démographie

étonnant, Nicolas Sarkozy serait devenu malthusien

Jeudi 15 septembre sur France 2, le (re)présidentiable Nicolas Sarkozy précise : «  Vous me dites le changement climatique est le premier défi de l’humanité. Permettez-moi de m’inscrire en faux . Le premier défi n’est pas celui-là, c’est le défi démographique. » Une telle déclaration est détonnante. Au niveau politique, l’enjeu démographique était resté un véritable tabou, et les malthusiens voués aux gémonies. Jusqu’à présent, seuls de rares écologistes ont alerté sur la surpopulation de la planète : René Dumont dans les années 1970 et Yves Cochet plus récemment. Ce dernier avait même suggéré en 2009 « que l’on agisse en France sur les allocations familiales de manière à dissuader les couples de procréer au-delà des deux enfants qui assurent le renouvellement minimal des générations ». Les autres politiciens préfèrent vanter la vitalité de la fécondité française.

Mais Sarkozy fait l’erreur courante de classer les chocs que rencontrent l’humanité alors qu’il y a interdépendance. Le réchauffement climatique est un multiplicateur des risques autant que l’explosion démographique : une menace entraîne l’autre et réciproquement. Une équation montre d’ailleurs parfaitement ces enchaînements qui aboutissent à amplifier les émissions de gaz à effet de serre, l’équation de Kaya.

CO2 = (CO2 : TEP)  x (TEP : PIB) x (PIB : Pop) x Pop => CO2

(CO2 : TEP) : contenu carbone d’une unité d’énergie (qui peut s’exprimer en TEP, tonnes d’équivalent pétrole). Cela correspond à un choix de ressources naturelles, charbon ou gaz, électricité, énergie renouvelable ou non, nucléaire…

(TEP : PIB) : quantité d’énergie requise à la création d’une unité monétaire (qui peut correspondre globalement au PIB). C’est l’intensité énergétique de l’économie ou inverse de l’efficacité énergétique. Mais l’innovation technologique ne permet pas de faire suffisamment baisser ce paramètre.

(PIB : Pop) : production par personne ou niveau de vie moyen. Il est nécessaire de mettre en place une politique d’austérité partagée. C’est la variable à laquelle aucun politique ne pense, et pourtant c’est le seul critère qui peut baisser fortement… quand il y a récession économique !

Pop : population, nombre d’habitants. Les questions d’éthique s’imposent dans ce dernier paramètre de l’équation. Mais Dennis Meadows montrent que nous n’avons pas le choix : « Il n’y a que deux manières de réduire la croissance de l’humanité : la réduction du taux de natalité ou l’accroissement du taux de mortalité. Laquelle préféreriez-vous ?  » Cette interrogation a été abordée dans un essai collaboratif coordonné par Michel Sourrouille, Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) dont le titre évocateur laisse supposer la position de l’auteur sur cette question au centre de toute réflexion écologique.

Au niveau mondial il faudrait diviser par 3 d’ici 2050 les émissions de gaz à effet de serre (CO2) si on ne veut pas dépasse le seuil de 2°C de réchauffement. En fait ce seuil n’est qu’un élément de langage politique. Les dernières indications scientifiques montrent qu’il ne faudrait pas dépasser le seuil de 1,5°C, soit une division par 4 (c’est-à-dire – 75%). Mais quand on divise par 3 ou 4 les émissions de CO2, cela implique qu’il faut diviser par 3 ou 4 en moyenne tous les autres membres de l’équation. Personne n’a expliqué cela au sortir de la COP21 à Paris sur le climat !

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Incompatibilité de la démographie et du libre-échange !

Une proposition de l’Union démocratique du centre (UDC, majoritaire au Parlement suisse) visait à instaurer des quotas à l’immigration et à renégocier la libre circulation avec l’Union européenne. Elle a été soumise au vote des électeurs suisses le 9 février 2014. Les Suisses ont voté oui à la limitation de « l’immigration de masse » à une très courte majorité (50,3 %). Mais le taux de participation a été particulièrement élevé, atteignant 56,5 %, soit beaucoup plus que la moyenne de 44 % habituellement enregistrée en Suisse, preuve que le sujet a suscité beaucoup d’intérêt de la part des électeurs. Il y aura donc des plafonds annuels à l’immigration ainsi que des contingents pour les autorisations de séjour en Suisse. C’était sur notre blog à l’époque.

Aujourd’hui le Parlement helvétique, chargé de mettre en œuvre ce vote radical, est en pleine reculade, faute d’avoir réussi à résoudre la quadrature du cercle, également au cœur des négociations sur le Brexit : comment limiter la libre circulation des travailleurs de l’Union européenne tout en maintenant des traités commerciaux avec celle-ci ? Les quotas ne sont envisagés qu’en dernier recours, les députés privilégient surtout les mesures de prévention comme la publication des offres d’emploi d’abord en Suisse, afin d’inciter les employeurs à la préférence nationale*.

Le référendum et son système de démocratie directe est encore une fois remis en question. Jean-Luc Addor, membre UDC de la commission parlementaire sur le sujet, juge le compromis législatif inacceptable. « C’est contraire à la volonté populaire. Nous voulions restaurer un semblant de souveraineté en Suisse et au contraire, on a un texte de soumission à l’Union européenne, qui ne limitera en rien l’immigration. » Nous avons dans cette affaire toute la complexité de la recherche collective du bien commun. Mais pour un écologiste, le libre échange comme la libre circulation des personnes s’opèrent au détriment de l’équilibre des écosystèmes et de l’organisation socio-économique des territoires. La maîtrise des flux de population et de marchandises est une nécessité. Le semi-échec de cette votation en Suisse n’est donc qu’un exemple de l’évolution en cours vers une relocalisation de l’emploi et de la production. D’ailleurs les quotas à l’immigration sont déjà une réalité pour les personnes qui n’appartiennent pas à l’espace européen !

* LE MONDE du14 septembre 2016, La Suisse recule sur les quotas d’étrangers

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programme malthusien : iconoclaste ou réaliste ?

De la part d’un correspondant (Jean-Marc T.), quelques propositions pour une société à enfant unique :

a) droit à un seul enfant vivant par femme, droit qu’elle n’est pas obligé d’exercer.
b) permis d’enfanter, permettant de vérifier que les futurs parents sont conscients qu’ils en prennent pour au minimum 18 ans et qu’ils ont eu une formation suffisante ; je crains le pire si les adolescentes actuelles doivent utiliser à chaque instant leur smartphone pour élever leur enfant !
c) faire vivre les enfants dans des environnements avec d’autres enfants du même âge mais aussi d’âge différent (comme on dit en Afrique, pour élever un enfant il faut tout un village!)

Notre réaction sur ce blog biosphere :
a) quota d’un enfant par femme
Il apparaît en démographie que laisser libre cours à la volonté des individus le choix reproductif amène à des situations écologiquement insupportables. Au niveau politique, nous pourrions d’abord envisager la mise en place d’un enseignement pour tous sur des notions comme la capacité de charge d’un territoire et autres réflexion sur la recherche de l’équilibre entre population (humaine et non humaine ) et leur milieu. Nous pourrions rajouter qu’une politique nataliste comme celle de la France est inadaptée, d’où un changement à opérer dans les mécanismes d’allocation et de quotient familial. Mais nous pourrions aussi dire que si cela ne se fait pas de manière rapide en France (et dans le monde), la situation de surpopulation deviendra telle qu’elle poussera à des mesures coercitives de type «quota de fécondité» comme cela se fait déjà en matière d’immigration. Nous pouvons aussi rappeler qu’un déséquilibre entre population et alimentation entraîne toujours famines, guerres et/ou épidémies, ce que nous savons depuis Malthus (1798).
b) permis d’enfanter
Cela se retrouve dans la littérature engagée sous l’expression « permis de procréer» ou « diplôme de parents». Cela n’est pas absurde, il faut en France des diplômes dans à peu près tous les domaines, donc pourquoi pas au niveau de la responsabilité sociale la plus grande qui soit, enfanter une bouche supplémentaire à nourrir et à procurer un emploi tout en respectant les limites de plus en plus étroites des ressources de la planète. D’ailleurs en matière d’adoption, il existe déjà en France l’équivalent d’un permis d’adopter. Il suffirait de reprendre les contraintes qui pèsent sur les adoptants pour élaborer les critères d’un «permis d’enfanter».
c) faire vivre les enfants dans un milieu éducatif
Pour prolonger les idées de Jean-Marc dont l’argumentaire fait plutôt implicitement référence aux premiers temps des kibboutz, on pourrait penser à généraliser les classes uniques dans les écoles primaires qui mettent en relation des enfants d’âge différent, ce qui permet la co-éducation. Mais aussi envisager la transversalité de l’enseignement en collège ; il est absurde que les professeurs soient spécialisés dans une seule matière pour transformer les préados en spécialistes et non en humains clairement conscients des interdépendances et préparés à y faire face. Enfin on pourrait y voir la contestation du monopole des parents en matière de socialisation primaire. Les parents ne sont pas propriétaires de leurs propres enfants, il sont en charge de leur faire à la fois trouver leur autonomie et le sens du collectif. Mais cette capacité pédagogique est déjà contenu dans le fait qu’un candidat parent obtiendrait ou non le droit de procréer (cf. point 2)…

