liberté contraceptive ou planification ?

La pilule contraceptive est âgée de 50 ans aux Etats-Unis (autorisation en mai 1960). Liberté de  contraception ? Planification indicative ou impérative ? En France, la loi Neuwirth de 1967 stipule : « Nous estimons que l’heure est  désormais venue de passer de la maternité accidentelle et due souvent au seul hasard à une maternité consciente et responsable. » Un enfant quand je veux, si je veux ? Les naissances planifiées sont passées de 59 % en 1970 à 83 % en 1995. Mais cette « planification » repose majoritairement sur des choix personnels. (LeMonde du 13 mai 2010). Pour l’instant, la maîtrise de la fécondité ne résulte que d’un choix de la femme, la pilule participe de sa libération, de la libre disposition de son corps. C’est un progrès énorme pour les femmes, pour la liberté sexuelle, pour la limitation volontaire des naissances. Cela ne suffit pas.

Il s’agit aujourd’hui de reprendre le contrôle des conditions d’existence de nos sociétés. Avec les moyens contraceptifs, nous avons une certaine prise sur  la croissance démographique alors que nous avons toujours le problème des ventres creux : plus d’un milliard de personnes ne mangent pas à leur faim. Les démographes pensent que nous allons passer de 6 milliards à 9 milliards en moins de 40 ans. Yves Cochet a un point de vue contraire : « Il existe une corrélation historique entre la quantité totale d’énergie dans le monde et, d’un autre, le niveau démographique et le niveau de vie. Cette corrélation est si forte qu’on peut émettre l’hypothèse d’une causalité : moins il y aura d’énergie disponible, moins la planète pourra accueillir d’individus à un certain niveau de vie. Si cette hypothèse est vraie, comme je le crois, le nombre maximal d’humains sur terre, au niveau de vie moyen actuel, déclinera d’environ 7 milliards vers 2025 à environ 5 milliards en 2050, puis 2 à 3 milliards en 2100. » Que ce soit à la hausse ou à la basse de la population mondiale, il n’y a pas de fatalité puisque nous avons la pilule, le préservatif, le stérilet, etc.  

La contraception n’est pas qu’un moyen de libérer les femmes, c’est aussi un moyen de maîtriser l’évolution démographique. Au début des années 1970, Paul Ehrlich proposait de créer aux USA un organisme de planification, un « bureau de la Population et de l’Environnement » qui apprécierait le niveau de peuplement optimal, et préconiserait les mesures permettant d’y arriver. Pour Paul Ehrlich, l’éducation sexuelle, c’était la présentation de la fonction reproductrice comme une composante parmi d’autres de l’activité sexuelle, qui demande à être maîtrisée selon les besoins de l’individu et de la société. Il aurait voulu que les Etats-Unis inaugurent une politique malthusienne pour avoir la possibilité d’exporter l’idée à l’échelle mondiale. Les Etats-Unis ont préféré exporter Walt Disney, Coca Cola, McDo et les GI’s ! Et la population de grimper…

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l’effondrement de notre société (suite)

Notre société a poussé la division du travail à son extrême, chacun de nous est  dépendant d’une suite de travaux parcellaires de plus en plus éloignés de notre lieu de vie et nécessitant une énergie fossile de plus en plus importantes. Tout peut s’effondrer brutalement comme un château de cartes. Joseph Tainter avait analysé l’effondrement de sociétés anciennes complexes, comme l’Empire romain ou la civilisation Maya. Voici ce que cela donnerait transposé aux sociétés modernes :

Lorsqu’une société se développe au-delà d’un certain niveau de complexité, elle devient de plus en plus fragile. Une simple crise du crédit aux USA entraîne déjà des conséquences mondiales. Les crises écologiques à venir sont porteuses d’une déstabilisation encore plus grande. Pourtant nous accroissons constamment notre complexité, prenons l’exemple de la santé. Comme les généralistes ne suffisent plus à satisfaire une demande de soins de plus en plus sophistiqués, nous construisons des  hôpitaux. Avec les progrès des techniques médicales, il faut installer des centres hospitaliers dans les villes, des services de plus en plus spécialisés, des appareillages de plus en plus onéreux. Les dépenses augmentent encore plus vite que le PIB. Comme l’hôpital commence à coûter trop cher, il faut mettre en place un système de cotisations sociales généralisées, et la financer en ponctionnant l’épargne de la population. Comme cela ne suffit pas, on soigne à crédit par l’emprunt pour couvrir le déficit de la sécurité sociale. Comme la population se plaint des charges croissantes, il faut faire payer de plus en plus de choses par les patients eux-mêmes tout en augmentant le nombre de fonctionnaires des impôts. Tout cela s’accompagne de plus de spécialistes, de plus de ressources à gérer, de plus de coercition – et, in fine, moins de retour sur l’argent dépensé.

Au bout du compte, on atteint un point où toutes les énergies et les ressources à la disposition d’une société sont nécessaires uniquement pour maintenir un niveau de complexité croissante dont le système de soins n’est qu’un des aspects. Puis, quand une crise économique systémique ou un blocage énergétique survient, les institutions complexes n’ont plus les moyens de survivre et les malades se retrouvent livrés à eux-mêmes. Alors émerge une société moins complexe, organisée sur une plus petite échelle, avec une médecine de proximité, si l’effondrement se passe en douceur…

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l’effondrement de notre société complexe

D’un côté on a peur que les plans d’austérité ne compromettent la croissance, de l’autre on nous voudrait « rationnés, mais heureux » (contre-enquête du Monde  / chronique d’Hervé Kempf, 12 mai). D’un côté il y a la pensée dominante selon laquelle bonheur et emploi dépendent de la croissance économique, de l’autre l’idée nouvelle que, confrontés au pic pétrolier et au réchauffement climatique, si nous ne pratiquons pas le rationnement choisi, ce sera un rationnement violent qui s’imposera. Qui croire ?

