démographie

Le suicide assisté, atteinte à la liberté individuelle ?

Le sénat, bastion du conservatisme étriqué. Alors que 156 députés d’horizons différents plaidaient pour « donner aux malades en fin de vie la libre disposition de leur corps », 85 parlementaires, presque uniquement sénateurs ou sénatrices, s’insurgent : « Ouvrir la porte à la légalisation de l’euthanasie, un encouragement de cette pratique dans une société de plus en plus déshumanisée, hygiéniste… Une mort aseptisée et cachée, presque honteuse… Une « pornography of death »… Attention à ne pas évoluer vers une médecine eugénique… Une mort expéditive au prétexte de plus d’égalité devant la mort, c’est enlever de la liberté… » Les commentateurs sur lemonde.fr sont quasiment unanimes pour condamner le contenu de cette tribune :

heliocoeur : Oui, c’est encourager le suicide assisté, mais ce n’est pas parce que c’est encouragé qu’il faut l’interdire.

Eric : Cela encouragerait cette pratique? Bien sûr ! De la même façon que ouvrir la porte à légaliser le fait que les enfants vivent avec leurs parents encourage la pratique de l’inceste. Faut arrêter le psychodrame.

JEAN-PIERRE BERNAJUZAN : J’ai lu, puis relu le texte : à aucun moment ils n’admettent que les personnes aient la liberté de choisir. S’ils veulent vivre et durer même au-delà du raisonnable… ou bien choisir la mort volontaire plutôt que subie.

CLAUDE STENGER : « A défaut d’avoir choisi sa vie, laissons à celui qui voudrait choisir le moment de sa mort, la liberté de le faire en dehors de tout cadre normatif.  » Quel singulier paradoxe que cette formulation ! Comment peut-on à la fois refuser un cadre normatif (= légal) garantissant la possibilité de choisir le moment de sa mort, et prétendre affirmer la liberté du malade, sans préciser au nom de quels droits (légaux) il pourrait en bénéficier ou l’exiger. Tartuferie ?

SJ : Et la phrase du dessus n’est pas mal non plus : « [… ] une mort propre et expéditive au prétexte de plus d’égalité devant la mort, c’est enlever de la liberté« . Autrement dit, plus de liberté, c’est moins de liberté. Il faut que ces parlementaires aient le courage de dire qu’ils s’opposent à l’euthanasie avant tout pour des raisons morales et qu’ils revendiquent d’imposer leur morale personnelle aux autres.

CLAUDE STENGER : Étonnant de voir des professionnels se poser cette question : « Que faire des malades incurables – nous pensons en particulier aux maladies neurodégénératives et aux patients lourdement handicapés ne pouvant exprimer leur volonté ? » Ces professionnels n’auraient-ils jamais entendu parler de directives anticipées ? Directives qui feraient partie du dossier médical de tout citoyen et aisément révisables (via actualisation de la carte verte).

LeBret : « médecine eugénique » ?? Contre-sens total sur le mot « eugénique ». Est-ce, comme le souligne un précédent commentaire, « pour faire savant » qu’ils utilisent un mot dont ils ignorent le sens ?

LÉO 63 : Pour avoir vécu la mort de proches, les conditions actuelles sont clairement inhumaines au sens du respect de la dignité humaine. A moins de voir dans les râles interminables et insupportables la mise en œuvre de la médecine issue de la fameuse loi Leonetti, qui protège les médecins (ce qui est bien) mais n’ouvre pas à plus d’humanité pour les patients,

Michèle de Dordogne : Avec la loi Leonetti actuelle, la personne en fin de vie est en sédation profonde et on attend qu’elle meure de faim et de soif.

Livia : On n’a pas constaté de dérives dans les pays ayant autorisé l’euthanasie et le suicide assisté. La décision y est collégiale, parfois autorisée par la justice dans le cas de ce prisonnier belge. Le suicide assisté ne se décide jamais sur un coup de tête, c’est une démarche réfléchie en plusieurs étapes. Il existe aussi les directives anticipées. Certes, peu de gens demandent à mourir. Ce n’est pas une raison de leur en refuser la possibilité LÉGALE.

PIERRE TRUTT : Qui constate des dérives en Suisse, Belgique ou Luxembourg ? Dans le Grand Duché 80% des habitants sont catholiques. L’évêché dispose d’une presse d’une radio et d’une télévision. La loi sur le suicide assisté est passée sans difficulté ni opposition. J’ai connu récemment 2 cas de dégénérescence végétative. Ils étaient tous 2 catholiques pratiquants et ils sont morts dans des souffrances affreuses comme l’a dit quelqu’un ici, dans un corps-prison.

Uduluruntu : Comptez la part de sénateurs LR dans les signataires. La messe est dite.

* LE MONDE du 13 mars 2018, « Ouvrir la porte à la légalisation de l’euthanasie, n’est-ce pas encourager cette pratique ? »

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Droit à la procréation des personnes âgées, foutaise

Le droit à la procréation ne peut pas être une liberté individuelle absolue. Notre société fait déjà des efforts démesurés pour lutter contre la stérilité sans qu’il soit besoin d’en rajouter. Par exemple, l‘assistance médicale à la procréation a pour objet de remédier à l’infertilité dont le caractère pathologique a été médicalement diagnostiqué (article L.2141-2 du code de la santé publique). C’est pourquoi, quand deux vieux de plus de 60 ans, après avoir confié à l’Agence de la biomédecine leurs paillettes de sperme congelé, demandent à bénéficier d’une procréation médicalement assistée (PMA) à l’étranger, la justice tique*. La cour administrative d’appel de Versailles a considéré qu’« en fonction des connaissances scientifiques (…) disponibles, un homme peut être regardé comme étant en âge de procréer, jusqu’à un âge d’environ 59 ans, au-delà duquel les capacités procréatives de l’homme sont généralement altérées ». L’avocat de l’une des parties regrette : « La décision de savoir si un homme peut s’engager dans une PMA appartient en effet à ce dernier, à sa compagne et au corps médical, pas à l’Etat ». L’avocate de l’autre partie sur-renchérit : « Ce n’est pas une décision juridique mais une position morale et sociétale. »

Pour un écologiste, il n’existe aucun droit à l’illimité sur une planète surpeuplée et sur-polluée; la reproduction devrait être drastiquement délimitée et non favorisée. Le débat fait rage parmi les commentateurs sur lemonde.fr :

PC : Très bien. Tous ces égoïstes forcenés doivent être cadrés par la Loi. Et s’ils sont trop désespérés par cet intolérable atteinte à leur liberté de faire n’importe quoi, ils pourront toujours tirer partie de la facilité de plus en plus grande que laisse la Loi pour recourir au suicide assisté !

Lesper Mathot : C’est parfaitement dégueulasse. Ce que l’on confisque est bien plus que des paillettes de sperme, c’est le droit à la paternité. L’éthique a bon dos. Après la limite d’âge, ce sera quoi ? La maladie, le niveau social ? Ça frise l’eugénisme.

Bakou : j’ai un scoop pour vous, le droit à la paternité n’existe pas.

Jojo : Si je comprends bien, les gars concernés ont besoin de leurs paillettes congelées pour faire un enfant parce que ça ne marche plus au naturel ? Ça n’a pas l’air d’être la grosse patate ! Mais ils seraient en état en revanche d’élever un enfant ? Est-ce que ce monde est sérieux ? Enfin un peu de bon sens dans une décision de Justice.

Ismaël Billy : Soit l’avocat ne sait pas son droit, soit il est d’une mauvaise foi assez impressionnante. La règle est claire : quand la loi n’est pas assez précise et si même la jurisprudence n’est pas exhaustive alors c’est au juge de dire la loi ou de créer du droit. Il s’agit d’une obligation. S’il ne le fait pas, le plaignant pourra se retourner contre lui pour déni de justice.

Vanité des vanités (l’Ecclésiaste) : Autant je trouve que l’ingérence de la Justice et de la soi-disant bioéthique médicale sont insupportables à se mêler autant d’affaires privées, autant je trouve aussi assez ridicule que des hommes de plus de 65 ans aient encore la vanité de vouloir se « prolonger » en procréant. Si avancer dans la vie ne vous fait pas prendre conscience de l’aspect dérisoire de cette vanité, c’est que décidément certains ne voient jamais plus loin que le bout de leur nez.

Soyons clairs : Quand la procréation est naturelle elle ne coûte pas à la société. Mais quand elle est assistée elle a un coût. Il est donc alors normal de fixer un cadre.

Bob75 : La bioéthique est l’inquisition du XXIe Siècle. Justifier pour des raisons fallacieuses des positions dogmatiques. C’est ridicule. Que les gens fassent ce qu’ils veulent et se fichent des avis de ces instances de pacotilles. Peu importe les « risques » face à la conquête de la liberté.

Olivier Tribondeau @bob: ce que vous dites est la simple négation de la civilisation dont le principe est de poser des limites à la liberté individuelle pour permettre le vivre ensemble. Le sujet ici n’est pas la liberté des 2 vieux, mais la protection des éventuels rejetons .

Alienfive : Vivement, un certificat officiel et administratif, attestant que les géniteurs ont les moyens de subvenir aux besoins de leur progéniture… Sinon, couic

Bakou @ Alienfive : Et pourquoi pas en effet? Cela éviterait que des parents irresponsables qui n’ont rien d’autre à offrir à leurs enfants que leurs propres échecs n’imposent des cas sociaux supplémentaires à une société malade.

Yves : À quand l’application de critères « sociaux », « intellectuels », « sanitaires » et « esthétiques » ?

* Le Monde.fr avec AFP du 5.03.2018, La justice administrative fixe à « environ 59 ans » la limite d’âge de procréer pour les hommes

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Quelle liberté pour une mort dans la dignité ?

