spiritualités

pour la non-croyance généralisée

Le roi Abdallâh d’Arabie Saoudite serait un fervent promoteur du dialogue inter-religieux entre juifs, chrétiens et musulmans (LeMonde du 17.07.2008). Il s’agit plutôt pour ce dictateur qui règne sur un pays au nom de dieu et de la soumission des femmes de « contrer les défis de l’étroitesse de vue pour que le monde comprennes les préceptes de l’islam sans animosité ». Pourquoi, au lieu de présider une prétendue conférence internationale, ce roi Abdallâh ne fait-il pas ce qu’il a le pouvoir de faire, ouvrir des lieux de culte aux autres religions dans son propre pays ? Pourquoi, au lieu de prétendre «  promouvoir la justice et la paix » ne laisse-t-il pas son pétrole sous la terre au lieu de l’offrir aux dominants d’un monde occidentalisé qui n’a aucun respect pour l’équilibre climatique de la Biosphère ?

 Soyons réalistes, la véritable croyance durable est celle des non-croyants qui comptent les points entre un islam toujours aussi rigide, surtout en Arabie Saoudite, et un catholicisme de plus en plus réactionnaire avec le pape actuel…

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L’Eglise n’a rien à dire

En Italie, l’Eglise catholique conteste la décision judiciaire de débrancher Eluana. Cette jeune femme a été plongée dans le coma en janvier 1992, aujourd’hui la cour d’appel de Milan autorise l’interruption de l’hydratation et de l’alimentation forcées, seul moyen de survivre pour cette jeune fille au cerveau endommagé. Le président de l’Académie pontificale estime qu’un tribunal ne doit pas s’arroger le droit de décider si une vie doit continuer ou non (LeMonde du 11.07.2008).

 

La technique a maintenu artificiellement en vie Eluana pendant des années. L’Eglise est-elle pour l’acharnement thérapeutique ? Selon la médecine, l’état végétatif permanent d’Eluana est irréversible. L’Eglise est-elle contre la médecine ? La justice  a jugé qu’il n’y avait plus rien à faire. L’Eglise est-elle contre la justice des hommes ?

 

L’Eglise accepte des procédés artificiels au nom d’une morale « naturelle », elle refuse la mort cérébrale alors que d’après elle le salut est de toute façon dans les cieux, elle refuse l’expression de la  justice, un des piliers essentiels de l’Etat de droit et de la démocratie. L’Eglise n’a rien à dire, qu’elle ferme sa gueule.

 NB : selon l’article du Monde, le pape Jean Paul 2 est mort après qu’on ait arrêté une alimentation forcée. Ceux qui veulent nous diriger disent n’importe quoi et pratiquent l’inverse. Comment croire encore à un quelconque dieu avec des porte-parole aussi minables ?

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toto-religion

Le monde de la finance est quelque chose d’extraordinaire. Le groupe indien Tata emprunte 3 milliards de dollars pour acheter à Ford les marques de luxe Land Rover et Jaguar au prix de 2,3 milliards (LeMonde du 27.03.2008). Mais trêve de plaisanterie à goût de subprime, quelle stratégie peut mener Tata Motors qui a assemblé sa première voiture depuis 8 ans seulement et qui spécule maintenant sur des bagnoles hors de prix tout en construisant déjà la Nano, la voiture la moins chère du marché ?

D’abord Tata démontre ainsi qu’il se fout complètement de l’état de la planète et du réchauffement climatique, il s’agit de vendre toujours plus d’automobiles, surtout dans les pays émergents. Ensuite cette affaire démontre que le mauvais exemple des pays occidentaux, englués dans le tout-automobile, ne peut servir à personne. Ce n’est pas la sagesse après laquelle on court, c’est après la connerie ambiante : il faut faire comme tout le monde, on entre en religion.

 Concluons sur ce  texte très ancien (de 1973 !) :

« Depuis le septennat de M.Pompidou, le culte de l’automobile est devenu en France la religion d’Etat, la seule d’ailleurs à laquelle croient la plupart des dirigeants. Tous les ans, le pèlerinage national ne se rend pas à Lourdes, mais aux vingt-quatre heures du Mans. Telle une grande messe pontificale, le Salon de l’auto déroule sa liturgie fastueuse au courus de laquelle l’automobile nouvelle, bénite par les plus hautes autorités officielles, est comme une relique révélée à la ferveur populaire. En cas d’impiété, répression policière : matraquage de manifestations sacrilèges en faveur de la bicyclette ou des piétons. Et la nouvelle religion a déjà son clergé, puissant et sectaire : les ingénieurs des Ponts et Chaussées.

