démographie

ne pas donner la vie est respectable

La mentalité nataliste est aussi répandue que préoccupante. Quand le couple est à l’épreuve de la stérilité, les stéréotypes s’accumulent :

          A partir d’un certain âge, on s’attend à ce qu’une femme ait un enfant ;

          à quoi bon avoir des rapports sexuels si on ne peut avoir d’enfants ;

          à quoi bon rester ensemble si on ne peut fonder une famille ;

          me trouver exposée à une femme enceinte me faisait l’effet d’une torture

          mon obsession du désir d’enfant vire au cauchemar ;

          les échecs d’une insémination ou d’une FIV* sont de vrais moments de désespoir ;

          ils ont l’impression qu’un couple sans enfants n’a pas sa place dans la société.

Toutes ces phrases se retrouvent dans un article du Monde**. Donc, pour la journaliste Martine Laronche qui accumule ces poncifs, une femme sans enfants ne pourrait pas être une véritable femme ! Il faudrait même la présence d’un psychologue (nataliste ?) dans les centres qui pratiquent la FIV. Mais les femmes stériles doivent-elles se mettre à la disposition du business des naissances artificielles ? Les femmes inséminées ne seraient-elle que des machines à produire de futurs chômeurs ? Les femmes sans enfants ne peuvent-elles pas vivre une vie épanouie ?

Notre réponse est contenue dans cette citation d’Hubert Reeves*** : « Notre planète est infestée d’êtres humains qui semblent décidés à saboter l’admirable harmonie de la nature. Ils pourraient bien la ramener à sa stérilité initiale. La Nature a mis au monde une espèce néfaste capable de neutraliser les instincts régulatoires qui assuraient la pérennité de la vie terrestre, une espèce déjà en mesure d’exterminer la vie sur la Terre ».

* FIV, fécondation in vitro

** LeMonde du 7-8 novembre 2010, le couple à l’épreuve de la stérilité (l’assistance médicale à la procréation s’accompagne rarement d’un soutien psychologique pourtant nécessaire)

*** in Malicorne, Éd. du Seuil. 1990.

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donner la vie n’est pas une maladie

Nous n’aimons pas du tout le titre du Monde* « Accouchement dans la douleur ». Bien sûr il faudrait lire au second degré, les maisons de naissance ne seraient pas politiquement prêtes à voir le jour. Mais cela jette aussi l’opprobre sur l’acte de donner la vie qui ne pourrait se dérouler que « dans la douleur ». Comme si l’existence de lieux moins médicalisés que les maternités étaient une anomalie ! Comme si accoucher sans péridurale allait contre le progrès social ! Comme si les sages-femmes ne devaient pas être la norme et les gynécologues-obstétriciens l’exception !

En France, sous la pression des médecins, les pouvoirs publics ont déconseillé dès 1972 les accouchements à domicile. Le Collège national des gynécologues et obstétriciens français se positionne aujourd’hui contre les maisons de naissance. Défense de l’intérêt des mères ou défense professionnelle d’une corporation ? Faut-il revenir à l’accouchement à domicile ? Si on considère la mortalité périnatale (mortalité de 20 semaines de grossesse à 28 jours après la naissance) et non plus la mortalité néonatale (décès dans les 28 premiers jours de vie), il n’y a pas de différence entre les femmes qui ont PREVU un accouchement à domicile et celles qui l’ont prévu en hôpital. Les données néerlandaises d’une grosse étude concluent même à propos des mortalités néonatales précoces (7 jours) en faveur d’un risque non accru pour l’accouchement à domicile**.

Aux Pays-Bas, l’accouchement à domicile est courant. Pour des associations féminines particulièrement sincères, la femme doit pouvoir accoucher « comme elle veut et où elle veut ». Rappelons que l’acte de donner la vie n’est pas une maladie ! Rappelons que les techniques dures, technicisée, remplacent de plus en plus dans tous les domaines les techniques douces et conviviales. Notre société, en s’éloignant toujours plus de la nature, court à sa perte….

* LeMonde du 6 novembre, Accouchement dans la douleur pour les maisons de naissance

** http://www.ciane.info/article-henrionfigaro-58329363.html

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manifester c’est facile, réfléchir bien trop dur

Il est plus facile de bloquer un lycée après envoi d’un SMS que de s’interroger sur la pérennité d’un système de retraite. La rue perd toujours le sens des réalités car les mouvements de foule n’aident pas à la réflexion. Tout va encore plus mal quand syndicats et parti socialiste incitent la population à manifester indûment. Car l’endettement de la France oblige à une cure d’austérité et la réforme française en cours ne permet au mieux le refinancement que jusqu’en 2018. En Espagne un gouvernement de gauche recule l’âge de la retraite de 65 à 67 ans d’ici à la fin de cette année 2010. Ajoutons à la crise d’endettement de l’Etat que nos citoyens vivent en moyenne au-dessus des possibilités de la planète ; ce n’est donc pas seulement pour le régime de retraite qu’il faudrait faire des efforts. Nous allons nécessairement vers une société d’austérité généralisée, il faut l’expliquer dès maintenant aux Français, jeunes et moins jeunes. Les présidentielles de 2012 se joueront aussi sur le courage politique de regarder les réalités en face.

Au Royaume-uni, c’est paradoxalement un gouvernement conservateur qui donne l’exemple*. En ces temps d’austérité budgétaire, il ne se passe pas une semaine sans que le Premier ministre David Cameron prenne aux riches pour protéger les pauvres. Il est vrai qu’aux yeux des citoyens on ne peut faire accepter l’austérité que si les épaules les plus larges portent le poids des sacrifices les plus lourds. Si Sarko avait supprimé le bouclier fiscal en même temps qu’il lançait le chantier des retraites, la réforme aurait pu passer plus facilement… Pour être populaire, l’austérité se doit d’être juste, si ce n’est joyeuse : on peut vivre mieux avec moins dans les pays riches.

