biosphere

soyons sexy

Pour Monsieur, achetons Jean Paul Gaultier « Le male », pleine page de pub pour un parfum : beau biceps, beau tatouage, on en mangerait. Soyons sexy, achetons pour Madame Jean Paul Gaultier « classique », pleine page de pub pour un parfum : belle poitrine, cuisses bien en vue, on en redemanderait. Achetons Trésor de Lancôme car « l’amour est un trésor », surtout quand on peut s’offrir en prime Kate Winslet en page entière. Oublions la souris avec Acer Touch Technology, autre pleine page de pub, et mettons notre « poche en rêve » avec iPhone3G, dernière page et pub toujours dans LeMonde du 24 décembre.

  Passons aux choses sérieuses, un peu moins sexy. Après l’échec de Copenhague, l’Europe pleure et l’OPEP rit. L’Inde est ébranlée par des tensions régionalistes. La burqa divise la majorité et l’invasion touristique menace l’île de Pâques. La population guinéenne voit passer les trains de bauxite sans en profiter et une vague de condamnations à mort  frappe les opposants en Ethiopie. Tout cela dans LeMonde du 24 décembre.

 Finalement LeMonde est schizophrène, la touche sexy enveloppe de couleurs les misères du monde. Finalement la société occidentale est schizophrène, qui refuse sa responsabilité dans les malheurs du monde pour s’étourdir à coup de parfum et de gadgets électroniques. Finalement les médias sont à l’image d’une population privilégiée… et réciproquement…                                                                

soyons sexy Lire la suite »

le vrai bilan de Copenhague

Quelques mots suite au fiasco de Copenhague.

Désolé, ils ne sont pas très sexy !

– Le patronat d’un grand pays industrialisé fêtait au champagne au Bella Center, vendredi soir, l’échec de la convention de Copenhague.

– Sarkozy, Obama, Hu Jintao, Manmohan Singh sont absolument d’accord pour que la production de choses inutiles augmente encore, encore, encore.

– Il n’existe aucun accord puisque les 192 nations réunies à Copenhague n’ont fait que prendre acte d’un texte sans l’approuver. Il n’y a aucun accord puisqu’il n’y a aucun engagement.

– Il est désormais clair qu’il n’est plus possible de faire confiance aux politiques, devenus des hommes d’affaires et non des responsables politiques. Le  court terme et les visions géostratégiques l’emportent sur le fondamental : notre survie.

– Chacun doit éviter que ce fiasco se transforme en succès pour les climato-sceptiques, les pétroliers et autres lobbies – dont la cupidité, l’esprit de rentier, et pour certains le simple ego, l’emportent sur tout, y compris leur simple intérêt d’être humain.

– Notre niveau de vie repose sur l’échange entre nos réacteurs nucléaires et leurs jouets, leurs ordinateurs, leurs vêtements, leurs objets programmés pour la benne.

– Ce que les politiques n’ont pas été capables de faire, les consommateurs, s’ils le décidaient pourraient le faire, par exemple en boycottant les produits chinois.

– La viande mobilise 70 % des terres arables et l’élevage est responsable de 18 % des émissions totales de gaz à  effet de serre.

– Si la tendance se poursuit, on peut s’attendre à avoir une concurrence entre l’alimentation animale et humaine.– La viande est un signe extérieur de richesse.

– Manger moins de viande, c’est bon pour la planète.

– L’interprofession bovine a vite riposté à ce feu nourri de critiques.

– Non, on ne fait pas un monde juste avec de beaux sentiments.

Source : LeMonde du 23 décembre, peu avant le gaspillage démentiel provoqué par les « fêtes » de Noël.

le vrai bilan de Copenhague Lire la suite »

Droit à la croissance, crime contre la Biogée

La Chine est satisfaite de l’échec de Copenhague, le droit au développement des pays en développement est ainsi respecté. Les Chinois sont en effet très fiers de pouvoir imiter le modèle illusoire basé sur l’automobile et le pétrole ; leurs sociétés (BAIC, CNPC, Sinopec…) font désormais concurrence aux multinationales occidentales. Les villes chinoises sont censées accueillir bientôt des millions de nouveaux citadins grâce à l’assouplissement du hukou, le permis de résidence : on souhaite relancer l’économie en accroissant la demande intérieure. Comme Sarko, les Chinois ne parlent qu’en termes de croissance soi-disant verte. Pourtant nous savons que la Chine est devenue le premier pays pollueur de la planète. Nous savons que la croissance économique a déjà dépassé les limites de notre globe. Nous savons que, suite aux non-résultat de la conférence de Copenhague, la température globale pourrait atteindre 3°C d’ici à 2050.

 Le philosophe Michel Serres souligne que l’échec de Copenhague était écrit d’avance car on avait oublié d’inviter un partenaire essentiel, composé d’air, de feu, d’eau et d’êtres vivants, la Biogée (pour dire en un seul mot la Vie et  la Terre). C’est pourtant un pays dont nous sommes tous issus, mais qui n’a pas ni ambassadeur ni langue diplomatique. Le philosophe ajoute : « Le jeu institutionnel de demain doit se jouer à trois : nous ne pourrons plus rien faire sans tenir compte de la Biogée. » C’est ce que s’efforce de faire ce blog biosphere, défendre les intérêts de la Biogée. Mais le vacarme des croissancistes empêche toute réflexion philosophique sur l’avenir de notre civilisation thermo-industrielle. Il empêche aussi que nous écoutions un autre acteur important, absent à Copenhague, les générations futures.

NB : Toutes les informations de ce post sont dans LeMonde du 22 décembre et son supplément économique.

