Considérée comme l’un des enjeux majeurs de la prochaine élection présidentielle en 2022, l’écologie politique se décline aujourd’hui en quatre versions.
(V1) Marine Le Pen, une vision patriotique, enracinée et localiste ;
(V2) Emmanuel Macron, une vision néo-libérale, « pragmatique », faite de croissance verte et de croyance dans l’innovation technologique ;
(V3) Jean-Luc Mélenchon, une vision transformatrice, conjuguant réponse à la crise écologique et impératif de justice et d’émancipation sociales ;
(V4) une vision réformiste, articulant régulation publique, urgence climatique et protection du Vivant.
Dans ce paysage électoral éclaté mais toujours « vert », la droite hésite ente la version V1 et la version V2. Le PS et EE-LV ne parviennent pas à se positionner clairement entre V3 et V4. Face à un gouvernement affairé à promouvoir la vision V2, Anne Hidalgo pourrait associer la vision V4 au récit d’une société désirable, faisant coïncider besoins essentiels de la population et nécessité de la rupture écologique. Il nous faudrait une société du « consommer moins pour consommer mieux », une sobriété partagée, une politique respectueuse des non-humains et préservant l’avenir des générations futures. Mais l’étoile montante de la social-écologie pourra-t-elle rassembler des troupes disparates quand chacun cherche à tirer la couverture à soi, rien n’est moins sûr. De toute façon, Anne Hidalgo ne montre pas pour l’instant une fibre d’écologiste affirmée. Un(e) candidat à la présidentielle doit montrer pour arriver au second tour une figure passe-partout qui va faire plaisir à l’électeur/électrice moyen.
Un rapport récent de l’Agence Européenne de l’Environnement de Copenhague confirme l’impossibilité de conjuguer croissance et baisse des émissions de carbone, ouvrant la voie à une réflexion officielle sur une décroissance sélective de l’économie et une société de post-croissance. D’après une enquête récente, 76 % des Français considèrent qu’un mode de vie plus sobre s’impose. MAIS 58 % des Français croient en effet que la société n’est pas prête pour un tel changement. Ah, l’acceptabilité sociale des mesures douloureuses ! L’idéal écolo se confronte aux exigences des acquis sociaux à conserver à n’importe quel prix , la plupart des individus attendent des autres le changement. Dans ce contexte délicat, un présidentiable ne peut pas tenir un discours écologique consistant. Il va faire un écoblanchiment, comme Macron avec sa loi « climat et résilience » vidée de sa substance active.
C’est pourquoi un social-écologiste modéré va ignorer la nécessité d’une taxe carbone pour faire miroiter l’idée de chèque vert, une distribution sous conditions de revenu de bons d’achat ciblés sur des produits et services compatibles avec la transformation écologique. Il faudrait baisser le niveau de vie des Français, un niveau non supportable pour les équilibres biophysiques de la planète, on leur parle de sauvegarder leur pouvoir d’achat ! Sur notre blog biosphere, nous suivons attentivement l’approche par les différents partis de l’urgence écologique :
19 mars 2021, Parti(r) pour la décroissance (création d’un nouveau parti, demain la décroissance)
14 mars 2021, L’écologie vert de gris de Marine Le Pen
13 mars 2021, Macron, politique de dénigrement des écolos
6 février 2021, 2022. Hidalgo, la Jaurès de l’écologie ?
11 novembre 2020, Jean-Luc Mélenchon, président en 2022 ?
24 septembre 2020, La force de l’écologie aux législatives 2022 (Yannick Jadot)
9 août 2020, Quelle stratégie pour l’écologie en 2022 ?
Les V3 et V4 sont quand même des versions très socialistes engageant toujours plus de dépenses alors que nous avons des taux de prélèvements obligatoires absolument faramineux. Je serais très réticent à aller plus avant dans cette direction. Où vont-ils trouver les ressources sinon en taxant encore et encore ? Pour certains la taxation est une ressource sans limites
J’ai l’impression d’entendre là des «arguments » anti-socialistes, autrement dit de droite.
Pourquoi une politique (ou version) socialiste serait elle obligatoirement synonyme de plus de dépenses et de plus de prélèvements obligatoires ? Et puis, des prélèvements sur qui et sur quoi ? Sur les vielles bagnoles diesel, sur les gros SUV électriques, sur les revenus modestes, sur les plus riches, sur les transactions financières, sur le Capital, etc. ?
Ces 4 versions résument bien la situation, je disais précédemment qu’on pouvait simplifier.
V1 et V2 sont des visions de droite. Qui à droite a t-il une vision écologique qui tienne un tant soit peut la route ? J’ai toujours dit que l’écologie ne pouvait pas être de droite. Il ne reste donc que V3 et V4.
(suite) V3 je connais, il s’agit sans conteste d’une vision de gauche.
V4 c’est cette social-écologie (?)… «au récit d’une société désirable, faisant coïncider besoins essentiels de la population et nécessité de la rupture écologique ». Disons alors que V4 est de gauche. Ben oui. Alors pour moi c’est tout simple, choisis ton camp camarade !
