Il y a plusieurs façons de regarder un fait quel qu’il soit. Tout dépend de son point de vue. Tout dépend donc de sa socialisation primaire, de ses propres lectures et de ses différentes rencontres, de son milieu professionnel, du courage ou non d’exprimer ses idées, de ses engagement associatifs et/ou politiques, de ses lunettes plus ou moins « théoriques » acquises le plus souvent sans s’en rendre compte. Donner des points d’appui pour mieux critiquer notre société croissanciste, gaspilleuse, anthropocentrée et mercantile, c’est l’objectif de notre blog biosphere : aller au delà du sens commun et des apparences pour comprendre et agir.
Nous exprimons quotidiennement le point de vue des écologistes, un point de vue multiforme, complexe, souvent contradictoire. Il suffit de rappeler l’opposition qui existe entre entre idéalistes et pragmatiques, entre écologie superficielle et écologie profonde, entre végétaliens et flexivores, entre écoterrorisme et non-violence… Il ne s’agit pas d’imposer un point de vue, mais de fournir des éléments de réflexion.
Que signifie « penser vrai » ? Relativiser ! (juin 2021)
Le contenu de ce blog, 7070 articles à ce jour, est au service du peuple écolo en formation, il peut être amélioré par la participation de chacun. Un désaccord ponctuel peut s’exprimer par ton commentaire d’un article. Tu peux aussi t’abonner à notre mensuel, un récapitulatif de chaque mois passé. Un consensus peut toujours être trouvé, mais à certaines conditions :
- ne pas être prisonnier de sa fonction sociale (son métier, ses responsabilités familiales ou politiques…)
- rechercher la maîtrise de ses affects, de ses sentiments personnels, de ses préjugés et a priori
- acquérir la capacité de se remettre en cause, ce qui nécessite une prise de distance avec soi-même
- avoir une écoute de l’autre, être ouvert à une argumentation différente de la sienne
- prendre le temps de la réflexion
- adopter une démarche scientifique : c’est vrai, mais uniquement tant qu’on ne m’a pas démontré le contraire
- posséder des connaissances de base en matière de philosophie, de sciences économiques, de sociologie, d’histoire…
- chercher à approfondir ses connaissances par le choix de ses lecture et des médias consultés.
Nous essayons de correspondre à cette grille d’analyse dans nos écrits. Mais la société du spectacle nous détourne des réalité biophysiques et de la pensée du long terme, la société de consommation nous rend complices du pillage de la planète, la société croissanciste ne jure que par le PIB et certainement pas par le bonheur des peuples, la société du profit fait passer la liberté des entreprises bien avant l’intérêt général, la société de compétition annihile nos tendances à la coopération et à la synergie, la société marchande défigure par un prix à payer le vrai sens des êtres et des choses.
Alors que nos activités humaines rentrent en interférence avec les cycles vitaux de la biosphère et engagent aussi la survie des générations futures, nous faisons comme si seul l’instant présent avait de la valeur. Comme l’animal qui se contente de son environnement immédiat, nous préférons la plupart du temps nous satisfaire d’un absolu dans un espace restreint, avec un état d’esprit limité par nos sens abusés et conditionné par la société du moment. Contrairement aux autres animaux cependant, nous pouvons percevoir que notre vision humaine n’est que construction sociale, que tout est relatif et compliqué, que l’apparence n’est pas gage de réalité. Dans chacun de nos cortex réside de multiples certitudes qui ne sont que les apparences de notre réalité immédiate et nos désaccords résultent trop souvent d’une perception trop simpliste de la réalité. Mais nous pouvons tous ensemble essayer de déchiffrer ces apparences pour changer la réalité ; grâce à des lunettes conceptuelles plus performantes, peut-être pourrions-nous percevoir le monde tel qu’il faudrait le voir (s’améliorer)…
Nous avons tous besoin de chausser des lunettes car la réalité ne peut se comprendre au fond qu’en utilisant un système symbolique. Il ne suffit pas de voir pour croire, les réalités fondamentales nous sont la plupart du temps caché par notre point de vue préalable. La première fois qu’on a chaussé des lunettes théoriques pour aller au delà d’une vision superficielle de notre système stellaire date de 1543. Copernic provoque alors une révolution en exposant les fondements d’un système héliocentrique où le soleil – et non plus la terre – est au centre de notre univers. L’astronome ébranle ainsi l’interprétation des Écritures sacralisées et son œuvre, bien que de pure supposition à l’époque, fut mise à l’index. Mais la contestation des apparences poursuivit son chemin pour aller au-delà de cet interdit ecclésiastique. Galilée (né en 1564) utilisa une lunette astronomique, récemment découverte, pour admirer le relief de la lune et surtout les satellites de Jupiter, démontrant par la même occasion un héliocentrisme beaucoup plus pertinent que le traditionnel anthropocentrisme. Un tribunal de l’Inquisition l’obligea pourtant à se rétracter en 1633.
Cet exemple historique montre que sur la voie de la vérité, il faut souvent aller contre le consensus ambiant et même savoir résister… parfois au péril de son gagne-pain ou parfois de sa vie.