Droit à la croissance, crime contre la Biogée Lire la suite »

un éditorial trop mou

Fabriquer l’éditorial du Monde est un exercice de haute voltige, rester incisif tout en ne déplaisant à personne. Celui du 20-21 décembre sur Copenhague est donc trop mou. Ce n’est pas d’une « déception » dont il faut parler à propos de la foire d’empoigne danoise, mais d’un lamentable fiasco dont Obama est le principal responsable. Selon le climatologue Hervé Le Treut, les engagements qui résultent de Copenhague sont loin de permettre à l’humanité de rester en-deçà des 2°C. Un accord politique aurait du déboucher sur une réelle contrainte pour les pays développés, par exemple limiter la vitesse sur autoroutes et la quantité même de ce que chacun peut dépenser comme essence. En fait, il n’y a pas une compréhension en profondeur des enjeux écologiques, d’abord parce que les dirigeants ne sont pas soumis sur ces problématiques mondiales à la pression de leur propre opinion publique.

            Ce n’est pas la faiblesse de l’ONU qu’il faut dénoncer, mais l’incapacité maintenant notoire d’Obama à mesurer les conséquences internationales du niveau de vie américain, à la fois fort émetteur de gaz à effet de serre mais aussi modèle de comportement exporté aux quatre coins de notre planète. Pourtant l’éditorial du Monde n’accuse en rien les USA et s’acharne sur la Chine, « au cœur de l’échec de Copenhague », qui « ne supporte pas l’idée d’un contrôle international ». Mais c’est la cylindrée des automobiles américaines qui devrait être contrôlée, c’est la taille démesurée de leurs villes (qui oblige à la voiture) qui devrait être limitée, ce sont les Américains qui devraient se sentir les plus responsables (les plus coupables) du réchauffement climatique.

En définitive, seule la récession économique qui accompagnera le peak oil atténuera le changement climatique, mais cela se passera dans la douleur. Puissent les Américains souffrir plus que les autres…

un éditorial trop mou Lire la suite »

l’essentiel du Monde

Né le 18 décembre 1944, LeMonde a 65 ans. Bon anniversaire, nos vœux les plus sincères. Mais que ce quotidien soit notre journal de référence ne veut pas dire qu’il soit exempt de critiques. Voici nos propres codicilles en réponse aux deux questions posées (cf. supplément rattaché au Monde du 19 décembre).

1) Aujourd’hui, « Le Monde», indépendant politiquement et économiquement, est-il encore essentiel ?

biosphere : cette question est biaisée car elle tient pour acquis l’indépendance du Monde. Or la forte dépendance d’un quotidien envers les recettes publicitaires empêche une véritable liberté de parole. En effet, pour faire plaisir aux annonceurs, le journal est bien obligé de célébrer la société de consommation. Alors, quand on a ignoré mentalement toutes les pages de pub apparentes ou camouflées, on peut certes aller à l’essentiel. Mais toute vérité étant relative et en gestation chaque lecteur doit faire évoluer sa propre synthèse : si l’information apportée par notre quotidien est essentielle, elle n’est qu’un préalable. Si tout journaliste est un passeur des faits et gestes de nos sociétés, il lui est difficile dans le cadre d’un journal événementiel de ranger les idées dans un ordre convenable. Nous ne pouvons pas nous contenter de ce savoir en miette, il nous faut une grille préalable d’analyse. Construire un tel tamis, chausser des lunettes théoriques, c’est l’objectif de ce blog « biosphere ».

2) Quel rôle « LeMonde »  a-t-il joué dans votre propre histoire ?

biosphere : Le problème des lecteurs, c’est qu’ils peuvent difficilement faire entendre leur voix. Le courrier des lecteurs est une approche partielle que nous avons déjà utilisée, mais le miracle est arrivé : lemonde.fr permet à tous les abonnés de créer leur propre blog. Ce serait d’évidence un outil formidable pour progresser ensemble dans la recherche de la vérité si les commentateurs ne cherchaient pas souvent l’affirmation de soi au lieu de construire une cohérence collective. Mais encore une fois merci au quotidien d’avoir mis en ligne les blogs lemonde.fr et quand Le Monde cessera d’être croissanciste grâce (entre autres) à notre action, tout sera presque parfait.

l’essentiel du Monde Lire la suite »

Copenhague et la F1

Le mécanisme actuel des négociations climatiques est dans le coma (cf. communiqué de presse FNE + CFDT ce jour 18 décembre). Heureusement, loin des bavardages diplomatiques entre chefs d’Etat, la société civile commence à bouger : la formule 1, incitation vociférante aux émissions de gaz à effet de serre, est à l’agonie. L’industrie automobile  est dans l’impasse financière, Honda a abandonné la F1 en 2008, imité cette année par BMW et Toyota ; Renault suit la même voie, cédant la majeure partie du capital de son écurie. Mais cela relève de la crise financière, il y a plus grave pour l’avenir de la F1. Les protagonistes des sports mécaniques sont confrontés au glissement des valeurs. La crise écologique pousse à abandonner le culte de la vitesse, le culte du bruit, le culte de l’abrutissement des masses qui font vroom vroom au volant par procuration puisque maintenant le radar les attend au tournant.

Malgré l’échec de Copenhague, on se prépare à arrêter les courses automobiles. Le peak oil du pétrole conventionnel est déjà passé, dans cinquante ans il va falloir nous passer complètement de 85 % de dépendance aux énergies fossiles, nous allons (si tout se passe au mieux) vers la jouissance dans la frugalité. La croissance était synonyme de gaspillage, il faut économiser l’énergie pour ne pas dépasser 2 °C, la mesure symbolique par excellence serait l’arrêt des compétitions de F1.