            Cependant, cette adoration obligatoire dissimule mal la réalité : l’automobile est devenue le cancer de notre civilisation. Elle la ronge par sa prolifération effarante, anarchique et  dominatrice. Elle détruit l’homme et dégrade l’espace. Elle mutile, intoxique et tue. Elle casse les villes et dilapide la nature. Elle gaspille une énergie sans cesse plus rare et plus coûteuse. Présentée à tort comme le symbole de la prospérité, elle appauvrit l’homme dramatiquement, dans son environnement social et physique. Elle brise son cadre de vie collectif pour l’enfermer dans une petite carapace d’acier qui l’isole et  exalte son agressivité en la cuirassant. Elle le ruine dans les biens immatériels essentiels : la santé, la sécurité, les joies de la nature, la beauté des paysages, le sentiment de la communauté. Nous allons vers l’« auto-destruction » rapide de notre civilisation si nous ne changeons par fondamentalement notre attitude à l’égard de l’automobile, si nous ne cessons pas de la vénérer comme une idole et ne la soumettons pas aux impératifs de la défense de l’environnement. »

 Philippe Saint-Marc (in mensuel Le Sauvage n° 6, septembre-octobre 1973)

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créationnisme débile

Pour la santé de la Biosphère, l’hypertrophie du cerveau humain se révèle plus un handicap qu’un avantage. Il faut de la transcendance, il faut croire en quelque chose, le sens du sacré est important, mais c’est notre terre qui est sacré, c’est notre planète que nous devons célébrer, pas le culte de tous ces hommes qui se croient à l’image de Dieu.

Si Dieu s’invite aux élections présidentielles américaines, si la science et la religion cessent d’être des domaines séparés, il n’est pas étonnant que la guerre sainte de Bush ait fait un tabac et que la montée de l’irrationalisme fasse oublier la Biosphère. Un sondage, publié en janvier 2008, indiquait que 29 % des Américains pensent que la vie a été créée sous sa forme actuelle. Il n’y aurait donc pas d’évolution, nous serions seulement en présence du dessein de Dieu, créateur tout puissant de tout ce qui existe. Il n’est pas étonnant que Mike Huckabee, ce pasteur républicain et baptiste arrivé en tête dans la course à l’investiture pour la présidentielle au caucus de l’Iowa puisse affirmer sereinement qu’il ne croyait pas à la théorie de l’évolution.

Pourtant, pour n’importe quel scientifique digne de ce nom, l’étude de l’évolution est un des domaines de recherche des plus actifs, des plus robustes et des plus utiles. De source sûre, on peut en déduire que l’homme n’est qu’une espèce parmi d’autres, apparue bien après l’extinction des dinosaures. Homo sapiens n’a sans doute pas plus de 200 000 ans, la Biosphère près de 3,5 milliards d’années. Les humains n’ont donc aucun privilège à revendiquer, si ce n’est le droit du plus fort à dégrader notre planète. Malheur à nous.

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pensée amérindienne

Il s’en faut de beaucoup que les peuples amérindiens aient été éblouis par les techniques de leurs envahisseurs : « Ma flèche ne tuerait-elle pas ? Qu’ai-je besoin de vos pistolets ? », déclarait un chef pawnee lors d’une des premières rencontres de son peuple avec les Européens. Quant à cette science et à l’enseignement qui sert à la transmettre, ils eurent tôt fait de s’en défier aussi. Dès le XVIIIe siècle, l’Assemblée des six nations indiennes refusait d’envoyer leurs enfants dans les écoles des envahisseurs : « Plusieurs de nos jeunes gens ont été jadis élevés dans vos collèges. Ils furent instruits de toutes vos sciences mais, quand ils nous revinrent, ils n’étaient absolument bons à rien. » D’autres particularités, plus inquiétantes encore, semblaient caractériser les nouveaux venus. Leur avidité insatiable a d’abord étonné les peuples qui ignoraient l’usage de la monnaie. En outre leur propension au mensonge, leurs tromperies et leurs trahisons répétées témoignaient de leur extraordinaire indignité. De même leur cruauté gratuite, les Blancs tuent parfois « simplement pour le plaisir de tuer ». Les peuples amérindiens furent tout aussi étonnés d’observer l’acharnement au travail de leurs envahisseurs, leur fébrilité industrieuse d’insectes. Telles apparurent dont les dispositions de ce peuple étrange : Une ingéniosité technique tout à fait remarquable, mais pour le moins inutile, et souvent nuisible ; une folie bien particulière associant délire d’enrichissement et d’accumulation, cruauté sadique et propension habituelle au mensonge ; enfin une organisation sociale extravagante fondée sur le travail, scandaleusement inégalitaire, et si foncièrement ennemie de la liberté que chacun y était serviteur d’un maître, lui-même esclave. (La folle histoire du monde de Michel BOUNAN).

Tous ces anciens peuples ont été vaincus et, dans leur grande majorité, exterminés. Les armes et les techniques modernes ont eu raison de ces civilisations. Le monde est devenu une immense colonie européenne, la simplicité volontaire a été rayée de la surface du globe, la Biosphère commence à souffrir intensément.

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un pape « vert »

L’actualité n’a pas d’importance en soi, l’important c’est ce qu’on fait de l’actualité, si on la juge ou non digne d’intérêt. Le pape a-t-il un intérêt ?  Selon un titre du journal Lemonde du 27.12.2007, le pape Benoît 16 dénonce l’exploitation de la planète dans son message de Noël. Le sous-titre en rajoute, « paix et écologie dans le message de Noël du pape ». En fait, juste une petite phrase du pape (http://www.radiovaticana.org/fr1/Articolo.asp?c=176038) peut appuyer cette assertion : « Dans le monde, le nombre des migrants, des réfugiés, des déplacés, va toujours croissant, à cause aussi des catastrophes naturelles, qui sont souvent la conséquence de préoccupants désastres écologiques. » Pas de quoi changer la face du monde et dénoncer les innombrables dommages environnementaux. Benoît 16 est dans la droite ligne du pape précédent dont le recueil de textes environnementalistes, « Les gémissements de la création », montre que la parole écologique du pape est toujours réduite à sa plus simple expression. Il est vrai que la religion catholique, comme d’ailleurs bien d’autres religions, ne voit dans la planète qu’un domaine que les humains peuvent dominer et exploiter. Ce n’est pas ainsi que nous pourrons sauver la planète, comme l’exprime des tas de livres écolos qui se passent complètement des discours de la papauté. Benoît 16 n’est donc pas un pape « vert », contrairement à ce que laisse supposer l’article du Monde.

