démographie

Marie-Monique Robin, une malthusienne qui s’ignore

Marie-Monique Robin est une femme formidable dont les films comme Sacrée croissance ou bien Les moissons du futur et les livres comme Le Monde selon Monsanto ou encore Notre poison quotidien éveillent les consciences. Mais elle ne veut rien faire contre l’explosion démographique, elle croit que les problèmes de surpopulation se résoudront par enchantement. Voici ce qu’elle a déclaré à ce sujet lors d’une interview à 20 minutes*.

Romano: Pour parvenir à une transition écologique, énergétique, il faudra inévitablement se saisir de la question démographique un jour ou l’autre. Pourquoi pas un documentaire sur ce sujet très épineux?

« Dans mon livre j’aborde la question démographique qui est effectivement l’un des facteurs de la croissance. Mais je pense que l’explosion démographique que l’on connaît dans certains pays en Afrique ou en Asie est liée à la pauvreté. Si on donnait les moyens à ces pays de véritablement se développer dans l’intérêt de leur population, la question démographique se résoudrait d’elle-même, comme elle s’est résolue dans nos pays industrialisés grâce à l’éducation et un certain niveau de développement. »

Commentaire de Biosphere : En voulant ignorer en matière démographique que le monde est fini et déjà surexploité, Marie-Monique nous déçoit.Elle envisage sans le dire une « transition démographique » qui a certes abouti  à la baisse de fécondité dans les pays riches. Mais les conditions du développement sont aujourd’hui inaccessibles à la majorité des gens et favorisent pour le reste la surconsommation et le pillage de la planète.

Marie-Monique Robin croit encore au schéma dépassé de la baisse de fécondité qui résulte « automatiquement » du développement du pays. Elle devrait lire le diagnostic de l’agronome René Dumont, un spécialiste reconnu des pays pauvres. Il écrivait déjà en 1962 dans L’Afrique noire est mal partie : « Le nombre de gosses qui, étant resté plus de trois ou quatre ans sur les bancs de l’école, consentent à retourner à la terre est généralement infime. On remplit de jeunes désœuvrés les rues des villages, puis des bourgs ; bientôt ils atteignent les bidonvilles des capitales. Ce sont eux qui fournissent ces parasites sociaux, passant leur temps à écrire des demandes d’emploi dans toutes les administrations. D’autres préfèrent rejoindre le maquis… »

En 1949 dans Mes combats, il enfonce encore le clou : « Mal aiguillés par un système économique inadapté à leur situation, pillés par le libéralisme à l’échelle internationale, exploités par nombre de leurs dirigeants, la majorité des pays du tiers-monde se trouvent face à une explosion démographique catastrophique qui, si elle se prolongeait, leur enlèverait tout espoir. Au-delà d’une croissance démographique de 2 % par an, le progrès économique devient très difficile ; au-delà de 3 % – et c’est le cas de l’Afrique – le progrès devient improbable, pour ne pas dire impossible. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, voici un continent tout entier, l’Afrique, dont le niveau de vie diminue depuis bientôt vingt ans en temps de paix. Il est sans espoir d’en sortir tant qu’il ne se dégagera pas du piège démographique. Redire cela n’est pas sous-estimer les autres freins au développement – que je n’ai cessé de combattre – mais c’est souligner l’essentiel : les risques de famine généralisée dans le tiers-monde, nous le verrons augmenter chaque jour. »

Le continent africain va passer de 1 à 4 milliards d’habitants au cours du siècle… Parmi les multiples causes, on peut citer les problèmes culturels, l’islamisme nataliste, l’inertie des puissances occidentales pour soutenir le planning familial, la préférence pour le présent des populations, l’instabilité politique, les situations de guerre et de sous-alimentation… Toutes choses qui entretiennent l’explosion démographique. On ne naît pas malthusien, cela découle d’un apprentissage. Nous espérons que Marie-Monique Robin, au cours des ses pérégrinations internationales, accédera un jour à cette découverte : la transition écologique devrait être aussi malthusienne.

* ci-dessous l’intégrale de l’interview

Débat sur la croissance: «Il va falloir apprendre à partager les équipements comme les voitures, les machines à laver»

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7 260 000 000 habitants sur Terre, combien en trop ?

La population mondiale compte 7260000000 au 1er janvier 2015 quant à la seule espèce humaine (voir tableau*). Comme au 1er janvier 2014, les estimations donnaient 7,162 milliards, il s’agit donc d’une augmentation annuelle de près de 100 millions de personnes (1,37 % en taux de croissance annuelle) alors que la planète compte un milliard de mal nourris, des terres agricoles dégradées, des océans dévastés, des problèmes croissants d’approvisionnement en eau, en pétrole, en métaux, etc. Notons en plus qu’il ne s’agit là que d’une approche strictement anthropocentrée. Il faudrait aussi comptabiliser les territoires des autres espèces qui sont envahis par les humains, bétonnés, déforestés, aux populations autochtones éradiquées ou émasculées, enfermées dans des zoos. La biodiversité disparaît, et il est biologiquement impossible que l’espèce humaine puisse proliférer durablement au détriment de l’ensemble des autres formes du vivant. Il en va de la survie dans des conditions décentes.

La pullulation démographique humaine est, avec la surconsommation, un facteur de détérioration non seulement du tissu social mais aussi du tissu que forme la trame du vivant. Or toute évolution exponentielle non maîtrisée conduit inéluctablement à l’effondrement comme l’avait prévu dès 1972 le rapport au Club de Rome sur les limites de la croissance. Il y a plus grave, la comparaison avec les effondrements de civilisation du passé (comme celui de l’empire romain) néglige une différence essentielle : jamais par le passé la Terre n’avait porté plus de 7000000000 d’humains (9 milliards dans les tuyaux, qui ne peuvent plus être déprogrammés autrement que via des catastrophes planétaires).

Moralité : alors que jadis l’effondrement d’un empire se traduisait par une dispersion des « effondrés » sur d’autres territoires de vie, celui qui se profile n’aura plus de terres d’exil en réserve, intactes et riches en ressources. Dans ce contexte, nous ne pouvons vous offrir nos vœux de bonne année 2015…

* Tableau de référence : population mondiale en millions d’habitants au 1er janvier 2015

  Sources

      Effectifs au 1.1.2015

INED

                    7.285        

 

US Census Bureau   

                    7.215

Population Reference Bureau

                    7.282

Poodwaddle

                    7.183

Population Matters

                    7.322

Population Mondiale.com

                    7.269

Ria Novosti

                       7.337

Terriens.com

                        7.212

Visio Météo / Géopopulation

                      7.207

Worldometers

                       7.285

Moyenne

                    7 260

Source : http://economiedurable.over-blog.com/article-la-population-mondiale-au-premier-janvier-2015-125282595.html

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Nous sommes vraiment foutus, Stephen Emmott confirme

LE MONDE du 28-29 novembre nous fait une analyse superficielle, comme d’habitude, « Optimistes contre professeurs du désespoir ». Nous conseillons à la journaliste Marie Charrel de lire Stephen Emmott :

 » Si nous voulons empêcher une catastrophe mondiale, nous devons sans délai opter pour une action radicale – et agir vraiment, cette fois. Mais je ne pense pas que nous soyons prêts à le faire. Je pense que nous sommes foutus. J’ai demandé à l’un des scientifiques les plus rationnels et les plus brillants que je connaisse – un jeune chercheur de mon labo, qui maîtrise bien ce domaine – ce qu’il ferait, lui, s’il avait une chose, une seule, à faire dans la situation où nous sommes. Sa réponse ?