Je rappelle qu’il faut savoir ce qu’on veut. On ne peut pas avoir le beurre et en même temps l’argent du beurre. Autrement dit la vision et la version idéales, le (ou la) candidat(e) idéal(e), pour finir avec le président idéal. Tant que nous en serons là, nous resterons con damnés à être toujours déçus.
Le point de vue de Yannick Jadot
Les invectives en notre sein sur des polémiques nauséabondes lancées par Emmanuel Macron sont catastrophiques. Les défis et les périls sont tels qu’ils méritent autre chose que des diatribes mortifères. Non seulement notre planète brûle et la précarité sociale explose mais la démocratie est en danger. Le Pen est aux portes du pouvoir. Macron aggrave la crise démocratique à coup de paris solitaires. L’heure est trop grave pour que nous ne prenions pas l’initiative du dialogue et du rassemblement. Sans ambiguïté autour d’une écologie sociale et républicaine.
Face aux divisions qui s’amplifient donc très dangereusement ces derniers jours, J’ai pris sur France Inter l’initiative de proposer aux personnalités écologistes et de gauche de travailler sur le contenu d’un possible rassemblement. Nous savons que c’est un impératif absolu pour la victoire en 2022.
Jadot a évidemment raison, espérons qu’il aura retenu la leçon de 2017.
Le risque est grand non seulement pour l’écologie mais aussi pour la démocratie (ce qu’il en reste), la confiance et le vivre ensemble. Tout ce joli monde doit donc s’appliquer à traduire les belles déclarations en actes. Et se dépêcher pour trouver un contenu à cette «écologie sociale et républicaine». Pour ça les uns et les autres doivent commencer par ranger au placard leur petit ou leur gros ego. Hélas c’est peut-être trop leur demander. Pourtant, avec un peu de bon sens la solution pourrait être là.
Du côté des politiques, Yaca s’appuyer sur les sondages et se ranger, non pas derrière, mais aux côtés de celui (ou de celle) le (ou la) mieux côté(e).
Du côté des (éco)citoyens, Faucon fasse de même. Qu’on cesse de chipoter sur des détails (au stade actuel ce ne sont plus que des détails) et/ou des a priori sur Pierre Paul ou Jacques.
V3 avec Mélenchon qui veut construire des mosquées en béton en France ? Certainement pas ! D’ailleurs où est le respect de l’animal dans l’abatage rituel islamique ? L’écologie est une plaisanterie dans son programme !
Les Verts/ Europe écologie ne feront jamais 20% au premier tour d’une présidentielle, puisque plus de 85 % des français sont favorables au nucléaire. Comme dit Jancovici la perte de pouvoir d’achat sera proportionnelle au déclin du nucléaire, qui acceptera ça ?
Si tu avais lu, tu aurais retenu que «Le PS et EE-LV ne parviennent pas à se positionner clairement entre V3 et V4. » Tu aurais alors compris que EE-LV et le PS savent très bien où ils en sont. Comme tous les autres d’ailleurs.
Ils se positionneront toujours pour obtenir leurs gamelles roses au second tour de toutes les élections. Rien ne changera de l’habitude…
Bien qu’il y ait autant d’écologies (avec ou sas «») qu’il y a de partis, si ce n’est de candidats, potentiels ou en course, ces 4 versions résument assez bien la situation. Partant de là nous pouvons simplifier pour n’en retenir que 2.
Il me semble inutile de commenter V1 et V2, nous savons ce que nous pouvons en attendre.
V3 se caractérise par une «vision transformatrice» et V4 par une «vision réformatrice», ces deux se rejoignent donc par une volonté de rupture. Nul besoin de démontrer que l’écologie (la vraie), donc la bonne voie, ne peut être que de ce côté là. Elle n’est certainement pas du côté de ce Capitalisme vert, qui carbure à la Croissance verte, alimentée par toujours plus d’innovations (à la con) etc.
Essayons maintenant d’approfondir, en restant pragmatique, justement c’est une tendance à la mode.
– « Le PS et EE-LV ne parviennent pas à se positionner clairement entre V3 et V4 »
C’est bien ça le problème. Du moins, c’est bien à cause de ça que les chances de V3 et/ou V4 sont plus que maigres. V1 et V2 sont les deux qui aujourd’hui ont le plus de chances de l’emporter. Certes l’avenir n’est pas écrit, mais le duel Macron-Marine reste le plus probable. On peut toujours le déplorer, chouiner etc. c’est comme ça.
Pour moi c’est tout simple. Si nous voulons V1 ou V2, surtout ne changeons rien et continuons comme nous faisons. À nous bouffer le nez sur des conneries, à déconner à tout va, à entretenir des simulacres de suspenses (j’y vais, j’y vais pas), à élaborer des stratégies à la con dans le but de briller plus que l’autre, à vouloir pisser plus loin que le ou la petit(e) camarade.
Maintenant si nous voulons autre chose… j’estime que nous avons les billes pour que V3 OU V4 aient les meilleures chances d’être en finale et l’emporte. Nous savons qu’un candidat doit faire au moins 20% au premier tour pour avoir une chance d’être présent au second, nous avons aujourd’hui l’expérience du fiasco 2017, et nous avons le baromètre des sondages qui nous informe au jour le jour de la tendance météo. Reste à voir si nous sommes encore fichus de jouer aux billes.