démographie

Les présidentiables et le droit de mourir dans la dignité

Pour François Fillon, « Légaliser l’aide médicale à mourir, c’est ouvrir une voie incertaine ; et le risque, c’est que nous pouvons glisser d’une euthanasie demandée par le patient vers une euthanasie d’opportunité ou une euthanasie économique… Nous nous opposerons à toute loi de légalisation. » C’est ce qu’on appelle une fin de non recevoir, typique d’un fervent catholique.

Nathalie Arthaud « place la dignité de l’Homme au cœur de l’ensemble du projet de Lutte Ouvrière ; nous voulons un monde dans lequel la dignité humaine soit respectée du début jusqu’à la fin de vie, individuelle ou collectivement. » C’est ce qu’on appelle la langue de bois dont raffole le trotskysme.

Emmanuel Macron « considère qu’il n’est pas opportun de légiférer dans la précipitation et la polémique, mais qu’il faut entraîner la population et leurs représentants vers les avancées que nous tous souhaitons avec un peu de conviction et de progressivité… Il importera dans un délai assez bref que cette question soit posée puisque nous serons soumis très prochainement à la révision des lois de bioéthique où la question de fin de vie ne peut pas manquer d’être traitée. » C’est le sens de la nuance et de la précision digne d’un technocrate habile.

Benoît Hamon « souhaite une clarification et appelle de ses vœux une évolution de notre droit pour une véritable aide à mourir pour toutes les personnes atteintes d’une maladie incurable, au moment où elle le souhaitent, et non plus seulement lorsque le pronostic vital est engagé à court terme. » C’est le socialisme à petits pas, en marche prudente vers le suicide assisté.

Jean-Luc Mélenchon : « Je milite pour que l’on constitutionnalise les libertés fondamentales de la personne humaine. Je pense à l’interruption volontaire de grossesse, mais aussi au suicide assisté dont je suis partisan pour qu’il soit inscrit comme un droit constitutionnel. Il y a quelque chose de plus grand que nous-mêmes, c’est l’idée que nous restons maître de nous mêmes, en toute circonstance et jusqu’au bout… Le droit de mourir dans la dignité, ce n’est en aucun cas le droit au laisser mourir dans l’indignité tel qu’aujourd’hui la loi Leonetti l’organise. » C’est bien là le représentant de l’insoumission à l’ordre établi tel qu’on pouvait l’imaginer.

« Ils l’ont dit au Cirque d’hiver », citations tirées du journal de l’ADMD n ° 140, mars 2017

PS : sur une planète saturée d’humains, l’écologie s’intéresse forcément à la démographie, qui porte autant sur le nombre des naissances que sur notre façon de mourir, autant sur l’entrée des immigrés que sur le départ des migrants.

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Le natalisme à l’épreuve de la contrainte écologique

En 1974, Simone Veil fait voter la loi qui légalise la pratique de l’avortement, et elle subit les plus odieuses insultes de la part des populationnistes à l’Assemblée nationale. « L’Europe a un cancer, et ce cancer, c’est le refus de la vie », écrit en 1979 Gérard-François Dumont en introduction à La France ridée. A la tête de l’État, et quelle que soit la couleur politique, on réclame toujours plus d’enfants. Présidents, premiers ministres, responsables de tous bords ses lamentent sur le thème : La France se vide, qu’allons-nous devenir ? En 1979, François Mitterrand dit redouter que « l’évolution n‘aggrave le vieillissement et, à terme, condamne la population à disparaître ». Jacques Chirac dans une interview de 1984 : « Démographiquement l’Europe est en train de disparaître. Dans vingt ou trente ans, notre pays sera vide, et quelle que soit notre avance technologique, nous ne pourrons pas l’utiliser. » En 1986 la plate-forme électorale de la droite parle d’un « hiver démographique sans précédent ». Michel Jobert parle d’auto-génocide, Pierre Chaunu de grande conspiration contre la vie, Jean Fourastié de suicide collectif. Lorsqu’en 1991 Hervé Le Bras réagit contre ces grotesques jérémiades, dans « Marianne et les lapins, l’obsession démographique », il s’attire de violentes réactions. Il ridiculise cette obsession de la dépopulation dans un pays dont la population ne cesse de croître. Il y montre aussi les dangers et dérives des incitations financières à la procréation, comme la prime au troisième enfant : « Rien ne prouve que ce troisième enfant obtenu à coups de subventions, ne naisse pas dans une famille à risques, attirée par la prime plutôt que par l’enfant, si bien que quelques années plus tard, on retrouverait le rejeton dans une classe d’adaptation. Il coûterait plus à terme que ce qu’il était censé rapporter. »

