énergie

sécurité énergétique impossible

La sécurité énergétique est au cœur de la relation entre l’UE, les Etats-Unis et la Russie (LeMonde du 8-9 mars). Il est vrai que les ressources énergétiques sont devenues un outil d’intimidation, donc un facteur potentiel de guerre. Il est aussi vrai que l’article 5 du traité de l’Atlantique Nord ne peut être invoqué en cas de crise énergétique. Cet article, qui se réfère au droit de légitime défense collective, stipule qu’une attaque armée contre l’un ou plusieurs des membres de l’OTAN sera considérée comme une attaque dirigée contre eux tous. Bloquer l’approvisionnement en énergie n’est pas une attaque armée. Nous sommes dorénavant en présence d’une problématique qui dépasse de loin les difficultés entraînées par le tsunami financier car elle est double : sécurité énergétique et sécurité climatique !

Revenons en arrière. Un an après le précédent sommet à Gleneagles au cours duquel le changement climatique avait été l’une des dominantes du sommet annuel des huit grandes puissances, le thème phare du sommet du G8 (15-17 juillet 2006) était devenu par la grâce du président russe Vladimir Poutine qui le présidait pour la première fois un vague salmigondis sur la sécurité énergétique. Le lien entre sécurité énergétique et lutte contre le réchauffement planétaire a été en effet largement absent du projet de déclaration sur la « Sécurité énergétique mondiale ». Conjointement (27 et 28 septembre 2007) les Etats-Unis avaient invité les quinze économies les plus fortes du monde, y compris la Chine, l’Inde, le Brésil et l’Afrique du sud, à deux jours de réunion sur la sécurité énergétique et le changement climatique. Sans résultat !

La butée climatique, combinée avec l’amenuisement des ressources énergétiques, devrait déterminer au cours de ce siècle une civilisation de la sobriété consentie des milliards de fois, ou des destructions de vie humaine par millions. La Biosphère se fera l’arbitre impassible des suffisances et insuffisances humaines.

sécurité énergétique impossible Lire la suite »

spirale nucléaire

D’abord on prolonge la durée de vie des centrales nucléaires, de 25 ans on passe à quarante ans. On promet bien sûr que le démantèlement sera compensé par de nouvelles sources d’énergie. Ensuite on lève le moratoire sur la construction de nouvelles centrales nucléaires. On promet bien sûr d’en construire uniquement pour remplacer les anciennes centrales. Après, on se rend compte que l’objectif climatique impose d’avoir moins d’émissions de CO2, donc de construire davantage de centrales. Aujourd’hui en Suède, 46 % de l’électricité provient du nucléaire, bientôt ce sera sans doute près de 80 % comme en France. Ce schéma d’évolution est présenté par LeMonde du 7 février. Nulle trace dans cet article d’une quelconque volonté d’économie d’énergie ; uniquement une politique de l’offre, comme si augmenter la consommation d’électricité était un besoin fondamental de l’homo sapiens.           

Pourtant 46 % de l’électricité suédoise provient déjà de la production hydroélectrique, une énergie renouvelable mais difficilement extensible. Il suffirait d’y adjoindre un peu d’éolien et, si les besoins des Suédois en électricité diminuaient de moitié, la Suède n’aurait besoin d’aucune centrale nucléaire, passée ou à venir. Pourquoi adopter l’écran plat qui consomme plus d’électricité ? Pourquoi utiliser un zapper alors qu’il suffit de se lever pour éteindre sa télé ? Pourquoi avoir un téléviseur dans chaque pièce ou presque alors qu’un seul poste dans une famille est amplement adapté ? Pourquoi des foyers tous équipés en télé alors que l’usage collectif était autrefois privilégié ? Pourquoi l’écran couleur alors que le noir et blanc était si efficace ? Pourquoi d’ailleurs un poste de télé alors que la radio se suffisait elle-même à une époque ?  Pourquoi être victime de ce glissement vers le tout-électrique, vers le tout-nucléaire ? Pourquoi ne pas acquérir le sens des limites…

spirale nucléaire Lire la suite »

flinguons l’EPR

L’Elysée a annoncé le 29 janvier au soir la construction en France d’un nouveau réacteur EPR, à Penly (Seine-Maritime).

