démographie

Mourir de faim ou de soif, le résultat est le même

Et si tous les problèmes de l’Inde se ramenaient à la question démographique ? La surpopulation indienne est une menace. Ariane Mnouchkine écrivait : « Je suis arrivée à Calcutta le 24 décembre 1963. J’ai été tellement horrifié par la misère qui y régnait que je me suis littéralement enfuie au Népal. Après avoir marché dans l’Himalaya, je suis redescendue vers l’Inde et j’ai parcouru plus calmement les villages plutôt que les villes. Il y avait déjà plus de 400 millions d’habitants. Aujourd’hui il y en a plus d’un milliard deux cent millions. La grande différence, c’est cela au fond. Et c’est ce qui fait que, malgré les progrès immenses de l’Inde, le chaos et la misère restent insupportable sur ce continent où se mêlent la splendeur et l’horreur. »*

Si la demande continue au même rythme, alors la moitié de la demande en eau ne sera pas satisfaite d’ici à 2030. L’origine de cette crise est parfaitement identifiée : l’épuisement des nappes phréatiques où l’Inde puise 80 % de sa consommation d’eau. Semaine après semaine s’ajoutent des « zones noires » où l’extraction est interdite par l’administration. La rareté de cette ressource fondamentale est à l’origine d’un nombre croissant de conflits : émeutes meurtrières à Delhi en 2016, tension diplomatique avec les voisins chinois ou pakistanais, marche de dizaines de milliers d’agriculteurs sur Bombay en mars. Les tensions entre agriculteurs et industriels, entre populations rurales et urbaines, entre basses castes et propriétaires terriens sont exacerbées. Mais l’article du MONDE* ne consacre aucune ligne à la démographie indienne. Le principal coupable, c’est l’agriculture et la révolution verte, point final. Sauf qu’on constate que « l’accès à l’eau est progressivement devenu une source de pouvoir et d’enrichissement ». En situation de pénurie ce sont les mieux placés qui peuvent exploiter leur prochain. Le prix Nobel d’économie 1998 Amartya Sen est un indien. Il a constaté étant jeune que les riches ne meurent pas de faim ! Dans un discours du 15 juin 1999, il affirmait : « Il est tout à fait remarquable, quand on étudie les famines dans l’histoire, de voir que celles-ci ne surviennent pas dans les démocraties. En effet, il n’y a jamais eu de grande famine dans un pays démocratique, quel que soit son degré de pauvreté. C’est dû au fait que les famines sont, en réalité, faciles à prévenir, pour peu que le gouvernement s’y emploie ». Ce point de vue est obsolète, il ne tient pas compte des dégradations écologiques de toutes sortes des sols cultivables et de l’épuisement des nappes phréatiques, en Inde et ailleurs. Mourir de soif ou de faim, quelle importance quand l’issue est la même.

Il n’y a pas que le problème de l’agriculture nourricière. Dans les villes indiennes, qui accueilleront 500 millions d’habitants d’ici à 2050, la distribution d’eau au robinet n’est assurée que quelques heures par jour. Les camions-citernes font désormais partie du paysage urbain indien. Chaque jour, ils transportent des millions de litres d’eau des campagnes vers les quartiers asséchés des villes. Parfois, la distribution tourne à l’émeute.*** Mais ce n’est que là l’aspect matérialiste du surpeuplement. Lisez Claude Lévi-Strauss en 1955 qui préfigure notre futur : « A Calcutta, la vie quotidienne paraît être une répudiation permanente de la notion de relations humaines. La mendicité générale trouble, on n’ose plus croiser un regard franchement, par pure satisfaction de prendre contact avec un autre homme, car le moindre arrêt sera interprété comme une prise donnée à l’imploration de quelqu’un. On est contraint par le partenaire à lui dénier l’humanité qu’on voudrait tant lui reconnaître. Une seule hantise, la faim, qui a chassé les foules des campagnes, faisant en quelques années passer Calcutta de 2 à 5 millions d’habitants (ndlr, 100 000 habitants en 1735, près de 15 millions aujourd’hui). Les grandes villes de l’Inde sont une lèpre, l’agglomération d’individus dont la raison d’être est de s’agglomérer par millions, quelles que puissent être les conditions de vie : ordure, désordre, ruines, boue, immondices, urine. Ils forment le milieu naturel dont la ville a besoin pour prospérer. Dans de telles conditions, il n’est pas surprenant que des relations humaines incommensurables à celles dont nous nous complaisons à imaginer (trop souvent de façon illusoire) qu’elles définissent la civilisation occidentale, nous apparaissent alternativement inhumaines et subhumaines. L’écart entre l’excès de luxe et l’excès de misère fait éclater la dimension humaine ; les humbles vous font « chose » en se voulant « chose » et réciproquement. Ceux qui n’ont rien survivent en espérant tout et ceux qui exigent tout n’offrent rien. Ce grand échec de l’Inde apporte un enseignement : en devenant trop nombreuse et malgré le génie de ses penseurs, une société ne se perpétue qu’en sécrétant la servitude. Lorsque les hommes commencent à se sentir à l’étroit dans leurs espaces géographiques, une solution simple risque de les séduire, celle qui consiste à refuser la qualité humaine à une partie de l’espèce. Ce qui m’effraie en Asie, c’est l’image de notre futur, par elle anticipée. » (Tristes tropiques – édition Plon, 1955)

* LE MONDE du 23 février 2018

** LE MONDE du 8 mai 2018, L’Inde menacée par l’épuisement de ses nappes phréatiques

*** LE MONDE du 8 mai 2018, Les habitants des villes indiennes souffrent d’un piètre approvisionnement en eau

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Comment éviter l’enfer où règne Alzheimer ?

« C’est une version infernale de la caverne de Platon. Ici, la réalité ne pénètre plus, ni même son reflet. L’odeur est un mélange d’urine, de gaz et de déodorant chimique. A l’entrée, derrière la porte à verrouillage numérique, une allégorie de la souffrance, tête renversée, yeux exorbités, bouche ouverte, lance ses membres squelettiques aux quatre points cardinaux d’une terre désaxée, tel un personnage de Jérôme Bosch. Cette créature est une femme. D’autres humains en fauteuil roulant attendent, immobiles. Les mâchoires se décrochent, les sucs s’écoulent, des regards tournés vers l’intérieur contemplent le vide. Cette armée de semi-fantômes au bord de l’Achéron semble oubliée de tous et du passeur Charon lui-même. Ça siffle, ça ronfle, ça geint dans tous les coins. Bienvenue dans l’unité Alzheimer fermée d’une maison de retraite de la région parisienne. Jérôme et moi en ressortons le cœur au bord des lèvres. Nous ne pouvons pas parler pendant plusieurs minutes. Nos parents là-dedans ! » C’est là un extrait de « La tête qui tourne et la parole qui s’en va », dans lequel Béatrice Gurrey raconte le bouleversement qu’a été la découverte d’Alzheimer chez ses parents.* Nous avons déjà traité en 2009 cette problématique dans « Quel est le prénom d’Alzheimer ? ». En voici notre conclusion à laquelle nous ne changerions pas un mot :

Plus on est « intelligent » et actif intellectuellement et plus on a de chances de découvrir son mal dès qu’il apparaît. Bruno Bettelheim, la grande référence en pédo-psychiatrie des années 60-70, s’étant aperçu qu’il était atteint d’Alzheimer, préféra se donner la mort. Soit donc on décide, grâce à son sens de sa responsabilité sociale, de mettre un terme à une vie qui, de toute façon perdra de jour en jour sa richesse d’humanité. Soit, quand le patient n’est plus responsable de lui-même, la collectivité qui prend en charge a le droit de se poser démocratiquement la question sur la durée de cette prise en charge… Voici en complément d’analyse quelques commentaires du texte de Béatrice sur lemonde.fr.

Phil : Quand les cathos n’auront plus l’influence néfaste qu’ils ont encore sur la vie politique française, on pourra ENFIN légaliser le suicide assisté. Et ces pauvres gens pourront mourir en paix plutôt qu’à petit feu dans des conditions horribles dans ces maisons de retraite. Et quel soulagement pour les proches. Ouais je sais, je vais en faire hurler. Allez-y hurler !… Mais mince si j’ai cette maladie horrible un jour, j’espère que quelqu’un pensera à cette solution.

Claude Gauthey @Phil : c’est pas un médecin qu’il vous faut mais un assassin professionnel, donc désolé de ne rien pouvoir faire pour vous. Vérifiez cependant en Suisse ou en Belgique ça doit pouvoir se faire, c’est pas remboursé par la sécurité sociale…

Phil @ Claude Gauthey : Vous êtes catho je suppose ? Adepte du dolorisme et autre fadaise ! Vous êtes peut-être maso aussi mais pas moi. Non ce n’est pas un assassinat que d’aider quelqu’un qui le souhaite à mourir. D’ailleurs la vie des autres ne vous regarde pas. Par contre, le forcer à vivre dans des conditions pareilles, cela s’appelle de la torture et de la barbarie. Quand on est trop malade, on devrait pouvoir avoir le droit d’en finir. Et ne pas avoir à aller en Belgique ou en Suisse.

SERGE BOVET : Je me souviens d’un film japonais, où l’on menait les vieux mourir au sommet de la montagne. De Imamoura, peut-être… Cette maladie m’angoisse, et j’aimerais que cette société nous laisse la prendre décision de descendre en marche. Un protocole libératoire en quelque sorte.

Claire SAUVAGE : Au milieu de ce texte sobre qui parle de notre vieillesse collective j’ai retenu un chiffre… 9000 euros par mois pour une » chambre double dans une maison de retraite… 9000… comment peut-on avoir marchandisé à ce point nos maisons de retraites pour en faire un commerce lucratif ?

Catherine R. @ Claire Sauvage : Oui malheureusement dans les EHPAD privés à Paris et IDF, c’est le tarif pour 2 personnes en GIR 6, au maximum de l’échelle des degrés de dépendance. Dans le public, c’est un tout petit peu moins élevé mais le délai pour espérer deux places d’un coup, c’est très long et très aléatoire. Néanmoins, il faut quand même dire que les personnes âgées sans ressources et sans famille (sans descendants en ligne directe précisément), sont prises en charge dans les EHPAD publics, payés par l’Aide Sociale.

