spiritualités

Homosexualité contre naturalité, le choix d’Eric Fassin

Eric Fassin est un sociologue engagé dans le débat public ; ce n’est donc pas véritablement un sociologue, tenu par son statut à une mise à distance par rapport aux sujets qu’il aborde*. D’autant plus que son militantisme est monovalent, il travaille sur la politisation des questions sexuelles et raciales. D’autant plus monovalent que ses écrits en témoignent : Homosexualités (1998), Au-delà du PACS : l’expertise familiale à l’épreuve de l’homosexualité (1999) ; Liberté, égalité, sexualités (2003) ; L’inversion de la question homosexuelle (2005) ; « Sex and Gender » (2008) ; « Genre et sexualité au miroir transatlantique » (2009) ; « Reproduire le genre » (2010)… Il est donc directeur de la collection Genre & sexualités aux éditions la Découverte, rien d’étonnant. Il n’est pas plus surprenant qu’Eric Fassin se positionne dans LE MONDE** comme un sociologue de la répétition : « passages à tabac homophobes ; comment lutter contre l’homophobie ; la violence homophobe ; inversion rhétorique de la démocratie pour expliquer, voire excuser l’homophobie. »

Peu importe que ce militant fasse mine de confondre opposition au mariage pour tous, homophobie et dérive antidémocratique. L’essentiel n’est pas là, il réside dans l’argumentation de fond. Son point de vue, c’est la relativité absolue de l’ordre social, tout entier sujet à la délibération démocratique. La démocratie serait un lieu vide où les individus réunis en société peuvent mettre tout ce qu’ils désirent. Il n’y a plus de transcendance, qu’elle soit d’origine divine ou naturelle. Ce point de vue se comprend, tout nous semble actuellement possible. L’humanité pourrait décider demain de disparaître dans un vaste suicide collectif organisé. Pourquoi pas ! La société décide aujourd’hui le mariage gay, c’est un moindre mal… et un mieux pour les homosexuels !

Cette conception de la toute puissance des humains est à la mode, elle résulte de la société thermo-industrielle qui mélange allègrement libertés individuelles et contraintes collectives. En tant qu’écologistes, nous pensons au contraire qu’il est urgent de revenir au sens des limites. Ces limites, elles nous sont données par les lois de la nature, photosynthèse, cycle du carbone, équilibre entre proies et prédateurs, etc. Au niveau de la famille, c’est reconnaître que notre physiologie est une base importante de l’institution familiale : complémentarité sexuelle des couples hétéros, faculté de reproduction issue nécessairement de deux sexes différents, ce qu’Eric Fassin appelle « biologisation de la famille » ou « nature biologique qui devient le refuge de la transcendance ». Cela ne veut pas dire « confondre Dieu avec la nature », mais poser philosophiquement l’exigence de transcendance pour essayer de délimiter notre volonté de toute-puissance. En d’autres termes, l’écosophie se réapproprie la nature comme un objet philosophique (Arne Naess) et un moyen de retrouver le sens des limites, y compris dans les modalités de l’institutionnalisation de notre vie de couple..

Ce point de vue ne dénie pas la possibilité pour l’humanité de décider démocratiquement de faire une chose ou son contraire. Il s’agit de dire qu’à un moment historique où nous prenons conscience du fait que nous avons dépassé par notre activisme les capacités de la planète, il devient urgent de définir démocratiquement les limites de l’exercice démocratique.

* Eric Fassin définit ainsi sa discipline : « Que peut-on légitimement demander à la sociologie ? Je propose d’abord une critique négative, qui marque les limites de ce qu’on peut faire : on ne peut pas, à partir de la sociologie, définir des normes. Ce n’est pas la science qui fait la loi. »

** LE MONDE du 24 avril 2013, Perversion homophobe de la démocratie par Eric Fassin

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croissance endogène négative (Negative Endegeneous Growth)

Notre empreinte écologique humaine dépasse les possibilités de la biosphère, il faut en conséquence diminuer le niveau de vie de la classe globale. Le livre* de Stefano Bartolini  repose sur ce principe « moins de biens, plus de liens ». Bartolini montre en effet que la perte de nos capacités relationnelles entraîne la croissance qui, en retour, détériore encore plus les relations humaines. Pour un objecteur de croissance, c’est donc le retour au relationnel qui importe… Choix valable pour tous ?

D’après la vision consacrée de la croissance, les biens qui sont des biens de luxe pour une génération sont des biens standard pour la génération suivante, puis des biens de première nécessité pour la troisième génération (électroménagers, voiture, voyages…). La face obscure est celle des biens gratuits pour une génération devenant des biens rares et coûteux pour la génération suivante, puis des biens de luxe pour celle d’après : le silence, l’air pur, l’eau non polluée, des quartiers sans criminalité… L’argent s’impose comme la solution privée à la détérioration de ce que les individus ont en commun.

Il y a des biens libres ou gratuits que l’on en peut acheter mais qui sont indispensables au bien-être ; or l’économie marchande possède une grande capacité à fournir des substituts coûteux aux biens libres ; la croissance économique réduit en conséquence la disponibilité des biens libres. Ce sont les hypothèses sur lesquelles repose la modèle de croissance endogène négative NEG (Negative Endegeneous Growth). La première hypothèse se réfère aux biens environnementaux et aux biens relationnels. Personne ne nous vend l’amitié, l’air qu’on respire et une ville sans criminalité. Pour la seconde, la piscine remplace la rivière polluée, le téléviseur et Internet nous protègent d’une ville trop dangereuse, la baby-sitter nous remplace auprès des enfants. La troisième hypothèse est que la croissance économique favorise en retour la dégradation des conditions environnementales et relationnelles. Pour financer des dépenses défensives, nous devons travailler plus. En d’autres termes, les efforts que nous déployons pour nous défendre contre la dégradation des biens libres contribuent à l’augmentation du PIB. Par conséquent, la dégradation favorise la croissance, qui favorise la dégradation. La croissance économique fonctionne comme un processus de substitution sans fin. La croissance est alimentée par son propre pouvoir de destruction.

* Manifeste pour le bonheur de Stefano Bartolini (publication Donzelli Editore en 2010, traduction aux Liens qui libèrent en 2013)

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Lundi de Pâques, une profession de foi postchrétienne

De nombreuses pratiques se rattachèrent à la fête de Pâques, mais c’est d’abord célébrer le retour du printemps. Ainsi l’œuf est le symbole de la germination qui se produit à ce moment-là. La religion chrétienne a récupéré les coutumes païennes pour en faire la fin du jeûne du carême dont presque personne ne  connaît la signification : on préfère les œufs en chocolat !

En ce jour férié, pas obligatoirement chômé, nous constatons la validité d’une profession de foi postchrétienne : « Après avoir aimé son prochain comme le lui demandait l’Evangile, l’homme d’après Rio doit aussi aimer le monde, y compris les fleurs, les oiseaux, les arbres – tout cet environnement naturel que nous détruisons régulièrement. Au-delà et au-dessus du contrat social conclu avec les hommes, il faut maintenant conclure un contrat éthique et politique avec la nature, avec cette terre même et qui nous fait vivre. Pour les Anciens, le Nil était un Dieu qu’on vénère, de même la forêt amazonienne, la mère des forêts. Partout dans le monde, la nature était la demeure des divinités. Celles-ci ont conféré à la forêt, au désert, à la montage, une personnalité qui imposait adoration et respect. La terre avait une âme ; la retrouver et la ressusciter, tel est le sens de Rio. »

Cette vibrante déclaration écologiste a été faite par le secrétaire général de l’ONU, Boutros Boutros-Ghali, lors de la clôture du Sommet de la Terre à Rio en 1992. Face à cette prise de position motivée par l’urgence écologique, le père Joseph-Marie Verlinde attaque : « Nous assistons à l’intronisation quasi-officielle, émanant des représentants d’instances internationales, d’une religiosité naturaliste, qui s’affirme en opposition explicite au transcendantalisme chrétien…Nous soupçonnons Boutros Boutros-Ghali de se servir de l’écologisme comme d’un paravent, derrière lequel ils peuvent déployer, en toute impunité, une véritable stratégie néo-malthusienne. »* Notons que Joseph-Marie Verlinde est un moine de la Famille de Saint Joseph. C’est un théologien qui voit à juste titre dans l’écologie radicale un concurrent dangereux vis à vis du christianisme. Comme il se retrouve en mauvais position face à l’argumentation de Boutros Boutros-Ghali, il se contente de recourir à l’anathème.