Source documentaire : LeMonde du 18 décembre

Renault lève le pied en formule 1 

Il peut y avoir du plaisir à agir pour l’environnement (Jean –Louis Etienne)

Copenhague et la F1 Lire la suite »

le nationalisme à Copenhague

Eric Besson estime qu’il faut « réaffirmer la fierté d’être français », Nadine Moreno veut qu’un jeune musulman « se sente français lorsqu’il est français », les racistes  commencent à s’énerver. Ce n’est pas ainsi que nous préparons le monde de demain à l’heure de Copenhague. Parce que les uns se sentent plutôt Français pendant que d’autres se veulent Américains, ou Brésiliens, ou ethnocentrés, nous n’arriverons jamais à conclure quelque conférence internationale que ce soit. Car les quelque 120 chefs d’Etat et de gouvernement ne sont pas au Danemark pour résoudre les problèmes de la planète, ils ont été élus pour  représenter d’abord les intérêts de leur nation particulière. On va donc promettre un peu d’argent, mais surtout ne pas baisser ses propres émissions des gaz à effet de serre car «  maintenir le niveau de vie de nos nationaux est primordial. ».

Il ne devrait plus jamais y avoir de débat sur les identités nationales, il devrait y avoir une prise de conscience planétaire que nous appartenons tous à la même biosphère, que c’est la Terre qui est notre patrie, que nous dépendons du substrat qui nous fait vivre. A ce moment-là seulement, nous pourrons prendre des décisions qui puissent aller dans le sens de l’intérêt général. C’est ce qu’exprime d’une certaine manière le prince de Galles.

Charles d’Angleterre, inquiet de l’impact humain sur l’atmosphère de la planète, appelle à adopter une nouvelle approche : « Nous devons accepter l’idée que l’économie est dépendante de la nature, et non pas l’inverse. Après tout, la nature constitue le capital sur lequel se fonde le capitalisme. Au fur et à mesure de notre éloignement de la nature en faveur d’un recours aux inventions technologiques pour résoudre nos problèmes, nous voyons de moins en moins nos difficultés telles qu’elles sont, c’est-à-dire comme résultant de la perte de la notion d’équilibre et d’harmonie avec les rythmes de la nature, ses cycles et ses ressources limitées. Le fait que nous envisagions l’économie comme séparée de la nature n’est que l’un des signes de ce déséquilibre. Renouer des liens avec la nature, réaligner nos sociétés et nos économies sur ses possibilités, voilà, à mon avis, le véritable défi qu’il nous faut relever. Le sommet de Copenhague contribuera, je l’espère, à ce changement profond. »

Source documentaire :

 LeMonde du 16 décembre, Renouons notre lien avec la nature

LeMonde du 17 décembre, Le débat sur l’identité nationale dérape 

le nationalisme à Copenhague Lire la suite »

nous n’avons aucune identité nationale

La IIIe république a idéalisé des personnages historiques et mythifié un territoire aux frontières idéales. Les langues régionales sont sacrifiées, l’école devient obligatoire, les paysans arrachés à leur terres pour nourrir l’industrialisation. Tel est le vrai visage de la nation française. Les historiens-hagiographes ont extrait de la complexité épisodes et figures exemplaires qui sont devenues autant de modèles pour une mémoire collective. En France, la géographie est fille de la défaite de 1870 ; c’est pour ancrer dans l’esprit des jeunes générations l’image d’un territoire national immuable qu’est née cette discipline. L’historien et le géographe forgent ainsi l’identité qui appelle le territoire, et du même coup les pulsions territoriales. Les trois peuples qui fondent la « France », les Gaulois, les Francs et les Romains, sont tous des envahisseurs. Mais Jules Ferry explique au parlement que le devoir des races supérieures est de civiliser les races inférieures. La création de l’école, le développement de l’idée de nation et la colonisation ont partie liée. C’est le triomphe de l’Etat-ethnie, et l’exacerbation de l’identité nationale devient une névrose totalitaire pour laquelle on accepte de mourir dans des guerres inutiles. L’Etat-nation se forme et se consolide aux dépens d’un ou plusieurs autres peuples, elle se nourrit des vitamines de la haine. Nous ne sommes pas Français ou Nigériens, nous sommes tous cosmopolites, citoyens de l’univers.

Une fois l’histoire des nations dépassée, c’est le temps qui est restitué à tous les humains, et avec lui l’harmonisation des relations interethniques. Nous sommes cosmopolites par essence et d’une nationalité quelconque par nécessité temporaire. Si on obéit à des raisons d’humanité, on ne peut plus faire de distinction entre les nationalités, les races et les religions. Il n’y a structurellement ni homme ou femme, ni noirs ou blancs, ni Palestiniens ou Israéliens, ni n’importe quelle autre ethnie, il n’y a que des humains. Un jour, les citoyens du monde éliront des délégués à un congrès des peuples. Restera alors à appliquer la sagesse : « Si je savais quelque chose qui fut utile à ma patrie et qui fut préjudiciable au genre humain, je la regarderais comme un crime. Si je savais quelque chose qui fut utile à l’humanité et préjudiciable à notre planète, je la regarderais comme un crime. »

 Source documentaire : Dossier LeMonde du 16 décembre, Quand l’histoire raconte des histoires

nous n’avons aucune identité nationale Lire la suite »

des économistes inconséquents

La pensée économique dominante avait complètement oublié l’analyse des interactions entre le capital naturel et la création de richesses par l’homme ; on ne considérait que les deux facteurs de production, capital physique et travail. Kirk Hamilton propose de prendre en compte trois dimensions : le capital naturel, calculé comme la valeur actualisée des rentes issues de l’exploitation des ressources naturelles, évaluée aux prix internationaux et aux coûts locaux ; le capital produit, qui inclut les machines, les infrastructures, le patrimoine urbain ; enfin, le capital dit « intangible », qui comprend le capital humain à travers l’éducation, mais aussi la qualité des institutions et de la gouvernance. Il ne s’agit là que d’une méthode anthropocentrique qui veut ignorer l’importance fondamentale de la nature, extérieure à l’homme mais exploitée par l’homme.