Commentaire du réseau sortir du nucléaire : « En quelques années, les énergies renouvelables ont créé 250 000 emplois en Allemagne, chiffre en augmentation continuelle. A titre de comparaison, après 50 ans d’investissements massifs, le nucléaire emploie moins de 100 000 personnes en France. Le nucléaire est une industrie du siècle passé, dangereuse et archaïque, chère et polluante. L’avenir est aux économies d’énergie… »

Commentaire du pôle écologique du PS : « Le premier EPR, qui devait servir de prototype, n’est pas achevé ; le système électrique de notre pays exporte déjà massivement de l’électricité. Il n’a nul besoin d’une centrale nucléaire en plus ; le groupe nucléaire Areva demande à l’Etat 3 milliards d’euros pour financer son activité… »

Commentaire de biosphere : «  Pour un chiffre d’affaires de 13,2 milliards d’euros, Areva besoin de 2,7 milliards pour boucler son budget 2009 et le groupe finlandais  TVO se dit prêt à réclamer 2,4 milliards de pénalités pour les retards dans la construction de l’EPR (LeMonde du 31 janvier 2009) ; moi, si j’étais Sarkozy, je ne mettrais pas un sou dans une filière nucléaire qui coûte cher, qui ne procure pas d’emplois durables et qui exacerbe le goût des Français de consommer toujours plus d’électricité pour s’acheter des écrans plats ; n’oublions pas que toute activité humaine est aussi une destruction de ressources naturelles… »

flinguons l’EPR Lire la suite »

pics pétroliers

Mon quotidien préféré, à nul autre pareil, pratique à nouveau la rénovation. Ayant opté en novembre 2005 pour un journal de l’essentiel, il préfère depuis cette époque « la hiérarchie de l’information à la confusion de l’exhaustivité ». A partir du lundi 26 janvier, vous allez même voir ce que vous allez voir, ils vont « revaloriser l’économie » ! Malheur à nous, c’est la valorisation de l’économie qui nous a coulés, et Le Monde revalorisait encore plus l’économie ? Parlons plutôt des pics pétroliers, car ce sont les contraintes géophysiques qui vont renverser l’économisme régnant.

LeMonde du 25-26 janvier nous parle bien du pic pétrolier, mais celui de la demande, qui va baisser pour la première fois depuis un quart de siècle. Pour le pic de production, « ce futur plus ou moins proches où l’épuisement d’une partie des gisements pétrolifères rentables se traduira par un déclin de la production », pas besoin de s’inquiéter : « Le pétrole irriguera encore l’économie pendant des décennies, comme il l’a fait sans discontinuer depuis cent ans ». Le chroniqueur du Monde, Jean-Michel Bezat, est vraiment nul. Ce n’est pas avec de tels journalistes que nous sortirons de notre dépendance envers le pétrole, l’économie reste pour lui dominatrice, et la planète ressemble à cette bonne mère qui nourrit des serpents en son sein.

Qu’est-ce que l’économie des hommes ? Rien d’autre que la transformation des ressources naturelles, qui sont apparues sous nos pieds sans que nous ne fassions rien pour cela. La clé de cette transformation est l’énergie, qui  est, par définition, l’unité physique de transformation du monde. Dès lors, la baisse tendancielle du prix réel de l’énergie depuis deux siècles a permis de transformer le monde à moindre frais. Inversement toute hausse suffisante de son prix freinera le système, et se traduira par la récession et une inflation généralisée. Il existe un signal fort pour les spécialistes de l’économie actuelle, trop dépendante des ressources physiques : la multiplication, depuis deux ans, de déclaration de la part des dirigeants du monde pétrolier sur le prochain pic pétrolier, et donc chacun aurait mérité de faire la une d’un grand journal. Le fait est que, en 2007, la production mondiale de pétrole conventionnel a diminué de 0,15 % par rapport à celle de 2006 après avoir augmenté de seulement 0,5 % l’année d’avant (in C’est maintenant ! Trois ans pour sauver le monde au Seuil, 2009.

pics pétroliers Lire la suite »

manger cru ?

Le nuage brun, ce halo de fumée cancérigène qui couvre une partie de l’Inde et de l’océan Indien en hiver, est aux deux tiers constitué de particules issues de la combustion de bois et de bouse de vache. Le Monde  du 24 janvier qui reproduit cette brève conclut : « La lutte contre la pollution ne doit pas concerner seulement l’industrie et le transport, mais aussi la pauvreté, à l’origine de l’utilisation de ces combustibles ».

Mais alors, si nous ne pouvons plus brûler le pétrole (40 ans de réserve), le gaz (50 ans de réserves), l’uranium (60 ans de réserve) et le charbon (bonjour l’effet de serre !), c’est à dire toutes les ressources non renouvelables, ET si nous ne pouvons pas non plus brûler la biomasse (le bois, les bouses de vache, etc.), c’est-à-dire toutes les ressources renouvelables, que reste-t-il pour faire la cuisson à l’usage des générations futures : manger cru ou manger froid ?

manger cru ? Lire la suite »

optimisme pétrolier !