Jacques : Oui, pour mes parents dans le sud des Landes, c’était 6500€. Il y a 6 ans. Auparavant, pour soulager ma mère, nous avions embauché par l’intermédiaire d’une association gériatrique, 4 aides à domicile qui se relayaient chaque soir de 18h au lendemain 8h dont le travail consistait à une veille et à l’aide au lever et au coucher : 4200€/mois. Décision prise après 2 nuits qui m’ont mis sur les genoux. Les familles qui n’ont pas les moyens (95%) vivent certainement un calvaire. Respect et compassion.

* LE MONDE du 26 avril 2018, Alzheimer, une épreuve familiale

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L’humanité menacée d’explosion… démographique

La population mondiale a passé le cap des 7,5 milliards d’habitants en 2017, alors qu’elle était de 6 milliards en l’an 2000 et seulement de 2,5 milliards en 1950. Elle devrait atteindre 10 milliards d’habitants entre 2050 et 2060, et dépasser 11 milliards à la fin du siècle ! D’ores et déjà, cette explosion démographique a eu sur l’environnement des effets désastreux, qu’il s’agisse du réchauffement climatique, de la déforestation, de l’érosion des terres arables ou de l’effondrement dramatique de la biodiversité. Au cours des cinquante dernières années, tandis que la population humaine doublait, celles des différentes espèces animales vertébrées, terrestres et marines, diminuaient de 40 à 50 %, celles des mêmes espèces vivant en eau douce de plus de 70 %. Depuis un demi-siècle, l’homme est devenu la cause majeure de l’extinction des espèces animales. Si la Terre elle-même n’est pas menacée en tant que planète, à moins de deux générations de nous, les conditions physiques qui ont rendu possibles le développement de l’humanité et l’essor des civilisations risquent de disparaître.

La première des urgences est de faire baisser la natalité dans les pays où elle reste la plus forte et, pour cela, de développer massivement les programmes de soutien à la contraception, de type planning familial, ciblés sur la formation culturelle et sanitaire des jeunes filles, qui sont souvent dans ces pays écartées du système éducatif. Cet effort prioritaire en direction du Sud ne nous dispense pas, dans les pays riches, de nous interroger sur l’opportunité des politiques natalistes appliquées au lendemain de la guerre et toujours en vigueur. Sans que soit remise en cause la liberté de procréation, on peut se demander s’il est encore justifié qu’au-delà de trois, voire de deux enfants, l’Etat encourage financièrement les familles à s’agrandir.

Certains font observer, en réponse, que le problème des pays riches réside moins dans la taille de leur population que dans leur niveau et leur type de consommation. Pour réduire de manière significative l’empreinte globale de notre pays, il faut agir sur les deux leviers : la consommation ET la démographie. Nous ne sommes plus à l’époque où la puissance d’une nation se mesurait au nombre des soldats qu’elle pouvait rassembler sur un champ de bataille. Nous ne devons pas non plus espérer résoudre le problème du financement des retraites par l’arrivée sur le marché du travail d’un grand nombre de jeunes précarisés : c’est une politique de fuite en avant, porteuse de fractures sociales et générationnelles. Il faut désormais réfléchir en termes de capacité de charge, ce que les écologues anglophones appellent carrying capacity et qui correspond à la taille maximale de population qu’un territoire donné peut supporter sans destruction de ses écosystèmes. Cette taille est aujourd’hui largement atteinte pour la France

Cette tribune est cosignée par : Démographie Responsable ; Ecologie sans frontière ; Convention Vie et Nature ; Décroissance-MOC ; Sea Shepherd (France) ; Décroissance Ile-de-France

source : https://www.causeur.fr/author/demogra

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Le droit d’asile devient le droit de dire n’importe quoi

En guise d’argumentation pro-migration et anti-Macron, le professeur Jean-François Bayart* nous assène une litanie de mots injurieux : « A peine sortis de l’état d’exception, nous nous installons dans l’état d’abjection. L’état d’abjection nous conduira à l’Etat d’abjection, par acceptation générale de l’inhumanité sur laquelle il repose. En Libye, au Soudan, en Erythrée, nous sommes prêts à signer des accords infâmes avec des régimes infâmes. Nous acceptons la résurgence de l’esclavage sur les rives de la Méditerranée et rendons à leurs maîtres les fugitifs. Calais est devenu le visage hideux de la République. Cette politique est dangereuse en même temps qu’elle est abjecte… Le fonctionnaire doit faire valoir son devoir de désobéissance à des ordres anticonstitutionnels de nature à compromettre un intérêt public, et le citoyen son droit à la désobéissance civile. » Voici quelques commentaires sur le monde.fr :

Nardo : C’est de l’insubordination. Un appel à la désobéissance civile. Il faut mettre hors d’état de nuire ce dangereux anarchiste qui va bien au delà de la liberté d’expression. En plus il intervient de Genève… il ne manque vraiment pas d’air.

citoyen atterré : Et vive l’Etat de droit que M. Bayart piétine en bon démocrate !

JosieLaRelou : Un état d’abjection qui fait encore rêver bien du monde cherchant par tous les moyens à venir chez nous…

Sébastien : Tribune clivante et dangereuse. L’auteur pense que l’accueil de tous les migrants relève de la normalité. Or nous sommes nombreux à situer notre normalité dans la défense de notre territoire et de notre civilisation. L’auteur est arrogant et donc égoïste : il ne comprend pas qu’il peut aider cette population étrangement chère à son cœur en les assistant sur leur territoire, sans ennuyer les Européens ne demandant qu’à vivre leur culture sans culpabilisation d’être ce qu’ils sont.

CLAUDIE LESSELIER : Bien que engagée très activement pour les droits des personnes migrantes et exilées, je n’aime pas trop ce genre d’appel qui valorise surtout la belle âme de son auteur. Les causes de ces exils qui viennent des Etats faillis et corrompus, des sociétés injustes et des violences sociales sont ici occultés, comme souvent dans ce genre de propos…

CHRISTIAN WATERKEYN : Je n’ai pas compris ce qu’il propose! N’y aurait-il pas de problème ? Alors quelle solution? Cette tribune est simplement borgne…

Quelles solutions ? Cette prise de position assez radicale est peut-être justifiée, mais quelles solutions proposez-vous, M. Bayart ? On comprend entre les lignes qu’il faudrait augmenter l’immigration légale, mais selon quels critères, dans quelles proportions et avec quels moyens pour s’assurer que les immigrés vivent dignement chez nous ?

Marcel : notre « intellectuel » oublie tout simplement l’essentiel, la cause de tout ça, à savoir la démographie africaine incontrôlée : en 1950 200 millions d’Africains, 1 milliard en 2010, il est prévu 2 milliards en 2050 et 4 milliards en 2100. Il faut réaliser que nous n’en sommes qu’au tout début de la vague migratoire.

vivement demain : Entrer dans un pays illégalement, et vouloir y rester, c’est aussi une atteinte aux droits des habitants et citoyens déjà présents… Car travail, aides sociales, logement sont des ressources rares et les clandestins viennent peser sur l’économie. C’est une colonisation, et on m’a appris à l’école (de gauche…) que les colonisations, c’était très mal…

mdut : Cela faisait longtemps qu’un être supérieur, professeur à l’IHEID, ne nous avait pas gratifié de sa sagesse et sa haute élévation d’esprit. Je vais être heureux toute la journée grâce à cela…

* LE MONDE du 20 avril 2018, Migrants : Sortons de « l’Etat d’abjection ! »

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Ne pas confondre hospitalité et accueil des migrants

« L’hospitalité face aux migrants n’est pas affaire de morale ni de philanthropie, c’est une évidence et une urgence… La célébration des 70 ans de la Déclaration universelle des droits de l’homme, en décembre 2018, pourrait offrir l’occasion de consacrer l’hospitalité comme principe juridique régulateur des mobilités humaines.* »

Avec un tel point de vue de juriste, Mireille Delmas-Marty appartient au camp des bisounours. Elle commence par s’appuyer sur une contre-vérité kantienne : « Originairement un être humain n’a pas plus de droit que l’autre à une contrée ». Du temps des chasseurs-cueilleurs, chacun protégeait son territoire contre d’autres arrivants car on préservait ainsi ses ressources. Ce principe d’adéquation entre une population humaine est un territoire particulier reste toujours valable à l’heure de la démondialisation. L’énergie fossile abondante a amplifié les flux de marchandises et de personnes, sa raréfaction entraînera relocalisations et protectionnisme généralisé. Puis Mireille ne peut que constater l’explosion démographique, « la population mondiale progresse d’environ un milliard tous les quinze ans ». Elle en tire pourtant la conclusion contre-intuitive qu’il faut accepter en Europe les flux migratoires, il suffit de « simplifier un régime juridique devenu incompréhensible (neuf catégories et quelques sous-catégories de mesures d’éloignement, quatre types de titre de séjour…) ». Cette juriste appartient au pays des doux rêveurs, « l’urgent enfin, est de mettre en place une gouvernance mondiale robuste ». Comme si elle ignorait que l’idée d’une Organisation mondiale de l’environnement, proposée depuis des années par des personnes aussi haut placées que le président Chirac, n’avait pas abouti à un résultat concret. Comme si elle ignorait que les négociations internationales sur le climat n’ont jamais abouti à un résultat concret depuis 25 ans. Comme si cette juriste ignorait que ce qui règne aujourd’hui, c’est la protection des intérêts nationaux qui rend impossible tout accord global sur la régulation des migrations. Ses propositions virent même à l’absurde : « Pourquoi ne pas étendre la responsabilité sociale des entreprises à la régulation des migrations ? »

Soyons clair, « le principe d’hospitalité » pour accueillir des voyageurs isolés est un acte universellement pratiqué, même et surtout par des milieux modestes. Mais cette hospitalité est toujours temporaire et limitée à un très petit nombre de personnes. Il n’en est pas de même pour un processus d’installation permanente d’un grand nombre de migrants comme cela se pose en Europe aujourd’hui. Les déplacements massifs de population ne sont pas une constante historique et on peut même constater la fin des migrations sur une planète close et saturée d’humains comme l’écrit Michel Sourrouille dans un livre collectif**. Quand Michel Rocard disait que « La France ne peut accueillir toute la misère du monde, mais elle doit en prendre sa juste part », encore faut-il savoir ce que signifie la « juste » part. La répartition de quotas acceptables, c’est d’ailleurs ce qu’essaye de déterminer les instance européennes et l’exercice relève de la haute voltige. Mireille Delmas-Marty dit aussi qu’une marée humaine pourrait nous submerger et que cette accélération démographique vertigineuse s’accompagne d’une urbanisation galopante. Elle constate, elle n’en a tiré aucun conclusion. C’est une humaniste qui raisonne hors-sol.