Dans une tribune au MONDE*, un collectif de 156 députés appelle à mieux encadrer les droits et la liberté de mourir des personnes en fin de vie : « On ne meurt pas bien en France. » Selon eux, il manque dans la loi Claeys-Leonetti une liberté, un droit au choix. Un malade dans une « impasse thérapeutique » peut obtenir une aide active à mourir dans les hôpitaux français… en toute illégalité. Il faut pour cela connaître un médecin compatissant et courageux, ce qui crée des inégalités entre nos concitoyens. Anne Bert [qui, en octobre 2017, a reçu, à sa demande, une injection létale dans un service de soins palliatifs en Belgique] clamait : « Il me reste une ultime liberté : celle de choisir la façon dont je vais mourir. » Le choix de la personne doit pouvoir être respecté, quand il est libre, éclairé, soumis à nulle contrainte ou dépression, exprimé de façon réitérée, et que des médecins ont confirmé l’impasse thérapeutique. Il en va aujourd’hui de cette question comme il en allait de l’IVG au début des années 1970 : des femmes y recouraient en sollicitant les services de la Suisse ou du Royaume-Uni, tandis que d’autres trouvaient des médecins complaisants en France. Voici quelques commentaires sur lemonde.fr :

Chrysippe : Il est regrettable que le projet de loi « Touraine » ne prévoit pas l’assistance au suicide, c’est-à-dire la simple délivrance d’une dose létale de médicament. En exigeant la présence médicale, le projet de loi médicalise complètement la question alors que la loi adoptée en Californie limite le rôle médical : moins de six mois à vivre, avoir refusé les alternatives et avoir passé une expertise psychiatrique ; le malade décide ou non pour lui-même… rassurés 1/3 ne passent pas à l’acte !

Ulysse : J’avoue ne pas comprendre (admettre !) que quiconque s’oppose au droit au suicide assisté (je mets à part l’euthanasie qui sous-entend beaucoup trop de choses pour 500 caractères) ; qu’est-ce qui autorise ces gens (ceux qui sont contre) à décider de ma fin de vie ? qu’est-ce qui les autorise à m’interdire de me suicider, proprement, dignement, lorsque je le voudrai ?

JEAN-PIERRE HUBER : Chacun devrait avoir droit à une mort digne quand il le souhaite à tous les moments de sa vie. Pourquoi attendre d’être complètement handicapé ? Bien sûr, il peut le faire sans l’avis de personnes et de nombreux Français le font dans l’indifférence générale, comme les femmes autrefois avortaient de la même façon. On a régressé depuis l’Antiquité.

CLAUDE STENGER : Seul le suicide médicalement assisté peut donner des chances d’éviter les suicides « sauvages » auxquels recourent trop de désespérés faute d’avoir obtenu l’assistance médicale qu’ils auraient pu obtenir dans des pays plus civilisés en tout cas plus « humanistes » que le nôtre.

LUC GRINAND : la plupart des gens concernés ne sont plus en état de se foutre en l’air eux-même je vous signale. Pour ceux qui sont encore physiquement valides effectivement les solutions ne manquent pas, mais il faut quand même du courage, et certains préféreraient quand même mourir d’une manière « propre » plutôt que se jeter sous un train, en plus c’est pas ce qu’il y a de plus sympa pour les familles (ni pour la SNCF).

Garance : On peut redouter que certains vieux, se sentant inutiles et se vivant comme une charge pour la société, en viennent à demander à mourir pour cette raison et non par conviction. Il faut donc bien encadrer le recours au suicide assisté afin que ça demeure un choix et pas une obligation sociale.

LUC GRINAND @ Garance : et vous êtes qui au juste pour décider si le choix de quelqu’un qui veut se foutre en l’air est une « obligation sociale » et non pas leur volonté libre ? Ma mère est loin d’être grabataire et pourtant elle m’a dit plus d’une fois qu’elle préférerait se foutre en l’air que de devenir un légume qui serait une charge pour moi et mes frères. Pour ses gosses ou pour la société, quelle différence ? Votre hypocrisie est pathétique. Un référendum et c’est réglé.

* LE MONDE du 1er mars 2018, Euthanasie : « Il ­convient de donner aux malades en fin de vie la libre disposition de leur corps »

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Léopold DARRITCHON : Malthus de nouveau d’actualité

Au début du 19° siècle la question soulevée par Malthus du rapport entre la croissance démographique qui évolue selon les termes d’une suite géométrique (1,2,4,8,16,…) et la subsistance (la production agricole essentiellement ) qui croit selon les termes d’une progression arithmétique (1,2,3,4,5 ….) n’est pas totalement obsolète, même si elle se pose aujourd’hui en des termes différents.

Premier temps : Tout d’abord l’histoire de ces 2 siècles passés nous montre que les faits n’ont pas donné raison à cette théorie. Cette période a été caractérisée par la loi des rendements croissants provoqués par des sources d’énergies fossiles qui ont permis, par une utilisation et une technologie quasi révolutionnaires, un énorme boom économique non seulement dans la production agricole mais dans l’industrie balbutiante à l’époque de Malthus, dans les transports etc. Ainsi la population qui a été multipliée par 10 environ a vu en parallèle une évolution similaire du PIB par tête d’habitant. Certes cela ne reflète pas des disparités très fortes selon les continents. On estime aujourd’hui qu’un milliard d’habitants de cette planète est en situation de sous-alimentation ou tout au moins de sous-développement. Globalement le constat global infirme quand même la théorie de Malthus.

Deuxième temps : Il a fallu que le Club de Rome, avec dans les années 1972 la publication du rapport intitulé « the limits of growth » reprenne sous une approche plus large cette relation, et tire la sonnette d’alarme. Dans cette nouvelle approche l’évolution de la population à terme n’est pas celle envisagée dans les prévisions actuelles, mais il n’en reste pas moins que les ressources naturelles qui vont se raréfier, puis s’épuiser à cause de réserves limitées par définition, et la pollution (nouvelle variable non perceptible à l’époque de Malthus), feront toutes deux, à moment donné, avec la population, une rencontre explosive. Si, selon les hypothèses envisagées sur les différentes variables, ce moment peut être repoussé, dans le meilleur des cas à quelques décennies, il est dans un avenir très proche, celui de la génération des plus jeunes d’entre nous c’est-à-dire à nos portes !

Troisième temps : Du côté de la population les chiffres avancés aujourd’hui par tous les organismes officiels, l’ONU en tête, ont de quoi noircir un peu plus le tableau. Partons de la situation actuelle où nous recensons en moyenne mondiale un taux de fécondité de 2,5 enfant par femme. A l’horizon 2010, si on augmente ce taux de 0,5 enfant par femme, la population mondiale pourrait être de 16,5 milliards d’individus. Par contre si on table sur une diminution de 0,5 enfant, on se retrouverait encore avec la population actuelle considérable de 7,5 milliards d’êtres humains sur terre. La question reste donc entière. En parallèle, du côté de la croissance économique, à l’instar de la France qui a connu, comme les autres pays industrialisés des taux supérieurs à 5 % par an dans la période des 30 glorieuses, chacun sait aujourd’hui que après une chute régulière de ce taux, celui-ci restera autour de 1, voire dans le meilleur des cas 2 % sur une période longue. Ceci correspond d’ailleurs au taux en moyenne des 18 siècles précédent Malthus. A ceci se rajoute l’apparition de rendements décroissants, dans l’agriculture notamment, soutenus malgré tout encore par l’utilisation d’engrais chimiques dont la durée de vie est celle des ressources naturelles citées précédemment. En parallèle également une pollution qui a atteint les océans, l’air, l’eau et qui va amplifier un problème de santé humaine qu’on sous-estime gravement aujourd’hui, et un changement climatique qui fait déjà des ravages et qui mettra sur les routes de plus en plus de personnes (des dizaines de millions ) allant chercher un avenir ailleurs. De surcroît, ce changement climatique, pour en éviter les effets catastrophiques, va jusqu’à la préconisation de laisser sous terre les ressources naturelles qui font notre progrès économique à 90 % et donc aussi notre croissance économique à 90 %. On voit bien que rien n’est fait pour réconcilier la croissance économique et la croissance démographique que Malthus avait déjà mis au premier plan des problèmes de l’humanité de son époque. Même si les mesures qu’il préconisait alors ne sont plus crédibles et acceptables dans notre société dite moderne, la question reste entière encore en 2018.

Léopold DARRITCHON, professeur d’économie à la retraite

Une idée, agir avec l’association « Démographie Responsable »

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Gilles LACAN : contre MARX, la modernité de Malthus

La plupart des détracteurs de Malthus s’attachent à démontrer l’inexactitude de sa théorie concernant les évolutions respectives de la population et des ressources, selon laquelle la première croîtrait de façon exponentielle, tandis que les secondes augmenteraient de façon linéaire. D’aucuns expliquent que le taux de reproduction de la population n’est pas constant, qu’il décroît dans les pays développés au point de compromettre le renouvellement des générations dans certaines zones comme l’Europe. D’autres que les progrès de la productivité agricole, grâce aux engrais, aux pesticides, aux OGM, à la déforestation et à la mécanisation, permettront bientôt de nourrir dix milliards d’humains, dix fois plus que ceux qui peuplaient la planète à l’époque de Malthus.

Donnons-leur raison si l’on s’en tient aux modèles mathématiques développés dans l’Essai sur le principe de population. Mais le génie de Malthus est d’avoir vu, cent soixante-quinze ans avant le Club de Rome, que les limites physiques de la nature – pour Malthus, les terres agricoles – ne permettaient pas une expansion indéfinie de la production des biens – pour Malthus, les subsistances. Vision plus lucide que celle de Marx, pour lequel la société communiste est une société d’abondance : « Quand, avec l’épanouissement universel des individus, les forces productives se seront accrues, et que toutes les sources de la richesse coopérative jailliront avec abondance – alors seulement on pourra s’évader une bonne fois de l’étroit horizon du droit bourgeois, et la société pourra écrire sur ses bannières : De chacun selon ses capacités, à chacun selon ses besoins ! », déclarait ce dernier en 1875 (in Critique du programme de Gotha). Vision plus lucide aussi que celle de Trotsky, partisan d’un asservissement total de la nature par l’homme, qui écrivait en 1924 : « L’homme socialiste maîtrisera la nature entière, y compris ses faisans et ses esturgeons, au moyen de la machine. Il désignera les lieux où les montagnes doivent être abattues, changera le cours des rivières et emprisonnera les océans. » (in Littérature et révolution).