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L’immigrationisme pousse à la guerre de tous contre tous

Galaad Wilgos (p.67 à 70)* : « L’immigrationnisme, c’est-à-dire l’idéologie valorisant les flux migratoires, a selon nous toujours été l’ennemi des classes populaires. Tout indique que le capitalisme ne peut fonctionner sans une main d’oeuvre mobile, malléable et mal payée. Pompidou, déjà, disait en septembre 1963 que «l’immigration est un moyen de créer une certaine détente sur la marché du travail et de résister à la pression sociale.» C’est chez Marx et Engels que l’on trouve une des premières critiques révolutionnaire de l’immigrationnisme. Ils emploient le concept d’armée de réserve pour désigner l’existence d’une masse de sans-emploi permettant aux détenteurs du capital de ne pas augmenter les salaires et de menacer ceux qui ont la chance de disposer d’un travail. Dans les conditions actuelles de la concurrence universelle, les migrations ne sont rien d’autre qu’un moment de plus de celle-ci. En soi, migrer n’est pas plus émancipateur que rester chez soi. Outre les intérêts évidents qui entrent en jeu (passeurs, mafia, grands patrons et politiciens cyniques), c’est l’idéologie du «bougisme» qui irrigue désormais notre imaginaire. Comme l’exprime Pierre-André Taguieff, « Dans cette utopie fondée sur le culte du mouvement pour le mouvement, l’accélération de la mobilité, de la vitesse et de la flexibilité dans tous les domaines se substitue aux fins telles que la liberté ou la justice.» Ce qui sert de distinction entre ceux qui sont «en haut» et ceux qui sont « en bas» de la société de consommation, c’est leur degré de mobilité, c’est-à-dire leur liberté de choisir l’endroit où ils veulent être. Ceux qui sont « en bas» sont régulièrement chassés des endroits où ils seraient contents de demeurer. (Zygmunt Baumann) » La lutte des classes prend ainsi l’aspect d’une confrontation entre une élite nomade, déterritorialisée, qui prend l’avion ou les TGV comme d’autres le RER, et la masse des manants, ceux qui ne peuvent que demeurer dans les périphéries, condamnées à une quotidienne et morne migration pendulaire. En réalité, une société écologiquement durable ne peut coexister avec une mobilité intempestive. Le culte de la vitesse et du mouvement est dangereux pour notre environnement social et naturel : pollution, urbanisation, bétonisation, folklorisaiton des cultures locales par le tourisme de masse, etc. Seul l’enracinement dans un contexte local où les habitudes et la connaissance des habitants du lieu ne subissent pas une précarité constante permet aux individus de se retrouver dans un collectif, d’attacher de l’importance aux autres et de faire preuve de solidarité. Seuls un ralentissement et une relocalisation permettraient de sortir de la dictature du profit, du vide spirituel et de la mobilisation constante de tous contre tous.»

Autre article (p.60), Camel Bechikh : « Pour acculturer, il faut stopper l’immigration car les trois principaux lieux d’intégration sociale, l’école, le logement et le travail, sont engorgés et ne produisent plus l’ascension sociale attendue, permettant d’amorcer cette acculturation. Les nouvelles vagues de migrants iront disputer aux plus fragilisés de notre société les places d’école, de logement, l’emploi précaire. D’autant plus que les difficultés liées à l’immigration risquent de retomber sur la minorité musulmane déjà présente. Ceux qui font l’apologie de l’accueil sont-ils prêts à en assumer eux-mêmes les conséquences à long terme ?»

Autre article (p. 80), Hervé Juvin : « La nation était le meilleur antidote au choc des civilisations. Par la frontière et l’exigence de la citoyenneté, on était parvenu à faire vivre côte à côte des gens très différents de par leur foi religieuse ou leur appartenance. Quand vous enlevez le couvercle de la nation, vous rêvez de concorde , mais vous récoltez la guerre de tous contre tous. »

* Limite n° 2, revue d’écologie intégrale (dans le dossier «Naufrage mondial, Ancrage local», quelques extraits sur l’immigration)

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Sans un Maghreb prospère, pas d’Europe qui vaille

L’histoire fourmille d’exemples démontrant qu’au-delà de certains seuils numériques, l’immigré n’est plus considéré comme un individu digne de respect, mais comme le représentant d’un monde envahisseur. Pourquoi de tels fossés, souvent sanglants, entre Irlandais catholiques et protestants, entre Flamands et Wallons, entre Israéliens et Palestiniens, entre Indiens et Pakistanais ? Pousser les questions sous le tapis ne fait que le jeu de l’extrême droite. Charles de Gaulle déclarait à Alain Peyrefitte le 5 mars 1959 : «Ceux qui prônent l’intégration ont une cervelle de colibri. Les Arabes sont des Arabes, les Français sont des Français. Vous croyez que le corps français peut absorber 10 millions de musulmans qui seront demain 20 millions et après-demain 40 millions ? Si nous faisons l’intégration, si tous les Arabes et Berbères d’Algérie étaient considérés comme Français, comment les empêcherait-on de venir s’installer en métropole, alors que le niveau de vie y est tellement plus élevé ? Mon village ne s’appellerait plus Colombey-le-Deux-Eglises, mais Colombey-les-Deux-Mosquées. »

Comment ne pas reconnaître qu’il y a quelques similitudes également légitimes entre le «droit à la différence» et le «droit à l’identité», pourquoi ne pas admettre qu’en ayant été opposé à la francisation de l’Algérie, on puisse être aujourd’hui inquiet du phénomène inverse ? N’est-il pas politiquement incohérent qu’une partie notable de ceux qui s’indignent de l’immigraiton maghrébine en France provienne de ceux qui plaidaient pour l’Algérie française et la «fraternisation» ? En fait un système ne doit être ni (trop) ouvert, ni (trop) fermé ; mais toute la difficulté réside de définir – et de mettre en oeuvre – son taux optimal d’ouverture.

Je citerai un vieux proverbe chinois : «Quand le réservoir déborde, avant d’aller chercher une serpillière, le sage ferme le robinet.» Autrement dit, si le gâteau n’est plus assez grand pour nourrir tous les affamés, comment ne pas s’interroger sur la montée en puissance incontrôlée de tant de nouvelles bouches à nourrir ? Comme disaient les anciens lorsque nous étions cinquante fois moins nombreux, «Laissez faire Vénus et vous aurez Mars». Je suis non seulement prêt à poursuivre mon aide financière aux ONG humanitaires, mais encore à doubler la mise.  J’assortis néanmoins cette proposition de la clause suivante : le montant antérieur continuerait à être attribué aux actions «habituelles», la nouvelle moitié à la maîtrise simultanée de la natalité. Je propose une campagne pilule avec nourriture, ou plus précisément «droits féminins et pilules avec nourriture et soins», volets indispensables pour une humanité/féminité durable, consciente et responsabilisée à tous les niveaux. Avec l’espoir de voir les réalités en face…

(extraits du livre «Le futur a-t-il un avenir ? (pour une responsabilité socio-écologique)« de Philippe Lebreton
éditions Sang de la Terre 2012, 380 pages pour 24,50 euros)

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Sur ce blog, nous sommes profondément malthusiens

A tous ceux qui pensent qu’il est idiot de se préoccuper du problème  démographique et que la détérioration de la biosphère ne relève que du mode de vie consumériste, nous pouvons rappeler que parmi les personnages s’étant inquiétés de la surpopulation, on trouve Einstein, Lévi-Strauss, Baudrillard, Freud, Yourcenar… tous bien connus pour leur déficience intellectuelle notoire. Pour soutenir notre point de vue, allez sur le site Démographie Responsable

  « Lorsque les hommes commencent à se sentir à l’étroit dans leurs espaces géographiques, une solution simple risque de les séduire, celle qui consiste à refuser la qualité humaine à une partie de l’espèce . »Claude Lévi-Strauss (entretien télévisé)

 « Si nous continuons dans cette voie, si nous ne faisons rien pour enrayer l’accroissement de la population, nous allons en payer le prix, nous allons nous retrouver dans un monde surpeuplé. La démographie a un impact sur le développement économique, sur l’environnement et sur les ressources de la Terre qui sont limitées. » » Kofi Annan

 « Le besoin d’une nombreuse génération ne se fait pas sentir de nos jours comme dans les temps anciens […] la différence des temps influe sur l’opportunité qu’il y a à faire ou à ne pas faire telle ou telle chose […] Dans les temps où nous vivons, il est mieux, il est plus saint de ne pas rechercher le mariage en vue de la génération charnelle. » Saint Augustin

« L’impératif de pérennité implique que l’on définisse une limite de population mondiale, limite dont tout indique qu’elle est déjà dépassée.» André Lebeau,  » L’enfermement planétaire « 

 « C’est ce qui n’est pas Homme autour de lui qui rend l’Homme humain…. Plus sur Terre il y a d’hommes, plus il y a d’exaspération »  Henry Michaux  