La solution aux migrations n’est pas normalement du ressort des pays d’accueil, mais des pays d’émigration. Aux habitants de ces pays de résoudre leurs problèmes internes de surpopulation et de conflits internes. Ce n’est pas d’une gouvernance mondiale des mouvements migratoires dont nous avons besoin, mais d’une gouvernance mondiale efficace pour éviter les guerres, promouvoir le planning familial et l’égalité hommes/femmes, lutter contre la corruption des élites et les inégalités de richesse, etc.

* LE MONDE idées du 13 avril 2018, Migrants : « Faire de l’hospitalité un principe »

** Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie)

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Marie-Pierre Hage, adepte du malthusianisme

Stabiliser notre population équivaudrait a préserver les dernieres parcelles de liberté et d’espaces sauvages. C’est un acte d’écologie pure. Un accroissement de la natalité, et les especes sauvages, faune comme flore, reculeront, c’est mathématique. Il est temps que nos tetes dirigeantes le disent publiquement. Il n’est plus question de débattre du sujet de la population humaine en se faisant accuser de faire de l’autoritarisme ou du malthusianisme car il s’agit de survie pour l’ensemble des especes. Les gouvernements ne doivent plus encourager la démographie, c’est criminel. Pourtant certaines associations comme Greenpeace ne veulent pas soulever le probleme de la surnatalité. Au sommet de Copenhague sur le climat en 2009, le sujet de la surnatalité était absent. La décroissance démographique est encore un sujet tabou, et pourtant une diminution de la population se traduirait par une diminution de CO2, et cela a moindre cout.
Si apres les années de guerre, les différents gouvernements ont incité les femmes a enfanter, c’était légitime. Mais depuis les années 1980 et la montée du chomage, il aurait fallu faire le contraire : encourager les familles avec un ou deux enfants en augmentant les prestations, et regresser pour les suivants, quitte a ne plus rien accorder au-dela du troisieme. Il y a quelques annés en France, la politique a voulu changer le bareme des allocations famililiales, y mettant des conditions de ressources. C’était enfin une bonne décision, car les foyers de bon standing n’ont pas a recevoir de telles prestations, ils ont les moyens d’éduquer leurs enfants. Il faudra attendre que Francois Hollande soit président pour voir légeremt changer la donne en juillet 2015. Le controle démographique dans toutes les nations est une nécessité non seulement économique, mais aussi éthique, par respect des autres especes vivantes sur Terre. On parle de changement climatique, de montée des eaux, de réfugiés climatiques, mais jamais on ne parle de dénatalité ! C’est pourtant l’essentiel, la premiere regle a adopter. On ne peut parler d’écologie sans etre pour une diminution démographique. Il n’y a pas de vie humaine a zéro effet. L’augmentation démographique, la consommation effrénée et toujours plus de pétrole, vont aller dans le sens d’un péril alimentaire. Si le développement démographique comme économique n’est pas remis en cause, nous aurons beau colmater ici ou la une breche, cent autres s’ouvriront ailleurs. Il est temps de donner du crédit au malthusianisme.
Chaque jour, 15 000 a 20 000 enfants dans le monde meurent de malnutrition. Nous devons instaurer un planning famililial partout dans le monde pour une décroissance démographique urgente. Les animaux sauvages nous montrent bien souvent la voie de la sagesse, en se reproduisant peu lorsque les conditions ne sont pas favorables pour leur progéniture. Prenons le cas d’une famille renarde. Elle mettra bas 4 a 6 renardeaux que si son biotope le permet, mais si la nourriture venait a manquer, il y aura une baisse significative du nombre de ses petits dans une portée. Si nous voulons instaurer une société de modération, il faudra passer par une décroissance démographique.
Marie-Pierre Hage (Avant qu’il ne soit trop tard) aux éditions Libre et solidaire

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Pierre Jouventin explique la démographie humaine

Pendant 95 % de l’existence des hominidés, nous avons vécu en équilibre avec notre milieu. Ce mode de vie, très difficile quand on le compare à l’actuel, aurait pu durer indéfiniment, comme celui d’un loup qui n’épuise jamais son environnement puisque sa natalité est régulée par l’abondance (ou non) de la ressource. Dans les conditions de vie contraignantes et dangereuses des chasseurs-cueilleurs, la mortalité était très forte. Comme il n’était pas possible pour une femme de s’occuper en même temps de plusieurs enfants en bas âge, cela limitait les naissances… jusqu’à la sédentarisation de notre espèce. Nous sommes alors passés d’une stratégie de type K (mortalité infantile forte et longévité relativement importante) au boom actuel des naissances. Grâce aux céréales et au lait qui permettent de sevrer les enfants beaucoup plus tôt, la vie paysanne a permis d’élever jusqu’à un jeune tous les ans. En outre la mortalité en bas âge a considérablement baissé du fait du développement de l’hygiène. D’où une démographie accélérée de type r (propre aux petits mammifères de faible longévité et de reproduction rapide) associée à une durée de vie augmentée, c’est-à-dire un cocktail démographique explosif. A partir de l’invention de l’agriculture, nous devenons la seule espèce sur Terre a échapper provisoirement à la régulation des naissances par la limitation des ressources naturelles comme l’avait compris Malthus : « La possibilité d’accroissement d’une population humaine est infiniment plus grande que celle de la Terre pour produire sa nourriture. » Comme un nouveau riche, l’homme depuis le Néolitihique s’est mis a dépenser le capital au lieu de se contenter des intérêts du placement, comme le faisaient les animaux et les ancêtres humains. La révolution agricole a constitué un piège. On en voit pas comment ce système d’exploitation des ressources pourrait se perpétuer avec l’accélération démographique : 1 habitant pour 3300 hectares au paléolithique, 1 pour 1000 ha au Mésolithique, 1 pour 100 ha au Néolithique, 1 pour 10 ha à l’age de fer et 1 pour 2 ha à l’époque actuelle !

Notre démographie est devenue explosive, mais aucune terre vierge ne restant plus à explorer et à exploiter, nous sommes confrontés à nos limites de colonisateur. Le moteur de la prospérité ne pouvait fonctionner que dans un monde vierge à coloniser par quelques milliers d’hommes à natalité faible. Nous nous sommes engagés dans une voie sans issue où la surpopulation associée à l’épuisement des ressources naturelles conduit inéluctablement à des crises violentes. Nous assistons en conséquence à une montée d’intolérance dans un monde en perte de repère où des fanatiques religieux incultes veulent nous ramener au Moyen Age. Les migrations de populations commencent à déstabiliser les régions les plus industrieuses qui, après avoir accueilli avec générosité les premiers migrants, vont devoir un jour ou l’autre fermer leurs frontières et contrôler plus fermement leurs populations, à l’encontre de l’idéologie humanitaire et progressiste qui nous animait depuis les Lumière, et même avant, du fait de nos racines chrétiennes. L’ONY prévoit 250 millions de réfugiés climatiques en 2050. Plus de la moitié de la population mondiale a moins de 28 ans et une partie se trouve déjà en âge de se reproduire. Comment obtenir une nécessaire limitation des naissances dans un régime démocratique ? C’est aussi difficile que d’obtenir la décroissance et la pauvreté volontaires. Les gens responsables et lucides sont de plus en plus pessimistes sur l’avenir de cet être rationnel que l’on disait parfait. Certains en viennent à refuser de mettre au monde des enfants avec un destin aussi sombre en perspective. Est-il juste que les gens les plus responsables n’élèvent pas d’enfants et que les irresponsables procréent sans retenue pour recevoir des allocations familiales ? Ce nom d’Homo sapiens que nous nous sommes données est révélateur par sa grandiloquence et sa candeur de notre destin exceptionnel et tragique : nous ne sommes pas « celui qui sait », mais celui qui aurait dû savoir !

Si nous étions véritablement raisonnables et savants, nous aurions évité de polluer un monde si accueillant, de tuer ou d’asservir les autres êtres vivants. Les ressources naturelles se raréfient quand la population mondiale s’accroît et consomme de plus en plus. En 1850, les êtres humains et leur bétail représentaient environ 5 % de la biomasse animale terrestre ; elle est actuellement évaluée à 30 % et continue à croître : plusieurs auteurs considèrent l’espèce humaine comme un cancer qui ronge la Terre. Ce constat est d’autant plus accablant que la solution qui s’éloigne était entre nos mains : il suffisait de réguler nos populations et d’éviter de saccager la nature.

Pierre Jouventin dans son livre « L’homme, cet animal raté (Histoire naturelle de notre espèce) »

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Sommes-nous trop nombreux ? Bien sûr que oui !