Selon l’agence gouvernementale d’information sur l’énergie, en 2009 le baril de pétrole serait en moyenne à 51 dollars. Dans le même numéro du Monde (11 décembre), à la même page dans un autre article, la Banque mondiale mise sur un baril à 75 dollars en 2009. Mais tous ces experts n’en savent absolument rien. Le pétrole était à 150 dollars en juillet 2008, il pourrait être à 200 dollars en 2009. Mais en 2005, l’institution financière Ixis CIB notait que si le prix du pétrole avait augmenté depuis 1974 au rythme optimal d’une ressource épuisable, il vaudrait déjà 122 dollars en 2005 (alors qu’il ne cotait que 66,6 dollars au 22 septembre). Le même organisme évoquait la possibilité d’un cours du baril à 360 dollars en 2015. Seule compte aujourd’hui pour les Américains et la Banque mondiale la loi du marché et la spéculation, l’épuisement des ressources n’est pas à l’ordre du jour.

La Banque mondiale estime en effet qu’il n’y aura pas de pénurie de matières premières dans les vingt ou trente prochaines années. Mais son expertise se limite au ralentissement de la demande (baisse de la population et des revenus), pas à la contrainte géologique de l’offre : l’état des réserves. On se contente d’affirmer sans rire que « les réserves prouvées de pétrole demeure de façon incroyablement constante à environ 40 années de production ». Pourtant d’autres spécialistes se sont penchés sur le pic pétrolier et parlent de surévaluation des réserves. Le point culminant de la production mondiale de pétrole est envisagée pour 2037 par le National Intelligence Council des USA (qui défend les illusions américaines), quelque part entre 2013 et 2037 par l’Agence internationale de l’énergie (qui défend les pays riches importateurs), mais avant la fin de cette décennie par l’Aspo (Association for the study of peak oil and gas) lors  de son colloque à Lisbonne en 2005. En effet les réserves mondiales, estimées aujourd’hui à 2275 milliards de barils, seraient seulement de 1750 milliards. L’Aspo est composée de spécialistes de l’industrie pétrolière comme son fondateur l’Irlandais Colin Campbell qui a dirigé le département Géologie d’Amoco avant de terminer sa carrière comme vice-président de Fina. Ces analystes nous ont appris que les quotas de répartition entre membres de l’Opep étaient indexés sur une prétendue augmentation constante de leurs réserves. Il est vrai aussi que Shell a déjà reconnu qu’un tiers de ses réserves « prouvées » étaient imaginaires.

 Les organismes monétaires, (banque mondiale, FMI, Fred) nous leurrent depuis des années en poussant à la croissance à crédit. On voit le résultat avec le tsunami financier actuel. Il me semble probable qu’en matière de ressources en matières premières, l’optimisme forcé de certaines institutions aboutira bientôt à un résultat similaire : un krach écologique.

optimisme pétrolier ! Lire la suite »

énergie propre

Selon LeMonde du 22 octobre, nous pourrons bientôt avoir « de l’énergie propre à la  demande ». Il s’agit de coupler du photovoltaïque sur le toit, un électrolyseur qui transforme l’électricité non consommée en hydrogène, et une pile à combustible qui transformera cet hydrogène en électricité à la demande. Mais j’interdis à mon quotidien préféré l’emploi du mot « propre », l’énergie est toujours volée aux éléments naturels.  Précisons :

Ce nouveau concept « d’énergie propre », simple instrument de propagande par le greenwashing, n’a aucun sens au plan scientifique car aucune production d’énergie ne se fait sans production de déchets sur l’ensemble du cycle complet fabrication de l’installation, production de l’énergie, démontage de l’installation. A moins bien sûr de changer le sens du mot « propre ».

Prenons un autre exemple, celui de la biomasse, énergie qui ne sera pas plus « propre » que l’hydrogène. La technique nous promet une nouvelle génération qui utiliserait les déchets agricoles pour produire de l’énergie. On oublie que la biomasse non directement consommable est naturellement recyclée pour rendre à la terre une partie de ce qui lui a été prélevé pour assurer la croissance des plantes. Que se passera-t-il si une part importante de cette biomasse est transformée en énergie, comment comblera-t-on le déficit ? Pour rester « renouvelable », la biomasse ne pourra être utilisée que localement et parcimonieusement. 

 Sans une prise de conscience forte sur la nécessité de réduire drastiquement notre pression sur les ressources limitées de notre planète, les nouvelles technologies ne feront que repousser le problème en rendant plus difficile encore la recherche de vraies solutions. La seule énergie qui mérite de s’appeler propre est celle que l’on ne consomme pas, mais l’article de Pierre Le Hir ne fait aucune référence à une diminution de consommation.

énergie propre Lire la suite »

choix de second rang

 LeMonde du 1er octobre nous offre un supplément sur « Eole, dieu ou démon ». Merci à Vestas, « leader mondial incontesté des fabricants d’éoliennes », d’avoir aidé à financer un tel cahier.

