La zone grise tragique de la fin de vie

Euthanasies, suicides assistés… Des centaines d’euthanasies clandestines seraient pratiquées chaque année, résultat d’un accord entre un souffrant et son médecin ou sa famille. Périodiquement, des cas concernant des malades en fin de vie vont pourtant finir devant les tribunaux. En France, nul n’a le droit d’ôter la vie, même à la demande d’une personne, et le suicide assisté est proscrit. Des tabous qu’ont levés d’autres pays, comme la Belgique – en assortissant cependant toujours cette légalisation ou dépénalisation de conditions très précises.

Henri Seckel : Elle avait sombré dans un coma profond… Son mari a fermé la porte de la chambre. Il a disposé des pétales de rose sur le lit, s’est allongé à côté d’elle, lui a dit « je t’aime », et a pressé la seringue de Tranxene, injectant en quelques secondes la dose prévue pour vingt-quatre heures… Morten Jensen a été acquitté par la cour d’assises du Maine-et-Loire en 2006. « Mon geste est un geste d’amour et de compassion, pas celui d’un meurtrier », avait-il dit à la barre. « Un crime d’amour est un crime, même s’il est animé des meilleurs sentiments du monde » répond le procureur

Les procédures sont rares, mais elles contraignent les juges à s’aventurer dans la zone grise tragique de la fin de vie, à trancher des cas particuliers ultrasensibles. Dans une circulaire de 2011 toujours en vigueur, le ministère de la justice appelle les magistrats à « un discernement et un tact particuliers » dans ces affaires si complexes. Les décisions des jurés reflètent souvent l’état de la société plus que celui du droit… comme pour les avortements avant la loi Veil [1975]. Cette situation hypocrite se transfère dans les tribunaux, où la réalité fait que la justice ne peut pas condamner, ou alors à des peines symboliques, tout comme Gisèle Halimi obtenait des non-lieux ou des acquittements malgré un droit très sévère sur l’avortement. La même clémence s’applique lors des procès dans des affaires d’aide au suicide, que la justice française poursuit sous d’autres qualifications, puisque l’aide au suicide n’est pas une infraction. « Aucune affaire de fin de vie ne ressemble à une autre », disait Jean Leonetti en 2006. L’ancien député prévenait : « Aucune loi ne résoudra tout. »

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M.d Allemagne : Je peux choisir mon métier, mon lieu de résidence, mes amis, mes activités. Je peux choisir mon parcours scolaire et universitaire, de suivre une formation ou non. Je peux choisir ma sexualité et même mon sexe. Je peux choisir d’enfanter ou non. Je peux choisir d’aimer qui je veux, de me nourrir comme je l’entends. Je peux vivre seul, en couple, en communauté. Je peux choisir presque tout librement. Mais pas ma mort. Liberté ultime. Qui sont-ils pour m’imposer ma vie ou mon agonie?

Pascale C. : Le parallèle avec le MLAC (Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception) de 1973-74 est frappant. Il faut espérer, avec plus de 80% de Français, que les partisan(e)s d’une fin humaine, digne et sans souffrance inutile vont l’emporter, de la même façon, sur l’obscurantisme d’une loi d’un autre âge, imprégnée d’un dolorisme que rien ne justifie plus, sauf les préceptes vétustes et branlants d’un catholicisme de chapelle. Cela dit si, les intégristes tiennent tellement à souffrir, libre à eux !

Concordance : La loi est faite pour l’homme et non pas l’homme pour la loi ! Notre culture chrétienne devrait méditer cette phrase de l’Évangile !

AnneH : La sédation prolongée en fin de vie de la loi Leonetti est une vaste hypocrisie; cela consiste à sédater une personne en fin de vie avec arrêt de tout traitement autre que sédatif, donc arrêt de l’hydratation et de la nutrition entre autre. Les gens mettent plusieurs jours à mourir en se transformant physiquement et en s’asséchant comme un fruit confis.la transformation de l’être aimé est très dur à supporter pour les proches! C’est de l’euthanasie lente qui ne porte pas son nom! Mais on dit : non,non, ce n’est pas la sédation qui les tue mais la maladie! Quelle hypocrisie, quelle mauvaise fois! Autant appeler les choses par leur nom : c’est de l’euthanasie à petit feu! L’horreur!