En définitive que signifie « penser vrai » dans la société thermo-industrielle d’aujourd’hui ? Sans aucun doute, dans une socio-politique engagée à tout allure dans une impasse évolutive, aller au-delà des apparences et tout reprendre souvent dans l’autre sens.
De notre point de vue, il faudrait que se diffuse dans la population un langage commun dont on pourrait poser les termes de façon suivante : Acteurs absents (démocratie), agriculture biologique (production), communautés résilientes (relocalisation), conférences de consensus (décisionnel), décroissance maîtrisée (économie), Descente énergétique (énergie), écologie profonde (éthique), écocentrisme (valeur), fécondité raisonnée (démographie), Migration limitée (déplacements), Monnaie locale (échange), Non-violence (relationnel), Revenu maximum (revenu), Sobriété partagée (consommation), Techniques douces (organisation), liste à compléter bien entendu….
Un livre de référence parmi bien d’autres,
Fake news, vérité alternative, même des dirigeants d’envergure mondiale nous font oublier le sens commun d’un langage consensuel : « Aujourd’hui, la civilisation est de nouveau à un tournant décisif. De nouveau, une véritable guerre a été déclenchée contre notre patrie », a déclaré hier Vladimir Poutine en ouverture des célébrations du 78e anniversaire de la victoire soviétique sur l’Allemagne nazie.
Après avoir envahi l’Ukraine le 24 février 2022 et prolongé une « opération spéciale » meurtrière, c’est se dire victime alors qu’on est l’assaillant.
Cela fait penser à « je l’ai violé, mais elle l’a bien cherché avec sa mini-jupe de nazi. »
– « Un consensus peut toujours être trouvé, mais à certaines conditions : ne pas être prisonnier de sa fonction sociale […] rechercher la maîtrise de ses affects, [etc. etc. etc.] »
=> Oui, c’est très joli tout ça. Autant dire que la recherche du Consensus est du même ordre que celle du Graal. ( Les animaux malades du consensus – Gilles Châtelet )
– « […] il faudrait que se diffuse dans la population un langage commun [etc.] »
=> Oui, il faudrait… J’ai déjà pris l’exemple de la Tour de Babel. Selon le récit biblique, c’est justement à cause de ça qu’elle aurait été laissée à l’abandon, et du coup aurait fini par s’effondrer. Force est de constater que si un jour il y en a eu un, aujourd’hui il n’y a plus de langage commun. ( à suivre )
Les différentes langues, dialectes et autres patois, n’ont pour le coup rien à voir avec ça. Même entre gens qui partageons la même langue maternelle on n’est déjà pas foutus de s’entendre sur des mots aussi élémentaires que «preuve», «démonstration», «menteur», «hypocrite» et j’en passe. Alors pensez donc pour «haut», «bas», «gauche», «droite» etc. Misère misère. Vu que la réflexion c’est fatigant, et que nous sommes de plus en plus fainéants, et cons par dessus le marché, du coup la confusion n’a jamais été aussi grande. Et aussi dommageable. Et ce n’est pas fini. Toujours plus !
En attendant que le mensonge ne devienne la vérité, un cercle un carré, ce qui ne saurait tarder, la vérité a laissé la place à la post-vérité. Et là pour le coup le Surnombre n’a rien rien à voir avec ça. En attendant, c’est peut-être con mais c’est comme ça.
Pour moi le «langage commun» est donc ce langage que tous les membres d’un groupe (un pays par ex.) partagent et maîtrisent, dans le seul but de communiquer. Pour (bien) vivre ensemble. Or là déjà :
– « Entre Ce que je pense, Ce que je veux dire, Ce que je crois dire, Ce que je dis, Ce que vous avez envie d’entendre, Ce que vous entendez, Ce que vous comprenez… il y a dix possibilités qu’on ait des difficultés à communiquer. Mais essayons quand même… »
( Bernard Werber )
Or le terme «langage commun» vient du monde de l’Entreprise. Son but n’est alors qu’au service du Toujours Plus :
– « nous montrerons que le « langage commun » correspond à une forme d’idéalisation des interactions langagières au travail intimement liée à l’idéologie néolibérale, censée masquer les aspects conflictuels inhérents au rapport salarial. »
( Le paradoxe du « langage commun » dans les entreprises – Vincent Mariscal – cairn.info )
Pour ce qui est du consensus, plus exactement du désir de consensus :
– « Le désir de consensus est l’attitude qui pousse les membres d’un groupe à aller dans le sens des décisions prises par le groupe. Il s’agit d’un biais lié aux comportements sociaux qui est encouragé par l’instinct grégaire, l’esprit de « moutons » ou le conformisme. Pour le positiver, les membres du groupe le qualifient parfois d’ esprit de synthèse. Il peut avoir une influence décisive et négative lors de prise de décision. [etc.] » ( La Toupie )
Bref, n’étant pas tout seul sur ce blog, et ayant maintenant épuisé mon quota, je laisse donc la parole à mes petits camarades. En espérant qu »ils soient bien inspirés et qu’ils puissent alors me dire, voire me prouver et me démontrer, si je suis bien dans le «penser vrai» … ou comme d’habe à côté de la plaque. 🙂