Mais Hervé Le Bras veut aussi montrer la complexité des débats. En 1994, dans Les limites de la planète, il a essayé de montrer comment, de part et d’autres, on colporte des mythes, que l’on présente comme des vérités acquises, pour accréditer ou discréditer l’idée de surpeuplement. Pour lui, le schéma malthusien est une abstraction qui ne tient pas compte de la flexibilité biologique et sociale des groupes humains.« Chez Malthus, la croissance de la population doit se plier à celle des subsistances. Au schéma de la fatalité malthusienne s’oppose le schéma boserupien, du nom d’Ester Boserup qui a montré comment la croissance (la pression) démographique entraînait une réorganisation de la collecte et de la production de vivres. Il ne faut pas oublier que Malthus raisonnait dans un monde plein où les engrais artificiels étaient encore inconnus, et Boserup dans un monde ouvert en boom industriel, à la veille de la révolution verte. Avec Malthus, on reste prisonnier d’une nature contraignante et peu susceptible de changements ; avec Boserup, on est entièrement dans les interfaces entre l’environnement et la société. Le présent ouvrage est boserupien, en ce sens qu’il insiste sur le passage de la nature à l’homme, sur cette interface où environnement et société sont les véritables régulateurs et fixent les véritables contraintes de la population. »

Plus récemment Hervé Le Bras s’est ouvert à la problématique environnementale et il devient plus nuancé dans ses propos  : « Autrefois l’une des limites imposées aux villes était la taille de la zone agricole nécessaire à leur approvisionnement. Avec l’extension des transports, cette limite a quasiment disparu, mais on ne tient pas compte des coûts environnementaux de ce transport… Si la planète entière adoptait le régime alimentaire des Français, elle ne pourrait nourrir que 3,4 milliards de personnes, soit la moitié de la population actuelle. En outre les ruminants émettent du méthane, puissant gaz à effet de serre… Avec la préoccupation environnementale qui s’impose (enfin !) dans le débat public, comment mener le débat sur la taille de la population sans sombrer dans une futile guerre des chiffres ? Si les pays ne parviennent pas à se mettre d’accord pour limiter l’émission de gaz à effet de serre, je crains qu’ils soient incapables d’un accord sur « l’émission de naissances »… » (Trois questions à Hervé le Bras – Entropia n° 8, printemps 2010)

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Les pontifes, l’extinction biologique et la démographie

Les Académies pontificales des sciences et des sciences sociales viennent de présenter les résultats d’un colloque controversé sur le thème de l’« extinction biologique ». Parmi les participants à ce colloque figuraient plusieurs chercheurs critiqués par les organisations pro-vie pour leurs positions antinatalistes et le fait qu’ils prônent l’avortement et la limitation des naissances pour lutter contre la surpopulation, une cause importante de la perte de biodiversité.

Bien entendu le colloque n’a pas retenu l’idée que l’extinction massive d’espèces à laquelle nous assistons est due à l’augmentation de la population humaine en tant que telle, mais à l’« énorme augmentation de l’activité économique fondée sur le seul profit et sur l’usage de combustibles fossiles qui mettent en péril le fonctionnement durable de la terre »… « La question n’est pas le nombre mais la qualité de vie, c’est-à-dire qu’il ne faut pas se focaliser sur le nombre de personnes que la terre peut accueillir mais sur leur degré de développement et leur niveau de vie », insiste un membre de l’Académie pontificale des sciences sociales. La déclaration finale du colloque souligne que « Les riches sont majoritairement responsables par leur utilisation d’énergies fossiles de l’augmentation du réchauffement climatique global et de la diminution de la biodiversité qui en résulte. Les plus pauvres sont indirectement responsables de la déforestation et d’une part de la destruction de la biodiversité étant donné que leurs actions se développent à l’intérieur d’un système économique mondial basé sur les besoins des plus riches. Une condition indispensable pour le développement durable de la biodiversité est la redistribution de la richesse parce que, partout dans le monde, les hauts niveaux de consommation ont un impact sur la dégradation du fonctionnement de la terre et la destruction de la biodiversité. »*

