répond aujourd’hui que l’invasion de l’Europe par la population d’Afrique subsaharienne est un mirage. « Les Subsahariens, qui représentent 1 % de la population européenne [1,5 % de la population française] représenteront tout au plus 3 ou 4 % de la population des pays du nord en 2050 », ajoute-il dans le dernier numéro de Population et Sociétés, la revue de l’Institut national d’études démographiques (INED). Les commentateurs sur le monde.fr sont très nombreux, en voici un échantillon :

Allons bon : Ce n’est pas un article objectif qu’écrit la journaliste du MONDE Maryline Baumard, mais un texte publi-rédactionnel ou de propagande : « …la démonstration de l’universitaire a séduit jusqu’au sommet de l’Etat… », « …ce sociologue, anthropologue et démographe, meilleur spécialiste français du sujet… », « …ces analyses, qui s’appuient sur des statistiques de plus en plus fiables qui autorisent à se passer des états civils parfois lacunaires… », « … le chercheur, qui a aussi une casquette de statisticien à l’Insee… ».

Angel : Maryline Baumard, la prêtresse de l’Aquarius…

GERONIMO : Si les démographes prédisent qu’ils ne se passera rien, un seul conseil : Tout le monde aux abris !

Marc D : Demander à l’INED une expertise sur l’immigration, c’est comme demander au CEA une expertise sur le nucléaire. Les experts de ces instituts ont été recrutés pour leur adhésion à l’idéologie dominante. Un exemple célèbre était M. Le Bras, de l’INED.

Rantanplan : Il y a des lecteurs qui sont suffisamment informés pour savoir qui sont les démographes de l’ined et la confiance qu’on peut avoir dans leurs « études », et surtout qui savent que l’on peut faire dire tout ce que l’on veut aux chiffres lorsque les données sont biaisées – ce qui est le cas ici. Relisez soigneusement les réactions, vous en apprendrez plus qu’en lisant cet article trop partisan pour être scientifique et honnête…

Marius : Nous voilà éclairés, comme nous l’avons été quand aucun économiste ne prédisait la crise de 2008. Qu’ en pense madame Irma ?

Jean Doute : Les statistiques c’est mieux que rien mais c’est un outil prédictif défaillant à long terme, puisqu’il se base sur une situation politique figée…sinon cela voudrait dire qu’on sait lire l’avenir.

Fourmaintraux Alain : L’article du Monde ne fait pas allusion aux modifications climatiques. Que sera la production agricole en 2050 en Afrique et les ressources en eau ?

Duck Duck : Il ne faut pas oublier que la faim peut amener à des invasions massives. La fuite face à l’extension du désert se fera forcément vers le nord !

JACQUES BUTY : Et que se passera-t-il si, comme certains modèles le laissent supposer, le changement climatique provoque un effondrement des rendements agricoles, de l’ordre de 30 % ? Dans ce cas de figure, les affamés fuiront. Mais effectivement, ils risquent de fuir chez leurs voisins qui ne seront pas nécessairement mieux lotis… Le bon sens serait évidemment de nous attaquer sérieusement à la question climatique et d’encourager des politiques de planning familial en Afrique.

mike Havel : Ce démographe ne fait que prolonger des tendances et ne prend pas en compte les ruptures et les crises. Pour l’instant ça tient à peu près, mais dans 30 ans? Sous l’effet conjugué d’une démographie hors de contrôle, d’une sur exploitation des ressources naturelles par les chinois et du réchauffement climatique, ne peut on pas prévoir que les conflits inter africains se multiplieront, avec leurs cortèges de malheurs ? Et comment penser que cela n’aura pas de conséquences pour l’Europe ?

MAX VELLUTI : Analyse scientifique étayée ou propagande ? Faire des hypothèses sur le comportement d’un milliard d’individus qui ne sont pas encore nés , dans un environnement dont la dégradation est probable, relève d’un bricolage statistique, sinon d’un optimisme difficile à partager !

Mba : L’article traite des subsahariens. Bien. Mais que feront 70 Millions d’Algériens quand ils n’aurons plus de pétrole ? Que feront 100 Millions d’Egyptiens quand leur Etat ne pourra plus subventionner leur blé ?