            A de rares exceptions près comme l’agriculture (« Le capital humain d’un agriculteur, son savoir-faire pour cultiver la terre, ne peut s’exprimer qu’avec de la terre à sa disposition »), Hamilton considère que les facteurs ne sont pas complémentaires, mais substituables : « Les recettes de l’exploitation d’une ressource épuisable peuvent être utilisées pour accumuler d’autres formes de capital, par exemple à travers l’investissement physique ou le soutien à l’éducation. On peut transformer des ressources non durables en développement durable. La « malédiction des ressources naturelles » provient en partie de l’incapacité à opérer cette substitution et à la tentation permanente de consommer le revenu au lieu de l’investir. » Cette hypothèse de substitution entre facteurs (capital humain, capital manufacturier et capital naturel), dite « soutenabilité faible » est une approche défendue traditionnellement par la Banque mondiale, donc par le rapport d’Hamilton. Elle repose sur une confiance aveugle dans un progrès technique qui pourrait toujours compenser la déperdition irréversible des ressources naturelles non renouvelables. C’est donc une croyance religieuse parmi d’autres.

            Yves Cochet à une analyse complètement différente : « Il faut environ 100 millions d’années pour « produire » du pétrole ; si la nature était une marchande capitaliste, à combien nous offrirait-elle le litre de super ? Contrairement à l’économie « écologique » (ndlr : rectification, économie « environnementaliste »), l’économie biophysique ne cherche pas à quantifier en euros le coût des services fournis par les écosystèmes, elle ne  cherche pas à faire entrer la nature à l’intérieur du cadre de l’économie néoclassique, elle s’efforce de créer un nouveau paradigme. Le travail de la nature possède en effet une valeur si incommensurable avec tout ce que l’on peut chiffrer en euros qu’il paraît absurde de tenter même de le faire. Les économistes officiels répètent à satiété que le coût de l’énergie dans le PIB est d’environ 5 %, et que de cette façon nous n’avons pas à nous inquiéter. A quoi nous rétorquons que si l’on soustrayait ces 5 % de l’économie, les 95 % restants n’existeraient plus. »

 

 

Source documentaire : LeMonde du 15 décembre, Kirk Hamilton calcule « l’autre » richesse des nations

Yves Cochet, Antimanuel d’écologie (Bréal, 2009)

rapport de Kirk Hamilton publié par la Banque mondiale en 2006 (« Where Is the Wealth of Nations »).

des économistes inconséquents Lire la suite »

Contrôle des Imbéciles Voraces

Le CIV est partout. Dans les journaux, à la télé, à la radio, avec les enfants, avec les seniors, dans les concours, sur les podiums, au Salon de l’agriculture, etc. Il s’agit d’« informer », tout en étant payé par les filières industrielles et en partie par l’Etat, via le ministère de l’agriculture. On cherchera, mais en vain, une meilleur définition du mot lobby. Ainsi en 2002, alors que la filière bovine commençait à sortir des affres de la vache folle, le CIV avait un budget de fonctionnement de 4,5 millions d’euros, mais il dépensait 8 millions d’euros pour la pub. Sous un titre inquiétant – « le CIV contrôle le buzz  » -, l’hebdo du marketing révèle que le CIV « veille à tout ce qui se dit dans les forums les blogs. Bras d’information d’Interbev, le syndicat chargé de la promotion de la viande bovine, le Centre d’Information des Viandes pondère sur la toile certains arguments développés par les lobbies végétariens ».

            Je comprends mieux maintenant la pub « A l’occasion du sommet de Copenhague, nous rappelons que l’élevage herbivore français est un atout essentiel à nos équilibres environnementaux et alimentaires » (LeMonde du 12 décembre). Toute cette force de frappe médiatique (une page entière du Monde) pour contrer Sir Paul McCartney qui « tente de mettre en avant le modèle végétarien ». En fait le Beatles propose une journée sans manger de viande en Europe pour lutter contre le réchauffement climatique. Il est vrai que la fabrication de bidoche est une aberration énergétique. La FAO estime qu’il fut de 4 à 11 calories végétales pour obtenir 1 calorie de viande. Le bétail gaspille par millions de tonnes des céréales qui font défaut dans une multitude de maisons humaines, toutes situées au Sud, il est vrai. Quant au réchauffement climatique, un rapport de la FAO en 2006 (Livestock’s Long Shadow) indique que l’élevage émet davantage de gaz à effet de serre que tous les transports planétaires, soit 18 % des émissions anthropiques : CO2, méthane (issue de la fermentation des aliments dans l’estomac des ruminants), protoxyde d’azote  (lisiers et purins).

Mais les risques qui pèsent sur notre planète, le CIV et Interbev sans foutent totalement, seul importe le fric qui nourrit l’élevage industriel.

Source documentaire : Fabrice Nicolino, Bidoche (édition Les liens qui libèrent, 2009)

Contrôle des Imbéciles Voraces Lire la suite »

définir l’économie

Mon petit Larousse me dit : «  Economie, Art de réduire les dépenses » ou « ce que l’on ne dépense pas ». Ce sens traditionnel a malheureusement  été bien oublié au profit d’une économie de croissance qui a épuisé la biosphère. La revue Regards  croisés sur l’économie s’interroge, Les économistes peuvent-ils sauver la planète ? C’est comme si on demandait à un pyromane de bien vouloir éteindre l’incendie qu’il a allumé. L’économie telle que définie par l’université ne s’occupe que des moyens, et encore, ceux qui permettent d’augmenter à court terme le niveau de vie tout en détériorant le genre de vie. Les modèles économiques ne sont pas en mesure de prévoir les risques de catastrophes environnementales (ou même financières), ils fonctionnent à court terme et selon des recettes éculées. La lutte contre le réchauffement climatique n’est pas une question d’argent, il nous faut réfléchir sur une nature qui n’est plus un « bien libre » corvéable à merci.

