démographie

Nicolas Hulot : « Où est passée notre humanité ? »

Etonnant cet article sur l’immigration* de Nicolas Hulot qui sort de son rôle d’écologiste pour endosser celui de l’humanitaire. Voici son discours et ce qu’on peut lui répondre.

Nicolas Hulot : Cinq ans de conflits en Syrie, 5 millions de réfugiés dans les pays voisins, 1 million de personnes ayant traversé l’Europe, et cela s’ajoute à l’inexorable exode des damnés de la terre qui fuient l’Afrique, ses conflits et la désertification…

Biosphere : Il y avait environ 200 millions d’Africains en 1950 et 1,2 milliards en 2015. A fécondité constante on arriverait à 16 milliards en 2100. Autant dire que le conflit syrien apparaîtra un jour comme bénin et que l’Afrique sera invivable. Déjà 37 % des jeunes adultes en Afrique subsaharienne déclarent vouloir émigrer vers un autre pays. Alors, combien l’Europe pourra-t-elle accueil de migrants économico-politiques ? Un million, cinq millions, cent millions ? Où est la limite ? Le pape François héberge trois familles de migrants, peut-il en recevoir chez lui dix, cent ou mille ? L’écologie repose fondamentalement sur le sens des limites.

Nicolas Hulot : Peut-on distinguer dans cet entrelacs ce qui procède du traitement au long terme, notamment la fin du conflit syrien, et de la misère en Afrique, de l’urgence humanitaire pure, et s’y concentrer prioritairement ?

Biosphere : Le second critère d’une option écologique, c’est de ne pas distinguer action à court terme et vision à long terme. En se concentrant « prioritairement » sur l’urgence humanitaire immédiate, il y a multiplications des camps de réfugiés qui deviennent ingérable, ce qui commence à être le cas à l’heure actuelle. On ne peut agir dans le court terme que dans la perspective du long terme, sinon on accroît les problèmes au lieu de les résoudre.

Nicolas Hulot : Nous devons ouvrir des couloirs humanitaires pour substituer aux voies irrégulières massives de passage des voies régulières à la hauteur. Tout cela n’exonère pas la maîtrise des frontières et la lutte contre les passeurs.

Biosphere : Dire qu’il suffit d’ouvrir des couloirs humanitaires pour éradiquer l’immigration clandestine, c’est mal connaître la faculté humaine de jongler entre ce qui est autorisé et ce qui est interdit. D’autant plus que, comme on l’a montré précédemment, les flux migratoires doivent être encadrés, ce qui entraînera nécessairement des filières clandestines. La France a aussi connu son marché noir et ses passeurs pendant la guerre.

Nicolas Hulot : Ne peut-on organiser une coordination Etat, régions, territoires, communes pour évaluer les capacités de chacun à se partager l’accueil 

Biosphere : Cela se fait déjà, chaque pays de l’Union européenne (UE) se voit attribuer un quota de répartition de référence théorique (exprimé en pourcentage des demandes d’asile dans l’UE), prenant en compte sa taille et son PIB, mais aussi les efforts qu’il fait déjà pour accueillir des demandeurs d’asile depuis des pays tiers**. Remarquons que le pape François** n’a condamné ni le refus d’accueillir des réfugiés de certains Etats membres (Hongrie, Pologne, Slovaquie…), ni l’accord, très contesté, sur le retour des réfugiés syriens en Turquie, signé entre Bruxelles et Ankara en mars.

Nicolas Hulot : Ce qui nous fait défaut, ce ne sont pas les moyens, c’est la compassion.

Biosphere : On ne répond pas aux crises structurelles avec de bons sentiments, on ne peut pas résoudre durablement au niveau européen des problèmes démographiques qui ont des origines locales. Compassion n’est pas raison. Il ne suffit pas d’ouvrir ses frontières, encore faut-il procurer un emploi, un logement hors des camps de rétention et mettre en place un processus d’intégration. L’immigration de masse ne permet pas une telle prise en charge.

Nicolas Hulot : J’ai conscience qu’on ne répond pas aux crises avec de bons sentiments. Plus encore, j’ai conscience de l’extrême complexité, de la gravité de la situation et d’être incapable d’esquisser un scénario de résolution.

Biosphere : La troisième caractéristique de l’écologie est en effet la perception de la complexité des situations. Nicolas exprime clairement cette contradiction qui existe entre les bons sentiments et la résolution des problèmes. Comme l’exprimait Malthus de façon prémonitoire, « L’émigration, en supposant qu’on en pût faire un libre usage, est une ressource qui ne peut être de longue durée ».

* LE MONDE du 1-2 mai 2016, Nicolas Hulot : « Avec les migrants, où est passée notre humanité ? »

** LE MONDE du 5 mai 2016, Bruxelles présente son plan contre la crise migratoire)

*** LE MONDE du 7 mai 2016 Le pape plaide pour un « nouvel humanisme européen »

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Liberté…, immigration – la France à l’heure des choix

L’immigration et l’islam ne font pas bon ménage. Deux informations récentes se télescopent :

– Chaque pays de l’Union européenne (UE) se verra ainsi attribuer un quota de répartition de référence théorique (exprimé en pourcentage des demandes d’asile dans l’UE), prenant en compte sa taille et son PIB, mais aussi les efforts qu’il fait déjà pour accueillir des demandeurs d’asile depuis des pays tiers. (LE MONDE du 5 mai 2016, Bruxelles présente son plan contre la crise migratoire)

– Y a-t-il désormais une « gauche relativiste », qui trouverait des excuses sociales ou postcoloniales à l’intégrisme et au terrorisme, contre une « gauche républicaine et laïque », pour laquelle « défendre les droits des femmes et la laïcité permet de désamorcer à la fois la propagande raciste et djihadiste »… Lorsque Alain Finkielkraut affirme qu’« il y a un problème de l’islam en France », observe Edwy Plenel, il fait preuve d’un ­ ­ « essentialisme qui nous entraîne dans des conflits qui ne sont pas les nôtres ». (LE MONDE idées du 6 mai 2016, Islam et laïcité : le schisme de la gauche)

Dans un livre* récent, Jean-Claude Barreau** nous offre la synthèse suivante : « J’ai parcouru des pays d’Islam dans ma jeunesse, l’hôte de passage était fort bien reçu, l’Islam était paisible, débonnaire. En France les loubards d’origine maghrébine se sentaient français, ils ne voulaient nullement « niquer la France ». Plus tard en 1982 j’ai vécu en Algérie. Déjà ce n’était plus pareil, on sentait la montée de l’intégrisme. Aujourd’hui en France, pour les jeunes des cités, la « lutte des classes » a été remplacé par la haine de notre pays. Pourtant le conformisme nous dit de la vague migratoire qu’elle est bonne et nous interdit d’essayer de trouver les moyens de la tarir. Cette préférence pour l’immigré est largement partagée par tout un patronat qui y voit le moyen de faire pression à la baisse sur les salaires. On déplore les milliers d’immigrés qui se noient en méditerranée. C’est évidemment plus facile de condamner le racisme que d’envoyer la flotte interrompre un trafic ignoble. De fait on n’assimile plus depuis 20 ans. On encourage les immigrants à ne pas s’intégrer. On leur enseigne à l’école leur langue et leur culture d’origine. Il faut donc rappeler une vérité fondamentale : immigrer, ce n’est pas seulement changer de pays, c’est changer d’histoire. Le passé de l’immigré n’est pas celui de son pays d’origine mais celui de la France. L’intégration n’est pas une réussite quand un grand nombre d’autochtones nomment leurs garçons Mohamed. L’hôte ouvre sa maison mais n’entend pas la modifier pour qui demande l’hospitalité.

L’humanité est une seule race, tous les hommes sont égaux. Cependant l’homme reste un animal territorial. Les Grecs avaient compris que tout pouvoir s’inscrit dans des frontières. A l’intérieur des limites historiques se sont bâties des sociétés et des cultures différentes et dont la différence même fait la richesse de la terre. Notre planète est propriété commune, mais la terre est trop grande pour constituer un territoire aimé. La construction abstraite de l’Europe rend l’assimilation impossible car elle transforme le continent en un vaste terrain vague. L’immigré ne va plus en Allemagne ou en Italie, mais en Europe, c’est-à-dire nulle part ! Dans le mot « international » il y a « national » disait Jaurès. Il ajoutait : « être patriote c’est aimer sa Patrie et accepter la Patrie des autres ». Il est difficile d’émigrer, de quitter définitivement son pays pour s’établir dans un pays étranger. Cela, les faux-amis des immigrés ne le comprennent pas. Pour les anciens Grecs, la peine capitale n’était pas la mort, c’était l’exil. Emigrer est un déchirement. »

* Liberté, égalité, immigration – la France à l’heure des choix de Jean-Claude Barreau (éditions l’Artilleur 160 pages pour 10 euros)

** Jean-Claude Barreau a été nommé par Mitterrand en 1989 à la tête de l’OMI (Office des migrations internationales)

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Démographie, Sarkozy deviendrait-il malthusien ?

Nicolas Sarkozy plaide auprès du JDD : « Nous sommes 7 milliards d’habitants. En 2100, nous serons 11,5 milliards. La question des conséquences de cette démographie est donc centrale pour les grands équilibres de la planète ». Il souhaite qu’enfin « la communauté internationale prenne en main le premier problème de la planète, qui est celui de la démographie mondiale ». Il préconise « une conférence mondiale sur la démographie ». A son avis, le sujet doit « faire l’objet, chaque année, d’une conférence comparable à celle sur le climat »*.