En fait ces pontifes veulent ignorer l’interdépendance entre population, niveau de vie et chute de la biodiversité pourtant bien démontrée par l’équation IPAT. L’impact négatif de notre espèce sur les mécanismes régulateurs de la biosphère peut être symbolisé par l’équation I = P.A.T. Dans cette équation, la taille de la population (P) est multipliée par la consommation moyenne de ressources par individu (A pour « affluence »), elle-même multipliée par une unité de mesure de la technologie (T) qui actionne et entretient la consommation. Le produit de P, A et T est l’impact (I), une estimation du niveau de dégradation, par les hommes, des services écosystémiques dont ils dépendent, y compris la biodiversité. Chaque habitant qui vient aujourd’hui s’ajouter à la population provoque en moyenne plus de dégâts que la personne précédente sur les fragiles mécanismes de régulation de la biosphère et restreint l’espace vital des autres espèces. Et, cerise sur le gâteau, il y a la fâcheuse propension à la consommation même dans les pays pauvres. Il faudrait que des chercheurs mettent au point des préservatifs anti-consommation ou encore une pilule du lendemain post-frénésie de soldes. Car la régulation de la consommation est bien plus complexe que celle de la démographie ; en conséquence il est nettement plus difficile de trouver des solutions humaines et équitables aux conflits entre l’espèce humaine et les autres êtres vivants. Les pontifes croient encore au miracle de la croissance économique, l’Église catholique préfère laisser aux guerres, aux famines et aux épidémies la tâche de lutter contre la surpopulation humaine. Paul Ehrlich serait de son côté favorable à la stérilisation forcée des femmes pour limiter la population et enrayer la 6ème extinction des espèces : solution plus rapide et plus efficace pour éviter les infanticides différés (guerres, épidémies et famines) et nous permettre de vivre un peu mieux la cohabitation avec les non humains.

* http://www.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/Vatican/Les-academies-pontificales-planche-extinction-biologique-2017-03-02-1200828888

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Sédation profonde ou droit de mourir dans la dignité ?

Nous avons le droit, si notre douleur ne peut être soulagée, de « dormir avant de mourir » grâce à une « sédation profonde et continue » jusqu’au décès. C’est l’objectif de la loi sur la fin de vie promulguée le 2 février 2016. Seuls ceux atteints d’une « affection grave et incurable », dont le « pronostic vital est engagé à court terme » et présentant une « souffrance réfractaire aux traitements » sont autorisés par la loi à bénéficier d’une sédation profonde. Les résistances sont vives : « La sédation profonde et continue jusqu’au décès est quelque chose qui se fait de manière exceptionnelle. Le danger, ce serait de la banaliser », souligne la présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP). D’autres veulent une réécriture de la loi. Jean-Luc Mélenchon ou Benoît Hamon promettent la mise en place d’une aide active à mourir.* Est-ce écolo que de mourir plut tôt, sans acharnement thérapeutique ? Voici quelques réactions sur lemonde.fr :

Mac Aria : Pour ceux qui n’ont pas accès aux informations pertinentes, il existe une association courageuse en France qui s’appelle « Ultime liberté ». On ne peut en dire plus ici sans tomber sous le coup de la loi contre l’incitation au suicide (45000 euros et 3 ans d’emprisonnement) votée sous le lobbying de la très puissante et très catholique ADIS (association de défense contre l’incitation au suicide).

Garance : je suis personnellement favorable au suicide assisté mais je crains les effets pervers de ce droit (personnes âgées se sentant un poids pour leurs proches). Et le suicide assisté ne peut être mis en œuvre que pour les gens conscients, le cas du jeune homme dans le coma n’en sera pas résolu.

Claustaire : Voila bien le vrai défi : tant qu’il faudra d’abord être en phase quasi finale d’agonie pour bénéficier de la « sédation » autorisée par l’actuelle loi, chaque années des centaines d’humains en souffrance seront livrés à eux-mêmes, à moins de recourir à des formes sauvages de suicide.

Astapovo : La sédation ( réglementée ), comme l’ euthanasie ( interdite ), laisse la décision et son application à un tiers, à savoir, un médecin ….( dont on ignore les idées et préjugés ) ….. Seul , le suicide médicalement assisté laisse l’individu libre de choisir la date de sa mort ..… la loi Léonetti 2 n’ a donc rien résolue….encore une lâcheté de François Hollande, le roi du compromis mou !!!!

