politique

la mort du sport

On peut se demander si le sport, qui penche de plus en plus vers le spectacle, va pouvoir garder son statut de sport. Le sport est devenu une industrie qui transforme l’activité physique en produit marchand, c’est-à-dire l’inverse de l’épanouissement personnel. Le sport d’élite n’est plus que pharmacopée ambulante pour spectateurs en manque d’efforts physiques personnels. C’est pourquoi certains spécialistes prédisent la disparition du sport du fait du développement du dopage. Le coureur allemand Jörg Jaksche tendait simplement son bras et se laissait piquer sans même savoir ce qu’on lui administrait : il ne voulait pas savoir et de toute façon tout le monde faisait pareil. Le vélo de  compétition est devenu un monde parallèle où il ne règne plus de conscience de l’interdit. Certains technophiles veulent même aller plus loin, il existe un courant qui préconise de modifier l’homme, par exemple avec l’aide d’une transformation génétique. La psychologie humaine est tellement perverse qu’elle fera ressentir des méthodes transhumaines comme normales quand tout le monde fera de même. Le sport dénaturé n’est plus que le symptôme évident d’une société qui est devenue folle.

 Il est beaucoup plus facile de réaliser des performances et de résoudre ses problèmes existentiels par la fuite en avant plutôt que de se contenter d’être au monde, se ressentir à l’aise à la fois dans le milieu naturel et humain. La Biosphère mérite mieux que le détournement de ses mécanismes physico-chimiques par des humains imprudents et impudents. 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

 

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symphonie pour ver de terre

Sous le titre « Comment calmer la foire d’empoigne » (Le prix du bonheur de Sir Richard Layard, p.174), on trouve  cette évidence : « La publicité a clairement pour objectif d’influencer nos préférences, elle vise à nous faire croire que nous avons besoin de quelque chose dont nous nous passions fort bien. La publicité est une sorte de prophétie auto-réalisatrice, elle nous montre que les gens qui nous ressemblent possèdent tel ou tel produit. C’est sur les enfants qu’elle exerce le plus d’effets, ce qui place les parents sous une pression souvent intolérable les obligeant à acheter la dernière poupée ou le dernier modèle de chaussures de sport. Le gaspillage est ainsi faramineux, et les enfants finissent par être convaincus qu’ils ont besoin de toutes sortes de marchandises simplement pour être enfin eux-mêmes. C’est pourquoi la Suède interdit toute publicité ciblant directement les enfants de moins de douze ans. Chaque pays devrait suivre cet exemple. On entend aussi dire que le capitalisme, pour atteindre le plein-emploi, ne peut se passer de la publicité. Cela est faux. Il est vrai que l’on travaillerait moins, mais, en même temps, le désir de travail serait moindre, tout comme le désir de consommation. L’équilibre entre l’offre et la demande ne s’en trouverait donc pas affecté. Le chômage n’augmenterait pas. »

 

Sir Layard se pose alors une question fondamentale : « La publicité nous rend-elle plus heureux en modifiant nos valeurs ? » Mais il ne se pose pas la question essentielle de la détérioration de la planète par le mode de vie occidental qui se généralise grâce à la publicité. Il pense même comme tant d’autres que « musique » est un mot positif alors que l’expression « ver de terre » dégraderait notre humeur !

 

Pourtant les amoureux de la Biosphère savent tout ce que la formation des sols doit aux lombrics alors que jamais la musique n’a aidé la planète en quoi que ce soit, même pas avec le Live Earth, the concerts for a climate in crisis ! 

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divertissement, abrutissement

Il y a une énorme différence entre le jeu que l’homme a toujours su inventer, et le jeu qui envahit notre société. Dans les sociétés traditionnelles, il y avait les fêtes, il y a le jeu des enfants. Alors que le jeu était participation, il est devenu purement spectacle. Maintenant nous sommes baignés dans l’univers du jeu par la télévision et l’informatique. L’usage du micro-ordinateur était, d’après un sondage de juin 1983, pour 75 % consacré au jeu. Jeu d’échecs électronique ou wargames, on est seul avec la machine. Le jeu cesse d’être ciment social pour devenir un facteur d’enfermement dans des solitudes fascinées par l’engin. De plus, tous ces jeux sont avant tout commerciaux, leur marché se renouvelle à toute vitesse, on passe le temps toujours happé par la possibilité d’avoir du neuf. Cela peut même se présenter avec un aspect de développement intellectuel ! A ces jeux, il faut ajouter le temps de divertissement passé à regarder la télévision. Cela conduit l’homme dans l’irréel fantasmatique, dans un monde totalement falsifié. Tout se passe comme si l’on suivait la politique de la Rome impériale, distraire le peuple pour l’empêcher de penser.