Nicolas Sarkozy ne sait pas que les conférences mondiales sur le climat, il y en a déjà eu. Depuis 1974 les conférences des Nations Unies sur la population et le développement devaient avoir lieu tous les 10 ans. La deuxième conférence mondiale à Mexico en 1984 n’a laissé aucune trace, et la troisième en 1994, au Caire, est devenu « Conférence internationale sur la population ET le développement ». Les 179 pays signataires ont admis que la population et le développement sont inextricablement liés, qu’il est nécessaire d’autonomiser les femmes et de répondre aux besoins des couples et des individus en matière d’éducation et de santé. La notion de droits reproductifs et sexuels a donc été ratifiée. Mais cela est resté lettre morte ; aucun pays n’avait pris cet engagement au sérieux, à l’exception de quelques politiques nationales. Depuis on n’a plus entendu parlé de démographie dans les conférences internationales. En 2012, le sommet de « Rio + 20 » a été décevant du point écologique puisqu’il l’est du point de vue des droits des femmes. Sous pression du Vatican, de plusieurs pays d’Amérique latine, de la Russie, de l’Egypte et – c’est une première – du Canada, le paragraphe qui prévoyait de reconnaître le droit « de se reproduire ou non » a été retiré. On a crié à l’« impérialisme contraceptif », le conservatisme populationniste est gagnant : faire toujours plus d’enfants, peupler la terre de millions de consommateurs supplémentaires et de femmes privées du droit de maîtriser sa fécondité. L’humanité est perdante : un monde toujours plus peuplé, toujours plus pollué, toujours plus inégalitaire et toujours plus injuste. La pression démographique est une des causes essentielles de la pression socio-écologique.

Il ne suffit pas de lancer des paroles en l’air, Nicolas, il s’agissait d’agir quand tu étais en capacité de le faire, autrefois, quand tu étais président. Les occasions perdues ne se rattrapent pas…

* http://www.lejdd.fr/Politique/Sarkozy-preconise-une-conference-mondiale-sur-la-demographie-783501

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Marre de la PMA, marre des marchands d’enfants

Médicaliser la procréation nécessite des spécialistes alors que la fonction de reproduction n’a pas normalement besoin de porteur de chandelles !!! La PMA (procréation médicalement assistée) est une technique sophistiquée, connaissant beaucoup d’échecs et possible financièrement pour les riches. La PMA, c’est vouloir pallier à une insuffisance naturelle, la stérilité. Or la démesure de notre empreinte écologique humaine, qui dépasse déjà la capacité de charge de la biosphère, devrait nous inciter à accepter une stérilité, qu’elle soit masculine ou féminine, naturelle ou forcée (couple homosexuel). Mais quand il y a du fric à trouver, on a toujours des candidats pour monnayer leurs talents, même quand il s’agit de braver un interdit. Emmenés par le gynécologue René Frydman, plus de 130 médecins et biologistes de la reproduction reconnaissent avoir « aidé des couples et des femmes célibataires dans leur projet d’enfant dont la réalisation n’était pas possible en France »*. Trop de blocages, expliquent-ils, empêchent l’aboutissement d’un désir d’enfant qui gagne des couples différents et des femmes plus âgées que par le passé.

Jacques Testard s’insurge : « Les signataires simplifient à l’extrême les enjeux bioéthiques pour les réduire à une supposée obligation de répondre à toutes les demandes présentées par des patients. L’escalade des exigences est argumentée comme une course sans limite. Parce que c’est possible dans d’autres pays, ou dans l’autre sexe (conservation d’ovocytes), ou que cela conduit à un statut familial autorisé pour femmes seules. Aucune interrogation sur le nouveau rôle que s’attribue la biomédecine pour résoudre des situations d’origine sociale plutôt que médicale, sur la nature complexe du « désir d’enfant », sur l’efficacité des actes revendiqués (chaque ovocyte conservé n’a que trois chances sur cent de devenir un enfant), sur les coûts induits pour la collectivité… »**

La (bio)éthique est l’art de poser des limites. Tout ce qui est techniquement réalisable n’est pas forcément utile et nécessaire. Ce n’est pas parce qu’une « envie » est exprimée qu’il faut s’empresser de la satisfaire. Sinon, c’est du commerce, tout simplement. En définitive, vouloir contourner la sélection naturelle qui a donné la fécondité aux uns et la stérilité à d’autres relève d’une volonté de toute puissance, l’hubris, liberté de faire tout et n’importe quoi au nom du « désir individuel » pour le plus grand profit du système capitaliste libéral et de ses spécialistes. Il y a autre chose qui s’appelle la responsabilité. Il faut savoir choisir. C’est la question « faut-il utiliser des ressources naturelles ici plutôt que là », sachant que dans un système clos comme le nôtre, ce qui est utilisé pour une application technique ne peut plus l’être pour agir ailleurs.

* LE MONDE du 18 mars 2016, 130 médecins demandent l’assouplissement des lois encadrant la reproduction assistée

** LE MONDE du 20-21 mars 2016, « Gare aux simplifications excessives des enjeux liés à la procréation assistée »

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Des millions de morts de faim en 2050 ?

529 000 décès supplémentaires dans le monde à cause des effets du changement climatique sur la production alimentaire. Pour la première fois, une étude évalue les effets du changement climatique sur l’équilibre nutritionnel. En 2050, l’Inde et la Chine pourraient enregistrer près des trois quarts des décès supplémentaires liés au changement climatique. Bien que l’article du MONDE* s’égare dans des considérations sur l’obésité, la consommation de viande et les fruits et légumes, il faut considérer que cet article marque un tournant : le risque d’accentuation de la famine fait que les projections démographiques habituelles vers une planète peuplée de 9 milliards d’êtres humains en 2050 semblent dérisoires. Car il n’y pas que le réchauffement climatique qui agit sur l’alimentation, il y a la désertification des sols, le stress hydrique, l’épuisement des ressources halieutiques, moins de pétrole et donc moins d’agriculture intensive, etc. Remarquons aussi que pour nourrir ces 9 milliards de personnes, à terres arables constantes, il faudrait augmenter les rendements actuels puisque nous ne nourrissons actuellement que 6 milliards de personnes (7 milliards moins 1 milliard de malnutris).

Dans le livre « Moins nombreux, plus heureux », Alain Gras prévoit une population de 4 milliards seulement en 2050 : « Paul Chefurka met en évidence la corrélation très forte entre énergie et population : « Une des deux options de son modèle mathématique prend non seulement en compte la raréfaction des ressources, mais aussi l’hypothèse Lotka-Volterra qu’il nomme « excès de capacité de charge » dans l’écosystème. Entre autres : déficits alimentaires régionaux massifs, maladies non soignées en raison du démantèlement des services médicaux et sanitaires dans les villes, mortalité accrue due aux aléas climatiques, affaissement de la durée de vie, etc. Dans ce cas, les chiffres de la population mondiale sont de 4 milliards en 2050 et 1 milliard en 2100. » Pablo Servigne renchérit : « En l’espace de quelques décennies, l’humanité a de fortes chances de faire face à un pic de la population, un pic énergétique, un pic de l’eau disponible, un pic des terres arables, et très probablement un pic des rendements agricoles. Ainsi, il est désormais réaliste de penser que nous redescendions au cours des prochaines décennies à des niveaux de population proches de l’ère pré-industrielle : un à deux milliards d’êtres humains sur terre. »

Le problème de notre gestion actuelle de la Terre, c’est que non seulement nous détraquons nos ressources alimentaires, mais que nous ne faisons aucun effort dans la maîtrise de notre fécondité. Pire, en France, la politique est nataliste puisque les allocations familiales et les règles fiscales avantagent les familles nombreuses ! Alors, comme l’écrivait Robert Malthus, famine, guerre et épidémies se chargent de compenser notre insouciance. Car on sait qu’un bébé français émet beaucoup de gaz à effet de serre… (voir au début de l’article).

* Le Monde.fr | 03.03.2016, L’effet mortifère du réchauffement climatique sur l’alimentation

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Ni euthanasie, ni suicide assisté, une molle décision !

Les partisans d’un « droit à mourir » et le statu quo défendu par les pro-vie sont renvoyés dos à dos. C’est la ligne médiocre, comme tout ce que font les politiciens actuels, mené par un président Hollande qui a toujours le mou milieu… sauf quand il s’agit d’envoyer des soldats sur le front extérieur ! Plus de dix ans après la loi Leonetti, à l’issue d’un long et houleux processus d’élaboration entamé en 2012, la France devrait se doter, mercredi 27 janvier, d’une nouvelle loi sur la fin de vie : droit à la « sédation profonde et continue » jusqu’au décès pour les malades en phase terminale, et des directives anticipées contraignantes pour le médecin… sans être toutefois opposables. Ni euthanasie, ni suicide assistée, un « droit de dormir avant de mourir pour ne pas souffrir ».* Encore faut-il être atteint d’une « affection grave et incurable », dont le « pronostic vital est engagé à court terme » et qui présente une « souffrance réfractaire aux traitements ». En fait le nouveau texte propose « pour seule issue la déshydratation et la dénutrition ». La sédation « palliative ou bientraitante » n’est pas responsable du décès !! Le soignant pourra en effet déroger aux directives anticipées « en cas d’urgence vitale pendant le temps nécessaire à une évaluation complète de la situation » et lorsqu’elles « apparaissent manifestement inappropriées ou non conformes à la situation médicale ». Voici les réactions appropriées de quelques internautes sur lemonde.fr :

Stavogrine : Encore une promesse non tenue sous la pression des religions . A qui fera t ‘ on croire encore que l ‘ on vit dans un état laïque . M r Valls , Mme Touraine à quand le suicide assisté , à ce jour réservé aux personne aisée pouvant se rendre en Suisse ( on en revient à l époque des voyages en Angleterre pour avorter!!!!!!) La France , patrie des Lumières( éteintes )

Itavodev : Ceux qui ont les moyens vont le faire à l’extérieur de la France dans les pays des paradis fiscaux et les autres trop souvent se suicident seuls dans leur appartement et un médecin d’urgence signe un certificat de décès. Belle France ou la religion mène toujours la politique n’est-ce-pas ?

