spiritualités

Benoît XVI adepte de l’ordre moral

Le pape Benoît XVI fait de la politique, il demande aux gouvernements de prendre en compte la conception catholique de la famille*. Mais cette conception est relative, il n’y a pas de modèle biblique de la famille. La Bible couvre plusieurs siècles d’histoire et  présente des hommes et des femmes vivant selon des modèles familiaux très différents : Abraham, David, Joseph et Marie, etc. Au travers des portraits de famille qui nous sont brossés, le meilleur y côtoie le pire ! C’est pourquoi B.16 ne se réfère pas au texte sacré, il s’exprime ainsi dans son homélie en Espagne : « L’Église s’oppose à toute forme de négation de la vie humaine et soutient ce qui promeut l’ordre naturel dans le cadre de l’institution familiale. » L’ordre naturel !? Quèsaco ?

                Avant même d’être pape, Josef Ratzinger s’en prenait violemment à la « dictature » du relativisme en tant qu’attitude qui ne reconnaît rien comme définitif. Mais pour le philosophe Flores d’Arcais, la prétention de l’Eglise à justifier sa morale particulière par une loi naturelle qui n’existe pas, à considérer sa propre norme comme une « vérité » et à rejeter le pluralisme démocratique explique les errements passés (inquisition, guerre de religions…) et l’inadaptation actuelle de l’Eglise au monde moderne. Car « l’ordre naturel » selon B.16 n’est en réalité qu’un ordre moral défini de façon unilatérale par un pape qui se croit doté d’infaillibilité.

Tout est culturel en matière de société humaine, il n’y a pas d’ordre naturel. Par contre il y a des lois de la Nature qu’il nous faut chercher à tâtons de façon démocratique. Nous avons bafoué ces lois en créant le réchauffement climatique et en détériorant la biodiversité. La tâche de Benoît XVI  devrait être la protection de « Création divine », mais il n’écoute pas les gémissements de la création. Le pape préfère gémir sur « la vie des enfants depuis le moment de leur conception ». Ce pape n’est pas un écolo.

* LeMonde du 9 novembre 2010, Lors de son voyage en Espagne, Benoît XVI a vanté la famille.

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Anne Dalsuet, moraliste de l’écologie

 Les catastrophes environnementales entraînent toujours des effets en cascade sur tous les êtres vivants et notamment sur la manière dont les hommes pourront continuer à habiter cette Terre, s’y nourrir, y travailler, s’y loger, s’y déplacer. Ainsi le réchauffement climatique d’origine anthropique entraîne le déclin du phytoplancton, ce qui met en péril la chaîne alimentaire, humains compris (LeMonde du 31 juillet). Mais notre journal de référence nous offre aussi un approfondissement théorique avec le point de vue d’Anne Dalsuet (p.17), « Il faut édifier une morale de l’écologie, la nature est aussi un sujet éthique à respecter ». Nous ne pouvons que constater le retard de la pensée française dans la prise en charge du questionnement lié à la crise environnementale. Anne Dalsuet propose une morale non anthropocentrée, qui promeuve la nature au rang de sujet à respecter. Cela est possible en reconnaissant une valeur intrinsèque à la nature indépendante de l’intérêt (économique, médicinal ou esthétique) que les être vivants et les écosystèmes représentent pour l’homme. Anne Dalsuet retrouve ainsi l’enseignement de l’écologie profonde définie à la fin des années 1970 par Arne Naess dans le premier point de son manifeste : « L’épanouissement de la vie humaine et non humaine sur Terre a une valeur intrinsèque. La valeur des formes de vie non humaines est indépendante de l’utilité qu’elles peuvent avoir pour des fins humaines limitées. » Cette conception philosophique s’oppose à l’écologie superficielle, autrement dit à l’environnementaliste dominant, que nous retrouvons ainsi définie par Anne Dalsuet : « La régulation est pensée, notamment en France, sur le terrain de l’expertise scientifique, juridique ou politique. »

L’enjeu du débat entre shallow ecology et deep ecology est essentiel. Il s’agit de savoir si les problèmes soulevés par l’écologie ne sont finalement qu’une question technique que le capitalisme libéral pourra régler sans avoir à se remettre en question, ou s’ils impliquent à terme un autre choix de société. L’écologie profonde naît de cette conscience que le monde d’aujourd’hui est un monde « plein », qui porte de part en part la marque de l’homme : plus de frontières à repousser, plus d’ailleurs à conquérir. Toutes les cultures humaines interagissent avec l’écosystème terrestre, toutes sont à même de constater que l’expansion illimitée nuit aux capacités de régénération de notre écosystème. Le point de vue réductionniste de l’écologie superficielle ne représente qu’un aspect des choses qui cède aujourd’hui du terrain devant des schémas de type holiste, fondés sur les notions de complexité, de réciprocité et de causalité circulaire.

L’image du monde qui résulte de l’écologie profonde rompt à la fois avec la conception linéaire du temps et avec la séparation radicale du sujet et de l’objet. Une fois admis que l’homme et la nature sont pris dans un même rapport de co-appartenance, qui les rend inséparables sans pour autant les confondre, il n’y a plus à décider qui, de l’homme ou de la nature, est le sujet ou l’objet de l’autre. Nous sommes par exemple à la fois sujet et objet de la chaîne alimentaire qui commence par le phytoplancton et le zooplancton, « carburants » qui font tourner les écosystèmes marins et qui nous nourrissent comme notre corps nourrira un jour la terre.