« Apprendre à mon fils à se servir d’un fusil. » »

Ainsi se termine le livre* de Stephen Emmott « 10 milliards », qui vient de sortir en librairie. Ce n’est pas le discours d’un catastrophiste, mais d’un réaliste. Il dirige un vaste programme de recherche scientifique réunissant une équipe interdisciplinaire à Cambridge. Il parle d’un constat sévère : « La Terre abrite des millions d’espèces. Une seule a imposé sa domination : la nôtre. Notre intelligence, notre inventivité et nos activités sont à l’origine de tous les problèmes auxquels nous sommes confrontés aujourd’hui à l’échelle mondiale. Et chacun de ces problèmes s’accentue à mesure que la population mondiale s’approche des 10 milliards d’habitants. » Il déroule rapidement l’analyse commune à l’ensemble des écologistes, tous les indicateurs de la planète sont au rouge, avec une attention particulière à la démographie : « Seuls les idiots refuseraient d’admettre qu’il y a une limite au nombre de personnes que notre planète peut supporter. Mon avis est nous avons dépassé cette limite. Depuis longtemps. Mais je crois que nous allons continuer à faire comme si de rien n’était. » L’idée générale de Stephen Emmott ? « Tandis que notre population se rapproche des 10 milliards, nous pénétrons en territoire inconnu. Mais s’il est une chose prévisible, c’est que les choses vont s’aggraver encore… D’après les données nous nous disposons actuellement, la solution de la technologie est tout sauf probable. »

                Le problème, c’est que Stephen Emmott n’a pas grand chose à proposer face à la détérioration des conditions de la vie sur notre planète. Il pense qu’il nous faut de toute urgence consommer moins, radicalement moins. Il pense que pour opérer un changement d’attitude si radical, nous aurions besoin d’une action tout aussi radicale de la part des gouvernements. Or il avoue que sur ce point, les responsables politiques aujourd’hui font partie du problème, et non de la solution. Il constate que les résultats des différentes conférences internationales sur le climat, la lutte contre la désertification, la protection de la diversité biologique, le sommet « Rio + 20 »,  c’est zéro, encore et toujours zéro : « Et, pendant ce temps, nous nous enfonçons encore un peu plus dans le pétrin. » Faire pipi sous la douche ou utiliser deux feuilles de papier toilette plutôt que trois ne vont pas résoudre le problème. Même la contraception n’apparaît pas pour lui comme une solution viable pour des raisons politiques, culturelles et religieuses. D’où toujours la même antienne : « La gravité et la nature des problèmes auxquels nous sommes confrontés sont immenses, sans précédent et très certainement sans solution. » Alors le recours au fusil ? « Ce n’est pas un hasard si un nouveau type d’acteur participe désormais à presque toutes les conférences scientifiques sur le changement climatique auxquelles j’assiste : l’armée. »

L’armée ou le chaos ? C’est possible. Ce que proposait un de ses collaborateurs (« Apprendre à mon fils à se servir d’un fusil » relève du survivalisme, d’un recours au fusil dans chaque famille et les communautés de base. Les Américains sont bien préparés à cette éventualité individualiste, sauf que cela signifie le droit de s’entretuer pour que les plus forts survivent. Il est fort probable que d’un bout à l’autre de la planète, nous utiliserons toutes les manières pour nous en sortir, entre  chacun pour soi et action concertée. L’essentiel est de nous préparer au pire pour garder le meilleur.

* 10 milliards, 210 pages, 12 euros (2014, éditions Fayard)

titre original 10 Billion (2013, Penguin)

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La xénophobie commence sur les terrains de foot

Xénophobie et racisme ne sont qu’une réaction normale en situation de stress : besoin de se retrouver en groupe, soudé contre l’adversité. Dans ce contexte, quoi de plus facile pour chercher une cohésion interne que de désigner un bouc émissaire : les AUTRES. Il y aura NOUS et il y aura EUX. Même une société qui se dit humaniste est pleine de ces petites haines fabriquées pour faire bloc. Cela commence par SON équipe de foot contre l’AUTRE, même s’il ne s’agit que d’un petit club et de ses plus jeunes footeux : faut gagner, faut les abattre, NOUS serons vainqueurs, vive NOUS… Cela se termine par la compétition exacerbée entre clubs, entre villes, entre pays. Cela aboutit parfois à une espèce de pogrom contre un joueur, un arbitre ou les supporters de l’AUTRE équipe. Pourtant quel est l’enjeu véritable quand il ne s’agit que de taper dans un ballon pour l’amener entre deux poteaux ? Aucun.

Le stress des vainqueurs/vaincus peut devenir une construction sociale. Certains manipulateurs profitent même politiquement de ce contexte. C’est en effet sur ce terrain psychologique que prolifèrent les tendances racistes, le rejet xénophobe, l’idéologie d’extrême droite. Le Front National en France a un potentiel terrible de supporters dans une société qui cultive la compétition et l’alterité tout en connaissant des difficultés de tous ordres, chômage, précarité, promiscuités. L’action de groupe permet de dépasser ses problèmes personnels pour les transcender en s’immergeant dans le groupe. On ne se contente plus de quelques matchs de foot pour exalter son rejet des autres, on se manifeste de plus en plus ouvertement par son langage et son vote.

Il y a un cercle vicieux entre progression du stress collectif et simplification de la réalité sociale en dualisme : il y a EUX, et donc il y a la possibilité du NOUS. Les crises socio-écologiques et financières qui se succèdent deviennent le terreau sur lequel prospère un peu partout dans le monde la montée de l’extrême droite. C’est ainsi que les hordes hitlériennes avaient autrefois déferlé sur une partie du globe. Le discours humaniste est démuni quand l’effet de groupe dévaste tout sur son passage. Bien avant que cela n’arrive, il faut raisonner collectivement en termes de coopération et non de compétition. L’équipe « adverse » dans un match de foot n’est qu’un simple partenaire de jeu. Au niveau social, le problème est bien plus complexe. Il faut mesurer la capacité de charge de chaque territoire pour garder une certaine cohérence entre le poids de la population humaine et son écosystème. Sauf à exacerber les tensions et à favoriser la montée de l’extrême droite, il faudrait sans doute concevoir la fin des migrations (y compris les hordes touristiques et l’agglutination urbanisée) dans un espace mondial clos et aujourd’hui saturé d’humains…

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Hollande, l’immigration et la saturation de l’espace

Lundi 15 décembre, premier discours du quinquennat sur l’immigration de François Hollande. Sous des apparences de gauche humaniste, toujours la même ambiguïté : « traiter avec fermeté l’immigration clandestine » d’un côté, « mieux accompagner l’immigration régulière » de l’autre. On ménage la chèvre et le choux.

Quels sont donc les fondamentaux à respecter en matière d’immigration ? Un chapitre du livre « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie » prévoit la fin des migrations sur une planète close et saturée : « Les écologistes devraient dire que l’immigration maintient ou accroît la pression humaine sur le milieu naturel dans des pays où, de par le recul de la natalité, cette pression pourrait s’y stabiliser sinon régresser. Ainsi il n’y aura pas de répit. L’homme va continuer à saturer l’espace planétaire à la fois par la croissance démographique et par les transferts de population. » Ce n’est pas seulement la quantité d’immigrés qui devrait être au centre des débats, la capacité de charge des territoires devrait être interrogée. La pression démographique (pas seulement migratoire), en France ou ailleurs, fragilise le tissu social : logements trop chers, allongement des distances entre domicile et travail, engorgement des infrastructures, déséquilibres divers entre les humains et leur milieu naturel. Alors le racisme et la xénophobie s’installent.

A trop favoriser les mouvement migratoires, on provoque ce qu’on avait voulu éviter. L’humanisme ne peut pas être hors sol, il dépend aussi des conditions matérielles d’existence d’un groupe social à un moment déterminé sur un territoires délimité.

Lisez sur notre blog les questions démographiques que tout le monde devrait se poser…
lire aussi Le Monde.fr du 14.12.2014, Hollande sur l’immigration : entre humanisme et crainte du laxisme

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Fin de vie, encore une mesurette de François Hollande

Deux parlementaires ont proposé que soit mise en place une sédation « profonde et continue » pour les malades en fin de vie et que les directives anticipées deviennent contraignantes. La proposition 21 de François Hollande approche de sa conclusion ! Réactions contre et contre :

– l’association pro-vie Alliance Vita : « pente glissante » ; « systématiser un droit à la sédation terminale, c’est prendre le risque de l’euthanasie déguisée » ; « les Français descendrons dans la rue s’il se confirme que l’interdit de tuer est remis en cause ».