Ce que je retiens personnellement de ces articles, ce n’est pas le règne d’une cohabitation énergétique après le régne du nucléaire, ce n’est pas que la Chine puisse être le premier producteur en 2009, c’est l’article final consacré à Bernard Laponche, membre de l’association Global Chance. Pour lui comme pour moi, l’accroissement de la production pour satisfaire un accroissement de la consommation est impossible, les prix atteindraient de tels sommets que l’énergie deviendrait le problème économique prépondérant. Pour lui comme pour moi, on ne peut pas tabler sur des progrès techniques, la fusion par exemple relève d’un plan sur la comète. Halte à l’optimisme débridé qui nous empêche de prendre les décisions qui s’imposent. Il faut donc réduire la consommation. Une politique énergétique ne peut s’arrêter à ce qu’il faut appeler des choix de second rang, c’est-à-dire uniquement une problématique d’offre d’énergie. Mais on attend toujours un responsable politique digne de sa responsabilité qui envisage les priorités de premier rang, la maîtrise de la demande d’énergie : réduire la consommation choque. Bernard Laponche en rend responsable une éducation orientée autour de l’idée qu’il faut toujours plus dans une société de consommation. Mais il condamne aussi la puissance des entreprises qui font du lobbying auprès des politiques.

 Conclusion ? Eduque les autres, fais la chasse autour de toi à tous ceux qui gaspillent l’énergie, et ils sont innombrables. Et contre les lobbies ? J’avoue mon impuissance… à moins de renverser le capitalisme !

choix de second rang Lire la suite »

agrocarburants ou culture vivrière ?

Quelle vérité ? Tout dépend de la manière de présenter des informations. Par exemple, un article finit normalement selon le point de vue du journaliste. Ainsi Laurence Caramel (LeMonde du 11.09.2008) présente d’abord une étude de Friends of th Earth sur l’impact des agrocarburants en Amérique latine, par exemple : « En Argentine, l’expansion du soja a fait reculer les surfaces consacrées à l’agriculture vivrière et à l’élevage de 25 %. Celles destinées au fourrage ont été réduites de 50 % ». Mais le dernier paragraphe de la journaliste commence par «  Cette vision est évidemment contestée par les accusés » (évidemment !) pour se terminer par cette question mi-figue, mi-raisin : « Une forme de réponse aux Amis de la Terre ? ».

 

Laurence Caramel ne prend pas ses responsabilités Il paraît évident que la Banque interaméricaine, la seule interrogée et partie prenante dans l’expansion des agrocarburants, botte en touche et ne répond pas sur le fond. Donc son article aurait du  présenter d’abord le point de vue partial de la BID, et ensuite montrer que l’association Friends of the Earth a fait une étude argumentée qui invalide le discours officiel. J’attendais mieux d’une journaliste du Monde.

 

agrocarburants ou culture vivrière ? Lire la suite »

nous et les générations futures

Nous, nous nous intéressons au présent. LeMonde du 7-8.09.2008 consacre ainsi une page couleur de pub à Guerlain, ce parfum homme « pour l’animal qui dort en vous ». Je ne m’interroge pas davantage sur le fait que je ne vois aucune différence animale entre un parfum homme ou femme. Car ces vaines tromperies de notre odorat animal ne sont absolument rien comparées à l’article de fond « Se souvenir des déchets nucléaires ». 

   

Les déchets hautement radioactifs et à vie longue continueront d’émettre des radionucléides pendant des centaines de milliers d’années, voire un million d’années. Les mettre en sous-sol est une chose, garder la mémoire de ce lieu maudit en est une autre. L’Andra (agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs)  parie sur un cadastre qui indiquerait pour l’éternité la dangerosité du site. Encore faudrait-il écrire ce cadastre sur un papier qui tiendrait indéfiniment ; pour l’instant le papier « permanent » durerait peut-être 600 à 1000 ans seulement. Les Américains envisagent d’installer au-dessus du site d’enfouissement des figurines taillées dans le marbre, mais la pérennité n’est sans doute assurée que pour 25 000 à 50 000 ans. Encore faudra-t-il que les générations futures sachent déchiffrer nos documents ou nos objets ! La conclusion de l’Andra est dans la même lignée, absolument irréaliste : « Notre mission est de faire en sorte que les générations futures puissent faire leurs choix en toute connaissance des nôtres. » 

   Je conseille à l’Andra de dire dans plusieurs centaines de milliers d’années toute la vérité aux générations futures : en l’an 2008 après Jésus-Christ, on s’intéressait d’abord aux parfums pour hommes, pendant un mois aux Jeux Olympiques, pour quelques dizaines d’années à l’énergie « propre » du nucléaire… En résumé nous nous centrions surtout sur la vanité de notre présent. Peu importait les générations futures, demain s’occupera de lui-même !

nous et les générations futures Lire la suite »

le nez de l’aéronautique

Selon le patron de Boeing, « la crise actuelle est différente de celle de 2001 car cette fois les gens ne s’arrêtent pas de voyager » (LeMonde du 16.07.2008). Pour lui, puisque la tendance du trafic aérien est de progresser de 5 % par an, pourquoi le futur serait-il différent ? D’ailleurs il ne constate pas « pour l’instant » d’abandon massif des commandes de nouveaux appareils.