 « Les grandes épidémies meurtrières ont disparu. Elles ont toutes été remplacées par une seule : la prolifération des êtres humains eux-mêmes. La surpopulation constitue une sorte d’épidémie lente et irrésistible, inverse de la peste et du choléra. On peut seulement espérer qu’elle s’arrêtera d’elle-même, une fois repue de vivants, comme le faisait la peste, une fois repue de cadavres. Le même réflexe de régulation jouera-t-il contre l’excès de vie qu’il a joué jadis contre l’excès de mort ? Car l’excès de vie est plus mortel encore. »Jean Baudrillard

 « Il y a peu de travail et beaucoup trop de population sur la terre. »Bernard Kouchner

«  Le commandement « Croissez et multipliez » a été promulgué, avec l’accord des autorités, au temps où la population était composée seulement de deux personnes »William Inge

« Les plus grandes épreuves auxquelles le Monde aura à faire face dans les années à venir seront la surpopulation, le manque de ressources (eau, matières premières, pétrole…), des pandémies de toutes sortes de maladies connues et nouvelles, des pollutions de toutes sortes (chimiques, air, eau, alimentation…) » Albert Einstein

« Ce serait l’un des plus grands triomphes de l’humanité si l’on parvenait à élever l’acte responsable de la procréation au rang d’action volontaire et intentionnelle. »Sigmund Freud

« L’épanouissement de la vie et des cultures humaines est compatible avec une diminution substantielle de la population humaine. L’épanouissement de la vie non-humaine requiert une telle diminution. » Arne Naess

 « Ne me parlez pas de pénurie. Mon monde est vaste et a plus qu’assez – pour un nombre limité. Il n’y a pénurie de rien, à part de volonté et sagesse ; mais il y a un surplus de gens. » Garrett Hardin

 « L’humanité devrait diminuer progressivement sa population jusqu’à un niveau où une agriculture organique suffirait à la nourrir convenablement. Bien entendu les pays qui connaissent à présent une très forte croissance démographique devront faire des efforts tout particuliers.»Nicholas Georgescu Roegen

 « Nous périrons sous les berceaux. Nous sommes le Cancer de la Terre ; la pullulation de l’espèce humaine est responsable d’une pollution ingérable par la nature. Cela est tellement évident qu’on se demande de quel aveuglement sont frappés nos dirigeants. La Nature, dans sa grande sagesse, essaie de nous aider ; les cas de stérilité sans cause apparente s’accroissent – comme d’ailleurs s’accroissent les orphelins et enfants abandonnés et maltraités ! » Jacques-Yves  Cousteau

« La plus grave menace pour l’avenir de l’humanité reste l’explosion démographique, la prolifération du plus redoutable prédateur, l’homme, sur une petite planète. (…) Notre petite planète n’est pas capable de supporter longtemps les conséquences d’une surpopulation délirante et de l’activité industrielle incontrôlée de notre société de consommation, qui épuise les ressources rares non renouvelables de cette Terre, et qui pollue, défigure et finalement détruit une large part d’un écosystème dont nous faisons partie. » René Dumont

 « Aujourd’hui, les niveaux de population dépendent des carburants fossiles et de l’agriculture industrielle. Ôtez les du tableau et il y aurait une réduction de la population mondiale qui est bien trop horrible pour pouvoir y penser.»Joseph Tainter   

 «  Il ne suffit plus aujourd’hui d’écrire que « la baisse de la pression démographique passe d’abord par l’éradication de la pauvreté mais aussi par des politiques d’égalité des droits des hommes et des femmes devant l’éducation, la santé et le pouvoir ».Tout ceci a beau être vrai, c’est largement insuffisant.

Le reflux démographique ne saurait être un simple effet collatéral de mesures de justice. La population humaine doit réaliser qu’elle est objectivement en surnombre par rapport par rapport à la capacité de charge de la Terre, et que ce surnombre mène la civilisation voire l’espèce à sa perte. Si l’on veut un reflux de la natalité fort, désiré et durable, il faut que ses vertus propres s’inscrivent dans les têtes et qu’il fasse l’objet de mesures dissuasives qui affirment l’adhésion de la collectivité à leur nécessité».  Hugues Stoeckel « La faim du monde »

« Tout pacte écologique devrait sous tendre un pacte antinataliste. » Michel Tarrier

« Il faut réduire doucement la masse humaine pour que chaque être retrouve sa propre dignité. […] Aucune solution n’est viable tant qu’on a pas d’abord réglé la question de la démographie. » Marguerite Yourcenar

(Citations extraites du site Economie Durable)

 

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Liberté de quitter son pays, pas de rentrer dans un autre

Il n’y a rien d’universel dans nos démêles inter-humains, il n’y a que du relatif ! L’article 13 de la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 est censé garantir le droit à « toute personne (…) de quitter tout pays, y compris le sien ». Le philosophe Etienne Balibar avait souligné le caractère ambigu de ce texte : il manque l’obligation pour tout Etat d’accepter l’entrée des étrangers ! De plus il ne faut pas tronquer cet article : « Toute personne a le droit de quitter tout pays… et de revenir dans son pays. » On sait que le « retour aux pays » est un droit le plus souvent fictif.

Certains se veulent optimistes : « Imaginez que tous les pays ouvrent en même temps leurs frontières. »* Catherine Wihtol de Wenden a publié dès 1999 Faut-il ouvrir les frontières ? Antoine Pécoud et Paul de Guchteneire prolongèrent en 2009 avec Migrations sans frontières. Essais sur la libre circulation des personnes. L’ouverture des frontières est aussi le cheval de bataille des associations, réseau No border ou l’Organisation pour une citoyenneté universelle (OCU). Ce courant de pensée est irréaliste. Comme l’exprimait André Lebeau, « Le découpage de l’espace terrestre en territoires nationaux est achevé. A l’enfermement planétaire qui pèse sur l’humanité s’ajoute un confinement territorial qui fait de la notion d’expansion un synonyme de guerre de conquête. »** Comme l’écrivait René Monet : « Les écologistes devraient dire que l’immigration maintient ou accroît la pression humaine sur le milieu naturel dans des pays où, de par le recul de la natalité, cette pression pourrait s’y stabiliser sinon régresser. Ainsi il n’y aura pas de répit. L’homme va continuer à saturer l’espace planétaire à la fois par la croissance démographique et par les transferts de population. »*** Cette période où la terre offrait encore des territoires qu’on croyait vierges se termine. Malthus avait une approche perspicace de la mobilité géographique : « L’émigration, en supposant qu’on en pût faire un libre usage, est une ressource qui ne peut être de longue durée. »

Au niveau d´un pays, l´émigration peut constituer pour l´individu un espoir de survie, remédier temporairement au problème du chômage. Cela permet aussi politiquement d´amoindrir l´effet « cocotte minute » qui peut se produire lorsque le mécontentement citoyen atteint son paroxysme : l’émigration peut servir de soupape de sécurité. L´émigration constitue une tactique politique pour exporter le mécontentement vers l´extérieur tout en attendant les retombées financières des migrants. Mais la démographie du pays peut continuer à galoper, les problèmes ne sont pas résolus. Libéraliser l´immigration (l’émigration) n´est pas une stratégie durable… Par contre, si la population sur un territoire délimité commence à excéder les possibilités du milieu sans qu’on puisse émigrer, c’est là une forte incitation à décider collectivement de la régulation des naissances. C’est une mise sous pression des politiques, qui pousse les autorités à prendre des mesures conséquentes – à être démographiquement responsable -. Empêcher les mouvements migratoires semble une approche adaptée politiquement si on veut agir pour un avenir durable****.

* LE MONDE CULTURE&IDEES | 27.06.2015, Migrants : et si un monde sans frontières générait de la richesse ?

** L’enfermement planétaire d’André Lebeau (Gallimard, 2008)

*** Environnement, l’hypothèque démographique de René Monet (l’Harmattan, 2004)

**** Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) (éditions Sang de la Terre, 2014)

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Les Juifs d’Israël vont mourir par là où ils ont péché

En 2016, Israël annonce 8,5 millions d’habitants et 366 personnes au kilomètre carré. Sa population a plus que décuplé depuis sa création en 1948, elle devrait quasiment doubler d’ici à 2050 pour atteindre 15 à 16 millions de personnes. Résultat ? Les routes de l’Etat hébreu sont congestionnées, les bouchons interminables, les habitants privés de nature, la biodiversité en ruine. On va droit vers une catastrophe écologique et socio-économique*.