Pour devenir crédible, les « sciences » économiques (anciennement économie politique) doivent se transformer en écologie appliquée, ou économie biophysique, ou bioéconomie. Pour Yves Cochet, l’économie biophysique part de l’hypothèse que l’énergie et les matières requises pour fabriquer biens et services doivent être tout autant prises en compte que les interactions entre humains. Pourquoi, en effet, l’économie actuelle est-elle devenue une science sociale en excluant le monde biophysique ? Parce que, depuis deux siècles, l’abondance et le faible prix de l’énergie nous ont permis d’ignorer la nature. Pour René Passet, les tenants des grandes écoles (néoclassique, keynésienne ou néolibérale), cantonnées dans les limites strictes de la sphère strictement économique, paraissent se situer en deçà des vrais enjeux. René plaide pour un paradigme bioéconomique, un système dans lequel le respect des lois de reproduction de la nature délimite le champ de l’optimisation économique. C’est-à-dire, très exactement le contraire de ce qu’entendent les néolibéraux contemporains comme Gary Becker pour lesquels c’est la gestion de la nature qui doit se plier aux lois de l’économie.

La fable de l’économie telle que l’expose la quasi-totalité des manuels de sciences économiques en fait un système circulaire d’échanges de valeurs entre la sphère des entreprises et la sphère des ménages. C’est un système conceptuellement clos, une sorte de machine intellectuelle réalisant le mouvement perpétuel à l’intérieur d’un grand parc aménagé pour la satisfaction à court terme des plus riches, et pour le plus grand malheur de tous à moyen terme.

Source documentaire, LeMonde du 13-14 décembre, Antimanuel d’écologie d’Yves Cochet et  Ecorev n° 33 (quelques principes d’organisation pour une gouvernance bioéconomique de René Passet)

définir l’économie Lire la suite »

un « pacifiste » en guerre

La guerre a donc donné le droit d’obtenir le prix Nobel de la paix. Quel paradoxe indéfendable ! Il est vrai qu’en termes d’idéologie militariste, pour avoir la paix, il faut préparer la guerre. C’est d’ailleurs le seul discours qu’Obama était capable de tenir pour recevoir sa distinction le 10 décembre : « Je suis le commandant en chef d’une nation engagée dans deux guerres. J’ai juré de protéger et de défendre mon pays. Je ne peux rester passif face aux menaces qui pèsent sur le peuple américain. Je me réserve le droit d’agir unilatéralement si cela s’avère nécessaire pour défendre mon pays. Ce qui est dangereux, c’est ceux qui ont attaqué mon pays depuis l’Afghanistan. » (LeMonde du 12 décembre). Tout ceci constitue un niveau d’analyse indigne d’un chef d’Etat responsable. Barack Obama en reste au mythe de l’Etat-nation du XIXe siècle : pour bâtir « leur » pays et fabriquer le « peuple américain », les Anglo-saxons envahisseurs avaient mené une guerre d’extermination contre les autochtones de l’Amérique du Nord et acheté leurs esclaves en Afrique. Aujourd’hui, on ne peut vraiment pas dire que l’Afghanistan soit une menace pour la plus forte puissance militaire du monde ; on a essayé de trouver Ben Laden, on ne l’a pas trouvé, les GI’s auraient du repartir. Quant à la deuxième guerre, celle de l’Irak, aucun justification dans le discours d’Obama, et pour cause : il n’y en a pas ! Les « armes de destruction massive » ont fait long feu et l’implication de Saddam dans le terrorisme international n’a pas été démontrée. Ah si, y’a du pétrole !

Mon petit Barack, ne sois pas hypocrite. La guerre n’est pas un phénomène naturel qui serait « apparu avec le premier homme », comme tu le laisses croire. L’être humain n’est ni bon, ni méchant, il devient ce que son conditionnement social lui fait ressentir. La guerre n’est pas « un simple fait, comme la sécheresse ou la maladie », c’est la conséquence construite par les humains d’un déséquilibre entre leur activisme clanique et les possibilités de l’écosystème qui leur apporte de quoi vivre. Tu crois « qu’il y aura toujours des guerres », mais si tous les peuples avaient voulu vivre en harmonie avec le territoire qui leur était propre, il n’y aurait jamais eu de guerres tribales.

En définitive, pour avoir la paix, il faut volontairement préparer cette paix et respecter pour cela les possibilités des écosystèmes. Il est vrai que les discours de non-violence de Gandhi ou Martin Luther King sont insuffisants sur ce point, l’écologie n’était pas encore perçue comme un problème à leur époque. Mais nous devrions tous savoir à présent que le mode de vie américain actuel est celui qui perturbe le plus les systèmes écologiques ; la politique américaine est donc facteur de guerres, que ce soit guerres environnementales ou conflits pour l’accaparement des dernières ressources fossiles. Ce n’est pas l’Afghanistan, l’Irak ou l’Iran qui préparent les guerres du climat et autres joyeusetés, c’est Obama, digne successeur de Bush, en défendant le niveau de vie américain. Son prix Nobel « de la paix » est absolument non mérité, indigne du jury d’Oslo.

un « pacifiste » en guerre Lire la suite »