Nous préférons la sensibilité de certains mouvements plus proches de l’écologie : « L’ensemble de la Création est laissé à la responsabilité de l’ensemble de l’humanité. La domination sur le reste de la nature ne doit pas être interprétée en un sens conquérant, mais au contraire comme une injonction à vivre en harmonie avec elle, et à rendre soin de la terre pour s’acquitter de sa responsabilité devant Dieu. Il nous est demandé de « cultiver et de garder » (genèse 2:15) la terre avec amour et douceur. La terre ne nous est confiée que sous certaines conditions, comme si nous n’en étions que les locataires. Nous n’y avons que des droits d’usage – mais cela est suffisant. »**

* Joseph-Marie Verlinde dans son livre L’idéologie verte ou les dérives de l’écologisme (éditions lelivreouvert, 2013, p.67)

** déclaration en 1982 de l’Eglise luthérienne américaine ; « La Terre : un don de Dieu, notre responsabilité »

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Un pape écologiste ? Son nom l’indique, mais…

Alors que nous nous acharnons à détériorer les conditions de vie sur notre planète, le pape précédent Jean-Paul II avait fait semblant d’écouter les gémissements de la Création. Benoît XVI était resté quasiment inaudible sur le réchauffement climatique, la sixième extinction des espèces, la stérilisation des sols, etc. Le miracle peut-il exister avec l’Argentin Jorge Mario Bergoglio, devenu « pape François » le 13 mars 2013 ? Ce pape voudra-t-il, pourra-t-il réconcilier les croyants avec la Création ?

Le choix du nom du pape garde une charge symbolique importante. Le nom de « François », choisi pour la première fois dans la longue histoire de l’Eglise, fait référence à saint François d’Assise, le premier religieux à s’intéresser vraiment à la nature. Jean Paul II en avait fait le patron de l’écologie. Le pape François sera-t-il capable de plonger l’esprit chrétien dans les verts pâturages de l’ancien et du Nouveau Monde ? Un signe clair en est l’humilité reconnue de Jorge Mario Bergoglio. Le jour où il devait être consacré cardinal par Jean Paul II en personne à Rome, son porte-parole était passé le chercher : « Comment nous rendons-nous au Saint-Siège ». Bergoglio répondit : « Comment ça, comment ? En marchant évidemment ! » Le choix de l’écologie, c’est le choix de la marche à pied contre l’automobile, c’est le choix de la sobriété dans tous les domaines.

Mais le pape François saura-t-il se promener indemne parmi les loups ? Dans un éditorial du MONDE*, le premier défi qui attend le nouveau pape consiste à « surmonter les rivalités et divisions de la curie… Cela suppose davantage de souplesse, de transparence, bref de démocratie… » Il faudra pour cela que le pape François échappe au virus romain, dénoncé par Leonardo Boff : « J’ai comparé l’attitude de Benoît XVI avec d’autres personnes avant d’arriver à la conclusion qu’il avait été contaminé par une sorte de « virus romain » qui semble atteindre tous ceux qui travaillent au Vatican. J’ai connu tant d’exemples de théologiens progressistes devenus conservateurs et défenseurs de la raison d’Etat après à peine un an passé à Rome. Il apparaît que Rome transforme les êtres qui y vivent en défenseurs d’un système mis en place depuis des siècles. Le prétexte a toujours été la peur du marxisme. C’est en suivant cette logique que le cardinal Ratzinger a réduit au silence, destitué ou transféré plus d’une centaine de théologiens proches du peuple. Je ne donne pas cher de l’avenir du catholicisme s’il tourne à ce point le dos à ses propres évangiles… »**

Le pape François n’est pas issu du sérail qui régnait au Vatican. C’est une chance ! Saura-t-il vraiment remettre l’humilité et la Création au centre des préoccupations des Chrétiens, nous l’espérons.

* LE MONDE du 1er mars 2013, La succession de Benoît XVI, ou la quadrature du cercle

** LE MONDE du 28 février 2013, «Benoît XVI, un éminent théologien, mais un pape qui a déçu »

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la démission de Benoît XVI, enfin une bonne nouvelle

Joseph Ratzinger, né en 1927, vient de démissionner de la chaire suprême… il n’aurait jamais du y accéder. Il le reconnaît lui-même dans son annonce de départ (en latin !) : « Dans le monde actuel, en proie à des changements constants, la vigueur du corps et de l’esprit est nécessaire pour gouverner la barque de saint Pierre. »* On ne retiendra de son pontificat que sa renonciation avant terme au trône de saint Pierre auquel il avait accédé le 19 avril 2005 ; depuis près de six siècles en effet les papes croient qu’ils sont tellement indispensables qu’ils restent pape jusqu’à ce que mort s’ensuive. Mais quand le corps de Joseph Ratzinger se décomposera sous la terre, de toute façon la biosphère marquera sa prééminence sur ce pape, prédicateur inaudible, piètre théologien et politique inconsistant. Voici quelques extraits du blog biosphere à propos de ce pape (pour le texte intégral, cliquez sur le titre) :

22/12/2012, Noël sans  le pape

Benoît XVI n’est pas un pape « vert ». Il est vrai que la religion catholique, comme d’ailleurs bien d’autres religions, ne voit dans la planète qu’une propriété que les humains « à l’image de Dieu » peuvent exploiter et saccager. Avec Benoît 16 la papauté est sur le déclin, encore imprégnée d’une théologie d’un autre âge, pape dont rien ne laisse supposer une capacité d’ouverture aux problèmes contemporains, à commencer par ceux de la Biosphère. Il nous faut chercher une spiritualité ailleurs…

10/11/2010, Benoît XVI adepte de l’ordre moral

Benoît XVI demande aux gouvernements de prendre en compte la conception catholique de la famille. Mais il ne se réfère pas au texte sacré : « L’Église s’oppose à toute forme de négation de la vie humaine et soutient ce qui promeut l’ordre naturel dans le cadre de l’institution familiale. » L’ordre naturel !? Quèsaco ? L’ordre naturel selon B.16 n’est en réalité qu’un ordre moral défini de façon unilatérale. Tout est culturel en matière de société humaine, il n’y a pas d’ordre naturel. Par contre il y a des lois de la Nature qu’il nous faut chercher à tâtons de façon démocratique…

03/07/2010, L’impuissance doctrinale de Benoît XVI

Benoît XVI lance un conseil pontifical à l’offensive pour une nouvelle évangélisation. Mais ce nouveau ministère n’a pas encore de feuille de route. Pas étonnant ! Car de quoi peut encore témoigner le catholicisme ? Le catholicisme, comme les autres religions du Livre, repose sur une analyse fausse de la place des humains dans la biosphère. Aldo Leopold écrivait : « L’écologie n’arrive à rien parce qu’elle est incompatible avec notre idée abrahamique de la terre, Nous abusons de la Terre parce que nous la considérons comme une marchandise qui nous appartient. Si nous la considérons au contraire comme une communauté à laquelle nous appartenons, nous pouvons commencer à l’utiliser avec amour et respect. » …

09/07/2009, Caritas veritate

Benoît 16 se lâche dans sa dernière encyclique, biosphere se fâche :

Benoît : « Un humanisme sans dieu est inhumain »

Biosphere : L’esprit surnaturel, c’est ça qui a tout foutu en l’air, le théisme qui a envoyé notre esprit, notre nature humaine, dans l’abstraction céleste d’un dieu surnaturel. L’illusion, c’est l’esprit tel qu’il est perçu en Occident : une abstraction coupée de la nature. (Lama Denys Rinpoché)

Benoît :  « L’homme, premier capital à sauvegarder »

Biosphere : Les droits de l’humanité cessent au moment où leur exercice met en péril l’existence d’autres espèces. Le droit à la vie et au libre développement des espèces vivantes encore représentées sur la terre peut seul être dit imprescriptible, pour la raison très simple que la disparition d’une espèce quelconque creuse un vide, irréparable, à notre échelle, dans le système de la création. (Lévi-Strauss) …

04/04/2009, infaillibilité pontificale

Le Pontife romain jouit de cette infaillibilité dont le divin Rédempteur a voulu que fût pourvue son Église, lorsqu’elle définit la doctrine sur la foi et les mœurs. Pourtant aucun dieu de la compassion n’aurait voulu qu’une personne puisse s’exprimer de façon dogmatique sur le port du préservatif et la contraception. Cette interdiction anti-malthusienne ne repose sur aucune parole divine, et elle n’a aucun fondement rationnel. Les humains, même infaillibles, peuvent vraiment raconter n’importe quoi…

22/03/2009, mettez un préservatif

Pour qui réfléchit, il est absolument anodin que le pape ait dit ceci ou cela. Benoît 16 n’est qu’un humain ordinaire qui dit comme tout un chacun des conneries : « On ne peut résoudre le problème du sida en distribuant des préservatifs : au contraire, cela augmente le problème ». Il dit même des conneries sur une question dont il savait à l’avance qu’elle lui serait posée. Josef Ratzinger est vraiment un humain ordinaire.