Les causes de cette vitalité ? Elles sont multiples, de l’injonction biblique « Soyez féconds et multipliez-vous », à la course poursuite entre population palestinienne et israélienne. Laissons de côté la problématique politique d’un Etat juif composée à 20 % d’Arabes israéliens et d’un Etat palestinien toujours à l’état de projet depuis près de 70 ans. Du côté religieux, les Juifs feraient mieux de comprendre les desseins de Dieu, ce qu’avait parfaitement réalisé le pasteur Malthus en 1798 :

« La plupart des attaques contre cet ouvrage (essai sur le principe de population) sont moins de réfutations que des déclamations ou des injures qui ne méritent aucune réponse. Je suis donc appelé à relever des objections qui ont été faites en simple conversation.La première grande objection est que mes principes contredisent le commandement du Créateur, ordre de croître, de multiplier et de peupler la terre. Je suis pleinement persuadé que c’est le devoir de l’homme d’obéir à son Créateur, mais ce commandement est subordonné aux lois de la nature. Si, par une opération miraculeuse, l’homme pouvait vivre sans nourriture, nul doute que la terre ne fût très rapidement peuplée. Mais comme nous n’avons aucune raison de compter sur un tel miracle, nous devons, en qualité de  créatures raisonnables, examiner quelles sont les lois que notre Créateur a établies relativement à la multiplication de l’espèce. Il n’y a aucun chiffre absolu : garnir une ferme de bestiaux, c’est agir selon la grandeur de la ferme et selon la richesse du sol qui comportent chacune un certain nombre de bêtes. Le fermier doit désirer que ce nombre absolu croisse. Mais c’est une entreprise vaine de prétendre augmenter le nombre  avant d’avoir mis les terres en état de les nourrir. »

* LE MONDE du 10-11 juillet 2016, En Israël, les défis d’une démographie explosive

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À lire, Essai sur le principe de population (1798)

L’essentiel de cet « Essai » de Robert Malthus réside dans l’avertissement que la Terre constitue un espace clos et saturé d’humains si on laisse faire les choses en matière démographique. Robert Malthus (1766-1834) est donc un écologiste avant la lettre, mettant en relation la croissance rapide (progression géométrique) de la population humaine qui se trouve en décalage croissant avec l’évolution linéaire (dite arithmétique) des ressources alimentaires. Il précède d’un siècle et demi le Club de Rome et ses courbes exponentielles et annonce la catastrophe. Jusqu’à présent le développement économique a pu suivre la croissance des besoins grâce à l’utilisation des énergies fossiles. Mais ces dernières années cette expansion butte sur la double limite de l’épuisement des ressources naturelles et des capacités de régénération du milieu. Et l’on découvre, maintenant que la sphère des activités économiques est dépendante de la reproduction de la biosphère. Au moment où l’homme met en péril les conditions de sa propre survie, le principe de population doit rappeler à tout homme politique la nécessité d’une pensée des limites.

« – Pour les plantes et les animaux, le défaut de place et de nourriture détruit ce qui naît au-delà des limites assignées à chaque espèce. Les effets de cet obstacle sont, pour l’homme, bien plus compliqué. Il se sent arrêté par la voix de la raison, qui lui inspire la crainte d’avoir des enfants aux besoins desquels il ne pourra point pourvoir. Si au contraire l’instinct l’emporte, la population croît plus que les moyens de subsistance.

– Les obstacles à la population qui maintiennent le nombre des individus au niveau de leurs moyens de subsistance, peuvent être rangés sous deux chefs. Les uns agissent en prévenant l’accroissement de la population, et les autres en la détruisant. Les obstacles destructifs renferment toutes les causes qui tendent de quelque manière à abréger la durée naturelle de la vie humaine par le vice ou par le malheur. Ainsi on peut ranger sous ce chef l’extrême pauvreté, la mauvaise nourriture des enfants, l’insalubrité des grandes villes, toutes les espèces de maladies et d’épidémies, la guerre, la peste, la famine.

– En Angleterre, les lois sur les pauvres tendent manifestement à accroître la population sans rien ajouter aux moyens de subsistance. Un homme peut se marier avec peu ou point de moyens de soutenir une famille, parce qu’il compte sur les secours de sa paroisse. Ce que je propose, c’est l’abolition graduelle des lois sur les pauvres, assez graduelle pour n’affecter aucun individu qui soit actuellement vivant, ou qui doivent naître dans les deux années prochaines. Ces raisonnements ne s’appliquent pas aux cas d’une urgente détresse, produite par quelques accidents que n’a point occasionné l’indolence ou l’imprudence de celui qui en est la victime. En aucun cas, nous ne devons perdre l’occasion de faire du bien. »(1ère édition 1798, Flammarion 1992)

pub : un livre à lire absolument pendant les grandes vacances (parution juillet)

« L’écologie à l’épreuve du pouvoir »(Michel Sourrouille aux éditions Sang de la Terre)

À lire, Essai sur le principe de population (1798) Lire la suite »

La variable démographique chez les écosocialistes

Certains ont beaucoup de mal à apprécier à sa juste mesure le fait que les humains constituent une espèce invasive qui se fait beaucoup de mal à elle-même par son nombre. La radicalité du fait peut être source de contradiction ou d’anathèmes dans la branche des décroissants et des écosocialistes. Ainsi pour Renaud Duterme dans le chapitre «Trop nombreux ?»*.

thèse : La surpopulation est dans bien des cas un des facteurs privilégiés qui expliquerait le déclin d’une société et à son tour, celui-ci entraînerait une chute drastique du nombre de personnes (soit par décès, soit par émigration). Nous ne sommes en fait jamais loin de la vision malthusienne, selon laquelle l’accroissement de la population suivant une logique exponentielle, la quantité de nourriture n’arrive pas à suivre, entraînant de la sorte une pénurie qui conduit à une baisse de la population. On ne peut balayer cet argument d’un revers de la main. Alors que son nombre au niveau mondial a été relativement stable pendant des siècles, la population humaine a brusquement explosé à partir du XIXe siècle. N’en déplaise à certains, cela n’est évidemment pas sans conséquence pour l’état de la planète. Il est possible de limiter la taille  de la population conjointement à une augmentation du niveau de vie et à une meilleure éducation. La problème avec cette transition démographique, et c’est ce que de nombreux auteurs souvent marxistes refusent de prendre en compte, c’est le décalage temporel entre la dynamique exponentielle de la population et le temps nécessaire pour atteindre une diminution de la natalité.

antithèse : la question démographique est loin d’être le facteur fondamental. Placer la démographie au centre du débat revient fréquemment à occulter d’autres facteurs. Plus que le nombre, c’est davantage le mode de production et de consommation qui pose problème. Dans le livre Moins nombreux, plus heureux, l’humanité est comparée à un cancer (p.88), à une invasion de poux (p.87) et est considéré comme la pire espèce invasive (p.158). (ndlr : Renaud Duterme dénature volontairement ce livre, il se garde bien de reproduire les phrases entières, soit « La planète Terre qui abrite le cancer humain n’est plus qu’un champ de ruines »… « Nos hommes politiques n’ont pas compris que les poux ne survivent pas sur le crâne des chauves »… « Homo sapiens est la pire espèce invasive. Notre monde est passé de 250 millions à 7 milliards depuis l’an 1 de l’ère chrétienne »). L’argument démographique sert aussi à justifier des politiques pour le moins réactionnaires, en particulier contre l’immigration et les pauvres.

synthèse : le plus gros des dégradations environnementales aujourd’hui est le fait de deux groupes : le milliard le plus riche et le milliard le plus pauvre. Les plus riches détruisent l’environnement global par leur surconsommation rapide des ressources et leur généreuse production de déchets, tandis que les plus pauvres détruisent leurs ressources par nécessité et par absence de choix.

* De quoi l’effondrement est-il le nom ? (Renaud Duterme)
éditions utopia 2016, 144 pages pour 8 euros

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Nicolas Hulot : « Où est passée notre humanité ? »

Etonnant cet article sur l’immigration* de Nicolas Hulot qui sort de son rôle d’écologiste pour endosser celui de l’humanitaire. Voici son discours et ce qu’on peut lui répondre.

Nicolas Hulot : Cinq ans de conflits en Syrie, 5 millions de réfugiés dans les pays voisins, 1 million de personnes ayant traversé l’Europe, et cela s’ajoute à l’inexorable exode des damnés de la terre qui fuient l’Afrique, ses conflits et la désertification…

Biosphere : Il y avait environ 200 millions d’Africains en 1950 et 1,2 milliards en 2015. A fécondité constante on arriverait à 16 milliards en 2100. Autant dire que le conflit syrien apparaîtra un jour comme bénin et que l’Afrique sera invivable. Déjà 37 % des jeunes adultes en Afrique subsaharienne déclarent vouloir émigrer vers un autre pays. Alors, combien l’Europe pourra-t-elle accueil de migrants économico-politiques ? Un million, cinq millions, cent millions ? Où est la limite ? Le pape François héberge trois familles de migrants, peut-il en recevoir chez lui dix, cent ou mille ? L’écologie repose fondamentalement sur le sens des limites.

Nicolas Hulot : Peut-on distinguer dans cet entrelacs ce qui procède du traitement au long terme, notamment la fin du conflit syrien, et de la misère en Afrique, de l’urgence humanitaire pure, et s’y concentrer prioritairement ?

Biosphere : Le second critère d’une option écologique, c’est de ne pas distinguer action à court terme et vision à long terme. En se concentrant « prioritairement » sur l’urgence humanitaire immédiate, il y a multiplications des camps de réfugiés qui deviennent ingérable, ce qui commence à être le cas à l’heure actuelle. On ne peut agir dans le court terme que dans la perspective du long terme, sinon on accroît les problèmes au lieu de les résoudre.