Et la liberté de tout un chacun : Sédation profonde et arrêt de tous les traitements, un petit progrès depuis la loi Léonetti. Pas une victoire pour tous ceux qui veulent pouvoir choisir le moment de leur mort. N’en déplaise aux religieux de tout poil qui ont l’indécence de vouloir faire porter à tous le poids de leurs propres engagements , engagements qui ne concernent qu’eux. Marre, vraiment marre, de tous les fanatiques religieux – religions confondues- qui veulent absolument soumettre tout le monde à LEURS principes.

Oui mais : Mais ces religieux nous aiment tellement et se soucient tant de nous et de notre salut qu’ils tiennent à nous faire respecter leurs principes…

Cohelet : Le débat n’est pas entre religieux et non. La question de fond pour chacun/e est le rapport à sa propre finitude. Comment décider en conscience des derniers jours de sa vie sans laisser aux survivants, ses proches, un poids trop lourd à porter.

Pierre J : Le suicide assiste puis l’euthanasie, de toutes façons, on y viendra. Ca demandera plus ou moins d’étapes et de temps. On y viendra, qu’on le veuille ou non, ne serait-ce que pour des raisons économiques.

* LE MONDE du 29 janvier 2016, Fin de vie : ce que va changer la nouvelle loi Claeys-Leonetti

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La Surpopulation, absente des résultats de la COP21

FIGAROVOX/TRIBUNE – Pour Alain Destexhe, le thème de la surpopulation mondial est la question centrale des années à venir. Pourtant, elle n’est pas posée lors du sommet international sur le climat à Paris. En résumé :

« Nous sommes déjà trop nombreux sur terre. Ce facteur majeur du réchauffement climatique ne sera pourtant pas abordé lors de la COP21… Au niveau mondial, sur une courte période historique de 250 ans, nous aurons assisté à une multiplication par dix de la population.Malgré ces chiffres alarmants, aucune politique de limitation des naissances ne figure à l’agenda de la COP21. Il s’agit d’un sujet trop sensible pour les gouvernements…pour la Banque mondiale ou l’ONU, l’augmentation de la population ne peut être qu’un «potentiel de croissance», une «opportunité à saisir» et même un «dividende démographique»! Le scénario d’une terre peuplée d’un peu moins de dix milliards d’habitants en 2050 ressemble pourtant davantage à celui d’une catastrophe annoncée…

Dans le débat climatique, il est régulièrement rappelé que l’augmentation historique du CO2 dans l’air provient en premier lieu des pays industrialisés… Par ailleurs, dans la mesure où il est souhaitable et inévitable qu’un toujours plus grand nombre de personnes participe à la société de consommation, ce sont les pays les plus peuplés de la planète qui pourraient rapidement avoir une dette climatique à l’égard de ceux qui le sont moins….

Un problème qui n’est pas abordé ne peut pas avoir de solution. La limitation des naissances devrait pourtant être une priorité absolue pour les pays d’Afrique et d’Asie du sud. Non seulement pour prévenir le réchauffement climatique dont ils seront les premières victimes, mais également pour assurer le bien-être de leurs populations. Etant donné l’importance de la question, les pays industrialisés pourraient en faire une condition dans l’octroi de l’aide au développement. Mais ce point ne figure dans aucun des 169 «objectifs de développement durable», adoptés récemment par l’ONU et qui serviront de boussole aux politiques de développement internationales au cours des 15 prochaines années… »

Malthus n’a qu’un seul tort, avoir eu raison trop tôt.

Source : http://www.lefigaro.fr/vox/politique/2015/12/09/31001-20151209ARTFIG00309-cop21-la-surpopulation-mondiale-grande-absente-des-debats.php

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Démographie et climat, un entretien avec Yves Cochet

Avant qu’un des plus anciens militants de l’écologie, Yves Cochet, n’intervienne lors de la conférence-débat à PARIS le 19 novembre sur le thème « La COP21 peut-elle éluder la question démographique ? », il a été interrogé par Michel Sourrouille pour le compte du site JNE (association des journalistes-écrivains pour la nature et l’écologie). Voici une retranscription de cet entretien.

Michel Sourrouille : à bientôt 70 ans, est-ce le temps de la retraite ?

Yves Cochet : Depuis mon inscription aux Amis de la Terre en 1972, je n’ai jamais eu l’intention d’arrêter. Je suis toujours au conseil fédéral d’EELV, et 42ème sur la liste d’Emmanuelle Cosse pour les régionales. En dernier, mais toujours présent. L’urgence écologique a besoin de nous tous, toujours.

question : Si tu devais indiquer en une phrase ton sentiment sur la question démographique, que dirais-tu ?

YC : L’évolution à la baisse de la population est un des moteurs de la réduction des émissions de gaz à effet de serre. Il n’est pas tenable que les Américains produisent en moyenne 16 tonnes de CO2 par an, les Chinois et les Européens 8 tonnes alors que les Africains sont à moins d’une tonne. Pour instaurer la justice sociale, il faut non seulement harmoniser le montant des émissions mais aussi diminuer le poids démographique car la population est un multiplicateur incontournable du niveau des émissions.

question : Penses-tu que la conférence sur le climat à Paris va changer quelque chose ?

YC : Nous pouvons déjà prévoir un échec bien que la méthode initiée par la France soit nouvelle. Il s’agit de partir du bas, des contributions nationales. Les Etats doivent s’engager à réduire leurs émissions dans une période déterminée, mais ce ne sont que des intentions qui de toute façon nous mènent vers une augmentation moyenne de 3°C, comme Laurent Fabius le rappelait d’ailleurs ce matin à la radio. Notons aussi que l’Arabie Saoudite se permettait de financer les fous de Daech mais n’a pas encore rendu sa copie sur sa stratégie d’émissions.

question : La catastrophe est donc en marche. Est-ce bientôt le rôle futur des politiques, comme tu l’as écrit, « de diminuer le nombre de morts ?

YC : Des intellectuels comme Dominique Bourg ou Bruno Latour sont eux aussi devenus « catastrophistes ». On va tout droit dans le mur, vers le chaos climatique et donc social. Des organismes qui pensent le long terme comme les compagnies d’assurances ou les militaires se préparent au pire. On comprend mieux la gravité de la situation à la lecture de leurs rapports plutôt qu’à la lecture des journaux. Il n’y a pas assez de terres arables et pas assez d’eau pour satisfaire les besoins d’une population en constante augmentation.

question : Tu as écrit en 2005 le livre « Pétrole Apocalypse ». Aujourd’hui on ne parle que du réchauffement climatique. Quel lien fais-tu entre ces deux préoccupations ?

YC : L’articulation entre les deux, c’est tout simplement le mécanisme de transformation de l’énergie. Le pétrole est la ressource, en amont, le réchauffement climatique le résultat de sa combustion en aval. Le problème, c’est que le GIEC ne s’intéresse qu’à l’aval, l’évolution des températures mondiales. Il devrait tenir compte des travaux de l’ASPO, association qui étudie les pics pétroliers avec un budget de zéro dollars. Le plafond de production du pétrole conventionnel a été atteint en 2006, et maintenant il y a stagnation, ce qu’on appelle un plateau ondulant. De toute façon, comme l’exprime la coalition 21, il faudrait laisser une grande partie des ressources fossiles sous terre pour limiter le réchauffement à moins de 2°C.

question : Serais-tu pessimiste ?

YC : J’essaie d’éviter les sentiments sur l’évolution des réalités biophysiques. Si l’écologie politique (les Verts, puis EELV) obtient un mauvais score aux élections, c’est parce que nous sommes trop réformistes, alors que l’écologie, c’est violent, à l’image des phénomènes désastreux que l’action humaine a déclenchés. Il se dessine un monde de décroissance, de récession disent les économistes. Nous devrions aussi en tant qu’écologiste parler de décroissance démographique. Mais cela reste encore un tabou. A EELV, nous avons raboté notre radicalité, et cela n’a pas augmenté notre score. On s’éloigne pour des raisons électoralistes de l’état réel du monde, que ce soit sa réalité sociale ou écologique. Nous devrions dire la vérité sur l’état de la planète alors que les autres politiciens ne cessent de mentir, comme Sarkozy qui voulait aller chercher une croissance de 3 % avec les dents et Hollande qui ne jure lui aussi que par la croissance économique. Je suis pour la décroissance de l’empreinte écologique des pays du Nord. D’ailleurs, dans le cadre du FIAP Jean Monnet où va se tenir tout à l’heure la conférence sur « démographie et climat », nous avions organisé en 2008 notre première réunion internationale sur la décroissance. Dire explicitement que l’effondrement va arriver, ce serait moralement plus juste et politiquement plus clair que notre réformisme borgne actuel.

question : Que faire alors contre le réchauffement climatique ?

YC : Il faudrait que les Français apprennent à se tricoter un pull supplémentaire car il est plus efficace de chauffer directement son corps plutôt que de chauffer l’air de son logement. Et il y a mille autres comportements sobres à adopter face à la domination des multinationales productivistes. Il faut aussi donner une large place à la société civile, aux initiatives locales, encourager la  création de villes en transition, soutenir les zadistes qui, sur les zones à défendre, combattent l’intrusion croissanciste à Notre Dame des Landes ou à Sivens.

Source : http://jne-asso.org/blogjne/2015/11/29/lurgence-ecologique-un-entretien-avec-yves-cochet/

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Limite, revue d’écologie intégrale… antimalthusienne

Cette revue est dans la continuité du livre « Nos limites (pour une écologie intégrale) » de Gaultier Bès, Marianne Durano et Axel Norgaard Rokvam*. Que de jeunes intellectuels plutôt cathos montrent la nécessité de la sobriété dans un monde fini, parfait. Mais ce livre avait nié tout limite démographique : « Il faut non pas, comme le prétendent certains malthusiens anthropophobes, diminuer drastiquement la population (en commençant par les plus pauvres, toujours suspects d’être irresponsables), mais bien plutôt diminuer drastiquement notre production et notre consommation. » Le trimestriel confirme ce parti pris, ressassé dans le dossier « Produire moins pour se reproduire plus ».

