Michel Sourrouille, auteur en 2017 du livre « On ne naît pas écolo, on le devient », a décidé avant de mourir de partager sa pensée avec tous les Internautes qui fréquentent ce blog biosphere. La parution se fera chaque jour pendant les mois de juillet-août. Il dédie ce livre aux enfants de ses enfants, sans oublier tous les autres enfants… car nous partageons tous la même maison, la Terre, si belle, si fragile…
Musée, pas besoin du passé pour être un vrai artiste
Même dans le grandiose musée du Louvre, dans cette enfilade de couloirs qui me présentent une culture morte, je m’ennuie. Assis sur un banc, seule ma contemplation attentive des attitudes des touristes peut combler le vide de cette représentation du passé. Pour moi l’art véritable, c’est le regard de l’enfant qui transforme la rainure du parquet d’un musée en précipite et qui regarde flotter la poussière dans un rayon de lumière. Plus tard, il éprouvera sans doute beaucoup de plaisir à contempler les nuages ou à enlacer un arbre. La dimension écologique du ressenti est fondamentale dans la construction de la personne.
L’art n’est en fait qu’une technique à laquelle on attribue une valeur esthétique. Notre fibre artistique est issue d’un très lointain passé. On a retrouvé des flûtes fabriquées par l’homme de Cro-Magnon il y a 25 000 ans dans des os de vautour. Leur longueur était ajustée pour que le premier régime tous trous ouverts corresponde à la même note tout trous fermés. Une technique rustique n’empêche pas la clarté mélodique et l’art de communier dans un groupe comme le montre la diversité des pratiques musicales et gestuelles dans les sociétés premières. Mais l’art a été très vite relié à une religion, puis au soutien d’un ordre politique. Maintenant c’est l’art marchand dont le contenu devient l’absence de contenu, autrement dit la licence de faire n’importe quoi pourvu que ça se vende. Il arrive désormais que l’on considère comme œuvre d’art des choses qui ne ressemblent à rien, qui n’éduquent pas le peuple et dont on ne saurait dire qu’elles sont belles.
Le « dépassement » de l’art figuratif a permis une explosion des pratiques où peut se dévoiler l’irréductible individualité des créateurs. Une Merde d’artiste, boîte remplie de ses excréments pas Manzoni en 1961, s’est vendu en 2007 pour la modique somme de 110 400 euros ; l’art en conserve fructifie inutilement. Ceux qui gagnent de l’argent par leur talent d’artiste ne sont en fait que des commerçants qui ont trouvé le bon créneau qui fait acheter, ce n’est pas de l’art. Les artistes d’aujourd’hui ne propagent ni savoir ni trésor, ils ne cessent au contraire de (dé)sacraliser leur production. Dans un contexte d’expression narcissique, il devient alors impossible d’établir des critères communs de jugement et les œuvres ne deviennent accessibles qu’à condition d’en apprendre au préalable le mode d’emploi. L’idéal de communion sociale s’est fourvoyé dans une liberté dévoyée.
L’art véritable n’appartient ni à une élite qui peut payer, ni à quelques individus qui se proclament artistes, encore moins à des musées. L’art n’existe que par ce que nous pratiquons nous-même. Une chanson à boire n’est ni supérieure ni inférieure à une fugue de Beethoven : il ne peut pas y avoir de supériorité esthétique du complexe sur le simple, c’est là une simple convention. Et il n’existe aucun critère objectif de la vulgarité et de la distinction. L’individu peut s’épanouir dans les domaines les plus variés, musique, peinture, sculpture, collage, improvisations… ou cultiver l’art de la contemplation de l’instant qui passe ; tout le reste n’est qu’illusion. L’art n’existe que parce que les humains le pratiquent en personne pour le plaisir, avec des techniques les plus simples possibles. Il y a beaucoup plus de profondeur dans la contemplation d’un nuage que dans le tableau de la Joconde. Le nuage nous unit à l’eau et à l’amour, Leonard de Vinci croupit dans un musée. Et si tu as besoin d’un instrument, utilise surtout ta voix, instrument de musique naturel et sublime, qui de façon individuelle ou collective peut accompagner tous les actes de ta vie sans peser sur ton porte-feuille et les ressources de la Biosphère. On peut faire de l’art à son échelle et être très heureux sans musées.
Le Louvre brûlerait-il
que rien ne serait véritablement changé sur cette Terre.