 

Il faut prendre divertissement non pas au sens d’amusement, mais au sens pascalien : l’homme est diverti, c’est-à-dire d’une part détourné de penser à soi-même, à sa condition humaine, et aussi détourné des plus hautes aspirations, du sens de la vie, des objectifs supérieurs. Le divertissement est aussi éparpillement. C’est cela que notre société a réussi grâce à la technique, notre divertissement est universel, collectif, même quand nous sommes séparés chacun devant notre écran. Il va de soi que nous ne supporterions pas la permanence du divertissement si nous prenions conscience de ce qu’il est ; c’est pourquoi il lui faut se parer d’un grand voile : liberté de pouvoir choisir entre quinze chaînes de télévision, liberté de gagner sans cesse du temps par l’avion et le train, liberté de pouvoir faire  du 250 km/heure sur route. Alors que le divertissement est l’anti-liberté, puisque c’est l’anti-réflexion.

 

Nous courons sans souci vers le précipice, après que nous avons mis quelque chose devant nous pour nous empêcher de voir.

(Jacques ELLUL, Le bluff technologique, 1986) 

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sport-spectacle

Le sport n’est qu’une invention du XIXe siècle, puis le XXe siècle a transformé l’activité de loisirs des nouvelles classes bourgeoises en sport-spectacle. Au début le sport n’était pratiqué que par des amateurs encadrés par des bénévoles. Mais on commence à parier sur les matches de boxe et à organiser des billetteries pour les matches de football. Dès la fin du XIXe siècle, les clubs britanniques deviennent professionnels. En France le sport reste dominé par l’esprit olympique et cette professionnalisation est jugé condamnable. Ce n’est qu’en 1932 que les clubs professionnels de foot obtiennent en France de leur fédération l’autorisation d’organiser un championnat national. Le journal l’Equipe lance en 1954 l’idée d’un championnat d’Europe. Tout s’emballe dans les années 1980 avec la libéralisation du paysage audiovisuel. Le CIO finit par accepter la professionnalisation des jeux olympiques en 1981 et leur exploitation commerciale en 1986. Toutes les barrières morales tombent et maintenant le monde entier se gargarise devant son poste de télé en voyant courir un ballon rond. Cette marchandisation d’une pratique de loisir  qui se transforme en spectacle de masse assuré par des professionnels se retrouve dans la pratique du vélo comme dans le domaine des chansons et de la musique.

 

Le sport marchand en régression et le temps libéré consacré aux activités de proximité, la Biosphère pourra enfin respirer. 

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sport = drogue

Il faut prendre divertissement non pas au sens d’amusement, mais au sens pascalien : l’homme est diverti, c’est-à-dire détourné de penser à soi-même, à sa condition humaine, mais aussi détourné des plus hautes aspirations, du sens de la vie, des objectifs supérieurs. Pour se rendre compte de l’énorme captation du public par le sport, il suffit de considérer la place qu’il tient dans les médias. Ce qui est le plus remarquable, c’est cet envahissement, toute l’année, cette façon de faire que chaque jour ait sa tranche sportive. Alors le dernier match devient bien plus important qu’un accord international. Bien entendu cette diffusion gigantesque est le support d’une publicité écrasante. Il est vrai que l’homme qui ne se passionne pas pour ces gesticulations n’est pas tout à fait normal !

 

Que devient le sport dans cette spectacularisation totale ? D’abord il y a le passage au professionnalisme, ce qui veut dire qu’à trente ans, l’athlète sera usé ou rentier. Au-delà des dieux du stade, c’est finalement l’argent-roi. Qu’est-ce que prouve un match ? La qualité de l’entraîneur qui a su repérer les meilleurs sur le marché mondial des joueurs ; d’autre part le fait qu’une municipalité ou un sponsor a payé plus cher que les autres ! L’importance du sport étant désormais dominante, il faut créer l’événement sportif, rien que pour le spectacle. On fabrique alors des monstruosités comme cette course de Paris-Dakar, insultante comme gaspillage au milieu des pays de famine, démonstration de la puissance occidentale parmi les impuissants du tiers-monde, parfaite vanité. La brutalité des sportifs gagne le public, ces milliers de fanatiques (pas plus sportifs que moi), montés et remontés par le spectacle, et qui se déchaînent. Je pense que plus la propagande techno-sportive gagnera, plus il y aura d’émeutes dans les stades.

 

Le socialisme n’est pas plus vertueux puisque ce sont les mêmes contraintes qui s’imposent. Il importe assez peu que l’institution sportive soit centralisée par l’appareil d’Etat ou cimentée par l’idéologie bourgeoise. Le sport est maintenant un discours technologique, drogue indispensable de l’Occidental moyen. Nous courons sans souci vers le précipice, après que nous avons mis quelque chose devant nous pour nous empêcher de voir.

(Jacques ELLUL, Le bluff technologique, 1986)

 

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hystérie du spectacle

Le site biosphere répertorie un grand nombre de livres dans sa rubrique « Bibliothèque de la Biosphère ». La plupart sont résumés, on peut y accéder en cliquant sur le titre d’un livre dans http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=biblio. Voici par exemple la quintessence du livre de Michel BOUNAN, La folle histoire du monde (éditons Allia).