– l’Association pour le droit de mourir dans la dignité (ADMD) : « La sédation, c’est un tout petit progrès, ce n’est pas la bonne solution. » ; « François Hollande nous a trahis ! Il est tombé dans le piège de la médicalisation ! Nous ne pouvons pas être sans réaction ! » ; « On ne veut pas mourir de faim et de soif » ; « Ils nous obligent à nous suicider par nos propres moyens, les plus cruels.» ; « Pour une loi de liberté dès maintenant ».

L’euthanasie n’est pas libérée, encore moins le suicide assisté. Voici quelques réaction intéressantes sur lemonde.fr* :

Pierce : On a deux positions difficiles à concilier, on propose un compromis, au lieu de voir le positif ce cette proposition, les deux parties vitupèrent que l’on n’a pas fait ce qu’elles voulaient. Et vous voulez réformer ce pays ? Sortez les fusils, ça va saigner…

MICHEL BOREL @ Pierce : Votre analyse convient tout à fait lorsqu’il s’agit de PARTAGER un quelconque gâteau (Fiscalité, coût de certains bien et services). Mais lorsqu’il s’agit d’accorder à ceux qui le souhaitent de nouveaux droits qui ne s’imposent pas à tous et n’empiètent pas sur la liberté d’autrui (Euthanasie, Mariage Homo) chacun est en droit de revendiquer le maximum pour son propre usage.
EMILIO ALBA : Contrairement à la GPA, l’euthanasie n’engage que celui qui la souhaite. Mais comme pour l’avortement, il y a ici aussi des opposants alors que personne ne les oblige à y recourir.

Uchronik451 : La médecine moderne médicalise l’humain de la naissance à la mort. Et elle refuse globalement de traiter les pbs qu’elle engendre. Permettons au moins à ceux qui veulent mourir le droit de décider pour eux-mêmes. A ceux que cela angoisse, je leur souhaite de ne jamais agoniser 3 ans à l’hôpital avec des tuyaux multicolores forçant à survivre. Il y a des douleurs que la morphine ne peut adoucir.

Anne Marie FONTENELLE : Pourquoi ne pas proposer aux anti euthanasie d’indiquer clairement sur leurs directives anticipées, qui devraient maintenant être contraignantes, qu’ils ne veulent en aucun cas que la médecine intervienne dans le processus « normal » de leur mort, laissant leurs maladies suivre leur cours jusqu’au bout ? Je suis pro euthanasie pour moi, mais au nom de l’ultime liberté à laquelle nous avons tous droit, veut laisser le choix à ceux qui ne sont pas d’accord. Qu’ils me laissent alors le mien.

ISABELLE MAGNIN : Ce n’est pas cette mesurette de « sédation » qui, rappelons le concernera uniquement les personnes en phase de fin de vie, et avec leur accord, qui remet en question toute latitude au corps médical de prendre telle ou telle décision.

Biosphere : N’attends pas ton Alzheimer qui t’empêcherait de rédiger ton testament de fin de vie : « Sain de corps et d’esprit, je déclare ce jour que je n’accepte pas les soins palliatifs qui ne serviraient qu’à me maintenir en vie et non à me réinsérer dans la société. Je déclare accepter par avance une euthanasie passive si la conscience morte de mon cerveau m’empêche de percevoir mon état de légume humain. J’exige le droit  à l’euthanasie active si j’estime en toute conscience que ma vie ne vaut plus la peine d’être prolongée. »

* Le Monde.fr | 12.12.2014, Partisans et adversaires de l’euthanasie mécontents des propositions Claeys-Leonetti

PS : Articles antérieurs sur ce blog

Acceptons la fin de vie, par nature notre lot commun ;

EHPAD, au royaume des mémoires mortes ;

Vincent Lambert, qui peut décider de sa fin de vie ;

Ariel  Sharon est mort-vivant, Pauwels vivant est mort ;

l’aide au suicide constitue un droit légitime… et écolo ;

aidons la nature avec la mort médicalement assistée ;

assistance au suicide et liberté humaine ;

ADMD versus Axel Kahn

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Ali Khamenei et Cécile Duflot, tous deux natalistes !

Sur lemonde.fr, les raisons de la mise en examen de Claire Thibout attirent d’innombrables commentaires. Mais la transformation probable de l’Iran en un immense désert… quelques isolés seulement. Pourtant l’article* est intéressant dans la mesure où il montre les interrelations entre agriculture, pouvoir politique et démographie. Le régime théocratique de l’Iran montre ses limites écologiques. A la suite de la révolution en 1979 et de l’avènement de la République islamique, l’Etat a permis le développement sans limite de l’agriculture pour s’attirer les bonnes grâces du peuple. Pour subvenir aux besoins des agriculteurs, barrages et digues ont été construits sans étude d’impact. En conséquence lacs et nappes phréatiques se vident ; le pays et Téhéran connaissent des problèmes d’eau. Car l’Etat subventionne la consommation d’eau : « Les chercheurs sont unanimes pour dire que la crise de l’eau s’est manifestée sous la présidence de l’ultraconservateur Mahmoud Ahmadinejad (2005-2013). » Religion autoritaire et écologie scientifique ne font pas bon ménage.

                Cependant l’article ne montre pas suffisamment l’autre lien, entre autocratie et démographie. La population iranienne comptait 13 millions de personnes en 1933, 55 millions en 1988 et 78 millions aujourd’hui. Désastreux ! La révolution islamique de 1979 avait mis fin aux essais précédents de planning familial en prônant le mariage précoce et la famille nombreuse. L’âge légal du mariage a été abaissé à 9 ans pour les filles et à 12 ans pour les garçons. Scandaleux ! L’Ayatollah Khomeiny voulait renflouer les rangs des « soldats de l’Islam » pendant la guerre avec l’Irak (1980-1988) ; il lui fallait une armée de 20 millions de personnes. Insupportable ! Si le planning familial fut institué en 1989, en 2014 l’ayatollah Ali Khamenei, guide suprême de la révolution, a signé un décret incitant les Iraniennes à avoir des enfants afin de « renforcer l’identité nationale » et de combattre « les aspects néfastes du style de vie occidental ». La relance de la natalité était d’ailleurs prônée depuis plusieurs années par les milieux conservateurs. L’ancien président Mahmoud Ahmadinejad rêvait même d’un Iran de 120 millions d’habitants.

                L’anti-malthusianisme ne sévit pas qu’en Iran. En France, même les « écologistes » institutionnels sont natalistes. Dans une émission « Des paroles et des actes », notre démographie conquérante a été deux fois évoquée, par Jacques Attali… et par Cécile Duflot. Dans 15 ans nous serons plus nombreux que les allemands, cocorico. La verte Cécile Duflot fait un bon diagnostic sur la consommation exagérée de ressources, mais ne semble pas voir qu’une France de 80 millions consommera forcément plus d’espace/habitats et de ressources avec l’état actuel de nos modes de vie.

* LE MONDE du 7-8 décembre 2014, L’Iran menacé de devenir un immense désert

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Beaucoup trop d’immigrés, est-ce là un vrai problème ?