La modernité de Malthus, considéré comme un repoussoir par les penseurs progressistes, libéraux ou socialistes, est d’avoir articulé les rapports entre l’homme et la nature au sein d’un système global ; la finitude des ressources de celle-ci fixe les limites à l’expansion, économique et démographique, de celui-là. Un système où le calcul économique est confronté à la contrainte physique. Ce sont les prémices d’une approche écologiste.

Gilles LACAN

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Malthusien ? Commencez donc par vous suicider

Parmi les commentaires anti-malthusiens, il est une réaction récurrente qui étonne toujours par sa violence. Elle se présente sous deux formes. La première directe et épidermique « Vous voulez réduire la population mondiale? Commencez donc par vous suicider ! » se rencontre très souvent dans les salons, sur les forums… La seconde plus subtilement agressive : « Surpopulation ? Alors on commence par (éliminer) qui ? » a été celle de politiques ou de scientifiques comme Y. Jadot ou JL. Etienne par exemple… L’idée de réduction de notre natalité est donc ici, associée à un fantasme de mort violente, de meurtre (comme aux plus beaux jours de la lutte contre la contraception et l’avortement), et ce n’est pas étonnant qu’il soit concomitant de celui d’un complot des élites pour une élimination massive des terriens, complot attribué à Bill Gates ou à un quelconque Nouvel Ordre Mondial .

Pourquoi ce thème réveille-t-il de telles terreurs, pourquoi semble-t-il attaquer à ce point la légitimité de l’existence de nos interlocuteurs, pour qu’ils nous agressent aussi violemment ? Il est vrai que la seconde forme emprunte à la facile tactique de la condamnation a priori des questionneurs, comme D. Barthès l’a indiqué très justement dans un article, et que le sujet de la natalité est sensible, intime… Cependant tout cela me semble s’apparenter aussi à une réaction désespérée de déni. On peut en effet, penser que l’humain a perdu au fil des siècles beaucoup d’illusions sur sa toute puissance : Dieu (quoique depuis deux décennies…) et les espérances du Grand Soir l’ont quitté, la «découverte» de l’Inconscient lui a ôté la certitude de maîtriser son destin et enfin sa planète ne s’avère plus infinie ni sa corne d’abondance éternelle. Pour refuser la régulation de sa descendance, dernier espace de liberté, de toute puissance imaginaire – et dernier espoir de se multiplier à l’infini pour éviter de se confronter individuellement à sa misérable finitude – il cherche farouchement des échappatoires : retournement des jumelles pour ne voir que les initiatives locales, transhumanisme, colonisation de Mars… voire certitude que la catastrophe qui arrivera à coup sûr l’épargnera lui et les siens, lui permettant ainsi de retrouver l’infini de la planète, de ses ressources et la possibilité de se reproduire à nouveau sans frein (cf. les mouvements survivalistes et collapsologues). Notre Ubris (ou hybris) semble avoir trouvé un dernier refuge dans ce déni de la surpopulation. D’où peut-être ces réactions agressives et irrationnelles face à une réalité effrayante…

Avec cette ultime illusion perdue, le roi est vraiment nu et l’homme bien seul face à la mort. La sienne et celle, toujours possible, de son espèce.

Anne-Marie Teysseire

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Organisation mondiale pour une démographie responsable

Je lis en ce moment un livre intitulé « Chroniques du mondialisme » de Pierre Hillard dont je ne partage absolument pas les idées dans lequel je relève le propos le plus anti-malthusien que j’ai lu ou entendu depuis bien longtemps : « .….Minée par une démographie suicidaire, comme partout en Europe, l’Allemagne connaît de graves difficultés économiques (…) Cependant aucune politique aussi subtile soit-elle, s’appuyant sur des rêves de partenariats mondiaux, ne peux perdurer si les décès l’emportent sur les naissances. L’hiver démographique qui touche toute l’Europe lui interdit, à plus ou moins long terme toute « politique puissante », à moins d’un réveil brutal de l’instinct de survie. p. 53 ».

Combien fois l’ai-je entendu, ce spectre du déclin de l’Allemagne à cause de sa basse démographie. On voit ce qu’il en est. Ce pays est toujours la première économie européenne. Etre malthusien est presque un gros mot. Je pense pourtant qu’un jour on honorera Malthus qui sera considéré comme un précurseur. Il serait bon que les écologistes intègrent dans leurs pensées que la démographie est un volet incontournable de l’écologie. Pour beaucoup l’équilibre démographique ne concerne que les espèces sauvages. Concernant l’homme, la question démographique reste encore largement un sujet tabou. « Le nombre d’enfants que l’on fait, cela fait partie de la liberté de chacun » ; « L’homme trouvera toujours des solutions ». Voilà le genre de propos que l’on entend. Trop souvent on résume la question à celle de la production de nourriture. Et on oublie la préservation de la biodiversité, et aussi que la qualité de la nourriture est en partie  liée à la culture et à l’élevage extensifs (la viande est bien meilleure quand les bêtes mangent les plantes de leur choix dans la nature). On oublie aussi la qualité de vie que procure la préservation d’espaces naturels sauvages assez vastes et qu’il faut de l’espace pour construite des villes aérées riches en espaces verts (jardins familiaux, coulées vertes, squares, jardins publique, parcs forestiers urbains) avec des bâtiments pas trop hauts qui ne masquent pas le soleil dans les rues en hiver. Trop souvent aussi on oublie que parce que nous sommes trop nombreux nous n’avons plus d’autre alternative que de construire soit sur des terres agricoles qui font de plus en plus défaut, soit dans des zones à risque (zones sismiques, inondables, avalancheuses….). A propos des pollutions, on peut bien sûre s’efforcer de trouver des solutions pour polluer moins, recycler les déchets… Il faut bien sûr le faire, mais en même temps reconnaître que si nous étions moins nombreux on polluerait moins.

Il y a déjà toutes sortes d’organisme internationaux : OMC, ONU, UNESCO, CITES, UICN, WWF, des organismes qui réglementent l’aviation ou le foot-bal, pour quoi pas un qui réglemente la démographie (OMDR par exemple, Organisation mondiale pour une démographie responsable). Voila, jetées pèle-mêle quelques idées qui me passaient par la tête.

Philippe Dupont

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Nullipares, childfree, les personnes sans enfants

La décision d’avoir ou de ne pas avoir d’enfants se fait normalement à deux. Aujourd’hui, l’infécondité définitive atteint en France 21 % des hommes nés entre 1961 et 1965, et 13,5 % des femmes nées à la même époque. On estime à 3 % seulement la part due à l’infertilité médicale. Mais il est de bon ton de ne s’intéresser qu’aux femmes qui ont choisi de ne pas avoir d’enfants. En Allemagne, 25 % des femmes nées en 1968 sont sans enfants. Il y a là-bas une véritable culture des familles sans enfants. Une page entière du MONDE* consacrée aux childfree, cela se fête.

Malheureusement l’article du MONDE insiste sur la superficialité des considérations individualistes : « Je n’ai jamais eu le désir d’enfant, tout simplement. Pas besoin de chercher telle ou telle cause » ; Un enfant, c’est une « charge », un « poids », un « fil à la patte », bref, un gêneur ; « Je ne supporte pas les enfants s’ils sont un tant soit peu turbulents » ; « J’ai préféré passer mes nuits à discuter, écrire, lire ou danser, plutôt qu’à changer des couches » ;« La femme qui court toute la journée, qui travaille avec trois enfants, je ne pouvais pas vivre ça, l’idée m’était insupportable » ;« Je ne vois pas d’avantage à avoir des enfants. En revanche, une journée passée à entendre mes collègues me suffit à dresser une longue liste d’inconvénients (nuits blanches, contraintes horaires, dépenses, angoisses) ». Les considérations tournées vers le futur sont rares : « Le CDI est en voie de disparition. Plus rien n’est sûr. Je peux perdre mon emploi, mon mari peut me quitter. Si j’ai un enfant, comment savoir qu’il ne manquera de rien ? » ; « Je m’inquiète beaucoup plus pour les générations futures que ceux qui font des enfants sans réfléchir » ; « C’est l’envie d’enfants qui me paraît égoïste et irraisonnée : dans un monde pareil, sérieusement ? » 

Si nous avions à faire le choix d’une fécondité rationnelle, responsable, la base de notre raisonnement serait simple : pourquoi faire un bébé de plus dans un monde déjà surpeuplé ? Mieux vaudrait le fait d’avoir un seul enfant ou pas du tout plutôt qu’un suicide assumé dans l’intérêt de la planète… La volonté de ne pas donner naissance dans un monde menacé par l’effondrement écologique n’est pas encore un facteur déterminant, pas encore. Voici quelques références pour poursuivre votre réflexion :

Féminisme, sensibilité écologique et refus de maternité (2016)

No kid, ces femmes qui ne veulent pas avoir d’enfant (2014)

démographie responsable (2010)

oui à la nulliparité (2008)

Un livre qui fait le tour des problèmes : « Moins nombreux, plus heureux (l’urgence écologique de repenser la démographie) »

Pour rejoindre l’association « Démographie Responsable » : https://www.demographie-responsable.org/nous-rejoindre.html

* LE MONDE du 25-26 février 2018, elles ont décidé de ne pas avoir d’enfants et l’assument

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On interdit l’avortement, donc nous manquons d’eau