 

De même que les innovations techniques du XXe siècle ont eu pour moteur la nécessité de neutraliser les résistances au développement industriel, l’organisation socio-politique a été mise en place pour neutraliser le conflit social. L’impossible liberté réclamée par la classe laborieuse a été obtenue de façon illusoire. La négation du vivant et les exigences humaines ont donné son aspect original de « société du spectacle ». Les revendications ont été satisfaites au moyen d’images et de leurres que la nouvelle organisation technicienne pouvait créer en abondance. Ce mode d’organisation a fourni à ses emmurés des images de liberté et de vie. Le « spectacle » n’est rien d’autre que l’ensemble des  compensations mensongères offertes à ceux qui ne sont plus rien (p.73).

 

Cette façon de n’être au monde que par la médiation d’images a donné lieu à d’extravagantes manifestations collectives. L’extraordinaire importance des rassemblements sportifs d’un bout à l’autre du monde, l’intérêt que leur accordent les médias, les violences auxquelles elles donnent lieu de la part du public, relèvent bien de l’hystérie moderne. Les spectateurs d’une exhibition sportive vivent, par procuration, un affrontement dans lequel ils s’engagent personnellement, ils s’identifient à tel joueur, à telle équipe, et par cette identification, ils connaissent d’intenses émotions. Ces manifestations ont bien pour fonction de canaliser des impulsions interdites, de contrefaire une vie absente. Il en est de même des divertissements musicaux actuels, qui se déroulent en outre dans les mêmes lieux que les compétitions sportives (p.110) .

L’écologisme radical, contrairement aux simulacres qui lui sont opposés, proclame que toutes les nuisances actuelles résultent d’un système socio-économique mondial dont la production industrielle est à la fois le moteur et le résultat. C’est pourquoi ses porte-parole préconisent désormais une décroissance massive. Dans les conditions présentes, cette utopie rencontre un succès mitigé auprès d’un public fondamentalement hystérique, c’est-à-dire privé de son être propre et avide des multiples compensations que lui offre le marché moderne, compensations qu’il ne peut obtenir qu’en continuant à faire tourner les rouages du monde économique actuel (p.114)

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prémonition 1

Prémonition 1 : Missive au courrier des lecteurs (Lemonde 9 septembre 2004) :

Bientôt un baril à plus de 100 dollars

 

            Un expert européen estime qu’un baril à 44 dollars ne peut casser la reprise (Le Monde du 24 août). Cela me fait penser à tous ces spécialistes qui, pendant les débuts du conflit en Irak, pensaient que le marché permettrait de rester durablement en dessous de 30 dollars. Je n’ai pas grand mérite à prévoir un baril à plus de 100 dollars dans les mois ou les années qui viennent puisque le pétrole est une ressource limitée : l’ère utile du pétrole en tant que combustible s’achèvera avant le milieu du XIXe siècle, autant dire demain.

 

Or toute rareté implique un prix élevé. Le prix du pétrole est artificiellement bas depuis le début de son exploitation puisqu’il a permis aux humains de gaspiller en moins de deux siècles un don de la nature accumulée pendant des millions d’année. Le problème essentiel n’est pas seulement l’effet de serre, mais un système de croissance basé sur l’éloignement entre domiciles et lieux de travail, entre localisation de la production et centres commerciaux, entre espaces de vie et destinations du tourisme.

 

Le changement structurel qui s’est opéré sur plus d’un siècle ne peut être modifié brutalement sauf à provoquer une crise économique et sociale sans précédents. La société thermo-industrielle est très fragile puisqu’elle est basée sur une facilité de déplacement et un confort de vie issue du bas prix de l’essence et du gaz oil, du fioul et du kérosène.

 Dès aujourd’hui il faut se préparer au plus vite à des changements structurels de nos modes de vie pour éviter la pétroapocalypse. Seule une augmentation du prix du pétrole constate et progressive, dont les royalties iraient à la promotion des économies d’énergie et non aux rentiers du pétrole, permettrait une prise de conscience mondiale.

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Live Earth

Tout peut être critiqué, même Al Gore. Car la lutte contre les perturbations climatiques peut-elle utiliser les méthodes de la société du spectacle ?

 

Samedi 7 juillet 2007, c’était le grand jour du Live Earth, the concerts for a climate in crisis ; à l’instigation d’Al Gore, 150 artistes se sont produits pendant 24 heures dans huit villes à travers le monde, générant une audience multimédia de 2 milliards de spectateurs. Ces concerts font fait preuve d’excellence environnementale : on pratique la carbon neutrality ou neutralité en émission de gaz à effet de serre, on compense ses péchés en plantant des arbres ! Les bénéfices de la vente seront versés à la fondation de l’ex-nouveau président des USA. Cette association, The Alliance for Climate Protection, repose sur l’idée qu’il faut faire circuler l’information sur la crise climatique et annonce un plan d’action en sept points, des gestes simples que les gens peuvent adopter dans leur vie quotidienne.