Nicolas Hulot : Nous devons ouvrir des couloirs humanitaires pour substituer aux voies irrégulières massives de passage des voies régulières à la hauteur. Tout cela n’exonère pas la maîtrise des frontières et la lutte contre les passeurs.

Biosphere : Dire qu’il suffit d’ouvrir des couloirs humanitaires pour éradiquer l’immigration clandestine, c’est mal connaître la faculté humaine de jongler entre ce qui est autorisé et ce qui est interdit. D’autant plus que, comme on l’a montré précédemment, les flux migratoires doivent être encadrés, ce qui entraînera nécessairement des filières clandestines. La France a aussi connu son marché noir et ses passeurs pendant la guerre.

Nicolas Hulot : Ne peut-on organiser une coordination Etat, régions, territoires, communes pour évaluer les capacités de chacun à se partager l’accueil 

Biosphere : Cela se fait déjà, chaque pays de l’Union européenne (UE) se voit attribuer un quota de répartition de référence théorique (exprimé en pourcentage des demandes d’asile dans l’UE), prenant en compte sa taille et son PIB, mais aussi les efforts qu’il fait déjà pour accueillir des demandeurs d’asile depuis des pays tiers**. Remarquons que le pape François** n’a condamné ni le refus d’accueillir des réfugiés de certains Etats membres (Hongrie, Pologne, Slovaquie…), ni l’accord, très contesté, sur le retour des réfugiés syriens en Turquie, signé entre Bruxelles et Ankara en mars.

Nicolas Hulot : Ce qui nous fait défaut, ce ne sont pas les moyens, c’est la compassion.

Biosphere : On ne répond pas aux crises structurelles avec de bons sentiments, on ne peut pas résoudre durablement au niveau européen des problèmes démographiques qui ont des origines locales. Compassion n’est pas raison. Il ne suffit pas d’ouvrir ses frontières, encore faut-il procurer un emploi, un logement hors des camps de rétention et mettre en place un processus d’intégration. L’immigration de masse ne permet pas une telle prise en charge.

Nicolas Hulot : J’ai conscience qu’on ne répond pas aux crises avec de bons sentiments. Plus encore, j’ai conscience de l’extrême complexité, de la gravité de la situation et d’être incapable d’esquisser un scénario de résolution.

Biosphere : La troisième caractéristique de l’écologie est en effet la perception de la complexité des situations. Nicolas exprime clairement cette contradiction qui existe entre les bons sentiments et la résolution des problèmes. Comme l’exprimait Malthus de façon prémonitoire, « L’émigration, en supposant qu’on en pût faire un libre usage, est une ressource qui ne peut être de longue durée ».

* LE MONDE du 1-2 mai 2016, Nicolas Hulot : « Avec les migrants, où est passée notre humanité ? »

** LE MONDE du 5 mai 2016, Bruxelles présente son plan contre la crise migratoire)

*** LE MONDE du 7 mai 2016 Le pape plaide pour un « nouvel humanisme européen »

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Liberté…, immigration – la France à l’heure des choix

L’immigration et l’islam ne font pas bon ménage. Deux informations récentes se télescopent :

– Chaque pays de l’Union européenne (UE) se verra ainsi attribuer un quota de répartition de référence théorique (exprimé en pourcentage des demandes d’asile dans l’UE), prenant en compte sa taille et son PIB, mais aussi les efforts qu’il fait déjà pour accueillir des demandeurs d’asile depuis des pays tiers. (LE MONDE du 5 mai 2016, Bruxelles présente son plan contre la crise migratoire)

– Y a-t-il désormais une « gauche relativiste », qui trouverait des excuses sociales ou postcoloniales à l’intégrisme et au terrorisme, contre une « gauche républicaine et laïque », pour laquelle « défendre les droits des femmes et la laïcité permet de désamorcer à la fois la propagande raciste et djihadiste »… Lorsque Alain Finkielkraut affirme qu’« il y a un problème de l’islam en France », observe Edwy Plenel, il fait preuve d’un ­ ­ « essentialisme qui nous entraîne dans des conflits qui ne sont pas les nôtres ». (LE MONDE idées du 6 mai 2016, Islam et laïcité : le schisme de la gauche)

Dans un livre* récent, Jean-Claude Barreau** nous offre la synthèse suivante : « J’ai parcouru des pays d’Islam dans ma jeunesse, l’hôte de passage était fort bien reçu, l’Islam était paisible, débonnaire. En France les loubards d’origine maghrébine se sentaient français, ils ne voulaient nullement « niquer la France ». Plus tard en 1982 j’ai vécu en Algérie. Déjà ce n’était plus pareil, on sentait la montée de l’intégrisme. Aujourd’hui en France, pour les jeunes des cités, la « lutte des classes » a été remplacé par la haine de notre pays. Pourtant le conformisme nous dit de la vague migratoire qu’elle est bonne et nous interdit d’essayer de trouver les moyens de la tarir. Cette préférence pour l’immigré est largement partagée par tout un patronat qui y voit le moyen de faire pression à la baisse sur les salaires. On déplore les milliers d’immigrés qui se noient en méditerranée. C’est évidemment plus facile de condamner le racisme que d’envoyer la flotte interrompre un trafic ignoble. De fait on n’assimile plus depuis 20 ans. On encourage les immigrants à ne pas s’intégrer. On leur enseigne à l’école leur langue et leur culture d’origine. Il faut donc rappeler une vérité fondamentale : immigrer, ce n’est pas seulement changer de pays, c’est changer d’histoire. Le passé de l’immigré n’est pas celui de son pays d’origine mais celui de la France. L’intégration n’est pas une réussite quand un grand nombre d’autochtones nomment leurs garçons Mohamed. L’hôte ouvre sa maison mais n’entend pas la modifier pour qui demande l’hospitalité.

L’humanité est une seule race, tous les hommes sont égaux. Cependant l’homme reste un animal territorial. Les Grecs avaient compris que tout pouvoir s’inscrit dans des frontières. A l’intérieur des limites historiques se sont bâties des sociétés et des cultures différentes et dont la différence même fait la richesse de la terre. Notre planète est propriété commune, mais la terre est trop grande pour constituer un territoire aimé. La construction abstraite de l’Europe rend l’assimilation impossible car elle transforme le continent en un vaste terrain vague. L’immigré ne va plus en Allemagne ou en Italie, mais en Europe, c’est-à-dire nulle part ! Dans le mot « international » il y a « national » disait Jaurès. Il ajoutait : « être patriote c’est aimer sa Patrie et accepter la Patrie des autres ». Il est difficile d’émigrer, de quitter définitivement son pays pour s’établir dans un pays étranger. Cela, les faux-amis des immigrés ne le comprennent pas. Pour les anciens Grecs, la peine capitale n’était pas la mort, c’était l’exil. Emigrer est un déchirement. »

* Liberté, égalité, immigration – la France à l’heure des choix de Jean-Claude Barreau (éditions l’Artilleur 160 pages pour 10 euros)

** Jean-Claude Barreau a été nommé par Mitterrand en 1989 à la tête de l’OMI (Office des migrations internationales)

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Démographie, Sarkozy deviendrait-il malthusien ?

Nicolas Sarkozy plaide auprès du JDD : « Nous sommes 7 milliards d’habitants. En 2100, nous serons 11,5 milliards. La question des conséquences de cette démographie est donc centrale pour les grands équilibres de la planète ». Il souhaite qu’enfin « la communauté internationale prenne en main le premier problème de la planète, qui est celui de la démographie mondiale ». Il préconise « une conférence mondiale sur la démographie ». A son avis, le sujet doit « faire l’objet, chaque année, d’une conférence comparable à celle sur le climat »*.

Nicolas Sarkozy ne sait pas que les conférences mondiales sur le climat, il y en a déjà eu. Depuis 1974 les conférences des Nations Unies sur la population et le développement devaient avoir lieu tous les 10 ans. La deuxième conférence mondiale à Mexico en 1984 n’a laissé aucune trace, et la troisième en 1994, au Caire, est devenu « Conférence internationale sur la population ET le développement ». Les 179 pays signataires ont admis que la population et le développement sont inextricablement liés, qu’il est nécessaire d’autonomiser les femmes et de répondre aux besoins des couples et des individus en matière d’éducation et de santé. La notion de droits reproductifs et sexuels a donc été ratifiée. Mais cela est resté lettre morte ; aucun pays n’avait pris cet engagement au sérieux, à l’exception de quelques politiques nationales. Depuis on n’a plus entendu parlé de démographie dans les conférences internationales. En 2012, le sommet de « Rio + 20 » a été décevant du point écologique puisqu’il l’est du point de vue des droits des femmes. Sous pression du Vatican, de plusieurs pays d’Amérique latine, de la Russie, de l’Egypte et – c’est une première – du Canada, le paragraphe qui prévoyait de reconnaître le droit « de se reproduire ou non » a été retiré. On a crié à l’« impérialisme contraceptif », le conservatisme populationniste est gagnant : faire toujours plus d’enfants, peupler la terre de millions de consommateurs supplémentaires et de femmes privées du droit de maîtriser sa fécondité. L’humanité est perdante : un monde toujours plus peuplé, toujours plus pollué, toujours plus inégalitaire et toujours plus injuste. La pression démographique est une des causes essentielles de la pression socio-écologique.