Excusez le raccourci, mais parce que nous refusons la maîtrise de la fécondité humaine, l’humanité a soif. Voici trois informations à recouper. Comme le Salvador, trois autres pays d’Amérique du sud interdisent toute forme d’avortement : le Honduras, le Nicaragua et la République dominicaine. En avril 1997, une réforme pénale au Salvador a interdit toute forme d’avortement, y compris en cas de viol, lorsque la vie de la mère est en danger ou quand le fœtus n’a aucune chance de survie. Teodora Vasquez avait même été condamnée en 2008 à 30 ans de prison pour une fausse couche qualifiée « d’homicide aggravé » par la justice*. Au Maroc, « il n’y a plus d’eau ni dans le ciel, ni dans le sol ». Après une décennie de surexploitation des nappes phréatiques par l’agriculture, le royaume est en situation de stress hydrique. Entre manger et boire, il faudra bientôt choisir**. Les 4,5 millions d’habitants du Cap sont menacés de se voir couper les robinets. Au Mozambique voisin, alors que les réserves sont au plus bas, un quart de l’agglomération de Maputo (4 millions d’habitants) est privée d’eau potable, car le gouvernement a décidé d’alimenter en priorité l’agriculture et la production d’électricité***. Ce sont des pays différents, des contextes socio-économiques dissemblables, mais comment ignorer que les politiques natalistes ont entraîné la surpopulation mondiale, elle-même source d’entassement dans des mégalopoles disproportionnées, avec des besoins alimentaires croissants et une pression insupportable sur les nappes phréatiques. Voici un récapitulatif issu de notre blog et centré sur ce dernier point :

Lierre Keith : Notre espèce souffre de surpopulation, et c’est le cas depuis 10 000 ans. Aujourd’hui, des milliards d’entre nous ne sont là qu’à cause des combustibles fossiles. La population mondiale est censée atteindre les 9 milliards en 2050. En parallèle, les réserves piscicoles seront épuisés, les nappes phréatiques trop profondes pour être exploitées et les dernières parcelles de couche arable seront devenues poussière. Toute discussion sur la population mondiale doit absolument prendre en compte la notion de capacité limite ou nombre d’humains qu’un environnement donné peut supporter indéfiniment.

Lester Brown : Nous coupons les arbres plus vite qu’ils ne peuvent repousser et nous surexploitons les pâturages qui, peu à peu, se transforment en déserts. Parallèlement nous épuisons les nappes phréatiques un peu partout. Une autre contrainte vient s’ajouter aux deux premières, les limites de la photosynthèse. Les productions de céréales stagnent déjà. Pour 1 degré d’augmentation de la température, nous devrions même connaître une baisse de 17 % de leur production.

Paul Ehrich : En quelque 60 millions d’années, Homo sapiens est devenu l’animal dominant de la planète, acquérant un cerveau développé et, par-dessus tout, un langage structuré. Malheureusement, au cours des siècles derniers, nous avons de plus en plus utilisé ce pouvoir pour épuiser le capital naturel de la planète, notamment ses terres agricoles profondes et riches, ses nappes phréatiques constituées durant les périodes glaciaires et sa biodiversité. Cette tendance est en grande partie due à la concomitance entre croissance démographique et augmentation de la consommation par habitant, une combinaison qui ne peut se poursuivre encore longtemps sans que risque de s’effondrer notre civilisation désormais mondiale.

Mathis Wackernagel : Mauvaise nouvelle pour la planète, ce mercredi 22 août 2012 l’humanité a déjà épuisé son crédit annuel de ressources naturelles. Nous avons déjà atteint le « Global Overshoot Day » ou « jour du dépassement ». En d’autres termes, nous vivrons à crédit jusqu’à la fin de l’année. Autrement dit, nous puisons dans le capital naturel : le réchauffement climatique s’accentue parce que le poids de l’humanité a dépassé les capacités de recyclage du CO2 par les écosystèmes, les stocks de poissons dans les mers sont en diminution, les nappes phréatiques baissent, etc. Pour M. Wackernagel, ni l’austérité ni la croissance n’éviteront la faillite du système, le défaut de régénération de la Terre sera le facteur limitant de notre économie. Car la tendance finira par se renverser, que ce soit à dessein ou par désastre.

Démographie responsable : Après les huit Objectifs du millénaire pour le développement (OMD) qui ont accompagné la période de 2000 à 2015, ce sont dix-sept Objectifs de développement durable (ODD) qui devraient permettre de construire le futur des 8,5 milliards d’habitants attendus sur la planète dans quinze ans. Le commentaire de « Démographie responsable » est pertinent : « 17 objectifs et pas un seul qui ne fasse référence, ni de près ni de loin, à la démographie ? Aucune « planète durable » ne sera possible avec les 11,2 milliards d’humains attendus pour 2100, sachant qu’à 7 milliards, nous avons déjà réussi à dérégler le climat, brûlé une grande partie des ressources fossiles, provoqué la 6ème extinction des espèces, rasé une grande partie des forêts tropicales et pollué les océans et les nappes phréatiques. Une fois encore, l’ONU est à côté de la plaque… »

le cas de l’Inde : « L’électricité gratuite ou à tarif réduit dont bénéficient de nombreux agriculteurs indiens pour irriguer leurs cultures, à l’aide de pompes motorisées, accélère l’épuisement des nappes phréatiques. Au rythme actuel, la Banque mondiale prévoit que 60 % de ces nappes seront dans une situation « critique » d’ici vingt ans. Le recours à l’irrigation souterraine a aussi creusé les inégalités. Seuls les plus riches peuvent financer l’achat de pompes et le creusement de puits profonds. Les autres doivent leur acheter l’eau… »

* LE MONDE du 18-19 février 2018, Au Salvador, plus de dix ans de prison pour une fausse couche

** LE MONDE du 18-19 février 2018, Au Maroc, « il n’y a plus d’eau ni dans le ciel, ni dans le sol »

*** LE MONDE du 18-19 février 2018, Sécheresse, surexploitation : le monde a soif

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Associations antinatalistes, la force du petit nombre

Devant le tabou qui frappe la question démographique dans les médias, les milieux gouvernementaux mais aussi paradoxalement beaucoup d’écologistes, c’est le monde associatif qui a pris le flambeau de la mise en garde contre les risques liés à la surpopulation. En Europe et aux États-Unis notamment, de nombreux mouvements, selon des stratégies variées et des proximités politiques diverses, se battent pour faire reconnaître l’importance du facteur démographique et pour inciter à la réduction de la fécondité. La plupart sont motivés par des considérations écologiques.

En France l’Association Démographie Responsable, fondée fin 2008, multiplie les interventions, conférences, articles, pétitions pour alerter sur la gravité du problème et pour faire entrer cette question de plain-pied dans tous les débats ayant trait à la protection de l’environnement. Les membres de cette association sont de fervents défenseurs de l’espèce humaine ainsi que des autres espèces vivantes présentes à ses côtés, désireux de sauvegarder La Vie sur la planète et ce, dans les conditions les moins mauvaises possibles. En incitant à l’autolimitation de la natalité, l’association a pour objet d’œuvrer pour la stabilisation de la population humaine, voire sa diminution sur le long terme. Excluant tout ce qui ne respecterait pas les droits humains ou qui remettrait en cause la liberté de procréer, leur démarche passe par une bonne information de chacun(e) sur les conséquences de la pression démographique pour les générations futures, les autres espèces et l’environnement. Elle milite notamment pour que soient organisées des COP (conférences internationales) sur la démographie comme cela se fait pour le climat ou la biodiversité. Son action porte à la fois sur la démographie nationale et internationale ; un certain nombre de personnalités politiques et/ou scientifiques en sont membres d’honneur.
Au Royaume-Uni, avec plusieurs milliers d’adhérents et quelques soutiens médiatiques de poids comme le célèbre présentateur d’émissions animalières, Sir David Attenborough, l’association Population Matters fait de même. C’est de loin le premier mouvement européen. En Italie, c’est principalement l’association Rientrodolce qui porte le message. Elle est assez proche de la mouvance décroissante et milite pour un mode de vie plus doux et plus lent. Son slogan est : « Per un ritorno « dolce » a due miliardi di persone ». En Suisse, l’association Ecopop avait, en 2014, organisé une votation – perdue toutefois – pour limiter l’immigration en vue de réduire la croissance démographique du pays. Le projet prévoyait aussi de favoriser le planning familial dans les pays pauvres en demandant qu’y soit consacré 10 % de l’aide au développement. On trouve aux Pays-Bas la fondation Le club des 10 millions qui prône un retour du pays à 10 millions d’habitants (contre 17 millions aujourd’hui et 407 habitants par kilomètre carré) et en Belgique l’association One Baby qui milite également pour une certaine modération démographique. Les pays à la démographie moins vive comme l’Allemagne ou l’Espagne sont évidemment moins présents sur ces questions. Aux Etats-Unis, différentes fondations bénéficient de moyens financiers relativement importants et lient souvent leurs actions à la lutte contre la pauvreté, à la promotion de la condition féminine ou à l’écologie en général, citons notamment : Population Institute (depuis 1969), Population Action International (PAI), Population Media Center, World Population Balance, Population connection. Population Institute est également présent au Canada où son militantisme porte aussi sur la protection animale. De tels mouvements existent dans beaucoup d’autres pays, citons en Australie Sustainable Population Australia ou au Bangladesh l’association BOFOC (Bangladesh society of One Family One Child).

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La vraie tragédie, ce serait que l’humanité survive

Faudra-t-il demain exterminer totalement l’espèce humaine pour préserver la Terre ? Nous avons enquêté dans les méandres de ces « fous » de Gaïa. On distinguera trois types de groupes anti-humains. Les uns préconisent une réduction de la population. Les autres militent pour la disparition de l’espèce humaine : certains d’entre eux prônent le volontariat, d’autres la coercition. Nous avons hésité à rendre publics certains documents explosifs. N’accordions-nous pas un intérêt malsain à des théories probablement sans aucun avenir ?