26/02/2009, Eglise sectaire

Benoît 16 a toujours vécu dans un milieu ecclésiastique. Il a très peu voyagé, il est resté enfermé au Vatican où il était préservé des critiques. Il défend l’idée du petit troupeau, comme les intégristes. L’église risque donc de devenir une secte. C’est le point de vue d’Hans Küng. Hans Küng a compris les mouvements de contestation de 1968, Joseph Ratzinger s’était au contraire figé dans son dogme. Hans Küng rêve d’un rapprochement entre les religions susceptible de créer une éthique universelle applicable autant aux rapports sociaux qu’à l’environnement…

15.09/2008, Dieu ou Biosphère ?

Benoît 16 reconnaît que son discours n’est pas partagé par tous : « Le monde greco-romain ne connaissait aucun dieu créateur. La divinité suprême ne pouvait pas se salir les mains par la création de la matière ». Mais le pape s’empresse d’ajouter : « Le dieu de la bible est bien différent : Lui, le dieu vivant et vrai, est également le Créateur ». Benoît voit un dieu créateur alors qu’il devrait prendre conscience, avec l’évolution de la culture scientifique de l’Europe, que la création de l’univers n’a rien à voir avec l’existence même de l’homme, qui n’est que simple péripétie dans l’évolution du cosmos.

12/01/2008, spes salvi, on est mal parti

Benoît 16 a publié fin novembre 2007 une encyclique sur le thème de l’espérance (Spes salvi) : « Le progrès offre de nouvelles possibilités pour le bien, mais des possibilités abyssales pour le malLa science peut contribuer à l’humanisation du monde. Elle peut détruire l’homme et le monde si elle n’est pas orientée par des forces qui se trouvent hors d’elles. » Très bien ! Le problème,  c’est que Benoît fait confiance en un Dieu incarné par Jésus-Christ. Il suffit de remplacer « Dieu » par « Biosphère (nature) », et le discours de Benoît 16 se comprend de façon concrète ! …

05/06/2007, le purificateur Benoît XVI

Benoît 16 refait la colonisation à sa façon : « Sans le savoir, les Indiens des cultures précolombiennes cherchaient le Christ dans leurs riches traditions religieuses… L’annonce de Jésus et de son Evangile n’a à aucun moment comporté une aliénation des cultures préhispanique ni n’a constitué l’imposition d’une culture étrangère ». Benoît 16 oublie la repentance de Jean Paul II en 1992 pour les crimes commis par l’Eglise au nom de l’évangélisation des populations indiennes….

04/06/2007, Jésus Ratzinger

Joseph Ratzinger a écrit « Jésus de Nazareth ». Pour lui, il ne peut y avoir d’incertitude : « Le Jésus des Evangiles est une figure historiquement sensée et convaincante… Dans le vide, l’Occident introduit sa mentalité techniciste. Mais on ne peut pas gouverner l’histoire avec de simples structures matérielles. » Dans un sursaut d’obscurantisme, Ratzinger en vient donc à considérer le matérialisme comme un ennemi qui lancerait des défis à l’autorité du Christ. Mais notre seule certitude est bien matérielle, elle insère nos relations dans la véritable infrastructure qui supporte notre existence humaine, à savoir les ressources naturelles de la Biosphère…

20/09/2006, Plénitude de la raison unique

Le pape Benoît 16 a fait une conférence à l’université de Ratisbonne qui a soulevé beaucoup d’émois dans les sphères musulmanes. Pourtant pas besoin de soulever les foules pour un texte d’une platitude absolue. « Pour convaincre une âme raisonnable, on n’a pas besoin ni de bras, ni d’armes, ni non plus d’un quelconque moyen par lequel on peut menacer quelqu’un de mort. » Une telle phrase parait d’une évidence extrême dans un système démocratique. Mais Benoît 16 ne se réfère pas à la démocratie…

15/09/2006,  Benoît XVI encense la Biosphère

Benoît 16 attribue les mécanismes de la violence et de la destruction au rejet de Dieu et à la suprématie de la technique : « Nous ne réussissons plus à entendre Dieu, parce que les fréquences que nos oreilles reçoivent sont encombrées. » Benoît 16 exige même que l’enseignement du respect de la religion soit généralisé dans les écoles. En fait, dans les discours des propagandistes de la foi, vous remplacez « Dieu » et « religion » par « Biosphère », et vous aurez non seulement une approche beaucoup plus saine des réalités de la planète, mais aussi des modes d’action plus constructifs…

*Le Monde.fr avec AFP et Reuters | 11.02.2013, Benoît XVI renonce à son pontificat, un nouveau pape attendu avant Pâques

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« Pour la nature », texte de Roger Ribotto

Nature ! Tu es devenue transparente, évanescente, nous ne te voyons plus dans ton authenticité. Nous, occidentaux, si ce n’est nous d’une bonne partie de la planète, en sommes séparés comme jamais dans l’histoire. Nous vivons dans des bulles plus ou moins urbaines, allons de bulles en bulles avec quelques pseudopodes  vers une nature bien « aménagée ». En dépit de réflexes venus du passé et de poésies surannées, la campagne moderne, industrielle, à rentabilité exigée à court terme, est anti-nature…

L’avenir sera pire si nous nous entêtons à rester éloignés de la nature. Le présent sera plus jouissif si nous nous en rapprochons. En dernière instance, je mesure les vivants à mon aune. Alors, pour mieux connaître, mieux se connaître, incarnons-nous en la forme vivante que nous croisons, observons. Soyons l’oiseau qui migre, ailes alourdies par des centaines de kilomètres, et passe en bandes, en V, au-dessus des têtes. Imaginons la traversée par le renard ou le scarabée d’une allée, d’une route circulée. Trottinons avec les yeux et à hauteur de lézard ou de campagnol. Etre l’arbre splendide l’été, dépouillé l’hiver ; vieillir les décennies et les siècles comme lui. Etre la branche qui ploie sous le vent, le brin d’herbe qui se redresse après qu’on lui ait marché dessus. Cela est de l’animisme. Pour Jacques Monod, l’animiste projette dans la nature son propre système nerveux ; il explique le naturel par ce qui fonde l’activité humaine…

Face à la nature, la propriété est comme un instrument féroce de consommations, de dégradations. Elle l’est comme par essence. On hait la nature dès qu’elle détraque les bénéfices. Glissez vous dans une réunion communale dont le sujet est la protection d’un milieu écologique.  Particuliers et collectivités crient à qui mieux mieux pour s’y opposer. Ils s’égosillent pour des intérêts immédiats, c’est peut-être humain. Les libéraux disent que la nature sera sauvée par la propriété : le propriétaire soigne mieux sa maison que le locataire. Je l’ai entendu : pour protéger les baleines, les vendre individuellement après les avoir baptisées. Et bien non ! C’est  la propriété qui tue. Déjà Rousseau, au nom de l’homme regrettait que nul n’ait jeté dans un trou, le premier qui voulut enclore de l’espace, disant « c’est à moi ». Le Chef indien Seattle s’est étonné de ce que l’homme blanc achetât ce qui ne s’achète pas. L’un des pères de l’écologie, Aldo Léopold, au terme d’une vie d’actions, de réflexions, déplorait l’attitude des propriétaires d’espaces. Si le propriétaire privé avait le moindre sens écologique, il serait fier d’être le gardien d’une part raisonnable de ces territoires qui ajoutent beauté et diversité à sa ferme et à sa commune. La propriété est dure, les prescriptions censées en limiter les abus molles.