Il ne suffit pas de lancer des paroles en l’air, Nicolas, il s’agissait d’agir quand tu étais en capacité de le faire, autrefois, quand tu étais président. Les occasions perdues ne se rattrapent pas…

* http://www.lejdd.fr/Politique/Sarkozy-preconise-une-conference-mondiale-sur-la-demographie-783501

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Marre de la PMA, marre des marchands d’enfants

Médicaliser la procréation nécessite des spécialistes alors que la fonction de reproduction n’a pas normalement besoin de porteur de chandelles !!! La PMA (procréation médicalement assistée) est une technique sophistiquée, connaissant beaucoup d’échecs et possible financièrement pour les riches. La PMA, c’est vouloir pallier à une insuffisance naturelle, la stérilité. Or la démesure de notre empreinte écologique humaine, qui dépasse déjà la capacité de charge de la biosphère, devrait nous inciter à accepter une stérilité, qu’elle soit masculine ou féminine, naturelle ou forcée (couple homosexuel). Mais quand il y a du fric à trouver, on a toujours des candidats pour monnayer leurs talents, même quand il s’agit de braver un interdit. Emmenés par le gynécologue René Frydman, plus de 130 médecins et biologistes de la reproduction reconnaissent avoir « aidé des couples et des femmes célibataires dans leur projet d’enfant dont la réalisation n’était pas possible en France »*. Trop de blocages, expliquent-ils, empêchent l’aboutissement d’un désir d’enfant qui gagne des couples différents et des femmes plus âgées que par le passé.

Jacques Testard s’insurge : « Les signataires simplifient à l’extrême les enjeux bioéthiques pour les réduire à une supposée obligation de répondre à toutes les demandes présentées par des patients. L’escalade des exigences est argumentée comme une course sans limite. Parce que c’est possible dans d’autres pays, ou dans l’autre sexe (conservation d’ovocytes), ou que cela conduit à un statut familial autorisé pour femmes seules. Aucune interrogation sur le nouveau rôle que s’attribue la biomédecine pour résoudre des situations d’origine sociale plutôt que médicale, sur la nature complexe du « désir d’enfant », sur l’efficacité des actes revendiqués (chaque ovocyte conservé n’a que trois chances sur cent de devenir un enfant), sur les coûts induits pour la collectivité… »**

La (bio)éthique est l’art de poser des limites. Tout ce qui est techniquement réalisable n’est pas forcément utile et nécessaire. Ce n’est pas parce qu’une « envie » est exprimée qu’il faut s’empresser de la satisfaire. Sinon, c’est du commerce, tout simplement. En définitive, vouloir contourner la sélection naturelle qui a donné la fécondité aux uns et la stérilité à d’autres relève d’une volonté de toute puissance, l’hubris, liberté de faire tout et n’importe quoi au nom du « désir individuel » pour le plus grand profit du système capitaliste libéral et de ses spécialistes. Il y a autre chose qui s’appelle la responsabilité. Il faut savoir choisir. C’est la question « faut-il utiliser des ressources naturelles ici plutôt que là », sachant que dans un système clos comme le nôtre, ce qui est utilisé pour une application technique ne peut plus l’être pour agir ailleurs.

* LE MONDE du 18 mars 2016, 130 médecins demandent l’assouplissement des lois encadrant la reproduction assistée

** LE MONDE du 20-21 mars 2016, « Gare aux simplifications excessives des enjeux liés à la procréation assistée »

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Des millions de morts de faim en 2050 ?

529 000 décès supplémentaires dans le monde à cause des effets du changement climatique sur la production alimentaire. Pour la première fois, une étude évalue les effets du changement climatique sur l’équilibre nutritionnel. En 2050, l’Inde et la Chine pourraient enregistrer près des trois quarts des décès supplémentaires liés au changement climatique. Bien que l’article du MONDE* s’égare dans des considérations sur l’obésité, la consommation de viande et les fruits et légumes, il faut considérer que cet article marque un tournant : le risque d’accentuation de la famine fait que les projections démographiques habituelles vers une planète peuplée de 9 milliards d’êtres humains en 2050 semblent dérisoires. Car il n’y pas que le réchauffement climatique qui agit sur l’alimentation, il y a la désertification des sols, le stress hydrique, l’épuisement des ressources halieutiques, moins de pétrole et donc moins d’agriculture intensive, etc. Remarquons aussi que pour nourrir ces 9 milliards de personnes, à terres arables constantes, il faudrait augmenter les rendements actuels puisque nous ne nourrissons actuellement que 6 milliards de personnes (7 milliards moins 1 milliard de malnutris).

Dans le livre « Moins nombreux, plus heureux », Alain Gras prévoit une population de 4 milliards seulement en 2050 : « Paul Chefurka met en évidence la corrélation très forte entre énergie et population : « Une des deux options de son modèle mathématique prend non seulement en compte la raréfaction des ressources, mais aussi l’hypothèse Lotka-Volterra qu’il nomme « excès de capacité de charge » dans l’écosystème. Entre autres : déficits alimentaires régionaux massifs, maladies non soignées en raison du démantèlement des services médicaux et sanitaires dans les villes, mortalité accrue due aux aléas climatiques, affaissement de la durée de vie, etc. Dans ce cas, les chiffres de la population mondiale sont de 4 milliards en 2050 et 1 milliard en 2100. » Pablo Servigne renchérit : « En l’espace de quelques décennies, l’humanité a de fortes chances de faire face à un pic de la population, un pic énergétique, un pic de l’eau disponible, un pic des terres arables, et très probablement un pic des rendements agricoles. Ainsi, il est désormais réaliste de penser que nous redescendions au cours des prochaines décennies à des niveaux de population proches de l’ère pré-industrielle : un à deux milliards d’êtres humains sur terre. »

Le problème de notre gestion actuelle de la Terre, c’est que non seulement nous détraquons nos ressources alimentaires, mais que nous ne faisons aucun effort dans la maîtrise de notre fécondité. Pire, en France, la politique est nataliste puisque les allocations familiales et les règles fiscales avantagent les familles nombreuses ! Alors, comme l’écrivait Robert Malthus, famine, guerre et épidémies se chargent de compenser notre insouciance. Car on sait qu’un bébé français émet beaucoup de gaz à effet de serre… (voir au début de l’article).

* Le Monde.fr | 03.03.2016, L’effet mortifère du réchauffement climatique sur l’alimentation

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Ni euthanasie, ni suicide assisté, une molle décision !

Les partisans d’un « droit à mourir » et le statu quo défendu par les pro-vie sont renvoyés dos à dos. C’est la ligne médiocre, comme tout ce que font les politiciens actuels, mené par un président Hollande qui a toujours le mou milieu… sauf quand il s’agit d’envoyer des soldats sur le front extérieur ! Plus de dix ans après la loi Leonetti, à l’issue d’un long et houleux processus d’élaboration entamé en 2012, la France devrait se doter, mercredi 27 janvier, d’une nouvelle loi sur la fin de vie : droit à la « sédation profonde et continue » jusqu’au décès pour les malades en phase terminale, et des directives anticipées contraignantes pour le médecin… sans être toutefois opposables. Ni euthanasie, ni suicide assistée, un « droit de dormir avant de mourir pour ne pas souffrir ».* Encore faut-il être atteint d’une « affection grave et incurable », dont le « pronostic vital est engagé à court terme » et qui présente une « souffrance réfractaire aux traitements ». En fait le nouveau texte propose « pour seule issue la déshydratation et la dénutrition ». La sédation « palliative ou bientraitante » n’est pas responsable du décès !! Le soignant pourra en effet déroger aux directives anticipées « en cas d’urgence vitale pendant le temps nécessaire à une évaluation complète de la situation » et lorsqu’elles « apparaissent manifestement inappropriées ou non conformes à la situation médicale ». Voici les réactions appropriées de quelques internautes sur lemonde.fr :

Stavogrine : Encore une promesse non tenue sous la pression des religions . A qui fera t ‘ on croire encore que l ‘ on vit dans un état laïque . M r Valls , Mme Touraine à quand le suicide assisté , à ce jour réservé aux personne aisée pouvant se rendre en Suisse ( on en revient à l époque des voyages en Angleterre pour avorter!!!!!!) La France , patrie des Lumières( éteintes )

Itavodev : Ceux qui ont les moyens vont le faire à l’extérieur de la France dans les pays des paradis fiscaux et les autres trop souvent se suicident seuls dans leur appartement et un médecin d’urgence signe un certificat de décès. Belle France ou la religion mène toujours la politique n’est-ce-pas ?