L’ Eglise d’Euthanasia (The Church of Euthanasia – COE) est le groupe antihumain le plus influent. Elle a son siège social à Somerville (USA) et revendique officiellement un statut religieux. Elle est implantée depuis 1991 aux Etats-Unis, en Allemagne, en Belgique, en Angleterre, etc. Elle est dirigée par le Révérend Chrissy Korda. Son leader, activiste végane, fonde la COE après un rêve durant lequel elle aurait été visitée par un « Etre » qui l’informa que l’écosystème planétaire était détérioré et que tous nos sens nous mentaient pour nous cacher cette Vérité. Elle se réveilla avec en tête la devise « infâme » (sic) de son groupe : « Economisez la planète, détruisez-vous« . Son dogme est limité officiellement à un unique commandement : « Tu ne procréeras pas ! ». Les parents sont admis à condition qu’ils s’engagent à ne plus jamais enfanter sous peine d’ex-communication.

La COE multiplie depuis 1993 les actions. Ses activistes ont développé un réel savoir-faire en matière de provocation lors des manifestations de rue (tablette géante de RU-486, commando contre des banques de sperme, pénis gonflable fluo). Son premier service « religieux » s’est tenu, en octobre 1995, sous un portrait du « bon » docteur Kevorkian, connu aux Etats-Unis pour être le champion du suicide assisté puisqu’il fournit aux « candidats » une « machine à suicide ». La population humaine serait, selon la COE, responsable de par sa croissance d’un vrai écocide. Elle menacerait en effet d’extinction toutes les autres espèces végétales et animales. Un humanicide seul pourrait encore (nous) sauver de cet écocide programmé génétiquement : « Nous avons quelque chose à faire très rapidement et la chose la plus importante que nous pouvons faire est de réduire notre population  » (…). « C’est quelque chose que chacun de nous peut faire, elle n’exige pas de formation spéciale et c’est pourquoi chaque membre de l’église d’euthanasia prend le vœu de ne plus jamais procréer ». La COE ne propose cependant pas (contrairement à d’autres groupes) l’extinction totale de l’Humanité, sauf si les efforts entrepris pour restaurer rapidement l’équilibre devaient finalement échouer (sic). Il suffit de lire sa prose pour découvrir que derrière son soi-disant refus de la société américaine (industrielle) se cache la haine des « banquiers juifs » (sic) et de la pourriture chrétienne (resic). Elle recycle ainsi tout un bric-à-brac nauséabond fondé sur la dénonciation d’un complot judéo-égalitaire qui aurait, cette fois, pour cible, non plus les Aryens, mais la Nature. Comment réduire l’espèce humaine ?

« Si vous pensez que nous sommes trop nombreux pourquoi ne pas assumer votre propre responsabilité personnelle : pourquoi ne pas vous suicider ? » La COE estime que si l’utilisation de bombes atomiques pour réduire la population terrestre serait en soi acceptable au regard des humains, elle aurait, en revanche, l’inconvénient de rendre des vastes régions de la terre inadaptées pour n’importe quelle forme de vie animale ou végétale. La COE préconise pour l’instant d’en rester à ces méthodes volontaires mais ajoute que plus l’humanité recule le moment plus les « autres » solutions deviendront alors indispensables. La sodomie est facultative. Le suicide est encouragé. Ses dirigeants expliquent qu’ils ont choisi personnellement de se « sacrifier » en ne se suicidant pas, pour faire quelque chose de plus utile en convainquant beaucoup d’autres à le faire (sic). Ils développent une théologie du suicide aux effets dévastateurs sur des individus fragilisés…

Paul Ariès, texte de 2002

texte complet : http://www.prevensectes.com/euthanasia1.htm

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Paul Ariès et les délires terroristes des néo-malthusiens

Paul Ariès est un politologue proche du mouvement de la décroissance, mais qui s’intéresse aussi aux franges de la société, la scientologie, le satanisme et l’extrême droite, le retour de l’occultisme… Sur la question démographique, voici un résumé de son livre au titre apocalyptique*.

Interview par Paul Ariès d’un militant anti-humain : « La Terre n’est pas faite pour les hommes. Les hommes sont faits pour la Terre. Ils ont une fonction à remplir. Le problème c’est lorsqu’ils se croient les maîtres de la Terre alors qu’ils n’en sont que les esclaves, les petits insectes. Je ne sais pas d’où vient cette croyance mais elle fonde tout le système industriel. On ne le détruira pas si on ne met pas l’homme au niveau des pâquerettes. Il n’est pas plus qu’une espèce parmi des milliards d’autres espèces vivantes. Il meurt chaque jour plusieurs espèces animales ou végétales à cause de l’homme. La disparition des hommes ne serait donc pas pire que celle des autre espèces. Elle est même sans doute nécessaire. Le problème c’est que l’homme est parvenu à échapper à son destin, à se déprogrammer. Il aurait dû mourir d’une mort douce, il devra disparaître dans la violence. Cela peut être celle de la Terre lorsqu’elle se défend contre la haine des hommes. Il ne faut pas croire que les soi-disant catastrophes soient aussi naturelles que cela. La Terre fait ce qu’elle veut. Elle se débarrasse de quelques humains par un tremblement de terre ; ailleurs par un raz de marée ou une irruption volcanique. Vous pouvez sourire mais c’est comme ça. La Terre joue avec nous, un peu comme un chat avec une souris. Il ne faut pas rêver : on y passera tous ! Tu peux appeler cela comme tu veux mais l’apocalypse existe dans toutes les religions. Quand tu comprends cela, tu peux te faire sauter la cervelle, sauf si tu piges que tu appartiens à la Terre. La vie continue après la disparition des humains, mais autrement, et c’est là l’essentiel. » (page 75-76)

Le vocabulaire de Paul Ariès : « Certains se contentent de fantasmer sur le retour de Malthus, ce Diable noir du XVIIIe siècle… Le capitalisme serait-il devenu sénile pour redécouvrir avec passion les thèses maudites du Révérend Malthus ?… Nous avons enquêté dans les méandres nauséabonds de ces véritables fous de Gaïa-Notre-Mère… Ces fous dangereux, avant d’être criminels, sont les enfants d’une société qui ne connaît plus d’autre loi que celle de la consommation… Ces faussaires de la pensée n’ont de cesse de passer en contrebande une idéologie « éco-moyenâgeuse » funeste… Peut-on penser que ces fanges ne représenteraient qu’elles-mêmes ?… Ces thèses immondes ne sont pas nouvelles, mais elles rencontrent un écho plus large au sein de la communauté savante, mais aussi au sein d’une partie toujours plus grande de l’opinion publique… » (page 9 à 17)

conclusion de Paul Ariès : « Ces groupes antihumains sont dangereux car le pire reste possible. Qui pourrait en effet exclure, à terme, des dérives de nature terroriste ? Un monde inhumain peut-il féconder durablement des rêves enchanteurs ? La Bête a de beaux jours devant elle, car que lui opposons nous ? Elle pourra de nouveau faire fantasmer des individus paumés. Comment s’opposer à la fascisation des esprits ? L’humain doit reconnaître, pour cela, que tout n’est pas possible. Il n’est que temps de nous libérer de ce qui pèse, aujourd’hui, le plus lourd. Il faut donc tordre le cou aux inégalités si nous voulons casser ces mythes du surhomme et de la nature sauvage. » (page 168)

commentaires de biosphere

Difficile de faire une critique pondérée de ce livre car l’ensemble n’est qu’un tissu de contre-vérités sur les malthusiens, une accumulation de termes injurieux, une méconnaissance totale des néo-malthusiens. Exemple ; dans le chapitre « Les rentiers du Révérend Malthus », l’insulte vaut raisonnement pour Ariès : « Nous reviendrons sur les polémiques que suscitèrent les propos ignobles de Malthus… Les néo-malthusiens donnent le sentiment de n’avoir rien appris, ils ont simplement élargi leur haine des pauvres à tous les humains… Malthus ne doit pas être sous-estimé car ses formules de bateleur ont pour elles l’apparence de l’évidence alors qu’elles dissimulent les plus ignobles remèdes… La méprise de Malthus tient en fait à sa haine des pauvres… Malthus présentait une théorisation de l’abjection car il donnait pour surnuméraires ceux-là même qui produisent les richesses… L’infâme curé substitue au Dieu, garant de l’ordre éternel, le principe naturel de la population, faisant preuve d’un racisme qui justifie tous les génocides de travailleurs… (page 32 à 35) »

Le seul intérêt du livre, c’est qu’il nous informe sur les associations existantes, surtout américaines, qui vont à l’extrême de la volonté de réduire la population mondiale.

* Pour sauver la Terre : l’espèce humaine doit-elle disparaître ? (de l’humanisme à l’humanicide : les délires terroristes des néo-malthusiens) aux éditions L’Harmattan, 2017)

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Jean Dorst, un mètre carré de surface par habitant !

écrit de Jean Dorst en 1965 : Le Seigneur a dit : « croissez et multipliez… » – Oui, mais il n’a pas dit par combien ! Si on voulait caractériser le XXe siècle par un phénomène unique, ce ne serait pas par la découverte d’innombrables perfectionnements techniques, ni même par la fusion nucléaire, mais bien plus par l’explosion démographique aux conséquences incalculables. Quand on a présent à l’esprit l’accroissement démographique selon une progression géométrique, on ne peut que nourrir de sombres inquiétudes sur le destin de l’humanité. Il a fallu 600 000 ans pour que l’humanité atteigne un effectif de 3 milliards (en 1965) ; si la tendance actuelle se poursuit, il suffira de 35 ans pour que ce chiffre soit doublé (ndlr : 6,1 milliard ont été effectivement atteint en 2000). Pour le naturaliste, ce phénomène a les caractéristiques d’une véritable pullulation. Comme l’a souligné un rapport des Nations unies en 1958, si le rythme actuel d’accroissement se poursuivait pendant encore 600 ans, le nombre d’êtres humains serait tel que chacun n’aurait plus qu’un mètre carré de surface à sa disposition. Autant dire que c’est là un événement qui n’aura pas lieu. Quelque chose se passera pour arrêter cette prolifération intempestive ; souhaitons que ce ne soit pas une catastrophe à l’échelle de la planète. Peu d’entre nous ont conscience du problème de la surpopulation du fait de sa nouveauté et de tout l’obscurantisme qui en masque la gravité. D’ardents zélateurs continuent pourtant à prôner la famille nombreuse. La Suisse oublieuse de la peine qu’elle eut à nourrir ses enfants de 1940 à 1945, a explosé de joie imbécile en 1964 lorsqu’elle apprit qu’était né son cinq millionième citoyen ! Et pendant ce temps, les peuples dits sous-développés continuent de se développer à une vitesse plutôt digne de Lapins que d’êtres doués de raison.