Gaultier Bès : « Castrer chimiquement les pauvres pour qu’ils s’arrêtent de pulluler ? Ou bien attendre qu’une bonne vieille pandémie réguler tout ça ? Et si une bonne part de la solution était là, sous nos yeux ? Décroître, réduire notre consommation plutôt que notre fécondité, le nombre de bagnoles plutôt que le nombre de gosses ».

Comme si les gosses ne voulaient pas conduire plus tard une automobile, une Tata Nano de préférence quand ils ne sont pas bien riches ! Comme si population, consommation et techniques utilisées étaient séparables ! Une voiture ne peut se concevoir sans un automobiliste au volant… même si certains voudraient tout automatiser pour rendre les gens encore plus dépendants.

Richard de Seze : « La perspective malthusienne révèle son fondement injustifiable : il ne s’agit pas tant d’améliorer le sort de l’espèce humaine en restreignant les naissances que de garantir un niveau de vie acceptable à la classe dominante, avec des standards de vie consumériste toujours en hausse. »

Mahaut Herrmann : « Le malthusianisme n’est pas la décroissance. C’est l’égoïsme se donnant bonne conscience pour continuer à se goinfrer de gâteau en espérant que les convives seront moins nombreux… Loin de l’individu unidimensionnel du modèle croissanciste, la décroissance permet à l’espèce humaine de se perpétuer sans craindre la surpopulation. »

Le procès d’intention est flagrant. Comme si les néomalhusiens ne savaient pas qu’il faut à la fois décroître les consommations ET la population quand le gâteau commence à se réduire au rythme de l’épuisement des ressources naturelles. Les auteurs de cette revue devraient lire le rapport de 1972 au club de Rome sur les limites de la croissance : quand il y a évolution exponentielle, on ne peut séparer l’action sur l’industrialisation, la population, l’alimentation, les ressources naturelles non renouvelables et la pollution. Mais les auteurs de cette revue préfèrent la phrase choc au raisonnement complexe.

Marianne Durano : « ça te fait quoi, petite jouisseuse des temps modernes, d’être obligée de bouffer docilement ton médoc tous les matins pour pouvoir baiser tranquille le soir ? De laisser ton ventre aux mains des spécialistes, pour qu’ils y enracinent des bouts de ferraille ? … Le malthusien préfère ligaturer les trompes de sa femme plutôt que se serrer la ceinture … Je préfère dépenser en soupes pour bébés bios ce que vous gaspillez en condoms irresponsables. » Je laisse à Marianne la responsabilité de ses propos !

Par contre on ne récuse pas complètement dans cette revue la maîtrise de la fécondité, sauf qu’il faut user de méthodes « naturelles »

Magali Girard : «  L’enfant est signe de bénédiction pour ses parents. Mais on n’est pas plus béni parce qu’on a plus d’enfants ! Une régulation naturelle des naissances est possible. Une femme est fertile certains jours dans le mois et en permettant la transmission de cette connaissance, on permet que les femmes adaptent le nombre de leur grossesses à leurs capacité et leur désir. » Magali devrait faire connaissance avec ma mère qui avait une périodicité des règles très variables dans le temps et qui a usé de trois avortements.

En fait ces chrétiens ont une vision idyllique de l’existence qui transparaît dans leur critique du livre « No Kid. 40 raisons de ne pas avoir d’enfants »** de Corinne Maier : « Aux Childfree, il faut répondre que la liberté authentique ne jaillit pas du confort mais de l’amour. C’est ainsi que de consommateurs, nous deviendrons procréateurs, fidèles à l’inépuisable fécondité divine. » Quand ils deviennent un peu plus politique, ils s’appuient sur le livre anti-malthusien de Ian Angus et Simon Butler, « Une planète trop peuplée ? »***. Ce livre révélait le point de vue écosocialiste. Il s’agissait de répondre à la nouvelle vague de malthusianisme vert tel qu’il s’exprime notamment dans les pays anglo-saxons. Pour que survive la civilisation humaine, il faudrait remplacer ce capitalisme antiécologique par un système proécologique qui défende un développement humain et durable. Selon eux les arguments malthusiens entravent cette cause. Gaultier Bès reprend leur leitmotiv : « Limiter les naissances des gueux signifie préserver les privilèges des riches. » Et il en rajoute : « Elitiste, raciste, eugéniste, sexiste. Le contrôle des naissances, c’est vraiment bonne ambiance… Le « cancer », ce n’est pas la croissance démographique, mais la croissance illimitée du capital. »

Le seul moment réfléchi sur la question démographique résulte d’un entretien avec Olivier Rey, l’auteur d’un livre incontournable, « Une question de taille »**** : « Ce n’est pas le nombre d’humains à lui seul qui change la situation planétaire. C’est le nombre combiné à la multiplication et à l’accélération des déplacements et à la diffusion de certains modèles de vie et de consommation… Encore une fois, ce ne sont pas les sept milliards d’humains sur la terre qui sont la source de nos difficultés actuelles, mais le couplage de ce nombre avec des modes d’organisation sociale et de consommation destructeurs. Un signe parmi d’autres de ce caractère destructif est que la multiplication des êtres, loin de promouvoir la diversité humaine, entraîne d’innombrables génocides culturels et uniformise… Je ne crois pas que les hommes doivent s’efforcer d’être le plus nombreux possible. Dans la Genèse, Dieu invite Adam et Eve à croître et multiplier. Mais à ce moment, l’humanité se résume à deux personnes. Dieu leur demande d’emplir la terre, non de la submerger et de la ravager… Quoi qu’il en soit, la terre étant de dimension finie, il est clair que le nombre des hommes ne saurait croître sans mesure sans entraîner de graves difficultés. »

* éditions le centurion 2014, 114 pages, 3,95 euros)

** éditions Machalon 2007

** éditions Ecosociété 2014, 304 pages, 20 euros

Première édition 2011, Two Many People ? Population, Immigration and the Environmental Crisis

*** éditions Stock 2014, 280 pages, 20 euros

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L’agroécologie, une leçon de vie avec Pierre Rabhi

Dans cet entretien avec Jacques Caplat, Pierre Rabhi résume sa vie de paysan philosophe. Ce petit livre est bien écrit, comme d’habitude, il y a des images qui parlent, comme cette « gouvernance du monde empêtrée dans ses chamailleries stériles qui rappellent une cour de récréation planétaire infantile ». Il y a une idée forte, une agroécologie qui émancipe la paysannerie des produits chimiques et des intermédiaires. Il y a surtout une personne qui a fait de sa vie un modèle d’existence, depuis le désert du Sahara où il est né jusqu’à l’écriture d’un grand nombre de livres en passant par un élevage de chèvre limité à 30 individus pour ne pas risquer de verser dans l’élevage intensif. Cette limitation délibérée est pour lui indispensable pour vivre une sobriété heureuse. Cette expérience ardéchoise ne l’a pas empêché d’appliquer les préceptes de l’agroécologie au Burkina-Faso. Il s’agit de reconstituer la fertilité des sols, l’humus, et de revitaliser l’économie locale. Cela permet de fixer les paysans à la glèbe pour mieux lutter contre la concentration urbaine et la dépendance au pétrole.

Pierre Rabhi montre parfaitement que tout est lié, la façon dont on mène sa vie et le respect de la vie en général, son propre mode de production et le réchauffement climatique. Il faut aimer les livres comme celui-là où l’auteur se met en scène pour montrer que l’écologie n’est pas une abstraction.

Dommage que Pierre ne puisse s’empêcher, au milieu d’un livre intéressant, de témoigner de son anti-malthusianisme primaire : « Invoquer l’explosion démographique est une façon de nier notre responsabilité. Il est assez indécent d’accuser les humains qui souffrent de la faim d’être fautifs parce qu’ils sont nés, alors que leur indigence n’est que le résultat de l’avidité d’une minorité. (page 68) » La question démographique, c’est tout autre chose qu’une mise en accusation des pauvres, c’est la relation très complexe qui existe entre évolution des ressources alimentaires, accroissement de la population et contexte socio-politique.

L’agroécologie, une éthique de vie de Pierre Rabhi
Actes Sud, domaine du possible, 84 pages, 8 euros
http://www.actes-sud.fr/sites/default/files/imagecache/c_visuel_cat_w120px/couv_jpg/9782330056469.jpg

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BIOSPHERE-INFO : spécial démographie (et climat)

Il est étonnant que les différentes conférences sur le climat ne se soient jamais penchées sur la question démographique. Pourtant l’équation de Kaya montrait la complémentarité absolue entre évolution de la population humaine, niveau de vie par personne, intensité énergétique et choix des énergies utilisées (cf. BIOSPHERE-INFO n° 355).

Pour avoir quelques éléments de réflexion sur l’évolution de la population, voici un résumé de l’intervention de Didier Barthès, porte-parole de l’association Démographie Responsable à l’Ecole Normale Supérieure de Lyon. Pour recevoir gratuitement notre bimensuel BIOSPHERE-INFO, s’inscrire à cette adresse : biosphere@ouvaton.org

COP21 : et la question démographique ?