Et la liberté de tout un chacun : Sédation profonde et arrêt de tous les traitements, un petit progrès depuis la loi Léonetti. Pas une victoire pour tous ceux qui veulent pouvoir choisir le moment de leur mort. N’en déplaise aux religieux de tout poil qui ont l’indécence de vouloir faire porter à tous le poids de leurs propres engagements , engagements qui ne concernent qu’eux. Marre, vraiment marre, de tous les fanatiques religieux – religions confondues- qui veulent absolument soumettre tout le monde à LEURS principes.

Oui mais : Mais ces religieux nous aiment tellement et se soucient tant de nous et de notre salut qu’ils tiennent à nous faire respecter leurs principes…

Cohelet : Le débat n’est pas entre religieux et non. La question de fond pour chacun/e est le rapport à sa propre finitude. Comment décider en conscience des derniers jours de sa vie sans laisser aux survivants, ses proches, un poids trop lourd à porter.

Pierre J : Le suicide assiste puis l’euthanasie, de toutes façons, on y viendra. Ca demandera plus ou moins d’étapes et de temps. On y viendra, qu’on le veuille ou non, ne serait-ce que pour des raisons économiques.

* LE MONDE du 29 janvier 2016, Fin de vie : ce que va changer la nouvelle loi Claeys-Leonetti

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La Surpopulation, absente des résultats de la COP21

FIGAROVOX/TRIBUNE – Pour Alain Destexhe, le thème de la surpopulation mondial est la question centrale des années à venir. Pourtant, elle n’est pas posée lors du sommet international sur le climat à Paris. En résumé :

« Nous sommes déjà trop nombreux sur terre. Ce facteur majeur du réchauffement climatique ne sera pourtant pas abordé lors de la COP21… Au niveau mondial, sur une courte période historique de 250 ans, nous aurons assisté à une multiplication par dix de la population.Malgré ces chiffres alarmants, aucune politique de limitation des naissances ne figure à l’agenda de la COP21. Il s’agit d’un sujet trop sensible pour les gouvernements…pour la Banque mondiale ou l’ONU, l’augmentation de la population ne peut être qu’un «potentiel de croissance», une «opportunité à saisir» et même un «dividende démographique»! Le scénario d’une terre peuplée d’un peu moins de dix milliards d’habitants en 2050 ressemble pourtant davantage à celui d’une catastrophe annoncée…

Dans le débat climatique, il est régulièrement rappelé que l’augmentation historique du CO2 dans l’air provient en premier lieu des pays industrialisés… Par ailleurs, dans la mesure où il est souhaitable et inévitable qu’un toujours plus grand nombre de personnes participe à la société de consommation, ce sont les pays les plus peuplés de la planète qui pourraient rapidement avoir une dette climatique à l’égard de ceux qui le sont moins….

Un problème qui n’est pas abordé ne peut pas avoir de solution. La limitation des naissances devrait pourtant être une priorité absolue pour les pays d’Afrique et d’Asie du sud. Non seulement pour prévenir le réchauffement climatique dont ils seront les premières victimes, mais également pour assurer le bien-être de leurs populations. Etant donné l’importance de la question, les pays industrialisés pourraient en faire une condition dans l’octroi de l’aide au développement. Mais ce point ne figure dans aucun des 169 «objectifs de développement durable», adoptés récemment par l’ONU et qui serviront de boussole aux politiques de développement internationales au cours des 15 prochaines années… »

Malthus n’a qu’un seul tort, avoir eu raison trop tôt.

Source : http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2015/12/09/31001-20151209ARTFIG00309-cop21-la-surpopulation-mondiale-grande-absente-des-debats.php

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Démographie et climat, un entretien avec Yves Cochet

Avant qu’un des plus anciens militants de l’écologie, Yves Cochet, n’intervienne lors de la conférence-débat à PARIS le 19 novembre sur le thème « La COP21 peut-elle éluder la question démographique ? », il a été interrogé par Michel Sourrouille pour le compte du site JNE (association des journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie). Voici une retranscription de cet entretien.

Michel Sourrouille : à bientôt 70 ans, est-ce le temps de la retraite ?

Yves Cochet : Depuis mon inscription aux Amis de la Terre en 1972, je n’ai jamais eu l’intention d’arrêter. Je suis toujours au conseil fédéral d’EELV, et 42ème sur la liste d’Emmanuelle Cosse pour les régionales. En dernier, mais toujours présent. L’urgence écologique a besoin de nous tous, toujours.

question : Si tu devais indiquer en une phrase ton sentiment sur la question démographique, que dirais-tu ?

YC : L’évolution à la baisse de la population est un des moteurs de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il n’est pas tenable que les Américains produisent en moyenne 16 tonnes de CO2 par an, les Chinois et les Européens 8 tonnes alors que les Africains sont à moins d’une tonne. Pour instaurer la justice sociale, il faut non seulement harmoniser le montant des émissions mais aussi diminuer le poids démographique car la population est un multiplicateur incontournable du niveau des émissions.

question : Penses-tu que la conférence sur le climat à Paris va changer quelque chose ?

YC : Nous pouvons déjà prévoir un échec bien que la méthode initiée par la France soit nouvelle. Il s’agit de partir du bas, des contributions nationales. Les Etats doivent s’engager à réduire leurs émissions dans une période déterminée, mais ce ne sont que des intentions qui de toute façon nous mènent vers une augmentation moyenne de 3°C, comme Laurent Fabius le rappelait d’ailleurs ce matin à la radio. Notons aussi que l’Arabie Saoudite se permettait de financer les fous de Daech mais n’a pas encore rendu sa copie sur sa stratégie d’émissions.

question : La catastrophe est donc en marche. Est-ce bientôt le rôle futur des politiques, comme tu l’as écrit, « de diminuer le nombre de morts ?

YC : Des intellectuels comme Dominique Bourg ou Bruno Latour sont eux aussi devenus « catastrophistes ». On va tout droit dans le mur, vers le chaos climatique et donc social. Des organismes qui pensent le long terme comme les compagnies d’assurances ou les militaires se préparent au pire. On comprend mieux la gravité de la situation à la lecture de leurs rapports plutôt qu’à la lecture des journaux. Il n’y a pas assez de terres arables et pas assez d’eau pour satisfaire les besoins d’une population en constante augmentation.

question : Tu as écrit en 2005 le livre « Pétrole Apocalypse ». Aujourd’hui on ne parle que du réchauffement climatique. Quel lien fais-tu entre ces deux préoccupations ?

YC : L’articulation entre les deux, c’est tout simplement le mécanisme de transformation de l’énergie. Le pétrole est la ressource, en amont, le réchauffement climatique le résultat de sa combustion en aval. Le problème, c’est que le GIEC ne s’intéresse qu’à l’aval, l’évolution des températures mondiales. Il devrait tenir compte des travaux de l’ASPO, association qui étudie les pics pétroliers avec un budget de zéro dollars. Le plafond de production du pétrole conventionnel a été atteint en 2006, et maintenant il y a stagnation, ce qu’on appelle un plateau ondulant. De toute façon, comme l’exprime la coalition 21, il faudrait laisser une grande partie des ressources fossiles sous terre pour limiter le réchauffement à moins de 2°C.

question : Serais-tu pessimiste ?

YC : J’essaie d’éviter les sentiments sur l’évolution des réalités biophysiques. Si l’écologie politique (les Verts, puis EELV) obtient un mauvais score aux élections, c’est parce que nous sommes trop réformistes, alors que l’écologie, c’est violent, à l’image des phénomènes désastreux que l’action humaine a déclenchés. Il se dessine un monde de décroissance, de récession disent les économistes. Nous devrions aussi en tant qu’écologiste parler de décroissance démographique. Mais cela reste encore un tabou. A EELV, nous avons raboté notre radicalité, et cela n’a pas augmenté notre score. On s’éloigne pour des raisons électoralistes de l’état réel du monde, que ce soit sa réalité sociale ou écologique. Nous devrions dire la vérité sur l’état de la planète alors que les autres politiciens ne cessent de mentir, comme Sarkozy qui voulait aller chercher une croissance de 3 % avec les dents et Hollande qui ne jure lui aussi que par la croissance économique. Je suis pour la décroissance de l’empreinte écologique des pays du Nord. D’ailleurs, dans le cadre du FIAP Jean Monnet où va se tenir tout à l’heure la conférence sur « démographie et climat », nous avions organisé en 2008 notre première réunion internationale sur la décroissance. Dire explicitement que l’effondrement va arriver, ce serait moralement plus juste et politiquement plus clair que notre réformisme borgne actuel.

question : Que faire alors contre le réchauffement climatique ?

YC : Il faudrait que les Français apprennent à se tricoter un pull supplémentaire car il est plus efficace de chauffer directement son corps plutôt que de chauffer l’air de son logement. Et il y a mille autres comportements sobres à adopter face à la domination des multinationales productivistes. Il faut aussi donner une large place à la société civile, aux initiatives locales, encourager la  création de villes en transition, soutenir les zadistes qui, sur les zones à défendre, combattent l’intrusion croissanciste à Notre Dame des Landes ou à Sivens.