Il faut constater que l’augmentation massive et accélérée des humains finit par rendre le problème de leur subsistance absurde ; les ressources alimentaires ne pourront jamais suivre cette progression et tôt ou tard se produira un décrochement. Nous sommes parfaitement conscients que les rendements agricoles ont été considérablement augmentés depuis les première ères de l’humanité. Le chasseur paléolithique avait besoin de 10 km² pour se nourrir ; le pasteur néolithique 10 hectares ; le paysan médiéval 2/3 d’ha de terre arable ; le cultivateur japonais peut se sustenter maintenant avec 1/16 d’hectare. Mais tout se passe comme si la quantité de nourriture et celle des multiples produits que l’homme demande à la terre essayaient de rattraper leur retard sur les effectifs de consommateurs, sans jamais y parvenir. La survie et la prospérité de l’ensemble des communautés biotiques terrestres dépendent en définitive de la mince strate qui forme la couche la plus superficielle des terres. Il existe une érosion accélérée consécutive à une mauvaise gestion du sol dont l’homme est l’unique responsable. La morphogenèse anthropique affecte gravement la fertilité par perte de substances et par transformation de la structure physique, chimique et biologique des sols. L’homme a même empiété sur des terres marginales, sans vocation agricole, et dont l’équilibre ne peut être assuré que par le maintien des biocénoses naturelles. Il y a eu déboisement, perturbations dans le régime des fleuves, destruction des habitats aquatiques, abus des insecticides, déchets de la civilisation technique à l’assaut de la planète, pollution des mers et de l’atmosphère, pollution radioactive, pillage des ressources des mers… Il faut aussi tenir compte du fait que les difficultés de répartition des denrées et les inégalités de ressources entre les différentes fractions de population ne disparaîtront pas facilement, sans doute jamais. Même si chaque homme était assuré d’une ration suffisante, il est néanmoins plus agréable de ne pas être obligé de manger debout ! Aussi est-il sage que chacune des fractions de l’humanité proportionne son expansion démographique à ses ressources propres.

L’humanité, envisagée comme une population animale, a réussi à se débarrasser de la plupart des freins à sa prolifération au risque non négligeable de multiplier les maladies héréditaires, autrefois éliminées en plus grande proportion par la sélection naturelle. On a parfois tenté de se poser la question : faut-il condamner Pasteur en raison de ses découvertes ? Certes non. Mais l’homme se doit de trouver dans les plus brefs délais, un moyen de contrôler une prolificité exagérée, véritable génocide à l’échelle de la planète. Un premier moyen de régulation est l’émigration. Or cela n’est plus guère possible à l’heure actuelle car toute la planète est strictement compartimentée et coupée de barrières. Un deuxième procédé est l’augmentation du taux de mortalité. Certaines sociétés primitives éliminent les vieillards, tandis que d’autres préconisent l’infanticide. C’est impossible à envisager dans le cas de l’humanité évoluée. Le troisième procédé consiste à une diminution du taux de natalité. Aucune religion, aucune morale et aucun préjugé ne doivent nous en empêcher. Le jour où les peuples se jetteront les uns contre les autres, poussés par des motifs en définitive écologiques, cela serait-il plus hautement moral que d’avoir maintenu les populations humaines en harmonie avec leur milieu ? Même si l’homme décide de suivre aveuglément les bergers modernes, il a le devoir de prendre une assurance et de ne pas rompre tous les liens avec le milieu dans lequel il est né. Il faut chasser de notre esprit les concepts selon lesquels la seule manière de tirer profit de la surface du globe est une transformation complète des habitats et le remplacement des espèces sauvages par quelques végétaux et animaux domestiques. La conservation de la nature sauvage doit être défendue par d’autres arguments que la raison et notre intérêt immédiat. Un homme digne de la condition humaine n’a pas à envisager uniquement le côté utilitariste des choses.

Avant que nature meure de Jean Dorst (Delachaux et Niestlé 1965)

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164 000 Français de plus pour 67,2 millions d’habitants

Catastrophe, un solde naturel (naissances – décès) « historiquement bas » en France à + 164 000 personnes, le niveau le plus faible constaté depuis l’après-guerre. L’article du MONDE pleure à chaudes larmes, « une mauvaise passe », » un dynamisme démographique en bout de course », « un tableau sombre », « une augmentation de seulement + 0,3 % pour 67,2 millions de personnes », « un indicateur de fécondité à 1,88 enfant par femme qui s’éloigne du seuil de renouvellement des générations (2,1 enfants par femme) ». C’est vraiment une catastrophe pour la journaliste Gaëlle Dupont. Ce n’est pas l’avis d’une très large majorité des commentateurs sur lemonde.fr :

Hé bé : Cela veut dire que l’on va arrêter de balancer 150 000 jeunes chaque année à Pôle emploi ? J’arrive pas à voir où est la mauvaise nouvelle.

Intriguée : Pourquoi faudrait-il se réjouir de la hausse de la population ou s’attrister de sa baisse? On vit bien dans de nombreux pays où la faible natalité est un choix (Japon, Suisse, Allemagne…). La politique familiale de la France n’est-elle pas un héritage de périodes anciennes où la pression démographique était un atout dans les rivalités européennes et fournissait la « chair à canon » ? Ne faudrait-il pas plus aider les familles pour leur 1er enfant plutôt que favoriser les familles nombreuses ?

Constant : Les articles sont écrits par des curés maintenant ? En quoi une baisse de la natalité est elle négative ?

Laure : On n’a jamais été aussi nombreux en France (pour rappel on était seulement 42 millions en 1950) et on est toujours en train de nous dire « attention nous sommes sous le renouvellement des générations ». Vous désirez quoi ?! Un triplement de la population tous les 50 ans comme au Niger suivi d’une émigration massive ?!! Le but c’est quoi ? Vivre dans des HLM entassés ou vivre convenablement avec de l’espace pour nos enfants ?!!

loulou44 : Le monde est surpeuplé, les villes sont surpeuplées, la région parisienne est sur-surpeuplées, la baisse de natalité est plutôt un bon signe.

Michèle de Dordogne : Oui, excellente nouvelle, il faut réduire la population partout si on veut que notre planète survive

jpet : Il faut s’en réjouir, à l’heure de l’écologie le vrai geste citoyen est de ne pas se reproduire.

LucM : Étonnantes toutes ces réactions en faveur de la baisse de la natalité ! Oui la démographie exerce une pression sur les ressources, mais c’est d’abord dû à notre mode de vie ! Baisser la population ne servira à rien si on consomme toujours autant !

ALAIN-MICHEL SEUX @ LucM : Mais si, ça servira puisqu’il y aura moins de monde pour prélever les ressources donc ça en laissera plus pour ceux qui restent.

Roudoudou : Excellente nouvelle, pourvu que çà dure, même si on n’en verra pas les effets tout de suite… Il est tellement évident qu’il n’est pas possible d’avoir une population humaine en constante croissance mais apparemment nos experts n’ont toujours pas compris çà….

tokolosh : Le différentiel des prix immobiliers par rapport à l’Allemagne par exemple tient largement… à notre petite passion nataliste franchouillarde, justement ! Ce n’est pas compliqué, de la simple offre et demande : plus de mômes = moins de places dispos = ce qui est rare est cher.

CYNIQUE DU BON SENS ET RAISON : 50 millions d’habitants en France, ce doit être le chiffre à atteindre pour maintenir une qualité de vie dans ce pays (conservation de l’écosystème). Un peu d’intelligence collective ne nuirait pas.

JEROME @ CBSR: j’avais calculé autour de 24 millions compte-tenu de l’empreinte écologique autour de 2,6 => 65/2,7 page 2 sur le doc: http://structures.ac-martinique.fr/eedd/EmpreinteFrance4p%5B1%5D.pdf

* LE MONDE du 17 janvier 2018, Natalité  : vers la fin de l’exception française

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Gestation Pour Autrui, un enfant à n’importe quel prix

GPA, payer une femme pour enfin avoir un enfant. Rappelons que le recours aux mères porteuses est interdit en France depuis les lois de bioéthique de 1994, mais l’association des familles homoparentales et l’association des parents gays et lesbiens s’activent dans les colonnes du MONDE* par l’intermédiaire d’une journaliste : « C’est l’histoire de Claire, une longue et douloureuse affaire d’infertilité, une première fécondation in vitro (FIV) à 32 ans, la huitième à 37 ans, décision pour une GPA aux Etats-Unis… La GPA est autorisée dans 45 des 50 états… Les bébés coûtent cher, Claire et Felipe ont explosé les tarifs… L’aventure leur a coûté 210 000 dollars, sans leurs quatre allers-retours aux Etats-Unis… Kelly, la mère porteuse de Claire et Felipe, a reçu 35 000 dollars : « nous nous sommes payé une voiture, de belles vacances à Hawaï »… On pourrait trouver une mère porteuse plus vite si on acceptait une femme sans mutuelle, donc plus précarisée… La mise en relation à but lucratif entre des parents et une mère porteuse est punie de deux ans de prison et de 30 000 euros d’amende… Les états généraux de la bioéthique, lors du premier semestre 2018, permettront d’en débattre… »

Adel sur lemonde.fr : Ce qui est choquant n’est pas la pratique mais le fait qu’il y ait des millions d’enfants orphelins sur notre planète qui attendent d’être adoptés. Le besoin absolu et à tout prix d’avoir un enfant issu de ses gamètes n’a pas de sens d’un point de vue génétique et en a de moins en moins sur le plan moral.