Il faut d’abord constater que la rigueur budgétaire qui s’impose à la Grèce, la France ou l’Espagne pour résorber les déficits est une nécessité absolue. Que ce soit un ménage ou un pays, il est impossible de vivre indéfiniment à crédit. Il faut ajouter que la planète nous a fait une avance non remboursable en mettant gratuitement à notre disposition des ressources naturelles non renouvelables. Cette période faste est en train de se clore par épuisement du crédit et des ressources minières. Ces deux éléments réunis nous montrent que la société de croissance est derrière nous, il faut inventer autre chose. L’analyse de Joseph Tainter (dont le livre The Collapse of Complexe Societies est malheureusement non traduit en français) pousse au pessimiste. L’avenir est sombre pas simplement pour des raison financières ou écologique, mais parce qu’une société trop complexe s’effondre sous son propre poids et que les dirigeants refusent le passage en douceur : « Les élites qui profitent de la complexité refusent tout changement qui réduirait leur prélèvement sur la richesse produite. C’est le blocage ! » (cité par Yves Mamou qui cite Clay Shirky).

J.Tainter affirme que le propre de l’histoire humaine a été la création de mécanismes sociaux et technologiques de plus en plus complexes permettant de s’approprier l’énergie disponible dans l’environnement. L’augmentation de l’apport énergétique permet l’expansion de la communauté humaine. La population augmente en nombre, la vie sociale s’intensifie et se diversifie. La quantité d’énergie disponible ne suffit plus à satisfaire les besoins d’une population de plus en plus nombreuse, à défendre l’Etat contre les envahisseurs ni à entretenir les infrastructures. Le déclin se manifeste à travers la réduction des surplus alimentaires, la diminution de la consommation d’énergie par habitant, la déréliction des infrastructures de base, une méfiance croissante à l’égard de l’Etat, une anarchie grandissante, le dépeuplement des zones urbaines et les incursions de plus en plus fréquentes de bandes de pillards. Selon Tainter, une civilisation pleinement développée est au bord de l’effondrement lorsqu’elle atteint un seuil au-delà duquel le simple maintien en l’état de ses structures requiert une dépense d’énergie croissante, tandis que la quantité d’énergie qu’elle est en mesure d’assurer à chaque habitant ne cesse de diminuer. La société civilisée s’effondre brutalement lorsque cesse soudainement l’afflux d’énergie. Nous y sommes ! (in L’économie hydrogène de Jérémy Rifkin (éditions La découverte, 2002)

Sans les combustibles fossiles, la civilisation industrielle moderne cesserait immédiatement d’exister. Refuser la sobriété énergétique et l’égalisation des conditions aujourd’hui, c’est subir un rationnement violent et inégalitaire demain.

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j’ai peur d’être écolo

J’ai été torturé, il me fallait manger mon repas en une minute et demie, je ne pouvais ni lire ni écrire, mon procès a eu lieu à huis clos… je m’appelle Wu Lihong. Ce résumé d’un article du Monde (11 mai 2010) montre qu’être militant écologiste peut être dangereux. Pourtant Wu Lihong ne faisait que dénoncer la pollution des eaux par des usines  chimiques, il se contentait d’alerter l’agence chinoise de protection de l’environnement, il avait raison. Mais nous sommes en Chine, cela n’arrivera pas chez nous !

Au Mexique Ignacio Chapela avait mis en évidence une contamination du maïs par des transgéniques dans un article publié dans Nature. Les prises de position de Chapela cadraient mal avec une carrière dans la respectable institution de Berkeley, désormais plus tournée vers les grands partenariats avec le secteur privé que vers la contestation politique. La titularisation de Chapela lui a été refusée au cours de l’année 2003. Les lanceurs d’alerte (Whistleblowers) risquent leur emploi pour « sonner l’alarme », même la notoriété n’empêche pas la répression. James Hansen, climatologue célèbre pour avoir déclaré en 1988 devant une commission du sénat américain que la sécheresse qui dure ne relève pas de la variabilité naturelle du climat, mais des activités humaines, subit en 2005 des représailles sous Bush : « La censure est devenue intense, m’empêchant de m’exprimer dans les médias », raconte James Hansen. Il ne peut parler qu’à condition qu’un responsable des affaires publiques de la NASA surveille la conversation. Et en France, patrie de la liberté d’expression ? La Fondation Sciences Citoyennes a récemment lancé une campagne de soutien au professeur Gilles-Eric Séralini qui est actuellement victimes de vives pressions de la part de Monsanto, de l’EFSA (Autorité européenne de sécurité des aliments) et de l’AFBV (Association française des biotechnologies végétales) suite à la publication de contre-expertises des études de Monsanto sur trois maïs génétiquement modifiés. Que les difficultés économiques se systématisent et la répression anti-écologique se fera chinoise.

                La frontière entre dénonciation écologique et réalité économique est un mythe. Les lanceurs d’alerte ont besoin d’une protection qui s’inspire par exemple des dispositions de la loi de 2007 relative à la lutte contre la corruption. Ce texte introduisait dans le code du travail une disposition visant à protéger les salariés qui prennent l’initiative de dénoncer de bonne foi des faits de corruption ou de trafic d’influence qu’ils sont amenés à constater dans le cadre de leurs fonctions. Corinne Lepage avait rendu en 2008 un rapport sur l’information environnementale, l’expertise et la responsabilité. L’information du public y est considérée comme un devoir, ce qui implique un « devoir d’alerte », accompagné de la création d’un « délit de rétention d’information quand le risque est avéré ». Un tel délit aurait été appliqué dans le passé aux cigarettiers qui disposaient d’études sur les dangers du tabac et les ont dissimulées. Mais même si une protection était votée, le militant écolo qui dit la vérité prendra un risque.

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Grenelle 2 : la revanche des lobbies

La gauche ne vote pas la loi Grenelle 2, les arguments ne manquent pas. La revanche des lobbies s’est en effet traduite par des régressions et des trahisons inacceptables :

– Le nucléaire était hors-Grenelle, nous disait-on. Mais non, le gouvernement lui-même a introduit, à l’article 94 quater, l’abandon des enquêtes publiques en considérant qu’un « accroissement significatif » de rejets radioactifs n’est pas une « modification notable » d’une installation nucléaire.