(à suivre… demain sur ce blog biosphere)
Déjà paru :
On ne naît pas écolo, on le devient, introduction
Abécédaire, la façon la plus simple pour s’y retrouver
Abeille, qui ne pique que si on l’embête
Abondance, s’éloigne dès qu’on lui court après
Absolu, un mot à relativiser, un mot indispensable
Acteurs absents, dont on a eu tort d’ignorer l’existence
Adolescence, moment de révolte ou de soumission ?
Alcool, dur pour un écolo de refuser de trinquer !
Amour, une construction sociale trop orientée
Animal, une facette de notre humanité trop ignorée
Austérité, mot qui fait peur et pourtant source de bonheur
Barbe, un attribut des hommes qu’on voulait faire disparaître
Cannabis, une dépénalisation qui créerait l’usage
Chasse, activité dénaturée par des chasseurs motorisés
Compétition, système inhumain au service d’une société inhumaine
Croissance, l’objectif économique le plus débile que je connaisse
Démographie, le problème central qui est systématiquement ignoré
Devoir, la contre-partie nécessaire de nos droits
Doryphore, symbole d’une agriculture post-moderne
École obligatoire et gratuite, une entreprise de déculturation
Écologiste en devenir, notre avenir commun
Électricité, les inconvénients d’un avantage
Ethnologie, la leçon primordiale des aborigènes
Eugénisme, engendrer de bonne façon est-il condamnable ?
Euthanasie, mourir de belle manière comme heureuse conclusion
Féminisme, on ne naît pas femme, on le devient
Futur, il sera à l’image de notre passé !
Génériques, l’achat au meilleur rapport qualité/prix
Homoparentalité, la stérilité n’est pas une damnation
Interaction spéculaire, je fais ainsi parce que tu fais de même
IVG, une mauvaise expérience par manque d’expérience
Logement, une maison à la mesure de nos besoins réels
Loisirs, plutôt les échecs que le match de foot à la télé
Mariage pour tous, l’oubli du sens des limites
Déjà que je suis infoutu de dire ce qu’est l’art, si ce n’est l’Art … je préfère donc laisser aux spécialistes, aux grands artistes, et Dieu sait combien ce blog en compte … le soin de nous parler de l’art véritable. En attendant, j’arrive encore à faire la différence entre de la merde et un chef-d’œuvre. Comme entre de la piquette et un bon vin, etc. etc.
Je sais, je sais … des goûts et des couleurs on ne discute pas. Ben voyons. On ne va donc pas s’étonner qu’on en soit arrivé à comparer Johnny à Mozart, ou à mettre une boite remplie de merde et une pissotière dans un musée.
Après il y a quelques rares exceptions qui survivent en chantant français, mais ce sont souvent les vestiges d’avant la mondialisation exacerbée avant 2000 (Mylène Farmer, Indochine, Bruel, etc) ou alors après 2000 des chanteurs français qui chantent anglais (Mika).
Bon puis les tournées internationales c’est tout sauf écologiste ! Pour marcher sur les plates bandes d’artistes étrangers, il faut tout de même multiplier les voyages en avion et camions pour transborder tous le matériel, tous les techniciens et ingénieurs du son, artistes, etc Sans compter les millions de fans qui prennent l’avion et la bagnole pour ça ! Or avec des artistes locaux, nationaux et régionaux, non seulement on partagerait mieux les marchés entre artistes mais surtout on polluerait beaucoup moins ! Bref, il faut en finir avec ces tournées internationales abrutissant les populations par des chansons qu’ils ne comprennent même pas !
D’ailleurs des pays de l’Est présentent des chanteurs anglais et américains, ils ne présentent même pas des artistes locaux !
Les américains et anglais détruisent tous les artistes de tous les pays, en imposant leurs ventes de chansons notamment par la diffusion par la radio et télé, bref, ils prennent le monopole mondial. OR, préserver les diversités culturelles étant le meilleur moyen de partager le marché de la chanson. Il ne faut pas qu’il y ait 1 marché de la chanson mais des marchés de la chanson, que les artistes travaillent au niveau local. Car là les pays européens détruisent leurs artistes nationaux et régionaux tout ça pour recevoir sur scène à la chaine les chanteurs anglais et américains. On a des chanteurs américains milliardaires ou multi-millionnaires qui siphonnent les marchés des artistes européens, artistes européens qui se clochardisent en comparaison.