Michel Sourrouille, auteur en 2017 du livre « On ne naît pas écolo, on le devient », a décidé avant de mourir de partager sa pensée avec tous les Internautes qui fréquentent ce blog biosphere. La parution se fera chaque jour pendant les mois de juillet-août. Il dédie ce livre aux enfants de ses enfants, sans oublier tous les autres enfants… car nous partageons tous la même maison, la Terre, si belle, si fragile…
Mariage pour tous, l’oubli du sens des limites
Comme beaucoup de garçons élevés dans un milieu de garçon j’ai joué à touche-pipi. La découverte et l’exploration du sexe de l’autre, qu’il soit identique ou différent, est un moment comme un autre de notre capacité à apprendre par soi-même. Quant à aller plus loin ! Dans les années 1960 de mon adolescence, on ne connaissait pas vraiment la réalité des relations homosexuelles, elles restaient cachées et du domaine de l’interdit. C’est seulement le 4 août 1982 que l’homosexualité a été dépénalisée, et l’OMS a retiré l’homosexualité de la liste des maladies mentales seulement en mai 1990. Je n’ai fait connaissance avec un homosexuel qu’arrivé à l’âge trente ans.
Ma première femme avait un ami d’enfance gay et l’instituteur de son fils était bisexuel. Nous étions en très bon terme avec l’un comme avec l’autre et on se recevait régulièrement. Je n’ai rien à rajouter, chacun est libre de sa sexualité. Ce n’est pas parce qu’à une époque l’homosexualité a été considéré comme une maladie que nous sommes obligés d’approuver un jugement moral sans fondement. Mais après cette période d’ostracisme, l’homosexualité a été à la mode, avec ses associations « de défense », ses journaux, ses coming out, etc. Chez les Verts, cette évolution a abouti à la création d’une commission permanente dite LGBT (lesbienne, Gay, Bisexuel et Transsexuel). Aujourd’hui la libéralisation des mœurs a été telle qu’on a institutionnalisé politiquement le « mariage pour tous », quelle que soit l’orientation sexuelle, mais en gardant le mariage à deux. Pas de polygamie, juste de la monogamie ! On peut tout envisager, où sont les limites ?
« Dès lors que tout est individuellement permis, plus rien n’est collectivement possible. L’altérité sexuelle est la première grande différence structurelle qui nous donne à vivre l’expérience féconde du manque : homme ou femme, notre corps nous limite. L’individu est d’abord et toujours l’effet d’une cause. L’union d’un homme et d’une femme, ce lien politique fondamental, le précède et le fonde. Du Pacs au mariage soi-disant pour tous, en passant par la déjudiciarisation progressive du divorce, la famille n’est plus un fait indubitable, mais un choix subjectif toujours soumis à renégociation. Quand la famille-foyer explose, la famille-marché s’impose. La déconstruction systématique et l’émancipation désincarnée laissent en réalité l’individu seul et nu face aux nouveaux prédateurs du pouvoir et du marché. Défense du mariage, défense du bocage, même combat ! Celui des équilibres naturels. »[Gaultier Bès, Marianne Durano et Axel Norgaard Rokvam, Nos limites (pour une écologie intégrale) (éditions le centurion 2014)]
En 2013, la ministre EELV Cécile Duflot s’était affichée dans les rangs de la manifestation pro-mariage « pour tous ». Par contre Thierry Jaccaud, rédacteur en chef de la revue L’Ecologiste, avait un avis contraire. Il montrait que les options juridiques choisies par le gouvernement socialiste posaient de nombreuses questions sur notre rapport culturel à la nature : « adoption plénière, c’est-à-dire suppression légale de la filiation biologique réelle de l’enfant… Suppression dans le Code civil de centaines de références sexuées… La filiation biologique deviendrait un cas particulier… Un enfant pourrait avoir officiellement deux mères (et pas de père) ou deux pères (et pas de mère)… » En clair, le discours légal contredirait la réalité de l’existence de deux parents biologiques de sexe différent. Mais pourquoi attacher de l’importance aux mécanismes naturels ? Thierry précise :
« Si le projet de loi devait être adopté, ce serait une négation sidérante de la nature, l’aboutissement consternant de notre société industrielle qui détruit la nature non seulement dans la réalité mais aussi dans les esprits. L’homme se prend pour un démiurge : nucléaire, OGM, nanotechnologies… sans jamais mettre la moindre limite à son action. « No limits », tel est le slogan des ultra-libéraux qui définissent le politiquement correct. Dans la vaste entreprise de marchandisation du monde, toutes les règles sont ainsi progressivement éliminées. Que cette logique ultra-libérale et ultra-individualiste se retrouve dans le projet de loi d’un gouvernement de gauche est affligeant. »
[http://www.thierry-jaccaud.com/2013/01/10/la-verite-pour-tous/]
Depuis le « mariage pour tous » a été légalisé en France… Notre société « moderne » élimine peu à peu tous les repères au nom de l’exacerbation des libertés individuelles. Aujourd’hui en 2017 on reparle avec un « comité d’éthique » d‘accepter la procréation médicalement assisté, une femme seule pourrait procréer comme s’il n’y avait pas besoin d’un père. Notre société à complètement perdu le sens des limites, que ce soit au niveau sociétal, au niveau économique ou au niveau technologique. Il s’agit dorénavant pour l’écologie véritable de définir une pensée des limites. Or la seule source de raisonnement ne peut être ni la religion (un dieu abstrait n’a rien à dire des affaires humaines), ni la tradition (la droite conservatrice est souvent homophobe), mais le respect réfléchi des lois de la nature.