L’article 34 de la loi, en prétendant encadrer l’installation des éoliennes, ajoute des contraintes (classement ICPE, schémas régionaux, obligation des cinq mâts…) à des contraintes antérieures. Finies les éoliennes communales et coopératives adoptées par les citoyens, les agriculteurs et les institutions d’un village, place aux grands groupes financiers seuls capables d’investir dans des centrales éoliennes. C’est la mort du petit éolien.

– La mention « haute valeur environnementale » (HVE) des exploitations agricoles est finalement un leurre destiné à entraver la progression de l’agriculture biologique. Pire, les cultures OGM pourront bénéficier de l’appellation HVE !

Des dizaines d’autres reculs ou refus disqualifient le texte Grenelle 2 : la taxe carbone est abandonnée, l’étiquetage carbone est repoussé, les PLU intercommunaux sont rejetés, la technologie peu fiable et très chère de stockage du carbone est encouragée, les abeilles et les apiculteurs ne sont pas protégés des insecticides, la promotion d’une journée végétarienne par semaine est refusée, la prise en compte du pic pétrolier est totalement absente…

(résumé d’un communiqué d’Yves Cochet)

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le baril à 200 dollars (suite)

Matthieu Auzanneau : Pic pétrolier, ça va mal ?

Glen Sweetnam, directeur de la division internationale de l’Administration de l’information sur l’énergie à Washington, se contente d’évoquer des problèmes économiques conjoncturels, un simple défaut provisoire d’investissements. D’autres experts du pétrole proclament que nous faisons face à une limite géologique absolue : sur l’arbre fruitier, on cueille d’abord les fruits les plus beaux et à portée de main, avant de se résoudre à aller chercher ceux qui sont gâtés, là haut, sur les branches les plus difficiles à atteindre.

Depuis huit ans que je m’intéresse à ce débat, j’ai fini par comprendre que l’alternative entre limite économique (passagère) et géologique (définitive) n’est qu’un trompe-l’œil. C’est vrai, il y a encore tout un tas de ressources en carbone fossile à exploiter. Il est possible – extrêmement délicat, coûteux et polluant, mais… possible – de forer au large du Grand Nord, ou à des milliers de mètres de profondeur en face des côtes brésiliennes. On peut même envisager de construire des centrales nucléaires pour générer l’énergie nécessaire à la transformation en essence des pétroles « lourds ».

Soyons plus pragmatiques : tous ces pétroles « lourds » et « non-conventionnels » ne PEUVENT PAS être recueillis AUSSI VITE que les plus beaux fruits qui menacent de devenir moins disponibles dans un avenir proche, les light sweet crude, arabian light,… qui font tourner le moteur de l’économie mondiale depuis plus d’un demi-siècle. Pour reprendre le concept de l’historien et économiste Joseph A. Tainter, on peut parler d’un « rendement décroissant de l’investissement marginal dans la complexité ». Ceci revient à dire que le pétrole risque quoi qu’il arrive de devenir plus rare et plus cher à mesure que le temps passera, mutant en menace pour l’organisation économique et sociétale qu’il a largement contribué à fonder. Et plus seulement à cause du réchauffement climatique.

http://petrole.blog.lemonde.fr/2010/03/30/combien-compte-le-petrole/

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bientôt le baril à 200 dollars

Tout s’accélère, le baril à 150 dollars il y a peu, puis la crise des subprimes, le volcan qui cloue les avions au sol, maintenant la crise grecque, la marée noire aux USA et bientôt le peak oil et le baril  de pétrole à 200 dollars. Nous ne sommes pas les seuls à nous inquiéter de l’imminence du pic pétrolier, ainsi Matthieu Auzanneau, http://petrole.blog.lemonde.fr/. Voici un résumé de son blog :

« Une table-ronde d’économistes du pétrole a eu lieu à Washington en avril 2009. Je m’intéresse depuis huit ans au débat sur l’épuisement des réserves pétrolières, et je n’ai jamais vu un document aussi inquiétant venant de Washington. Glen Sweetnam, principal analyste au sein du département américain de l’énergie (DoE) émet l’hypothèse d’un déclin de la production mondiale de pétrole et de ses substituts à partir de 2011, qui pourrait durer jusqu’en 2015 au moins ! La production pétrolière maximale a sans doute était atteinte et les conséquences de cette assertion sont vertigineuses. Il est évident que si ce n’était pas Glen Sweetnam mais le secrétaire à l’énergie américain en personne, Steven Chu, prix Nobel de physique, qui laissait filtrer ce genre de diagnostic, une panique financière serait quasi certaine. Or en 2005, Steven Chu, alors patron d’un laboratoire de recherche du DoE, mettait en avant l’hypothèse d’un déclin de la production mondiale de brut dès le début de l’actuelle décennie.

Indice d’une stratégie plus large de la part de Washington ? Fin mars, le Pentagone publiait un rapport envisageant “une crise énergétique sévère” d’ici à 2015. Si elle advient, cette crise fera des dégâts colossaux, souligne l’état-major interarmées US. Le rapport du Pentagone table sur un déficit de production face à la demande qui atteindrait en 2015 l’équivalent de la production de l’Arabie Saoudite ! Encore plus surprenant : un rapport précédent du Pentagone publié en 2008 (!) établissait déjà strictement le même pronostic, lui aussi passé inaperçu : http://www.jfcom.mil/newslink/storyarchive/2010/JOE_2010_o.pdf »

Moins nous serons préparés à gérer le pic pétrolier, plus la panique financière entraînera une panique sociale indescriptible !