 Notons aussi que le vieillissement d’une population pousse inéluctablement au durcissement des conditions de la retraite, même la Chine en a conscience**.

* LeMonde du 17-18 octobre 2010, l’austérité juste de David Cameron pèse sur les plus riches.

** LeMonde du 17-18 octobre 2010, Shanghai teste un report de l’âge de départ à la retraite.

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grève des lycéens, rêves sans lendemain

Les lycéens sont dans la rue… pour la retraite à 60 ans ! Les jeunes ne s’imaginent pas du tout que dans cinquante ans les chocs pétroliers auront fait leur effet. En 2060 quand ils arriveront à l’âge de la retraite, la désindustrialisation sera galopante, les caisses de l’Etat seront vides, les réfugiés climatiques nombreux, les chômeurs encore plus nombreux qu’après la crise de 1929. Beaucoup trop d’ayants droit pour les rares actifs occupés, le système de redistribution sur lequel reposent les retraites en France sera exsangue.

Les jeunes ne savent même pas analyser les projets gouvernementaux, ils ne savent même pas que la CGT existe ! Les jeunes peuvent encore moins se projeter dans le futur, on les apprend à vivre au présent. Ils sont dans une bulle, protégés de la dure réalité par leurs casques audio ou leurs mobiles, vissés devant leurs écrans (télévisons, portables et jeux vidéos) qui les enferme dans un monde de pacotille. Les manifestations récurrentes des lycéens, pour un oui ou pour un non, ne signifient rien de plus que l’appel de la rumeur SMS et l’envie de ne pas aller en cours. Les lycéens aiment faire la nique aux adultes, préfèrent se retrouver entre eux, manifester non pour la retraite mais pour le simple plaisir d’être ensemble. Les lycéens ânonnent qu’ils pensent à l’avenir, mais ne savent même pas qu’ils sont manipulés, par les marques, par les modes, par la pub, par la dernière génération de gadget électronique, par l’industrie du profit qui fabrique hors de France. Même dans les familles qui se veulent pédagogiques, nous sommes frappés de la façon dont beaucoup de parents éduquent leurs enfants. Ils comblent leur progéniture de tout ce qu’il faut comme livres bien choisis et jouets éducatifs. Tous ses désirs étant devancés, l’enfant ne manque de rien… sauf peut-être de manque. L’enfant a perdu l’habitude de la frustration alors que grandir, c’est apprendre à surmonter ses frustrations, apprendre la réflexion. Cela prend du temps et ne se trouve pas dans la rue. Il faut accepter d’aller en cours pour apprendre à différencier les différents régimes de retraites, ce que veut dire démocratie représentative, prendre conscience qu’on est mineur et qu’on ne sait pas grand chose… si le système éducatif était ce qu’il devrait être !

Quand on entend un collégien dans la rue dire « je manifeste parce que je ne veux pas travailler deux ans de plus », on se demande pourquoi il ne manifeste pas pour lutter contre les pollutions qui lui provoqueront un cancer bien avant ses 62 ans, ou contre la société de consommation qui l’endettera bien avant de faire valoir ses droits, ou pour les économies d’énergie sur une planète épuisée. Les lycéens n’ont plus conscience des limites qu’impose le monde réel en devenir, les adultes ne leurs apprennent plus où sont les priorités.

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anti-immigré ou xénophobe ?

Devant une atteinte à son identité, réelle ou ressentie comme telle, un groupe humain peut devenir très méchant. Ainsi la montée de l’extrême droite en Europe* dont le discours principal est le rejet des immigrés. Comme les problèmes économiques et écologiques structurels ne peuvent que rendre de plus en plus aiguë la question migratoire, une réflexion approfondie s’impose. Selon notre point de vue, il nous faut distinguer entre discours anti-immigré et discours xénophobes ou racistes. Il est anormal de tenir un discours stigmatisant les Roms, les islamistes ou n’importe quel autre groupe ethnique : Blancs et Noirs, athées ou confits en dévotion, ici ou ailleurs, nous sommes tous frères et sœurs, la  génétique nous l’a appris indiscutablement. Un parti d’extrême droite ou un président de la République qui ferait des distinctions entre les personnes est condamnable car nous sommes tous égaux.

Quant aux immigrés, Gordon Brown disait en 2007 : « British Jobs for British Workers. »  Aujourd’hui Merkel et Sarkozy cherchent chacun de son côté à faire partir des immigrés clandestins, l’Allemagne ferme ses frontières aux habitants du Kosovo**. La planète est devenue un monde dont nous avons historiquement transgressé toutes les frontières, nous sommes dorénavant enfermés dans un monde fini et appauvri au niveau de ses ressources naturelles. Les grandes migrations entre pays ou à l’intérieur d’un pays, c’est terminé, définitivement terminé. Le droit de se déplacer selon son choix empiète sur les capacités de la Biosphère, les humains ne peuvent continuer à cohabiter de façon apaisée avec des migrations de masse, y compris touristiques. Le partage de l’espace va devenir un problème crucial et malheureusement chaque groupe national ou local devra d’abord compter sur ses propres forces.

Un point de vue démographique s’ajoute à ce contexte, le phénomène de cocotte-minute. Dans le cadre de liberté des flux migratoires, l’excédent d’êtres humains ne trouvant pas de travail dans le pays d’origine peut partir pour en trouver dans les pays d’accueil. En conséquence une permissivité totale est laissée au taux de fécondité du pays puisque le surplus démographique peut s’échapper. En revanche la fermeture des frontières empêche la cocotte-minute de jouer son rôle, ce qui pousse les autorités publiques à prendre des mesures conséquentes – à être responsable démographiquement -, d’où par exemple la politique de l’enfant unique en Chine.