 Mais le marché, aussi bien pour Boeing que pour Airbus, est artificiellement soutenu par  les commandes des pays de Moyen-Orient devenus encore plus riches avec l’envolée du prix du baril. Les super-riches ne suivent que leur envie immédiate, sans perspectives du futur. L’aéronautique et les émirs pétroliers n’ont pas de nez. Ils ne savent pas que le passé ne se continue jamais sur longue période comme les tendances statistiques actuelles. Or il faut beaucoup d’années pour amortir l’achat d’un gros appareil plus lourd que l’air. Ils ne savent pas que même les émirs peuvent avoir la tête coupée. La révolution française l’a prouvée.

le nez de l’aéronautique Lire la suite »

la merde du diable

LeMonde (15.07.2008) nous permet sur plusieurs pages de voir l’avenir en raccourci. En page 2, on nous annonce que le pétrole est facteur de guerres civiles. Mieux vaut donc parler de merde du diable plutôt que d’or noir. Le  pétrole est le sang qui irrigue l’économie mondiale, alors il coule des barils de sang, guerres pour le pouvoir, guerres du pétrole. Près de la moitié des pays de L’Opep sont plus pauvres aujourd’hui qu’ils ne l’étaient trente ans auparavant !

 

En page 7, l’administration Bush refuse toujours de réduire les émissions de CO2 (provoquées par la combustion de pétrole). Alors on élude systématiquement tout débat sur les conséquences sanitaires du changement  climatique, censurant systématiquement les rapports qui pourraient être désagréables aux yeux du pouvoir. On ne se fait pas la guerre dans les pays riches, mais on sait toujours pratiquer à merveille la guerre pour le pouvoir. Alors que puis-je faire, moi, pauvre citoyen de base ?

 La  réponse est en page 22, il faut pratiquer l’écoconduite, c’est-à-dire rouler à 110 km/h seulement sur les autoroutes permissives à 130 km/h. Cela réduit de 20 % la consommation de carburant, et subsidiairement baisse de 40 % le risque d’accident. Pourtant l’article ne dit pas tous les bénéfices si nous roulions tous à moins de 90 km/h. Et le journaliste ne prend pas encore position pour une société sans voitures. Mais ça viendra, ça viendra, surtout dans les colonnes d’un journal de référence…

la merde du diable Lire la suite »

malus, enfin !

Le ministre français de l’écologie a annoncé que le malus des véhicules extrêmement polluants sera payé non plus seulement à l’achat, mais tous les ans (LeMonde du 2.07.2008). C’est une petite victoire pour la Biosphère après une longue lutte.

 

En 2000 le gouvernement Jospin avait présenté un programme de lutte contre le changement climatique qui avait rapidement sombré tandis que Fabius supprimait la vignette automobile, un impôt progressif qui ressemblait furieusement au bonus-malus !!!

 

Le plan climat devrait être présenté avant le 14 juillet 2004 avec l’objectif de diviser par 4 (pour les pays industrialisés) les émissions de GES avant 2050 (dixit Raffarin en février 2003). Cela représente une réduction annuelle de 3 %. Un bonus-malus écologique serait instauré pour les acheteurs de voiture, mais le plan n’est pas encore finalisé.

 

Le ministre de l’écologie Serge Lepeltier a annoncé la mise en place du système bonus-malus écologique à partir du 1er janvier 2005 ; inquiet de ce que le plan climat apparaisse trop étriqué, il veut forcer la main du gouvernement (Lemonde du 23.06.2004).

 

Le plan-climat dans l’expectative : Raffarin contredit son ministre de l’écologie sur le bonus-malus à l’achat de voitures neuves : la décision n’est pas encore prise, c’est à l’étude. S.Lepeltier  a su convaincre le gouvernement, mais pas les parlementaires(LeMonde du 26.06.2004).

 

Le gouvernement a enterré le projet de bonus-malus écologique en fonction du degré de pollution des véhicules. Bercy redoutait un dérapage fiscal, on achète les voitures polluantes à l’étranger, on bénéficie de primes en France pour les autres. Le plan-climat est déséquilibré, le bonus malus était la principale mesure concernant les transports alors qu’ils sont la cause principale de l’augmentation des GES (Lemonde du 22.07.2004)

 

Selon Borloo, les parlementaires devraient bientôt se pencher sur le projet de bonus-malus imaginé pour inciter les automobilistes à acheter des véhicules moins polluants (LeMonde du 27.11.2007).