Pascal : Pratique abjecte de personnes se réclamant « de gauche », prêts à payer 200 000 € pour louer le corps d’une femme le temps d’une grossesse, pour assouvir leur petit besoin (pardon, « droit ») d’enfant.

Tehel : La non marchandisation du corps humain est un principe sur lequel nous ne devrions pas transiger. Pas plus pour complaire à l’égoïsme de certain.e.s. Trop de certitudes de dérives. Pour l’instant ils et elles choisissent les femmes porteuses sur catalogues, dans dix ans selon la même logique ils et elles voudront choisir les caractéristiques de l’enfant. Stop.

Pascal : Et donnons rapidement le droit de vendre ses organes aux personnes qui le souhaitent. Après tout, il y a un marché, il y a des pauvres qui ont besoin d’argent, et des riches qui peuvent payer.

RBV : Derrière cette question se pose celle plus vaste du droit à l’enfant. Sur une planète où la croissance démographique nous met tous en danger, est il acceptable d’avoir recours à la PMA, GPA. J’entends pourtant la souffrance de ceux qui ne peuvent avoir d’enfant mais il faut être pragmatique.

Maillard Bernard : De deux choses l’une : soit la société place la satisfaction du désir individuel en premier et chacun se sert en fonction de ses ressources et du rapport de forces établi, en refusant toute considération spécifique sur la nature humaine. Soit la société privilégie le service de l’autre en préservant une spécificité à la nature humaine. La marchandisation des corps humains et l’esclavage sont alors durablement bannis. C’est un choix de société. Je choisis clairement le second .

Juliette : La gestation pour autrui (GPA) est un business sans vergogne, et « Le Monde » ne se prive pas d’en faire la publicité en donnant toutes les coordonnées, notamment aux États-Unis, et même les tarifs comparés. Une banalisation inacceptable, une justification inepte, et finalement une apologie. Pour finir par laisser à penser que le seul tort de la GPA est d’être trop chère ! La rédaction de cet article du « Monde » est absolument infecte. Une vraie honte pour ce journal ! Pour ne pas dire dégueulasse.

* M le magazine du Monde, 30 décembre 2017 | La gestation pour autrui côté business

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Inès, acharnement médical, acharnement des parents

Une médecine qui est devenue apte à prolonger quasi indéfiniment des vies qui n’en sont plus n’est pas une bonne médecine. C’est pourquoi il semble normal qu’une équipe médicale puisse décider d’arrêter les soins d’un enfant contre l’avis de ses parents. Le Conseil d’État a été saisi en décembre 2017 du cas d’une adolescente de 14 ans, Inès, en coma végétatif à la suite d’un arrêt cardiaque en juin dernier. Selon la procédure collégiale prévue par la loi Claeys-Leonetti de 2016 sur la fin de vie, la décision d’arrêt des soins prise le 21 juillet a été notifiée aux parents. La mère d’Inès n’a pas voulu voir l’évidence : « Je trouve qu’elle est consciente par moments. » L’expertise médicale, confiée à trois professeurs conclut pourtant au caractère « déraisonnable » du maintien de l’assistance respiratoire et de la sonde gastrique alors que le « pronostic neurologique est catastrophique et qu’Inès est dans un état végétatif persistant. (…) Le caractère irréversible des lésions neurologiques est certain ». Sur la base de ces avis médicaux unanimes selon lesquels les traitements sont « inutiles, disproportionnés ou n’ayant d’autre effet que le maintien artificiel de la vie », les juges de Nancy ont rejeté le recours des parents. La mère veut avoir le dernier mot : « Notre fille nous appartient, pas aux médecins ».* Passage donc par le Conseil d’État. L’avocat des parents a invoqué la convention d’Oviedo sur la dignité de l’être humain en médecine, selon laquelle l’avis des parents d’un mineur prime sur celui des médecins. Pour l’avocat de l’hôpital, cette convention a un statut réglementaire, donc inférieur à la loi de 2016.

Le Conseil d’État a validé, le 5 janvier, la possibilité que les médecins puissent procéder à l’arrêt des soins. Selon les termes de la loi et son interprétation par le Conseil constitutionnel, « il appartient au médecin en charge d’un patient, lorsque ce patient est hors d’état d’exprimer sa volonté, de prendre la décision d’arrêter ou de ne pas mettre en œuvre, au titre du refus de l’obstination déraisonnable, les traitements qui apparaissent inutiles, disproportionnés ou sans autre effet que le seul maintien artificiel de la vie. »** Les parents ne sont pas propriétaires d’un enfant, ils ne peuvent que lui vouloir le meilleur dans l’existence. D’ailleurs leur demander leur avis sur la fin de vie est normalement une charge trop lourde, parfois insupportable. Une décision relevant du milieu médical leur enlève un poids moral et affectif, la décision finale est prise par d’autres, ils devraient reconnaître le bien fondé de cette approche. Si pour des raison personnelles ou religieuses, ils s’obstinent, en dernier recours la loi française ne leur donne pas raison. Une bonne loi est là pour trancher entre des avis contradictoires après mûre réflexion collective.

Si des individus veulent s’affranchir de la loi collective, qu’ils prennent leur responsabilité et qu’ils gardent le comateux chez eux. Le cas d’Ariel Sharon est significatif. Il végétait depuis une attaque cérébrale le 4 janvier 2006. Il coûtait cher, 296 000 euros par an. Contre l’avis médical, les enfants refusaient le débranchement. Sharon a été maintenu en vie par les médecins jusqu’à ce que l’hôpital demande à la famille de payer les soins… il a fini par être débranché le 11 janvier 2014. Huit années d’acharnement inutile d’un point de vue socio-économique. A l’heure où l’espèce humaine dépasse les 7 milliards de représentants sur une planète qu’elle a dévastée, l’arrêt des machines qui maintiennent artificiellement en vie des personnes aux frais des contribuables ne serait-elle pas d’un bon rapport qualité/prix ? D’un point de vue écologiste, il faut savoir reconnaître la mort qui vient car elle est par nature notre lot commun. Prolonger une vie qui n’en est plus une est indigne, cela paraît incompatible avec notre faculté de penser et juger la réalité des faits. Il paraît donc plus sain de tout faire pour empêcher la perte de biodiversité et l’extinction des espèces plutôt que de vouloir préserver la vie des humains qui ne servent plus à rien.

* LE MONDE du 30 décembre 2017, Fin de vie : le Conseil d’Etat doit statuer sur le cas d’une adolescente dans un « état végétatif persistant »

** LE MONDE du 6 janvier 2018, Fin de vie : le Conseil d’Etat valide l’arrêt des soins d’une adolescente dans le coma, contre l’avis des parents

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Nous sommes 7,5 milliards au 1er janvier 2018

Le 1er janvier 2018, l’humanité a franchi le seuil des 7,5 milliards de représentants. La croissance reste stable avec un rythme annuel de + 1,2 %, soit un doublement en moins de 60 ans. La planète gagne environ 89 millions d’habitants par an, plus qu’une France entière de plus habitant la surface de la planète. Cela correspond à 244 000 personnes de plus par jour, soit 170 personnes par minute. Nous serons environ 9,8 milliards en 2050 et 11,2 milliards en 2100 selon les projections moyennes.

En ce qui concerne la France, l’estimation de l’INSEE pour le 1er janvier 2017 était de 64 860 000 habitants sur le seul territoire métropolitain. Un taux d’accroissement d’environ + 0,5 %  a permis à notre pays de dépasser au 1er janvier 2018 les 65 millions en métropole.

Le 13 novembre dernier, plus de 15 000 scientifiques du monde entier proposaient un ensemble de 13 mesures parmi lesquelles deux faisaient directement référence à la démographie. 

– Réduire le taux de fécondité en faisant en sorte qu’hommes et femmes aient accès à l’éducation et à des services de planning familial, particulièrement dans les régions où ces services manquent encore.

Déterminer à long terme une taille de population humaine soutenable et scientifiquement défendable tout en s’assurant le soutien des pays et des responsables mondiaux pour atteindre cet objectif vital.

(lire l’article complet sur le blog « économie durable »)

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Malthus et l’injonction divine de « peupler la terre »

La plupart des attaques contre mon essai sont moins des réfutations que des déclamations ou des injures qui ne méritent aucune réponse. Je suis donc appelé à relever des objections qui ont été faites en simple conversation. Je saisis cette occasion de corriger les erreurs qui ont été commises sur la nature de mes opinions, et j’invite ceux qui n’ont pas le temps de lire en entier cet ouvrage, à jeter du moins les yeux sur le court résumé que je vais en donner, s’ils ont à cœur de me juger d’après mes propres sentiments et non d’après ceux qu’on me prête. C’est méconnaître mes principes que de m’envisager comme un ennemi de la population, les ennemis que je combats sont le vice et la misère.

La première grande objection est que mes principes contredisent le commandement du Créateur, ordre de croître, de multiplier et de peupler la terre. Je suis pleinement persuadé que c’est le devoir de l’homme d’obéir à son Créateur, mais ce commandement est subordonné aux lois de la nature dont il est l’auteur. Si, par une opération miraculeuse, l’homme pouvait vivre sans nourriture, nul doute que la terre ne fût très rapidement peuplée. Mais comme nous n’avons aucune raison de compter sur un tel miracle, nous devons, en qualité de  créatures raisonnables, examiner quelles sont les lois que notre Créateur a établies relativement à la multiplication de l’espèce. Si nous prétendons obéir au Créateur en augmentant la population sans aucun moyen de la nourrir, nous agissons comme un cultivateur qui répandrait son grain dans les haies et dans tous les lieux où il sait qu’il ne peut pas croître. Il n’y a aucun chiffre absolu : garnir une ferme de bestiaux, c’est agir selon la grandeur de la ferme et selon la richesse du sol qui comportent chacune un certain nombre de bêtes. Le fermier doit désirer que ce nombre absolu croisse. C’est vers ce but qu’il doit diriger tous ses efforts. Mais c’est une entreprise vaine de prétendre augmenter le nombre de leurs bestiaux, avant d’avoir mis les terres en état de les nourrir. Je crois que l’intention du Créateur est que la terre se peuple ; mais qu’il veut qu’elle se peuple d’une race saine, vertueuse et heureuse ; non d’une race souffrante, vicieuse et misérable.