*LeMonde du 23 septembre, l’extrême droite « faiseuse de rois » en Europe

**LeMonde du 23 septembre, l’Allemagne veut obtenir le départ de près de 13 000 réfugiés kosovars

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démographie responsable

Certains font le choix de la nulliparité. Ainsi Mireille Dumas : « Depuis toujours, je suis enceinte d’un non-désir d’enfant qui ne fait que se confirmer. Je n’ai jamais, jamais ressenti cette nécessité de porter, de me prolonger, de me retrouver dans un enfant, de concrétiser dans un autre cet amour fort qui nous lie, depuis trente ans, mon compagnon et moi. Je préfère transmettre. Je crois plus en l’éducation qu’à la génétique.» Dans les pays anglo-saxons des associations de non-parents se sont crées au milieu des années 1980 et ont imposé l’usage du mot childfree à la place de childless, histoire de montrer que leurs adhérents ne souffrent d’aucun manque.

                Certains préconisent le modèle d’un seul enfant par famille. Le Kenya annonce que des « programmes agressifs » de planification familiale vont être lancé (LeMonde du 2 septembre). Ils se sont rendus compte que le fait de passer de 28,7 millions d’habitants en 1999 à 38,6 millions en 2009  allait être insupportable. Ils peuvent suivre l’exemple chinois. Si tu es intéressé par la question démographique nous te conseillons de contacter : http://www.demographie-responsable.org/

Cette association a pour objet d’œuvrer pour la stabilisation voire la diminution de la population humaine en incitant à l’autolimitation de la natalité. Elle s’appuie entre autres sur le rapport 2009 du Fonds des Nations Unies pour la Population (UNFPA) : « L’effort à long terme nécessaire pour maintenir un bien-être collectif qui soit en équilibre avec l’atmosphère et le climat exigera en fin de compte des modes viables de consommation et de production, qui ne peuvent être atteints et maintenus que si la population mondiale ne dépasse pas un chiffre écologiquement viable. »

                La Biosphère te rappelle l’énorme responsabilité de donner la vie dans le monde tel qu’il est aujourd’hui. Une femme (un homme) devrait être terrifiée devant la décision de produire un être humain supplémentaire car ce n’est pas l’enfant qui donne un sens à la vie de ses parents ; ce qui compte, c’est la place que cet enfant va pouvoir assumer dans l’équilibre de moins en moins durable des écosystèmes.

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biocide et humanicide

Comment alléger son empreinte sur la biosphère ? Jusqu’à aujourd’hui, nous pensions qu’il n’était pas possible de faire mieux que Diogène le Cynique (vers 410-323 avant J.-C.). Ayant vu un jour une souris qui courait sans se soucier de trouver un gîte, sans crainte de l’obscurité, et sans aucun désir de tout ce qui rend la vie agréable, il la prit pour modèle. Ce « Socrate en délire », comme le surnommait Platon, marchait pieds nus en toute saison, dormait sous les portiques des temples et avait pour demeure habituelle un tonneau. Méprisant les biens matériels, il jeta un jour son écuelle en voyant un enfant boire l’eau de la fontaine avec ses mains : « Cet enfant m’apprend que je conserve encore du superflu. » Le principe de sa philosophie ? L’homme doit vivre sobrement, s’affranchir du désir, réduire ses besoins au strict minimum. Il justifiait sa conduite en affirmant que les hommes s’imposent des efforts démesurés en oubliant de vivre simplement et sainement selon la nature.

                Mais LeMonde du 3 août nous apporte la preuve qu’il y a plus fort encore. Des moines anachorètes se mettent en position de méditation assise, jambes croisées, et entrent dans l’immobilité (nyujo). Ils retiennent leur souffle et les battements de leur cœur, commencent un long jeune anorexique. Pour abandonner leur enveloppe corporelle, ils se laissent dépérir en se privant de  céréales puis, après 2000 jours, se privent encore de fruits et d’herbes pour ne plus boire que de l’eau. Au moment où la mort d’inanition advient, le corps est déjà presque momifié. Dans les temples de la région de Yodona au Japon, on peut encore admirer une vingtaine de ces momies. Ces moines sont parvenus, du point de vue de la doctrine ascétique, à vivre simultanément dans le monde des vivants et le Nirvana. Ce n’est pas plus stupide que d’endurer 660 km de bouchons le samedi 31 juillet ou d’emprisonner les parents de mineurs délinquants comme le propose l’UMP en France.

                Plus sérieusement, cela pose la question des limites : A quel moment faut-il s’arrêter de consommer, s’arrêter de procréer, s’arrêter de respirer ? Alors que nous ne parvenons pas à freiner l’hystérie consumériste et la détérioration de la planète, certains en arrivent à envisager des positions extrêmes. Le politologue Paul Ariès nous a révélé par exemple qu’il existait une Eglise d’Euthanasia qui a son siège social à Somerville (USA) et revendique officiellement un statut religieux. Cette « Eglise » fut reconnue officiellement le 25 mars 1994 dans l’Etat du Delaware, puis, le 22 août 1995, par l’administration fédérale américaine. Sa devise est limpide « économisez la planète, détruisez-vous ». La population humaine serait, selon cette « Eglise », responsable de par sa croissance d’un vrai écocide. Elle menacerait d’extinction toutes les autres espèces végétales et animales. Seul un humanicide pourrait arranger la situation : « Nous avons quelque chose à faire très rapidement et la chose la plus importante que nous puissions faire est de réduire notre population (…) C’est quelque chose que chacun de nous peut faire, elle n’exige pas de formation spéciale et c’est pourquoi chaque membre de l’église d’euthanasia prend le vœu de ne plus jamais procréer ».

Source : http://www.prevensectes.com/euthanasia1.htm

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planification impérative des naissances ?