Pour en savoir plus, Anne Dalsuet, Philosophie et écologie (Gallimard, 2010)

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objection de conscience et religion

Il en est de la conscience des choses comme pour tout le reste : les humains peuvent penser une chose ou son contraire, en toute bonne conscience. Ainsi l’objecteur de conscience est défini très officiellement comme « celui qui refuse d’accomplir son service militaire ». Cette démarche est bonne, si tout le monde était objecteur de conscience, il n’y aurait plus d’armées, il n’y aurait plus de guerre. Mais LeMonde du 22 juillet utilise cette expression d’objecteur de conscience pour qualifier tous ceux qui en Espagne n’appliquent pas la loi sur l’interruption volontaire de grossesse. L’archevêque de Burgos appelle ses ouailles à la désobéissance civile. Des régions autonomes ont décidé de ne pas appliquer la loi. L’objection de conscience est l’argument généralement mis en avant dans toute l’Espagne pour justifier le faible nombre d’IVG dans les hôpitaux publics. Etc.
Autant la lutte contre la militarisation de la société se comprend, autant une telle attitude des autorités religieuses et publiques ne se conçoit pas. Faire des enfants non désirés constitue un drame familial. Ne pas réguler les naissances c’est faire de la guerre un infanticide différé. Le « droit à la vie », le « Tu ne tueras point » ne sont que slogans religieux qui n’ont pas empêché les Eglises d’appeler aux guerres de religion. Le refus du service armé, ainsi que du serment à l’empereur avait constitué la position officielle de l’Eglise jusqu’en 314, date du Synode d’Arles. Depuis le ralliement à l’empereur Constantin, les Eglises sont unanimes à reconnaître, en cas de conflit entre un citoyen et l’Etat, une présomption de droit en faveur de ce dernier. Le temps a passé, des centaines d’années de guerres et de souffrances. Seuls quelques mouvements isolés comme les Anabaptistes ont préservé une réelle objection de conscience. Si l’Eglise réformée de France affirma en 1948 la légitimité de l’objection de conscience et réclama un statut pour les objecteurs, il fallut attendre le concile Vatican II pour voir l’Eglise catholique se pencher sur ce problème. Et encore, la recommandation adoptée déclarait simplement qu’il semblait « équitable que les lois pourvoient humainement au cas des objecteurs de conscience ».
En résumé, l’Eglise catholique se pose un cas de conscience en matière d’avortement et lutte contre une loi espagnole démocratiquement promulguée, mais ne s’est jamais posé de cas de conscience en faveur de ceux qui veulent une société pacifique et désarmée. L’obscurantisme religieux est le plus terrible car il repose sur un acte de foi, non sur un raisonnement élaboré en toute conscience.

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Sexe, Nature, religions et spécisme

Les femmes ont été longtemps infériorisées, que ce soit dans leur droit de travailler, de voter, de s’habiller, de baiser et d’avorter, ou de représenter Dieu. Pourtant en 1949, Simone de Beauvoir constatait dans Le deuxième sexe qu’« on ne naît pas femme, on le devient ». Depuis ce diagnostic, qui n’a jamais été démenti depuis, on sait que la nature de la femme ne dit rien de son statut par rapport à l’homme : le comportement humain est déterminé par un conditionnement culturel. La même année 1949, Elisabeth Schmidt était consacrée pour la première fois pasteur dans l’Eglise réformée de France. Pourtant depuis plus de 2000 ans la Bible n’autorisait ni n’interdisait à une femme d’être pasteur. Aujourd’hui encore l’Eglise d’Angleterre, ébranlée par des divisions internes sur l’ordination possible des femmes et des homosexuels, vient de rejeter une proposition visant à autoriser la consécration de femmes évêques dans le pays (lemonde.fr du 11 juillet). Ni dieu, ni la nature ne disent rien du statut des femmes, et on ne peut même pas faire confiance à la démocratie.

En effet le système démocratique ne dit rien a priori sur l’égalité ou non entre les êtres vivants. La démocratie est un lieu vide où on peut mettre n’importe quoi du moment que cela résulte d’une délibération collective. La lutte pour l’égalité entre hommes et femmes est un exemple de ce perpétuel combat. Le leader des Anglicans n’a pas convaincu le synode général : la maison des évêques et la maison du laïcat ont voté en faveur des femmes, c’est pourtant la maison du clergé qui l’a emporté. L’Eglise du Pays de Galles s’était déjà prononcée contre l’idée de femmes évêques en 2008. L’Eglise épiscopale écossaise autorise depuis 2003 les femmes à devenir évêques, mais aucune n’a encore accédé à cette fonction. La démocratie va dans tous les sens ! Sur ce blog, nous ne comprenons pas cette discrimination entre hommes et femmes : la différence des sexes ne peut pas faire l’inégalité. Mais nous ne  comprenons pas non plus l’idée de supériorité de l’espèce humaine par rapport aux autres formes de vie.

C’est par analogie avec le sexisme que le spécisme a été défini en 1970 par Ryder comme une discrimination selon l’espèce. Cela consiste à assigner différents droits à des êtres sur la seule base de leur appartenance à une espèce. Le spécisme, comme toute conception de l’inégalité, commence dès l’enfance. On ne naît pas femme. Et si nous mangeons de la chair animale, de l’autre côté on développe l’attachement envers des animaux de compagnie. Certaines espèces se caressent, d’autres sont tuées, parfois se sont d’ailleurs les mêmes. Mais dès lors qu’on reconnaît qu’il y a unité du vivant, la stratégie cartésienne de supériorité de l’homme sur les autres espèces ne fonctionne pas. Aucune comparaison des différences n’implique une hiérarchie : on peut étudier des différences et des parentés, mais non pas construire une hiérarchie téléologique. Il faut le répéter encore une fois : toutes les espèces qui vivent aujourd’hui sont nos contemporains, issues du même processus d’évolution. Nous pouvons faire des différences entre les hommes et les femmes, entre les noirs et les blancs, entre les humains et les végétaux, mais il n’y a pas en soi d’inégalités entre les espèces, pas de supériorité en soi de l’espèce humaine. Un vrai démocrate devrait aimer l’humanité, aimer toute la Création, aimer toutes les formes de vie, ne pas ressentir de sentiment de supériorité. Le système démocratique fonctionnerait bien mieux s’il en était ainsi…

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l’impuissance doctrinale de Benoît XVI

L’Eglise est foutue, mais le pape ne le sait pas encore. Benoît XVI lance un conseil pontifical à l’offensive pour une nouvelle évangélisation. Mais ce nouveau ministère n’a pas encore de feuille de route (LeMonde du 2 juillet). Pas étonnant ! Car de quoi peut encore témoigner le catholicisme ? Si les chrétiens, aux trois premiers siècles de l’Eglise, ont en conséquence de leur non-violence refusé le service des armes, leur ralliement à l’Etat constantinien, à partir du IVe siècle, les a conduit à considérer la guerre comme « un moindre mal . Depuis, l’Eglise s’est toujours rangée aux côtés du pouvoir, quel que soit le pouvoir. Surtout le catholicisme, comme les autres religions du Livre, repose sur une analyse fausse de la place des humains dans la biosphère.

