Marie-Monique Robin, une malthusienne qui s’ignore
Marie-Monique Robin est une femme formidable dont les films comme Sacrée croissance ou bien Les moissons du futur et les livres comme Le Monde selon Monsanto ou encore Notre poison quotidien éveillent les consciences. Mais elle ne veut rien faire contre l’explosion démographique, elle croit que les problèmes de surpopulation se résoudront par enchantement. Voici ce qu’elle a déclaré à ce sujet lors d’une interview à 20 minutes*.
Romano: Pour parvenir à une transition écologique, énergétique, il faudra inévitablement se saisir de la question démographique un jour ou l’autre. Pourquoi pas un documentaire sur ce sujet très épineux?
« Dans mon livre j’aborde la question démographique qui est effectivement l’un des facteurs de la croissance. Mais je pense que l’explosion démographique que l’on connaît dans certains pays en Afrique ou en Asie est liée à la pauvreté. Si on donnait les moyens à ces pays de véritablement se développer dans l’intérêt de leur population, la question démographique se résoudrait d’elle-même, comme elle s’est résolue dans nos pays industrialisés grâce à l’éducation et un certain niveau de développement. »
Commentaire de Biosphere : En voulant ignorer en matière démographique que le monde est fini et déjà surexploité, Marie-Monique nous déçoit.Elle envisage sans le dire une « transition démographique » qui a certes abouti à la baisse de fécondité dans les pays riches. Mais les conditions du développement sont aujourd’hui inaccessibles à la majorité des gens et favorisent pour le reste la surconsommation et le pillage de la planète.
Marie-Monique Robin croit encore au schéma dépassé de la baisse de fécondité qui résulte « automatiquement » du développement du pays. Elle devrait lire le diagnostic de l’agronome René Dumont, un spécialiste reconnu des pays pauvres. Il écrivait déjà en 1962 dans L’Afrique noire est mal partie : « Le nombre de gosses qui, étant resté plus de trois ou quatre ans sur les bancs de l’école, consentent à retourner à la terre est généralement infime. On remplit de jeunes désœuvrés les rues des villages, puis des bourgs ; bientôt ils atteignent les bidonvilles des capitales. Ce sont eux qui fournissent ces parasites sociaux, passant leur temps à écrire des demandes d’emploi dans toutes les administrations. D’autres préfèrent rejoindre le maquis… »
En 1949 dans Mes combats, il enfonce encore le clou : « Mal aiguillés par un système économique inadapté à leur situation, pillés par le libéralisme à l’échelle internationale, exploités par nombre de leurs dirigeants, la majorité des pays du tiers-monde se trouvent face à une explosion démographique catastrophique qui, si elle se prolongeait, leur enlèverait tout espoir. Au-delà d’une croissance démographique de 2 % par an, le progrès économique devient très difficile ; au-delà de 3 % – et c’est le cas de l’Afrique – le progrès devient improbable, pour ne pas dire impossible. Pour la première fois dans l’histoire de l’humanité, voici un continent tout entier, l’Afrique, dont le niveau de vie diminue depuis bientôt vingt ans en temps de paix. Il est sans espoir d’en sortir tant qu’il ne se dégagera pas du piège démographique. Redire cela n’est pas sous-estimer les autres freins au développement – que je n’ai cessé de combattre – mais c’est souligner l’essentiel : les risques de famine généralisée dans le tiers-monde, nous le verrons augmenter chaque jour. »
Le continent africain va passer de 1 à 4 milliards d’habitants au cours du siècle… Parmi les multiples causes, on peut citer les problèmes culturels, l’islamisme nataliste, l’inertie des puissances occidentales pour soutenir le planning familial, la préférence pour le présent des populations, l’instabilité politique, les situations de guerre et de sous-alimentation… Toutes choses qui entretiennent l’explosion démographique. On ne naît pas malthusien, cela découle d’un apprentissage. Nous espérons que Marie-Monique Robin, au cours des ses pérégrinations internationales, accédera un jour à cette découverte : la transition écologique devrait être aussi malthusienne.
* ci-dessous l’intégrale de l’interview
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