étonnant, Nicolas Sarkozy serait devenu malthusien
Jeudi 15 septembre sur France 2, le (re)présidentiable Nicolas Sarkozy précise : « Vous me dites le changement climatique est le premier défi de l’humanité. Permettez-moi de m’inscrire en faux . Le premier défi n’est pas celui-là, c’est le défi démographique. » Une telle déclaration est détonnante. Au niveau politique, l’enjeu démographique était resté un véritable tabou, et les malthusiens voués aux gémonies. Jusqu’à présent, seuls de rares écologistes ont alerté sur la surpopulation de la planète : René Dumont dans les années 1970 et Yves Cochet plus récemment. Ce dernier avait même suggéré en 2009 « que l’on agisse en France sur les allocations familiales de manière à dissuader les couples de procréer au-delà des deux enfants qui assurent le renouvellement minimal des générations ». Les autres politiciens préfèrent vanter la vitalité de la fécondité française.
Mais Sarkozy fait l’erreur courante de classer les chocs que rencontrent l’humanité alors qu’il y a interdépendance. Le réchauffement climatique est un multiplicateur des risques autant que l’explosion démographique : une menace entraîne l’autre et réciproquement. Une équation montre d’ailleurs parfaitement ces enchaînements qui aboutissent à amplifier les émissions de gaz à effet de serre, l’équation de Kaya.
CO2 = (CO2 : TEP) x (TEP : PIB) x (PIB : Pop) x Pop => CO2
(CO2 : TEP) : contenu carbone d’une unité d’énergie (qui peut s’exprimer en TEP, tonnes d’équivalent pétrole). Cela correspond à un choix de ressources naturelles, charbon ou gaz, électricité, énergie renouvelable ou non, nucléaire…
(TEP : PIB) : quantité d’énergie requise à la création d’une unité monétaire (qui peut correspondre globalement au PIB). C’est l’intensité énergétique de l’économie ou inverse de l’efficacité énergétique. Mais l’innovation technologique ne permet pas de faire suffisamment baisser ce paramètre.
(PIB : Pop) : production par personne ou niveau de vie moyen. Il est nécessaire de mettre en place une politique d’austérité partagée. C’est la variable à laquelle aucun politique ne pense, et pourtant c’est le seul critère qui peut baisser fortement… quand il y a récession économique !
Pop : population, nombre d’habitants. Les questions d’éthique s’imposent dans ce dernier paramètre de l’équation. Mais Dennis Meadows montrent que nous n’avons pas le choix : « Il n’y a que deux manières de réduire la croissance de l’humanité : la réduction du taux de natalité ou l’accroissement du taux de mortalité. Laquelle préféreriez-vous ? » Cette interrogation a été abordée dans un essai collaboratif coordonné par Michel Sourrouille, Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) dont le titre évocateur laisse supposer la position de l’auteur sur cette question au centre de toute réflexion écologique.
Au niveau mondial il faudrait diviser par 3 d’ici 2050 les émissions de gaz à effet de serre (CO2) si on ne veut pas dépasse le seuil de 2°C de réchauffement. En fait ce seuil n’est qu’un élément de langage politique. Les dernières indications scientifiques montrent qu’il ne faudrait pas dépasser le seuil de 1,5°C, soit une division par 4 (c’est-à-dire – 75%). Mais quand on divise par 3 ou 4 les émissions de CO2, cela implique qu’il faut diviser par 3 ou 4 en moyenne tous les autres membres de l’équation. Personne n’a expliqué cela au sortir de la COP21 à Paris sur le climat !
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