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l’OM champion de France, on s’en fout

La dernière mouture du quotidien LeMonde, lancée le 29 mars de cette année, a supprimé les pages sports. Un choix judicieux ! Selon la directrice de la rédaction, Sylvie Kauffmann, « Pourquoi rendre compte, avec 24 h ou 48 h de retard, d’une rencontre sportive déjà largement vue et commentée ». C’est pourquoi nous n’avons plus à supporter les résultats indigestes de résultats sportifs sans intérêts. Par contre LeMonde du 7 mai fait une analyse des dessous de l’OM, redevenu champion de France. On peut déduire de l’excellent article de Mustapha Kessous que le foot à Marseille est à la fois une religion, une addiction, un fait culturel global : « Dès la naissance, les enfants sont trempés dedans, l’OM se transmet familialement. » Cette messe footbalistique est entretenue par les politiques. Le maire s’exclame : « la ville est apaisée quand le club est victorieux… Au-delà de l’aspect sportif, c’est un véritable facteur d’intégration. »

                L’article contre-balance les avantages par les inconvénients. Le succès de l’OM est surtout un « moyen d’oublier que Marseille est une ville parmi les plus pauvres de France. Les gens qui ont des problèmes socialement compliqués s’accrochent à ce qui peut symboliser le succès et la   revanche ». Peu importe que les dirigeants du club se suicident ou finissent en prison, peu importe que les joueurs soient surpayés ou drogués, peu importe que le résultat des matchs soit truqué, les supporters supportent à cause de leur vie tronquée.

Avec la télévision, le tourisme et la publicité, le sport est un moyen de divertir pour dominer les masses. Comment des citoyens peuvent-ils oublier que le sport a un effet politique massif de diversion, d’illusion et d’abrutissement des travailleurs et des chômeurs. C’est une manière insidieuse et terriblement efficace de redoubler l’aliénation capitaliste. Il n’est pas étonnant que l’animateur de télé Jean-Pierre Foucault soit partie prenante dans l’organigramme de l’OM. Il participe de l’aliénation, ce qu’Engels a appelé la fausse conscience : la conscience d’un monde qui fait croire de façon illusoire que le football, c’est du jeu, de la joie et de la liberté.

 

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les Grecs n’iront pas à Botco

Les Grecs se serrent la ceinture, ils vont économiser sur leur consommation de bière et de cigarettes. Il y en a même un qui envisage de limiter ses sorties cinéma, un autre qui prévoit de ne plus partir en vacances à l’étranger. Ils sont comme des enfants qui se retrouvent privés de jouet. Ces informations absolument essentielles, si ce n’est existentielles, nous sont données par la journaliste Catherine Simon du Monde (6 mai 2010). Mais dans le même numéro, le quotidien nous vante les délices d’un voyage à Botco, archipel du Vanuatu : quelques heures de vol d’Athènes à Paris, puis 22 heures de vol de Paris à Sidney, puis 3 heures de vol de Sidney à Port-Vila ; bonjour les émissions de gaz à effet de serre ! Puis on grimpe dans un camion « cahotant » et on fait même une heure de marche pour finir ; bonjour l’angoisse ! Tout ça pour apercevoir à Botco quelques ossements exhibés par une tribu ex-cannibale ; bonjour le dépaysement ! Les Grecs ont autre chose à faire qu’à partir pour Botco. Les Grecs, mais aussi les journalistes du Monde feraient mieux de lire l’excellent recueil d’Offensive Divertir pour dominer (la culture de masse contre les peuples) :

« Le loisir conforte le travail, il permet d’y revenir détendu, reposé, défoulé. Nous voici prêt, de nouveau, à nous vendre à fond à notre activité productive, celle qui finance, justement, la gamme plus ou moins étendue de nos loisirs. Le tourisme est une compensation thérapeutique permettant aux travailleurs de tenir la distance. Avec les pénuries probables de carburant, le management du monde trouvera la solution : il donnera du signe en place et lieu d’une réalité. On nous vendra du virtuel, de l’espace de synthèse. Cela a déjà commencé. Notre époque est réduite au culte du divertissement plutôt qu’à la culture de la diversité. Le discours contemporain nous fait  croire qu’être libre revient à faire ce que l’on veut, quand on veut, indépendamment de toute considération éthique ou écologique. Tout au contraire, espérer être libre implique d’avoir conscience de ses chaînes, et non de vivre comme si elles n’existaient pas. »

                La société occidentale nous fait vivre à crédit pour nous offrir une vie rêvée par d’autres, y compris par  LeMonde. Ne partons pas à Botco et pratiquons la simplicité volontaire.

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pétrole offshore, ça commence à bien faire !

Le pic pétrolier est ce point de retournement à partir duquel la production de pétrole commence à baisser inéluctablement. Le géologue américain King Hubbert avait annoncé en 1956 que les Etats-Unis connaîtraient ce pic vers 1970. A l’époque la majorité des experts s’était montrée incrédule. Pourtant le pic de Hubbert a été atteint aux Etats-Unis entre 1971 et 1972. Cela a contribué à expliquer le choc pétrolier de 1973 puisque les pays de l’OPEP pouvaient dorénavant faire pression sur la première puissance mondiale. Un graphique (LeMonde du 16 avril 2008) nous indiquait que la production russe de pétrole avait atteint un sommet en 2007 et commençait à baisser en 2008. Un dirigeant du premier groupe pétrolier privé russe (Loukoil) confirmait que la Russie est dorénavant dans la même situation que le Mexique, l’Alaska et la mer du Nord, trois régions où la production d’or noir décroît fortement depuis des années en raison de l’épuisement des réserves.

Au niveau mondial, la production de pétrole conventionnel baisse depuis 2008 si on en croit un graphique discrètement mis en ligne par le département américain de l’énergie en avril 2009 (source : terraeco de décembre 2009). Le fait est que, en 2007, la production mondiale de pétrole conventionnel a diminué de 0,15 % par rapport à celle de 2006 après avoir augmenté de seulement 0,5 % l’année d’avant. Si on ajoute aux réserves les projets identifiés et les pétroles non conventionnels, le pic pétrolier aura quand même lieu en 2011. Selon d’autres sources (les spécialistes de l’ASPO, Association for the study of peak oil and gas), le pic de pétrole conventionnel fut atteint en 2005. Pour tous les liquides hydrocarbonés (le pétrole non conventionnel), ce fut en 2008. De plus l’énergie nette, celle qui est accessible à l’utilisateur final quand on a soustrait l’énergie utilisée lors de sa production est en diminution constante. Il y a un siècle, il fallait à peu près 1 baril de pétrole pour en mettre 100 dans le réservoir de votre voiture ; maintenant, il faut 1 baril pour en mettre 15 seulement.