Les natalistes utilisent tous les moyens pour faire triompher leur point de vue. Leur principal argument pour laisser la population croître indéfiniment est de disqualifier leurs adversaires en les traitant de « malthusien » sans pourtant avoir étudié Malthus. Mais nous pouvons constater historiquement que l’état de surpopulation accroît les risques de guerres, de famines et d’épidémies comme le prédisait Malthus. Un autre argument plus fiable énonce que la liberté et l’éducation pourvoiront à la régulation des naissances. Mais l’éducation n’est pas un moyen de contraception et la posture qui consiste à attendre que les femmes aient fréquenté l’école pour voir augmenter le recours à la contraception paraît méprisante à l’égard des femmes les plus pauvres et les moins éduquées. D’autant plus qu’avec une population croissante, l’écart se creuse généralement entre les adolescentes les plus pauvres et les plus riches, entre les plus éduquées et les non qualifiées, entre le milieu urbain et celui de la campagne…

C’est pourquoi la transition démographique n’est pas engagée en Afrique subsaharienne qui compte 4,9 enfants par femme, jusqu’à 5,4 en Afrique centrale et 5,1 en Afrique de l’Ouest. L’Afrique qui vient tout juste de dépasser le milliard d’habitant en 2009 atteindra sans doute 2 milliards en 2050. Ce rythme est insupportable, sauf à mettre les Africains sous perfusion, ce qui n’est pas  durable. La journaliste Brigitte Perucca en appelle à une planification des naissances (LeMonde du 22 juillet), c’est donc le retour de Malthus et de la limitation volontaire des  naissances. C’est aussi le retour aux thèses écologistes. Dans son programme aux présidentielles de 1974, le message de René Dumont était limpide :

« Nourrir plus d’hommes implique la destruction du milieu naturel. Du reste, si nous nous multiplions inconsidérément, le phosphore nécessaire à l’agriculture manquerait bientôt. Il faut réagir contre la surpopulation. En Inde surpeuplée certes, mais surtout chez les riches : 500 fois plus d’énergie consommée par tête à new York que chez le paysan indien. Ce qui remet en cause toutes les formes d’encouragement à la natalité, chez nous en France. La « France de 100 millions de Français » chère à M.Debré est une absurdité. Les propositions du mouvement écologique : la limitation des naissances et la liberté de la contraception et de l’avortement. Nous luttons pour le droit absolu de toutes les femmes de régler à leur seule convenance les problèmes de contraception et d’avortement. »

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liberté contraceptive ou planification ?

La pilule contraceptive est âgée de 50 ans aux Etats-Unis (autorisation en mai 1960). Liberté de  contraception ? Planification indicative ou impérative ? En France, la loi Neuwirth de 1967 stipule : « Nous estimons que l’heure est  désormais venue de passer de la maternité accidentelle et due souvent au seul hasard à une maternité consciente et responsable. » Un enfant quand je veux, si je veux ? Les naissances planifiées sont passées de 59 % en 1970 à 83 % en 1995. Mais cette « planification » repose majoritairement sur des choix personnels. (LeMonde du 13 mai 2010). Pour l’instant, la maîtrise de la fécondité ne résulte que d’un choix de la femme, la pilule participe de sa libération, de la libre disposition de son corps. C’est un progrès énorme pour les femmes, pour la liberté sexuelle, pour la limitation volontaire des naissances. Cela ne suffit pas.

Il s’agit aujourd’hui de reprendre le contrôle des conditions d’existence de nos sociétés. Avec les moyens contraceptifs, nous avons une certaine prise sur  la croissance démographique alors que nous avons toujours le problème des ventres creux : plus d’un milliard de personnes ne mangent pas à leur faim. Les démographes pensent que nous allons passer de 6 milliards à 9 milliards en moins de 40 ans. Yves Cochet a un point de vue contraire : « Il existe une corrélation historique entre la quantité totale d’énergie dans le monde et, d’un autre, le niveau démographique et le niveau de vie. Cette corrélation est si forte qu’on peut émettre l’hypothèse d’une causalité : moins il y aura d’énergie disponible, moins la planète pourra accueillir d’individus à un certain niveau de vie. Si cette hypothèse est vraie, comme je le crois, le nombre maximal d’humains sur terre, au niveau de vie moyen actuel, déclinera d’environ 7 milliards vers 2025 à environ 5 milliards en 2050, puis 2 à 3 milliards en 2100. » Que ce soit à la hausse ou à la basse de la population mondiale, il n’y a pas de fatalité puisque nous avons la pilule, le préservatif, le stérilet, etc.  

La contraception n’est pas qu’un moyen de libérer les femmes, c’est aussi un moyen de maîtriser l’évolution démographique. Au début des années 1970, Paul Ehrlich proposait de créer aux USA un organisme de planification, un « bureau de la Population et de l’Environnement » qui apprécierait le niveau de peuplement optimal, et préconiserait les mesures permettant d’y arriver. Pour Paul Ehrlich, l’éducation sexuelle, c’était la présentation de la fonction reproductrice comme une composante parmi d’autres de l’activité sexuelle, qui demande à être maîtrisée selon les besoins de l’individu et de la société. Il aurait voulu que les Etats-Unis inaugurent une politique malthusienne pour avoir la possibilité d’exporter l’idée à l’échelle mondiale. Les Etats-Unis ont préféré exporter Walt Disney, Coca Cola, McDo et les GI’s ! Et la population de grimper…

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Haïtiens assignés à résidence

Aujourd’hui Haïti est un cas d’école de l’interdiction d’émigrer. Washington et son intervention massive après le tremblement de terre a surtout pour but d’empêcher un exode qui jetterait des centaines de milliers de d’Haïtiens vers la Floride. Si les Etats-Unis ont décidé d’accorder une protection temporaire aux Haïtiens présents sur leur sol avant le 12 janvier, ils ont prévenu qu’ils n’accueilleront aucun boat people. En Europe, l’attribution d’un statut de protection temporaire permettant d’accueillir des réfugiés est du ressort du Conseil de l’UE ; son application aux victimes du séisme n’est pas à l’ordre du jour. Actuellement il n’y a pas de statut pour les réfugiés victimes de catastrophes naturelles ; il y a de fortes chances pour que ce non-droit perdure.