BIOSPHERE-INFO n° 359 (1er au 15 novembre 2015)

1/6) Un point généralement ignoré
Le rapport Planète vivante publié conjointement fin 2014 par le WWF, la Société Zoologique de Londres et d’autres partenaires signalait que depuis 1970, en 45 ans seulement, 50 % des effectifs des animaux sauvages (plus précisément des vertébrés) avaient disparus. En moins d’un demi-siècle nous avons donc éliminé la moitié de la faune. Si nous continuons ainsi, dès 2060 n’y aura-t-il plus un seul animal sauvage sur la Terre ?
Le fait est assez effrayant et a été largement repris par nombre de mouvements écologistes, mais curieusement, il a rarement été souligné que l’on pouvait rapprocher cette division par deux du nombre des animaux d’une multiplication par deux aussi, du nombre des hommes et cela exactement sur la même période. En effet, de 1970 à 2015 les effectifs de l’humanité sont passés de 3,7 à 7,3 milliards. Cela veut dire que depuis 1970, pour un homme vivant sur la Terre il y a 4 fois moins d’animaux sauvages !
Ces deux évolutions, le doublement des hommes et la division par deux du nombre d’animaux ne sont pas, hélas, sans lien de cause à effet. On peut à la fois s’interroger sur ce qui les relie. Tel est l’objet de cette conférence.

2/6) Les ordres de grandeurs de la question démographique
Comme en tout domaine, il est utile d’avoir en tête les ordres de grandeur, je vous propose 4 références
– Depuis les débuts de notre ère (il y avait environ 200 millions d’habitants sur la Terre en l’an zéro environ) les effectifs de l’humanité ont été multipliés par plus de 35 ! Notez que l’on associe cette époque à la fameuse phrase de la Genèse, « Croissez et multipliez » : elle est en fait antérieure de 500 ou 600 ans, mais il est intéressant de constater qu’elle sert encore de référence, pas seulement en démographie et pas seulement dans la sphère religieuse. C’est en fait l’ensemble de notre monde qui est un adepte forcené de la croissance. Cette phrase a été écrite par les hommes dans un monde de 150 millions d’habitants, soit 50 fois moins densément peuplé que celui d’aujourd’hui et elle constitue encore une référence. Excellente illustration des règles adaptées à un monde donné mais qui restent appliquées et vénérées dans un autre contexte, pourtant tout différent. Il serait sans doute temps de s’interroger sur leur bien-fondé et temps aussi de les revoir.
– Depuis le début du 20ème siècle (il y avait 1,6 milliard d’habitants en 1900) c’est par un peu plus de 4 qu’ont été multipliés nos effectifs. Un savant comme Claude Lévi Strauss a presque vu le nombre d’hommes quadrupler au cours de son existence. Il en était d’ailleurs effrayé et ce fut l’un de ces derniers messages. Alors qu’il a fallu des dizaines de milliers d’années à l’humanité pour atteindre 1 milliard de représentants, c’est aujourd’hui tous les 12 ou 13 ans que nous ajoutons un milliard d’habitants de plus à la planète. Cette augmentation de la population n’est pas liée à une hausse de la fécondité, celle-ci tend plutôt à baisser (5 enfants par femme en moyenne dans le monde en 1950, 2,5 aujourd’hui) mais cette baisse n’est pas assez rapide et est venue trop tard pour enrayer la hausse qu’a provoqué l’allongement de la durée de vie et notamment la baisse de la mortalité infantile qui fait que désormais (heureusement) presque tous les enfants survivent jusqu’à atteindre, à leur tour, l’âge de la reproduction.

3/6) Quelques données sur les prévisions
Les prévisions sont de plus en plus pessimistes, puisque depuis le début de notre siècle l’ONU a revu déjà 2 fois à la hausse ses projections démographiques planétaires.
En 2008, nous pensions que nous serions 9,1 milliards en 2050, en 2010 les projections se sont élevées à 9,3 milliards (toujours pour 2050 bien sûr) et en 2013 enfin, le chiffre est monté à 9,7 milliards. Les prévisions pour 2100 sont également passées de 10,1 milliards en 2010 à 11,2 milliards en 2014, tout en confirmant que sans doute en 2100 la situation ne serait pas stabilisée (en contradiction complète donc avec les propos généralement optimistes des démographes notamment en France). Je précise qu’il s’agit là des estimations moyennes il existe en réalité une fourchette de projections présentant une borne inférieure et une borne supérieure (respectivement à 6,8 et 16,6 milliards pour 2100 selon la prévision de l’ONU de 2012)
L’Afrique est un cas très préoccupant car la transition démographique (passage d’une forte mortalité et forte fécondité à une faible mortalité et à une faible fécondité, passage durant lequel naturellement la population croit fortement) tarde à s’établir. Le continent est passé de 200 millions d’habitants en 1950 à 1,2 milliard aujourd’hui (soit une multiplication par 6 en 65 ans) elle devrait atteindre, selon l’ONU, 2,4 milliards en 2050 et plus de 4 milliards en 2100. Nous aurons alors une multiplication par 20 en 150 ans !
Tous ces éléments, associés bien entendu aux changement de mode de vie, font dire au philosophe Dominique Bourg, que nous sommes en train de changer de planète et que la nouvelle planète sera beaucoup moins accueillante. Je ne puis hélas que souscrire à cette analyse.

4/6) La question du Tabou démographique
L’une des difficultés pour aborder cette question démographique est le tabou qui l’entoure.
La quasi-totalité des mouvements politiques sont natalistes. Il y a de ce point de vue une unanimité touchante de l’extrême gauche à l’extrême droite pour se réjouir des chiffres élevés de la natalité en France. Les journaux eux-mêmes, abandonnant leur nécessaire devoir de réserve, présentent toujours comme une bonne nouvelle les chiffres que présentent l’Insee et qui confortent la bonne tenue de la fécondité. C’est d’autant plus surprenant qu’aux débuts de l’écologie politique en France avec René Dumont ou le commandant Cousteau le sujet était loin d’être tabou ; le facteur démographique avait toute sa place. Aujourd’hui, même le principal parti écologiste français (EELV) est majoritairement nataliste et ne présente jamais le facteur surpopulation parmi les éléments de dégradation du biotope.
Trois éléments peuvent justifier ce tabou
– En s’attaquant à la natalité, certains ont peur de donner l’impression de s’attaquer aux enfants, au droit à l’enfantement et donc au sacré.
– Comme les taux de fécondité les plus élevés sont actuellement connus dans les pays les plus pauvres, en s’attaquant à cette question quelques-uns auraient peur d’être taxés d’anti-pauvres et préfèrent par prudence se rallier à la « bien-pensance » générale.
– Il y a une méconnaissance des chiffres, beaucoup se rassurent en se disant que la transition démographique est en marche et que bientôt la démographie mondiale sera stabilisée. Par exemple on nous rappelle qu’entre 1960 et 1970 le taux de croissance était d’environ 2 % par an alors qu’aujourd’hui il a presque baissé de moitié (il est à 1,2 %). On oublie tout simplement que s’appliquant à une population plus importante ces 1,2 % de plus tous les ans conduisent à ajouter sur la planète 80 millions de personnes chaque année (l’équivalent de la ville de Paris tous les 10 jours !) tandis que dans la décennie 1960-70 les 2 % de croissance annuelle ne conduisaient qu’à une augmentation de 70 millions. En valeur brute, la croissance a augmenté et bien sûr tous ces effectifs s’ajoutent à une population déjà doublement plus nombreuse.

5/6) Que faire ?
Agir dans les pays en voie de développement
Plusieurs études ont montré qu’un nombre important de femme étaient en attente insatisfaite de contraception (au moins 30 %). Il faut donc tout faire pour rendre cette contraception accessible, par des moyens matériels (développement des centres de planning familial) et par des aides financières, parfois la contraception ayant encore un coût significatif pour les populations les plus pauvres.
Ainsi l’association Démographie Responsable a lancé une campagne (encore modeste) d’envoi et de distribution de préservatifs gratuits dans plusieurs pays d’Afrique – Togo, Bénin et Côte d’Ivoire – ainsi qu’à Haïti). Elle encourage évidemment ce genre d’action. Certaines associations américaines ont aussi lancé des campagnes comparables (avec des moyens plus importants d’ailleurs).
Il faut également réorienter l’aide au développement dans ce sens, il semble qu’un euro investi dans la planification familiale soit l’euro le plus rentable pour réduire la pauvreté. Démographie Responsable a d’ailleurs lancé une pétition pour qu’une partie significative de l’aide au développement (25 %) y soit consacrée. Notons que dans les grandes instances internationales (l’AFD, agence Française de Développement) ou l’UNFPA (Fonds des Nations Unis pour la Population) nombreux sont les dirigeants qui en sont conscients. L’ancien Secrétaire des Nations Unis, Kofi Annan, s’était d’ailleurs prononcé en ce sens : « Si nous continuons dans cette voie, si nous ne faisons rien pour enrayer l’accroissement de la population, nous allons en payer le prix, nous allons nous retrouver dans un monde surpeuplé. La démographie a un impact sur le développement économique, sur l’environnement et sur les ressources de la Terre qui sont limitées.»
Une autre pétition a aussi été lancée en faveur de la gratuité de la contraception dans le monde (vous pouvez encore les signer toutes deux)
Il faut également favoriser l’éducation et en particulier l’éducation des filles. Il y a une forte corrélation – négative – entre le niveau d’instruction des femmes et leur nombre d’enfants. Bien entendu ce domaine est aussi lié au développement et dépasse les compétences et le domaine d’action possible pour une association comme Démographie Responsable.

– Agir dans les pays déjà développés
Agir dans ces pays est important aussi. Dans un pays comme la France où la fécondité est élevée on peut imaginer une réorientation de la politique familiale qui serait plus favorable aux familles moins nombreuses et moins favorable aux familles nombreuses.
Ainsi Démographie Responsable propose de revoir le système d’allocations familiales français en attribuant :
– 100 € mensuels pour le premier enfant (actuellement il n’y a quasiment aucune aide).
– 200 € mensuels pour une famille de 2 enfants (actuellement 129 €)
– Puis, quel que soit le nombre d’enfants, laisser cette aide à ce niveau de 200 € (actuellement 295 € pour 3 enfants, 460 € pour 4 puis 165 € de plus par enfant supplémentaire).
De façon à ne mettre aucune famille dans l’embarras, ces mesures seraient annoncées à l’avance et bien sûr non rétroactives envers les droits acquis. Mais bien entendu le but est de faire cesser les incitations financières à la natalité. Enfin la fiscalité et les aides diverses aux familles pourraient être revues dans un sens comparable. La politique des retraites pourraient également être revue puisque, dans certains cas, avoir eu beaucoup d’enfants constitue un avantage, ce qui fait que paradoxalement ce sont les gens qui auront de la famille pour les aider quand ils seront vieux qui bénéficient le plus des aides de l’Etat. Il y a là sans doute une injustice.