 

Benoît 16 est plutôt un pape sur le déclin, encore imprégné d’une théologie d’un autre âge, pape dont rien ne laisse supposer une capacité d’ouverture aux problèmes contemporains, à commencer par ceux de la Biosphère. D’ailleurs pour lui, nul besoin d’électricité et de fuel : « Laissons la lumière de ce jour (de Noël) se répandre partout : qu’elle entre dans nos cœurs, qu’elle éclaire et réchauffe nos maisons. »

NB : Tous les articles pour la Biosphère sont archivés et classés sur Internet,

http://biosphere.ouvaton.org/page.php?doc=2007/affichactu2

http://biosphere.ouvaton.org/page.php?fichier=2008/affichactu3

 

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animisme ou débilité ?

Contrairement aux religions du livre où un clergé demande aux fidèles de réaffirmer constamment leur foi, la croyance n’est pas un dogme dans l’animisme, c’est une expérience vécue. Pour les animistes, les entités naturelles non humaines (animaux, plantes ou objets) possèdent une âme et des intentions semblables à  celles de l’homme. On ne se pose pas la question de savoir si l’on croit ou non dans les esprits de la nature, c’est une expérience que l’on fait et que l’on interprète chacun à sa manière. Chez les Achuars par exemple, les individus entretiennent des rapports très étroits, de personne à personne, avec des animaux ou des plantes avec lesquels ils conversent en rêve et auxquels ils adressent des incantations. Tout cela les touche au fond de leur propre esprit. L’animisme suppose la multiplicité des manières d’habiter le monde, mais attribue à tous les êtres le même genre d’intentionnalité, ce qui permet d’établir de véritables dialogues avec des êtres de la nature.  Il n’y a plus de différence entre l’entité humaine et l’entité non humaine, il y a un rapport d’égalité. 

           Dans le monde actuel, il y a anthropisation forcenée, c’est-à-dire transformation exacerbée par l’action de l’homme des écosystèmes terrestres et aquatiques, et plus généralement des conditions environnementales. C’est une des facettes de l’anthropocentrisme, cette attitude folle qui consiste à faire des humains le centre de l’univers et, de ce fait, des propriétaires de la biosphère : la classe globale se comporte à sa guise sans se soucier de l’environnement (usus, fructus et abusus) alors qu’elle partage la planète avec toutes les autres espèces vivantes. Cette attitude n’est pas durable. L’anthropocentrisme doit être remplacé par un biocentrisme (ou écologie profonde), une attitude écologique qui limitera l’anthropisation. Un retour à l’animisme serait-il nécessaire ?

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basculement idéologique

Chroniqueur bousculé, bascule en vue.

J’aime quand un journaliste commence à réfléchir. Ainsi Eric Le Boucher, plus enclin habituellement à chanter les louanges de la croissance économique et du progrès technique plutôt qu’à s’interroger sur l’avenir de la planète nous livre enfin une chronique sidérante (Drôle de moment de bascule, Lemonde 16-17 décembre 2007).

 En effet, il avoue en dernière phrase que « Les économistes sont paumés ». Il constate que trois économistes auront au moins quatre avis, contradictoires si possible. Il reconnaît surtout que « La planète se reconfigure en profondeur sans que personne ne sache ce qui se dessine vraiment. » Eric nous explique que cette grande bascule porte sur le libéralisme, mais il se contente encore de voir vaciller trois piliers de l’économie dominante, la mondialisation, l’Etat en recul et le développement de la finance.

Eric ne voit pas encore que cette idéologie qui nous dit que l’intérêt personnel devrait entraîner le  bonheur collectif n’est qu’une religion de la poudre aux yeux. La croissance libérale a occulté les coûts externes, propagé les inégalités et transformé la planète en poubelle. Cette croissance n’est pas durable, ni d’ailleurs aucune croissance dans un monde fini…

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Ph. Saint Marc

Le site biosphere répertorie un grand nombre de livre dans sa rubrique « Bibliothèque de la Biosphère ». La plupart sont résumés, on peut y accéder en cliquant sur le titre d’un livre dans http://biosphere.ouvaton.org/index.php?option=com_content&view=section&layout=blog&id=6&Itemid=54.

Voici par exemple la quintessence d’un livre de Philippe Saint Marc, publié en 1971, qui montre que les prophètes ne sont jamais écoutés !