Source : http://jne-asso.org/blogjne/2015/11/29/lurgence-ecologique-un-entretien-avec-yves-cochet/

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Limite, revue d’écologie intégrale… antimalthusienne

Cette revue est dans la continuité du livre « Nos limites (pour une écologie intégrale) » de Gaultier Bès, Marianne Durano et Axel Norgaard Rokvam*. Que de jeunes intellectuels plutôt cathos montrent la nécessité de la sobriété dans un monde fini, parfait. Mais ce livre avait nié tout limite démographique : « Il faut non pas, comme le prétendent certains malthusiens anthropophobes, diminuer drastiquement la population (en commençant par les plus pauvres, toujours suspects d’être irresponsables), mais bien plutôt diminuer drastiquement notre production et notre consommation. » Le trimestriel confirme ce parti pris, ressassé dans le dossier « Produire moins pour se reproduire plus ».

Gaultier Bès : « Castrer chimiquement les pauvres pour qu’ils s’arrêtent de pulluler ? Ou bien attendre qu’une bonne vieille pandémie réguler tout ça ? Et si une bonne part de la solution était là, sous nos yeux ? Décroître, réduire notre consommation plutôt que notre fécondité, le nombre de bagnoles plutôt que le nombre de gosses ».

Comme si les gosses ne voulaient pas conduire plus tard une automobile, une Tata Nano de préférence quand ils ne sont pas bien riches ! Comme si population, consommation et techniques utilisées étaient séparables ! Une voiture ne peut se concevoir sans un automobiliste au volant… même si certains voudraient tout automatiser pour rendre les gens encore plus dépendants.

Richard de Seze : « La perspective malthusienne révèle son fondement injustifiable : il ne s’agit pas tant d’améliorer le sort de l’espèce humaine en restreignant les naissances que de garantir un niveau de vie acceptable à la classe dominante, avec des standards de vie consumériste toujours en hausse. »

Mahaut Herrmann : « Le malthusianisme n’est pas la décroissance. C’est l’égoïsme se donnant bonne conscience pour continuer à se goinfrer de gâteau en espérant que les convives seront moins nombreux… Loin de l’individu unidimensionnel du modèle croissanciste, la décroissance permet à l’espèce humaine de se perpétuer sans craindre la surpopulation. »

Le procès d’intention est flagrant. Comme si les néomalhusiens ne savaient pas qu’il faut à la fois décroître les consommations ET la population quand le gâteau commence à se réduire au rythme de l’épuisement des ressources naturelles. Les auteurs de cette revue devraient lire le rapport de 1972 au club de Rome sur les limites de la croissance : quand il y a évolution exponentielle, on ne peut séparer l’action sur l’industrialisation, la population, l’alimentation, les ressources naturelles non renouvelables et la pollution. Mais les auteurs de cette revue préfèrent la phrase choc au raisonnement complexe.

Marianne Durano : « ça te fait quoi, petite jouisseuse des temps modernes, d’être obligée de bouffer docilement ton médoc tous les matins pour pouvoir baiser tranquille le soir ? De laisser ton ventre aux mains des spécialistes, pour qu’ils y enracinent des bouts de ferraille ? … Le malthusien préfère ligaturer les trompes de sa femme plutôt que se serrer la ceinture … Je préfère dépenser en soupes pour bébés bios ce que vous gaspillez en condoms irresponsables. » Je laisse à Marianne la responsabilité de ses propos !

Par contre on ne récuse pas complètement dans cette revue la maîtrise de la fécondité, sauf qu’il faut user de méthodes « naturelles »

Magali Girard : «  L’enfant est signe de bénédiction pour ses parents. Mais on n’est pas plus béni parce qu’on a plus d’enfants ! Une régulation naturelle des naissances est possible. Une femme est fertile certains jours dans le mois et en permettant la transmission de cette connaissance, on permet que les femmes adaptent le nombre de leur grossesses à leurs capacité et leur désir. » Magali devrait faire connaissance avec ma mère qui avait une périodicité des règles très variables dans le temps et qui a usé de trois avortements.

En fait ces chrétiens ont une vision idyllique de l’existence qui transparaît dans leur critique du livre « No Kid. 40 raisons de ne pas avoir d’enfants »** de Corinne Maier : « Aux Childfree, il faut répondre que la liberté authentique ne jaillit pas du confort mais de l’amour. C’est ainsi que de consommateurs, nous deviendrons procréateurs, fidèles à l’inépuisable fécondité divine. » Quand ils deviennent un peu plus politique, ils s’appuient sur le livre anti-malthusien de Ian Angus et Simon Butler, « Une planète trop peuplée ? »***. Ce livre révélait le point de vue écosocialiste. Il s’agissait de répondre à la nouvelle vague de malthusianisme vert tel qu’il s’exprime notamment dans les pays anglo-saxons. Pour que survive la civilisation humaine, il faudrait remplacer ce capitalisme antiécologique par un système proécologique qui défende un développement humain et durable. Selon eux les arguments malthusiens entravent cette cause. Gaultier Bès reprend leur leitmotiv : « Limiter les naissances des gueux signifie préserver les privilèges des riches. » Et il en rajoute : « Elitiste, raciste, eugéniste, sexiste. Le contrôle des naissances, c’est vraiment bonne ambiance… Le « cancer », ce n’est pas la croissance démographique, mais la croissance illimitée du capital. »

Le seul moment réfléchi sur la question démographique résulte d’un entretien avec Olivier Rey, l’auteur d’un livre incontournable, « Une question de taille »**** : « Ce n’est pas le nombre d’humains à lui seul qui change la situation planétaire. C’est le nombre combiné à la multiplication et à l’accélération des déplacements et à la diffusion de certains modèles de vie et de consommation… Encore une fois, ce ne sont pas les sept milliards d’humains sur la terre qui sont la source de nos difficultés actuelles, mais le couplage de ce nombre avec des modes d’organisation sociale et de consommation destructeurs. Un signe parmi d’autres de ce caractère destructif est que la multiplication des êtres, loin de promouvoir la diversité humaine, entraîne d’innombrables génocides culturels et uniformise… Je ne crois pas que les hommes doivent s’efforcer d’être le plus nombreux possible. Dans la Genèse, Dieu invite Adam et Eve à croître et multiplier. Mais à ce moment, l’humanité se résume à deux personnes. Dieu leur demande d’emplir la terre, non de la submerger et de la ravager… Quoi qu’il en soit, la terre étant de dimension finie, il est clair que le nombre des hommes ne saurait croître sans mesure sans entraîner de graves difficultés. »

* éditions le centurion 2014, 114 pages, 3,95 euros)

** éditions Machalon 2007

** éditions Ecosociété 2014, 304 pages, 20 euros

Première édition 2011, Two Many People ? Population, Immigration and the Environmental Crisis

*** éditions Stock 2014, 280 pages, 20 euros

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L’agroécologie, une leçon de vie avec Pierre Rabhi

Dans cet entretien avec Jacques Caplat, Pierre Rabhi résume sa vie de paysan philosophe. Ce petit livre est bien écrit, comme d’habitude, il y a des images qui parlent, comme cette « gouvernance du monde empêtrée dans ses chamailleries stériles qui rappellent une cour de récréation planétaire infantile ». Il y a une idée forte, une agroécologie qui émancipe la paysannerie des produits chimiques et des intermédiaires. Il y a surtout une personne qui a fait de sa vie un modèle d’existence, depuis le désert du Sahara où il est né jusqu’à l’écriture d’un grand nombre de livres en passant par un élevage de chèvre limité à 30 individus pour ne pas risquer de verser dans l’élevage intensif. Cette limitation délibérée est pour lui indispensable pour vivre une sobriété heureuse. Cette expérience ardéchoise ne l’a pas empêché d’appliquer les préceptes de l’agroécologie au Burkina-Faso. Il s’agit de reconstituer la fertilité des sols, l’humus, et de revitaliser l’économie locale. Cela permet de fixer les paysans à la glèbe pour mieux lutter contre la concentration urbaine et la dépendance au pétrole.

Pierre Rabhi montre parfaitement que tout est lié, la façon dont on mène sa vie et le respect de la vie en général, son propre mode de production et le réchauffement climatique. Il faut aimer les livres comme celui-là où l’auteur se met en scène pour montrer que l’écologie n’est pas une abstraction.

Dommage que Pierre ne puisse s’empêcher, au milieu d’un livre intéressant, de témoigner de son anti-malthusianisme primaire : « Invoquer l’explosion démographique est une façon de nier notre responsabilité. Il est assez indécent d’accuser les humains qui souffrent de la faim d’être fautifs parce qu’ils sont nés, alors que leur indigence n’est que le résultat de l’avidité d’une minorité. (page 68) » La question démographique, c’est tout autre chose qu’une mise en accusation des pauvres, c’est la relation très complexe qui existe entre évolution des ressources alimentaires, accroissement de la population et contexte socio-politique.

L’agroécologie, une éthique de vie de Pierre Rabhi
Actes Sud, domaine du possible, 84 pages, 8 euros
http://www.actes-sud.fr/sites/default/files/imagecache/c_visuel_cat_w120px/couv_jpg/9782330056469.jpg

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