Archives*. Aujourd’hui 10 janvier 2009, l’enquête du Monde2 croit « démonter » et « battre en brèche » l’argumentaire malthusien par cette idée fixe : « Halte à l’alarmisme », le journaliste Frédéric Joignot conclut : « Les politiques sont en cause. Pas le nombre d’habitants ». En fait, il s’agit d’une erreur  conceptuelle car évolution de la population et des ressources alimentaires sont indissociables. Nous sommes en présence d’une causalité circulaire, les ressources à la disposition d’une société humaine s’accroissent, ce qui permet d’augmenter le nombre de participants, qui fait pression pour une nouvelle augmentation des ressources, ce qui accroît les possibilités d’une croissance démographique… Qui a commencé ? Difficile à dire tant la relation de cause à effet est complexe. Les historiens ont montré que la révolution néolithique, grâce à la sédentarisation, l’invention de l’agriculture et une plus forte structuration sociale a entraîné une amélioration de l’alimentation, d’où un premier boom démographique… Depuis quelques décennies, les pays émergents ont bénéficié des progrès de l’hygiène et de la médecine tout autant que d’un accès à un système alimentaire mondial plus performant, d’où un taux global d’augmentation de la population mondiale qui a pratiquement atteint 2 %, soit un doublement en 35 ans seulement. Même si le taux d’accroissement naturel se ralentit globalement, il restera positif en 2050. Et certains pays connaissent encore des taux d’accroissement de 3 % et plus. Comment ne pas s’inquiéter, la capacité de charge de notre planète est-elle extensible ? Quelles politiques pourront faire face à ce surcroît de population ?

Frédéric Joignot écrit : « Aurons-nous assez de ressources pour nous nourrir ? Oui et oui. » Examinons les choses de plus près. Malthus a été temporairement remis en cause car la loi des rendements décroissants en agriculture a été contournée depuis deux siècles par les engrais artificiels,  la sélection des semences, la monoculture et autres ingéniosités techniques. Nous sommes à la fin de ce cycle, les rendements à l’hectare nécessitent de plus en plus d’énergie préalable apportée, principalement issue des ressources fossiles. Or nous sommes à l’aube du pic pétrolier et des effets de la perturbation climatique. La recette miracle qui permettait de conjuguer productivité maximale, protection de l’environnement et économies de carburant n’existe plus. L’appauvrissement en matière organique, relevé par la Commission européenne sur 45 % des sols de l’Union, est un facteur explicatif prépondérant de la baisse des rendements (LeMonde du 28 juin 2008). Au niveau mondial, la moitié des sols cultivables est dégradée, c’est-à-dire qu’il a perdu une partie de ses fonctions, comme celle de nourrir les plantes, celle de filtrer les eaux ou encore celle d’abriter une importante biodiversité (Synthèse d’un article de l’Atlas de l’environnement, hors-série Monde diplomatique). Selon Marc Bied-Charreton (président du comité scientifique français contre la désertification), « on dirait que personne ne se rend compte de la gravité de la menace : le processus de désertification fait souffrir aujourd’hui 500 à 600 millions de personnes. Demain ils seront deux à trois milliards » (Le Monde, 13 janvier 2008).

Il nous reste donc à appliquer principalement la méthode malthusienne, c’est-à-dire la limitation des naissances. Il est d’ailleurs paradoxal que Frédéric Joignot utilise pour son argumentaire sur la baisse de fécondité l’exemple de pays qui ont pratiqué fortement les méthodes malthusiennes, l’Iran et la Chine. Inutile de s’étendre sur la politique de l’enfant unique en Chine. Admirons l’évolution iranienne. Quand l’ayatollah Khomeyni est arrivé au pouvoir après la révolution islamique de 1979, les programmes de planification familiale mis en place par le Shah ont été démantelés. En conséquence, le taux de croissance annuel de la population a atteint plus de 4 %, soit un doublement tous les 17 années seulement. Mais à la fin des années 1980, le coût social et environnemental d’une telle croissance est devenu perceptible et le discours religieux a changé : la diminution du nombre d’enfants devenait une responsabilité sociale et 80 % des dépenses de planification familiale furent pris en charge par le budget de l’Etat. Environ 15 000 « maisons de santé » furent ouvertes pour permettre à la population rurale d’avoir accès aux services de régulation des naissances.

Il est donc irresponsable de déconsidérer un des termes de l’équation démographie/ressources, les deux sont intrinsèquement liés. La politique ne peut ignorer ni l’épuisement des terres, ni la pyramide des âges d’une population mondiale jeune, avec un potentiel reproductif important. Or il y a une grande inertie de la démographie dans le temps, ce qui a explosé hier ne fera ses effets que demain, quand il faudra procurer emplois et nourritures pour les jeunes arrivants.

* http://abonnes.lemonde.fr/opinions/chronique/2009/01/11/inquietude-demographique_1140372_3232.html

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Supprimer le quotient familial, une très bonne idée !

La proposition d’un député LRM, Guillaume Chiche, de supprimer le quotient familial avec en contrepartie le versement d’allocations à toutes les familles dès le premier enfant, a provoqué un tollé dans les rangs de l’opposition le 20 mars 2018*. L’idée, qui n’est pas nouvelle, figure dans un projet de rapport d’une mission d’information parlementaire sur la politique familiale, commandé par le gouvernement. La somme totale dédiée aux familles resterait inchangée, les 12 milliards d’euros consacrés au quotient familial s’additionnant aux 12 milliards actuels des allocations familiales pour le versement de la nouvelle aide. Les natalistes montent au créneau. Le chef de file des députés de droite, Christian Jacob : « La politique familiale a été mise à mal sous le précédent quinquennat, ça s’est traduit par une baisse de la natalité ». Une fin du quotient serait le « dernier acte de la politique d’abandon des familles », a tweeté la présidente du Front national, Marine Le Pen. Les députés communistes restent favorables au quotient qui serait « un des critères d’équité sociale ». Le candidat Emmanuel Macron s’était prononcé pour une augmentation du quotient familial car « raboter à la fois les allocations et le quotient a été un problème ».

Le débat n’est pas nouveau. François Hollande avait souhaité en 2012 remplacer le quotient familial – qui offre un avantage fiscal croissant en fonction du nombre d’enfants et du niveau de revenu – par un crédit d’impôt. Pourquoi un enfant de cadres imposés à 30 ou 40 % devrait-il faire économiser plus qu’un enfant de smicard dans les basses tranches de l’Impôt sur le Revenu ? « Abroger le quotient familial aurait des conséquences absolument dramatiques pour la politique familiale de la France », avait risqué Sarkozy. Christian Jacob, alors président du groupe UMP à l’Assemblée nationale, défendait déjà un système « qui a permis à la France d’avoir le meilleur taux de natalité en Europe ». C’est faire preuve d’une méconnaissance totale des réalités biophysiques. L’empreinte écologique des français est telle que nous ne pouvons pas généraliser notre mode de vie et multiplier nos enfants. Que nos citoyens comprennent enfin que n’avons pas trois ou quatre planètes à notre disposition ! Il faut donc construire à la fois une décroissance économique par la limitation de nos besoins et une décroissance démographique. Une politique familiale idéale en démocratie serait… une absence totale de politique familiale. Neutralité absolue de l’État par rapport aux choix de vie des citoyens. Ce qui n’empêcherait pas que l’État se donne pour objectif de garantir un niveau de vie décent à tous les enfants. Mais ça, ça s’appelle « politique de lutte contre la pauvreté », pas « politique familiale ». On peut même aller plus loin.

Dans l’éducation nationale, il serait mis en place une éducation à être ou non futurs parents. L’éducation sexuelle ne serait pas limitée à la présentation des moyens de contraception, mais à la responsabilité des couples par rapport aux limites de la planète. Face à une crise systémique, écologique et financière, il nous faut une éducation  systémique. Un permis de procréer serait une bonne chose dans une société où on demande déjà des diplômes pour tout et n’importe quoi. Est-il un secteur de la vie humaine où il importe davantage d’avoir affaire à des personnes irréprochables que dans celui de la mise au monde d’un bébé supplémentaire ? Il ne semble pas acceptable que des individus deviennent parents sans posséder un bagage approchant celui d’un bon connaisseur de la psychologie infantile. Notons qu’il existe déjà pour les candidats à l’adoption une très officielle « Procédure d’Agrément ». Le législateur exige en France de « s’assurer que ceux et celles qui désirent adopter offrent les capacités familiales, éducatives et psychologiques nécessaires à l’accueil d’un enfant déjà né ». Pourquoi pas la même chose pour le désir d’enfanter ?

* Le Monde.fr avec AFP | 20 mars 2018

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Stop à l’entrée des Nigériens en Europe ?

Le Niger est passé de 2,5 millions d’habitants en 1950 à 21 millions aujourd’hui. Selon l’ONU, il ne se contentera pas des 66 millions prévus pour 2050. Il pourrait même atteindre les 190 millions en 2100, soit une multiplication par 76 en 150 ans ! On ne peut donc blâmer Emmanuel Macron d’avoir évoqué un jour l’explosion démographique : « Quand des pays ont encore aujourd’hui sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien. » Avec en moyenne 7,6 enfants par femme, le Niger est le champion du monde de la fécondité. Voici le point de vue du docteur Hassane Atamo, chef de la planification familiale au Niger :

« Chez nous, avoir beaucoup d’enfants est un signe de puissance et de richesse. L’âge moyen du premier mariage au Niger est de 15 ans. Imaginez une fille qui n’a jamais été à l’école… Elle a toutes les chances de se marier à 13 ou 14 ans ! Quand un Nigérien a plusieurs femmes, une compétition s’installe entre les épouses ; chacune veut donner le maximum d’enfants au mari. On continue à penser que c’est Dieu qui décide du nombre de nos enfants, que c’est le destin. La religion interdit les mots tels que « limitation des naissances » ou « stérilisation ». De plus le taux de mortalité infantile a baissé, notamment grâce aux avancées de la médecine. La pression démographique est telle que les terrains agricoles sont de plus en plus divisés et que la qualité des sols ne suit plus. Le plan de planification familiale 2013-2020 a pour objectif de faire passer le taux de prévalence contraceptive de 12 % actuellement à 50 % d’ici à 2020. Il y a eu gratuité des produits contraceptifs depuis 2007 dans toutes les structures publiques. Avant, il fallait une autorisation écrite du mari et sa pièce d’identité, ou sa présence, pour que la femme puisse obtenir un contraceptif. Depuis 2008, les textes ont supprimé ces barrières. Les injections intramusculaires, tous les trois mois, sont le moyen de contraception le plus utilisé. Le dispositif intra-utérin commence aussi à l’être. »*

La bonne volonté de certains ne suffit pas. Il est aussi difficile d’agir contre la sur-fécondité humaine dans certains pays pauvres que de demander aux habitants des pays riches d’accepter une baisse de leur niveau de vie. Il faut introduire une certaine contrainte sans trop forcer pour ne pas être taxé d’antihumanisme par les humanitaires. Alors, une petite astuce réglementaire qui pourrait être promu par Macron pour maîtriser les flux migratoires : ne laisser entrer en Europe que les citoyens venant de pays ayant un taux de fécondité inférieure ou égale à celui de l’Union européenne, soit 1,58 enfants par femme. Sinon les pays pourront toujours continuer à laisser libre cours à leur exubérance reproductrice puisqu’on pourra partir ailleurs quand on se sentira à l’étroit.