 

L’intention reste naïve : « Si assez de gens se rassemblent pour lutter contre la crise du climat, les entreprises et les gouvernements seront forcés d’agir, eux aussi. » En effet un show planétaire reste un show, un concert de rock est bien la dernière chose dont a besoin la planète. Car la mise en musique de la crise climatique ne peut entraîner de nouveaux comportements. D’autant plus que le site www.liveearth.org s’empresse de proposer les « Live earth merchandise » !!!

 En fait Live Earth a été fondée par Kevin Wall, le producteur exécutif mondial de Live 8, un événement qui avait rassemblé l’un des plus larges publics de l’Histoire pour lutter contre la pauvreté. La pauvreté est restée en l’état, il en sera de même de la détérioration de la Biosphère par une société qui consomme du spectacle et cultive beaucoup d’illusions. 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

 

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Help, quelles réserves minières ?

Lemonde « économie » du 13/11/2007 nous propose un dossier trés incomplet sur l’envolée des prix des métaux. Beaucoup de statistiques sur la flambée des prix, quelques remarques sur les principaux minerais, mais rien de tangible sur le montant des réserves mondiales en volume. Pourtant, selon un analyste du BRGM, « au rythme actuel de l’extraction des métaux, on en produira davantage dans les vingt prochaines années que dans tout l’histoire de l’humanité ». Mais l’offre durable n’est-elle pas conditionnée à moyen terme par la rareté croissante de la ressource ?

 Les spécialistes ne paraissent pas s’inquiéter, l’un d’entre eux estime même que l’exploitation des métaux, à l’inverse du pétrole, n’est pas menacée « d’extinction ». Cet optimisme me semble très excessif. Par mes propres forces, j’ai pu déterminer par exemple que les réserves mondiales de cuivre en 2005 étaient de 500 Mt et la consommation de 16 tonnes, soit environ 30 années de réserves. Cela me semble très peu, même si on sait que 40 % environ de la consommation européenne de cuivre provient du recyclage. Les générations futures ne vont-elles pas affronter la pénurie ?

Peux-tu me fournir des chiffres sur les réserves mondiales de bauxite, de zinc ou de nickel, et leur niveau de consommation annuelle pour compléter l’article sur l’envolée des prix des métaux.

Avec ta contribution, nous pourrions essayer de nourrir le  courrier des lecteurs ou, pourquoi pas, la page « débat » de notre journal Lemonde?

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Eric le Boucher 4/4

Pour mieux connaître Eric Le Boucher, chroniqueur Lemonde, cet échange de correspondance : 

Missive au courrier des lecteurs du journal Lemonde :Dans la chronique du 29-30 janvier 2006, cette affirmation d’Eric Le Boucher : « L’Asie supplante l’Europe, Mittal Steel fait main basse sur l’acier européen, adaptons-nous. Sinon on ferme nos frontières et on relance massivement le transport à cheval ». En fait les politiques et les médias veulent nous faire croire qu’il faut toujours plus de vitesse alors que le problème de la planète est un trop de  croissance. Le PIB de l’Asie est extraordinaire, mais il n’est significatif que d’une entrée dans l’impasse : exode rural, urbanisation sans frein, déséquilibres sociaux et environnementaux. Le modèle de développement occidental que l’Asie imite a déjà fait faillite, tous les indicateurs sont au rouge ici ou ailleurs. Il ne s’agit donc plus de prôner concentration ou concurrence, mais de lutter contre les délocalisation par la relocalisation, contre l’épuisement de la planète par la sobriété. Cela implique de réguler les flux trans-frontaliers, cela implique de limiter nos déplacements, mais il y a bien d’autres manières que le retour au cheval. Ce n’est pas la modernité ou la bougie (le retour à l’âge de pierre ?), c’est l’objection de croissance pour tous, ici et en Asie. 

Suite donnée par Yves Marc Ajchenbaum (le Courrier des lecteurs) : « Nous sommes très attentifs aux points de vue exprimés par nos lecteurs, soyez sûr que votre courriel sera transmis à Eric Le Boucher ». 

Courriel d’Eric Le Boucher à Missive: « Allez dire qu’il faut moins de croissance aux paysans chinois ou aux Africains qui en rêvent ! Je ne partage pas du tout cette idée de décroissance. Il faudra qu’elle soit économe, oui. Mais seule la croissance remplit les assiettes et permet de lutter contre la pauvreté. Merci de me lire. » 

Réponse de Missive : « Merci d’abord de ne pas déformer mes propos, l’objection de croissance n’est pas toujours la décroissance ! Le problème d’ailleurs n’est plus de partager ou non l’idée de décroissance, sa réalité va être inéluctable (cf. par exemple Pétrole Apocalypse d’Yves Cochet ou les calculs d’empreinte écologique). Dans ces conditions, la seule question qui se pose : est-ce que nous serons assez sage pour l’organiser le plus en douceur possible ?            