« Longtemps, le débat sur l’immigration a porté sur les aspects qualitatifs du phénomène : Faut-il privilégier la réunion des familles ou l’immigration choisie ? Les candidats diplômés ou la main-d’œuvre non qualifiée ? Choisir des quotas par profession ? Aujourd’hui, le curseur s’est déplacé : c’est la quantité d’immigrés qui est au centre du débat. Il y en a trop, tout simplement. » Ainsi s’exprime la journaliste Sylvie Kauffmann dans LE MONDE*. Peu importe l’impact, positif ou négatif, des immigrés sur l’emploi ou les aides sociale… car avec l’immigration  la densité de la population s’accroît notablement et c’est un inconvénient. Contre cette argumentation écologique, à savoir préserver en luttant contre le surnombre l’équilibre durable d’une population avec son territoire, Barack Obama veut permettre la régularisation de quelque 5 millions d’immigrés sans papiers : « Mes chers compatriotes, nous sommes et avons toujours été une nation d’immigrés. Nous aussi, nous avons, un jour, été étrangers. »

Sylvie Kauffmann conclut : « L’Europe, confrontée au plus large mouvement de population depuis la seconde guerre mondiale, doit aussi se forger une vision. Pas seulement quantitative. » Quels sont les arguments « qualitatifs » (donnés en début d’article par Sylvie), quelle réponse peut-on donner ?

En Suisse, le succès de l’industrie pharmaceutique ne serait pas ce qu’il est sans les cerveaux étrangers.

Commentaire : le brain drain ou transfert des cerveaux est un des mécanismes d’appauvrissement des pays pauvres qui subissent la captation de leurs élites intellectuelles sans parler des autres, la main d’œuvre non qualifié que pourra exploiter les entreprises du Nord, soit par l’appel aux immigrés, soit par la délocalisation.

En Suisse, les riches communes ne seraient pas aussi opulentes sans les impôts des milliardaires.

Commentaire : Prendre pour origine de la richesse les inégalités de revenus dans la société est un argument qui relève de l’idéologie libérale. La richesse des milliardaires n’est-elle pas souvent au contraire conséquence de l’exploitation des pauvres ?

L’Australie, et les Etats-Unis sont des nations et des économies bâties sur l’immigration.

Commentaire : Les Aborigènes d’Australie et les Indiens d’Amériques seraient certainement choqués par une telle phrase ; l’immigration anglo-saxonne a été un désastre pour les peuples autochtones. Barack Obama en régularisant massivement les sans papiers aujourd’hui fait un coup politique doublé sans doute d’un sentiment de compassion, mais il n’a pas encore compris que la fin des migrations est programmée sur un espace mondial clos et saturé d’humains.

C’est ce que veut démontrer un chapitre du livre « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie » : la fin des migrations sur une planète close et saturée. Comme l’écrivait René Monet : « Les écologistes devraient dire que l’immigration maintient ou accroît la pression humaine sur le milieu naturel dans des pays où, de par le recul de la natalité, cette pression pourrait s’y stabiliser sinon régresser. Ainsi il n’y aura pas de répit. L’homme va continuer à saturer l’espace planétaire à la fois par la croissance démographique et par les transferts de population. »

* LE MONDE du 30 novembre-1er décembre 2014, Immigration : la quantité au centre du débat

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David Cameron, Ecopop, démographie et écologie

La crispation sur les flux migratoires est significative des temps présents. Dans le même numéro du MONDE, David Cameron souhaite qu’un délai de plusieurs années soit imposé aux migrants européens avant de pouvoir bénéficier de certaines prestations sociales et avantages fiscaux*. Et en Suisse un groupe d’écologistes (baptisé « Ecopop » pour Ecologie et population) demande de fixer à 0,2 % par an l’accroissement démographique dû au solde migratoire**.Environ 74% des Suisses ont dit « non » à ce référendum d’initiative populaire. Il n’empêche que LE MONDE relate cette phrase d’un membre du comité Ecopop : « Au rythme où on bétonne le paysage actuellement, à 1,1 mètre carré par seconde, en 2050 si on ne fait rien on aura entièrement bétonné  toutes les régions non montagneuses de la Suisse. »***

                Nous pouvons retirer trois leçons de ces événements. D’abord les gouvernements, que ce soit en Grande Bretagne ou ailleurs, sont désormais sous la pression de l’extrême droite et font de la surenchère anti-immigration. Les Suisses ont déjà voté antérieurement « halte à l’immigration de masse ». Ensuite la pression démographique (pas seulement migratoire), en Suisse ou ailleurs, fragilise le tissu social : logements trop chers, allongement des distances entre domicile et travail, engorgement des infrastructures, déséquilibres divers entre les humains et leur milieu naturel. Face à ce constat, les politiques se révèlent impuissants. Enfin il faut noter qu’aucun parti, y compris à l’extrême droite, ne fait un lien entre démographie et dégradation de l’environnement. Démographie et écologie reste un sujet extrêmement tabou. Mais plus nous attendrons pour réfléchir à la problématique malthusienne et agir politiquement, plus nos difficultés de toutes sortes vont s’accroître.

* LE MONDE du 29 novembre 2014, Migrants : Cameron à l’offensive

** LE MONDE du 29 novembre 2014, La Suisse vote de nouveau sur l’immigration

*** Le Monde.fr avec AFP | 30.11.2014, Les Suisses disent « non » à la limitation de l’immigration

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Pilule ou préservatif ? L’avis averti d’Ivan Illich

En matière de contraception, Ivan Illich opérait une nette distinction entre le préservatif, objet extrêmement simple dans son principe et son effet, et les contraceptifs chimiques, au mode d’action opaque et qui permettent, dans les relations sexuelles, de faire comme si le lien avec la conception n’existait pas. L’opposition entre contraception et absence de contraception a trop tendance à faire oublier la différence considérable entre le préservatif et la pilule : le premier manifeste le lien entre coït et procréation, la seconde le dissimule. En oblitérant ce lien, la diffusion de pilules contraceptives a joué un rôle important dans le développement des techniques de procréation artificielle.

Illich désapprouva l’interdiction prononcée par des évêques de Porto Rico d’accorder son vote à un candidat qui entendait mettre les préservatifs en vente libre. Ce qui critiquait Illich n’était pas l’opposition au contrôle des naissances en tant que telle, mais l’incohérence de cette opposition dans un monde ou, par ailleurs, on admettait toues sortes d’innovations techniques dénaturant l’existence humaine. Il se sentait lié à une Eglise qui avait le courage de dire : « Ceci est contre-nature ! »

Le problème, ajoutait-il, c’est que l’interdit pointe sur le mauvais objet. Mieux vaudrait condamner les moyens de transports motorisés, qui exercent leur monopole sur les déplacements « de telle sorte que les jambes, qui nous ont été données pour pérégriner sur la terre, s’atrophient en appendices de l’accélérateur et du frein. L’Eglise à laquelle j’appartiens dénonce haut et fort les préservatifs qui contrecarrent le fonctionnement naturel d’un organe, mais elle ne se rend pas compte que le fonctionnement naturel d’autres organes se trouve tout aussi entravé – du reste préservatifs et pneus sont tous faits de la même matière ! »

In Une question de taille d’Olivier Rey

(Stock 2014, 280 pages, 20 euros)

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L’avortement serait-il contraire à la nature humaine ?

« L’égalité hommes-femmes est contraire à la nature humaine… Notre religion a défini un statut pour les femmes, la maternité… Notre parti AKP (Parti de la justice et du développement) reviendra sur le droit à  l’avortement et préconisera la mise au monde d’au moins trois enfants par femme. » Ainsi s’exprime le président de la Turquie, Recep Tayyip Erdogan*. C’est encore une fois la preuve qu’on peut faire dire à dieu n’importe quoi, même dans un pays avancé. En Turquie les femmes avaient obtenu le droit de vote en 1934, dix ans avant la France. Le droit à l’avortement a été légalisé en 1983. La laïcité en Turquie a été un des fondements de la République kémaliste, inscrite dès la Constitution de 1924. Mais malheureusement cette laïcité n’est pas, comme en France, une séparation entre les Églises et le pouvoir central ; c’est l’État turc qui organise et contrôle totalement la communauté des croyants. Les imams sont des fonctionnaires, payés et formés par l’État. Il n’est donc pas trop difficile de transformer ce pays en Etat islamo-conservateur.