Pour connaître l’ensemble du texte de notre correspondant Roger RIBOTTO,

cliquez « pour la nature »

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Vivre Noël autrement, religion et modération

La religion et l’écologie ne font pas bon ménage. C’est anormal. Le respect de la Création devrait être un devoir pour les juifs, les chrétiens et les musulmans, tous issus d’une même tradition. Pourtant rares sont les chrétiens qui prônent, à l’occasion de Noël, le retour à la simplicité biblique. Cette fête de Noël, censée représenter la naissance du fondateur d’une religion à l’origine ascétique, a dégénéré en un rite purement commercial et mène à son paroxysme la fièvre consumériste. Rien n’est plus emblématique de l’esprit de notre temps que cette perte du sens de la modération. Un mouvement comme « Vivre Noël autrement » montre que la résistance est possible.

Fin 2005, dix mouvements catholiques avaient lancé un appel « vivre Noël autrement ». Ils avaient diffusé une affichette avec le slogan : « Noël, bonne nouvelle pour la Terre » puisque « Jésus nous offre un monde nouveau, sans caddies pleins de cadeaux qui comblent les armoires et les décharges. » Les tracts invitaient à consommer moins et à se rapprocher de ses voisins avec lesquels la fête sera plus belle encore sans faire des kilomètres inutiles avec sa voiture, en offrant un peu de temps, un sourire, une oreille attentive, en inventant des gestes qui contribuent à sauver l’air, la terre, la mer, les forêts. Les associations mentionnent un texte de Jean Paul II publié en 1990 et consacré à la protection de l’environnement : « La société actuelle ne trouvera pas de solution au problème écologique si elle ne révise pas sérieusement son style de vie. » Quelques rares familles ont essayé de montrer l’exemple.

En 2010, c’est la sixième campagne du collectif chrétien Vivre Autrement : « Terre eau, air, paix, santé, éducation, justice, autant de biens communs indispensables à tous et pourtant menacés : pollution, gaspillage, réformes des services publics, brevetage du vivant, conflits… En ce temps de Noël, le collectif propose de réfléchir aux conditions de la préservation de ces biens communs et de leur partage entre tous. Car préserver ces biens communs passe par des gestes relevant de la responsabilité individuelle, mais aussi par une régulation qui est du ressort de tous, responsables politiques et citoyens. » L’idée de fond est parfaite : « Arrêtons l’hyper-Noël, faisons la paix avec la terre. » Mais ce mouvement reste marginal, sans le soutien officiel de son Eglise qui préfère lutter contre les préservatifs.

Le Collectif chrétien « Vivre autrement » propose pour Noël 2012 sa 15ème campagne de sensibilisation et d’action en faveur de la préservation de l’environnement et de la Création. Il propose cette année de dépasser le contexte actuel de la crise et de réfléchir à une solidarité commune pour envisager l’avenir avec espérance.

Les menaces sur l’humanité sont multiples : pollution, endettement, surexploitation des ressources, famine, chômage, réchauffement climatique… et semblent n’avoir aucune issue. Pourtant, partout, des hommes et des femmes réagissent et prennent des initiatives pour inventer et bâtir un monde nouveau. Un monde où le respect pour les humains est inséparable du respect pour toutes les formes de vie sur notre planète. Ces hommes et ces femmes investissent leur énergie dans différents chantiers :

• la préservation de la biodiversité,

• la construction d’une économie sociale et solidaire,

• la mise en place d’énergies renouvelables qui épargnent notre climat,

• la solidarité et le partage des richesses,

• un développement durable qui garantit l’avenir des générations futures.

Ces initiatives paraissent encore bien modestes. Mais elles vont dans la même direction que des initiatives laïques comme les mouvements pour la simplicité volontaire et l’objection de croissance.

Plus d’infos sur www.noel-autrement.org

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pour une religion de la décroissance, un curé nous parle

Fondateur de l’association « Chrétiens et pic de pétrole » Michel Durand veut être, dans sa paroisse de Saint-Polycarpe à Lyon, un prêtre en lutte contre l’illusion de la croissance infinie. Cette position est inaudible dans une Eglise qui chante les louanges du développement économique. Il déclare à la journaliste Catherine Thumann* :

« En 2002, j’ai rencontré des paroissiens qui m’ont parlé de décroissance. J’ai vu, à travers la « simplicité volontaire », des gens qui vivaient concrètement ce que j’essaye moi-même de vivre. Je me suis dit qu’il y avait là une vérité fondamentale. C’est assez étonnant de voir que la plupart de ceux qui écrivent dans le mensuel La Décroissance se disent athées alors qu’ils sont très proches du message originel de l’Evangile. Pour moi, un objecteur de croissance, tout athée qu’il soit, véhicule l’esprit saint en me parlant de la radicalité de l’Evangile. L’importance des limites est un principe universel et il faudrait que tout le monde en reconnaisse la réalité. Mais l’Eglise, comme la société civile, a tendance à enfermer les chrétiens dans la sacristie. Au sein de l’Eglise nous, les objecteurs de croissance, nous ne sommes pas seulement minoritaires, nous sommes inexistants. Mais le disciple du Christ est quelqu’un qui espère. Il veut croire qu’un jour, l’homme saura trouver le raisonnable.

J’ai un blog, « En manque d’Eglise ». Pour moi est sage celui qui ne s’ennuie pas quand il n’a absolument plus rien à faire. Combler le vide en permanence, c’est passer à côté de la vocation humaine, de la rencontre, de la plénitude dans l’immobilité. Cela ne signifie pas ne pas sortir de chez soi, mais préférer la contemplation à l’agitation des trajets en voiture ou en avion. Aujourd’hui les enfants ont des emplois du temps très chargé, à faire de l’escrime, du judo, de la musique. Ils ont perdu la possibilité de ne rien faire. Le message que j’adresse aux catholiques, c’est qu’en tant que baptisés, nous sommes tous appelés à être sobres. Nous n’avons pas vocation à l’accroissement mais à la simplicité. C’est ce que m’a rappelé le mouvement de la décroissance en me rapprochant du cadre de l’Evangile. Les Chrétiens devraient tous être conscients d’être appelés à vivre une lutte contre l’illusion de la croissance infinie. »

* résumé d’un article du mensuel La Décroissance, novembre 2012

(page 7, dédiée à la simplicité volontaire : « Aspirant à l’ermitage »)

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la Terre en partage, réalité que nous devrions adopter

Un colloque sur « la Terre en partage » s’est déroulé fin septembre dans les locaux* des frères franciscains de Brive. L’harmonie était totale entre l’idéal du petit pauvre, François d’Assise, déclaré saint patron des écolos, et la réflexion sur l’état de notre planète. Les franciscains ignorent la propriété privée alors que nos problèmes découlent le plus souvent d’une appropriation par des privilégiés. Toute chose devrait être source de fraternité. Mais selon un proverbe malien, si toute l’humanité devait dormir dans une coquille de cacahuète, certains voudraient encore étendre leur hamac ! Voici quelques témoignages des intervenants :

Michel Griffon estime à juste titre que nourrir la planète est la question primordiale. Or tout indique que nous allons rencontrer prochainement la famine. Accroître les superficies cultivables fait disparaître la biodiversité et de toute façon les rendements agricoles plafonnent même avec la révolution verte en Inde. Il faut donc une agro-écologie, une révolution doublement verte, alliant rendements élevés et méthodes écologiques : l’agriculture écologiquement intensive. Il faut couvrir en permanence le sol de cultures, s’appuyer sur les prédateurs des ravageurs, ne pas renoncer à l’agriculture conventionnelle avec utilisation subsidiaire d’engrais ou de phytosanitaires. Son livre « Nourrir la planète » (Odile Jacob, 2008) a été fait pour qu’on soit capable d’énoncer des solutions face à l’enjeu de donner à manger à 9 milliards de personnes en 2050…