« Voici maintenant rompue la vieille alliance de la Genèse entre l’homme et la création et surgit, toute proche, la menace de l’Apocalypse. La crise de civilisation est désormais ouverte par la dilapidation des richesses naturelles. C’est une étape nouvelle – et sans doute la dernière – dans les relations de l’Humanité avec la Nature. Nous sommes maintenant entrés dans l’âge de la Nature, nouvelle époque où la rareté et la fragilité de l’espace naturel deviennent un problème dramatique pour l’avenir de l’homme et sa survie. C’est un tournant historique dans les relations d’affrontement entre ces deux systèmes vivants : le monde de l’homme et celui de la Nature. Il ne s’agit plus aujourd’hui de protéger l’homme contre la Nature mais la Nature contre l’homme, contre le débordement de puissance et de vitalité de l’espèce humaine, afin qu’elle n’en vienne pas, en détruisant la Nature, à se détruire elle-même.

Ce serait une étrange erreur que penser conserver la Nature en maintenant inchangé le système économique qui la détruit. Matérialisme, libéralisme, urbanisation aggravent en effet considérablement la pénurie de Nature résultat de l’encombrement de l’espace par la croissance démographique et économique. Tant que notre civilisation matérialiste donnera au milieu naturel une grande valeur lorsqu’il est détruit, une valeur faible ou nulle lorsqu’il est sauvegardé, comment s’étonner qu’il disparaisse ? La seule réponse, la clef de voûte de cette construction nouvelle est la socialisation de la Nature. Ce serait reconnaître qu’elle est le bien commun universel, qu’elle doit être ouverte à tous et que son maintien est une mission de service public. D’où la nécessité d’affecter une forte part du Revenu National à un « budget de la Nature » et d’en faire supporter le poids principal aux responsables des nuisances : les pollueurs doivent être les payeurs. Cette civilisation nouvelle devra donner la primauté aux biens immatériels sur les biens matériels, au socialisme sur le libéralisme, à la ruralisation sur l’urbanisation. 

L’indépendance des Etats est bien souvent un masque derrière lequel s’abritent les compagnies industrielles, commerciales, financières qui les ont colonisés. Nous sommes citoyens du monde. L’espace est un, commune est notre Terre. Vents, courants marins, nappes phréatiques, bassins fluviaux ignorent les frontières et tissent une solidarité écologique des territoires nationaux. Au-delà des nationalismes qui traînent leur bric-à-brac de ferraille guerrière et de haines sanglantes, sauver l’homme en sauvant la Nature est une entreprise qui peut rassembler dans une communauté d’action les hommes de toutes les races et de toutes les idéologies. Rétablir l’amitié de l’homme avec la Nature et par là même ouvrir la voie à une amitié nouvelle entre les peuples, n’est-ce pas la source d’une fraternité universelle par un idéal commun ? Aussi noble que concret, ce but  rapproche les savants autant que les industriels, les artistes autant que les juristes. »

 La socialisation de la nature (éditions Stock)

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nouveau sens du sacré

L’histoire des religions est bien plus complexe que celle des monothéismes. Le bouddhisme repose sur le principe d’interdépendance universelle, le taoïsme fonde l’harmonie sur un respect des équilibres spontanés dans le cosmos, le zen estime que le véritable corps humain est l’univers tout entier. Dans l’hindouisme, il n’y a pas l’idée que l’animal et la nature soient inférieurs ; la condition humaine n’est qu’une représentation temporaire qui peut transmigrer après la mort même dans des mollusques. Les adeptes du jaïnisme se déplacent avec un masque sur la bouche de crainte d’avaler un moucheron et balayent devant eux pour éviter d’écraser le moindre vermisseau. Toutes les tribus indiennes ont en commun l’expression Père-Ciel et Mère-Terre, leur vision de l’univers est en liaison étroite avec les écosystèmes ; Dans ces sociétés, l’idée d’une hiérarchie parmi les êtres n’existe pas et il faut respecter fraternellement animaux, végétaux et minéraux puisque la notion de parenté ne se rapporte pas uniquement aux membres d’une famille ou d’un clan, elle inclut tous les êtres de l’environnement, animés ou inanimés. Les Indiens n’étaient pas végétariens car cueillir une plante était de la même gravité que tuer un animal. Pour eux, la survie dans le cycle de la vie et de la mort est parfois liée à l’acte de prendre la vie à d’autres êtres, mais toute appropriation est signe d’un endettement : les chasseurs et les pêcheurs pratiquaient des offrandes envers leurs gibiers et les agriculteurs envers le sol.

 

L’écologiste Lynn White Jr. en tire cette conclusion en 1967 : « Plus de science et de techniques ne nous feront pas sortir de la crise écologique tant que nous n’aurons pas, soit trouvé une nouvelle religion, soit repensé l’ancienne. »

 

Après avoir été vénérée comme une mère ou une marâtre, puis oubliée, la Nature devrait donc (re)devenir un partenaire pour les humains. C’est plus facile pour les traditions chamanistes et orientales comme le bouddhisme et l’hindouisme car elles ne connaissent pas l’idée d’un dieu créateur. C’est très difficile pour les juifs, les chrétiens et les musulmans qui doivent abandonner leur dogme de la prétendue toute puissance de Dieu ainsi que leur culte de l’anthropocentrisme (l’homme à l’image de Dieu).

Mais chez eux comme dans toute religion il y a cet aspect qui parle de frugalité et de renoncement ; ce sont là les prémices d’une conversion possible à l’idée de décroissance humaine (productive et démographique), d’une recherche de l’humilité face à la Biosphère, d’un œcuménisme à construire ensemble.