L’après-pétrole a donc déjà commencé, mais tout est fait pour nous le cacher. Malgré la marée noire aux Etats-Unis, les pétroliers continueront l’exploitation offshore (titre du Monde du 5 mai 2010). La part du brut extrait en mer représente désormais près du tiers de la production mondiale. On veut chercher le pétrole à des profondeurs abyssales, à – 3000 mètres au Brésil. Pour faire face à l’inéluctable déplétion pétrolière, on va pomper jusqu’aux dernières gouttes ; les ingénieurs font preuve de prouesses techniques pour nous faire croire que la civilisation thermo-industrielle peut encore parier sur la croissance économique. Vanité, vanité, tout cela n’est que vanité face aux contraintes géologiques. L’administration Obama doit décréter d’urgence un moratoire sur l’offshore, l’humanité doit décréter une diminution concertée et drastique de la consommation de pétrole. Il n’y a pas que le réchauffement climatique qui nous menace, il y a aussi le pic énergétique mondial.

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Grenelle2 : démocratie et lobbies

Les lobbies n’ont que le pouvoir qu’on leur prête. Les agriculteurs, les transporteurs routiers, les industriels demandent des aménagements du Grenelle2 « au nom de la crise économique ». Comme nos parlementaires sont garants de nos intérêts à long terme, ils ne peuvent écouter l’expression de ces intérêts catégoriels. Prenons un autre exemple, l’énergie éolienne : stop ou encore ? (cf. contre-enquête du Monde du 4 mai). Les lobbies du nucléaire anti-éolien s’agitent d’un côté, les professionnels des énergies renouvelables de l’autre. Des parlementaires dignes de leur mandat feraient taire cette vaine dispute. Ils devraient soutenir en priorité une politique volontariste d’économies d’énergie, objectif qui n’a pourtant aucun lobby à ses côtés ; seuls les objecteurs de croissance et les partisans de la simplicité volontaire, considérés encore comme des marginaux, vont dans ce sens. Ces parlementaires soutiendraient aussi les énergies renouvelables décentralisées contre le nucléaire et les centrales thermiques. Il y a des ordres de priorité qui s’imposent, le long terme contre le court terme, un mode de vie durable contre un niveau de vie insoutenable, etc.

Nous n’avons pas besoin de changer les structures de la démocratie française, il suffit que la réflexion de nos élus se modifie. Que ce soit au niveau national ou local, un élu doit prendre conscience qu’il n’est pas simplement le porte-parole de ses administrés, il est aussi l’avocat des tiers-absents : les générations futures, les habitants des pays pauvres, les non-humains, tous ceux qui ne peuvent participer aux assemblées délibératives. Les citoyens du monde présents et futurs doivent se sentir représenter par des hommes et des femmes au fait des enjeux économiques, sociaux et écologiques de leur époque. Si cette prise de conscience généralisée n’advient pas, nous résoudrons nos problèmes de façon non démocratique…

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la Grèce, un exemple à suivre

Les promesses électorales n’ont plus cours en Grèce. Une nouvelle cure d’austérité prévoit des réductions sévères des revenus et une baisse importante du niveau de vie. Un demi-siècle après leur création, le Parti socialiste (PASOK) a aboli les salaires de Noël et de Pâques [13e et 14e mois] et les congés payés des fonctionnaires et retraités. Papandréou a aussi annoncé une réduction supplémentaire de 8 % des salaires des fonctionnaires. Après ces mesures, chaque fonctionnaire va perdre entre 15 et 30 % de son revenu annuel. Le PIB du pays va donc baisser de 4 % dès cette année. Il faut dire que la dette publique grecque est de 400 milliards d’euros alors que le gouvernement grec avait toujours affirmé qu’elle n’était « que » de 300 milliards d’euros ; la Grèce avait trafiqué ses chiffres d’endettement ! Le patron du FMI, DSK, est donc « admiratif de l’extrême rigueur choisie à Athènes ».Pour Strauss-Kahn, Il n’y a pas d’alternative, « C’était ça, ou les salaires des fonctionnaires et les retraités n’étaient plus payés le mois prochain. »

La leçon à tirer, c’est que la Grèce vivait au-dessus de ses moyens. On ne peut pas vivre indéfiniment au prix d’un endettement croissant. Un jour ou l’autre, il faut rembourser et plus on attend, plus la note est douloureuse. Mais La Grèce n’est pas un cas isolé. A la date du 16 novembre 2009, la dette publique des Etats-Unis atteignait 12 000 milliards de dollars. Elle avait dépassé le seuil symbolique des 10 000 milliards de dollars en septembre 2008. Il faut ajouter un endettement des ménages américains de 5 500 milliards $. Il est absolument anormal qu’un pays riche vive à crédit. Paradoxalement, l’ensemble de la dette du Tiers monde n’était que de 3360 milliards $ en 2007. La planète tourne à l’envers, qui peut financer l’économie quand tout le monde est emprunteur ? La patience du créancier chinois a ses limites !