                Cette information montre aussi que le droit à l’avortement n’est pas une constance de la société humaine. Coïncidence, Erdogan s’exprime alors que la France se rappelle le difficile vote au parlement (29 novembre 2014) de la loi sur l’IVG (interruption volontaire de grossesse). La ministre Simone Veil, a enduré stoïquement les vitupérations d’une horde de mâles, majoritaire à l’Assemblée nationale. Elle est traitée de meurtrière, de pourvoyeuse d’une loi satanique, comparée au nazisme qui pratiquait la torture. Des croix gammée sont peintes sur la façade de son immeuble alors que ses parents et son frère sont morts en camps de concentration et qu’elle a été elle-même déportée. La méchanceté humaine est incommensurable**.

                Au-delà des références à la religion ou au nazisme, ce qui fait la cohérence des prises de positions anti-avortement, que ce soit en Turquie ou en France, est la mentalité nataliste : il faut accepter tous les enfants qu’une femme puisse mettre au monde, et on fait pression pour qu’elle en ait davantage ! Cette mentalité est anti-écolo, elle ne tient aucun compte de la capacité de charge d’un territoire en population humaine alors que tous les indicateurs montrent que la Terre est saturée d’humains. Bien sûr on pourrait affirmer que la densité de la Turquie (89 habitants au km2) et celle de la France (112) sont acceptables par rapport au Bangladesh (1083) ou au Pays-Bas (395). Mais on pourrait rétorquer en termes de taux de chômage, dépendance du pays aux importations d’énergie, niveau de criminalité, surfaces cultivables, etc. C’est ainsi que le véritable débat commence, les arguments pour ou contre une décroissance malthusienne de la population, débat que refusent a priori tous les militants anti-avortement. Mais si les humains préfèrent pulluler, un jour ou l’autre se déclenchent guerres, famines et épidémies… Il y aura de toute façon régulation « naturelle » !

* LE MONDE du 26 novembre 2014, Le président turc juge l’égalité hommes-femmes contre nature

** LE MONDE du 26 novembre 2014, Trois jours qui changèrent la vie des femmes

Le téléfilm « la loi » revient sur le combat acharné de Simone Veil pour légaliser l’avortement

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Contre les hordes venues d’ailleurs, l’armée française

Leila Aïchi, sénatrice EELV : « C’est l’absence de dialogue entre l’armée et les écologistes qui me frappe dans l’exercice de mon mandat. Alors, à partir de la rédaction du Livre vert de la défense, j’ai fait le pari, politiquement risqué, de porter le concept d’une Green Defense européenne pour que les écologistes, aussi, prennent en compte les questions de défense qui les occupent et que la défense intègre mieux la dimension écologiste dans son action. »

Voici en résumé la partie « démographie » de son Le livre vert de la défense (1.2.5 L’accroissement démographique : un catalyseur de tensions (p. 34). Leila Aïchi brosse un panorama cataclysmique de l’évolution démographique : « Le niveau de la population mondiale semble dépasser d’une façon alarmante les capacités de ressources de la planète… La population mondiale a été multipliée par sept au cours des deux derniers siècles, la croissance est exponentielle… Sans surprise, la croissance démographique sera la plus élevée dans les pays pauvres qui éprouvent déjà des difficultés à assurer la sécurité alimentaire de leur population… Et les taux de croissance démographique les plus élevés se retrouvent dans les pays les moins développés, où le contrôle de la natalité est pratiquement inexistant… À l’heure où la population mondiale se révèle un enjeu géopolitique majeur, elle interroge sur la capacité de l’homme à assurer sa sécurité alimentaire. Dans les 25 prochaines années, la production alimentaire risque de baisser de 12 %, principalement du fait de l’augmentation de la population mondiale, ce qui aura pour conséquence de générer une flambée des prix des denrées alimentaires de l’ordre de 30 %. La démographie questionne aussi sur le défi de l’accès à l’eau dans un monde où le stress hydrique sera de plus en plus prégnant… La pression démographique, conjuguée aux conséquences du dérèglement climatique, pose le cadre d’une compétition mondiale pour l’accès à l’énergie. Alors, force est de constater que les différents phénomènes impliquant l’augmentation de la population mondiale, la réduction des ressources naturelles et la dégradation de l’environnement, vont finir par s’entrechoquer et auront certainement des conséquences irréversibles sur le devenir de l’humanité… »

Mais la conclusion de Leila Aïchi n’est pas du tout à la hauteur des enjeux : « Aussi les enjeux du défi de la croissance démographique mondiale imposent-ils d’entamer une transition écologique de nos sociétés afin d’adapter nos modes de développement à un monde aux ressources finies. » Pas un mot sur la maîtrise de la fécondité, sur le planning familial, sur l’aide financière internationale aux politiques familiales pour les pays qui en ont besoin, sur la politique nataliste française. Pas un mot sur le rôle de l’armée alors qu’il s’agit d’un livre vert de la défense. Leila parle d’adopter nos modes de développement sans émettre la moindre idée sur ce que cela pourrait signifier. Politiquement ce texte est donc inopérant.

L’introduction de ce livre vert se termine ainsi : « C’est à la participation de cette réflexion et à l’enrichissement de cette contribution que nous vous invitons par la lecture de cet ouvrage. » Nous attendons vos commentaires…

* Le livre vert de la défense a été publié à l’occasion du colloque sur « L’Europe de la Défense » le 14 février 2014 au Sénat

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Paris 2015, les températures ne seront pas à la baisse

La présentation aux entreprises de la Conférence Climat 2015 par le ministre des affaires étrangères Laurent Fabius montre parfaitement pourquoi le gouvernement socialiste français n’est pas du tout prêt à faire de cette rencontre internationale à Paris le succès qu’il serait raisonnable d’attendre. Voici ce que le ministre a pu dire et notre commentaire en rouge :

« L’objet de cette conférence est de définir au plan mondial et par consensus les voies et moyens d’éviter que la température de la planète ne s’élève au-dessus de deux degrés…

Biosphere : Non seulement obtenir un consensus réel entre nations aux intérêts divergents est impossible, mais un « plan mondial » sur le climat restera de toute façon théorique. Il suffit de voir ce qu’on a fait du protocole de Kyoto (1997). La réalité ne se fait pas autour d’une table, les émissions de gaz à effet de serre dépendent du comportement de chaque individu quand il est en train de brûler des énergies fossiles. C’est d’abord lui qui devrait se sentir concerné par les perturbations climatiques.

« Si les choses se déroulent comme elles ont tendance à se dérouler, dans les années qui viennent, la température va monter de quatre à cinq degrés, ce qui provoquera une catastrophe absolue… Les prévisions sont cataclysmiques mais on peut éviter le cataclysme si nous agissons comme il convient…

Biosphere : Qu’un ministre français puisse parler de « catastrophe » et de « cataclysme » quand beaucoup d’intellectuels français dénient le droit des écologistes de parler de catastrophe montre que les mentalités politiques commencent à évoluer. Mais « agir  comme il convient » quand la catastrophe est en marche ne peut dépendre de mesures tièdes, mais d’un véritable bouleversement de notre mode de vie et d’un abandon du mythe de la croissance perpétuelle, mythe pourtant ardemment soutenu par le président français François Hollande.

« La Chine, qui était hostile à un accord, est devenue favorable… Aux États-Unis, le président américain est très engagé sur ces questions… Mais certains gouvernements sont réticents, le gouvernement australien, le gouvernement canadien, le nouveau gouvernement indien…

Biosphere : L’accord récent entre la Chine et les Etats-Unis détermine des objectifs chiffrés et non contraignants. Autant dire qu’il n’y a pas d’accord véritable. Jusqu’à présent les intérêts économiques, que ce soit aux Etats-Unis, en Chine, en Australie, en France… priment les contraintes écologiques. Peu importe nos émissions de carbone, il faut au niveau de chaque nation sauvegarder n’importe quel emploi… et la stabilité sociale. C’est une politique du court terme qui se fait au détriment des générations futures.