 

Première décision suite au Grenelle de l’environnement, une éco-pastille lors de l’achat d’un véhicule entrera en vigueur dès le 1er janvier 2008, bonus-malus qui sera fonction de l’émission de CO2 (LeMonde du 6.12.2007).

 Mon commentaire de l’époque : C’est insuffisant ! La décision du Grenelle portait explicitement sur la mise en place d’une éco-pastille annuelle, mettant en avant l’importance d’un signal continu et très incitatif dans le temps, tout au long de la durée de vie du véhicule. Les riches pourront continuer à rouler en 4×4…

malus, enfin ! Lire la suite »

crime radioactif

Il existe des déchets radioactifs en attente d’une réponse, parfois depuis cent ans. La France vient de se décider enfin à trouver un lieu d’accueil pour les déchets radioactifs de faible activité à vie longue (LeMonde du 24.06.2008). Il faut dire que ces substances ne sont pas pressées, le carbone 14 perd la moitié de sa radioactivité en 5 730 ans seulement (regardez du côté des pyramides d’Egypte), et le chlore 26 fait de même en 302 000 ans (plus que la durée de vie actuelle de l’espèce homo sapiens). Nous sommes vraiment des apprentis-sorciers, et plutôt des irresponsables patentés. D’ici 2019, il faudrait trouver un maire pour recevoir ces rebuts : rien que les déchets de graphite (la filière uranium-graphite-gaz a fonctionné entre 1960 et 1990) représentent un volume de 100 000 m3 qu’il faudrait entreposer entre 15 et 200 mètres de profondeur. Mais l’argent fera des miracles dans telle ou telle commune, le réseau Sortir du nucléaire peut à juste titre parler de corruption légale. Mais comme le maire d’une commune et ses administrés a une demi-vie bien plus courte que les déchets radioactifs, alors, après eux le déluge.

 Ainsi va la société thermo-industrielle qui a jusqu’à présent ne pensait qu’en terme de production et de consommation, jamais en fonction du cycle de vie d’un produit (de l’extraction jusqu’au recyclage). Nous devons inventer le concept de crime contre la Biosphère, et les nucléocrates français passeront un jour en justice devant le tribunal de l’histoire.

crime radioactif Lire la suite »

droit dans le mur

Maintenant l’urgence écologique intéresse tellement LeMonde (14.06.2008) qu’il consacre pour la première fois deux pages à la rubrique « Environnement&Sciences ». Je décerne donc un « bravo », cependant mitigé aussitôt par l’omniprésence dans ce même numéro des publicités pour les bagnoles : deux pages par exemple pour le 1er diesel vainqueur aux 24 heures du Mans ! Quand « Le Mans coule dans nos veines », quand sur une autre page Renault présente son 4×4, que peuvent faire les personnes raisonnables qui disent qu’il faut rapidement sortir du tout-automobile ?

 

 Et quand je lis ce que dit DSK, notre nouveau directeur du FMI, subsidiairement socialiste, mon écœurement est total : « La seule réponse à la hausse des prix du brut passe par celle de la production, et nécessite d’exploiter de nouveaux champs pétrolifères ». Pas un mot pour parler des indispensables économies d’énergie, pas une pensée pour le réchauffement climatique entraîné par la combustion de pétrole, pas une seule réflexion sur le pic pétrolier qui va marquer incessamment sous peu la régression de la production de pétrole.

 Avec de telles publicités, avec de tes dirigeants, nous allons droit dans le mur, de plus en plus vite, au volant de nos petits bolides…

droit dans le mur Lire la suite »

ACV nucléaire

Le ministère de l’écologie a lancé un appel à candidatures « afin d’identifier les sites volontaires » pour accueillir un centre de stockage de déchets radioactifs de faible activité à vie longue ». Le site serait choisi en 2010 (LeMonde du 7.06.2008). Il faut savoir lire, c’est juste un entrefilet en bas de page. Faut dire que la transparence n’a jamais été le point fort du lobby nucléaire. Admirez aussi le style, il faut des volontaires (mais l’argent qui sera distribué attise toujours les convoitises). Et on choisira peut-être en 2010, faut dire que pour l’industrie nucléaire, peu importe la pollution et la gestion des déchets. Petit rappel :

 En début d’année 206, le président de l’Andra (agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) avait envoyé aux députés français le « dossier 2005 Argile » (qui traite du centre d’enfouissement à Bure) en reconnaissant qu’il n’a pas été produit de seconde version du « dossier 2005 Granite » (centre de stockage dans le granite, projet qui a été abandonné). Quelques morceaux choisis de la conclusion en date de juin 2005 :  « Si les évaluations devaient confirmer la pertinence des résultats actuels et si la représentation nationale…, l’Andra pourrait continuer ses travaux dans une perspective finalisée. Des incertitudes demeurent :– les expériences ont été conduites sur des durées brèves…– les ouvrages de stockage n’ont pas été testées en vraie grandeur…– l’étude approfondie de la zone de plus de 200 km2 autour du site de Meuse/Haute Marne n’a pas été réalisé…