Ce qui attend les pays riches est donc nécessairement une cure d’austérité généralisée dont la Grèce n’est qu’un signe précurseur. Comme il faut ajouter à la dette financière la dette écologique, qui amenuise encore plus la possibilité de ressources futures, la purge n’en sera que plus difficile à avaler. Mais la biosphère s’en trouvera soulagée…

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les leçons d’une marée noire

En tant que défenseur de la biosphère, nous ne pouvons qu’être opposés aux forages en mer. Mais la marée noire provoquée par la plate-forme Deepwater Horizon n’est qu’un signe ponctuel des dérives d’une société minière ; les humains polluent les océans quand ils y cherchent ce qu’ils ne trouvent plus sur la terre ferme.  L’exploitation minière est une métaphore, inspirée de la thèse de Lewis Mumford, de la civilisation thermo-industrielle : « L’exploitation minière est avant tout destructrice : son produit est un amas sans forme et sans vie, ce qui est extrait ne peut être remplacé. La mine passe d’une phase de richesse à l’épuisement, avant d’être définitivement abandonnée – souvent en quelques générations seulement. La mine est à l’image de tout ce qu’il peut y avoir de précaire dans la présence humaine, rendue fiévreuse par l’appas du gain, le lendemain épuisée et sans forces. » Les humains pulvérisent des montagnes pour obtenir du granit, de l’uranium et des minerais jusqu’à ce que le globe terrestre se réduise à l’état de plate-forme nivelée ! Mais l’apparition des pratiques minières au XVIIIe et XIXe siècles va s’achever au XXIe siècle après épuisement de toutes les richesses souterraine.

L’allégorie de Mumford met parfaitement en lumière l’opposition radicale qui sépare deux formes de rapport à la nature. Il y a d’un côté l’agriculture traditionnelle qui favorise l’établissement d’un équilibre entre les éléments naturels et les besoins de la communauté humaine ; ce que l’homme prélève  à la terre lui est délibérément restitué (une capacité largement compromise par les stratégies d’exploitation minière en agriculture et en élevage). Il y a de l’autre le pillage du capital naturel par des multinationales qui creusent toujours plus profond, sur terre ou dans les mers, pour extraire les derniers morceaux de charbon, les dernières gouttes de pétrole, les dernières paillettes d’or. Rappelons quelques données sur les limites temporelles de cette exploitation minière :

terbium, 2012 ; argent, 2022 ; or, 2025 ; étain, 2028 ; plomb, 2030 ; cuivre, 2039 ; uranium, 2040 ; nickel, 2048 ; pétrole, 2050 ; Gaz naturel, 2087 ; fer, 2120 ; charbon, 2158…

La fin prochaine des facilités offertes par la nature à l’expansion de notre niveau de vie va entraîner un désastre global dans lequel Deepwater Horizon n’aura été qu’un signe avant-coureur.

Pour connaître  Lewis Mumford : Les transformations de l’homme (1956)

Pour connaître les détails de la marée noire au large des côtes de la Louisiane : LeMonde du 2-3 mai 2010.

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Avec ou sans George Soros

200 économistes contre les dogmes du marché : la biosphère est encore ignorée !

Réunis à Cambridge, des chercheurs hétérodoxes réunis par George Soros plaident pour une révolution théorique, seule capable d’engendrer une vraie réforme. Sauf que George lui-même avoue ne pas avoir d’opinion tranchée sur ce que serait une « bonne réforme » et que les avis des spécialistes ne brillent pas par leur clarté !

Pourtant la base du raisonnement est amplement partagée, les équilibres « naturels » du marché n’existent pas ; c’est au contraire l’instabilité qui caractérise le jeu de l’offre et de la demande. Le processus de fixation des prix par le marché est par essence irrationnel et le comportement des acteurs intrinsèquement contingent. Il n’y a pas de juste prix, mais un prix conventionnel fixé par le cadre institutionnel et le rapport de force entre acteurs. C’est d’ailleurs à cause de cette domination légale des uns sur les autres que jaillit le profit, c’est-à-dire le gain des uns aux détriments des autres. C’est pourquoi dans ce système de « liberté » économique, les inégalités sont en hausse. La rigueur et l’austérité économique sont imposées à la périphérie, les bulles spéculatives bénéficient à ceux qui sont bien placés. Les bonus versés par Goldman Sachs équivalent aux revenus des 224 millions de Terriens les plus pauvres. Lorsqu’il s’agit de combattre la pauvreté, tout le monde est d’accord. Mais si l’on parle de réduire les inégalités, c’est la peur d’avoir à partager qui l’emporte.

Mais il ne suffit pas de parler des inégalités. Ces économistes hétérodoxes passent à côté de l’essentiel. Ce qui importe aujourd’hui, c’est que l’économie conventionnelle a complètement détérioré depuis deux siècles les équilibres de la nature. Que faire ? Constater d’abord que les inégalités de salaire, l’existence de dividendes ou de profit basé sur le patrimoine de rapport ne fait qu’exacerber le poids de l’activité humaine sur les ressources naturelles. Comprendre ensuite qu’une société durable ne peut fonctionner sur un registre trop grand de complexité car cela favorisera toujours les profiteurs et les abus. Envisager enfin notre avenir en termes de communautés restreintes vivant de façon autonome, dans le respect des autres communautés humaines et non humaines.

Source de documentation : LeMonde économie (27 avril 2010)

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des parlementaires complices de Monsanto

Rapprochons deux informations, le « plaidoyer parlementaire en faveur des pesticides » et la « journée mondiale pour sauver les grenouilles de la disparition » (LeMonde du 30 avril). Selon l’UICN, 30 % des amphibiens connus sur Terre courent actuellement un risque d’extinction. Les pauvres batraciens ne peuvent aimer l’eau polluée des ruisseaux par les engrais et pesticides, leur peau perméable absorbe trop facilement les produits chimiques toxiques. Mais les parlementaires auteur du rapport « pesticides et santé » se foutent complètement de la santé des grenouilles et des agriculteurs. Pour les maladies, comme il y a « une multiplicité des facteurs pouvant induire des symptômes identiques », pas besoin de creuser plus loin,  une surveillance épidémiologique de la population suffira.

Ce qui apparaît avec ce rapport, rendu public à la veille de l’examen du projet de loi Grenelle 2, c’est que le duo Claude Gatignol et Jean-Claude Etienne se veulent des soutiens directs en faveur des intérêts économiques. Voici leurs arguments :

– risque que ferait courir à un pan entier de notre économie une division par deux de l’utilisation de pesticides d’ici 2050 (un des engagements du Grenelle de l’environnement).

– probable diminution des rendements.

– signe négatif pour la recherche.

– nécessaire accroissement des capacités de production.