John Muir au XIXe siècle analysait ainsi les interprétations de la Bible : « Beaucoup de gens se font une idée tranchée des intentions du Créateur : il est considéré comme un homme à la fois civilisé et respectueux de la loi, adepte soit d’une monarchie limitée soit d’un gouvernement républicain ; c’est un chaud partisan des sociétés missionnaires ; c’est enfin purement et simplement un article manufacturé comme n’importe quel pantin d’un théâtre à deux sous. Le monde, nous dit-on, aurait été formé spécialement pour l’homme – présomption que les faits ne corroborent pas toujours. Avec de pareilles idées du Créateur, il n’est pas surprenant qu’on ait une conception erronée de la création. Pour les gens « comme il faut », les moutons sont faits pour nous nourrir et pour nous vêtir. Les baleines sont des dépôts d’huile, instaurés à notre intention pour aider les étoiles à éclairer nos voies obscures en attendant la découverte des puits de pétrole de Pennsylvanie. Le chanvre est un exemple évident de destination dans le domaine de l’emballage, du gréement des navires et de la pendaison des scélérats. »

Aldo Leopold dans son « Ethique (non religieuse) de la terre », proposait en 1949 d’échanger le rôle de conquérant, tenu par homo sapiens vis-à-vis de la communauté biotique, non contre le rôle de vice-roi ou d’intendant, mais contre celui de « membre et citoyen à part entière ». Il écrivait : « L’écologie n’arrive à rien parce qu’elle est incompatible avec notre idée abrahamique de la terre, Nous abusons de la terre parce que nous la considérons comme une marchandise qui nous appartient. Si nous la considérons au contraire comme une communauté à laquelle nous appartenons, nous pouvons commencer à l’utiliser avec amour et respect. » Lynn White imputait en 1967 les racines historiques de notre crise écologique à la vision du monde judéo-chrétienne. Selon la Genèse les êtres humains, seuls de toutes les créatures, furent créés à l’image de Dieu. Il leur fut donc donné d’exercer leur supériorité sur la nature et de l’assujettir. Deux mille ans de mise en œuvre toujours plus efficace de cette vision de la relation homme/nature ont abouti aux merveilles technologiques et à la crise environnementale du XXe siècle.

Benoît XVI pourra créer autant de conseils pontificaux qu’il voudra, il n’est pas en mesure de nous aider à faire face aux gémissements de la « Création » tant qu’il continuera à donner une place centrale à l’Homme, comme s’il était semblable à un Dieu.

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écologisme et carême

Le carême est ce temps de pénitence consacré à la préparation de Pâques et s’étendant du mercredi des Cendres (17 février 2010) au jeudi saint, soit quarante jours. Alina Reyes respecte ce rite en conformité à sa religion chrétienne : « Ce n’est pas moi qui vis, c’est le Christ qui vit en moi ». Nous, biosphere, faisons d’abord remarquer  que cette pratique du jeûne et de la modération n’est pas respectée par la majorité des chrétiens, dommage. Ensuite nous avons lu (Bonne entrée en carême, LeMonde du 28 février-1er mars 2010) qu’Alina Reyes ne parlait à aucun moment d’écologie. Dommage ! Car l’ascèse, la limitation des besoins, est un mot d’ordre de l’écologisme. Le jour où les adeptes des religions du Livre, qui normalement louent la « Création », comprendront que leurs fondements spirituels vont au respect de la biosphère et non à son exploitation éhontée, alors l’écologisme progressera vraiment.

Voici les propos d’Alina Reyes auxquels nous souscrivons : « Il ne saurait y avoir de spiritualité sans ascèse. Donner, jeûner participent du même mouvement : se priver, dégager de la place en soi pour l’espace intime où peut se déployer la vie, la rencontre réelle. Aller à l’Essentiel. Dans l’ascèse, nous apprenons le contentement, Se contenter de peu, sagesse universelle. L’abondance et la facilité nous divertissent et nous paralysent, nous rendent incapables d’aller au bout de l’amour. Se priver un temps de divertissement, de viandes, de sucreries, d’alcools, on croit que c’est difficile, mais il suffit de s’abandonner à le faire, pour s’apercevoir que ce n’est rien. Par l’exercice du manque, l’ascèse abolit le manque. Abolit la séparation entre le désir et son accomplissement. Pour s’apercevoir qu’on a gagné beaucoup en liberté, et donc en possibilité d’aimer vraiment.

Pas d’Internet ni de télévision. Ces forces de divertissement, ces forces séductrices, qui veulent nous faire oublier la mise à mort qu’elles opèrent sur nous. Parfois je me dis : il faudra que j’allume la radio pour les informations. Mais j’oublie toujours. Pourquoi donc être en permanence branché sur les misères du monde ? Les misères du monde sont le divertissement caché de l’homme moderne. Et dans ses divertissements affichés, éclate la misère. Plus je me gave d’informations, plus elles font écran à une perception profonde, à une compassion réelle. »

 

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Caritas veritate

Benoît 16 se lâche dans sa dernière encyclique (LeMonde du 8 juillet), biosphere se fâche :

Benoît : « Un humanisme sans dieu est inhumain »

Biosphere : L’esprit surnaturel, c’est ça qui a tout foutu en l’air, le théisme qui a envoyé notre esprit, notre nature humaine, dans l’abstraction céleste d’un dieu surnaturel. L’illusion, c’est l’esprit tel qu’il est perçu en Occident : une abstraction coupée de la nature. (Lama Denys Rinpoché)

Benoît :  « L’homme, premier capital à sauvegarder »

Biosphere : Les droits de l’humanité cessent au moment où leur exercice met en péril l’existence d’autres espèces. Le droit à la vie et au libre développement des espèces vivantes encore représentées sur la terre peut seul être dit imprescriptible, pour la raison très simple que la disparition d’une espèce quelconque creuse un vide, irréparable, à notre échelle, dans le système de la création. (Lévi-Strauss)

Benoît :  Le pape s’inquiète de « l’état écologique de la planète », dans un environnement « donné par Dieu ».