Furusato : Article d’un immigrationniste camouflé, il manque toutes sortes de dimensions dont celle-ci : l’Afrique et le Proche Orient se concentrent dans certains pays européens, inclure alors l’Europe en général pour se faire une idée du remplacement c’est biaiser le problème. D’où d’ailleurs l’autre biais dans le chiffre français, les descendants et leur poids ne sont pas évoqués, ni la fécondité de la première génération africaine.

Curieux : Démographie, science exacte ?

FTG @ Curieux : Bien plus exact que le doigt mouillé d’un raciste

ABC @ FTG : Le seul argument des bas du front c’est : Raciste. Après, plus rien, ils ont tout dit. c’est l’insulte suprême à leurs yeux, ça justifie tout. ça renforce surtout les extrêmes (droite, mais maintenant gauche réaliste aussi).

MICHEL SOURROUILLE : Sur une planète close dont on a transgressé toutes les frontières, une planète saturée d’humains étant donné l’expansion exponentielle de l’espèce, une planète souillée dont on retire les dernières miettes de richesses sans recyclage possible, l’avenir est à la fin des migrations ou bien alors aux chocs violents entre différentes « catégories sociales ». La colonisation n’a été possible qu’au prix de anéantissement des peuples autochtones à l’effectif limité, ce n’est plus possible aujourd’hui.

L’identité perdue : Il s’agit de savoir la différence faite entre une hausse et une invasion. Depuis quelques années, il y a des migrants partout à Paris. En province, dans presque toutes les grandes villes, c’est pareil. Dans certains coins, en été lorsque les parisiens sont en vacances, la périphérie de Paris ressemble à une ville Africaine.

TH : Pas venu en France depuis dix ans, j’ai été frappé par l’évolution ethnique de certains quartiers en banlieue parisienne, pourtant dits « privilégiés ». Le changement est sidérant par endroit. Les pubs locales s’africanisent, comme celles des grands distributeurs. Le cadre de vie se dégrade. Aucune étude démographique ne remplacera ce ressenti : la population change qu’on le veuille ou non.

LAURENT CARDONA : Bon, les migrations pourraient être limitées nous disent les démographes… Mais est-ce que le racisme et la xénophobie seront contenus eux ? C’est la question qui se pose à nos sociétés et ce ne sont pas les démographes qui vont y répondre…

Xabert : De toute façon « être français » ne signifie plus grand chose Quand on voit que des « jeunes alsaciens ou normands » qui sont en fait subsahariens ou maghrébins musulmans qui rêvent de djihad, on se dit qu il y a un problème …

Kobold : En fait, ce n’est pas rassurant du tout car l’auteur ne prend pas en compte les problèmes d’intégration qui se répercutent à la seconde génération, française de par le droit du sol.

* LE MONDE du 12 septembre 2018, Immigration : faut-il s’attendre à une « ruée vers l’Europe » ? La réponse des démographes

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John Magufuli le fou et Antonio Guterres le sage

John Magufuli, le fou : « Vous avez du bétail, vous êtes de grands fermiers, vous pouvez nourrir vos enfants. Pourquoi alors recourir au contrôle des naissances ? J’ai voyagé en Europe et ailleurs, et j’ai vu les effets néfastes du contrôle des naissances ; certains pays font face à un déclin démographique, il leur manque de la main d’œuvre… Il est important de se reproduire ! Les femmes peuvent désormais abandonner les moyens de contraception. »* C’est le discours hallucinant prononcé le 9 septembre 2018 par le président tanzanien. Notons que le taux de fécondité en Tanzanie est de 5,2 enfants par femme, supérieur au taux moyen africain de 4,6 ! La Tanzanie comptait 7,7 millions d’âmes en 1950, 12,5 millions en 1967, 30 millions en 1994 et aujourd’hui elle en accueille près de 56 millions. Selon l’ONU, les projections sont de 138 millions pour 2050, et de 316 millions pour 2100. Cette multiplication par 41 en un siècle et demi équivaudrait à atteindre 1,7 milliards de français ! C’est sûr, la Tanzanie sera bientôt peuplée de crève la faim et de bandits, alors que ses lions et chimpanzés seront devenus espèces disparues.