Johnny Hallyday est mort

Johnny est-il mort ? Je suis devant l’hôpital, de l’autre côté de la rue. Personne ne veut nous fournir la moindre information. Cet hôpital protège tant la vie privée des célébrités que nous ne savons toujours pas si Johnny est vraiment mort ou non. Mais en vérité je vous le dis, quand ça arrivera, un jour ou l’autre et c’est certain, la perte pour l’humanité sera immense. Heureusement que nos disques durs et nos cerveaux lents conserveront encore longtemps la trace de son immense talent. Ah, attendez ! Une personne digne de confiance s’approche de moi, nous allons enfin connaître l’état actuel de son état de santé. Non, ce n’est pas Les Fatals Picards, juste un communiqué de Johnny encore bien vivant qui nous fait dire :

« Mes biens chers frères, mes biens chères sœurs, vous êtes tous suspendus aux dernières nouvelles de mon bulletin de santé. C’est une énorme erreur. N’ayez crainte pour moi, ma vie a été bien remplie, ma mort est de l’ordre de l’insignifiance. Par contre, vous savez tous que le débat public sur les nanotechnologies risque de tourner court. Déjà neuf réunions publiques de passé et presque personne n’est au courant. C’est lamentable, absurde, inconséquent. Vous êtes tous là à vous interroger « sa gueule, qu’est-ce qu’elle a sa gueule ». Mais putain de dieu, y’a autre chose que moi sur cette planète. Intéressez-vous aux nanotechnologies qui conduisent direct à une société totalitaire, ou au bonheur de l’humanité, j’en sais pas plus, le débat suit son cours, chaotique et soumis aux puissances financières… ou aux joies de la technoscience. De toute façon le débat ne sera riche et passionné que si vous me lâchez la grappe pour vous consacrer aux seuls débats qui comptent. A bon entendeur, salut… »

Pour en savoir plus sur le nano-débat, lire LeMonde du 11 décembre

ou renseignez-vous auprès de www.piecesetmaindoeuvre.com

Johnny Hallyday est mort Lire la suite »

l’impuissance du PSG

J’espère que tu n’es pas un fanatique du Paris Saint-Germain parce que le foot-spectacle, y’en a rien à cirer. Par contre l’avenir du PSG, parti socialiste groquignolesque, à peine un peu plus connu sous le sigle Parti Socialiste Européen, ça c’est important. Au Congrès de Prague, les socialistes européenne veulent abandonner leur facette PSG et préparer leur résurrection (LeMonde du 9  décembre). Ils prennent de bonnes résolutions, adopter un jour ou l’autre une « déclaration de principes », définir une identité et même préparer un programme commun. Un slogan commence même à faire florès au PSE : « Le social-libéralisme est mort, vive la social-écologie ! »

La moitié du travail est déjà fait, les socialistes français ont adopté en 2008 une Déclaration de principes très écolo : « Le but de l’action socialiste est la sauvegarde de la planète (article 1) ; Aux injustices et aux violences du monde, l’idée socialiste oppose un engagement pour une humanité respectueuse de la nature (article 2) ; Les finalités du socialisme démocratique, l’émancipation humaine, portent pleinement la volonté de préserver notre planète aujourd’hui menacée, de protéger et de renouveler les ressources naturelles, de promouvoir la qualité de l’environnement. Conscients de l’étroite interaction des activités humaine et des écosystèmes, les socialistes inscrivent la prise en compte de la planète au même rang de leurs finalités fondamentales que la promotion du progrès des sociétés humaines et la satisfaction équivalente de leurs besoins. (article 3), etc. » Mais le PSE parlent aussi de « keynésianisme vert continental ». Enfer et abomination !

Un keynésianisme vert, c’est en fait une relance de la croissance économique avec un déficit budgétaire encore plus grand et l’inflation comme résultat final. L’habillage greenwashing ne doit pas faire oublier que toute croissance économique dans un monde fini est vouée à l’échec. D’ailleurs la Déclaration de principes de 2008 était significative : « Les socialistes défendent un modèle de développement durable qui conjugue la croissance, l’innovation technologique, l’impératif écologique, la création d’emplois (article 7) ; Pour les socialistes, l’Union européenne doit avoir pour mission, par ses politiques communes, de favoriser une croissance forte et durable (article 17). » On ne voit plus la différence entre un écolo-socialisme et une relance sarkozyste…

l’impuissance du PSG Lire la suite »

l’irréalisme socialiste

Lester Brown  avait rédigé en 2007 un programme d’action, Le plan B (pour un pacte écologique mondial). Aujourd’hui les socialistes français croient qu’ils vont inventer quelque chose, un « socle pour 2012 », « les bases d’un nouveau modèle d’écodéveloppement au service du progrès ». (LeMonde du 10 décembre). Connaissant l’incapacité notoire du parti socialiste à se mettre au travail, je connais déjà le résultat. De plus il y a un élément que les socialistes ne reprendront pas chez Lester Brown, le malthusianisme. Ils sont mentalement bloqués sur cette question depuis que Marx a critiqué Malthus. Pourtant Lester Brown est clair :

« Une des questions qui m’est le plus fréquemment posée au cours de mes conférences est de savoir « combien de personnes la Terre peut-elle supporter ». J’y réponds par une autre question : « A quel niveau de ressources alimentaires ? » Il est temps que les leaders mondiaux affirment publiquement que la planète ne peut pas soutenir une natalité de plus de deux enfants par famille. De plus la stabilisation de la population humaine est un préalable pour protéger l’extraordinaire diversité biologique de la planète. Si la population atteint 9 milliards au milieu du XXIe siècle, d’innombrables autres espèces de plantes et d’animaux pourraient disparaître de la surface de la planète par manque d’espace vital. »