Biosphere : Savez-vous que Spinoza a été banni de la synagogue d’Amsterdam et qu’il est également considéré comme hérétique par les chrétiens et les musulmans ! Qu’a-t-il bien pu dire qui fasse l’unanimité des trois religions du Livre contre lui ? Il a dit que la racine la plus profonde de la servitude humaine se trouve dans ce préjugé que la Création est une séparation, parce qu’alors toute réunification ne peut être que le fruit d’une médiation. Et l’intermédiaire, c’est toujours un clergé. Mais si Dieu est la Nature et si donc la Nature est Dieu, il n’y a pas de séparation et aucune raison d’instaurer une médiation. Par conséquent, toutes les hiérarchies ecclésiastiques sont des usurpations de pouvoir. (Jean-François Malherbe)

Benoît : « C’est la raison obscurcie de l’homme qui produit ces conséquences (échecs de la mondialisation), non l’instrument lui-même. »

Biosphere : La foi concourt à étouffer la liberté d’investigation et les conséquences émancipatrices que celle-ci pourrait apporter.

Benoît : « L’athéisme soustrait aux citoyens la force morale et spirituelle du développement humain »

Biosphere : Napoléon voulut savoir pourquoi dieu n’apparaissait pas dans les calculs époustouflants de Laplace. Celui-ci laissa tomber cette réponse réfléchie : « Je n’ai pas besoin de cette hypothèse, Sire. »

Benoît : le pape prône un « humanisme intégral »

Biosphere : C’est Lévi-Strauss qui nous montre la voie de l’unité conceptuelle, celle d’un humanisme élargi. En s’intéressant aux dernières civilisations encore dédaignées – les sociétés dites primitives – l’ethnologie fit parcourir à l’humanisme sa troisième étape. Par de sages coutumes que nous aurions tort de reléguer au rang de superstitions, les sociétés sans écriture limitent la consommation par l’homme des autres espèces vivantes et lui en imposent le respect moral, associé à des règles très strictes pour assurer leur conservation.

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infaillibilité pontificale

« Pour la gloire de Dieu notre Sauveur, nous enseignons comme un dogme révélé de Dieu : le Pontife romain, lorsqu’il parle ex cathedra, jouit de cette infaillibilité dont le divin Rédempteur a voulu que fût pourvue son Église, lorsqu’elle définit la doctrine sur la foi et les mœurs. Si quelqu’un, ce qu’à Dieu ne plaise, avait la présomption de contredire notre définition, qu’il soit anathème » (1er concile du Vatican — 18 juillet 1870). C’est avec cet état d’esprit que les nouveaux hussards du pape appellent à manifester pour soutenir Benoît 16 puisqu’un pape ne peut se révéler irresponsable quand il maudit le préservatif  : « Le rôle des catholiques consiste à comprendre ce que veut le pape, pas à crier avec les loups » (LeMonde du 4 avril). Pourtant aucun dieu de la compassion n’aurait voulu qu’une personne puisse s’exprimer de façon dogmatique sur le port du préservatif et la contraception.

Vanitas vanitatum, et omnia vanitas. Vanité des vanités, tout n’est que vanité, particulièrement personnifiée en la personne du pape Benoît 16. Le mouvement « pro-vie » signifie en fait « pro-vie humaine ». Chez beaucoup d’esprits embrouillés, un zygote monocellulaire humain, dépourvu de nerfs et donc incapable de souffrir, est infiniment sacré pour la simple raison qu’il est « humain ». Aucune autre cellule ne jouit d’un statut aussi élevé. En fait le pape et ses groupies sont exemplaires d’une tradition religieuse anthropocentrique : l’interdiction de la contraception ne repose sur aucune parole divine, et elle n’a aucun fondement rationnel. Les humains, même infaillibles, peuvent vraiment raconter n’importe quoi…

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manuel d’athéisme

Sous le titre  « Reste l’inexplicable mystère », Stéphanie Le Bars commente ainsi le dernier livre de Christopher Hitchens Dieu n’est pas grand : « Aussi argumenté soit-il, son ouvrage laisse inexpliqué le mystère qui porte des millions de personnes à croire ». Stéphanie a mal lu.

– La raison fondamentale de l’esprit religieux selon Hitchens, c’est la bêtise humaine : « Il n’y a rien de dédaigneux à souligner que les gens manifestent leur crédulité, leur instinct grégaire et leur besoin d’être dupés. C’est un problème vieux comme le monde. La crédulité peut être une forme d’innocence, inoffensive en soi, mais elle invite les méchants et les malins à exploiter leurs semblables. Elle est donc l’une des grandes faiblesses de l’humanité. Aucune description de l’expansion et de la persistance de la religion n’est possible sans tenir compter de cette réalité. »

– Ensuite vient notre capacité à bâtir des mondes imaginaires : « Il semble possible, en se plaçant sur un plan psychologique, qu’il soit préférable pour certains de croire en quelque chose plutôt qu’en rien, si erroné que ce quelque chose puisse être. »

– Nous pouvons ajouter la récupération de ce besoin par quelques-uns : « Les religions n’auraient jamais pu naître, et encore moins prospérer, sans l’influence d’hommes aussi fanatiques que Moïse, Mahomet ou Joseph Kony » (…)  « Dieu n’a pas créé l’homme à sa propre image. C’est bien sûr l’inverse » (…) Une preuve que la religion est anthropomorphique, c’est qu’elle est généralement élaborée par l’homme, au sens masculin du mot » 

– Mais l’explication principale de la résistance de la croyance aux Lumières, c’est le syndrome de la soumission volontaire : « La posture lors d’une prière évoque généralement le serf suppliant un monarque acariâtre. C’est un message de soumission » (…) « Presque toutes les religions, du bouddhisme à l’islam, présentent un prophète ou un prince qui s’identifie aux pauvres, mais qu’est-ce sinon du populisme ? Les religions choisissent de s’adresser d’abord à la majorité, qui se compose de pauvres, d’angoissés et d’incultes » (…) 