Un chroniqueur du Monde a dont un rôle essentiel à jouer ; encore faut-il qu’il transcende son opinion personnelle. Ce n’est pas parce que tous les pauvres rêvent de l’abondance que cela va devenir une réalité. La Chine s’enferme dans d’innombrables problèmes et le paysan migrant ressemble de plus en plus à ceux qui s’entassent déjà dans les bidonville du Tiers-monde et survivent de l’économie souterraine. Ce n’est pas parce que nous nommons la Chine « pays émergent » que cela va être une réalité pour tous et encore plus une réalité durable. Quant à l’Afrique, ils étaient bien plus heureux avant que l’Afrique soit mal partie » (René Dumont).           

Enfin ce n’est pas la croissance qui remplit nos assiettes, c’est l’équilibre des écosystèmes qui permettent un recyclage de l’énergie solaire que nous retrouvons sous forme de céréales ou de viandes : l’économie ne peut rien faire sans l’aide de la biosphère, et elle est en train de détruire la capacité d’homéostasie. Ce n’est pas parce que notre société (journalistes, politiciens, sondages) véhicule une véritable croyance collective en une croissance économique qu’elle a raison : la durabilité de la croissance est impossible dans un monde fini. Maintenant l’idée de décroissance est complexe, il peut s’agir de décroissance énergétique et c’est déjà en cours avec le protocole de Kyoto (il faut diminuer les émissions de gaz à effet de serre), il peut s’agir de simplicité volontaire dans le mode de vie… mais il serait dommageable que nous soyons victimes d’un rationnement drastique par la crise !           

Il faut savoir que le ministre de l’environnement en Grande Bretagne travaille déjà sur un projet de carte carbone (en fait un ticket de rationnement). Merci de m’avoir lu et compris, la planète a besoin de toi, Eric ! » 

Eric Le Boucher : « J’ai lu et ai compris, oui il y a des problèmes de ressources. Mais je ne crois qu’au progrès pour  résoudre les problèmes qui se posent. Merci d’être tolérant. » 

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la place des pauvres

Quelle place pour les pauvres dans la société de demain ? Les perspectives sont sombres.

 

Afin de limiter les dérèglements climatiques, Bruxelles veut imposer aux constructeurs une diminution des rejets de CO2 à 120 grammes par kilomètre d’ici à 2012. Mais le vieillissement du parc automobile va à l’encontre des ces efforts technologiques, plus la voiture est ancienne, plus elle rejette de CO2. Aujourd’hui en France, les voitures en circulation ont en moyenne 8 ans, contre 5,8 ans en 1990. Même si, grâce à Harry Potter, toutes les voitures neuves atteignaient par miracle la norme de 120 g/km, il faudrait encore attendre, vu le faible taux de renouvellement, plus de dix ans pour que toutes les voitures immatriculées rejettent 120 g/km ! Salauds de pauvres qui n’achètent pas le dernier modèle de voiture « propre »?

 

Les adeptes de l’usine fordiste, généreux et avisés comme on sait, envisagent des mesures incitatives pour le retrait du marché des véhicules les plus anciens : crédit d’impôt, système de bonus/malus, prêt à taux zéro pour acheter un véhicule récent. En fait, on peut déjà prévoir que les ménages les plus pauvres seront non seulement confrontés à la difficulté d’acheter un nouveau véhicule, mais devront aussi faire face à un carburant beaucoup plus cher.

 

On ne peut lutter à la fois contre les émissions de gaz à effet de serre et contre la raréfaction du pétrole par des demi-mesures. Il faudra le plus vite possible envisager une planification écologique qui interdirait aux riches comme aux pauvres de rouler à titre individuel dans leur bagnole personnelle. Je fais parce que tu fais parce que nous faisons tous. Mais les politiques, généreux et avisés comme on sait,  peuvent-ils penser à la fois à la prochaine élection et à la réduction drastique des inégalités humaines ?

 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

 

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Eric Le Boucher, ter

Une missive du  1.10.2007 pour le courrier des lecteurs classée sans suite :

Le totem d’Eric Le Boucher (chronique du 30 septembre 2007), c’est le nucléaire. Sarkozy avait exhorté les allemands à revenir sur leur choix de fermer leurs centrales nucléaires, Le Boucher insiste à deux reprises sur les avantages immenses du nucléaire en matière de CO2. Mais le ministre allemand de l’environnement avait rétorqué à Sarkozy que « l’énergie nucléaire est tout sauf une technologie du futur ».

Je tiens à ajouter que toute affirmation qui repose sur un seul élément du processus de fabrication et non sur l’ensemble de l’analyse de cycle de vie du produit (pour l’énergie nucléaire, ressources en uranium, risques des centrales, traitement des déchets radioactifs…) est une affirmation gratuite.

Un chroniqueur dans un journal de référence se doit à une stricte objectivité, non à des parti-pris contre l’écologie et les écologistes.

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Nobel aux GES

Dans la Biosphère, sur cette planète qui nous porte, les êtres humains ont joué aux apprentis sorciers. Ils doivent maintenant remiser leurs balais magiques et  vivre autrement, sobrement, surtout les riches… Certains signes sont positifs, ainsi du dernier Nobel de la paix.