Alain Gras croit à la pédagogie de la catastrophe. Même si l’avenir est inévitable, on peut essayer de le changer. En fait il n’y a aucune évolution sociale prédéterminée, tout dépend de notre façon de penser le monde. Nous ne sommes pas obligés d’utiliser toutes les techniques que nous pouvons inventer. Par exemple, les Chinois ont pu dire à une époque : « Cela ne correspond pas à nos valeurs. » Notre société a fait le choix du feu (Fayard, 2007), a initié une civilisation thermo-industrielle, il aurait pu en être autrement. Maintenant nous sommes prisonniers du pétrole, nous sommes enfermés dan une trajectoire que nous avons nous-mêmes mis en place. Nous avons détruit les écosystèmes, il nous faut dorénavant obéir aux lois de la nature…

Dany Dietmann n’est pas un théoricien, son œuvre de maire a consisté à réhabiliter la rivière « la Largue » en créant un syndicat de « renaturation », le Smarl. Pour lui, l’eau est le sang de la terre. Mais dans nos vaisseaux, le sang est protégé alors que nos cours d’eau sont exposés à toutes les agressions. Il a passé beaucoup de temps à motiver les agriculteurs et les instances publique pour redonner à la Largue une eau claire et lui permettre, lors des inondations, de s’épandre dans les champs. Au bord des larmes, Dany nous montre des images de sa petite fille découvrant le retour de l’écrevisse à patte rouge. Enfin quelqu’un qui agit concrètement pour donner espoir aux générations futures…

Claude et Lydia Bourguignon nous tracent un tableau apocalyptique des méfaits de l’agriculture intensive. Ils interviennent un peu partout dans le monde pour redonner un droit d’existence à la microbiologie des sols… quand c’est encore possible. Pour Lydia, c’est la violence des multinationales qui est responsable de la dégradation des sols. En 6000 ans d’agriculture, l’homme a créé 2 millions d’hectares de désert, mais au cours du dernier siècle un milliard de sols arables supplémentaires ont été détruit par l’agriculture dite moderne. Le labourage détruit la structure du sol et l’irrigation entraîne la salinisation. Pour Claude, il ne faut plus violer les lois universelles de la nature. La forêt sait créer un sol durable, la faune endogène microscopique sait travailler la terre. L’agriculteur doit retrouver l’intérêt du mulch, du BRF et du semis direct sans labour. Evitons la pensée unique qui rend complètement con… Claude et Lydia Bourguignon ont écrit « Le sol, la terre et les champs : pour retrouver une agriculture saine » (Sang de la Terre, 2008). Ils apparaissent dans le film de Coline Serreau, solutions locales pour un désordre global.

Ibrahima Coulibaly vient du Mali, spécialement pour le colloque. Il vient d’un pays où l’esclavage autrefois a été rendu possible par la complicité des Africains eux-mêmes. Aujourd’hui, un chef d’Etat qui signe un contrat hasardeux pour son pays est complice de la même manière. Ibrahima a une haute opinion de la responsabilité de chacun, la vie ne se change pas à l’OMC mais à la base : « Il ne faut pas prendre le pouvoir pour soi-même, il faut décoloniser les esprits. » Il est d’autant plus conscient de la chose que la décolonisation s’est accompagnée de la reconduction par les élites africaines d’un système d’assujettissement : « Le vote ne sert  à rien quand on garde toujours la même façon d’aborder les problèmes. » Tout le monde fait de la politique puisque cela commence par ce qui est dans notre assiette ! Ibrahima prône la limitation des besoins : « En réalité, nous avons besoin de peu, mais certains se préoccupent de se balader en avion plutôt que de penser aux autres… L’argent ne signifie rien, nous ne sommes pas pauvres quand nous n’avons pas 1 euro par jour mais que nous bénéficions de la solidarité familiale. » La problématique des biens communs n’a plus de secrets pour lui, il vit la chose chaque jour puisque la terre appartient à l’Etat malien alors que lui cultive sa terre ancestrale : cherchez la contradiction… Nous espérons qu’un journaliste prendra la peine d’aller au Mali pour vivre avec Ibrahim et en tirer un livre !

Geneviève Azam nous parle de la malédiction de l’abondance dans les sociétés actuelles avec nos besoins illimités en biens et ressources où règne pourtant l’insatisfaction permanente. Notre regard sur la pauvreté doit changer, l’âge de pierre (les sociétés archaïques) était aussi l’âge d’abondance puisqu’on limitait les besoins… et donc le travail. Mais comment décider de ce dont nous avons réellement besoin ? Il faut de la délibération collective, il faut hiérarchiser les besoins et quitter la notion actuelle de solvabilité. En résumé, « pour être heureux, vivons de peu ». Geneviève  montre ensuite que nous vivons actuellement un processus d’expropriation des paysans, comme il a été fait autrefois en Angleterre avec le mouvement des enclosures. La privatisation des communs avait entraîné l’exode rural et la naissance du productivisme : élevage extensif des moutons pour fournir la laine à la révolution textile. C’est un des thèmes de son livre,  « Le temps du monde fini, vers l’après-capitalisme » (Les liens qui libèrent, 2010). Quand le temps du monde fini commence, ce n’est pas triste, c’est possible de faire autrement. Une approche de bonne gestion collective des communs, ni appropriation privée ni étatisation, se trouve chez Olinor Ostrom

Maintenant que nous connaissons tous les recoins de la planète, il faut savoir l’habiter. L’humanisme a pensé les relations des hommes entre eux, il nous faut penser notre relation à la Terre. Le droit à l’eau, c’est aussi le droit de l’eau ; la Terre doit être considérée comme sujet et non comme objet qu’on asservit. Saint François d’Assise disait qu’il fallait « rendre les biens au Seigneur » ce qui peut aussi bien s’exprimer par l’idée de gratitude envers la Création (la Nature) qui nous donne tout. A Brive chez les franciscains, il était important de ressentir que la religion n’est pas forcément l’ennemie de l’écologie.

  • colloque « La Terre en partage » du 28 au 30 septembre à l’Hôtellerie des frères franciscains à Brive. Intervenants : Ibrahima Coulibaly, Dany Dietmann, Alain Gras, Michel Griffon, Claude et Lydia Bourguignon, Geneviève Azam, Xavier Hauchart et Therry Gaudin. Débats animés par Ruth Stégassy.
  • Prochain colloque « Coopération et associativité, du big-bang jusqu’à l’homme » les 25-26 janvier 2013.

* Hôtellerie Saint Antoine, 25 chambres, salle de 140 personnes

Contact colloque@lestreizearches.com

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circoncision, ordre naturel contre diktat moral

La circoncision (circumcisio, « couper autour ») désigne l’ablation du prépuce, laissant ainsi le gland du pénis à découvert. Un tribunal de grande instance de Cologne fait de la circoncision un délit pénal : celle-ci « modifie durablement et de manière irréparable le corps d’un enfant…Le droit d’un enfant à son intégrité physique prime sur le droit des parents ». En Allemagne, le président du Conseil central des juifs a estimé qu’il s’agissait d’« une intervention gravissime et sans précédent dans les prérogatives des communautés religieuses ». Pour le Conseil des musulmans, ce jugement est une « atteinte éclatante et inadmissible au droit à l’autodétermination et au droit des parents ». Les Sociétés pour la coopération entre juifs et chrétiens estiment même que « criminaliser » la circoncision revient « fondamentalement à ne pas souhaiter qu’il y ait une vie juive en Allemagne ». Parmi les rares réactions positives, l’association de protection des enfants du Bade-Wurtemberg fait remarquer que ce jugement est « conforme à la convention de l’ONU sur le droit des enfants ».*

Il y a de multiples façons d’envisager cette condamnation de la circoncision. La première est d’affirmer que la religion, parlant au nom d’un dieu qui ne peut s’exprimer,  n’a aucune habilitation à intervenir dans la fabrication des règles du droit social. La seconde est de constater que les parents ne peuvent pas tout faire en ce qui concerne leurs enfants, ils sont encadrés par des règles de droit. La troisième est d’analyser les fondements d’une circoncision. Pour les juifs, il s’agit d’un rite d’introduction dans le peuple juif, donc une obligation pour l’enfant de témoigner physiquement de son appartenance prédéterminée à une ethnie ; le mot Prépuce désigne très crûment le monde non-juif. Dans le monde anglo-saxon industrialisé, la circoncision a été promue, à tort, comme un moyen d’empêcher la masturbation ; les Américains sont adeptes de la circoncision. L’affirmation attribuant à la circoncision des bénéfices d’hygiène a été contredite par la recherche médicale. Par contre le prépuce a une fonction protectrice du gland, sensorielle par ses terminaisons nerveuses, et apport mécanique lors de l’activité sexuelle. Pourquoi donc vouloir enlever le prépuce si ce n’est pour imposer à un enfant une tradition délétère ?