– Cette soumission n’a lieu que parce les religions nient le libre-arbitre : « Toutes les religions prennent soin de réduire au silence ou d’exécuter ceux qui les remettent en question » (…) « Le totalitarisme laïque nous fournit le summum du mal humain. Mais on constate presque invariablement que ces dictateurs étaient considérés comme des dieux, ou des chefs d’église. On ne leur devait pas que l’obéissance : toute critique à leur encontre était sacrilège par définition, leur moindre parole constituait une loi sacrée »

En définitive, nous serions plus proche de la Biosphère si nous étions athée : « Nous avons toutes les raisons de penser que les choses terrestres sont tout ce que nous avons et aurons jamais. »

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Eglise sectaire

Benoît 16 a toujours vécu dans un milieu ecclésiastique. Il a très peu voyagé, il est resté enfermé au Vatican où il est préservé des critiques. Il défend l’idée du petit troupeau, comme les intégristes. L’église risque donc de devenir une secte. C’est le point de vue d’Hans Küng, auquel le Vatican a retiré le droit d’enseigner la théologie car il prônait aussi bien la fin du célibat des prêtres que l’ouverture sur la contraception (LeMonde du 25 février). Hans Küng a compris les mouvements de contestation de 1968, Joseph Ratzinger s’était au contraire figé dans son dogme. Hans Küng rêve d’un rapprochement entre les religions susceptible de créer une éthique universelle applicable autant aux rapports sociaux qu’à l’environnement. Il rêve.

            Jamais une religion révélée ne pourra permettre l’unité de l’espérance humaine. Il faut au contraire bâtir une nouvelle éthique enracinée dans nos conditions objectives d’existence, la Biosphère. Voici quelques pistes de réflexion possible :

 – L’homme sait que pour que les hommes vivent, il faut que la terre soit honorée. Comme une mère !

– Tant que l’humain et la nature ne seront pas placés au cœur de nos préoccupations, l’évolution positive de l’histoire est impossible.

– Les religions devraient être au front de l’écologie. Toutes proclament que notre planète est l’œuvre du créateur, mais aucune ne s’offusque de la voir polluée et détruite. Il y a là une sacrée contradiction.

– Il pourrait y avoir une magnifique plate-forme entre les religions qui pourraient s’entendre autour de ce dénominateur commun : protéger la terre, l’eau, la planète, la vie ; honorer « l’œuvre divine ».

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respect de la vie humaine

Quelques milliers de personnes ont défilé à Paris le 25 janvier pour demander l’alignement des législations européennes sur le « respect de la vie humaine ». En clair, ils veulent interdire l’avortement et l’euthanasie. A l’heure où leur pape décide la réintégration des évêques intégristes, on voit bien la correspondance qui existe entre rétrogrades. Approfondissons cette idée de « respect de la vie humaine » avec plus de clairvoyance.

Oui, il faut être contre l’armée qui utilise des armes pour détruire la vie humaine. Oui, il faut être contre la bombe atomique, la plus destructrice en vie humaine. Oui il faut être contre les inégalités qui détruisent des vies humaines par l’appauvrissement. Mais il faut aussi être pour la régulation des naissances car une population trop nombreuse entraîne guerres et famines. Il faut être aussi pour le droit de mourir dans la dignité car à quoi sert une vie inutile à soi-même.

Dans le catéchisme pour adultes des évêques de France, on ne trouve que des présupposés, «  Puisque l’homme est créé à l’image de Dieu, la vie revêt un caractère sacré. » ou des contradictions « La vie terrestre n’est pas un absolu, comme en témoignent les martyrs. » Quant aux Evangiles,  ils ne disent rien sur l’avortement et l’euthanasie. Les intégristes qui ont défilé dans les rues de Paris ne connaissent rien à la vraie foi, celle qui respecte la vie des humains et des non-humains, celle qui sait que pour permettre une vie durable, il faut parfois tuer à bon escient, celle qui sait que pour avoir une vie digne, il faut parfois choisir d’abréger sa propre vie. 

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Contradictions

Contradiction, contradiction, tout n’est que contradiction. Chaque numéro du Monde apporte son lot de désillusions, ainsi celui du 6 janvier. Pour se développer, le Groenland va installer une usine géante de production d’aluminium en 2015, mais cela se fera au détriment du climat. La pilule est un moyen de libérer la condition féminine, mais le Vatican dénonce ses effets dévastateurs sur l’environnement. En fait nos contradictions découlent nos croyances actuelles.

L’usine d’aluminium va augmenter de 75 % les rejets groenlandais de gaz à effet de serre. Le Groenland va produire de l’aluminium pour le monde entier puisque sa population de 56 000 habitants n’a pas besoin des 360 000 tonnes produites annuellement par la future usine. Alors pourquoi exporter de l’alu ? Parce que l’industrie de la pêche, qui représente 90 % des exportations, est vulnérable à cause du réchauffement climatique, réchauffement lui-même provoqué par l’émission de gaz à effet de serre. On tourne donc en rond, le diable se mort la queue.

Le Vatican croit au diable et ne veut pas de contraception chimique. Mais il ne veut pas non plus qu’on enveloppe sa queue. Nos papes considèrent l’encyclique Humane Vitae, qui interdit depuis quarante ans aux catholiques l’usage de la pilule et du préservatif, comme prophétique. Selon l’Osservatore Romano, la pollution environnementale serait due aux « tonnes d’hormone » relâchées « dans la nature » à travers les urines des femmes qui la prennent. Les scientifiques considèrent cette position cléricale comme inepte car « une fois métabolisées, les hormones contenues dans les contraceptifs oraux n’ont plus aucun des effets caractéristiques des hormones féminines ». De toute façon le Vatican ne croit pas à la surpopulation humaine, il ne considère pas que la capacité de charge de la planète est déjà dépassée, il ne considère que ce qui est péché pour les détraqués du sexe qui dirigent l’Eglise actuelle.

 Sous prétexte de croyances en l’importance de nos croyances, qu’elles soient religieuses ou croissancistes, nous détruisons allègrement les possibilités de vie des générations futures. Alléluia !