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toujours et à jamais !

« Prions pour les juifs. Que le Seigneur notre Dieu lève le voile de leurs cœurs et leur permette de reconnaître Jésus-Christ. » Cette incitation à la conversion chère aux traditionnalistes chrétiens est inscrite dans le rituel de la messe de saint Pie V. Le pape actuel reste sur la même longueur d’onde. Quand il était préfet de la doctrine romaine, il avait affirmé en 2000 dans le  document  Dominus Jesus que l’Eglise catholique était la seule à se prévaloir de la qualité d’Eglise : « Elle n’a cessé d’exister au cours de l’histoire, et toujours elle existera, et c’est en elle seule que demeurent à jamais tous les éléments institués par le Christ lui-même. »

 

Pourtant les chrétiens n’ont fait que succéder à la vulgate juive et depuis lors l’unité des églises a éclaté en mille morceaux ; les musulmans progressent en nombre, eux qui se réfèrent aussi au dieu « unique », et aucune des quelques sectes qui ont  réussi ne peuvent se considérer comme détentrice de la vérité, puisqu’il n’y a de vérité que relative. La religion n’est qu’un aspect partiel de la culture qui donne sens et cohésion à une société humaine. Tout est variable, fluctuant, approprié  à une époque et à une société donnée, c’est ce que nous démontre l’expérience historique et ethnologique. Dans ce contexte, il est vraiment ridicule que Joseph Ratzinger (alias Benoît 16) puisse laisser écrire « Toujours elle existera » ou «  demeurent à jamais ».

 

Par contre, quelle que soit notre croyance personnelle, nous pourrions tous nous convaincre qu’à défaut d’un dieu créateur et unificateur, c’est bien notre Terre qui est notre mère ; nous sommes en tant qu’espèce homo sapiens une simple composante de la diversité de la Biosphère. Alors la seule prière qui puisse nous rassembler est celle-là : Prions pour l’espèce humaine. Que la Biosphère lève le voile de leurs cœurs et leur permette de reconnaître que « le bien-être et l’épanouissement de la vie humaine et non-humaine sur Terre ont une valeur intrinsèque. » Dès son premier principe, l’écologie profonde nous ouvre la voie de l’œcuménisme…

 

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Pécheurs qui roulent

La route est l’enfer du monde moderne, elle est le lieu de la puissance, de la violence, de l’égoïsme, de l’homicide. Ainsi s’exprime avec emphase le Vatican dans un document rendu public le 19 juin 2007. L’Eglise nous rappelle ses fondements, à savoir effectuer le signe de croix après avoir serré sa ceinture, et bien sûr pendant le voyage, réciter son chapelet. D’ailleurs « celui qui connaît Jésus-Christ ne peut que rouler avec prudence puisqu’il n’est pas pressé d’arriver » (ndlr : au paradis). Un nouveau code de la route est proposé sous la forme des « dix commandements » du bon conducteur :

 

– Tu ne tueras point.

– Que l’automobile ne soit pas pour toi une expression de pouvoir, ni une occasion de pêcher ;

– Soit conscient de ta responsabilité envers autrui, etc.

 

L’Eglise catholique est donc mieux prédisposée à s’occuper des quatre roues plutôt qu’à préserver la Biosphère ! Rappelons alors quelques commandements préférables aux précédents :

 

– Tu pratiqueras la simplicité volontaire (tu éviteras la possession d’un véhicule personnel)

– Tu aimeras ta planète comme toi-même (tu seras contre la construction de nouvelles routes)

– Tu ne laisseras pas les machines te dicter leur loi (la voiture n’est rien, la marche est essentielle)

 

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catholique ou musulman ? on s’en fout !

            Un sondage de l’institut CSA en France indiquait que 52 % des catholiques jugent « certaine ou probable » l’existence de Dieu. Mais ce n’est un Dieu personnel, comme l’enseigne le  christianisme, que pour 18 % des sondés ; les autres identifient Dieu à une notion plus vague telle que « force, énergie ou esprit ». De toute façon, il n’y aurait plus qu’un Français sur deux (51 %) à se déclarer « catholique » alors que les Français sans religion représentent désormais quasiment un tiers (31 %) de la population. Mais la croyance est une opinion et une pratique cultuelle qui relève de la vie privée. Ce n’est pas parce que tu ne crois en rien de surnaturel que tu ne peux être touché par la félicité. Par contre, beaucoup de croyants croient aux vertus de la croissance économique et aux illusions des marchands de gadgets, voiture, portable, vidéogames…

 

           La Biosphère ne te demande ni observation de rites d’un autre âge, ni culte d’une quelconque marchandise, c’est à toi d’exprimer personnellement les besoins de tes générations futures comme les besoins des non-humains, c’est à toi de faire personnellement preuve de simplicité volontaire dans ton comportement et de te regrouper en association de défense de la nature, c’est à toi d’agir politiquement pour que l’équilibre durable de la Biosphère devienne le fondement de toute décision humaine : il n’y a pas de dieu extérieur à toi-même.