* LE MONDE du 11 octobre 2017, Démographie : « Le Niger a connu de grandes avancées en matière de planning familial »

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Le suicide assisté, atteinte à la liberté individuelle ?

Le sénat, bastion du conservatisme étriqué. Alors que 156 députés d’horizons différents plaidaient pour « donner aux malades en fin de vie la libre disposition de leur corps », 85 parlementaires, presque uniquement sénateurs ou sénatrices, s’insurgent : « Ouvrir la porte à la légalisation de l’euthanasie, un encouragement de cette pratique dans une société de plus en plus déshumanisée, hygiéniste… Une mort aseptisée et cachée, presque honteuse… Une « pornography of death »… Attention à ne pas évoluer vers une médecine eugénique… Une mort expéditive au prétexte de plus d’égalité devant la mort, c’est enlever de la liberté… » Les commentateurs sur lemonde.fr sont quasiment unanimes pour condamner le contenu de cette tribune :

heliocoeur : Oui, c’est encourager le suicide assisté, mais ce n’est pas parce que c’est encouragé qu’il faut l’interdire.

Eric : Cela encouragerait cette pratique? Bien sûr ! De la même façon que ouvrir la porte à légaliser le fait que les enfants vivent avec leurs parents encourage la pratique de l’inceste. Faut arrêter le psychodrame.

JEAN-PIERRE BERNAJUZAN : J’ai lu, puis relu le texte : à aucun moment ils n’admettent que les personnes aient la liberté de choisir. S’ils veulent vivre et durer même au-delà du raisonnable… ou bien choisir la mort volontaire plutôt que subie.

CLAUDE STENGER : « A défaut d’avoir choisi sa vie, laissons à celui qui voudrait choisir le moment de sa mort, la liberté de le faire en dehors de tout cadre normatif.  » Quel singulier paradoxe que cette formulation ! Comment peut-on à la fois refuser un cadre normatif (= légal) garantissant la possibilité de choisir le moment de sa mort, et prétendre affirmer la liberté du malade, sans préciser au nom de quels droits (légaux) il pourrait en bénéficier ou l’exiger. Tartuferie ?

SJ : Et la phrase du dessus n’est pas mal non plus : « [… ] une mort propre et expéditive au prétexte de plus d’égalité devant la mort, c’est enlever de la liberté« . Autrement dit, plus de liberté, c’est moins de liberté. Il faut que ces parlementaires aient le courage de dire qu’ils s’opposent à l’euthanasie avant tout pour des raisons morales et qu’ils revendiquent d’imposer leur morale personnelle aux autres.

CLAUDE STENGER : Étonnant de voir des professionnels se poser cette question : « Que faire des malades incurables – nous pensons en particulier aux maladies neurodégénératives et aux patients lourdement handicapés ne pouvant exprimer leur volonté ? » Ces professionnels n’auraient-ils jamais entendu parler de directives anticipées ? Directives qui feraient partie du dossier médical de tout citoyen et aisément révisables (via actualisation de la carte verte).

LeBret : « médecine eugénique » ?? Contre-sens total sur le mot « eugénique ». Est-ce, comme le souligne un précédent commentaire, « pour faire savant » qu’ils utilisent un mot dont ils ignorent le sens ?

LÉO 63 : Pour avoir vécu la mort de proches, les conditions actuelles sont clairement inhumaines au sens du respect de la dignité humaine. A moins de voir dans les râles interminables et insupportables la mise en œuvre de la médecine issue de la fameuse loi Leonetti, qui protège les médecins (ce qui est bien) mais n’ouvre pas à plus d’humanité pour les patients,

Michèle de Dordogne : Avec la loi Leonetti actuelle, la personne en fin de vie est en sédation profonde et on attend qu’elle meure de faim et de soif.

Livia : On n’a pas constaté de dérives dans les pays ayant autorisé l’euthanasie et le suicide assisté. La décision y est collégiale, parfois autorisée par la justice dans le cas de ce prisonnier belge. Le suicide assisté ne se décide jamais sur un coup de tête, c’est une démarche réfléchie en plusieurs étapes. Il existe aussi les directives anticipées. Certes, peu de gens demandent à mourir. Ce n’est pas une raison de leur en refuser la possibilité LÉGALE.

PIERRE TRUTT : Qui constate des dérives en Suisse, Belgique ou Luxembourg ? Dans le Grand Duché 80% des habitants sont catholiques. L’évêché dispose d’une presse d’une radio et d’une télévision. La loi sur le suicide assisté est passée sans difficulté ni opposition. J’ai connu récemment 2 cas de dégénérescence végétative. Ils étaient tous 2 catholiques pratiquants et ils sont morts dans des souffrances affreuses comme l’a dit quelqu’un ici, dans un corps-prison.

Uduluruntu : Comptez la part de sénateurs LR dans les signataires. La messe est dite.

* LE MONDE du 13 mars 2018, « Ouvrir la porte à la légalisation de l’euthanasie, n’est-ce pas encourager cette pratique ? »

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Droit à la procréation des personnes âgées, foutaise

Le droit à la procréation ne peut pas être une liberté individuelle absolue. Notre société fait déjà des efforts démesurés pour lutter contre la stérilité sans qu’il soit besoin d’en rajouter. Par exemple, l‘assistance médicale à la procréation a pour objet de remédier à l’infertilité dont le caractère pathologique a été médicalement diagnostiqué (article L.2141-2 du code de la santé publique). C’est pourquoi, quand deux vieux de plus de 60 ans, après avoir confié à l’Agence de la biomédecine leurs paillettes de sperme congelé, demandent à bénéficier d’une procréation médicalement assistée (PMA) à l’étranger, la justice tique*. La cour administrative d’appel de Versailles a considéré qu’« en fonction des connaissances scientifiques (…) disponibles, un homme peut être regardé comme étant en âge de procréer, jusqu’à un âge d’environ 59 ans, au-delà duquel les capacités procréatives de l’homme sont généralement altérées ». L’avocat de l’une des parties regrette : « La décision de savoir si un homme peut s’engager dans une PMA appartient en effet à ce dernier, à sa compagne et au corps médical, pas à l’Etat ». L’avocate de l’autre partie sur-renchérit : « Ce n’est pas une décision juridique mais une position morale et sociétale. »

Pour un écologiste, il n’existe aucun droit à l’illimité sur une planète surpeuplée et sur-polluée; la reproduction devrait être drastiquement délimitée et non favorisée. Le débat fait rage parmi les commentateurs sur lemonde.fr :

PC : Très bien. Tous ces égoïstes forcenés doivent être cadrés par la Loi. Et s’ils sont trop désespérés par cet intolérable atteinte à leur liberté de faire n’importe quoi, ils pourront toujours tirer partie de la facilité de plus en plus grande que laisse la Loi pour recourir au suicide assisté !

Lesper Mathot : C’est parfaitement dégueulasse. Ce que l’on confisque est bien plus que des paillettes de sperme, c’est le droit à la paternité. L’éthique a bon dos. Après la limite d’âge, ce sera quoi ? La maladie, le niveau social ? Ça frise l’eugénisme.

Bakou : j’ai un scoop pour vous, le droit à la paternité n’existe pas.

Jojo : Si je comprends bien, les gars concernés ont besoin de leurs paillettes congelées pour faire un enfant parce que ça ne marche plus au naturel ? Ça n’a pas l’air d’être la grosse patate ! Mais ils seraient en état en revanche d’élever un enfant ? Est-ce que ce monde est sérieux ? Enfin un peu de bon sens dans une décision de Justice.

Ismaël Billy : Soit l’avocat ne sait pas son droit, soit il est d’une mauvaise foi assez impressionnante. La règle est claire : quand la loi n’est pas assez précise et si même la jurisprudence n’est pas exhaustive alors c’est au juge de dire la loi ou de créer du droit. Il s’agit d’une obligation. S’il ne le fait pas, le plaignant pourra se retourner contre lui pour déni de justice.

Vanité des vanités (l’Ecclésiaste) : Autant je trouve que l’ingérence de la Justice et de la soi-disant bioéthique médicale sont insupportables à se mêler autant d’affaires privées, autant je trouve aussi assez ridicule que des hommes de plus de 65 ans aient encore la vanité de vouloir se « prolonger » en procréant. Si avancer dans la vie ne vous fait pas prendre conscience de l’aspect dérisoire de cette vanité, c’est que décidément certains ne voient jamais plus loin que le bout de leur nez.

Soyons clairs : Quand la procréation est naturelle elle ne coûte pas à la société. Mais quand elle est assistée elle a un coût. Il est donc alors normal de fixer un cadre.

Bob75 : La bioéthique est l’inquisition du XXIe Siècle. Justifier pour des raisons fallacieuses des positions dogmatiques. C’est ridicule. Que les gens fassent ce qu’ils veulent et se fichent des avis de ces instances de pacotilles. Peu importe les « risques » face à la conquête de la liberté.