Sur le haut prix qu’on doit mettre à une grande et forte population, je ne diffère en rien des plus chauds partisans de cette doctrine. Je suis prêt à reconnaître avec tous les anciens écrivains que la puissance d’un État ne doit pas se mesurer par l’étendue d’un territoire, mais par l’étendue de la population. La France recrute ses armées avec plus de facilité que ne peut le faire l’Angleterre. Il faut convenir que la pauvreté et le manque d’emploi sont des aides puissants pour un sergent recruteur. Ce ne serait pas néanmoins un projet bien humain que celui de maintenir le peuple anglais dans le besoin, afin de pouvoir l’enrôler à plus bas prix.

Malthus en 1803, Essai sur le principe de population (Flammarion 1992, tome 2, page 341 à 347)

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Malthus, enseigner la contrainte démographique à l’école

Il convient d’insister particulièrement sur cette vérité, que ce n’est point pour l’homme un devoir de travailler à la propagation de l’espèce, mais bien de contribuer de tout son pouvoir à propager le bonheur et la vertu. Si l’on veut obtenir des classes inférieures le degré de prudence nécessaire pour contenir les mariages dans de justes bornes, il faut faire naître parmi elles les lumières et la prévoyance. Le meilleur moyen de parvenir à ce but serait d’établir un système d’éducation paroissiale semblable à celui qui a été proposé par Adam Smith. Outre les sujets ordinaires d’instruction, je voudrais qu’on exposât fréquemment, dans ces écoles, l’état des classes inférieures relativement au principe de population, et l’influence qu’elles ont à cet égard sur leur propre bonheur. On aurait soin de faire remarquer que le mariage est un état désirable, mais que pour y parvenir c’est une condition indispensablement requise d’être en état de pourvoir à l’entretien d’une famille. Si dans la suite on pouvait joindre dans ces écoles quelques-uns des principes les plus simples de l’économie politique, il en résulterait pour la société un avantage infini. Adam Smith propose d’enseigner les parties élémentaires de la géométrie de la mécanique. Je ne puis m’empêcher de croire que l’on pourrait également mettre à la portée du peuple les principes communs sur lesquels se règlent les prix d’achat et de vente. Ce sujet intéresse immédiatement la classe du peuple et ne pourrait manquer d’exciter son attention.

On a répandu en Angleterre des sommes immenses en assistance, et il y a lieu de croire qu’elles n’ont servi qu’à aggraver les maux de ceux qui les ont reçues. On a trop peu fait au contraire pour l’éducation du peuple ; on a négligé de l’instruire de quelques vérités politiques qui touchent de près à son bonheur, qui sont peut-être le seul moyen par lequel il pourrait améliorer son état. Il est peu honorable pour l’Angleterre que l’éducation des classes inférieures du peuple ne se fasse que par quelques écoles du dimanche, entretenues par des souscriptions particulières, et qui même n’ont été fondées que fort récemment.

Je pense entièrement comme Adam Smith ; je crois qu’un peuple instruit et bien élevé serait beaucoup moins susceptible qu’un autre d’être séduit par des écrits incendiaires, et saurait mieux discerner et apprécier à leur valeur les vaines déclamations de quelques démagogues qu’anime l’ambition et l’intérêt. Les écoles serviraient à instruire le peuple de sa vraie situation ; qu’une révolution, si elle avait lieu, ne ferait point changer en leur faveur le rapport de l’offre de travail à la demande, ou celui de la quantité de nourriture au nombre des consommateurs. Ce serait le vrai moyen de relever la partie inférieure du peuple, de la faire sortir de son état d’abaissement, de la rapprocher de la classe moyenne. Le bienfait d’une bonne éducation est du nombre de ceux dont tous peuvent jouir. Et comme il dépend du gouvernement de le mettre à la portée de tous, il est sans contredit de son devoir de le faire.

Malthus en 1803, Comment il faudrait s’y prendre pour corriger les opinions erronées sur la population

in Essai sur le principe de population (Flammarion 1992, tome 2, page 267 à 273)

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Malthus contre les lois sur les pauvres

Les lois sur les pauvres tendent manifestement à accroître la population, sans rien ajouter aux moyens de subsistance. Ainsi les lois y créent les pauvres qu’elles assistent. Secondement, la quantité d’aliments qui se consomme dans les maisons de travail (Work-houses) diminue d’autant les portions qui sans cela seraient réparties à des membres de la société plus laborieux et plus dignes de récompense. C’est une dure maxime, mais il faut que l’assistance ne soit point exempt de honte. C’est un aiguillon au travail, indispensable pour le bien général de la société. Heureusement, il y a encore chez les paysans quelque répugnance à recourir à l’assistance. C’est un sentiment que les lois sur les pauvres tendent à effacer.

Les lois sur les pauvres, telles qu’elles existent en Angleterre, ont contribué à appauvrir la classe du peuple qui ne vit que de son travail. Il est bien probable d’ailleurs qu’elles ont contribué à faire perdre aux pauvres les vertus de l’ordre et de la frugalité, qui se font remarquer d’une manière si honorable dans la classe de ceux qui font quelque petit commerce ou qui dirigent de petites fermes. Les lois sur les pauvres ont été incontestablement établies dans des vues pleines de bienveillance. Mais il est évident qu’elles n’ont point atteint leur but. Pour mettre le pauvre à portée de cette assistance, il a fallu assujettir toute la classe du peuple à un système de règlement vraiment tyrannique. La persécution que les paroisses font éprouver à ceux qu’elles craignent de voir tomber à leur charge, surtout lorsqu’elles se dirigent contre les femmes prêtes à accoucher, sont odieuses et révoltantes. Je suis persuadé que si ces lois n’avaient jamais existé en Angleterre, la somme totale du bonheur eût été plus grande chez le peuple qu’elle ne l’est à présent. Le vice radical de tous les systèmes de cette nature est d’empirer le sort de ceux qui ne sont pas assistés. Le fameux statut de la 43e année d’Élisabeth, qu’on a souvent cité avec admiration, est ainsi conçu : « Les inspecteurs des pauvres, de concert avec les juges de paix, lèveront une taxe sur les habitants de leur paroisse suffisante pour se procurer le lin, le chanvre, la laine, le fil, le fer et les autres articles de manufacture, nécessaires pour donner aux pauvres de l’ouvrage. » Il ne serait pas plus déraisonnable d’ordonner qu’il vienne deux épis de blé partout où jusqu’ici la terre n’en a produit qu’un. On n’insiste point sur la nécessité des efforts constants et bien dirigés pour le bon emploi des capitaux agricoles et commerciaux ; mais on paraît s’attendre à voir ces fonds s’accroître immédiatement à la suite d’un édit du gouvernement abandonné pour exécution à l’ignorance de quelques officiers de paroisse. Rien de plus difficile, rien de moins soumis à la volonté des gouvernements, que l’art de diriger le travail et l’industrie, de manière à obtenir la plus grande quantité de subsistance que la terre puisse produire. Où est l’homme d’État qui osât proposer de prohiber toute nourriture animale, de supprimer l’usage des chevaux, de contraindre le peuple entier à vivre de pommes de terre ? En supposant la possibilité d’une semblable révolution, serait-il convenable de l’opérer ? Surtout si l’on vient à réfléchir que, malgré tous ces règlements forcés, en peu d’années on serait en proie aux besoins auxquels on aurait voulu se soustraire, et avec beaucoup moins de ressources pour y subvenir. Les tentatives qu’on a faites pour employer les pauvres dans de grands établissements de manufactures ont presque toujours échoué. Si quelques paroisses ont pu, par une meilleure administration, persévérer dans ce système, l’effet qui en a résulté a été infailliblement de jeter dans l’inaction plusieurs ouvriers, qui travaillaient dans le même genre sans être à la charge de personne. Soit que les balais sortent de la fabrique des enfants ou de celle de quelques ouvriers indépendants, dit le chevalier Eden, il en s’en vendra jamais plus que le public n’en demande. Pour toutes ces raisons, le règlement de la 43e année d’Élisabeth, envisagé comme une loi permanente, est d’une exécution physiquement impossible. Dire qu’il faudrait fournir de l’ouvrage à tous ceux qui ne demandent qu’à travailler, c’est vraiment dire que les fonds destinés au travail sont infinis ; qu’ils ne sont soumis à aucune variation ; que sans égard aux ressources du pays rapidement ou lentement rétrogrades, le pouvoir de donner de bons salaires à la classe ouvrière doit toujours rester exactement le même. Cette assertion contredit les principes les plus évidents de l’offre et de la demande, et renferme implicitement cette proportion absurde, qu’un territoire limité peut nourrir une population illimitée. Il est inexcusable de promettre sciemment ce qu’il n’est pas possible d’exécuter.

On m’a accusé de proposer une loi pour défendre aux pauvres de se marier. Cela n’est pas vrai. J’ai dit distinctement que si un individu voulait se marier sans avoir une espérance légitime d’être en état d’entretenir sa famille, il devait avoir la plus pleine liberté de le faire ; et toutes les fois que des propositions prohibitives m’ont été suggérées, je les ai toutes fermement réprouvées. Je suis de l’opinion que toute loi positive pour limiter l’âge du mariage serait injuste et immorale. Ce que je propose, c’est l’abolition graduelle des lois sur les pauvres, assez graduelle pour n’affecter aucun individu qui soit actuellement vivant, ou qui doivent naître dans les deux années prochaines. La raison pour laquelle j’ai hasardé une proposition de cette espèce est la ferme conviction où je suis que ces lois ont décidément fait baisser les salaires des classes ouvrières et ont rendu généralement leur condition plus mauvaise qu’elle n’aurait été, si ces lois n’avaient jamais existé.

Malthus en 1803, Essai sur le principe de population (Flammarion 1992, tome 2 p.66 à 86)

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