Restons le plus naturel possible, loin des religions et des pratiques qui ont cherché à nous dénaturer. Ton corps ne doit pas devenir un accessoire de la machinerie sociale dont le contenu te serait imposé pour des questions de conformisme. Même percer son oreille ou son corps par une boucle d’oreille nous semble ridicule. Il est dérisoire de vouloir modifier, pour des raisons seulement sociales, notre corps légué par la nature.

* LE MONDE du 29 juin 2012, Pour la justice allemande, la circoncision est un délit

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« Vivre Noël autrement »

De la part d’un correspondant :

« Noël est un don, la Terre est un don. Dieu nous la confie, afin que nous la cultivions, en prenions soin et qu’elle permette à tous les hommes d’y vivre de manière digne. Un don n’est pas à vendre ! Quel est notre rapport au don et notre rapport à la Terre qui nous est confiée ? N’avons-nous pas perdu le sens et la valeur d’un certain nombre de biens, à commencer par les produits de la Terre ? Donnons-nous du prix à ce qui est gratuit ?

On assiste à une marchandisation de ce qui est offert, c’est la loi du toujours plus. Certains revendent leurs cadeaux, sur Internet ou ailleurs. Et il en va de même pour la Création : des terres agricoles sont accaparées, des brevets sur les plantes sont déposés… Des millions d’êtres humains n’ont pas accès à l’eau potable ou vivent dans un environnement pollué. Les dons de la Terre sont dilapidés, gaspillés, abîmés.

Comme l’amour, l’amitié, le vivre ensemble, le respect de l’autre, les dons de la Terre sont des dons de Dieu dont nous avons à prendre soin et que nous sommes appelés à partager.

Le collectif « Vivre Autrement »

SEPTIEME CAMPAGNE « NOEL-AUTREMENT »

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vivre Noël autrement, une urgence écologique

Fin 2005, dix mouvements catholiques avaient lancé un appel « vivre Noël autrement » : « Jésus nous offre un monde nouveau, sans caddies pleins de cadeaux qui comblent les armoires et les décharges. » Des tracts invitaient à consommer moins et à se rapprocher de ses voisins avec lesquels la fête sera plus belle encore sans faire des kilomètres inutiles avec sa voiture, en offrant un peu de temps, un sourire, une oreille attentive, en inventant des gestes qui contribuent à sauver l’air, la terre, la mer, les forêts. Quelques rares familles ont donc essayé de montrer l’exemple.

En 2010, c’était la sixième campagne. L’idée de fond reste parfaite, avec ou sans Dieu : « Arrêtons l’hyper-Noël, faisons la paix avec la terre. » Mais ce mouvement reste marginal, sans le soutien officiel de son Eglise qui préfère lutter contre les préservatifs. En 2012, le mouvement continue et se radicalise : « On assiste à une marchandisation de ce qui est offert, c’est la loi du toujours plus. Certains revendent leurs cadeaux, sur Internet ou ailleurs. Et il en va de même pour la Création : des terres agricoles sont accaparées, des brevets sur les plantes sont déposés… Des millions d’êtres humains n’ont pas accès à l’eau potable ou vivent dans un environnement pollué. Les dons de la Terre sont dilapidés, gaspillés, abîmés. » Si vous voulez en savoir plus,

SEPTIEME CAMPAGNE « NOEL-AUTREMENT »

Alors que le budget consacré en 2011 par les Français à l’achat des cadeaux de Noël est de 270 euros, en augmentation de 22 % sur l’an dernier, il nous semble nécessaire de penser autrement ! Sur LE MONDE*, on nous parle d’un « Noël alternatif » et on nous dirige vers le site http://www.mescoursespourlaplanete.com/  

« Il est bon de ne pas perdre de vue que dans la plupart des pays du monde, en tout cas tant qu’il n’a pas été complètement conditionné par les publicités, un enfant sait s’amuser avec presque n’importe quoi… Une brindille, un caillou, ou une simple boîte en carton – et son imagination prend le pouvoir… »

* LE MONDE du 17 décembre 2011, rubrique « C’est tout net ! »

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le onzième commandement

De la part de Michel Tarrier, en résumé :

« Où est ce Onzième commandement ? Par exemple La Terre tu respecteras ! Les ressources, les plantes et les bêtes tu honoreras ! Tu aimeras ta planète comme toi-même ! Jamais, dans le confessionnal, je n’ai entendu : Alors, mon fils, as-tu piétiné une plante, écrasé une chenille, t’es-tu réjoui du spectacle du cirque ou du zoo, t’es-tu détourné des beautés de la création ? Seulement : Alors, mon fils, as-tu eu de mauvaises pensées ? As-tu mal agis envers Notre Seigneur ? Confesse-toi, mon fils… ! Quand on a une dizaine d’années et que l’on s’agenouille, on peut toujours avouer qu’on a volé trois sous dans le porte-monnaie de maman, histoire d’en être absout, comme il se doit.

Les péchés branchés étaient ceux en relation avec le génital, la propriété, la vie de l’homme, mais rien qui puisse avoir un quelconque rapport avec le végétal, l’animal ou le paysage. Pour le théocrate, la Nature est une création froide, ne méritant pas l’adoration. La Nature a créé l’humanité, Nature et humanité sont indissociables. Non ? Au sein de l’incommensurable fatras mystificateur de l’Église, ce ne sont pourtant qu’échafaudages pour opposer humanité et Nature. Avant de pénétrer dans l’arène, le torero se signe de la croix, on tue le cochon le jour du saint patron, la messe de la Saint-Hubert consacre la chasse à courre…

Selon les traditions bibliques, les Dix Commandements sont tous exclusivement axés sur une morale anthropocentriste. L’absence d’une onzième parole d’essence environnementale, l’inexistence de toute faute à l’endroit du Vivant et de la biosphère, font que depuis 6 000 ans le judaïsme et le christianisme incitent à une inconduite totale vis-à-vis de la Nature. Cet oubli essentiel du décalogue est posé avec insistance depuis les années 1970. »

Sur ce blog, nous allons plus loin que Michel Tarrier. Nous estimons que n’avons nul besoin des dix commandements de  la tradition biblique, les dix commandements de la Biosphère sont déjà inscrits sur Internet et remplacent avantageusement les vieilles traditions inutiles.

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les péchés capitaux des citoyens ordinaires

Notre ami Alain Hervé l’écrit* : La luxure est devenue pornographie, la gourmandise gastronomie, la paresse un savoir-vivre, l’orgueil la réussite sociale, l’envie l’esprit de compétition, l’avarice la spéculation et la colère une saine agressivité. Non seulement nous célébrons les sept péchés capitaux, mais nous en avons inventé d’autres, symptômes du déréglement généralisé actuel :

  • la vitesse fait l’objet d’un véritable culte du record, faisant oublier les bénéfices de la lenteur ;
  • la surconsommation devient une règle absolue, jusqu’à l’obésité ;
  • le luxe reste obscène en ces temps de famine somalienne ;
  • le tourisme du « tout voir sans rien voir » remplace l’amour du voyage ;
  • la médiatisation des faits divers éclipse l’effondrement de notre civilisation ;
  • la productivité forcenée remplace l’art de l’artisan ;
  • la sécurité obsessionnelle mobilise un hélicoptère pour « sauver » une touriste qui s’est foulée la cheville.