Antonio Guterres, le sage : « Si nous ne changeons pas d’orientation d’ici 2020, nous risquons des conséquences désastreuses pour les humains et les systèmes naturels qui nous soutiennent. Il est impératif que la société civile — jeunes, groupes de femmes, secteur privé, communautés religieuses, scientifiques et mouvements écologiques dans le monde — demande des comptes aux dirigeants. » C’est l’avertissement donné le 10 septembre 2018 par le secrétaire général des Nations unies. En dressant un tableau noir des menaces pesant sur la chaîne alimentaire et l’accès à l’eau, M. Guterres a jugé que le monde faisait « face à une menace existentielle directe » et au « plus grand défi » de notre époque : « Nous devons arrêter la déforestation, restaurer les forêts détériorées et changer notre manière de cultiver. Il faut aussi revoir la manière de chauffer, de refroidir et d’éclairer nos bâtiments pour gaspiller moins d’énergie. ».**

Bien entendu niveau de population et niveau de consommation sont reliés, on ne peut parler de bombe démographique en ignorant la croissance démographique et réciproquement. C’est ce que démontre l’équation de Kaya au niveau climatique :

CO2 = (CO2 : KWh)  x (KWh : dollars) x (dollars : Population) x Population = CO2

* http://lesinfos.online/2018/09/10/tanzanie-il-faut-abandonner-la-contraception/

** LE MONDE du 11 septembre 2018, Climat : « Nous devons rompre avec la paralysie », dit Antonio Guterres

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The End, BD de Zep qui nous annonce l’apocalypse

Dans The End*, Zep nous parle des nécessaires écoguerriers : « Un gros projet industriel de déforestation à Podilsky, une catastrophe écologique ! Beaucoup d’associations et des locaux se sont interposés, mais la société Grüner Notfal a arrosé le gouvernement ukrainien… Un groupe radical allemand, Grüner Notfal (Urgence verte), a décidé d’intervenir de manière plus offensive. On a fait exploser des bulldozers, il y a eu des blessés, beaucoup de gens arrêtés, emprisonnés… »

Zep nous annonce aussi la destruction de la surpopulation  : « La forêt n’a pas besoin de nous pour la défendre, elle était là avant nous, elle le sera encore après nous… Nous mesurons les messages que les arbres nous envoient sous forme gazeuse. Je pensais que nous étions là pour observer la forêt. Mais en fait c’est elle qui nous observait… La Terre avait décidé de se débarrasser des dinosaures, c’est notre tour. Des champignons se sont gorgés d’une substance, un truc dangereux qui se fixe sur les récepteurs humains. Nous avons analysé les champignons sans les relier aux arbres alors qu’ils travaillaient pour eux. Ils n’étaient là que pour les approvisionner en kereol, une arme chimique utilisée en Syrie. Le programme d’extinction de l’espèce humaine commençait, en utilisant les arbres pour nous empoisonner. Mais les arbres n’avaient pas anéanti l’humanité, ils l’avaient régulée, épargnant un individu par million. Survivant, je n’étais ni l’élu, ni un oublié, je n’étais simplement qu’un point dans leur statistique… Tout était à recommencer. Mais nous avions appris l’essentiel, nous ne sommes pas les maîtres de la terre, nous n’en sommes que les hôtes et la Terre nous laisse une seconde chance. »

* éditions rue de sèvres, 94 pages pour 19 euros

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Hans Jonas confronté au problème de l’euthanasie

Hans Jonas (1903-1993) est le philosophe qui, en 1979, a opposé « Le principe responsabilité  » au « principe espérance » : sans changement de mode de vie, nous courrons au désastre. De bonnes analyses qui débouchent sur une nouvelle éthique et même une certaine conception de l’euthanasie. En 1989, voici ce qu’il répondait à la question suivante : « Estimez-vous que le débat sur l’euthanasie et nécessaire, admissible ou interdit ? »*