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un curé d’avant-garde

Jean Meslier, curé d’Etrépigny de 1689 à 1729, n’y va pas avec le dos de la cuillère : « Levez-vous, unissez-vous contre vos ennemis, contre ceux qui vous accablent de misère et d’ignorance. Rejetez entièrement toutes les vaines et superstitieuses pratiques des religions… Votre salut est entre vos mains, votre délivrance ne dépend que de vous, car c’est de vous seuls que les tyrans obtiennent leur force et leur puissance. » Jean Meslier rejette la religion (dans un livre édité après sa mort, il était prudent !) pour mettre à la place une conception matérialiste très contemporaine :

 

« Sur quelles bases ont-ils fondé cette prétendue certitude de l’existence d’un Dieu? Sur la beauté, l’ordre, sur les perfections des ouvrages de la nature? Mais pourquoi aller chercher un Dieu invisible et inconnu comme créateur des êtres et des choses, alors que les êtres et les choses existent et que, par conséquent, il est bien plus simple d’attribuer la force créatrice, organisatrice, à ce que nous voyons, à ce que nous touchons, c’est à dire à la matière elle-même? Toutes les qualités et puissances qu’on attribue à un Dieu placé en dehors de la nature, pourquoi ne pas les attribuer à la nature même qui est éternelle ?

 

Ah ! L’autre vie ! L’âme immortelle ! Est-ce que nous ne sentons pas, intérieurement et extérieurement par nous-mêmes, que nous ne sommes que matière, et que nos pensées les plus spirituelles ne sont que de la matière de notre cerveau, qu’elles sont le résultat de sa constitution matérielle et que ce que nous appelons notre âme n’est en réalité qu’une portion de la matière, la plus délicate et la plus subtile ? L’âme n’est ni spirituelle ni immortelle. Elle est matérielle et mortelle aussi bien que le corps. Il n’y a donc point de récompense à espérer ni de châtiments à craindre après cette vie. Il n’y a point de bonté souveraine pour récompenser les justes et les innocents, point de justice souveraine pour punir les méchants. Il n’y a point de Dieu. 

 

Mais il y a l’homme, il y a la terre, il y a la vie, il y a le sentiment de l’équilibre et de la justice, et c’est sur cette terre qui lui appartient, dans cette vie qui est sienne, que l’homme doit réaliser la justice, le bonheur, la solidarité et la fraternité universelles. Ce n’est pas en Dieu que l’homme doit chercher la puissance, la bonté, la perfection, c’est en lui-même : par l’instruction il deviendra savant ; par l’éducation, il se fera juste ; par l’aide mutuelle et la solidarité, il réalisera sur la planète, qui est son domaine, la perfection possible. Il faut avoir le courage de rejeter toutes les idées préconçues et surtout d’effacer ce préjugé de la perfection des choses actuelles, comme ayant été créées définitivement par l’ordre d’un Dieu. »

Jean Meslier, à l’heure de la catastrophe écologique actuelle, serait sans doute notre guide sur les chemins de la Biosphère, tout au moins dans les pays qui laissent la liberté d’opinion et d’expression.

 

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dieu s’invite dans les présidentielles

Aux Etats-Unis, la plupart des prétendants à l’investiture républicaine pour l’élection présidentielle de 2008 n’ont pas beaucoup de connaissance en paléontologie et en évolutionnisme. Mike Huckabee, ancien pasteur baptiste, croit que « Dieu a créé la Terre et le ciel. Comment l’a-t-il fait, quand et combien de temps cela lui a pris, je ne sais pas ». Le sénateur du Kansas, Sam Brownback, se dit « convaincu qu’il y a un Dieu dans l’univers et qu’il a été impliqué dans ce processus. Comment a-t-il fait ? Je n’en sais rien. » A croire que ces deux-là ont copié l’un sur l’autre ! Mais le sénateur de l’Arizona John McCain est du même avis, sans plus d’argumentation : « Il ne fait aucun doute que la main de Dieu est à l’origine de ce que nous sommes aujourd’hui ». Le mormon Mitt Romney assène que « Dieu a créé l’homme à son image », alors que nous savons tous que c’est le contraire ! L’ancien maire de New York, Rudolf Giuliani, nous dévoile le pot aux roses, l’américano-centrisme dominant : «  Nos idéaux ne sont pas seulement des idéaux américains ; ils viennent de Dieu. Notre obligation morale est de trouver la juste manière de les partager avec le reste du monde. »

 

Quand on sait par ailleurs que l’opposition à l’avortement est la pierre philosophale du parti républicain, nous  comprenons alors la raison majeure pour laquelle la Biosphère va si mal. Elle est aux mains de croyants crédules, natalistes et infatués d’eux-mêmes.

 

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réponse à Sarkozy

Lettre aux éducateurs, écrite par Nicolas Sarkozy, président de la République française :

« Je suis convaincu qu’il ne faut pas laisser le fait religieux à la porte de l’école. Le spirituel, le  sacré accompagnent de toute éternité l’aventure humaine. Ils sont aux sources de toutes les civilisations, Et l’on s’ouvre plus facilement aux autres, on dialogue plus facilement avec eux quand on les comprend. » (p.13)

« Il ne faut pas que les enfants restent enfermés dans leur classe. Très tôt ils doivent être confrontés aux beautés de la nature et initiés à ses mystères. C’est dans les forêts, dans les champs, dans les montagnes ou sur les plages que les leçons de physique, de géologie, de biologie, de géographie, d’histoire mais aussi la poésie, auront souvent le plus de portée, de signification. Il faut apprendre à nos enfants à regarder le chef-d’œuvre de la nature. » (p.21)