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choc des civilisations

Le politologue Samuel Huntington vient de mourir (LeMonde du 30 décembre). Dans Le choc des civilisations (1996), Huntington envisageait un monde où se développeraient des rivalités et des conflits d’ordre culturel, on peut même dire cultuel : pour Samuel Huntington, les civilisations se définissent par rapport à leur religion de référence, le christianisme, l’islam, le bouddhisme, etc. Du point de vue d’Huntington, le système international, autrefois fondé sur la polarité des puissants blocs soviétique, américain et du tiers monde, est en transition vers un nouveau système composé de huit civilisations principales : occidentale, japonaise, confucéenne, hindoue, islamique, slavo-orthodoxe, latino-américaine, et — « peut-être », dit le théoricien — africaine. En fait, il confond groupe d’appartenance et civilisation, en assurant par exemple que tous les musulmans appartiennent à un vaste groupe ethnique dont les valeurs primordiales les conduit à persécuter inévitablement les hérétiques, à voiler les femmes et à établir des régimes théocratiques.

            Si on compulse le même numéro de mon quotidien préféré, on s’aperçoit très vite de la multiplicité des constructions idéologiques d’une origine récente, de synthèses mouvantes devant des évènements changeants. Dans le conflit israélo-palestinien, à Gaza il y a le Hamas ou mouvement de la résistance islamique. Mais du coté du Liban, il y a le parti de Dieu, le Hezbollah. Entre les deux en Cisjordanie il y a aussi le Fatah ou mouvement de libération de la Palestine. En Egypte les Frères musulmans poursuivent leur propre voie. En Somalie, un groupe sunnite pro-gouvernemental s’oppose par les armes au mouvement extrémiste musulman Al Chabaab. Le monde occidental n’a plus de bases religieuses stables, chaque individu vaque au gré de ses désirs. Le monde musulman n’a plus de bases religieuses stables, chaque groupe militant poursuit son propre combat.

 Je rappelle mon intime conviction. Nous tous habitants de cette planète, nous avons absolument besoin d’un nouveau sermon sur la Montagne qui édicte de nouvelles règles pour tenter de vivre en bonne entente avec la Terre ; car nos dieux, c’est  le lever du soleil qui apporte l’énergie de la vie aux plantes, l’eau qui ruisselle et étanche la soif de toutes les espèces, l’équilibre des écosystèmes… Alors la bible et le coran nous paraîtront désuets, inadaptés, mensongers.  Alors le conflit israélo-palestinien nous apparaîtra pour ce qu’il est, le témoignage de l’impasse historique où nous a mené un passé ethnicisé. Une seule philosophie préfigure un tel dépassement du choc des cultures, celle de l’écologie profonde. Reste la question actuelle, laïque et non religieuse : si j’ai des blindés à ma porte qui veulent forcer l’entrée, qu’est-ce que je fais ?

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quelle religion pour le XXIe siècle ?

Une religion lie et rassemble autour de valeurs fondamentales. Nous ne pouvons donc vivre en harmonie sociale sans référence à une religion qui apporte une cohérence au monde et le maintien de cet ordre. Mais la mondialisation libérale a fait éclater toutes les valeurs communautaires, y compris les religions qui se détachent maintenant de leurs territoires et de leur culture d’origine. Les religions qui recrutent prennent de nouvelles formes, le salafisme issu de l’islam, ou l’évangélisme, composé de variantes des christianismes. Les fondamentalismes, partisans d’un retour aux origines et d’une lecture littérale des textes sacrés, sont virulents. Ils dénoncent les faux dieux, l’argent, le matérialisme, l’individualisme. Ils sont contre l’avortement ou les mécréants parce que « c’est la loi de Dieu » (LeMonde du 21-22 décembre, Les religions à l’épreuve de la mondialisation).

Mais la mondialisation poursuit son chemin et diffuse ses marchandises standardisées même dans les endroits les plus reculés. S’arrêter dans le désert, c’est souvent boire du coca cola. La Nature est oubliée, profanée, recouverte par les villes et le goudron. Aujourd’hui l’homme est toujours, plus que jamais, l’ennemi de l’homme, non seulement parce qu’il continue à se livrer au massacre de ses semblables, mais aussi parce qu’il scie la branche sur laquelle il est assis : l’environnement naturel. Dès 1936, Bernard Charbonneau rédigeait un manifeste de 53 pages Le sentiment de la nature, force révolutionnaire. Il affirmait l’urgence de mettre la question de la nature et de sa protection au cœur de la politique. Il concluait à la nécessité d’inventer un rapport non industriel à la terre, indispensable pour assurer la reproduction des ressources naturelles, le maintien des sociétés locales et l’épanouissement des individus. Les religions classiques ne nous sont d’aucun secours : « En définitive, quand nous adorons Dieu, là-haut dans les cieux, nous faisons le malheur des humains. »

James Lovelock dans La revanche de Gaïa constate que les religions du livre ne nous ont pas donnés de règles et de conseils pour vivre en harmonie avec Gaïa (la Terre). En vérité la foi en dieu (ou la confiance dans notre technique) passe à côté d’une réalité : notre dépendance. Maintenant que nous sommes plus de six milliards d’individus affamés ou avides, aspirant au style de vie des pays développés, c’est-à-dire à la vie urbaine, nous empiétons de plus en plus sur le domaine de la Terre vivante. Si nous ne prenons pas soin de la Terre, elle nous rendra indésirables. Les croyants feraient bien de porter un regard neuf sur notre demeure terrestre et y voir un lieu saint, partie intégrante de la Création, mais que nous avons désacralisé. James Lovelock ajoute que nous pourrions, si nous le voulions, faire de Gaïa une croyance instinctive, en familiarisant nos enfants avec la nature, en leur expliquant son fonctionnement et en leur montrant qu’ils font partie d’elle.