Jean Rouergue : Quand les EHPAD sont des mouroirs pourquoi interdire l’euthanasie et pas ces mouroirs dégradants ?

Dr P. : Survivre n’est pas vivre

Lapetitesouris : L’important est de respecter la volonté des gens. Mourir est une décision qui devrait être totalement personnelle, l’ultime tranche de liberté d’une vie de servitude et de labeur, de maladie, de souffrance pour certains. De quel droit imposons nous des décisions collectives aux autres sur ce point ?? Au nom de tradition religieuses ? De notre ignorance ? De notre peur ? Mettons les garde-fou adéquats et laissons les gens choisir !

Gaspard : Dans ce domaine comme dans d’autres, actuels (légalisation du cannabis) ou passés (avortement, contraception, peine de mort), le pragmatisme de nos voisins jette une lumière très crue sur le dogmatisme, la ringardise et l’hypocrisie française. Résultat, sur presque tous les sujets sociétaux, la France accuse régulièrement une ou plusieurs décennies de retard sur eux. C’est en grande partie la faute de l’influence catholique, mais pas que. Il y a une tendance bien française à croire que ce sont les lois qui font les mœurs, alors que c’est l’inverse. Sans parler de ce réflexe compulsif d’interdiction de tout ce qui échappe à la vision du monde souvent datée et étriquée de nos gouvernants.

Onaiel : « L’avis collégial des médecins, qui doit parfois être conforté par des contre-expertises, l’emporte sur les directives anticipées du patient. » Principe inadmissible.

G. Verne : Aucune loi ne peut être adoptée puisque les sénateurs LR s’y opposent et qu’on ne peut rien y faire, à part leur souhaiter une longue et douloureuse agonie

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2 réflexions sur “La zone grise tragique de la fin de vie”

  1. On parle bien sûr de liberté («c’est mon choix» ; «parce que je le veau bien»), et d’hypocrisie (comme s’il n’y avait que là), et d’obscurantisme (?) et de pragmatisme (chez les voisins), et bien sûr du tabou (honte à Nous !) Bref, toujours les mêmes arguments. Ah oui j’oubliais, le plus important… l’amour.
    Eh oui, quoi de mieux que l’amour ? G. Verne en a sûrement à revendre, entre autre.
    Sauf pour les sénateurs LR à qui il souhaite une longue et douloureuse agonie (sic). Misère misère !

    – « On n’a pas que de l’amour, ça non ! On n’a pas que de l’amour à revendre, ça oui !
    Y’a d’la haine !
    La haine aussi, faut qu’elle se répande
    Sans que ça freine. Y’en a même un sacré bon paquet, eh ouais
    Ouais quand même. Quand même »
    ( Les Rita Mitsouko )

    1. D’après les sondages… une large majorité des Français y seraient favorables.
      Selon Pascale C. ce serait « plus de 80% », dans un article précédent Biosphère annonçait 90%. On peut même trouver 96% .
      – Sondages sur l’euthanasie : de 95% à 34% de réponses favorables selon la question (francetvinfo.fr – 14/04/2017)
      – 96% des Français sont-ils vraiment favorables à l’euthanasie ?
      (Le Figaro – 18/03/2021)

      L’Opinion c’est comme les girouettes. Et puis selon la question on obtient des réponses différentes. Et puis je doute que les sondés ait réellement pris le temps de bien réfléchir au sujet. Je ne dirais jamais assez que les sondages ne valent pas grand chose. Bref, la sondocratie ce n’est pas la démocratie.
      La Convention citoyenne sur la fin de vie a démarré le 9 décembre 2022, à Paris. Elle se tiendra jusqu’au 19 mars 2023. On verra bien ce que ça donne.

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