L’alerte climatique, elle remonte à…. il y a très longtemps. Temps perdu ne se retrouve pas !
1857: la scientifique américaine Eunice Newton Foote avait identifié le phénomène de l’effet de serre, mais n’avait pas pu signer sa découverte, car « les femmes n’avaient pas l’autorisation d’exposer des travaux scientifiques ».
1896 :
le chimiste suédois Svante
Arrhenius prévoit l’augmentation de la température moyenne de
la Terre comme conséquence de l’utilisation des combustibles
fossiles. Il estimait qu’un doublement de la teneur en gaz
carbonique de l’air se traduirait par un réchauffement de la
planète de l’ordre de 5 à 6°C. Il était proche des analyses
actuelles du GIEC, sachant que le CO2 de l’atmosphère atteignait
280 parties par millions avant la révolution industrielle pour
atteindre avant la fin du siècle, 550 ppm !
1958 :
on mesure la concentration en CO2 de l’atmosphère à Hawaï. Charles
David Keeling sera le premier en 1958-59 à donner l’alerte du haut
des 3400 mètres d’altitude de l’observatoire du Mauna Loa : la
teneur en gaz carbonique relevée dans l’atmosphère s’y avérait en
concentration anormale et en augmentation. Keeling, analysant tous
les facteurs de production et d’absorption de gaz carbonique, en
déduit que ce phénomène est le résultat de l’activité humaine –
déforestation et consommation des énergies fossiles. Mais si
certains évoquent l’effet de serre, la crainte climatique la plus
répandue était à l’époque le retour d’une glaciation, phénomène
naturel cyclique.
1963 :
Claude Lorius
soutient sa thèse qui porte sur les carottes de glace qu’il a
recueillies en Antarctique. Il montre qu’il existe « une
relation entre la température à laquelle la glace se forme et la
proportion des isotopes de l’oxygène et de l’hydrogène dans les
molécules d’eau formant la glace.
1979 :
première Conférence internationale sur le climat, tenue à Genève
sous l’égide de l’Organisation météorologique mondiale. La
réunion conclut seulement qu’il faut intensifier la recherche.
1979 :
Rapport
Charney, commandé par l’administration Carter à l’Académie
des sciences américaine. « Si le dioxyde de carbone
continue à s’accumuler [dans l’atmosphère], le groupe
d’experts ne voit aucune raison de douter que des changements du
climat en résulteront ni aucune raison de penser qu’ils seront
négligeables…Attendre pour voir avant
d’agir signifie attendre qu’il soit trop tard. » Les experts
du rapport Charney estiment qu’un doublement de la concentration du
gaz carbonique dans l’atmosphère conduirait à un réchauffement
moyen compris entre 1,5 et 4,5 °C.
1979 : document interne du pétrolier Exxon, montrant que les scientifiques de l’entreprise n’avaient aucun doute sur l’ampleur de ce qui était à l’horizon. « Au rythme actuel de leur combustion, les ressources fossiles provoqueront des effets environnementaux dramatiques avant 2050. » Mais entre cette date et 2014, alors que 83 % des articles scientifiques et 80 % des documents internes [de l’entreprise] reconnaissent que le changement climatique est réel et causé par l’homme, seulement 12 % de ses publirédactionnels tiennent le même discours, 81 % émettant au contraire des doutes sur la réalité du phénomène ou sur sa cause anthropique.
12 juillet 1979,
éditorial du New York Times :
« Le dioxyde de carbone bloque l’évacuation
du rayonnement de la Terre dans l’espace. Les zones agricoles
pourraient se déplacer vers le nord, là où la terre est moins
fertile, et la fonte des calottes polaires pourrait à terme élever
le niveau des mers jusqu’à 6 mètres, inondant les plaines
côtières fortement peuplées, partout dans le monde. Dans le passé,
de petites variations du climat ont perturbé les récoltes dans de
nombreux pays et ont porté les pays du Sahel, en Afrique de l’Ouest,
au bord de la ruine. Il n’est pas difficile de voir comment une
intensification de l’effet de serre peut produire une catastrophe
bien pire que tout accident nucléaire imaginable. »
1982 : le géochimiste Martin Hoffert, employé chez Exxon, connaissait un graphique qui montrait une projection des niveaux futurs de dioxyde de carbone [CO2], et le changement de température associé à l’évolution de cette concentration. Pourtant Exxon sera pendant de nombreuses années le grand argentier des think tanks climatosceptiques qui mèneront campagne pour alimenter le doute sur la réalité du changement climatique anthropique. « Un déni historique qui a grandement entravé le traitement de la question du réchauffement dans le monde », selon Martin Hoffert, qui n’a pas de mots assez durs aujourd’hui pour son ancien employeur.