Olivier Tribondeau @bob: ce que vous dites est la simple négation de la civilisation dont le principe est de poser des limites à la liberté individuelle pour permettre le vivre ensemble. Le sujet ici n’est pas la liberté des 2 vieux, mais la protection des éventuels rejetons .

Alienfive : Vivement, un certificat officiel et administratif, attestant que les géniteurs ont les moyens de subvenir aux besoins de leur progéniture… Sinon, couic

Bakou @ Alienfive : Et pourquoi pas en effet? Cela éviterait que des parents irresponsables qui n’ont rien d’autre à offrir à leurs enfants que leurs propres échecs n’imposent des cas sociaux supplémentaires à une société malade.

Yves : À quand l’application de critères « sociaux », « intellectuels », « sanitaires » et « esthétiques » ?

* Le Monde.fr avec AFP du 5.03.2018, La justice administrative fixe à « environ 59 ans » la limite d’âge de procréer pour les hommes

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Quelle liberté pour une mort dans la dignité ?

Dans une tribune au MONDE*, un collectif de 156 députés appelle à mieux encadrer les droits et la liberté de mourir des personnes en fin de vie : « On ne meurt pas bien en France. » Selon eux, il manque dans la loi Claeys-Leonetti une liberté, un droit au choix. Un malade dans une « impasse thérapeutique » peut obtenir une aide active à mourir dans les hôpitaux français… en toute illégalité. Il faut pour cela connaître un médecin compatissant et courageux, ce qui crée des inégalités entre nos concitoyens. Anne Bert [qui, en octobre 2017, a reçu, à sa demande, une injection létale dans un service de soins palliatifs en Belgique] clamait : « Il me reste une ultime liberté : celle de choisir la façon dont je vais mourir. » Le choix de la personne doit pouvoir être respecté, quand il est libre, éclairé, soumis à nulle contrainte ou dépression, exprimé de façon réitérée, et que des médecins ont confirmé l’impasse thérapeutique. Il en va aujourd’hui de cette question comme il en allait de l’IVG au début des années 1970 : des femmes y recouraient en sollicitant les services de la Suisse ou du Royaume-Uni, tandis que d’autres trouvaient des médecins complaisants en France. Voici quelques commentaires sur lemonde.fr :

Chrysippe : Il est regrettable que le projet de loi « Touraine » ne prévoit pas l’assistance au suicide, c’est-à-dire la simple délivrance d’une dose létale de médicament. En exigeant la présence médicale, le projet de loi médicalise complètement la question alors que la loi adoptée en Californie limite le rôle médical : moins de six mois à vivre, avoir refusé les alternatives et avoir passé une expertise psychiatrique ; le malade décide ou non pour lui-même… rassurés 1/3 ne passent pas à l’acte !

Ulysse : J’avoue ne pas comprendre (admettre !) que quiconque s’oppose au droit au suicide assisté (je mets à part l’euthanasie qui sous-entend beaucoup trop de choses pour 500 caractères) ; qu’est-ce qui autorise ces gens (ceux qui sont contre) à décider de ma fin de vie ? qu’est-ce qui les autorise à m’interdire de me suicider, proprement, dignement, lorsque je le voudrai ?

JEAN-PIERRE HUBER : Chacun devrait avoir droit à une mort digne quand il le souhaite à tous les moments de sa vie. Pourquoi attendre d’être complètement handicapé ? Bien sûr, il peut le faire sans l’avis de personnes et de nombreux Français le font dans l’indifférence générale, comme les femmes autrefois avortaient de la même façon. On a régressé depuis l’Antiquité.

CLAUDE STENGER : Seul le suicide médicalement assisté peut donner des chances d’éviter les suicides « sauvages » auxquels recourent trop de désespérés faute d’avoir obtenu l’assistance médicale qu’ils auraient pu obtenir dans des pays plus civilisés en tout cas plus « humanistes » que le nôtre.

LUC GRINAND : la plupart des gens concernés ne sont plus en état de se foutre en l’air eux-même je vous signale. Pour ceux qui sont encore physiquement valides effectivement les solutions ne manquent pas, mais il faut quand même du courage, et certains préféreraient quand même mourir d’une manière « propre » plutôt que se jeter sous un train, en plus c’est pas ce qu’il y a de plus sympa pour les familles (ni pour la SNCF).

Garance : On peut redouter que certains vieux, se sentant inutiles et se vivant comme une charge pour la société, en viennent à demander à mourir pour cette raison et non par conviction. Il faut donc bien encadrer le recours au suicide assisté afin que ça demeure un choix et pas une obligation sociale.

LUC GRINAND @ Garance : et vous êtes qui au juste pour décider si le choix de quelqu’un qui veut se foutre en l’air est une « obligation sociale » et non pas leur volonté libre ? Ma mère est loin d’être grabataire et pourtant elle m’a dit plus d’une fois qu’elle préférerait se foutre en l’air que de devenir un légume qui serait une charge pour moi et mes frères. Pour ses gosses ou pour la société, quelle différence ? Votre hypocrisie est pathétique. Un référendum et c’est réglé.

* LE MONDE du 1er mars 2018, Euthanasie : « Il ­convient de donner aux malades en fin de vie la libre disposition de leur corps »

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Léopold DARRITCHON : Malthus de nouveau d’actualité

Au début du 19° siècle la question soulevée par Malthus du rapport entre la croissance démographique qui évolue selon les termes d’une suite géométrique (1,2,4,8,16,…) et la subsistance (la production agricole essentiellement ) qui croit selon les termes d’une progression arithmétique (1,2,3,4,5 ….) n’est pas totalement obsolète, même si elle se pose aujourd’hui en des termes différents.

Premier temps : Tout d’abord l’histoire de ces 2 siècles passés nous montre que les faits n’ont pas donné raison à cette théorie. Cette période a été caractérisée par la loi des rendements croissants provoqués par des sources d’énergies fossiles qui ont permis, par une utilisation et une technologie quasi révolutionnaires, un énorme boom économique non seulement dans la production agricole mais dans l’industrie balbutiante à l’époque de Malthus, dans les transports etc. Ainsi la population qui a été multipliée par 10 environ a vu en parallèle une évolution similaire du PIB par tête d’habitant. Certes cela ne reflète pas des disparités très fortes selon les continents. On estime aujourd’hui qu’un milliard d’habitants de cette planète est en situation de sous-alimentation ou tout au moins de sous-développement. Globalement le constat global infirme quand même la théorie de Malthus.

Deuxième temps : Il a fallu que le Club de Rome, avec dans les années 1972 la publication du rapport intitulé « the limits of growth » reprenne sous une approche plus large cette relation, et tire la sonnette d’alarme. Dans cette nouvelle approche l’évolution de la population à terme n’est pas celle envisagée dans les prévisions actuelles, mais il n’en reste pas moins que les ressources naturelles qui vont se raréfier, puis s’épuiser à cause de réserves limitées par définition, et la pollution (nouvelle variable non perceptible à l’époque de Malthus), feront toutes deux, à moment donné, avec la population, une rencontre explosive. Si, selon les hypothèses envisagées sur les différentes variables, ce moment peut être repoussé, dans le meilleur des cas à quelques décennies, il est dans un avenir très proche, celui de la génération des plus jeunes d’entre nous c’est-à-dire à nos portes !

Troisième temps : Du côté de la population les chiffres avancés aujourd’hui par tous les organismes officiels, l’ONU en tête, ont de quoi noircir un peu plus le tableau. Partons de la situation actuelle où nous recensons en moyenne mondiale un taux de fécondité de 2,5 enfant par femme. A l’horizon 2010, si on augmente ce taux de 0,5 enfant par femme, la population mondiale pourrait être de 16,5 milliards d’individus. Par contre si on table sur une diminution de 0,5 enfant, on se retrouverait encore avec la population actuelle considérable de 7,5 milliards d’êtres humains sur terre. La question reste donc entière. En parallèle, du côté de la croissance économique, à l’instar de la France qui a connu, comme les autres pays industrialisés des taux supérieurs à 5 % par an dans la période des 30 glorieuses, chacun sait aujourd’hui que après une chute régulière de ce taux, celui-ci restera autour de 1, voire dans le meilleur des cas 2 % sur une période longue. Ceci correspond d’ailleurs au taux en moyenne des 18 siècles précédent Malthus. A ceci se rajoute l’apparition de rendements décroissants, dans l’agriculture notamment, soutenus malgré tout encore par l’utilisation d’engrais chimiques dont la durée de vie est celle des ressources naturelles citées précédemment. En parallèle également une pollution qui a atteint les océans, l’air, l’eau et qui va amplifier un problème de santé humaine qu’on sous-estime gravement aujourd’hui, et un changement climatique qui fait déjà des ravages et qui mettra sur les routes de plus en plus de personnes (des dizaines de millions ) allant chercher un avenir ailleurs. De surcroît, ce changement climatique, pour en éviter les effets catastrophiques, va jusqu’à la préconisation de laisser sous terre les ressources naturelles qui font notre progrès économique à 90 % et donc aussi notre croissance économique à 90 %. On voit bien que rien n’est fait pour réconcilier la croissance économique et la croissance démographique que Malthus avait déjà mis au premier plan des problèmes de l’humanité de son époque. Même si les mesures qu’il préconisait alors ne sont plus crédibles et acceptables dans notre société dite moderne, la question reste entière encore en 2018.

Léopold DARRITCHON, professeur d’économie à la retraite

Une idée, agir avec l’association « Démographie Responsable »

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Gilles LACAN : contre MARX, la modernité de Malthus

La plupart des détracteurs de Malthus s’attachent à démontrer l’inexactitude de sa théorie concernant les évolutions respectives de la population et des ressources, selon laquelle la première croîtrait de façon exponentielle, tandis que les secondes augmenteraient de façon linéaire. D’aucuns expliquent que le taux de reproduction de la population n’est pas constant, qu’il décroît dans les pays développés au point de compromettre le renouvellement des générations dans certaines zones comme l’Europe. D’autres que les progrès de la productivité agricole, grâce aux engrais, aux pesticides, aux OGM, à la déforestation et à la mécanisation, permettront bientôt de nourrir dix milliards d’humains, dix fois plus que ceux qui peuplaient la planète à l’époque de Malthus.