Le lobby agro-industriel a encore frappé ! Gatignol et Etienne ne méritent pas d’être des représentants des humains et des non-humains.

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voile intégral et principe de précaution

Les « libéraux » qui contestent le principe de précaution nous font passer des frissons dans le dos. Ils ne se sont pas encore rendus compte que la société thermo-industrielle est devenue extrêmement dangereuse, que ce soit pour des raisons écologiques, économiques ou sociales. Analysons l’actualité relatée par LeMonde du 29 avril.

Au niveau écologique, la marée noire dans le golfe du Mexique montre que la poursuite de l’exploitation off-shore du pétrole n’est pas une mince affaire. Obama avait élargi les autorisations de forages pétroliers en haute mer (LeMonde du 2 avril), la réalité des risques lui inflige un démenti cinglant. En Inde, la filière du recyclage échappe à tout contrôle, des déchets nucléaires se retrouvent même dans les villes. Que ce soit en Inde ou ailleurs, personne ne sait vraiment quoi faire des déchets radioactifs sauf à reporter le risque sur les générations futures qui ne profiteront même pas du nucléaire civil faute d’uranium !

Au niveau économique, le risque de contagion de la crise grecque fait paniquer les marchés financiers. Les économistes libéraux se sont accommodés pendant des décennies de l’ampleur croissante des déficits publics, négligeant le risque systémique et déjà « surpris » par le tsunami financier de 2008 causé par l’endettement des ménages américains. Le spectre d’un nouveau choc bancaire est encore accentué par la formation d’empires comme Goldman Sachs. La garantie de refinancement public donnée aux établissements « too big to fail » accroît les possibilités de défaillance du système. Le capitalisme vit à crédit, c’est un risque majeur.

Au niveau social, François Fillon confirme le calendrier du projet de loi contre le voile intégral ; le texte sera (aussi) « basé sur les motifs de sécurité ». Ainsi raisonnent les politiques, soutien du libéralisme économique : polariser l’attention du public sur les choses inessentielles, financer les dettes et permettre le pillage des ressources naturelles.

Une société minière qui dilapide le capital naturel (pétrole, uranium, etc.) est une société qui court à la catastrophe. Une société minière qui s’accompagne d’une spéculation financière effrénée accroît encore le risque de catastrophe. Une société minière spéculative qui endort les masses par de faux débat accroît le risque de totalitarisme pour gérer les catastrophes économiques et écologiques. Le principe de précaution devrait être au cœur de nos prises de décision individuelles et collectives.

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divertir pour dominer

Voici une introduction pour un livre qui montre que la télévision, la publicité, le sport et le tourisme participe de la fabrication du consentement dans un système voué à sa disparition prochaine. Télévision, publicité, sport et tourisme n’ont pas d’avenir dans une société social-écologiste.

Selon Peter Reichel, les nazis auraient été les premiers à comprendre l’importance de la culture de masse. Avec tous les moyens à leur disposition, ils ont créé un monde d’illusions qui a entraîné un peuple entier au désastre avec sa complicité active. En fait, ce résultat n’est que la continuation logique de la Révolution industrielle. C’est en Angleterre, le berceau de l’industrialisation, que sont nés le sport et le tourisme avant que les Etats-Unis ne deviennent le cœur de la culture de masse. La naissance de la production de masse au début du XXe siècle correspondait l’émergence d’une consommation de masse. En coupant les travailleurs de leur base rurale et domestique, qui constituait leur principal moyen de subsistance et leurs réseaux de sociabilité, le capitalisme industriel a obtenu leur soumission. Cette domestication des travailleurs s’est accompagnée du développement d’une culture de masse. Elle se définit comme un ensemble d’œuvres, d’objets et d’attitudes, conçus et fabriqués selon les lois de l’industrie, et imposés aux humains comme n’importe quelle autre marchandise. L’impuissance et la malléabilité des masses s’accroissent en même temps que les quantités de biens qui leur sont assignées. A partir du moment où le salariat s’étend à une majorité de la population, les dominants ne peuvent plus se contenter uniquement des rapports de force bruts. A ceux-ci, toujours nécessaire en dernier recours, s’ajouter la fabrication du consentement.

                Au cours du XXe siècle, les modes de vie se sont uniformisés et l’imaginaire de la société de consommation s’est répandu sur toute la planète. Dans un même mouvement, le capitalisme désenchante le monde, détruit toute forme d’autonomie et d’authenticité tout en favorisant les intérêts d’une minorité. La culture de masse est un élément essentiel de la reproduction de la société dominante. Le divertissement a pris de telles proportions qu’il menace les racines anthropologiques d’une civilisation. La lutte contre le divertissement n’est pas marginale ou périphérique. Lutte de classe et contestation culturelle doivent donc aller de pair.

Source : Divertir pour dominer (la culture des masse contre les peuples)

Offensive, éditions de l’échappée 2010

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burqa et polygynie, intoxication médiatique