« Ce qu’il nous faut retrouver, c’est la cohérence du projet éducatif. Retrouver un fil directeur dans l’éducation, lui fixer des principes, des objectifs, des critères. Voilà ce que nous avons d’abord à faire. » (p.24)

Réponse de la Biosphère :

Les religions du livre n’ont pas besoin d’être étudiées puisque Dieu n’a jamais parlé à personne, que ce soit son Fils, Mahomet, ou ses thuriféraires. Donc pas besoin de parler en classe de l’imaginaire des différentes sectes qui nous ont historiquement manipulés. De plus il n’est nul besoin de passer par Dieu ou une institution religieuse pour s’ouvrir plus facilement aux autres, c’est même plutôt le contraire qui est vrai : l’agnostique ou l’athée, n’ayant aucun présupposé, se donne plus de chances d’être à l’écoute de son prochain. Par contre il est vrai que la dimension spirituelle est toujours nécessaire, elle permet de donner un sens à l’existence. Ce sens, Nicolas Sarkozy le frôle au détour d’une page, c’est notre nécessaire symbiose avec la nature, non pour discourir de façon abstraite en répétant les leçons d’un professeur imbu de sa propre discipline, mais pour déterminer le fil directeur de nos pensées, la nécessaire  symbiose avec le support qui nous fait vivre, la Nature.

La Biosphère  nous parle par de nombreux vecteurs, mais nulle part avec autant de clarté, d’exubérance et de détails qu’à travers la Nature et tous ses habitants, du ver de terre à l’éléphant. Aussi pour moi, lorsque nous détruisons des ressources naturelles, nous devons penser que nous n’avons pas le droit d’imposer cela  à nos générations futures – ni à nous-mêmes.

 

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quelques aphorismes

1) Les personnes qui réussissent à donner sens à leur existence sont plus heureuses que celles qui ne font que passer d’un plaisir à un autre. (Le prix du bonheur de Sir Richard Layard) ó « Dans un monde globalisé, chaque individu devrait être amené à se penser non pas comme une personne isolée dans un endroit donné, mais comme un maillon d’une chaîne qui le relie à la nature. » (Michel Loreau)

 

2) Ce qui compte, ce n’est pas ce que la vie te donne, mais ce que toi tu donnes à la vie. (Sir Richard Layard) ó « La richesse et la diversité des formes de vie sont des valeurs en elles-mêmes. » (Arne Naess)

 

3) Le plus grand bonheur réside dans le fait de s’absorber entièrement dans un objectif qui nous soit extérieur. (Sir Richard Layard) ó « Le bien-être et l’épanouissement de la vie humaine et non-humaine sur Terre ont une valeur intrinsèque (en eux-mêmes). Ces valeurs sont indépendantes de l’utilité que peut représenter le monde non-humain pour nos intérêts humains. » (Arne Naess)

 

4) La vertu est à elle-même sa propre récompense. (Sir Richard Layard) ó « De celui qui dans la bataille a vaincu mille milliers d’hommes et de celui qui s’est vaincu lui-même, c’est ce dernier qui est le plus grand vainqueur. » (Bouddha)

 

5) L’homme a été fait pour louer, révérer et servir Dieu, et atteindre, ce faisant, le salut. (St Ignace de Loyola) ó «  Le principal changement idéologique consistera en la valorisation de la qualité de la vie plutôt que de toujours promouvoir un niveau de vie supérieur. » (Arne Naess)

 

6) Donne-moi la sérénité pour accepter les choses que je ne puis changer, le courage pour changer celles que je peux, et la sagesse pour en connaître la différence. (Prière de la sérénité) ó « Je ne désespère pas de l’espèce humaine, mais je ne suis pas entièrement rassurée non plus » (Germaine Tillion, ethnologue, résistante, arrêtée par la gestapo, rescapée du camp de concentration de Ravensbrück)

 

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Chef Raoni

Enfin quelqu’un qui pense juste !!! Un résumé de la pensée de Raoni, chef du peuple indien Kayapo qui vit au cœur de l’Amazonie brésilienne :

 « L’homme blanc est étrange. Il ne prend pas le temps de rêver, de méditer, de célébrer la beauté de la terre, la naissance de l’aube, la douceur de la rivière. Il ne regarde pas les étoiles, il lui faut de l’argent, toujours de l’argent. Il lui faut même payer l’eau dont il se désaltère. Il court jusqu’à sa mort et sa vie lui passe sous le nez. Il survit dans un monde qui est pour nous incompréhensible. Dans les villes il y a trop de voitures, trop de gens, on ne peut pas respirer. Il me semble que l’homme blanc ne sait pas qui il est. Dans les années 1980, nous avons fait confiance aux Blancs qui avaient délimité notre réserve. Et puis sans prévenir, ils ont construit une route au milieu. Elle a apporté la maladie, les enfants ont commencé à mourir de la grippe. En principe notre territoire est protégé par la loi, mais il est très difficile de le contrôler. Les bûcherons, les chercheurs d’or et les fermiers blancs ne respectent pas la loi. Il leur faut de la terre, encore de la terre, toujours de la terre. Ils la fouillent comme des cochons, ils souillent l’eau avec le mercure, ils tuent le gibier pour le plaisir. Nous ne sommes pas des spécimens pour anthropologues, ni de nobles sauvages. Nous voulons simplement être libres d’être ce que nous sommes. Nous avons vécu pendant des milliers de lunes sans l’homme blanc. Notre mode de vie est le résultat d’une longue tradition qui nous a conduits à connaître chaque plante et chaque animal de la forêt. Et par là, à les respecter.  