Donnons-leur raison si l’on s’en tient aux modèles mathématiques développés dans l’Essai sur le principe de population. Mais le génie de Malthus est d’avoir vu, cent soixante-quinze ans avant le Club de Rome, que les limites physiques de la nature – pour Malthus, les terres agricoles – ne permettaient pas une expansion indéfinie de la production des biens – pour Malthus, les subsistances. Vision plus lucide que celle de Marx, pour lequel la société communiste est une société d’abondance : « Quand, avec l’épanouissement universel des individus, les forces productives se seront accrues, et que toutes les sources de la richesse coopérative jailliront avec abondance – alors seulement on pourra s’évader une bonne fois de l’étroit horizon du droit bourgeois, et la société pourra écrire sur ses bannières : De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ! », déclarait ce dernier en 1875 (in Critique du programme de Gotha). Vision plus lucide aussi que celle de Trotsky, partisan d’un asservissement total de la nature par l’homme, qui écrivait en 1924 : « L’homme socialiste maîtrisera la nature entière, y compris ses faisans et ses esturgeons, au moyen de la machine. Il désignera les lieux où les montagnes doivent être abattues, changera le cours des rivières et emprisonnera les océans. » (in Littérature et révolution).

La modernité de Malthus, considéré comme un repoussoir par les penseurs progressistes, libéraux ou socialistes, est d’avoir articulé les rapports entre l’homme et la nature au sein d’un système global ; la finitude des ressources de celle-ci fixe les limites à l’expansion, économique et démographique, de celui-là. Un système où le calcul économique est confronté à la contrainte physique. Ce sont les prémices d’une approche écologiste.

Gilles LACAN

Une idée, agir avec l’association « Démographie Responsable »

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Malthusien ? Commencez donc par vous suicider

Parmi les commentaires anti-malthusiens, il est une réaction récurrente qui étonne toujours par sa violence. Elle se présente sous deux formes. La première directe et épidermique « Vous voulez réduire la population mondiale? Commencez donc par vous suicider ! » se rencontre très souvent dans les salons, sur les forums… La seconde plus subtilement agressive : « Surpopulation ? Alors on commence par (éliminer) qui ? » a été celle de politiques ou de scientifiques comme Y. Jadot ou JL. Etienne par exemple… L’idée de réduction de notre natalité est donc ici, associée à un fantasme de mort violente, de meurtre (comme aux plus beaux jours de la lutte contre la contraception et l’avortement), et ce n’est pas étonnant qu’il soit concomitant de celui d’un complot des élites pour une élimination massive des terriens, complot attribué à Bill Gates ou à un quelconque Nouvel Ordre Mondial .

Pourquoi ce thème réveille-t-il de telles terreurs, pourquoi semble-t-il attaquer à ce point la légitimité de l’existence de nos interlocuteurs, pour qu’ils nous agressent aussi violemment ? Il est vrai que la seconde forme emprunte à la facile tactique de la condamnation a priori des questionneurs, comme D. Barthès l’a indiqué très justement dans un article, et que le sujet de la natalité est sensible, intime… Cependant tout cela me semble s’apparenter aussi à une réaction désespérée de déni. On peut en effet, penser que l’humain a perdu au fil des siècles beaucoup d’illusions sur sa toute puissance : Dieu (quoique depuis deux décennies…) et les espérances du Grand Soir l’ont quitté, la «découverte» de l’Inconscient lui a ôté la certitude de maîtriser son destin et enfin sa planète ne s’avère plus infinie ni sa corne d’abondance éternelle. Pour refuser la régulation de sa descendance, dernier espace de liberté, de toute puissance imaginaire – et dernier espoir de se multiplier à l’infini pour éviter de se confronter individuellement à sa misérable finitude – il cherche farouchement des échappatoires : retournement des jumelles pour ne voir que les initiatives locales, transhumanisme, colonisation de Mars… voire certitude que la catastrophe qui arrivera à coup sûr l’épargnera lui et les siens, lui permettant ainsi de retrouver l’infini de la planète, de ses ressources et la possibilité de se reproduire à nouveau sans frein (cf. les mouvements survivalistes et collapsologues). Notre Ubris (ou hybris) semble avoir trouvé un dernier refuge dans ce déni de la surpopulation. D’où peut-être ces réactions agressives et irrationnelles face à une réalité effrayante…

Avec cette ultime illusion perdue, le roi est vraiment nu et l’homme bien seul face à la mort. La sienne et celle, toujours possible, de son espèce.

Anne-Marie Teysseire

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Organisation mondiale pour une démographie responsable

Je lis en ce moment un livre intitulé « Chroniques du mondialisme » de Pierre Hillard dont je ne partage absolument pas les idées dans lequel je relève le propos le plus anti-malthusien que j’ai lu ou entendu depuis bien longtemps : « .….Minée par une démographie suicidaire, comme partout en Europe, l’Allemagne connaît de graves difficultés économiques (…) Cependant aucune politique aussi subtile soit-elle, s’appuyant sur des rêves de partenariats mondiaux, ne peux perdurer si les décès l’emportent sur les naissances. L’hiver démographique qui touche toute l’Europe lui interdit, à plus ou moins long terme toute « politique puissante », à moins d’un réveil brutal de l’instinct de survie. p. 53 ».

Combien fois l’ai-je entendu, ce spectre du déclin de l’Allemagne à cause de sa basse démographie. On voit ce qu’il en est. Ce pays est toujours la première économie européenne. Etre malthusien est presque un gros mot. Je pense pourtant qu’un jour on honorera Malthus qui sera considéré comme un précurseur. Il serait bon que les écologistes intègrent dans leurs pensées que la démographie est un volet incontournable de l’écologie. Pour beaucoup l’équilibre démographique ne concerne que les espèces sauvages. Concernant l’homme, la question démographique reste encore largement un sujet tabou. « Le nombre d’enfants que l’on fait, cela fait partie de la liberté de chacun » ; « L’homme trouvera toujours des solutions ». Voilà le genre de propos que l’on entend. Trop souvent on résume la question à celle de la production de nourriture. Et on oublie la préservation de la biodiversité, et aussi que la qualité de la nourriture est en partie  liée à la culture et à l’élevage extensifs (la viande est bien meilleure quand les bêtes mangent les plantes de leur choix dans la nature). On oublie aussi la qualité de vie que procure la préservation d’espaces naturels sauvages assez vastes et qu’il faut de l’espace pour construite des villes aérées riches en espaces verts (jardins familiaux, coulées vertes, squares, jardins publique, parcs forestiers urbains) avec des bâtiments pas trop hauts qui ne masquent pas le soleil dans les rues en hiver. Trop souvent aussi on oublie que parce que nous sommes trop nombreux nous n’avons plus d’autre alternative que de construire soit sur des terres agricoles qui font de plus en plus défaut, soit dans des zones à risque (zones sismiques, inondables, avalancheuses….). A propos des pollutions, on peut bien sûre s’efforcer de trouver des solutions pour polluer moins, recycler les déchets… Il faut bien sûr le faire, mais en même temps reconnaître que si nous étions moins nombreux on polluerait moins.

Il y a déjà toutes sortes d’organisme internationaux : OMC, ONU, UNESCO, CITES, UICN, WWF, des organismes qui réglementent l’aviation ou le foot-bal, pour quoi pas un qui réglemente la démographie (OMDR par exemple, Organisation mondiale pour une démographie responsable). Voila, jetées pèle-mêle quelques idées qui me passaient par la tête.

Philippe Dupont

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Nullipares, childfree, les personnes sans enfants

La décision d’avoir ou de ne pas avoir d’enfants se fait normalement à deux. Aujourd’hui, l’infécondité définitive atteint en France 21 % des hommes nés entre 1961 et 1965, et 13,5 % des femmes nées à la même époque. On estime à 3 % seulement la part due à l’infertilité médicale. Mais il est de bon ton de ne s’intéresser qu’aux femmes qui ont choisi de ne pas avoir d’enfants. En Allemagne, 25 % des femmes nées en 1968 sont sans enfants. Il y a là-bas une véritable culture des familles sans enfants. Une page entière du MONDE* consacrée aux childfree, cela se fête.

Malheureusement l’article du MONDE insiste sur la superficialité des considérations individualistes : « Je n’ai jamais eu le désir d’enfant, tout simplement. Pas besoin de chercher telle ou telle cause » ; Un enfant, c’est une « charge », un « poids », un « fil à la patte », bref, un gêneur ; « Je ne supporte pas les enfants s’ils sont un tant soit peu turbulents » ; « J’ai préféré passer mes nuits à discuter, écrire, lire ou danser, plutôt qu’à changer des couches » ;« La femme qui court toute la journée, qui travaille avec trois enfants, je ne pouvais pas vivre ça, l’idée m’était insupportable » ;« Je ne vois pas d’avantage à avoir des enfants. En revanche, une journée passée à entendre mes collègues me suffit à dresser une longue liste d’inconvénients (nuits blanches, contraintes horaires, dépenses, angoisses) ». Les considérations tournées vers le futur sont rares : « Le CDI est en voie de disparition. Plus rien n’est sûr. Je peux perdre mon emploi, mon mari peut me quitter. Si j’ai un enfant, comment savoir qu’il ne manquera de rien ? » ; « Je m’inquiète beaucoup plus pour les générations futures que ceux qui font des enfants sans réfléchir » ; « C’est l’envie d’enfants qui me paraît égoïste et irraisonnée : dans un monde pareil, sérieusement ? » 

Si nous avions à faire le choix d’une fécondité rationnelle, responsable, la base de notre raisonnement serait simple : pourquoi faire un bébé de plus dans un monde déjà surpeuplé ? Mieux vaudrait le fait d’avoir un seul enfant ou pas du tout plutôt qu’un suicide assumé dans l’intérêt de la planète… La volonté de ne pas donner naissance dans un monde menacé par l’effondrement écologique n’est pas encore un facteur déterminant, pas encore. Voici quelques références pour poursuivre votre réflexion :