Afin de donner un ordre de grandeur, on pourrait déboucher sur une installation industrielle de stockage à l’horizon 2025. »

               Commentaire de la Biosphère : on a construit en France la filière de l’électronucléaire à partir de 1977, on a commencé à s’intéresser aux déchets en 1991 (loi Bataille), aujourd’hui encore nous ne sommes pas beaucoup plus avancés. Une activité humaine qui ne tient pas compte du cycle de vie du produit (de la ressource à la maîtrise des déchets) n’est pas une activité raisonnable…

ACV nucléaire Lire la suite »

armes contre pétrole

            La France est le quatrième exportateur d’armes au Monde, Cocorico ! La France pense à son approvisionnement en pétrole, ses principaux acheteurs d’explosifs en tous genres sont les Emirats arabes unis et l’Arabie saoudite (LeMonde du 6.06.2008), Alléluia ! Notre gouvernement relance notre politique d’exportations d’armement face à une concurrence sans merci, dieu soit loué !  Sarkozy obtient « des résultats concrets à chacun de ses déplacements à l’étranger », c’est un bon commis voyageur !

            Jamais le journal Le Monde ne s’interroge sur la participation de la France à un marché de la mort « en pleine expansion ». Des sous, des sous, des sous et du pétrole, est devenu le leitmotiv de nos gouvernants et des médias. La vulgate libérale de la concurrence internationale a étouffé dans l’œuf toute contestation pacifiste, il faut échanger tout et n’importe quoi du moment que cela met du gazole dans nos moteurs. Alors je le dis calmement, la parole juste, même si elle est celle d’un seul homme, est de dire : halte au commerce des armes, halte aux importations de pétrole, vivons autrement au plus près de notre mère Nature.

 Comme disait déjà Henry David Thoreau en 1849, « Tout homme qui a raison contre les autres constitue déjà une majorité d’une voix » (…) « La seule obligation qui m’incombe est de faire bien ».

armes contre pétrole Lire la suite »

vive le pétrole cher

Formidable, un dossier de 5 pages sur « l’ère du pétrole cher » qui ne fait que commencer (LeMonde du 5.06.2008).Mais qui croire ?

En page 14, dans la rubrique breakingsviews.com, Ian Campbell pense que le pétrole a connu son heure de gloire, les jours de la spéculation sont comptés, les hauts cours sont vulnérables, les prix du pétrole sont délirants. Pourtant dans le dossier, les analystes du Monde pensent au contraire que les positions spéculatives ne renchérissent le prix du baril que de 15 à 25 dollars. Jean Michel Bizat constate même que l’essence en France est moins chère qu’il y a trente ans. Selon les calculs de l’Institut français du pétrole, une heure de SMIC horaire en 1974 permettait d’acheter seulement 3 litres d’essence ; on passe à 5,2 litres en 1995, puis 5,1 litres en 2001 et aujourd’hui 4,5 litres encore. Olivier Appert, le président de l’IFP reconnaît que la vérité des prix est nécessaire pour que changent les habitudes et les  comportements. Mais dans le même article, il souhaite que soit impossible le baril à 300 dollars en 2015, comme l’envisageait il y a deux ans Patrick Artus, directeur des études de la banque Natixis. Marc Jancovici de son côté prévoit qu’à l’avenir, « l’énergie a toutes les chances de devenir chère pour de bon ». On ne sait donc pas dans ce dossier quel va être le prix final du baril, mais au moins on se pose les bonnes questions, la dépendance énergétique de l’Europe, le risque inflationniste, le casse-tête du trajet quotidien…

 Alors, Le Monde devrait supprimer cette rubrique breakingsviews.com qui ne nous apporte que délire libéral sur un pétrole offert gratuitement par la nature : il suffirait d’investir pour aller le chercher au centre de la Terre. Le Monde doit ensuite continuer sur la voie de l’explication comme elle le fait dans ce dossier pétrole, à lire de toute urgence.

vive le pétrole cher Lire la suite »

le choc du futur

Tout avait déjà été dit il y a trente cinq ans à propos du choc actuel. Mais au pays des sourds, l’avenir n’est pas très visible (extraits d’un éditorial d’Alain Hervé, mensuel Le Sauvage, décembre 1973) :