 

Le comité Nobel a décerné le 12 octobre 2007 le prix Nobel de la paix à la fois au groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC) et à l’ex-futur président des USA, Al Gore. Le comité cherche ainsi à « attirer l’attention sur les processus et les  décisions qui paraissent nécessaires pour protéger le futur climat du monde, et ainsi réduire la menace qui pèse sur la sécurité de l’humanité ». Il est vrai que des régions entières vont devenir inhospitalières et que leurs populations seront contraintes de se déplacer. Cette redistribution géographique va entraîner de nouvelles tensions, donc des conflits et des guerres. Ce sont les pays les plus pauvres qui souffriront le plus des transformations du climat alors qu’ils n’en sont pas responsables. Il y aura en conséquence un fort ressentiment envers les pays industrialisés et, pourquoi pas, une explosion de divers terrorismes. Le lien opéré par le comité Nobel entre les notions de sécurité et de réchauffement climatique est si réaliste que la Biosphère en pleure de joie.

 

Comme dit Al Gore, « Je fais quelque chose d’important qui est de convaincre les gens, je fais de la politique des esprits ». Cette manière de faire complète l’action du GIEC, chargé en 1988 par l’ONU et l’Organisation météorologique mondiale d’une mission : « La transformation de l’atmosphère par les hommes risque-t-elle de se retourner contre eux ? » L’année précédente, on avait découvert dans les glaces de l’Antarctique les relations entre teneur en gaz à effet de serre et climat depuis 150 000 ans. Le premier rapport du GIEC en 1990 va contribuer à l’adoption de la Convention sur le climat lors du sommer de l’ONU à Rio de Janeiro en 1992. Le rapport de 1995 va être déterminant pour la signature du protocole de Kyoto en 1997. Les rapports de 2001 et de 2007 vont accélérer la prise de conscience.

 

Combien de catastrophes avant d’agir ? 

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Eric le Boucher (bis)

Une missive du  10.04.2007 pour le courrier des lecteurs de notre quotidien favori 

classée sans suite :

Je tremble de stupeur devant la chronique d’Eric Le Boucher du 8-9 avril 2007. L’art de la simplification atteint des sommets pour essayer de déconsidérer les « écologistes de métier ». Il paraît même que le groupe international de scientifiques qui planche depuis des années sur le climat veut faire peur alors qu’il n’y a aucune crainte à avoir : l’atome est une technologie disponible pour produire massivement de l’électricité sans émettre de CO2. De toute façon, pourquoi s’inquiéter alors que la vigueur de la croissance américaine fait l’admiration de tous les économistes, et que ce sont les pauvres qui souffrent toujours le plus, quoi qu’il arrive, que ce soit avec le réchauffement  climatique ou, on sait jamais, suite à un « refroidissement de la planète ».

 Ce journaliste veut nous faire oublier que si la pédagogie de la catastrophe n’est pas prise au sérieux, c’est la catastrophe qui va nous servir de pédagogie. Cet homme est dangereux.

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être végétarien ?

Il ne s’agit pas de te convertir immédiatement au végétarisme intégral, mais de réfléchir au poids que fait peser ton mode de digestion sur la Biosphère.

 

Les pays développés représentent aujourd’hui 15 % de la population mondiale, mais 38 % de la consommation mondiale de viandes bovines. Selon une étude publiée par The Lancet (13 septembre 2007), on consomme dans le monde 100 grammes de viande par jour et par personne, le taux moyen atteignant 200 à 250g dans les pays développés alors qu’il plafonne entre 20 et 25g dans les pays pauvres. Mais presque partout dans le monde, au fur et à mesure que le niveau de vie augmente, la consommation de produits animaux, viande et produits laitiers, augmente au détriment des produits végétaux. Par exemple en Chine, la consommation de viande a été multipliée par quatre en vingt ans. Pourtant en Afrique la consommation de viande a diminué drastiquement au cours des trente dernière années. Malgré ce sacrifice involontaire de certaines populations, la FAO a publié à l’automne 2006 un rapport titré La grande ombre de l’élevage. En effet à l’échelle de la planète l’élevage représente 18 % de l’effet de serre, davantage que la totalité des transports, et occupe 26 % des terres émergées. Les causes du réchauffement de la planète par l’élevage sont dues à 35 % par la déforestation qu’implique l’augmentation des superficies transformées en pâturages, 31 % par le fumier et le lisier, 25 % par la fermentation entérique des ruminants, 7 % par la production d’aliments de bétail et le reste résulte de la transformation et du transport. Ces émissions de gaz à effet de serre par l’élevage sont dans le monde de 7,1 milliard de tonnes d’équivalent CO2, soit près de 13 fois les émissions de la France, toutes sources confondues. Donc à toi de limiter la taille de ton steak !

 

Pour aller plus loin, cf. L’élevage, une menace pour l’environnement (L’écologiste n° 23 juillet-septembre 2007) et l’ouvrage de l’agronome Cl.Aubert et du médecins N.Le Berre : Faut-il être végétarien ? (sous-titré Pour la santé de la planète, éditions Terre vivante, 2007)

 

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Eric Le Boucher

Missive non envoyée au courrier des lecteurs de notre quotidien favori, je ne suis pas dupe du résultat !