6/6) Conclusion
Beaucoup de gens n’envisagent d’améliorer notre monde qu’en modifiant nos habitudes et qu’en optimisant nos comportements, c’est une intention certes louable mais probablement insuffisante. Indépendamment de ces efforts d’optimisation nous devons prendre en compte les ordres de grandeurs.
La démographie constitue donc un facteur essentiel par la maîtrise duquel nous pouvons à la fois lutter contre la pauvreté et contre la dégradation des équilibres de notre planète notamment en sauvegardant des territoires pour le reste de ses habitants : la faune et la flore.
Le tabou est encore important et rares sont les auteurs ayant le courage de mettre ce facteur au premier rang des préoccupations, il est temps d’oser le faire.

Pour en savoir plus : « Moins Nombreux plus heureux » (L’urgence écologique de repenser la démographie) aux éditions Sang de la Terre, 2014.

 

 

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Le climat souffre d’un trop plein d’humains… chinois

Enfer et damnation, la Chine annonce la fin de la politique de l’enfant unique en vigueur depuis 1979*. Déjà que les émissions de carbone de la Chine sont les plus importantes au niveau mondial, déjà que son taux de croissance industrielle bat des records depuis des années, on en rajoute aujourd’hui en poussant à la multiplication des poussettes et landaus ! Le 29 octobre 2015, le 5e plénum du comité central du PCC a décidé de passer au laisser-faire nataliste.

Tout ça pour corriger le déséquilibre hommes-femmes (116/100 au sein d’une même génération) alors qu’il ne s’agit là que d’un choix machiste qui résulte d’une éducation sexiste. Mao avait écrit que « la femme est la moitié du ciel », mais l’idée de révolution sociale est aujourd’hui absente des délibérations chinoises. On pense seulement à enrayer le vieillissement de la population sans savoir si dans vingt ans les jeunes qui arriveront plus nombreux sur le marché du travail auront un emploi pour faire vivre leurs ascendants ! Dans un contexte prochain de crise climatique et de pénuries des ressources, c’est plutôt le taux de chômage qui va exploser. Heureusement les couples n’auront l’autorisation qu’à deux enfants. Heureusement, heureusement, beaucoup de couples chinois souhaitent encore pour des raisons financières n’avoir qu’un seul enfant.

La Chine était un des rares exemples de décroissance malthusienne sur une planète surpeuplée. Depuis 1971 la Chine appliquait une politique de contrôle des naissances, à la fois à la campagne (trois enfants maximum) et en ville (deux enfants maximum). En 1979, trois ans après la mort de Mao, on mettait en place une politique de l’enfant unique. Que serait la Chine aujourd’hui sans cette politique, avec 400 à 500 millions de personnes en plus ? Une Inde avec ses bidonvilles grouillants d’une marée humaine. Pourtant certains analystes pensent encore que « la Chine va se retrouver (avec la politique de l’enfant unique) avec une structure de population qui va commencer à devenir défavorable à son économie »**. Comme si l’économie pouvait encore se passer de réfléchir sur les contraintes biophysiques qui encadrent nécessairement nos possibilités de création de richesse ! Sans pétrole, l’économie chinoise s’effondre, et toutes les autres avec. C’est à une société post-carbone qu’il faut se préparer, et moins nous serions nombreux, plus ce serait facile.

* Le Monde.fr avec AFP | 29.10.2015, La Chine annonce la fin de la politique de l’enfant unique

** LE MONDE du 31 octobre 2015, Fin de l’enfant unique en Chine : « Il est peu probable que la fécondité remonte »

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Migrants noyés en méditerranée, la cause démographique

Il est souvent admis que les migrations économiques ont en partie pour cause la croissance démographique excessive des régions d’origine. Par contre, en ce qui concerne la crise d’aujourd’hui, la plupart des observateurs estiment que sa seule cause est d’ordre politique ou militaire : les migrants fuient la guerre, l’insécurité, des régimes dictatoriaux, voire le tout à la fois.

Or, si l’on s’intéresse par exemple aux quatre pays les plus représentés actuellement, il faut savoir que depuis 1950, la Syrie a vu sa population passer de 3,4 à 20,7 millions soit une multiplication par 6,1… que durant la même période, l’Érythrée est passée de 1,1 à 5,2 millions et la Somalie de 2,3 à 10,8 millions (soit pour ces 2 pays une multiplication de la population par 4,7)… quant à l’Afghanistan, le passage de 7,8 à 32,5 millions correspond à une multiplication par 4,2.

Attention, cela ne signifie pas que c’est directement l’explosion démographique qui a causé les guerres actuelles (comme ce fut en partie le cas au Rwanda). En effet, d’autres pays connaissent le même processus démographique et restent relativement en paix. Il est cependant probable que ce facteur a joué, ne serait-ce que parce que les autorités n’ont pas pu subvenir correctement aux besoins d’une population en croissance continue et disproportionnée par rapport aux ressources disponibles.

Ce qui est donc avancé ici, c’est que si ces pays avaient connu une progression de leur population moindre, disons un « simple » doublement sur les 65 dernières années (ce qui est déjà conséquent), on peut supposer que les migrations se seraient déroulées en proportion, ce qui aurait conduit par exemple à trois fois moins de réfugiés syriens aux portes de l’Europe… ou trois fois moins de noyés en méditerranée. On retrouve ici la même problématique que pour les catastrophes naturelles où il y a souvent trop de monde au mauvais endroit. La conclusion est presque une lapalissade : moins les Hommes sont nombreux, moins il y a de victimes en cas de catastrophe, qu’elle soit d’origine naturelle ou humaine.

Il n’est pas ici question de contester un accueil mesuré et en urgence des migrants, mais il ne faut pas s’en contenter. Nous n’aurions en effet absolument rien résolu sur le long terme et l’on pourrait même s’attendre à ce que des générations futures d’européens subissent en grand ce que nous vivons aujourd’hui en petit, lorsque l’on sait par exemple que (selon les dernières projections onusiennes) l’Afrique est appelée à voir sa population multipliée par quatre d’ici à 2100 !… Si l’on veut minimiser, autant que faire se peut, les inéluctables crises humanitaires futures, il convient donc de s’investir résolument et massivement dans la baisse des taux de fécondité de tous les pays encore en proie à l’explosion démographique.
Denis Garnier, président de Démographie responsable
Texte d’origine : http://leplus.nouvelobs.com/contribution/1415370-.html

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LE MONDE ignore Malthus, médiatiquement incorrect

Même page, deux articles dont on ne fait pas le lien. D’un côté LE MONDE s’interroge sur la pauvreté en Inde*. De l’autre on nous dit que la population indienne va dépasser en nombre la population chinoise**. Mais l’article sur la pauvreté indienne ne voit qu’une seule cause à la pauvreté, l’illettrisme : « Près de la moitié des foyers ruraux ne savent pas lire ni écrire… Avec plus des deux tiers des Indiens qui ont raté “l’ascenseur de l’éducation”, il serait intéressant de voir comment une Inde émergente peut émerger. » Notons que la scolarisation de masse ne crée pas d’emplois, elle fait seulement en sorte que les chômeurs sachent lire et écrire ou soient diplômés ! L’ascenseur social est en panne, que ce soit en France ou à plus forte raison en Inde. Pourquoi ? La cause première de tous nos problèmes est tellement évidentes qu’on ne veut pas la voir. Elle s’appelle surpopulation.

Selon l’autre article, les dernières projections onusiennes, l’Inde comptera 1,7 milliards d’habitants en 2050. A lui seul, ce pays aura alors autant d’habitant que la planète dans son ensemble… au début du XXème siècle ! Dans ce contexte démographique, quel autre avenir pour le peuple indien qu’une paupérisation croissante ? Ce sont les pays qui ont le mieux maîtrisé leur démographie qui ont connu le plus fort développement, tels que la Chine, la Corée du Sud ou Singapour. La Chine et l’Inde aujourd’hui au coude à coude avec respectivement 1,38 milliard et 1,31 milliard d’habitants devraient l’une et l’autre compter avant 2022 1,4 milliard d’individus. Mais grâce à une planification familiale judicieuse, la population chinoise devrait se stabiliser avant de se mettre doucement à décliner après 2030, pour retomber à 1 milliard à la fin du siècle. La population indienne continuera de croître.

Selon le dernier rapport des Nations unies publié fin juillet 2015, « Perspectives de la population mondiale », à la fin de ce siècle, la population planétaire franchira les 11 milliards, soit 300 millions de plus que les projections de 2012. Les démographes de l’ONU ont été une nouvelle fois contraints de revoir à la hausse leurs prévisions. Si on compare avec les prévisions catastrophiques sur l’agriculture, chute des rendements avec le réchauffement climatique, la désertification et la stérilisation des sols, épuisement des ressources fossiles, la planète deviendra indienne. Malthus est de retour, mais LE MONDE ne le sait pas encore !