Alain Supiot constate une réalité : « La doxa libérale actuelle prône le démantèlement de toute frontière pour les marchandises et les capitaux, tandis que de nouvelles barrières sont érigées chaque jour contre la circulation des hommes. Les frontières doivent être, à l’échelle des grandes régions du monde, ouvertes ou fermées en fonction des impératifs sociaux qui leur sont propres. » (LeMonde des livres du 22 janvier). D’un point de vue biosphèrique, la relocalisation des activités est absolument nécessaire pour amortir les chocs écologiques qui ont commencé ; cela exige à la fois la territorialisation des marchandises, des  capitaux et des humains. Comme l’exprimait déjà Malthus à la fin du XVIIIe siècle, « l’émigration, en supposant qu’on en pût faire un libre usage, est une ressource qui ne peut être de longue durée ». Les produits textiles importés, la nourriture qui fait des milliers de kilomètre, la fuite des capitaux, les flots d’immigrés, tout cela appartiendra bientôt au passé.

L’opposition à l’immigration incontrôlée est souvent assimilée à tort à la xénophobie anti-immigrés. Mais dans une perspective écologique, l’immigration n’est pratiquement jamais souhaitable. Lorsqu’elle se fait massivement, elle ne fait que mondialiser le problème de surpopulation. De plus, ce n’est que lorsque les groupes humains se sont enracinés dans une zone particulière, au fil de plusieurs générations, qu’ils développent un sens des limites en termes de ressources.

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la fin de notre monde est proche

La fin de notre monde va surtout avoir lieu parce que nous ne nous posons pas la question « A quelle nécessité obéit l’espèce humaine en proliférant depuis de début de la révolution industrielle ? » Nous pouvons tous nous mettre d’accord en constatant que notre espèce prolifère simplement parce qu’elle a éliminé des facteurs de régulation naturelle. »  Mais Alain Hervé précise cette question dans le dernier numéro de l’Ecologiste : « Pourquoi ? Pour qui ? Pour quoi faire ? ». La question véritable est donc : quel sens, quelle valeur donner à l’existence d’un enfant de plus sur notre Terre ? C’est apparemment une question d’ordre culturel. Du moins à l’heure actuelle puisque les énergies fossiles ont permis de nourrir artificiellement un surplus de population.

Mais fondamentalement une considération éthique découle des nécessités écologiques (il faut nécessairement répondre à la question : que va-t-on manger demain ?). Par exemple les Bochimans, peuple archaïque du sud-ouest africain, qui vivaient de chasse et de cueillette comme avant le néolithique, étaient les derniers en Afrique à représenter la civilisation de l’arc. La plus grande partie de la nourriture est récoltée par les femmes : pour une journée de récolte, elles parcourent jusqu’à 45 kilomètres. Les enfants sont choyés, mais les familles nombreuses sont rares, car les femmes n’acceptent pas d’avoir un second enfant avant que le premier ne puisse suivre sa mère à la marche pendant les longs déplacements : deux enfants à porter rendrait la récolte impossible. Les femmes se résignent donc à l’infanticide de leur propre autorité, la régulation des naissances est volontaire mais conditionnée par la survie du groupe social. La situation dans les pays riches est beaucoup plus complexe, mais le nombre de naissances dépend aussi du contexte économique en général et de la situation de l’emploi en particulier : en France, les chutes les plus brutales de la natalité ont été enregistrées en 1975 et en 1983, deux périodes qui correspondent à une récession économique. La raison qui justifie l’interruption volontaire de grossesse pour la loi française repose sur la « situation de détresse », dénomination assez floue pour permettre toutes les interprétations. Mais l’essentiel est formulé, ce qui compte c’est le droit de l’enfant à vivre dans un milieu prêt à le recevoir.

Or le milieu naturel au XXIe siècle va être beaucoup moins généreux pour l’espèce humaine que pendant la révolution industrielle… Nous changerons de civilisation car le problème de survie de la société thermo-industrielle est posé ; le malthusianisme reviendra à la mode.

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l’irréalisme socialiste

Lester Brown  avait rédigé en 2007 un programme d’action, Le plan B (pour un pacte écologique mondial). Aujourd’hui les socialistes français croient qu’ils vont inventer quelque chose, un « socle pour 2012 », « les bases d’un nouveau modèle d’écodéveloppement au service du progrès ». (LeMonde du 10 décembre). Connaissant l’incapacité notoire du parti socialiste à se mettre au travail, je connais déjà le résultat. De plus il y a un élément que les socialistes ne reprendront pas chez Lester Brown, le malthusianisme. Ils sont mentalement bloqués sur cette question depuis que Marx a critiqué Malthus. Pourtant Lester Brown est clair :

« Une des questions qui m’est le plus fréquemment posée au cours de mes conférences est de savoir « combien de personnes la Terre peut-elle supporter ». J’y réponds par une autre question : « A quel niveau de ressources alimentaires ? » Il est temps que les leaders mondiaux affirment publiquement que la planète ne peut pas soutenir une natalité de plus de deux enfants par famille. De plus la stabilisation de la population humaine est un préalable pour protéger l’extraordinaire diversité biologique de la planète. Si la population atteint 9 milliards au milieu du XXIe siècle, d’innombrables autres espèces de plantes et d’animaux pourraient disparaître de la surface de la planète par manque d’espace vital. »