    * L’Ecologiste n° 35, octobre-décembre 2011

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acquis ou inné ? l’apprentissage de l’amour (maternel)

La spécificité du cerveau humain fait que l’acquis détermine notre comportement. Les gènes délimitent seulement la multiplication de nos neurones et c’est la confrontation avec l’environnement qui va donner sa densité à nos capacités cérébrales. A l’âge adulte, on estime qu’un cerveau humain contient 10 à 100 milliards de neurones, chacun établissant avec les autres environ 10 000 contacts synaptiques. A comparer avec les 20 000 à 25 000 gènes que contient notre ADN. Le programme génétique ne fixe pas notre destin, c’est notre plasticité cérébrale qui conditionne nos pensées et nos actes. Les gènes en permettant la prolifération de nos cellules cérébrales, desserrent l’étau des comportements innés auxquels sont si étroitement assujettis les autres animaux.

Entre l’inné et l’acquis, la neuroscientifique Angela Sirigu* ne tranche pas, son discours reste très ambigu : « Le rôle des gènes dans l’expression du comportement est aujourd’hui accepté (…) Certains comportements semblent contrôlés par l’action d’un gène unique (…) Exemple, la souris chez qui l’action du gène de l’ocytocine** (OXT) est supprimée, perd tout comportement maternel. Doit-on considérer ce résultat pertinent pour le comportement humain ? Je pense que oui (…) Mais établir de manière certaine des liens entre gènes et comportement reste difficile (…) L’environnement change l’expression des gènes (épigenèse)… » L’exemple de la souris est maladroit, il n’y a pas de comparaison possible entre les capacités cérébrales de cette espèce et la nôtre. La société humaine fait de l’amour maternel ce qu’elle veut. Précisons.

La procréation étant naturelle, on imagine qu’au phénomène biologique de la grossesse doit correspondre une attitude maternelle prédéterminée, instinctive. Sitôt l’agneau venu au monde, sa mère le lèche longuement et le débarrasse du liquide amniotique qui recouvre son pelage. Dans le même temps survient une modification de l’activité des neurones de son bulbe olfactif qui intensifie la mémorisation par son cerveau de l’odeur du petit. Moins de deux heures plus tard, quand il manifestera le désir de téter, la mère le laissera faire. Seul celui qu’elle aura léché – et donc flairé à la naissance – aura  droit à ce privilège. Mais n’importe quel autre nouveau-né ferait l’affaire, pour peu que son odeur soit première ; on pourrait ainsi  trouver une mère adoptive pour n’importe quel agneau. Même si le conditionnement génétique autorise les mères de substitution, la relation mère-agneau est bien inscrite dans le programme biologique de cette espèce animale. Tout comportement universel chez une espèce tend à prouver une détermination génétique. Mais la femme s’éloigne de la femelle, il n’y a pas d’odeur ou de gène qui guiderait son comportement.

Elisabeth Badinter montre que l’amour maternel ne va pas de soi, il est « en plus ». Un lieutenant de police constatait en 1780 que sur les 21 000 enfants qui naissaient annuellement à Paris, mille à peine sont nourris par leur mère, mille autres, des privilégiés, sont allaités par des nourrices à demeure ; tous les autres quittent le sein maternel pour le domicile plus ou moins lointain d’une nourrice mercenaire. Nombreux sont les enfants qui mourront sans avoir jamais connu le regard de leur mère et ceux qui reviendront quelques années plus tard sous le toit familial découvriront une étrangère dans celle qui leur a donné le jour. Cet exemple parmi d’autres contredit l’idée répandue d’un instinct propre également à la femelle et à la femme. Toutes les études faites montrent en effet qu’aucune conduite universelle et nécessaire de la mère ne peut être mis en évidence. Au contraire, on constate l’extrême variabilité des sentiments des mères selon leur culture, leurs ambitions, leurs frustrations.

Il n’y a pas de comportement humain inscrit par la nature, génétiquement programmé. C’est notre liberté, mais c’est aussi le lourd fardeau de notre responsabilité. Une mère peut tuer son nouveau-né, y compris avec délectation. Comme l’espèce humaine peut  éradiquer entièrement une autre ethnie ou une autre espèce animale, avec délectation… Arrêtons de gloser sur l’acquis et l’inné, améliorons notre apprentissage social pour mieux aimer son prochain et la biosphère !

* LE MONDE du 19 novembre 2011, Comportement humain : héritage ou apprentissage ?

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Bruckner etc, écolophobie et réalisation de l’apocalypse

L’article de Stéphane Foucart* liste les livres qu’il ne faut pas acheter. Une bonne partie de ces écolophobes ont déjà eu les honneurs de notre blog :

–          Le fanatisme de l’apocalypse de Pascal Bruckner

–          L’apocalypse n’est pas pour demain de Bruno Tertrais

–          Les prêcheurs de l’apocalypse de Jean de Kervasdoué

–          L’imposture climatique de Claude Allègre

–          Le Mythe climatique de Benoît Rittaud

–          CO2, Un mythe planétaire de Christian Gérondeau

–          La Légende de l’effet de serre de François Meynard

–          La Servitude climatique de Jean-Michel Bélouve

–          L’écologiste sceptique de Bjorn Lomborg

Ces « intellectuels » veulent pourfendre « l’intégrisme vert » alors qu’ils ne sont que des intégristes à la solde du libéralisme économique. Leurs livres utilisent des arguments mensongers pour étayer leur écolophobie. On y retrouve chez certains les mêmes fables sur le DDT qui aurait fait des millions de morts, si ce n’est des dizaines de millions. Car ils recyclent en boucle les éléments de langage qui courent sur Internet, et qui découlent de site orienté comme le Competitive Entreprise Institute, un lobby en lutte contre toute forme de régulation environnementale de l’économie. L’écolophobie prospère sur des points de vue à l’allure scientifique rédigés par des faux spécialistes, le plus souvent rémunérés par les lobbies du carbone. Plus subtile la référence à un travail scientifique ancien, mais rejeté depuis par les autres spécialistes de la discipline. Les climatosceptiques français reprennent ce qui circule sur Internet, ils font de l’attaque virale contre la bonne information. Même le GIEC, structurellement conçu pour produire les rapports scientifiques les plus conservateurs possibles, a été attaqué ! Même les commentateurs du monde.fr ne se privent pas d’étaler leur écolophobie. Comme conclut Stéphane Foucart : « En revanche, le débat sur la manière dont nous devons nous adapter au changement climatique, nous ne l’avons pas eu ».  Ni d’ailleurs le débat sur le pic pétrolier, l’extinction des espèces ou le nécessaire combat contre la toute puissance des patrons. Il n’y a plus de conscience révolutionnaire, il n’y a pas encore de conscience écolo.

Aux Etats-Unis**, une partie de la population était même d’accord avec les conneries de Sarah Palin, colistière du candidat McCain à la présidentielle de 2008 du type « Drill, baby, drill ! » (Fore, chéri, fore !). Sarah demandait d’ouverture des forages dans la réserve naturelle de l’Arctique, ne croyait pas à la responsabilité de l’homme dans les changements climatiques, clamait que c’est la volonté de Dieu de construire un gazoduc géant à travers l’Alaska. Ses deux précédentes élections avaient été sponsorisées par BP et Veco ! A cause des écolophobes français, américains ou d’ailleurs, l’apocalypse devient certaine…

* LE MONDE du 5 novembre 2011, Haro sur les écolos !

** AMERICAN ECOLO d’Hélène Crié-Wiesner (éditions delachaux et niestlé, 2011)

 

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écologie profonde dans LeMonde !

La philosophie de l’écologie profonde subit en France un ostracisme de la part d’une certaine élite pensante. Voici une réponse* à la position de JC Rufin  qui nous paraît judicieuse :

« Jean-Christophe Rufin (LeMonde du 21 décembre 2010) analyse l’idée que la justice est un impératif supérieur au droit, si bien qu’une juste cause rendrait licite l’usage de tout moyen d’action, fut-il illégal.

Il utilise ainsi l’opposition classique entre légalité et légitimité, mais il mélange deux pratiques différentes. La méthode machiavélique, au service des princes qui nous gouvernent, selon laquelle la fin justifie les moyens. Et la méthode gandhienne pour qui la fin est dans les moyens comme l’arbre dans la semence.