Eric Le Boucher est un journaliste qui, dans presque toutes ses chroniques, pense à beaucoup de choses, mais certainement pas à sauver la Biosphère. Dans ses « Questions pour l’après-Grenelle » (Le Monde du 28-29 octobre 2007) il énumère encore ses fantasmes à propos des écologistes : « écologie restrictive, malthusienne, pour qui l’homme est le destructeur de la belle nature ». Trois qualificatifs, trois conneries !

 

Ecologie restrictive ? Eric Le Boucher ignore encore qu’une crise économique suit obligatoirement une période de croissance comme l’avait démontré Aloïs Schumpeter : le  capitalisme n’est pas un long fleuve tranquille. Destructeur de la planète, le mode de développement capitaliste ne peut que se fracasser contre le mur des limites de notre Biosphère beaucoup plus violemment que lors du krach de 1929. La seule solution, la simplicité volontaire pour tous tout de suite, sinon ce sera les rationnements par l’argent comme sait traditionnellement le faire le système capitaliste libéral.

 

Ecologie malthusienne ? Eric Le Boucher ignore encore que la solution malthusienne (limitation des naissances, volontaire ou subie) sera imparables quand notre faim de ressources agricoles (alimentation et agrocarburants) dépassera bientôt les capacités productives du sol. La multiplication des violences inter-humaines va de pair avec l’insécurité. A juste titre le prix Nobel de la Paix a été donné à ceux qui savent lier climat insurrectionnel et réchauffement climatique (qui pénalisera entre autres la productivité agricole).

 Destructeur de la belle nature ? Eric Le Boucher ignore encore que notre système productiviste et mercantile est en train de provoquer une extinction des espèces, un bouleversement climatique, une stérilisation des sols, l’épuisement des ressources halieutiques, des pollutions diffuses… N’est-ce pas « dégueulasse » de ne pas savoir voir de telles catastrophes écologiques ? 

Eric Le Boucher assène dans cette chronique bien d’autres approximations du type « La vérité est que le principe de précaution est une ânerie chiraquienne pour acheter le calme des ayatollahs verts » (…) « On sent pointer une inquiétante écologie qui serait le dernier avatar du protectionnisme » (…) « L’écologie est anti-sociale ».

 En définitive, ce ne sont pas les écologistes qui sont inquiétants, c’est Eric Le Boucher. Combien de temps va-t-il encore sévir dans Le Journal qui veut être une référence ?

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féroces carnivores

Quand on lit Le Monde dans tous ses recoins, on arrive à trouver d’adorables petits bijoux :

 

« L’homme consomme, engloutit à lui seul plus de chair que tous les animaux ensemble d’en dévorent ; il est donc le plus grand destructeur, et c’est plus par abus que par nécessité ; au lieu de jouir modérément des biens qui lui sont offerts, au lieu de les dispenser avec équité, au lieu de réparer à mesure qu’il détruit, de renouveler lorsqu’il anéantit, l’homme riche met toute sa gloire à consommer, toute sa grandeur à perdre en un jour à sa table plus de biens qu’il n’en faudrait pour faire subsister plusieurs familles ; il abuse également des animaux et des hommes, dont le reste demeure affamé, languit dans la misère, et ne travaille que pour satisfaire à l’appétit immodéré et à la vanité encore plus insatiable de tous ces riches qui, détruisant les autres par la disette, se détruisent eux-mêmes par les excès. »

Buffon (1707-1788), extrait de son article sur le bœuf

 

C’était une petite pensée de la Biosphère pour les végétariens qui économisent la planète…

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

 

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le travail manuel

Les humains travaillent le monde pour en faire un foyer, mais notre agitation extrême fait en sorte que notre maison brûle. Pour la sauvegarde de tous, vive la décroissance des techniciens au service de la mégamachine…

 

« C’est le travail manuel qui est le lieu de l’attachement de l’homme à lui-même. Cette tâche ne voue aux gémonies ni le règne biologique ni la part animale de l’homme. Il y a au contraire, dans l’acte de soumission à la nécessité un bienfait, presque un salut. L’engagement corporel n’est pas signe d’abaissement de l’homme, mais de son humilité qui l’incline vers le sol, vers l’humus. Il n’y a pas d’un côté le travailleur, et de l’autre sa force de travail, une marchandise échangée sur un marché impersonnel. Comme le disait l’Américain Emerson, « Je ne veux pas que l’on sacrifie le travailleur au produit de son travail. Je préfèrerais de coton moins bon et des hommes meilleurs. Le tisserand ne doit pas être placé plus bas que la toile qu’il tisse. »

 

« L’intuition qui sous-tend cette préférence pour le travail manuel est que si le travail ne nuit pas au travailleur, ni à son corps, ni à son âme, il ne pourra pas nuire non plus à la création car le travailleur se ressentira partie intégrante de la nature terrestre. Il n’y a plus d’opposition fondamentale entre le monde social et la Biosphère, entre le sujet et l’objet, entre l’humain et le non humain. Au partage voulu par la tradition occidentale, on peut substituer les notions d’association et de réseau. L’activité manuelle constitue une chaîne reliant les humains aux non humains, que ces derniers soient de la matière inerte, des entités au statut incertain ou telle espèce en voie de disparition. L’homme ne se  comprend plus seul, enfermé en lui-même, mais relié, maillé avec le reste de la création dans une trame à la fois souple et solide qui dessine comme une architecture d’un monde inextricablement social et matériel, humain et non humain. » (Geneviève Decrop, Entropia n° 2).