« Le commerce pétrolier consiste à échanger une matière première qui devient rare contre du papier-monnaie. De ce papier, les principaux producteurs ont assez ; s’ils laissaient le pétrole en terre, il risque de doubler de valeur en un an. Pourquoi n’ont-ils pas coupé le robinet plus tôt ? Parce que les circonstances politiques ne s’y prêtaient pas et parce qu’ils ont dorénavant le rapport du Club de Rome entre les mains (ndlr : the limits to growth, 1972). Ils ont eu l’occasion d’y lire que d’ici trente ans environ leur seul capital leur aurait été totalement extorqué et qu’il leur resterait le sable pour se consoler. Ils ont aussi compris à quel point les Occidentaux et leur fragile civilisation étaient devenus dépendants des Bédouins du désert. Gérants intelligents, ils ont donc décidé de vendre de moins en moins et de plus en plus cher. Logique, non ? Curieusement cette logique surprend tellement les occidentaux qu’ils refusent encore d’y croire. Le pétrole était entré dans les mœurs. On savait qu’un jour il se ferait rare, mais on ne voulait pas le savoir. On misait toutes les chances de l’industrie aéronautique française sur le supersonique Concorde. On savait qu’une flotte de 200 de ces avions aurait épuisé en cinq ans l’équivalent de la totalité du gisement de Prudoe Bay en Alaska, et cependant on construisait le Concorde.

Il faut dire que sans pétrole, adieu l’agriculture industrielle, adieu les loisirs, adieu la garantie de l’emploi, adieu la vie en ville… toute l’organisation économique, sociale et politique est remise en cause. Le château de cartes vacille. Et si ce n’est pas pour cette fois-ci, ce sera dans deux ans, dans cinq ans. Restriction, pénurie, disette, les machines ralentissent, s’arrêtent. La dernière explosion dans le dernier cylindre nous laisse apeurés, paralysés… libérés.

En effet la société conviviale, désirée par Ivan Illich, peut naître, c’est-à-dire une société dans laquelle l’homme contrôle l’outil ».

le choc du futur Lire la suite »

pétrole volé

Le supplément économique (LeMonde du 27.05.2008) centre son dossier sur « Que font les pays du Golfe de leurs pétro-milliards ? ». On ne peut répondre à cette question que si on a pu déterminer au préalable à qui doit échoir la propriété du pétrole. Après l’intervention militaire de Bus junior, j’avais posé à différents groupes cette question cruciale : « A qui appartient le pétrole irakien ? » Les réponses de l’assistance envisagent immédiatement comme propriétaires de fait les Américains qui font la guerre en Irak uniquement pour mieux contrôler le ministère irakien du pétrole (le seul ministère qui n’a pas était pillé à Bagdad). Ils ont ensuite pensé au Irakiens, la propriété du sol donnant selon le droit international au pays celle du sous-sol. Après réflexion, ils ont aussi parlé des consommateurs qui ont besoin d’énergie fossile pour entretenir leur croissance absurde : c’est eux qui payent, ils ont donc tous les  droits. Ils n’ont pas oublié les pays du Sud qui ont besoin de se développer encore plus vite. Pour les plus clairvoyants du groupe, et ce n’était pas évident d’y penser, il ou elle a montré que le pétrole en tant que ressource non renouvelables appartenait d’abord aux générations futures et qu’il ne fallait en faire qu’un usage durable, par exemple en le transformant en objets et non en le brûlant dans les moteurs des automobiles. Mais absolument personne n’a imaginé que le véritable propriétaire des ressources fossiles, c’est la Terre qui a consacré des millions d’années de son existence pour constituer ce trésor enfoui. La Terre ne nous donne rien, nous lui volons ses richesses.

Cette évidence n’est plus perceptible dans une culture occidentale qui a intériorisé que l’espèce humaine est seul propriétaire de la planète, et qu’elle peut en faire ce qu’elle veut, usus, fructus et même abusus. Alors LeMonde se contente de constater que les familles régnantes imaginent n’importe quelle destination  pour une richesse qu’elles ont usurpée : des milliards d’investissements dans le tourisme pour une région qui n’attirera jamais le tourisme dans l’avenir puisqu’il n’y aura plus d’avion pour y aller (manque de kérosène) et que ces pays de Golfe sont vraiment trop chaud. Alors on joue à qui édifiera l’immeuble le plus haut du monde, la tour Burj Dubai qui pourrait atteindre 900 mètres, Nakheel qui envisage une tour de 1200 mètres et l’Arabie saoudite qui voudrait culminer à 1609 mètres. Construire Babel est toujours présent dans le cœur des hommes alors que les dynasties régnantes dans le Golfe n’ont que quelques années derrière elles : par exemple la dynastie des Saoud n’a conquis l’indépendance de la péninsule arabique sur la Turquie qu’en 1902, et le royaume d’Arabie saoudite n’a été proclamé qu’en 1932.

 Vanité, vanité, tout n’est que vanité.

pétrole volé Lire la suite »