Les évangélistes et les salafistes ont absolument besoin d’un nouveau sermon sur la Montagne qui édicte de nouvelles règles pour tenter de vivre en bonne entente avec la Terre. Les futurs croyants assimileront la Biosphère à la Création divine, et sa profanation sera condamnée. Certains parlent déjà sérieusement de crimes contre l’environnement. La bible et le coran nous paraîtront désuets, inadaptés, mensongers ; nous préférerons lire dans le livre de la Nature. Car nos dieux, c’est  le lever du soleil qui apporte l’énergie de la vie aux plantes, l’eau qui ruisselle et étanche la soif de toutes les espèces, l’équilibre des écosystèmes…

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ADMD versus Axel Kahn

Dans son dernier livre, Axel Kahn critique sévèrement l’ADMD (association pour le droit de mourir dans la dignité) pour l’usage qui est fait du concept de dignité : «  Cela signifie-t-il qu’il existe des gens qui meurent dans l’indignité ? Quels sont-ils ? Les grands vieillards ? Les personnes atteintes de la maladie d’Alzheimer ? Sont-ce là des citoyens indignes ? » Il est tellement ulcéré qu’il propose de compléter ainsi la Déclaration universelle des droits de 1789 : «  Tous les hommes naissent et demeurent libres et égaux en dignité et en droits. » (LeMonde du 26 novembre)

Le problème, c’est qu’Axel Kahn ne peut pas définir le concept de dignité parce que c’est indéfinissable. Il n’y a aucun caractère sacré de la vie humaine, il n’y a aucune définition avérée de la dignité de la personne humaine et de son caractère intouchable ; le droit de tuer est une constante de l’humanité que ce soit par l’intermédiaire de la peine de mort ou des guerres, des avortements légaux ou illégaux, sans parler des infanticides pratiqués en toute normalité dans certaines sociétés premières. Ni Axel Kahn, ni la religion ne peuvent dicter leur loi à une société démocratique qui définit de façon relative les normes qui la guident. En France, le programme présidentiel 2007 du parti socialiste était même explicite : « Nous saisirons le Parlement d’un projet de loi Vincent Humbert sur l’assistance médicalisée pour mourir dans la dignité. » La Biosphère te donne la vie, la croissance, la maturité, le déclin et te retire de toute façon le droit de continuer à vivre. A toi de répondre personnellement et politiquement à la question centrale de la philosophie : à quel moment la vie n’est-elle plus digne d’être vécue ?

Mais n’attends pas ton Alzheimer qui t’empêcherait de rédiger ton testament de fin de vie : « Sain de corps et d’esprit, je déclare ce jour que je n’accepte pas les soins palliatifs qui ne serviraient qu’à me maintenir en vie et non à me réinsérer dans la société. Je déclare accepter par avance une euthanasie passive si la conscience morte de mon cerveau m’empêche de percevoir mon état de légume humain. J’exige le droit  à l’euthanasie active si j’estime en toute conscience que ma vie ne vaut plus la peine d’être prolongée. »

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Yes, we can !

Barack Obama a été élu le 4 novembre, faut attendre les actes. Mais je décrypte aussi ce résultat au travers de la collecte de fonds de la campagne électorale qui a atteint un niveau record (LeMonde du 5.11.2008) : 639 millions de dollars pour Barack contre 360 pour John McCain. Plus grave, les dépenses en publicité de Barack ont atteint 190 millions de dollars contre seulement 75 millions pour John. Les Américains considèrent que soutenir financièrement un candidat est une des formes de la démocratie, je pense au contraire que l’argent fausse le recours à la pensée citoyenne.

Nous n’avons pas normalement besoin de financer des pub pour une personne extérieure à nous-même, le cheminement du choix doit se faire en son for intérieur. La citoyenneté est la qualité d’humains qui pensent qu’ils sont d’abord régis par eux-mêmes alors que la politique-spectacle extériorise le pouvoir. Je trouve très bizarre aux USA une campagne électorale interminable où chacun plante dans son jardin un panneau pour donner son intention de vote sans que cela n’amène la moindre avancée de la pensée politique. Je trouve très choquant cet acharnement à convaincre l’autre au nom de la religion ou de présupposés. Je trouve abominable ces meetings où on se rassemble pour faire foule et réciter des slogans.  Je trouve que la démocratie est à son plus bas niveau quand toute une société veut être menée par un pouvoir charismatique qui repose sur une personnalité qu’on trouve extraordinaire.

 L’élection américaine me fait penser au processus de vote des motions dans le parti socialiste français. On prépare normalement un Congrès d’orientation avec des motions qui présentent des idées. On se retrouve dans un vote militant qui essaye de déterminer quel est le leader qui sera le plus représentatif du Parti. L’idéologie qui mobilise les masses est l’absence d’idéologie. Il suffit de véhiculer quelques symboles le plus simple possible simple, accessible à l’individu, si modeste que soit son bagage culturel. La simplicité est une composante nécessaire de la propagation d’une bonne image du leader. Barack Obama fait répéter en boucle « Yes, we can », Ségolène Royal « Fra-ter-ni-té ». Nous n’en sommes pas encore au « Heil Hitler », mais le processus est le même. Avec un tel type de démocratie-spectacle, je ne crois pas que les humains pourront répondre à la question écologique qui demande à la fois réflexion personnelle et action individuelle.

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Dieu ou Biosphère ?

Dans ses déclarations en France (LeMonde du 15.09.2008), le pape Benoît 16  prend les bâtons pour se faire battre !

 1) Il admet qu’il n’y a pas en soi de parole de dieu, mais seulement un discours humain : « La parole de dieu nous parvient seulement à travers la parole humaine, à travers des paroles humaines » ; « Vue sous un aspect historique, la Bible est un recueil de textes littéraires dont la rédaction s’étend sur plus d’un millénaire et dont les différents livres ne sont pas repérables comme constituant un corpus unifié ». Si Benoît 16 en restait à cet énoncé, il n’y aurait déjà plus de place pour un quelconque dieu biblique. 

 2) Benoît reconnaît que son discours n’est pas partagé par tous : « Le monde greco-romain ne connaissait aucun dieu créateur. La divinité suprême ne pouvait pas se salir les mains par la création de la matière ». Mais le pape s’empresse d’ajouter : « Le dieu de la bible est bien différent : Lui, le dieu vivant et vrai, est également le Créateur ». Notre vénérable pape se contente donc d’une affirmation gratuite, un discours ne vaut pas vérité. Benoît voit un dieu créateur alors qu’il devrait prendre conscience, avec l’évolution de la culture scientifique de l’Europe, que la création de l’univers n’a rien à voir avec l’existence même de l’homme, qui n’est que simple péripétie dans l’évolution du cosmos. En fait le pape est prisonnier du discours de sa caste, l’Eglise catholique.