 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

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bientôt les restrictions…

Parfois dans notre journal Le Monde, on trouve des remarques intéressantes. Ainsi ce point de vue, en marge du Grenelle de l’environnement, de Bartabas (théâtre équestre Zingaro) qui n’attends vraiment rien d’une nouvelle politique écologique en France :

 

« Jusqu’à présent, je n’ai entendu personne poser la seule question qui importe : de quoi avons-nous vraiment besoin pour vivre ? Quelle est la part de l’indispensable et du superflu ? Quand chacun de nous aura répondu à cette question, nous aurons fait un grand pas et nous pourrons alors nous interroger sur la bonne façon de gérer la planète. Tant que nous choisirons de rester dans un système où nous produisons pour accumuler des richesses, où nous consommons pour satisfaire des besoins superflus dictés par la mode et la publicité, nous ne trouverons pas de solution à la hauteur des problèmes.

« Il faut mettre un frein à cette course effrénée et apprendre à se restreindre. Derrière le battage médiatique qui accompagne ce Grenelle de l’environnement, je crains malheureusement que le sens des limites ne soit pas encore une vraie préoccupation. »

 

Enfin quelqu’un qui se pose la seule question qui importe et qui trouve la bonne  réponse : pour sauver la Biosphère  et tous ses habitants, il te faudra renoncer à beaucoup de choses…

 

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet, http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

 

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droit à la paresse

Les paysans propriétaires, les petits bourgeois, les uns courbés sur leurs terres, les autres acoquinés dans leurs boutiques, se remuent comme la taupe dans sa galerie souterraine, et jamais ne se redressent pour regarder à loisir la nature. Une étrange folie possède les classes ouvrières des nations où règne la civilisation capitaliste. Cette folie est l’amour du travail, la passion moribonde du travail. Au lieu de réagir contre cette aberration mentale, les prêtres et les économistes ont sacro-sanctifié le travail. Les philanthropes acclament bienfaiteurs de l’humanité ceux qui, pour s’enrichir en fainéantant, donnent du travail aux pauvres ; mieux vaudrait semer la peste et empoisonner les sources que d’ériger une fabrique au milieu d’une population rustique. Introduisez le travail de fabrique, et adieu joie, santé, liberté ; adieu ce qui fait la vie belle et digne d’être vécue. Et les économistes s’en vont répétant aux ouvriers : Travaillez pour augmenter la fortune sociale !

 

Notre époque est, dit-on le siècle du travail ; il est en effet le siècle de la douleur, de la misère et de la corruption. Et  cependant les philosophes, les économistes bourgeois, depuis le péniblement confus Auguste Comte, jusqu’au ridiculement clair Leroy-Beaulieu, tous ont entonné les chants nauséabonds en l’honneur du dieu Progrès, le fils aîné du travail. A mesure que la machine se perfectionne et abat le travail d’un homme avec une rapidité et une précision sans cesse croissantes, l’ouvrier, au lieu de prolonger son repos d’autant, redouble d’ardeur comme s’il  voulait rivaliser avec la machine. Ô concurrence absurde et meurtrière !

 

L’économiste Destut de Tracy disait : « Les nations pauvres, c’est là où le peuple est à son aise ; les nations riches, c’est là où il est ordinairement pauvre. » Quand on veut retrouver une trace de la beauté native de l’homme, il faut aller la chercher chez les nations où les préjugés économiques n’ont pas encore déraciné la haine du travail. Les bienheureux Polynésiens pourront-ils continuer à se livrer à l’amour libre sans craindre les coups de pieds de la Vénus civilisée et les sermons de la morale européenne ? Si la classe ouvrière se levait dans sa force terrible, non pour réclamer le Droit au travail, qui n’est que le droit à la misère, mais pour forger une loi d’airain, défendant à tout homme de travailler plus de trois heures par jour, la Terre, la vieille Terre, frémissant d’allégresse, sentirait bondir en elle un nouvel univers… Du moment que les produits européens consommés sur place ne seront pas transportés au diable, il faudra bien que les marins, les hommes d’équipes, les camionneurs s’assoient et apprenant à se tourner les pouces.

 

Mais comment demander à un prolétariat corrompu par la morale capitaliste une résolution virile ? 

 in Le droit à la paresse, écrit par Paul Lafargue en 1880-1883 (résumé par Biosphere)

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