* LE MONDE du 31 juillet 2015, Malgré sa croissance, l’Inde reste rurale et pauvre
** LE MONDE du 31 juillet 2015, Avant 2022, les Indiens seront 1,4 milliard, plus nombreux que les Chinois

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Le Sénat contre le droit de mourir dans la dignité

Le Sénat avait vidé de son contenu la loi « fin de vie ». Voici quelques éléments de réflexion exprimés par l’ADMD (association pour le droit de mourir dans la dignité)

Le parcours législatif de la proposition de loi Leonetti/Claeys sur la fin de vie tourne au fiasco…
Depuis son élaboration, en passant par la trahison de l’engagement 21 et maintenant son naufrage au Sénat : le parcours de la proposition de loi sur la fin de vie frôle le désastre.
Pourquoi le Sénat a rejeté la proposition de loi ? Que devons-nous en penser ?
CLIQUEZ ICI

«Aide au suicide» et justice française : la grande hypocrisie…
Le suicide n’est ni un crime ni un délit et l’«aide au suicide» n’existe pas en droit pénal. Alors comment la justice en arrive-t-elle à poursuivre Jean Mercier, 87 ans, qui a aidé sa femme en fin de vie à mourir ?
Françoise Rollin, juriste de l’ADMD, nous apporte des éléments de réponse.
CLIQUEZ ICI

Quatre livres indispensables sur le droit de mourir dans la dignité !
Ces derniers mois, de nombreux livres sont parus sur le sujet de la fin de vie. L’ADMD en a séléctionné quatre qui vous permettront de poursuivre votre réflexion pendant la période estivale.
CLIQUEZ ICI

ADMD 50, rue de Chabrol 75010 Paris
Services administratifs : 01.48.00.04.16
ADMD-Ecoute : 01.48.00.04.92
Fichier national des directives anticipées : 01.48.00.09.89

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Le pape François, l’encyclique et la démographie

Nombreux sont ceux, même parmi les non croyants, qui se réjouissent de la prise de position du pape en faveur de protection la nature à l’occasion de la publication de l’encyclique Laudato si. Il était temps en effet qu’une autorité morale du plus haut niveau rappelle aux hommes la gravité des menaces qui pèsent sur notre monde et la responsabilité qui est la leur. Quelques mois avant la tenue des négociations sur le climat (COP 21) cela ne pouvait mieux tomber.

Ce n’est bien sûr pas la première fois qu’un pape s’exprime sur le temporel et un tel message est bienvenu tant ce temporel-là renvoie à une question morale. Comment nous comportons-nous avec la nature, avec le monde, avec la « maison commune »  pour reprendre les mots mêmes du pape (1) ? On ne peut donc qu’applaudir une telle initiative, même si parfois il ressort des propos de François un certain anthropocentrisme qui appuierait la nécessaire protection  de  la nature sur les besoins des hommes et non sur un respect intrinsèque dû à l’ensemble du vivant, démarche plus utilitariste que morale, hélas partagée par nombre d’écologistes.

Toutefois, si le courage et le modernisme du pape sont incontestables, sa position sur la démographie reste absolument conventionnelle et fait bon marché des contraintes écologiques au profit de la défense séculaire d’un natalisme militant. Alors qu’au cours du dernier siècle le monde a multiplié ses effectifs par quatre, alors qu’au cours des 45 dernières années ce sont 50 % des vertébrés qui ont disparu (2) du fait de notre envahissement de tous les territoires, alors que les océans se vident à grande vitesse, alors qu’un continent, l’Afrique, voit nombre de ses efforts de développement obérés par une croissance démographique encore non maîtrisée (au cours du 20ème siècle l’Afrique devrait passer de 1 à 4 milliards d’habitants), voici ce que dit le pape François de la question (chapitre 50 de son encyclique Laudato si)

« Au lieu de résoudre les problèmes des pauvres et de penser à un monde différent, certains se contentent seulement de proposer une réduction de la natalité. Les pressions internationales sur les pays en développement ne manquent pas, conditionnant des aides économiques à certaines politiques de “ santé reproductive ”. Mais « s’il est vrai que la répartition inégale de la population et des ressources disponibles crée des obstacles au développement et à l’utilisation durable de l’environnement, il faut reconnaître que la croissance démographique est pleinement compatible avec un développement intégral et solidaire ». Accuser l’augmentation de la population et non le consumérisme extrême et sélectif de certains est une façon de ne pas affronter les problèmes ».

Le pape offre là une douche froide à tous ceux chez qui était né l’espoir que l’Eglise Catholique s’oriente vers une position plus raisonnable en matière de contrôle de la fécondité. Espoir né en janvier dernier suite à ses déclarations lors d’un voyage aux Philippines. A cette occasion François avait en effet affirmé qu’il n’était pas nécessaire de se reproduire comme des lapins pour être de bons catholiques. Il avait également  réprimandé une femme enceinte déjà mère de nombreux enfants. Las, de toute évidence cette remarque visait à éviter les situations personnelles difficiles mais elle n’indiquait en aucun cas une prise de conscience des limites écologiques à l’explosion démographiques.

François signe là aussi une assez grande méconnaissance du problème. Une méconnaissance du problème écologique proprement dit (mais où le pape mettra-t-il toutes les autres créatures de Dieu si l’Homme augmente encore ses effectifs ? Jésus n’a pas multiplié les mètres carrés, même dans les écritures). Mais aussi méconnaissance des propos des antinatalistes. Dans leur grande majorité, ceux-ci sont profondément écologistes. Ils ne se contentent pas « seulement de proposer une réduction de la natalité », ils affirment que c’est une condition nécessaire bien que non suffisante. Ils regrettent qu’elle soit si souvent passée sous silence mais ils savent aussi qu’elle s’insère dans un ensemble de problèmes encore plus vaste qui est celui de notre rapport à la nature. Caricaturer ainsi leur propos n’est pas très juste et ne fait pas avancer la prise de conscience.

Rien au contraire  « n’indique que la croissance démographique soit pleinement compatible avec un développement intégral et solidaire » Et surtout elle est clairement incompatible avec la protection de la nature qui est pourtant l’objet de cette encyclique.

Plusieurs personnalités ont répondu à cette prise de position du pape François (…) Pour connaître la suite, aller à la source de ce texte :

http://economiedurable.over-blog.com/2018/06/le-pape-l-encyclique-et-la-demographie.html

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GES, l’interdépendance entre économie et démographie

L’équation de KAYA présente les causes du réchauffement climatique Elle met en relation l’influence et le poids de l’activité humaine en termes d’émission direct de gaz à effet de serre :
CO2 = (CO2 : TEP) x (TEP : PIB) x (PIB : POP) x POP => CO2
(CO2 : TEP) : contenu carbone d’une unité d’énergie (qui peut s’exprimer en TEP, tonnes d’équivalent pétrole)
Cela correspond à un choix de ressources naturelles, charbon ou gaz, électricité, énergie renouvelable ou non, nucléaire
(TEP : PIB) : quantité d’énergie requise à la création d’une unité monétaire (qui peut correspondre au PIB)
C’est l’intensité énergétique de l’économie ou inverse de l’efficacité énergétique (qui serait PIB : TEP)
(PIB : POP) : production par personne ou niveau de vie moyen
POP : nombre d’habitants.

Tout est interdépendant, on ne peut agir sur un des termes sans considérer ce qui se passe ailleurs.
–  si on divise par 3 les émissions de gaz à effet de serre, il faut aussi que l’ensemble des autres éléments soit divisés par trois. Peu importe mathématiquement ce qui est réduit.
Cette division par 3 au niveau mondial est une approximation liée à un seuil (politiquement décidé) de 2°C de réchauffement. Les dernières indications scientifiques montrent qu’il ne faudrait pas dépasser le seuil de 1,5°C d’ici 2050, soit une division par 4 (c’est-à-dire – 75%). Ce facteur 4 était envisagé par la premier ministre Raffarin dès 2003 (voir annexe)

– Jean-Marc Jancovici : « Quand Bush a annoncé qu’il allait diminuer l’intensité énergétique de l’économie américaine de 18% en 10 ans, il est facile de voir que cela ne porte que sur l’un des termes de cette égalité (TEP/PIB). Et le reste ? Si la production économique par personne (PIB/POP) augmente de 25% dans le même temps (ce qui représente une croissance de 2,5% par an, soit un objectif conservateur pour n’importe quel gouvernement), avec une population (POP) qui augmente de quelques % dans le même temps (simple prolongation des tendances aux USA), et un contenu en carbone qui reste constant (assertion raisonnable compte tenu des tendances actuelles aux USA), le résultat sera une hausse des émissions de CO2, pas une diminution ! » »

– la tendance moyenne d’augmentation démographique est de 30 % d’ici 2050, soit un peu plus de 9 milliards d’habitants. Il faudrait donc diviser les autres indicateurs par 4, ce qui veut dire par beaucoup plus que 4 pour les pays les plus émetteurs. On mesure les efforts à demander à la population, gigantesque, sachant qu’on ne peut agir dans le court terme sur l’évolution démographique étant donné son inertie.

– Hypothèse d’une croissance annuelle moyenne du PIB de 2 % (2,3 % est atteint en 2012 et 2013) sur 40 ans, soir une multiplication de 2,2. La population serait multipliée par 1,33. Il faudrait donc diviser les autres indicateurs par 9. Or le « contenu en gaz carbonique de l’énergie » a juste diminué de 10 % sur les 40 dernières années. D’autre part le découplage entre TEP et PIB se heurte à l’effet rebond.

étant donné ce qui précède, on est voué à une décroissance économique (récession, voir dépression) et démographique (épidémies, guerres et famine) forcée qu’il s’agit politiquement de maîtriser le mieux possible.

conclusion
Il est donc politiquement absurde d’ignorer la variable démographique et le concept de décroissance économique lors de la COP21. La solution au réchauffement climatique passe obligatoirement par ces deux axes.