« Nous pouvons beaucoup vous apprendre sur la façon de vivre en harmonie avec la nature. La nature est comme l’homme, le sol est sa peau, les forêts sont ses cheveux et les rivières sont ses veines. Nous respirons tous un seul air. Nous buvons tous une seule eau. Nous vivons tous sur une seule terre. Nous devons tous la protéger. La sauver, c’est nous sauver nous-mêmes. »

Quand un humain parle aussi bien de la Biosphère, il n’y a rien à ajouter…

 

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David Selby, faire partie de la nature

Enfin quelqu’un qui pense juste !!! Un résumé de la pensée de David E.Selby, professeur en sciences de l’éducation à Plymouth (Grande-Bretagne) :

« Dans The Sense of Wonder, Rachel Carson nous rappelait dès 1956 que l’enfant comprend et détient une vérité que les adultes oublient trop fréquemment : nous faisons tous partie de la nature. L’enfant a aussi besoin de la compagnie des adultes pour partager  le sens du merveilleux avec lui. Mais aujourd’hui les écoles sont les cathédrales d’un esprit mécaniste et fragmentaire, elles jouent un rôle dominant dans l’érosion de la perception de l’écheveau du vivant. Le cursus scolaire est subdivisé en disciplines distinctes, l’enseignement de la compétition individuelle est la norme. L’école ne sait pas généralement fournir à l’enfant  l’opportunité d’apprendre dans et par son environnement naturel. Ce  faisant, nous oublions l’exhortation de Rachel Carson qui soulignait que « pour l’enfant, il importe moins de savoir que de sentir ». Au bout du compte, même le discours environnemental à l’école est arc-bouté sur l’anthropocentrisme. Ainsi tout le discours visant à sauver la forêt tropicale est purement instrumental, « La forêt contient des plantes rares capables de soigner certaines pathologies humaines ». Il évite soigneusement de se baser sur la valeur intrinsèque de cette forêt et des formes de vie dont elle regorge.

« Mais à quoi ressemblerait une éducation biocentrique, centrée sur la vie, holistique ? Premièrement le projecteur se braquerait sur  nos niveaux de consommation parfaitement inéquitables et absolument non viables. Deuxièmement, la prise de conscience que la société humaine fait partie de l’environnement, que l’on doit respecter la nature au lieu de la piller, qu’il existe en toute chose une forme de conscience, que tous les êtres vivants possédant aussi une valeur intrinsèque. Une école soucieuse de la Terre défendrait aussi la convergence des disciplines, organiserait des expériences festives réaffirmant l’intégration de la société humaine dans la nature. De tels enseignements comprendraient un art contemplatif, la danse, des exercices de respiration profonde, la méditation… »

 

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Scott Momaday

Un résumé de la pensée de Scott Momaday, professeur de littérature à l’université d’Arizona, peintre, dramaturge. Enfin quelqu’un qui pense juste !!!

« La révolution technologique a eu, entre autres effets, celui de nous déraciner, de nous arracher au sol. Nous autres Américains, nous sommes désorientés ; nous avons subi une forme de dislocation psychique de l’être. Notre sens de l’ordre naturel s’est émoussé et n’est plus fiable. Comme la nature sauvage elle-même, la sphère de nos instincts s’est rétrécie en proportion. Nous avons tous adopté une attitude d’indifférence envers la terre. Et cependant je crois qu’il est possible de formuler une conception éthique de la terre (de la Biosphère ?), une idée de ce qu’elle doit être dans notre quotidien. » (…)

« Nous sommes ce que nous imaginons être. Il y a depuis fort longtemps dans la vision du monde de l’indigène d’Amérique la conviction profonde que la terre est vivante, qu’elle a une dimension spirituelle, une dimension dans laquelle l’homme trouve sa  juste existence. Dans la mesure où je suis inclus dans la terre, il est approprié que je m’affirme dans l’esprit de la terre. Je dois célébrer ma vie dans le monde physique et  le monde dans ma vie. Tout au contraire dans la société actuelle, nous concevons la terre en termes de propriété et d’usage. C’est une valeur d’échange dépourvue de toute vie ; elle n’a pour la plupart d’entre nous pas plus de spiritualité qu’une automobile ou un réfrigérateur. Nous pouvons acheter et vendre la terre, nous pouvons en exclure autrui, en être exclu par lui et, dans le cadre de la propriété, nous pouvons en user comme bon nous semble. En ce qui concerne l’usage, à l’évidence l’Indien utilise et a toujours utilisé la terre et les ressources qu’elle offre. Mais en tant qu’Indien, je pense : « Vous dites que j’utilise la terre, et je vous réponds oui, c’est vrai ; mais ce n’est pas la vérité première. La vérité première, c’est que j’aime la terre ; je constate qu’elle est belle ; en elle, je me réjouis ; en elle, je suis vivant. »

 

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