Selon Lester Brown, les hommes politiques dont ce monde a besoin sont ceux qui peuvent développer une vision d’ensemble, qui comprennent les liens entre l’économie et les écosystèmes qui la supportent. Mais parmi les hommes et les femmes de gauche, il n’y a personne qui ait actuellement ce profil. Je me trompe ? Même Pierre Moscovici, en charge du « nouveau modèle d’écodéveloppement », n’a jamais relayé le message de son père Serge qui disait déjà en 1978 : « La gauche et la droite sont des notions relatives. Nous (les écologistes) sommes à la gauche de la gauche. Cela veut dire que nous sommes proches de la gauche sur un certain nombre de points (rémunération, organisation des entreprises, internationalisme, etc.) ; mais sur d’autres points, c’est nous qui représentons la gauche, notamment pour tout ce qui a trait aux rapports à la nature, à l’utilisation des ressources, à l’autonomie des collectivités, au productivisme, à la croissance. Car, bien souvent, les hommes et les partis de gauche se sont éloignés de ce qu’on appelle le socialisme et, ce faisant, ont laissé un vide qu’on nous appelle à combler. »

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un enfant par famille (suite)

La politique chinoise de l’enfant unique est une monstruosité relative. Mais l’hyperconsommation des riches est une monstruosité absolue. En toute  chose, il faut savoir raison garder, et ne comparer que ce qui est comparable.

« Ce n’est pas un hasard si la plupart de ceux qui sont obsédés par la croissance de la population mondiale sont de riches hommes blancs, trop âgés pour se reproduire : il s’agit de la seule question environnementale dont ils ne peuvent être tenus responsables. En mai, le Sunday Times publiait un article titré : « Un club de milliardaires annonce qu’il veut réduire la surpopulation. » Il révélait que « plusieurs éminents milliardaires américains se sont rencontrés secrètement » afin de décider quelle bonne cause ils devraient défendre. « Un consensus a émergé, consistant à soutenir une stratégie s’attaquant à la croissance démographique, dénoncée en tant que menace environnementale, sociale et industrielle potentiellement désastreuse. » En d’autres termes, les ultra-riches ont décidé que ce sont les très pauvres qui polluent la planète. James Lovelock, comme Sir David Attenborough et Jonathan Porritt, est l’un des soutiens du Optimum Population Trust. Ce n’est qu’une des campagnes et des organisations caritatives parmi des douzaines dont le seul but est de décourager les gens d’avoir des enfants au nom du sauvetage de la biosphère. Mais je n’ai pas réussi à trouver une seule fondation dont le seul objectif soit de s’occuper des impacts sur l’environnement des très riches.

Le sixième de la population mondiale est si pauvre que ses émissions de gaz à effet de serre ne sont absolument pas significatives. Ceux qui dorment dans la rue ne consomment presque rien. Ceux qui vivent en fouillant les ordures (une part importante des citadins déshérités) ont le plus souvent un solde négatif d’émission de GES. Alors qu’il n’y a qu’une très faible corrélation entre réchauffement global et croissance démographique, il y a par contre une forte corrélation entre réchauffement global et richesse. Le véritable problème n’est pas celui de la démographie mais de la consommation excessive des pays riches, dont les hyper-fortunés donnent une image caricaturale. Cent mille personnes vivant comme des banquiers de la lower Thames valley épuiseraient les écosystèmes indispensables à la vie plus rapidement que 10 milliards de personnes vivant comme les paysans africains. Comme le montre le mode de vie des super-riches, il n’y a pas de limite à la recherche du luxe chez l’homme. Les gens ont moins d’enfants à mesure qu’ils s’enrichissent, mais ils ne consomment pas moins – ils consomment plus. On peut s’attendre à ce que la consommation se développe parallèlement à la croissance économique jusqu’à ce que les compteurs de la biosphère atteignent la butée. Mais personne ne cherche à prévoir une évolution de la surconsommation.

Où sont donc les mouvements manifestant contre ceux qui sont pourris de fric et détruisent nos écosystèmes ? Où sont les actions menées contre les super-yachts et les jets privés ? Où donc est la Lutte de Classes quand on en a besoin ? C’est le moment d’avoir des tripes et d’appeler un chat un chat. Ce n’est pas le sexe le problème, c’est l’argent. Ce ne sont pas les pauvres le problème, ce sont les riches. »

(George Monbiot, The Guardian, le 28 septembre 2009)

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un enfant par famille

Même les objecteurs de croissance (médiatisés) sont anti-malthusiens. Leur organisme de théorisation, l’IEEDS (institut d’études économiques et sociales pour la décroissance soutenable) répond ainsi à la question, La décroissance est-elle malthusienne ? : « La décroissance pense qu’il n’y a pas trop d’êtres humains sur terre, mais trop d’automobilistes. » (décembre 2006, supplément inséré dans La décroissance n° 35). Frédéric Lemaître (rubrique analyse du Monde, 26 novembre) trouve cette réponse un peu courte. La biosphère aussi ! LeMonde  perçoit  la  tentation du retour au malthusianisme, cette question longtemps tabou revient dans les débats, confronté que nous sommes à l’insécurité alimentaire ou au réchauffement  climatique. En 2007, le GIEC confirmait que « le PIB par habitant et la croissance démographique ont été les principaux facteurs de l’augmentation des émissions mondiales de gaz à effet de serre durant les trois dernières décennies du XXe siècle ». Je sais déjà que les éternels contempteurs de ce blog vont dire que le réchauffement climatique, c’est pas grave, le GIEC n’a rien compris (et trafique ses données), et quant à la production agricole, le progrès technique nous sauvera, et la géo-ingénierie aussi.