Jean-Christophe Rufin persiste, en effet, dans sa condamnation aveugle de l’écologie profonde en écrivant : « S’appuyant sur une philosophie élaborée (l’écologie dite « profonde »), ces mouvements n’hésitent pas à s’en prendre à l’homme en tant que représentants d’une espèce honnie, responsable à leurs yeux de tous les maux. Ils sont de plus en plus portés à l’action violente et attentent régulièrement à la sécurité des personnes et des biens. »

Jean-Christophe Rufin ne connaît donc rien à l’écologie profonde qui est une philosophie de la non-violence qui respecte profondément les humains et tente simplement de convaincre. S’il peut y avoir, dans des cas extrêmes, atteinte aux biens, il n’y aura jamais agression de personnes. Arne Naess**, disciple de Gandhi, dit par exemple: « L’un des principaux aspects de nos actions est d’attirer l’attention du public. La condition du succès est alors dépendante de notre capacité à confirmer l’hypothèse suivante : si seulement l’opinion publique savait ce que les écologistes défendent, alors la majorité des gens serait de leur côté. L’expérience accumulée ces dernières années indique que le point de vue écologique avance grâce à une communication politique non-violente qui mobilise à la racine. » (Ecologie, Communauté et style de vie, 1976) »

* Courrier du jour (LeMonde du 30 décembre 2010, p.22 en dernière page)

** Le philosophe norvégien Arne Naess est l’initiateur de l’écologie profonde

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pour un Noël écolo (6/6)

Fin 2005, dix mouvements catholiques avaient lancé un appel « vivre Noël autrement ». L’association Pax Christi avait été rejointe par le Secours catholique et le Comité catholique contre la faim. Ils avaient diffusé une affichette avec le slogan : « Noël, bonne nouvelle pour la Terre » puisque « Jésus nous offre un monde nouveau, sans caddies pleins de cadeaux qui comblent les armoires et les décharges. » Les tracts invitaient à consommer moins et à se rapprocher de ses voisins avec lesquels la fête sera plus belle encore sans faire des kilomètres inutiles avec sa voiture, en offrant un peu de temps, un sourire, une oreille attentive, en inventant des gestes qui contribuent à sauver l’air, la terre, la mer, les forêts. Les associations mentionnent un texte de Jean Paul II publié en 1990 et consacré à la protection de l’environnement : « La société actuelle ne trouvera pas de solution au problème écologique si elle ne révise pas sérieusement son style de vie. » Quelques rares familles ont donc essayé de montrer l’exemple.

En 2010, c’est donc la sixième campagne du collectif chrétien Vivre Autrement : « Terre eau, air, paix, santé, éducation, justice, autant de biens communs indispensables à tous et pourtant menacés : pollution, gaspillage, réformes des services publics, brevetage du vivant, conflits… En ce temps de Noël, le collectif propose de réfléchir aux conditions de la préservation de ces biens communs et de leur partage entre tous. Car préserver ces biens communs passe par des gestes relevant de la responsabilité individuelle, mais aussi par une régulation qui est du ressort de tous, responsables politiques et citoyens. » L’idée de fond est parfaite : « Arrêtons l’hyper-Noël, faisons la paix avec la terre. » Mais ce mouvement reste marginal, sans le soutien officiel de son Eglise qui préfère lutter contre les préservatifs.

Le dieu de la Bible est trop anthropocentrique pour que les fidèles échappent aux gaspillages des fêtes de Noël. Leurs enfants ne savent pas le Christ est né dans la plus pauvre des conditions, ils attendent eux-aussi avec impatience d’ouvrir le suremballage de leurs cadeaux. Pour un Noël écolo, il nous faut supprimer le père Noël et rechercher une spiritualité plus proche de la Nature.

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Noël sans le pape (5/6)

Benoît XVI n’est pas un pape « vert ». Benoît 16 dénonçait en décembre 2007 dans son message de Noël l’exploitation de la planète : « paix et écologie dans le message de Noël du pape ». En fait, juste une petite phrase du pape peut appuyer cette assertion : « Dans le monde, le nombre des migrants, des réfugiés, des déplacés, va toujours croissant, à cause aussi des catastrophes naturelles, qui sont souvent la conséquence de préoccupants désastres écologiques. » Pas de quoi changer la face du monde et dénoncer les innombrables dommages environnementaux causés par l’homme. Il est vrai que la religion catholique, comme d’ailleurs bien d’autres religions, ne voit dans la planète qu’une propriété que les humains « à l’image de Dieu » peuvent exploiter et saccager.

Dans son message Urbi et Orbi du 25 décembre 2009, le Pape n’était toujours pas écolo : « Autour de la crèche de Bethléem, tout se passe dans la simplicité et dans la discrétion, selon le style par lequel Dieu opère. » Mais le pape n’en dit pas plus, à chacun de choisir sans le pape la simplicité volontaire dans sa vie quotidienne. Benoît 16 fait le tour des problèmes de l’humanité : « Le « nous » des croyants opère au Sri Lanka comme levain de réconciliation et de paix… Le « nous » de l’Église incite à dépasser la mentalité égoïste et techniciste… » Y’a pas beaucoup plus d’écologie dans le message du pape que dans le Noël des marchands.

Avec Benoît 16 la papauté est sur le déclin, encore imprégnée d’une théologie d’un autre âge, pape dont rien ne laisse supposer une capacité d’ouverture aux problèmes contemporains, à commencer par ceux de la Biosphère. D’ailleurs pour lui, nul besoin d’électricité et de pétrole, la parole est toujours éthérée : « « La lumière qui émane de la grotte de Bethléem resplendit sur nous. Toutefois la Bible et la Liturgie ne nous parlent pas de la lumière naturelle, mais d’une autre lumière, spéciale… » Les servants du nucléaire et les marchands du Temple peuvent continuer à sévir le jour de Noël et tout le reste du temps, ce n’est pas le problème du pape. Il nous faut chercher une spiritualité ailleurs, par exemple dans l’écologie profonde.

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Benoît XVI adepte de l’ordre moral

Le pape Benoît XVI fait de la politique, il demande aux gouvernements de prendre en compte la conception catholique de la famille*. Mais cette conception est relative, il n’y a pas de modèle biblique de la famille. La Bible couvre plusieurs siècles d’histoire et  présente des hommes et des femmes vivant selon des modèles familiaux très différents : Abraham, David, Joseph et Marie, etc. Au travers des portraits de famille qui nous sont brossés, le meilleur y côtoie le pire ! C’est pourquoi B.16 ne se réfère pas au texte sacré, il s’exprime ainsi dans son homélie en Espagne : « L’Église s’oppose à toute forme de négation de la vie humaine et soutient ce qui promeut l’ordre naturel dans le cadre de l’institution familiale. » L’ordre naturel !? Quèsaco ?

                Avant même d’être pape, Josef Ratzinger s’en prenait violemment à la « dictature » du relativisme en tant qu’attitude qui ne reconnaît rien comme définitif. Mais pour le philosophe Flores d’Arcais, la prétention de l’Eglise à justifier sa morale particulière par une loi naturelle qui n’existe pas, à considérer sa propre norme comme une « vérité » et à rejeter le pluralisme démocratique explique les errements passés (inquisition, guerre de religions…) et l’inadaptation actuelle de l’Eglise au monde moderne. Car « l’ordre naturel » selon B.16 n’est en réalité qu’un ordre moral défini de façon unilatérale par un pape qui se croit doté d’infaillibilité.

Tout est culturel en matière de société humaine, il n’y a pas d’ordre naturel. Par contre il y a des lois de la Nature qu’il nous faut chercher à tâtons de façon démocratique. Nous avons bafoué ces lois en créant le réchauffement climatique et en détériorant la biodiversité. La tâche de Benoît XVI  devrait être la protection de « Création divine », mais il n’écoute pas les gémissements de la création. Le pape préfère gémir sur « la vie des enfants depuis le moment de leur conception ». Ce pape n’est pas un écolo.

* LeMonde du 9 novembre 2010, Lors de son voyage en Espagne, Benoît XVI a vanté la famille.

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