« Comment la France est-elle organisée ? Le pilotage est assuré par la ministre de l’Écologie, Mme Royal – qui me demande de l’excuser ce matin -. L’état d’esprit est que cette COP21 (Conférence des parties à Paris) ne soit pas une conférence des contraintes, parce que l’une des raisons pour laquelle cette affaire ne marche pas, c’est que nous donnons le sentiment aux gens que l’on va multiplier les contraintes.

Biosphere : L’absence de Ségolène Royal à une telle réunion est à l’image de ce qu’elle montre depuis qu’elle est ministre « de l’écologie » : un total mépris vis-à-vis du changement climatique. N’a-t-elle pas pour principal fait d’arme d’avoir supprimé l’écotaxe, un bon moyen de limiter les gaz à effet de serre de la part des transporteurs routiers. Laurent Fabius reprend le rejet par Ségolène d’une écologie dite « punitive » au nom d’une soi-disant écologie « positive ». Cela dénote un manque certain de courage politique. Pour diminuer les émissions de gaz à effet de serre, cela ne passera pas sans efforts et contraintes et les Français devraient montrer l’exemple.

« Quel est le calendrier d’ici à la conférence de Paris elle-même ? Il y aura toute une série de réunions dans les prochaines semaines, Lima, Davos, le G7, le G20, une nouvelle réunion aux Nations unies …

Biosphere : Blablabla. Le protocole de Kyoto a été signé en décembre 1997. Quand arrivera le COP21 en décembre 2015, il y aura donc eu dix-huit années de parlottes ininterrompues pour un résultat négatif : les émissions de gaz à effet de serre continuent d’augmenter. En fait il s’agit de faire semblant de régler les problèmes, cela démobilise les citoyens qui ne se sentent pas concernés.

« Vers quoi souhaitons-nous aller ? Un protocole juridique pour aller sous la barre des deux degrés, les engagements que prendront les différents pays pour décarboner leur économie en indiquant leur projet pour 2030, la mise à disposition aux pays les plus pauvres des financements et des technologies pour leur permettre d’entrer dans la partie. Nous voulons montrer que le problème existe, qu’il est grave, qu’il menace la planète et qu’il y a des solutions technologiques, en particulier, qui peuvent permettre de nous en sortir… Nous voulons que ce soit tout à fait exemplaire, du point de vue environnemental, technologique, des transports, de tous les points de vues possibles et imaginables avec l’utilisation des nouvelles technologies.

Biosphere : On a dit la même chose lors des conférences précédentes. Fabius n’a pas honte de n’avoir rien à proposer de nouveau. Mais le plus grave, c’est que Fabius croit encore qu’il y a des solutions « technologiques » (qu’il se garde bien de préciser). S’agit-il de géoingénierie, dont on connaît les graves inconvénients ? De capture du carbone, procédé dont on sait que ce n’est pas applicable à grande échelle ? De la voiture « propre » chère à Ségolène ? Il est étonnant que Fabius n’envisage pas des solutions non technologiques comme la taxe carbone ou, pourquoi pas, la carte carbone qui auraient pourtant l’avantage de modifier en profondeur les comportements des brûleurs de carbone.

« Le quatrième élément de ce que pourrait être un accord sur le climat à Paris, ce sont les engagements que prendront les grandes villes, les régions et un certain nombre de grandes entreprises ou de branches professionnelles… Il faut essayer de faire de cette conférence de Paris une vitrine exceptionnelle de ce que savent faire les entreprises… Si vous avez la gentillesse de vous associer à cette entreprise utile mondialement, ce que je pensais faire, c’est vous tenir au courant par une petite lettre…

Biosphere : Laurent Fabius voudrait que tous les promoteurs du drame qui s’annonce soient « gentils », il va faire pour cela un « petite lettre ». C’est un homme politique vieilli sous le harnais qui n’a pas encore compris que nous vivons aujourd’hui dans un monde de brut… Chacun pour soi et les bénéfices pour les multinationales des hydrocarbures ! Fabius a résumé dans sa supplique aux entreprises tout ce qui fait que la conférence de Paris s’annonce déjà comme un gros échec… un de plus.

* Paris, le 30 octobre 2014, Conférence Paris Climat 2015 / Présentation aux entreprises –

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stérilisation de masse, méthode de contraception en Inde

 « Stérilisations meurtrières en Inde ». Pourquoi ce titre racoleur dans LE MONDE*  alors que la stérilisation représente en moyenne 32 % des moyens de contraception sur notre petite planète. Pourquoi s’appesantir sur les décès de plusieurs femmes… opérées par le même médecin alors que la stérilisation représente plus de 86 % dans cet Etat indien du Chhattisgarh ? Alors que ce sont près de 4,6 millions de femmes qui ont été stérilisées en 2012 ! Pourquoi ne pas s’intéresser plus au fond sur la politique de planning familial dans un pays dont la population a augmenté de 187 millions en 10 ans pour atteindre 1,25 milliard d’habitants ? En d’autres termes l’Inde est d’apparence démocratique, mais de réalité surpeuplée. Claude Lévi-Strauss écrivait déjà en 1955 : « Les grandes villes de l’Inde sont une lèpre, l’agglomération d’individus dont la raison d’être est de s’agglomérer par millions, quelles que puissent être les conditions de vie : ordure, désordre, ruines, boue, immondices, urine. »

                Il serait faux dans le cas de l’Inde de dire que ce n’est pas le planning familial qui rend un pays prospère, mais la prospérité qui fait diminuer la natalité. Quand la prospérité n’est pas équitablement partagée, quand la croissance économique se fait au détriment des équilibres sociaux et écologiques, la maîtrise de la fécondité a besoin de planning familial. René Dumont, observateur inlassable des réalités de terrain, n’avait cessé de constater que « la fécondité galopante ne fournit pas de main d’œuvre mais un surplus de bidonvilles. » Le journaliste écrit que la stérilisation de nombreuses femmes se font souvent dans des conditions effroyables: instruments rouillés et nettoyés à l’eau chaude entre deux opérations, anesthésiants sous-dosés pour faire des économies., la plupart d’entre elles sont pauvres et illettrées. Il ajoute que « les autorités indiennes préfèrent stériliser en masse, elles ne se donnent pas les moyens de former des auxiliaires de santé, d’informer les jeunes mères ». Mais quand les moyens financiers manquent ? La stérilisation en Inde repose sur une démarche volontaire même si les femmes sont soumises à de fortes pressions de la part d’employés des gouvernements locaux ou même du mari. Peut-il en être autrement ?

Un journaliste ne peut porter un regard occidental sur l’Inde, laisser croire qu’il serait facile d’avoir toujours des « salles d’opération suffisamment éclairées, ventilées ». Julien Bouissou laisse croire aussi qu’il suffirait de réduire la mortalité infantile, interdire les mariages précoces, abandonner la préférence pour le garçon à la naissance, créer la sécurité sociale et un système de retraite. Croit-il encore à la baguette magique ? L’Inde reste un pays globalement pauvres, et l’explosion démographique ne peut qu’entretenir cet état de fait. Mais les pays riches se gardent bien d’aider financièrement et de manière conséquente le planning familial dans les pays défavorisés. On préfère broder médiatiquement sur quelques stérilisations meurtrières !

* LE MONDE du 13 novembre 2104, Stérilisations meurtrières en Inde

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Référendum en Suisse : halte à la surpopulation

L’association Ecologie et population (Ecopop) avait fait campagne pour son initiative « Halte à la surpopulation – Oui à la préservation durable des ressources naturelles ». Le texte sera soumis à référendum le 30 novembre 2014.

Cette initiative veut limiter la croissance annuelle de la population due à l’immigration à 0,2 % sur une moyenne de trois ans. Il pourrait donc immigrer  env. 16 000 personnes/an de plus que celle qui émigrent. Actuellement, chaque année env. 95 000 personnes quittent la Suisse. Par conséquent, il pourrait encore immigrer  env. 110 000 personnes.