La nature nous a fait homme et femme pour faire l’amour et des enfants, sinon nous serions unisexe et adepte de la scissiparité. Pour moi l’homosexualité est d’ailleurs une forme de sexisme, la manifestation d’un rejet de l’autre sexe. C’est la différenciation sexuelle qui a été un élément important de l’évolution des espèces sur la planète, certainement pas la relation homosexuelle qui, par définition, ne peut être source de vie. Alors pourquoi EELV, un parti écolo qui se veut normalement pour la protection de la nature, voulait-il institutionnaliser le mariage pour tous ? Parce que les Verts ont une double origine, les mouvements de mai 68 pour lesquels il est interdit d’interdire (le mariage homo, le cannabis, l’immigration, etc.) et les mouvements environnementalistes.
Mais je pense personnellement que ces messages issus de mai 1968 étouffent complètement ce que nous, en tant qu’écologiste, voudrions faire passer : une planète à sauvegarder pour nos descendants et toutes les autres espèces vivantes.
(à suivre… demain sur ce blog biosphere)
Déjà paru :
On ne naît pas écolo, on le devient, introduction
Abécédaire, la façon la plus simple pour s’y retrouver
Abeille, qui ne pique que si on l’embête
Abondance, s’éloigne dès qu’on lui court après
Absolu, un mot à relativiser, un mot indispensable
Acteurs absents, dont on a eu tort d’ignorer l’existence
Adolescence, moment de révolte ou de soumission ?
Alcool, dur pour un écolo de refuser de trinquer !
Amour, une construction sociale trop orientée
Animal, une facette de notre humanité trop ignorée
Austérité, mot qui fait peur et pourtant source de bonheur
Barbe, un attribut des hommes qu’on voulait faire disparaître
Cannabis, une dépénalisation qui créerait l’usage
Chasse, activité dénaturée par des chasseurs motorisés
Compétition, système inhumain au service d’une société inhumaine
Croissance, l’objectif économique le plus débile que je connaisse
Démographie, le problème central qui est systématiquement ignoré
Devoir, la contre-partie nécessaire de nos droits
Doryphore, symbole d’une agriculture post-moderne
École obligatoire et gratuite, une entreprise de déculturation
Écologiste en devenir, notre avenir commun
Électricité, les inconvénients d’un avantage
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Eugénisme, engendrer de bonne façon est-il condamnable ?
Euthanasie, mourir de belle manière comme heureuse conclusion
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Génériques, l’achat au meilleur rapport qualité/prix
Homoparentalité, la stérilité n’est pas une damnation
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IVG, une mauvaise expérience par manque d’expérience
– « Si le projet de loi devait être adopté, ce serait une négation sidérante de la nature […]
La nature nous a fait homme et femme pour faire l’amour et des enfants […]
Pour moi l’homosexualité est d’ailleurs une forme de sexisme […] C’est la différenciation sexuelle qui a été un élément important de l’évolution des espèces sur la planète, certainement pas la relation homosexuelle qui, par définition, ne peut être source de vie. Alors pourquoi EELV, un parti écolo qui se veut normalement pour la protection de la nature, voulait-il institutionnaliser le mariage pour tous ? »
Tout ça est quand même plutôt curieux. Si ce n’est marrant. On part de la nature, qu’on place évidemment au plus haut niveau, au dessus de tout… pour condamner le mariage pour tous. Or l’homosexualité fait partie de la nature. D’ailleurs on l’observe chez les animaux. Déjà, ne pas admettre cela est pour moi une forme de déni. (à suivre)
Pour moi, tout malthusien qui se respecte… devrait, en toute bonne logique… prôner l’homosexualité. On comprend bien qu’un couple de canards homosexuels ne risque pas d’engendrer un surpopulation de canards.
Et en même temps, notre brave malthusien devrait condamner cette «union conjugale contractuelle et/ou rituelle, à durée illimitée, déterminée ou indéterminée, reconnue et encadrée par une institution juridique ou religieuse [etc. etc.]» (voir Wikipédia). Dans toutes les cultures humaines, et dans la nature évidemment, le couple est à l’origine (à la base) de la famille, et donc de la portée ou de la couvée.
Alors soyons logique… pour sauver la planète devenons tous homosexuels !
Plus sérieusement… alors pourquoi, celui qui se veut normalement pour la protection de la nature voudrait-il interdire le mariage pour tous ?
Eh bien tout connement parce que ce couple, si ce n’est cette paire… ainsi institutionnalisé, peut désormais lui aussi, avoir, si ce n’est faire des petits.