 3) Par contre, Benoît 16 a un objectif estimable : « Au milieu de la confusion de ces temps, les moines s’appliquaient à trouver ce qui a de la valeur et demeure toujours ; derrière le provisoire, ils cherchaient le définitif ». Mais le pape ne voit que la recherche de Dieu comme fondement de la culture de l’Europe. Il ne comprend pas que l’homme a tout intérêt à se débarrasser des dieux pour mieux se considérer comme élément parmi d’autres de la Biosphère. Si Benoît commence à être préoccupé par l’état de notre planète, il en tire l’idée que « Dieu nous a confié le monde qu’il a créé. Il faudra apprendre à le respecter et à le protéger davantage ». Nous n’avons pas besoin de l’image de dieu pour déterminer ce qu’il faut faire pour sauver la planète. C’est l’Aspo qui nous montre l’arrivée imminente du choc pétrolier, c’est le GIEC qui analyse le réchauffement climatique.

 conclusion : nous ne pouvons pas savoir si dieu existe, de toute façon Dieu n’est pour rien dans la création de la Biosphère. Le pape fait comme les autres, il prend la mesure des dégâts infligés à la Biosphère. Nous n’avons donc pas besoin de la parole papale pour comprendre que l’homme s’est pris pour un dieu et par sa toute puissance a détérioré le milieu qui le fait vivre. Le XXIe siècle ne sera pas religieux, il réussira ou il échouera dans la réalisation par l’homo sapiens d’un agenda 21 efficace. Notre unité sera socio-écologique ou ne sera pas.

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le pape chauffé au photovoltaïque

Le Vatican veut capter l’énergie solaire, « un don inextinguible qui vient d’en haut » (LeMonde du 4.09.2008). Avec ça, la face de la Biosphère va en être changée ! D’autant plus que le responsable du développement des énergies renouvelables rattaché au Vatican fait preuve d’un optimisme forcené : « L’énergie solaire pourrait satisfaire tous les besoins énergétiques de la Terre. » Il a oublié que la voracité de l’homo sapiens est inextinguible, surtout quand il vit dans une civilisation thermo-industrielle.

 Sincèrement, est-ce que vous avez besoin de voir des cellules photovoltaïques sur la coupole de la Basilique Saint-Pierre de Rome pour vous engager dans la lutte écologique ? Sincèrement, est-ce que vous avez besoin de croire en Dieu pour penser que la sincérité vaut mieux que le mensonge, que la générosité vaut mieux que l’égoïsme, que l’amour pour la Biosphère vaut mieux que la destruction de la planète ?

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bouddhisme ou écologie profonde ?

Selon LeMonde du 11.08.2208, le Bouddha serait dans le bocage normand ! En fait le dalaï-lama va inaugurer « le jardin du bouddha Vajradhara » devant des fidèles prosternés. Prosternés ? Déjà la méfiance s’installe. Jamais un humain devant lequel il faudrait se prosterner ne mérite attention dans une société démocratique, si pieux soit-il. D’ailleurs l’article rajoute que l’initiation au bouddhisme s’exprime souvent dans un rapport exalté de dépendance entre le pratiquant et son maître. Enfer et damnation ! Jamais la soumission et les moulins à prières ne conduiront à la sagesse collective.

 

Je me rappelle  encore cette phrase du dalaï-lama en 2006 : « Si une opération du cerveau permettait de produire les mêmes effets que plusieurs heures de méditation quotidienne, je me ferais opérer ». C’est comme si on célébrait les vertus des psychotropes et qu’on minimisait la possibilité de sauvegarder sa santé mentale par ses propres forces, l’interrelation humaine et le dialogue avec la Nature. Ce que je préfère, c’est le message fondamental du bouddhisme qui repose sur le principe d’interdépendance universelle. Mais ce concept reste flou. Alors ma référence reste la conception des tribus indiennes qui ont en commun l’expression Père-Ciel et Mère-Terre : leur vision de l’univers est en liaison étroite avec les écosystèmes, elle est à la fois spiritualiste et réaliste, elle est écologiste. Dans ces sociétés, l’idée d’une hiérarchie parmi les êtres n’existe pas et il faut respecter fraternellement animaux, végétaux et minéraux puisque la notion de parenté ne se rapporte pas uniquement aux membres d’une famille ou d’un clan, elle inclut tous les êtres de l’environnement, animés ou inanimés. Pour les Indiens cueillir une plante était de la même gravité que tuer un animal. Pour eux, la survie dans le cycle de la vie et de la mort est parfois liée à l’acte de prendre la vie à d’autres êtres, mais toute appropriation est signe d’un endettement : les chasseurs et les pêcheurs pratiquaient des offrandes envers leurs gibiers et les agriculteurs envers le sol.

 Notre sacré réside dans la Nature, pas dans des temples, qu’ils soient bouddhistes ou de n’importe quelles autres tendances spirituelles.

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lunettes théoriques

Lunettes théoriques : pour mieux juger des religions

Toute religion a une double signification, elle relie et elle rassemble ; elle permet une pratique institutionnalisée qui apporte une cohérence au monde et le maintien de cet ordre. Si les déismes permettent de construire l’imaginaire social, les religions, particulièrement celles du dieu unique, ont surtout célébré l’emprise des humains à la fois sur les humains et sur la Nature. Aujourd’hui les religions divisent l’humanité plus qu’elles ne la réunissent parce que c’est toujours des humains qui agissent au nom d’un dieu qui leur est personnel pour imposer aux autres leur propre conception de l’existence. Mais c’est parce que le pouvoir du sacré peut aussi rentrer en symbiose avec la Nature que les humains pourraient à nouveau vivre ensemble dans un environnement apaisé. La relation verticale avec un dieu qui permet d’interpréter de façons contradictoires la détresse humaine peut être avantageusement remplacée par une relation horizontale de l’individu envers autrui comme avec la Biosphère. Vos dieux, c’est d’abord le lever du soleil qui apporte l’énergie de la vie aux plantes, l’eau qui ruisselle et étanche la soif de toutes les espèces, l’équilibre des écosystèmes. A pratiquer l’art de la contemplation de la Nature, il ne vous restera pas grand chose pour le culte des dieux à l’image des hommes.

 Ni la bible, ni le coran,

Lisez dans le livre de la Nature

Pour l’amour de toutes les formes de vie.

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