Hans Jonas : Je n’estime en aucun cas qu’un tel débat soit interdit. L’euthanasie constitue, dans des cas extrêmes, une forme d’intervention justifiée, mais que je déconseillerais de façon pressante. On doit parler d’un « droit de mourir » alors que, jusqu’à présent, toutes les discussions aussi bien éthiques que juridiques traitaient d’un « droit de vivre ». L’évolution de la technique médicale, c’est-à-dire l’accroissement de notre puissance grâce à l’appareil technique, a rendu possible ce droit de mourir. On maintient en vie des moribonds en dépit de leur propre décision et souvent au mépris de la volonté de ceux qui leur sont proches. Mais le fait de laisser mourir, par exemple en débranchant le respirateur artificiel, conduit aux cas limites. Il est difficile de décider si l’on se contente d’omettre quelques choses ou si l’on fait effectivement quelque chose. La frontière entre euthanasie active et euthanasie passive est flottante. L’interruption du traitement après que l’on a constaté de façon irréfutable qu’on ne pouvait plus escompter un retour à la conscience est tout autre chose que la délivrance d’une piqûre mortelle. La décision de la mort ne doit pas échoir au médecin car cela mettrait en danger le rôle du médecin dans la société. Le médecin peut guérir, soulager, adoucir, mais la mort ne doit pas relever de ses prérogatives. Mais voici un exemple de ce qui est possible et de ce qu’on ne peut inscrire dans aucun code législatif : l’époux ou l’épouse aimante qui connaît les souffrances de son conjoint peut éventuellement abréger ses souffrances au risque d’une peine d’emprisonnement.

On ne doit pas se laisser conditionner par le point de vue d’une éthique de la compassion, mais uniquement par la responsabilité des conséquences qui découlent de notre manière de voir. C’est là mon opinion, mais je conçois fort bien qu’on puisse en avoir une autre. Quel est le critère qui permet de dire « cela ne vaut plus la peine de vivre » ou bien « cela vaut encore la peine de vivre » ? Ma réponse est : je ne sais pas. Que sommes-nous autorisés à imposer au nouveau-né, jusqu’à quel degré pouvons-nous contraindre un être à l’existence lorsqu’il est amené à mener une vie complètement étiolée ? Le concept de vie « indigne d’être vécue » entre naturellement en jeu, mais aux yeux de qui cette vie est-elle « indigne d’être vécue » ? Il peut également s’agir de l’État. Il faut donc entendre : qui ne vaut pas la peine d’être vécue par cet être lui-même. Les considérations en vertu desquelles ce maintien en vie serait trop coûteux alors que l’argent pourrait être consacré à de bien meilleures choses ne devraient jouer aucun rôle. Si nous avions décidé de faire de l’épilepsie le critère de l’avortement, nous n’aurions pas eu un Dostoïevski. L’enfant nous est d’emblée confié comme quelqu’un dont la personnalité doit se développer sous notre protection.

* Hans Jonas, la compassion à elle seule ne fonde aucune éthique (dans Une éthique pour la Nature – Arthaud poche 2017)

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Mettre au monde dans un monde qui se fout du monde 

Le livre de Philippe Annaba percute : Pourquoi mettre au monde dans un monde qui se fout du monde ? Voici un résumé de son livre par l’auteur, avec son aimable autorisation.

« Jacques-Yves Cousteau et Albert Jacquard regrettaient que la société humaine ne se soit pas stabilisée à sept cents millions d’habitants. De Georgescu-Roegen Nicholas à Bernard Charbonneau (Le jardin de Babylone), de nombreux objecteurs de croissance ont noté que la croissance démographique incontrôlée participait à la destruction des équilibres naturels. De l’extrême droite à l’extrême gauche et même au sein des « décroissants », c’est le tabou le plus absolu parmi toutes les incohérences que l’humanité multiplie depuis la seconde guerre mondiale. L’on ne peut rien attendre d’un système économique mondial productiviste et libre échangiste, dont l’objectif est le profit sans fin, ne pouvant résulter que d’une croissance perpétuelle, dans un monde fini, aux limites pourtant si évidentes. L’humanité est donc plongée dans une schizophrénie de plus en plus délétère. On subventionne le remplacement des énergies fossiles par l’électricité ainsi que les travaux permettant des économies d’énergie, mais en même temps on promet de réduire le nucléaire sans une politique efficace de recours aux énergies renouvelables. Or tout un chacun sait que ces dernières ne pourront jamais compenser à la fois le nucléaire, le pétrole et le gaz. Chacun devrait également savoir que pour une population sans cesse en augmentation, ces énergies renouvelables exigent une extraction de métaux rares que le sous-sol ne renferme pas. En fait, toute la politique de transition énergétique permet surtout de faire gagner un demi-point de croissance, en multipliant les normes aussi contraignantes qu’inefficaces, et en ponctionnant fiscalement toujours plus la classe moyenne. Pendant ce temps, l’Internet, le numérique, ses algorithme, ses « Data-center » et les futures « Smart-City » si chéries des élus, seront de plus en plus énergivores, dépassant l’aviation civile. Pas un mot non plus sur le boom que connaissent l’Europe et les pays émergents, après les États-Unis, en ce qui concerne la climatisation également très énergivore. En fait, chaque année révèle une augmentation notable de la consommation d’énergie, et pour très longtemps encore.