1984 à 1991 :
Les études de Lorius sur la composition des bulles d’air incluses
dans les carottes de glace montrent le lien direct entre les taux de
gaz à effet de serre et l’évolution climatique sur des périodes
allant de 150 000 à 800 000 ans. De plus, ces échantillons
ont permis de retracer la composition climatique de la planète sur
ces mêmes périodes. L’information vient corroborer la courbe de
Keeling.
1985 :
La conférence internationale sur le climat tenue à Villach pourra
conclure que les émissions de CO2 conduiraient dans la première
moitié du XXIe siècle à une température que les hommes n’ont
jamais connue. Des courbes sur 160 000 ans sont publiées le 1er
octobre 1987 dans Nature.
1988 :
James Hansen, directeur du laboratoire d’étude du climat de la
NASA annonce devant le Sénat que l’ampleur des événements
climatiques aux USA excède la variabilité naturelle du climat et
que la Terre est entrée dans une phase de réchauffement dû aux
activités humaines. Contre l’avis de la majorité de ses pairs –
qui estiment que ce réchauffement n’est pas encore sensible –,
il se dit sûr de son fait « à 99 % ». Les
déclarations de James Hansen font la « une » du New York
Times, le changement climatique est désormais mis à l’agenda
médiatique et politique mondial. La création du GIEC, cette même
année, sous l’égide des Nations unies, lui permettra d’y
rester.
1990 : Premier rapport du GIEC (groupe Intergouvernemental d’experts sur le climat)
1992 : Le sommet de la Terre à Rio marque la prise de conscience de la nécessité d’instaurer un cadre international pour répondre à la crise climatique. A cette époque, on est au summum du multilatéralisme. Après la chute du mur de Berlin, il y a l’idée que tout est possible, qu’il n’y a plus de fractures, qu’il faut construire des institutions pour répondre à l’unité du monde. On adopte la Convention-cadre des Nations unies sur les changements climatiques (CCNUCC) qui reconnaît l’existence d’un changement climatique d’origine humaine et donne aux pays industrialisés le primat de la responsabilité pour lutter contre ce phénomène. Elle instaure les Conférences des parties annuelles – les fameuses COP (Conference of the Parties, en anglais) –, qui se réunissent chaque année lors d’un sommet mondial où sont adoptées, par consensus, les décisions pour lutter contre le dérèglement climatique.
1995,
première COP à Berlin. Elle prépare l’adoption, deux ans plus
tard, du protocole de Kyoto,
1997,
protocole de Kyoto : premier traité juridiquement contraignant
destiné à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Ce
texte ne fixe des objectifs contraignants qu’à 55 pays
industrialisés, représentant 55 % des émissions globales de
CO2 en 1990. Le protocole vise à réduire d’au moins 5 %
leurs émissions entre 2008 et 2012 par rapport au niveau de 1990.
2005, le
protocole de Kyoto entre en vigueur : Il fallait attendre que
suffisamment d’Etats aient ratifié le texte pour qu’il soit
efficient. Mais les pays émergents sont devenus d’importants
pollueurs et le paysage énergétique a été totalement redessiné.
En définitive, si le protocole de Kyoto a ralenti les rejets des
émissions de CO2 des pays développés, il n’a eu aucun impact sur
ceux des pays en développement, qui ont triplé entre 1990 et 2012.
2019, le
secrétaire général de l’ONU Antonio Guterres affirme, à la
veille de l’ouverture de la conférence sur les changements
climatiques (COP25) : « L’espèce humaine est en guerre
contre la planète et la planète rend coup pour coup. »
Il a présenté la liste effrayante des effets dévastateurs de plus
en plus « meurtriers » du réchauffement :
hausse du niveau des océans, fonte des calottes polaires,
sécheresses… « Le point de non-retour n’est plus loin
à l’horizon, il est en vue et se rapproche de nous à toute
vitesse », a-t-il souligné. Les émissions de gaz à
effet de serre continuent de s’accroître au niveau mondial, la
COP25, c’est 25 années de parlottes pour rien.
Conclusion de
Mohamed Nasheed, ancien président des Maldives : « Pour
comprendre la réalité du réchauffement, il faut avoir de l’eau
dans son salon. Un jour, à New York, ils verront de l’eau
dans leur salon et ils se diront : “Tiens, le changement
climatique est une réalité !” Chez nous, aux
Maldives, l’eau est déjà dans la maison. »