Féminisme, sensibilité écologique et refus de maternité (2016)

No kid, ces femmes qui ne veulent pas avoir d’enfant (2014)

démographie responsable (2010)

oui à la nulliparité (2008)

Un livre qui fait le tour des problèmes : « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) »

Pour rejoindre l’association « Démographie Responsable » : https://www.demographie-responsable.org/nous-rejoindre.html

* LE MONDE du 25-26 février 2018, elles ont décidé de ne pas avoir d’enfants et l’assument

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On interdit l’avortement, donc nous manquons d’eau

Excusez le raccourci, mais parce que nous refusons la maîtrise de la fécondité humaine, l’humanité a soif. Voici trois informations à recouper. Comme le Salvador, trois autres pays d’Amérique du sud interdisent toute forme d’avortement : le Honduras, le Nicaragua et la République dominicaine. En avril 1997, une réforme pénale au Salvador a interdit toute forme d’avortement, y compris en cas de viol, lorsque la vie de la mère est en danger ou quand le fœtus n’a aucune chance de survie. Teodora Vasquez avait même été condamnée en 2008 à 30 ans de prison pour une fausse couche qualifiée « d’homicide aggravé » par la justice*. Au Maroc, « il n’y a plus d’eau ni dans le ciel, ni dans le sol ». Après une décennie de surexploitation des nappes phréatiques par l’agriculture, le royaume est en situation de stress hydrique. Entre manger et boire, il faudra bientôt choisir**. Les 4,5 millions d’habitants du Cap sont menacés de se voir couper les robinets. Au Mozambique voisin, alors que les réserves sont au plus bas, un quart de l’agglomération de Maputo (4 millions d’habitants) est privée d’eau potable, car le gouvernement a décidé d’alimenter en priorité l’agriculture et la production d’électricité***. Ce sont des pays différents, des contextes socio-économiques dissemblables, mais comment ignorer que les politiques natalistes ont entraîné la surpopulation mondiale, elle-même source d’entassement dans des mégalopoles disproportionnées, avec des besoins alimentaires croissants et une pression insupportable sur les nappes phréatiques. Voici un récapitulatif issu de notre blog et centré sur ce dernier point :

Lierre Keith : Notre espèce souffre de surpopulation, et c’est le cas depuis 10 000 ans. Aujourd’hui, des milliards d’entre nous ne sont là qu’à cause des combustibles fossiles. La population mondiale est censée atteindre les 9 milliards en 2050. En parallèle, les réserves piscicoles seront épuisés, les nappes phréatiques trop profondes pour être exploitées et les dernières parcelles de couche arable seront devenues poussière. Toute discussion sur la population mondiale doit absolument prendre en compte la notion de capacité limite ou nombre d’humains qu’un environnement donné peut supporter indéfiniment.

Lester Brown : Nous coupons les arbres plus vite qu’ils ne peuvent repousser et nous surexploitons les pâturages qui, peu à peu, se transforment en déserts. Parallèlement nous épuisons les nappes phréatiques un peu partout. Une autre contrainte vient s’ajouter aux deux premières, les limites de la photosynthèse. Les productions de céréales stagnent déjà. Pour 1 degré d’augmentation de la température, nous devrions même connaître une baisse de 17 % de leur production.

Paul Ehrich : En quelque 60 millions d’années, Homo sapiens est devenu l’animal dominant de la planète, acquérant un cerveau développé et, par-dessus tout, un langage structuré. Malheureusement, au cours des siècles derniers, nous avons de plus en plus utilisé ce pouvoir pour épuiser le capital naturel de la planète, notamment ses terres agricoles profondes et riches, ses nappes phréatiques constituées durant les périodes glaciaires et sa biodiversité. Cette tendance est en grande partie due à la concomitance entre croissance démographique et augmentation de la consommation par habitant, une combinaison qui ne peut se poursuivre encore longtemps sans que risque de s’effondrer notre civilisation désormais mondiale.

Mathis Wackernagel : Mauvaise nouvelle pour la planète, ce mercredi 22 août 2012 l’humanité a déjà épuisé son crédit annuel de ressources naturelles. Nous avons déjà atteint le « Global Overshoot Day » ou « jour du dépassement ». En d’autres termes, nous vivrons à crédit jusqu’à la fin de l’année. Autrement dit, nous puisons dans le capital naturel : le réchauffement climatique s’accentue parce que le poids de l’humanité a dépassé les capacités de recyclage du CO2 par les écosystèmes, les stocks de poissons dans les mers sont en diminution, les nappes phréatiques baissent, etc. Pour M. Wackernagel, ni l’austérité ni la croissance n’éviteront la faillite du système, le défaut de régénération de la Terre sera le facteur limitant de notre économie. Car la tendance finira par se renverser, que ce soit à dessein ou par désastre.

Démographie responsable : Après les huit Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) qui ont accompagné la période de 2000 à 2015, ce sont dix-sept Objectifs de développement durable (ODD) qui devraient permettre de construire le futur des 8,5 milliards d’habitants attendus sur la planète dans quinze ans. Le commentaire de « Démographie responsable » est pertinent : « 17 objectifs et pas un seul qui ne fasse référence, ni de près ni de loin, à la démographie ? Aucune « planète durable » ne sera possible avec les 11,2 milliards d’humains attendus pour 2100, sachant qu’à 7 milliards, nous avons déjà réussi à dérégler le climat, brûlé une grande partie des ressources fossiles, provoqué la 6ème extinction des espèces, rasé une grande partie des forêts tropicales et pollué les océans et les nappes phréatiques. Une fois encore, l’ONU est à côté de la plaque… »

le cas de l’Inde : « L’électricité gratuite ou à tarif réduit dont bénéficient de nombreux agriculteurs indiens pour irriguer leurs cultures, à l’aide de pompes motorisées, accélère l’épuisement des nappes phréatiques. Au rythme actuel, la Banque mondiale prévoit que 60 % de ces nappes seront dans une situation « critique » d’ici vingt ans. Le recours à l’irrigation souterraine a aussi creusé les inégalités. Seuls les plus riches peuvent financer l’achat de pompes et le creusement de puits profonds. Les autres doivent leur acheter l’eau… »

* LE MONDE du 18-19 février 2018, Au Salvador, plus de dix ans de prison pour une fausse couche

** LE MONDE du 18-19 février 2018, Au Maroc, « il n’y a plus d’eau ni dans le ciel, ni dans le sol »

*** LE MONDE du 18-19 février 2018, Sécheresse, surexploitation : le monde a soif

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Associations antinatalistes, la force du petit nombre

Devant le tabou qui frappe la question démographique dans les médias, les milieux gouvernementaux mais aussi paradoxalement beaucoup d’écologistes, c’est le monde associatif qui a pris le flambeau de la mise en garde contre les risques liés à la surpopulation. En Europe et aux États-Unis notamment, de nombreux mouvements, selon des stratégies variées et des proximités politiques diverses, se battent pour faire reconnaître l’importance du facteur démographique et pour inciter à la réduction de la fécondité. La plupart sont motivés par des considérations écologiques.

En France l’Association Démographie Responsable, fondée fin 2008, multiplie les interventions, conférences, articles, pétitions pour alerter sur la gravité du problème et pour faire entrer cette question de plain-pied dans tous les débats ayant trait à la protection de l’environnement. Les membres de cette association sont de fervents défenseurs de l’espèce humaine ainsi que des autres espèces vivantes présentes à ses côtés, désireux de sauvegarder La Vie sur la planète et ce, dans les conditions les moins mauvaises possibles. En incitant à l’autolimitation de la natalité, l’association a pour objet d’œuvrer pour la stabilisation de la population humaine, voire sa diminution sur le long terme. Excluant tout ce qui ne respecterait pas les droits humains ou qui remettrait en cause la liberté de procréer, leur démarche passe par une bonne information de chacun(e) sur les conséquences de la pression démographique pour les générations futures, les autres espèces et l’environnement. Elle milite notamment pour que soient organisées des COP (conférences internationales) sur la démographie comme cela se fait pour le climat ou la biodiversité. Son action porte à la fois sur la démographie nationale et internationale ; un certain nombre de personnalités politiques et/ou scientifiques en sont membres d’honneur.
Au Royaume-Uni, avec plusieurs milliers d’adhérents et quelques soutiens médiatiques de poids comme le célèbre présentateur d’émissions animalières, Sir David Attenborough, l’association Population Matters fait de même. C’est de loin le premier mouvement européen. En Italie, c’est principalement l’association Rientrodolce qui porte le message. Elle est assez proche de la mouvance décroissante et milite pour un mode de vie plus doux et plus lent. Son slogan est : « Per un ritorno « dolce » a due miliardi di persone ». En Suisse, l’association Ecopop avait, en 2014, organisé une votation – perdue toutefois – pour limiter l’immigration en vue de réduire la croissance démographique du pays. Le projet prévoyait aussi de favoriser le planning familial dans les pays pauvres en demandant qu’y soit consacré 10 % de l’aide au développement. On trouve aux Pays-Bas la fondation Le club des 10 millions qui prône un retour du pays à 10 millions d’habitants (contre 17 millions aujourd’hui et 407 habitants par kilomètre carré) et en Belgique l’association One Baby qui milite également pour une certaine modération démographique. Les pays à la démographie moins vive comme l’Allemagne ou l’Espagne sont évidemment moins présents sur ces questions. Aux Etats-Unis, différentes fondations bénéficient de moyens financiers relativement importants et lient souvent leurs actions à la lutte contre la pauvreté, à la promotion de la condition féminine ou à l’écologie en général, citons notamment : Population Institute (depuis 1969), Population Action International (PAI), Population Media Center, World Population Balance, Population connection. Population Institute est également présent au Canada où son militantisme porte aussi sur la protection animale. De tels mouvements existent dans beaucoup d’autres pays, citons en Australie Sustainable Population Australia ou au Bangladesh l’association BOFOC (Bangladesh society of One Family One Child).

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