 Frédéric Lemaître parie de son côté sur la croissance verte (l’imposture de notre décennie) et sur une diminution de notre consommation de viande. (une solution nécessaire). Pour la démographie, il pense avec Hervé Le Bras qu’il n’existe aucun institution  capable d’imposer une législation destinée à limiter la croissance démographique. Notre illustre démographe oublie simplement la Chine dont Frédéric Lemaître rappelle d’ailleurs que s’ils n’avaient pas limité les naissances, l’état de la planète serait bien pire. En conclusion, aucun consensus sur la question démographique, comme d’habitude.

Souvenons-nous alors du message essentiel de Malthus : «  Si les humains ne sont pas raisonnables, famine, guerres et épidémies deviendront leur quotidien ».

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riches contre pauvres

J’y crois pas. On stigmatise encore une fois les pays pauvres. Selon une obscure officine de l’ONU, la natalité galopante des pays en développement est l’un des principaux moteurs du réchauffement climatique (LeMonde du19 novembre). « L’un des principaux », pourquoi pas le premier, avant même les émissions de GES des Américains ! On postule que les pays en développement connaissent une croissance rapide et très émettrice en carbone. Mais il est peu probable  que ce sont les plus pauvres des pays pauvres qui vont participer de l’abondance à l’occidentale. Il paraît qu’un dollar investi dans la planification familiale (la réduction des naissances) réduit les émissions de GES autant qu’un dollar dépensé dans l’énergie éolienne. Avec des comparaisons de ce type, y’a plus de discussion possible, les pauvres auront toujours tort. Cela ne veut pas dire que je suis anti-malthusien, mais seulement qu’il ne faut pas faire porter le chapeau par les pauvres d’un réchauffement climatique dont les pays riches sont responsables depuis la venue de la civilisation thermo-industrielle il y a deux siècles et qu’ils aspirent encore à continuer  à brûler sans se limiter l’énergie fossile.

            Par contre, le scénario démographique moyen de l’ONU nous assurait que la population mondiale se stabiliserait en douceur à 9 milliards d’humains en 2050. Cela supposerait une baisse considérable du taux de natalité dans le tiers-monde, ce qui n’est pas le cas. Sans reprise de l’effort malthusien (arrêté entre autres par les Américains de Bush), on pourrait en réalité atteindre 11 milliards d’habitants en 2050, soit la perspective de multiplier les conflits violents. La régulation des naissances est donc nécessaire, mais ne mélangeons pas cette nécessité avec l’obligation pour les plus riches de baisser drastiquement leurs émissions de gaz à effet de serre !

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Le Monde, malthusien !

Je tiens à féliciter la rédaction du Monde, l’éditorial du 15-16 novembre aborde sans compromission un sujet tabou en France : la limitation des naissances. On montre que le « dynamisme » démographique en Afrique est synonyme de pauvreté, de vie écourtée et de risque majeur pour les femmes de mourir en couche. On ajoute qu’il est difficile de ne pas voir dans la démographie l’un des facteurs aggravants de la malnutrition. On enchaîne en inversant le raisonnement des natalistes pour lesquels il n’est de richesse que d’hommes: «  Si la baisse de fécondité n’est sûrement pas une condition suffisante de développement, elle apparaît, partout dans le monde, comme une tendance concomitante au décollage économique. » L’évolution de la Chine doit donc être regardée avec envie.

Cet éditorial incisif serait parfait si, en d’autres occasions, LeMonde ne soutenait pas la hausse de fécondité en France. Pourtant le poids que va faire peser sur la planète un bébé africain en devenir est bien moindre que la boulimie de consommation des ressources naturelles qui sera dévolue à un bébé français pendant toute sa vie. La baisse de fécondité, à notre époque où la surpopulation et la surconsommation épuise la biosphère, devrait être un mot d’ordre général.

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le retour de Malthus

Quant aux enjeux environnementaux, Al Gore lie  dans son dernier livre la lutte contre la consommation effrénée et la maîtrise de la croissance démographique. LeMonde du 11 novembre remarque que sur le premier point, les lobbies de l’énergie, défavorables à une législation contraignante pour lutter contre les gaz à effet de serre, rivalisent pour ne pas inquiéter le chaland.

Sur le second point, la limitation volontaire des naissances, j’entends déjà les cris d’orfraie des repopulateurs et autres natalistes. Pourtant Al Gore ne dit que des choses qui me semblent incontestables ; il prône l’éducation des jeunes filles, le renforcement du rôle des femmes dans les communautés, la lutte contre la mortalité infantile et le planning familial. Cet ensemble doit être considéré à juste titre comme « sujets environnementaux ».

Biosphere n’a presque rien à ajouter, sauf répondre à un commentaire de ce blog : « Ne pensez-vous pas que l’homme fait partie de la nature et que sa population s’autorégulera (comme toute population animale) ». Le problème, c’est que l’animal humain sait modifier son milieu pour l’épuiser au maximum et donc proliférer sans commune mesure avec les possibilités de son écosystème. La régulation naturelle intervient bien sûr à un moment ou à un autre, mais pas de façon raisonnée. La nature ne raisonne pas…

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sexualité éclairée

En 1971 dans la Bombe P (P pour population), Paul Ehrlich écrivait : « Nous avons besoin d’une loi qui rende obligatoire l’éducation sexuelle ».

Trente huit années plus tard, le Royaume-Uni inscrit au programme scolaire l’éducation sexuelle dès la maternelle (LeMonde du 8-9 novembre). Ce n’est pas trop tôt ! Combien de grossesses non désirées de la part d’adolescentes aura-t-il fallu attendre pour arriver enfin à cette politique. Tous les ans, près de 40 000 jeunes filles de moins de 18 ans sont enceintes, en 2007 on a même compté près de 4400 avortements chez les moins de 16 ans. Dans le secondaire, les adolescent(e)s pourront dorénavant réfléchir collectivement à ce qu’est une relation stable, aux effets des ruptures, aux différences entre les gens. Mais cette éducation sexuelle ne sera obligatoire que pour les plus de 15 ans, les milieux religieux ont encore frappé, englués qu’ils sont dans une conception morale d’un autre âge.