Ecopop demande aussi avec cette initiative que 10% des fonds de l’aide au développement de la Confédération soient consacrés à la planification familiale VOLONTAIRE dans les pays bénéficiaires. L’accès à la planification familiale volontaire est considéré depuis 1968 comme faisant partie des droits de l’homme des Nations Unies. Chaque année, il y a dans les pays en développement env. 80 millions de grossesses non désirées à l’origine d’un tiers de la croissance de la population mondiale. Cela montre que le droit humain à la planification familiale volontaire (c’est-à-dire de la planification familiale telle que nous la connaissons) n’est pas toujours considéré avec la même importance. ECOPOP veut changer cela. ECOPOP ne nécessite pas de budget supplémentaire  pour l’aide au développement. ECOPOP indique que ce sont les fonds déjà disponibles qui doivent être utilisés dans ce cadre., soit 200 millions de francs par an, aillent au contrôle des naissances dans les pays pauvres.

ECOPOP souhaite la fin de la surpopulation, en Suisse comme dans le monde entier.

ECOPOP est une organisation non partisane de défense de l’environnement. Son idéal : maintenir, pour les générations à venir, les bases et la qualité de la vie en Suisse et dans le monde entier et, à cet effet, tenir compte du facteur Population. ECOPOP se démarque catégoriquement de théories xénophobes et racistes. L’ex-directeur de l’Office fédéral de l’environnement Philippe Roch, fait partie d’Ecopop.

http://www.ecopop.ch/fr/home-fr/62-page-content/aktuell/aktuelles/483-initiative-ecopop-le-peuple-tranchera-en-novembre-2014

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Comment sauver la planète ? Arrêter de faire des enfants

traduction d’un article du Gardian par Didier Barthès

Le docteur Pippa Hay “I was sterilised after the birth of my second son because I believed I had no right to have more than two children – it would have been more than my reproductive share,” says Pippa Hayes, 56. “Humans are tipping the balance with the natural world, to the detriment of both humanity and the other species that share our lovely, finite planet.”

« Je me suis faite stérilisée après la naissance de mon second fils car j’estimais que ne n’avais pas le droit d’avoir plus de deux enfants – cela aurait été au-delà de ma part de droit à la reproduction- » dit Pippa Hayes, 56 ans. «  Les êtres humain détruisent l’équilibre avec le monde naturel au détriment, à la fois de l’humanité et des autres espèces qui partagent notre planète merveilleuse et finie. »

As a GP, Hayes feels strongly that medical professionals should encourage people to have smaller families. “Doctors should be promoting replacement number of children; two per couple, one per single parent,” she says. “We don’t need to do this by coercion, we just need to talk about it.”

En tant que médecin généraliste, Hayes considère vraiment que les membres des professions médicales devraient encourager les gens à avoir des familles de taille plus réduite. « Les médecins devraient faire la promotion du simple remplacement ; deux enfants pour un couple, un seul par parent » dit-elle. « Nous n’avons pas besoin de faire cela par la coercition, il nous suffit juste d’en parler ».

Likewise Claire Coveney, 32, who decided at 26 she didn’t want a family. “I’m not saying that everyone should go down this route, it goes against most people’s natural instincts,” she concedes. “What I would suggest is that people consider the wider repercussions of having more than one child.

Même chose pour Claire Coveney, 32 ans qui décida à 28 ans qu’elle ne fonderait pas une famille « Je ne suis pas en train de prétendre que tout le monde devrait faire pareil, cela heurte les instincts naturels de la plupart des gens » concède-t-elle. « Ce que je veux dire est les gens doivent prendre en compte les vastes conséquences entrainées par le fait d’avoir plus d’un enfant »

The results of a YouGov survey of 2,362 adults, commissioned earlier this year by the organisation Population Matters, revealed that 63% of UK adults think environmental conservation should be taken into account when deciding how many children to have. Of that group, 51% believe people should have no more than two offspring.

Les résultats d’une étude de YouGov portant sur 2 362 personnes adultes commandée cette année par l’organisation Population Matters, a révélé que 63 % des adultes aux Royaume-Uni estimaient que la préservation de l’environnement devait être prise en compte au moment de décider du nombre d’enfants que nous souhaitions avoir. Parmi ce groupe, 51 % pensent que les gens ne devraient pas avoir plus de deux enfants.

Population Matters has seen its membership double in the last five years and now has 6,000 people on its mailing list. It promotes “sustainable family size” and campaigns for universal access to family planning services. It suggests that child benefit be paid for the first two children only, with families being means-tested before receiving subsidies for a third.

Population Matters a vu son nombre d’adhérents doubler au cours des cinq dernières années et dispose maintenant de plus de 6 000 personnes dans ses listes d’envois de mail. L’association fait la promotion de la famille de taille durable et fait des campagnes en faveur d’un accès universel aux services de planification familiale. Elle suggère que les allocations familiales ne soient versées que pour les deux premiers enfants, les conditions des familles devant être étudiées avant le versement d’aides pour un troisième enfant.

“The big challenge is to develop a greener economy,” Pretty says. “Somehow to make sure we’re able to consume goods and services on a sustainable footing so we don’t destroy the planet.”

Le grand challenge est de développer une économie plus verte dit Jules Pretty. «  d’une façon ou d’une autre nous devons nous assurer d’être capable de consommer des biens et services d’une façon soutenable ainsi nous ne détruirons pas la planète. »

For Hayes, however, big families will always be a problem. “If a large British family lives as sustainably as it can, they will still need the carbon-emitting infrastructure of homes, transport, schools and hospitals. Vast areas of our planet are going to be uninhabitable as climate change progresses but we can reduce this impact by limiting our families to replacement size.”

Pour Madame Hayes toutefois les familles nombreuses constitueront toujours un problème. « Même si une famille nombreuse britannique vit de façon aussi soutenable que possible, elle émettra toujours du CO2 pour les infrastructures : l’habitat, les transports, les écoles et les hôpitaux. De larges espaces sur notre planète sont en train de devenir inhabitable avec la progression du changement climatique, mais nous pouvons atténuer cet impact en réduisant la taille de nos famille jusqu’au seuil du simple remplacement ».

source : http://www.theguardian.com/society/2014/oct/28/how-save-planet-stop-having-children-doctors

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L’engagement 21 de François Hollande sur la fin de vie

La pression sur la planète de l’existence humaine se fait au moment de la multiplication des naissances, mais aussi par l’allongement démesurée de notre vie. L’ADMD (droit de mourir dans la dignité) essaye de faire évoluer la législation française en matière de fin de vie. Voici la lettre posthume de Nicole Boucheton, vice-présidente de l’ADMD, exilée en Suisse pour y mourir selon ses idées :

«  Je suis atteinte d’un cancer du rectum. Le seul traitement curatif était chimio, tomothérapie puis chirurgie. J’ai refusé la colostomie car trop mutilante…Les médecins ne m’ont donné qu’un seul autre choix, l’hospitalisation pour y pratiquer des soins de confort.

Vous avez dit « liberté » ?

Alors j’ai pris contact avec une association suisse afin d’y pouvoir faire un autre choix, celui d’un départ rapide puisque ma seule issue était la mort. Cela demande beaucoup d’argent : la prise en charge elle-même, le voyage, l’hébergement sur place. Ajoutez à ceci le fait d’être encore capable physiquement de se déplacer.

Vous avez dit « égalité » ?

Lorsque je demandais aux médecins français si je pouvais compter sur une espérance de vie d’un mois et demi, le temps moyen pour régler les problèmes administratifs auprès de l’association suisse, ils m’ont répondu « je ne peux pas vous dire… ça dépend… ». Manque de sincérité, de franchise, de courage.

Vous avez dit « fraternité » ?