Nous avons horreur des sondages, les sondages doivent être supprimés. Le contenu des questions est superficiel et l’opinion d’une majorité peut varier d’un jour à l’autre. Analysons le sondage du monde.fr ce jour qui nous demande notre avis : « A propos de la femme verbalisée pour conduite avec un voile intégral et de son mari soupçonné de polygamie, diriez-vous qu’il s’agit…
… d’une affaire grave de violation des lois de la République
… ou d’un fait divers monté en épingle par le gouvernement
D’abord ce questionnaire mélange deux événements distincts, celui d’une conductrice avec un voile intégral et celui de son mari soupçonné de polygamie. On peut admettre l’un et condamner l’autre ou réciproquement. Il met aussi sur le même plan un fait établi et un soupçon. Le sérieux du Monde devient déjà improbable ! Ensuite on n’offre que deux réponses possibles, totalement opposés, violence grave ou fait divers ; la nuance est impossible. Enfin une citoyenneté éclairée ne peut que stigmatiser l’indigence mentale de ce gouvernement qui, fait divers après fait divers, nous fait vivre dans l’événementiel et non dans le réalisme politique. Comme l’exprime un de nos commentateurs du précédent post, « Les gens qui alimentent la campagne anti-burqa sont des démagogues pousse-au-crime qui n’ont pas d’autre objectif que de rafler des voix aux élections en titillant les instincts les plus bas de l’électorat. » Encore plus grave, l’obsession du court terme nous fait passer à côté de l’essentiel. C’est pourquoi nous préférons de loin aux sondages les statistiques qui permettent une véritable réflexion, ainsi ces chiffres sur la durée maximum d’exploitation de certains minerais (au rythme actuel de consommation et pour des coûts supportables) :
terbium, 2012 ; argent, 2022 ; or,2025 ; étain,2028 ; plomb, 2030 ; cuivre, 2039 ; uranium, 2040 ; nickel,2048 ; pétrole, 2050 ; Gaz naturel, 2087 ; fer, 2120 ; charbon, 2158…
Source : Humanisme n° 285 de juin 2009
Bien entendu, il ne s’agit pas d’en déduire que nous avons encore pour 150 ans de charbon à un prix abordable, mais que la burqa nous semblera bientôt un faux problème. A moins que le gouvernement ne continue sur sa lancée et ne désigne des boucs émissaires à la crise écologique qui se profile, du type « pourchassons tous les individus qui ne pensent pas comme nous ».

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porter la burqa ou conduire, il faut choisir

Le gouvernement français fait fort. Il veut interdire la burqa mais il protège la liberté de rouler en bagnole. Quelle contradiction ! La France est théoriquement le pays de la liberté de faire ce que l’on veut, quand on veut, où l’on veut. Jusqu’à présent le port de la burqa est autorisé et la minijupe n’est pas interdite. C’est bien ! Jusqu’à présent les courses automobiles sont autorisées et le 4×4 n’est pas interdit. C’est mal ! La liberté n’est jamais un droit absolu, tout droit s’oppose à un autre droit, tout droit entraîne des devoirs, toute liberté doit s’accompagner du sens des limites, toute liberté d’action présuppose le sens des responsabilités. Nous nous rappelons encore cette exclamation de la journaliste Nathalie Brafman : « Même si elle dort pratiquement tout le temps au parking, la voiture, c’est la liberté. Et la liberté, ça un prix ! » Oui, la liberté a un prix et nous n’en avons plus conscience.

Il y a des arbitrages à faire entre les différentes urgences, entre la liberté et la sécurité par exemple. Mais le tout sécuritaire empiète forcément sur nos libertés. Et le libéralisme économique propose la liberté, mais pour les patrons d’entreprise et ceux qui sont solvables. Comment trancher entre des principes contradictoires ? Il nous semble qu’un principe premier pourrait nous guider : « Avoir une souveraineté sur moi-même est la clé de la liberté, éviter tout dommage à autrui en est la contre-partie nécessaire. » Porter la burqa est une liberté, d’ailleurs reconnu par le principe de laïcité ou séparation entre les affaires publiques et les idées religieuses. Porter la burqa porte-t-il atteinte à autrui ? Dans les cas déjà définis par la loi où nous avons besoin de contrôler l’identité d’une personne. Conduire une voiture porte-t-il atteinte à autrui ? Oui parce que la généralisation de la voiture individuelle n’est pas possible. Oui parce que le réchauffement climatique perturbe tous les écosystèmes et les conditions de vie qui en découlent. Oui parce que les générations futures ne pourront plus disposer du pétrole, ressource non renouvelable. Nous ne devrions pas avoir la liberté de prendre le volant.

Qu’une personne porte la burqa ne gêne qu’elle-même, dans ses mouvements et dans sa vision du monde. Qu’une génération entière veuille rouler en automobile, et cela nous précipite vers une crise écologique majeure.

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un avenir sans François Fillon

L’Homme de l’Année, ce n’est certainement pas François Fillon. Son engagement pour sauvegarder la filière automobile française (prime à la casse etc.), mais aussi sa passion affichée pour les sports mécaniques, le disqualifient durablement. Qu’il découvre la course des 24 heures du Mans sur les épaules de son grand-père n’en fait pas un bon analyste politique, mais simplement un intoxiqué des courses de vitesse. Que Fillon adolescent participe, en tant que figurant, au tournage du film « Le Mans », au côté de Steve McQueen ne devrait pas empêcher Fillon adulte et 1er Ministre de réfléchir sur la déplétion pétrolière. Il devrait savoir qu’un de ses prédécesseurs, Pierre Messmer avait décrété le 30 novembre 1973 l’interdiction du sport automobile sur le sol national. Mais Fillon n’y connaît rien en écologie, il n’espère qu’une chose, parvenir à ressusciter le Grand prix de France de F1 (« C’est un échec pour lequel je n’ai pas encore dit mon dernier mot »). Fillon voit derrière « ce débat qui fait rage autour de l’automobile deux conceptions de l’avenir qui s’affrontent : ceux qui sont favorables à une forme de décroissance, de retour en arrière et puis il y a ceux qui misent tout sur le progrès de la science, sur le progrès de la technologie qui nous permettra de relever les défis qui sont devant nous ».

Non monsieur Fillon, le « retour en arrière », c’est votre croyance qu’un mode de vie qui dilapide le capital naturel peut perdurer encore longtemps. Non monsieur Fillon, l’automobile n’est pas victime d’un « acharnement » au nom de la défense de l’environnement, mais une innovation technique obsolète dès que le prix du baril dépassera 200 euros. Non monsieur Fillon, il n’y a pas ceux qui, « au prétexte des dangers réels qui menacent l’individu nient sa liberté », il y a ceux pour qui la liberté, c’est la liberté de moins polluer, c’est la liberté de ne pas être coincé dans les bouchons. Non monsieur Fillon, l’automobile ce n’est pas «  le plaisir et la liberté », mais l’aliénation des individus et la dépendance envers le Moyen Orient.

Monsieur Fillon, l’automobile individuelle n’est pas la solution, elle est le problème. Monsieur Fillon, vous n’avez pas la capacité d’être président d’un pays qui connaîtra bientôt une profonde crise écologique.

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