Les découvertes de la pénicilline (par hasard), puis des antibiotiques, ont quasiment éradiqué, dans le monde, la mortalité infantile et celle des femmes en couche. Pourtant, hormis en Chine durant une cinquantaine d’années, aucun pays n’a mis en œuvre une politique de limitation des naissances. Et le développement des méthodes de contraception n’ont en rien enrayé la croissance continue de la population mondiale. Si les religions avaient besoin de nombreux fidèles, l’agriculture et l’industrie de nombreux bras, aujourd’hui le tabou de la surpopulation paraît sans objet, la religion ne faisant plus recette, du moins en Occident, et l’industrie préférant l’automation. Quel anachronisme aujourd’hui, cette injonction divine : « Croissez et multipliez, remplissez la terre, assujettissez-la, et dominez sur les poissons de la mer, sur les oiseaux du ciel, et sur tout animal qui se meut sur la terre… » (Genèse 1, 28). En fait, depuis Hégésias (IIIè siècle av. J.-C.), dont les œuvres furent brûlées sous Ptolémée 1er, un certain nombre de nos meilleurs penseurs, de Diogène de Sinope à E. L. Cioran, en passant par Arthur Schopenhauer, ont écrit de belles sentences sur ce sujet, mais toujours consciencieusement cachées et oubliées. Il n’y a donc aucun débat public sur la première question que devrait se poser la philosophie : Naître ou ne pas naître ?

Alors que la problématique de la naissance peut enfin se poser aujourd’hui dans tous ses aspects, il est sans doute bien trop tard. Hans Jonas en avait déjà exposé les prémices dans Le Principe Responsabilité (1979 !). Cet essai montre crûment et sans état d’âme, l’irresponsabilité de la quasi-totalité des parents (chapitres Naissances par inadvertance et Naissances sans discernement).

Cette frénésie de mettre au monde fait d’homo sapiens un oxymore, et révèle la profonde bêtise de cet animal dénaturé qu’est l’homme. Les animaux semblent bien plus sages, tout en étant ses premières victimes (chapitre Le rocher de Sisyphe, la punition de naître ?). Enfin, mettre un enfant au monde, quelle prétention, alors que l’observation de la nature nous montre que le monde vivant ne perdure que par la confrontation des dominants et des dominés, que la vie se nourrit de la mort, et que sa fin n’est le plus souvent que déchéance ! Mettre un enfant au monde c’est oublier un peu trop facilement, par égoïsme, les souffrances et les tourments inéluctables que sa progéniture devra endurer. Enfin, à la différence des générations précédentes, où les sociétés changeaient lentement, qui peut imaginer aujourd’hui, dans quel monde va échouer cet enfant ? Personne. Que va devenir l’homme à l’heure de la physique quantique, et où les propagandistes du transhumanisme investissent des sommes faramineuses dans l’allongement de la vie et l’Intelligence artificielle ? Pour qui ? Pour dix ou quinze milliards d’individus ? Qui est assez sot pour le croire ? Il faut avoir été rendu aveugle et sourd par l’endoctrinement médiatique et les mensonges d’État, pour ne pas voit venir l’avènement d’une élite de démiurges arrogants régnant sur une masse de sous-hommes. »

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