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L’arrêt des migrations sur une planète close et saturée

Les politiques de droite ou de gauche prennent deux attitudes opposées sur l’immigration de masse. L’écologie politique devrait présenter la sienne, vraiment écolo. D’un côté il y a la pensée « de droite », pour la régulation des flux migratoires. Au nom du FN, ce serait plutôt au nom de la défense de la patrie et/ou du racisme. Nicolas Sarkozy, représentant de la droite dure, y va de son discours imagé sur les canalisations qui explosent*. La droite peut avoir un discours plus complexe, envisageant les difficultés socio-économiques de la France, les problèmes de co-existence de cultures différentes, etc. De l’autre il y a Cécile Duflot, députée EELV et représentante d’une ligne d’extrême gauche apparemment contre toute restriction à l’accueil des migrants. L’ex-secrétaire nationale d’Europe Ecologie Les Verts est d’ailleurs plus connue pour son positionnement contre Valls à propos des Roms ou contre les méthodes policières employées vis-à-vis de campements illégaux que pour ses propos sur le réchauffement climatique. Il faut dire aussi que la commission « immigration » d’EELV est une annexe des associations de défense des sans-papiers. C’est une option qui se veut humaniste et chaleureuse, mais dont on ne connaît pas les motivations écologiques. La gauche classique genre PS hésite entre la ligne Sarkozy et les propos de Duflot.

Le point de vue des écologistes véritables n’est ni de droite, ni de gauche. Il s’appuie sur des données scientifiques qui montrent que quand une espèce dépasse la capacité de charge de son milieu, elle régresse obligatoirement en nombre. Mais l’équilibre de l’espèce humaine avec son biotope est extrêmement difficile à définir. Les humains sont une espèce opportuniste qui sait utiliser un grand nombre de stratagèmes pour survivre même dans des milieux très dégradés. Historiquement le procédé le plus utilisé a été la migration quand le nombre d’humains sur un territoire donné arrivait à saturation. Or la situation présente est absolument nouvelle, elle n ‘a jamais été rencontrée dans le passé. Les humains sont partout sur cette planète, en grand nombre, même dans les milieux les plus inhospitaliers. On commence à s’apercevoir que pour l’espèce humaine, c’est la biosphère elle-même qui est devenue close et saturée. C’est ce que montrait un chapitre du livre « Moins nombreux, plus heureux »**.

Dans cette situation, un flux migratoire important dans un pays déséquilibre nécessairement les rapports sociaux, les possibilités économiques, et parfois même l’accès à la nourriture. Malheureusement les humains ne s’attachent pas encore aux possibilités de leur biotope, mais aux frontières artificiellement tracéee. Des conflits plus ou moins sanglants se déroulent dans beaucoup de pays qui accentuent la pression migratoire. Accueillir tous les migrants sans aucune restriction accentue les difficultés du milieu d’accueil sans résoudre structurellement les causes des migrations. Les « écologistes » d’EELV devraient apprendre à connaître l’exemple du mouvement Ecopop qui essaye de réfléchir en Suisse sur l’idée d’une migration acceptable…

*lemonde.fr avec AFP du 19.06.2015, vives réactions après les propos de Sarkozy : « Il n’y a plus d’argent, plus d’emplois, plus de logements, mais ils ont trouvé un truc (…), ils ont considéré que la solution au problème d’immigration c’était pas de réduire, c’était de répartir (..) Dans une maison (…), il y a une canalisation qui explose, elle se déverse dans la cuisine. Le réparateur arrive et dit j’ai une solution : on va garder la moitié pour la cuisine, mettre un quart dans le salon, un quart dans la chambre des parents et si ça ne suffit pas il reste la chambre des enfants. »

** Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) aux éditions Sang de la Terre (2014)

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Le pape François va-t-en-guerre pour le climat

L’encyclique papale sur l’environnement, Laudato Si (loué sois-tu), va bientôt être officialisée. Cette encyclique est importante, même pour les non-croyants : « Aujourd’hui, croyants et non-croyants sont d’accord sur le fait que la Terre est essentiellement un héritage commun, dont les fruits doivent bénéficier à tous. ». C’est d’ailleurs le premier texte de ce type exclusivement consacré par un pape à la crise écologique. Cette analyse du pape François a vocation à devenir un élément du magistère officiel de l’Eglise et aider à la prise en compte du réchauffement climatique. Selon le pape, réduire les émissions de gaz à effet de serre demande « de l’honnêteté et du courage, notamment de la part des pays les plus puissants et les plus polluants »… « Les négociations internationales ne peuvent pas progresser de manière significative à cause de la position de pays qui privilégient leurs intérêts nationaux plutôt que le bien commun »… « Ceux qui pâtiront des conséquences de ce que nous essayons de cacher se souviendront de ce manque de conscience et de responsabilité. »*

Le pape François en appelle à « toute la famille humaine », croyants ou non, catholiques ou autres, à joindre leurs efforts pour surmonter la crise et engager un changement radical « de style de vie, de production et de consommation »**. Il réfute l’idée que « l’économie actuelle et la technologie résoudront tous les problèmes environnementaux », tout comme celle qui voudrait que « les problèmes de la faim et de la misère dans le monde se résolvent simplement par la croissance du marché ». Mais, fidèle à la doctrine de l’Eglise, il assure que la croissance de la population mondiale n’est pas une cause des problèmes écologiques. Rappelons à tous les chrétiens et à bien d’autres que le nombre d’habitants sur notre petite planète est un multiplicateur de nuisances. On ne peut contredire l’équation de Kaya qui présente les causes du réchauffement climatique

CO2 = (CO2 : TEP) x (TEP : PIB) x (PIB : POP) x POP => CO2
(CO2 : TEP) : contenu carbone d’une unité d’énergie (qui peut s’exprimer en TEP, tonnes d’équivalent pétrole)
(TEP : PIB) : quantité d’énergie requise à la création d’une unité monétaire (qui peut correspondre au PIB)
(PIB : POP) : production par personne ou niveau de vie moyen
POP : nombre d’habitants.

Si on veut diviser par 3 les émissions de gaz à effet de serre, ce qui est un minimum au niveau mondial, il faudrait aussi que l’ensemble des autres éléments soit divisé par trois. Peu importe mathématiquement ce qui est réduit. Or la tendance moyenne d’augmentation démographique est de 30 % d’ici 2050. Il faudrait donc diviser les autres indicateurs par 4, ce qui veut dire par beaucoup plus que 4 pour les pays les plus émetteurs. On mesure les efforts d’économies d’énergie à demander à la population ou à la technique, gigantesque, sachant qu’on ne peut agir dans le court terme sur l’évolution démographique étant donné son inertie. Nous allons payer en termes climatiques le fait que l’Eglise catholique ait toujours œuvré contre le planning familial, la contraception « non naturelle » et l’avortement. Le pape François a encore du chemin à faire pour arriver à la vérité…écologique !

* Le Monde.fr | 16.06.2015, Environnement : le pape en appelle au « courage » et à l’action urgente
** LE MONDE du 17 juin 2015, Climat : le blâme du pape aux pays riches

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Immigration, débat entre malthusiens et écosocialistes

En janvier 1972 le manifeste* « un programme de survie » fut le premier écrit médiatique valorisant l’idée de « communauté protégée ». Les gouvernements doivent faire cesser la croissance démographique ; cet engagement devrait inclure un arrêt de l’immigration. Dans son article de 1974, « Lifeboat Ethics : The Case against Helping the Poor », Garrett Hardin comparait les Etats-Unis à un canot de sauvetage où l’espace vient à manquer : « Une immigration sans restriction revient à faire venir les populations là où est la nourriture, cela accélérant la destruction de l’environnement des pays riches. » Paul et Anne Ehrlich publièrent en 1979 un ouvrage sur la question frontalière américano-mexicaine, The Golden Door : « Le nombre accru d’Américains résultant de l’immigration accroîtra l’impact total des Etats-Unis sur les ressources du globe et sur l’environnement, tout comme un accroissement naturel le ferait. » Ils reprenaient l’argument en 1990 dans The Population Explosion : « Dans la mesure où la migration sert de soupape pour empêcher les pays pauvres de faire face à leurs propres problèmes démographiques, tout en gonflant le nombre de consommateurs à revenu élevé, elle grève nos chances d’instaurer la durabilité mondiale. »

Le livre** qui reprend ces textes historiques en tire la conclusion que c’est une « écologisation de la haine », rejetant la responsabilité de la dégradation environnementale sur le dos des populations démunies et de couleur. L’argument anti-immigration se fonde selon Ian Angus et Simon Butler sur l’idée que la transformation des modes de vie du Nord est un objectif moins facile à atteindre que d’empêcher les autres d’adopter ces mêmes modes de vie. Les programmes anti-immigration mineraient les efforts visant à ériger des mouvements démocratiques de masse pour affronter et neutraliser les véritables causes de la destruction environnementale.

Cette argumentation des écosocialistes est simplificatrice à l’extrême. Il faut nettement distinguer le racisme qui rejette la différence avec une maîtrise des flux migratoires pour raison écologique : un territoire ne peut raisonnablement dépasser sa capacité de charge. L’impact écologique d’une population résulte à la fois du nombre de consommateurs et du niveau de consommation : il faut agir sur les deux causes à la fois sans vouloir protéger le niveau de vie des riches. Notons d’ailleurs qu’il est aussi difficile d’agir sur la démographie que d’agir sur le consumérisme. De toute façon ce n’est pas parce qu’on agit dans un domaine que cela empêche le volontarisme dans d’autres domaines. Il est enfin illusoire de compter sur « des mouvements démocratiques de masse » pour faire la révolution ; cela ressemble fort à l’idéologie du Grand Soir prôné par les mouvements marxistes. Nous savons historiquement que les pseudo mouvements de masse débouchent quasi-inéluctablement sur une dictature « socialiste » allergique à l’urgence écologique.

* A blueprint for Survival », manifeste inséré dans The Ecologist de janvier 1972
** Une planète trop peuplée ? (le mythe populationniste, l’immigration et la crise écologique) de Ian Angus et Simon Butler

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