Selon Lester Brown, les hommes politiques dont ce monde a besoin sont ceux qui peuvent développer une vision d’ensemble, qui comprennent les liens entre l’économie et les écosystèmes qui la supportent. Mais parmi les hommes et les femmes de gauche, il n’y a personne qui ait actuellement ce profil. Je me trompe ? Même Pierre Moscovici, en charge du « nouveau modèle d’écodéveloppement », n’a jamais relayé le message de son père Serge qui disait déjà en 1978 : « La gauche et la droite sont des notions relatives. Nous (les écologistes) sommes à la gauche de la gauche. Cela veut dire que nous sommes proches de la gauche sur un certain nombre de points (rémunération, organisation des entreprises, internationalisme, etc.) ; mais sur d’autres points, c’est nous qui représentons la gauche, notamment pour tout ce qui a trait aux rapports à la nature, à l’utilisation des ressources, à l’autonomie des collectivités, au productivisme, à la croissance. Car, bien souvent, les hommes et les partis de gauche se sont éloignés de ce qu’on appelle le socialisme et, ce faisant, ont laissé un vide qu’on nous appelle à combler. »

l’irréalisme socialiste Lire la suite »

Claude Allègre (suite et fin)

Résumé des commentaires postés sur ce blog à propos du « mécréant Claude Allègre (qui nourrit de faux débats, ce qui est dangereux pour le libre débat démocratique. )  » A chacun de se faire son opinion pendant que la planète chauffe :

François le Berre :Tout à fait d’accord Camarade! Vive le débat démocratique EN-CA-DRE !

Sharp : Effarant ! Avoir une opinion différente est donc anti-démocratique ! Ce blog est hébergé en Corée du Nord ou c’est un gag ???

Lux : Approche très léniniste : encore bravo ! Tout le pouvoir aux soviets !

Rouvière : Vous, vous les avez sans doute toutes les réponses! Avec le quart du demi des diplômes de Claude Allègre, vous estimez pouvoir dire que Claude Allègre lance de faux débats? Donnez-nous vos références, qu’on rigole un peu. Je ne suis pas un farouche défenseur des idées de Claude Allègre mais ne racontez pas d’âneries.

Brice : Vous devriez plutôt opter pour la courageuse prise de parole au coin du jardin des Tuileries : on y croise souvent des prédicateurs, façon Aguigui Mouna, tout pénétrés de leur glorieuse mission de salubrité publique ; ça a de la gueule, et puis ça, c’est vraiment de la com écolo !

Qui êtes-vous pour savoir mieux que les autres ?
Qui êtes-vous pour prétendre juger de ce qui est ou de ce qui n’est pas démocratique ?
Et surtout d’où sortez-vous, pour croire ainsi que la vérité scientifique doit être démocratique ?
Au secours, Lyssenko est de retour !!

Biosphere : Claude Allègre empêche la recherche démocratique de la vérité, qui est l’art de l’écoute d’autrui, le refus du mensonge (même par omission), l’acceptation des avancées scientifiques. Claude Allègre veut empêcher les prises de décision à Copenhague en niant l’urgence climatique. C’est Claude Allègre et ses compagnons en dénigrement qui nous préparent une dictature « écolo-fasciste » (fasciste certainement, « écolo », c’est pas sûr) ; car pendant tous ces faux débats qu’ils affectionnent (cf. ci-dessus), la planète chauffe de plus en plus vite, les ressources fossiles s’épuisent, la désertification des terres s’intensifie, et les violences se multiplient sur toute la surface de notre Terre.

Claude Allègre (suite et fin) Lire la suite »

une démocratie élargie aux acteurs-absents

La plupart de nos contemporains vivent au jour le jour, les politiciens, même réunis à Copenhague, ne raisonnent pas beaucoup plus loin que les intérêts immédiats de leurs électeurs, les utopies sont derrière nous et les futurologues ne décrivent l’avenir que sous forme de  catastrophes irréversibles. Comment  donc échapper au court-termisme ?

P.Rosanvallon nous décrit quatre types de mesures ou d’institutions dans LeMonde du 8 décembre. Constitutionaliser, mais c’est déjà fait avec la Charte française de l’environnement (promulguée le 1er mars 2005,  Art. 2. – Toute personne a le devoir de prendre part à la préservation et à l’amélioration de l’environnement) ; renforcer l’Etat, mais si c’est pour suivre les conseils d’Hans Jonas, on a déjà donné (« La tyrannie communiste paraît mieux capable de réaliser nos buts inconfortables que le complexe capitaliste-démocratique-libéral ») ; mettre en place une « Académie du futur », mais c’est déjà le rôle du CESE (la réforme constitutionnelle de juillet 2008 a ajouté l’environnement aux compétences du Conseil économique et social) ; instituer des forums publics, mais il y a déjà plein de débats publics auxquels personne ne s’intéresse. La démocratie ne  progresse pas en se complexifiant, elle devient au contraire ingérable.           

Rosanvallon décrit pourtant la condition nécessaire pour préparer le long terme : « Il n’y aura pas de sortie de la myopie démocratique si les citoyens ne sont pas eux-mêmes les défenseurs d’une conscience élargie du monde. C’est lorsque les citoyens auront modifié leurs propres réflexes en termes d’anticipation que leur vision s’accordera au sentiment d’une existence à l’échelle de l’humanité. » Il faut donc que chaque citoyen en position de décision délibérative se fasse l’avocat des acteurs-absents, c’est-à-dire ceux qui ne peuvent prendre la parole lors d’une négociation, ou qui n’est pas invité à la table des négociations : milieu naturel, être vivants non humains, générations futures. Il faut d’ailleurs remarquer que la génération actuelle peut se permettre d’utiliser autant de ressources non reproductibles ( et perturber le climat) uniquement parce que les générations à venir sont exclues du marché actuel pour la simple raison qu’elles ne peuvent y être présentes ; sinon le prix s’élèverait déjà à l’infini. Il y a une dictature du présent sur l’avenir. Cela ne pourra changer que quand chacun d’entre nous pourra se projeter dans le temps long et l’espace infini.

une démocratie élargie aux acteurs-absents Lire la suite »

le mécréant Claude Allègre

Claude Allègre est un mécréant climatique, un scientifique qui n’a pas toutes les réponses mais qui fait croire dans les médias qu’il les a toutes. Claude Allègre nourrit ainsi de faux débats, ce qui est dangereux pour le libre débat démocratique. Démonstration :

Claude Allègre : « Dès lors qu’on est incapable de prédire le temps de façon sérieuse au-delà de quatre jours, anticiper le climat à un siècle de distance est une fumisterie. » (Le Figaro magazine, 28 novembre 2009).