Paul Ehrlich poursuivait : « Quand je parle d’éducation sexuelle, je ne pense pas à des cours d’hygiène ou bien des histoires du genre « fleurs et papillons ». Il s’agit de présenter la fonction reproductrice comme une composante parmi d’autres de l’activité sexuelle, qui demande à être maîtrisée selon les besoins de l’individu et de la société. L’humanité devrait trouver le moyen de réduire l’importance conférée au rôle reproductif du sexe ». C’est là une belle illustration du malthusianisme moderne : la nécessaire limitation des naissances doit découler d’un apprentissage collectif  du rôle de la démographie dans les difficultés sociales, de l’importance de la sexualité libérée du poids de la procréation subie, de la nature des relations humaines sur une planète dont on  a dépassé la capacité de charge. En définitive, l’éducation sexuelle n’est validée que si elle dépasse une simple connaissance des techniques de la contraception pour aborder une vision systèmique permettant aux humains de se situer face à une crise systémique.

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mourir de faim en 2050

D’ici à 2050, notre biosphère comptera 2,3 milliards d’êtres humains supplémentaires alors que ceux qui souffrent de la faim aujourd’hui sont déjà  plus de un milliard. Pour nourrir le surplus de population, personne n’envisage encore une maîtrise de la fécondité, sauf cas exceptionnels comme la Chine ou l’Iran. C’est criminel.

Les « experts », qui ne considèrent que les ressources alimentaires et pas du tout l’aspect démographique, pensent encore que la Terre pourra nourrir tous ses habitants (LeMonde du 17 octobre). Il suffirait de se contenter de 3000 calories par jour (dont 500 d’origine animale), contre environ 4000 actuellement dans les pays développés (dont plus de 1000 issues de la viande ou du poisson). Il suffirait d’augmenter de 70 % la production agricole de la planète, cela sans tenir compte de l’essor des biocarburants ; il suffirait pour cela d’améliorer les rendements des productions et d’accroître les surfaces cultivées. Et bien sûr, il suffirait d’ouvrir encore plus les échanges commerciaux

Or la tendance culturelle liée à l’augmentation en nombre de la classe globale privilégie la surconsommation alimentaire à base carnée. L’intensification des modes de production repose principalement sur l’utilisation du pétrole, en voie de raréfaction d’ici à 2050, et sur des technologies comme les OGM, qui n’ont pas fait la preuve de leur durabilité. Environ 10 % des terres émergées sont déjà cultivées et ce qui reste devrait être laissé en l’état vu leurs fonctions écologiques ou leur improductivité. Enfin le libre-échange n’a jamais nourri les pauvres. En Inde aujourd’hui, 44 % des enfants âgés de moins de cinq ans souffrent de malnutrition et malgré la sécheresse, le pays est exportateur net de denrée agricoles. Selon le prix Nobel d’économie Amartya Sen, ce qui restreint la demande alimentaire est non seulement l’absence de revenu, mais aussi le fait de l’existence de pays non démocratiques. En effet, l’existence d’une opposition politique nécessiterait, pour éviter la destitution, une réaction à la famine du gouvernement en place.

En l’absence d’une politique démocratique et anti-inégalitaire, en l’absence d’une acceptation d’un régime plus végétarien, en l’absence d’un soutien constant aux petits paysans, en l’absence d’une agriculture biologique centrée sur la souveraineté alimentaire, beaucoup de monde mourra de faim en 2050.

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Quel est le prénom d’Alzheimer ?

Ca commence comme ça. Tout commence doucement, de petits oublis, quelques chutes inexpliquées. Alors on reste de plus en plus souvent à domicile et il y a de plus en plus d’aides extérieures. Et puis, quand on n’a pas de conjoint, on se retrouve chez ses enfants qui finissent par endosser le rôle de garde-malade 24 heures sur 24, 365 jours sur 365. Les « aidants-familiaux » aident leur malade tant aimé à aller aux toilettes, l’assistent pendant les repas, lui distribuent régulièrement ses médicaments. Et puis l’épuisement gagne, on ne peut plus faire face, on n’a plus le temps de souffler, on risque de craquer, on craque. Alors, quand on n’a pas de « plates-formes de répit » à portée de la main, c’est la maison de retraite sécurisée à 3400 euros le mois quand on a les moyens (cf. page 3 du Monde, 20-21 septembre). Le malade aimé est devenue une charge insupportable dont on se débarrasse aux bons soins de la collectivité, dans des maisons-prisons dont les pensionnaires ne reconnaissent plus personne, même les êtres les plus chers. Le patient n’est plus un « être social », il en arrive à « oublier de marcher » et reste dans son fauteuil roulant. Pourquoi alors lui rendre visite quand votre psy vous a expliqué que désormais la personne dont l’Alzheimer a évolué inéluctablement « n’est plus là » ? Que faire face à cette maladie ?

Plus on est « intelligent » et actif intellectuellement et plus on a de chances de découvrir son mal dès qu’il apparaît. Bruno Bettelheim, la grande référence en pédo-psychiatrie des années 60-70, s’étant aperçu qu’il était atteint d’Alzheimer, préféra se donner la mort. Soit donc on décide, grâce à son sens de sa responsabilité sociale, de mettre un terme à une vie qui, de toute façon perdra de jour en jour sa richesse d’humanité. Soit, quand le patient n’est plus responsable de lui-même, la collectivité qui prend en charge a le droit de se poser démocratiquement la question sur la durée de cette prise en charge…

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