C’est en Suisse que j’ai rencontré ces trois valeurs qui sont pourtant celles de la République française. Merci à ce pays juste et compassionnel. Et bien sûr, la solidarité je l’ai rencontrée auprès de mes amis de l’ADMD qui ont tout fait pour faciliter mes démarches.

L’engagement 21 du président Hollande, non tenu, qui s’enlise dans la mise en place de mission et rapports successifs, verra-t-il le jour ? J’aurais aimé en profiter et ne pas avoir à m’exiler en suisse. J’en veux à ce président en qui j’avais confiance. Mais je sais que mes amis militants et les 92 % de Français favorables à une loi de liberté qui permet à chacun de choisir sa fin de vie ne baisseront pas les bras et que la victoire est proche. »

NB : le contenu de l’engagement 21

Je proposerai que toute personne majeure en phase avancée ou terminale d’une maladie incurable, provoquant une souffrance physique ou psychique insupportable, et qui ne peut être apaisée, puisse demander, dans des conditions précises et strictes, à bénéficier d’une assistance médicalisée pour terminer sa vie dans la dignité.

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Une forte natalité française qu’il nous faut enrayer

Le débat sur la modulation des allocations familiales est un faux débat. En effet, et ce depuis l’origine, la politique familiale n’est pas une politique sociale, encore moins une politique de redistribution, c’est une politique de natalité. Comme l’exprime l’ex-président de l’INED Jean-Claude Barreau dans LE MONDE*, « Le quotient familial, l’universalité des allocations a pour but de faire en sorte qu’un couple qui offre des enfants au pays ne soit pas désavantagé par rapport au foyer de même revenu sans enfant ». Mais cette politique, si elle pouvait se concevoir en 1944 dans un pays dévasté par la guerre, a-t-elle encore un sens en 2014 ? Qu’est-ce qu’une bonne santé démographique pour un pays ? Et pourquoi privilégier encore les familles nombreuses au détriment des familles nullipares ou avec enfant unique ?

Les raisonnements de Jean-Claude Barreau dans son article sont d’une « naïveté » confondante pour un spécialiste de la démographie. Notons d’abord que si l’Institut national d’études démographique était à l’origine ouvertement nataliste, cette idéologie proclamée a été abandonnée. L’INED était en effet chargé à la Libération d’examiner « les moyens matériels et moraux susceptibles de contribuer à l’accroissement quantitatif et à l’amélioration qualitative de la population ». Depuis, si les encouragements financiers à faire des enfants subsistent, la loi répressive de 1920 interdisant contraception et avortement n’est plus qu’un mauvais souvenir : fini le quantitatif forcé. Jean-Claude Barreau croit que les socialistes « ont toujours été malthusiens ». La réalité historique est inverse. Au XIXe siècle, Karl Marx s’est violemment opposé aux idées malthusiennes et depuis les socialistes ont toujours voté comme la droite en faveur des familles nombreuses, même pour la loi de 1920 ! Jean-Claude Barreau estime que « les enfants assurent le dynamisme d’une société ». S’il s’agit dans un bidonville surpeuplé de snifer de la colle et de mendier, où est le dynamisme ? Le dynamisme d’une personne ne reflète pas un âge, mais une socialisation d’un certain type (apprentissage de l’initiative) dans un milieu qui permet de s’y épanouir. Trop de gens deviennent des moutons ou des loups solitaires par manque d’affection et/ou d’emploi. Jean-Claude Barreau affirme que les écologistes sont encore plus malthusiens que les socialistes alors que l’écologie politique n’a aucune doctrine en la matière : le malthusianisme de René Dumont a été abandonné depuis longtemps. Face à l’explosion démographique planétaire, Jean-Claude Barreau met tous ses espoirs dans la transition démographique, la tendance à l’équilibre entre natalité et mortalité dans les pays qui se développent. Or le taux d’accroissement démographique mondial est encore de 1 %, ce qui représente une évolution exponentielle avec doublement de la population en 70 ans. D’ailleurs les perspectives statistiques ont été revues à la hausse. De toute façon avec 7 milliards d’humains sur la planète, près d’un milliard ne mangent pas à leur faim. Et le développement économique bat de l’aile. Que se passera-t-il quand nous serons plus de dix milliards sachant que les sols s’appauvrissent, que les mers se vident et que le pétrole qui permet rendements agricoles et circulation des denrées alimentaires viendra à manquer ? Le problème des démographes comme Jean-Claude Barreau est qu’ils n’envisagent jamais les contraintes écologiques dans leurs raisonnements. Ils sont comme les économistes, ils pensent « hors sol » !

Que la France ait fait moins d’enfants entre 1815 et 1940 est traité par Jean-Claude Barreau de catastrophe, « le pays a failli mourir de dénatalité ». Comme si la croissance d’une population était une loi inéluctable à laquelle il fallait se soumettre ! Par contre il traite le fait que la France est passé de 39 millions d’habitants en 1944 à 65 millions aujourd’hui de « démographie saine ». Il n’a pourtant aucune idée de la véritable capacité de charge du territoire Français. Sans exploitation de l’ensemble des ressources de la planète, la France est-elle encore capable de fournir suffisamment d’énergie, de métaux et de nourriture à 65 millions de personnes ?

* LE MONDE du 23 octobre 2014, Préservons notre forte natalité

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Tout écologique, même au moment de notre enterrement

L’écologie commence à imprégner notre existence entière, y compris notre mort. Selon l’IFOP un tiers des Français souhaite « plus de produits funéraires écologiques ». LE MONDE* fait un article sur l’empreinte écologique de nos obsèques. On apprend que la crémation génère 160 kg de CO2 contre 39 kg pour une inhumation. Nous fantasmons sur le cercueil en pure laine vierge, le corbillard à pédales et le cimetière forestier. Nous apprenons même de nouveaux mots : l’aquamation qui consiste à plonger la dépouille mortelle dans une eau alcaline pour dissoudre les tissus et ne conserver que les os a posteriori mis en poussière et la promession, où on plonge le corps du défunt dans l’azote liquide pour le rendre friable, le tout sans émission de CO2 ni émanation de produit toxique. Ces deux dernières méthodes sont encore interdites en France, qui accuse toujours un grand retard en matière d’écologisme.

                Nous avons sur ce blog déjà revendiqué une sépulture propre et verte, mais notre préférence va vers les méthodes de recyclage programmé par notre mère nature. Hélène Crié-Wiesner a vu grandir ces dernières années aux USA la vogue des green burials (enterrements verts) J’ai même fait mon testament écolo en la matière.

* LE MONDE du 25 octobre 2014, Tu redeviendras poussière, en passant par l’azote liquide

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La politique familiale entre natalisme et malthusianisme

L’éditorial du MONDE* pose une problématique qui nous semble cruciale : « La politique familiale a besoin de sens. » Voici un résumé de ce texte :

« … La finalité d’une politique familiale conçue à la Libération avec une visée clairement nataliste. Sans en être la seule cause, cette orientation a permis à la France d’afficher une robuste démographie… La politique familiale a longtemps profité surtout aux hauts revenus. Et le principe d’universalité a déjà été mis à mal avec toute une série de prestations déjà sous conditions de ressources. Mais on n’introduit pas une modulation des allocations familiales en fonction des revenus en improvisant, comme par effraction. On inscrit (éventuellement) une telle mesure dans une politique repensée et on lance un débat sur ses finalités… Le souci de justice sociale aurait pu amener le gouvernement à choisir la voie d’une réforme de la fiscalité… Une fois de plus, M. Hollande bute sur le péché originel de son quinquennat : l’absence de vision d’ensemble… il faut savoir donner du sens aux réformes. »

Nous attendons vos commentaires sur le sens à donner aujourd’hui à une politique familiale dans un pays surpeuplé dont chaque bébé est déjà un consommateur très exigeant… Un gouvernement doit-il être nataliste ou malthusien en France?

* LE MONDE du 22 octobre 2014

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