Stéphane Foucart sur la question Peut-on prédire le climat quand on en sait pas prévoir la météo au-delà de quelques jours ? :

« La météorologie s’intéresse à des phénomènes chaotiques, dont l’évolution au-delà de quelques jours est par essence imprévisible. Elle tente de décrire l’évolution du temps à partir d’une connaissance fine des conditions atmosphériques en cours, que les modèles numériques prolongent. La climatologie est une science statistique. Elle s’appuie sur les bases de données de la météorologie et se nourrit des moyennes des mesures physiques, dans l’espace et dans le temps. Mais elle se nourrit d’autres disciplines, comme la glaciologie, l’océanographie, l’astronomie, pour reconstituer les climats du passé et tester ses modèles numériques. Ceux-ci peuvent ensuite simuler l’avenir, en fonction de la variation de la concentration des gaz à effet de serre. Pour prendre une image, la trajectoire de chacun des jets d’un pommeau de douche est difficile à prévoir (météo), mais on peut prédire quand la baignoire débordera (climatologie). » (LeMonde du 6-7 décembre 2009)

le mécréant Claude Allègre Lire la suite »

seule une récession économique…

Une page entière pour constater que sur le marché du don, la répartition de la générosité n’est pas juste : certaines causes suscitent peu de compassion. Quant à la page en face, il s’agit d’un encart payé par le gouvernement sur Copenhague (LeMonde du 5 décembre). La société n’est pas juste, on ne s’intéresse pas aux générations futures qui subiront les perturbations de la biosphère, il n’y a pas de marché pour cela ! Le MEEDDM (ministère de l’écologie, de l’énergie, du développement durable et de la mer) nous rappelle donc que l’urgence climatique appelle à la mobilisation de tous « pour que rien ne soit plus comme avant ». Il suffirait d’investir (éco-prêt à taux zéro et crédit d’impôt), d’acheter des voitures (bonus écologique, prime à la casse), de choisir de nouveaux modes de transport (lesquels ?), et bien sûr de construire des éoliennes. Pour répondre à l’urgence climatique, le gouvernement se contente de « développer la croissance verte ». Il nous dit qu’il ne faut pas s’inquiéter, tout sera comme avant, un peu de greenwashing en plus. Le gouvernement manie comme d’habitude la langue de bois alors qu’il faudrait se mobiliser comme si une guerre mondiale venait d’être déclarée.

Si les politiques étaient responsables et courageux, ils nous préviendraient que les pays riches doivent sacrifier leur niveau de vie pour combattre le changement climatique. Seule une récession économique planifiée sera capable de limiter la hausse des températures moyennes à + 4°C. En effet, pour contenir le réchauffement à +2°C, les émissions mondiales de gaz à effet de serre auraient du commencer à décroître en l’an 2000 ; depuis 1990, elles ont grimpé de 38 %. Comme les émissions de CO2 des pays riches de l’OCDE ont même augmenté de plus de 17 % entre 1990 et 2005, il faudrait maintenant que ces émissions aient totalement cessé dès 2025 pour que la température ne dépasse pas + 4°C. Seule une récession…

seule une récession économique… Lire la suite »

discrimination médiatique

La multiplication des réseaux d’information transforme notre réalité en un magma informel en perpétuelle expansion. Il est donc difficile d’aller à l’essentiel : comment s’y retrouver dans une cyber-poubelle aux dimensions de Google ? Bruno Frappat, aux Assises du journalisme en mai 2008, nous rassurait : « N’ayez pas peur ! Tant qu’il y aura des nouvelles, il faudra des gens pour faire le tri, hiérarchiser les événements, en jeter. » Mais la biosphère n’est pas satisfaite de la manière dont les journalistes font leur boulot de tri et de hiérarchisation. Ainsi LeMonde du 4 décembre insiste dès la première page sur « La richissime héritière du groupe l’Oréal, bientôt sous tutelle judiciaire ? » C’est une affaire privée qui ne regarde que les personnes concernées et la justice. Par contre LeMonde ne consacre qu’une simple brève pour « l’irruption de Greenpeace à l’Assemblée nationale ».

Pourtant cette action  d’éclat se comprend à l’occasion du débat parlementaire sur le sommet de Copenhague. Aucune violence aux biens et aux personnes, juste une manifestation de sensibilisation au réchauffement climatique. Des députés UMP crient pourtant au « viol de la démocratie » et réclament même des sanctions contre les députés Mamère et Cochet qui avaient applaudi à la descente en rappel  dans l’hémicycle d’une militante. A gauche aussi, l’action est dénoncée comme inadmissible. Seul Cohn-Bendit reste admiratif devant l’imagination et le sens de l’agenda de Greenpeace. Le billet de Robert Solé sur le « cirque en hémicycle » ne rajoute rien. On ne connaîtra pas la position de fond de Greenpeace.

Finalement, LeMonde est plus intéressé par la lettre manuscrite de Françoise Meyers-Bettencourt adressée à sa « chère maman » que par les crises écologiques et la difficulté pour les écologistes de faire entendre leur voix dans une société de riches. Encore une fois, le quatrième pouvoir a failli à sa tâche de hiérarchisation de l’information.

discrimination médiatique Lire la suite »