Claustaire : Vous êtes au cœur du sujet. En l’occurrence, sur cette question, Hollande a carrément renié son engagement. Et lorsque la droite sera revenue au pouvoir, surtout si c’est la droite catho de Fillon, il faudra de nouveau attendre au moins dix ans avant que la question de l’assistance médicale au suicide soit de nouveau posée.

Jean Paul Villette : je suis bien de cet avis : que l’équipe Hollande nous pourrisse la vie avec la loi travail , les milliards donnés aux grands patrons sans contrepartie…mais qu’au moins il me laisse mourir tranquille : quand je veux, comme je veux!

Garance : Jean Paul, qui vous empêche de mettre fin à vos jours ? A un moment, il faut aussi assumer ses choix et ne pas se reposer sur la collectivité (quand je veux et comme je veux); n’oubliez pas que derrière votre demande, il y a des soignants qui vont porter cette responsabilité d’avoir donné la mort. Enfin, ne vous illusionnez pas sur la mort douce, consultez le site Dignitas pour connaitre les détails de fin de vie (ils sont clairs).

JJDR : @garance : Dignitas c’est au minimum 8000 euros et des semaines d’attente pour l’examen du dossier, de plus il faut se rendre en Suisse. Ça pourrait être quelques arguments qui répondent à votre question « Jean Paul: qui vous empêche de mettre fin à vos jours? ».

* LE MONDE du 21 février 2017, Fin de vie : la loi entre timidement en vigueur

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Un « droit à l’enfant » sous contrainte écologique

Dans l’affrontement entre les optimistes de l’abondance (cornucopian optimists) et les pessimistes néo-malthusiens, écrit Kenneth Smail*, la charge de la preuve incombe aux optimistes : qu’ils nous expliquent quelle preuve ils ont que la terre peut supporter, sans dommages irréparables, pendant deux siècles ou plus, une croissance démographique avec une consommation par tête qui dépasse déjà la capacité de charge optimale. Car, comme toujours, si ce sont les optimistes qui se trompent, on ne peut que s’en réjouir, mais si ce sont les optimistes, nous allons à la catastrophe irréversible. Soit l’homme prend sérieusement en mains la tâche de réduire sa fécondité ; soit il attend que la nature se charge de faucher ce trop plein : c’est la redécouverte de Malthus après deux siècles de tergiversations.

Dans quelle mesure ce débat atteint-il l’opinion publique dans les pays développés ? D’une façon générale, les couples se sentent peu concernés dans leur comportement procréatif par le problème planétaire de surpeuplement. Dans ce domaine plus que dans aucun autre prévaut une sorte de schizophrénie : le fait d’avoir ou de ne pas avoir des enfants est considéré comme une affaire strictement privée, dans laquelle les décisions sont prises sans aucune considération des conséquences collectives. Le contraste est frappant avec certains autres domaines, comme par exemple l’écologie : alors que progresse la prise de conscience des individus de l’impact de leur comportement quotidien sur environnement global, rien de tel n’existe dans le domaine de la procréation. Dans ses achats, le citoyen prend de plus en plus en compte sa consommation d’énergie, le rejet de CO2, l’impact sur la pollution. Par contre, dans la décision d’avoir un enfant, il ne considère pas le fait qu’il contribue par là à peser sur la démographie mondiale. On continue à raisonner en termes nationaux ; dans la naissance d’un bébé, les médias voient d’abord ce qu’il apporte à la « vitalité » de la fécondité française. Et ceci en pleine contradiction avec les préoccupations écologiques, puisque le niveau de vie d’un Français a cinq ou dix fois plus d’impact sur l’environnement que celui d’un Chinois ou d’un Nigérian. La dimension globale est prise en compte pour le climat, pas pour la population, quand bien même il y a des liens entre les deux.

D’autre part, dans les démocraties occidentale, le « droit à l’enfant » a toujours été reconnu comme un droit fondamental de tout individu, relevant de la liberté de chacun. Alors même que la plupart des autres activités requièrent l’obtention d’un permis et la présentation de certaines garanties, le fait de procréer est laissé à la discrétion de chacun, quitte à enlever plus tard l’enfant à ses géniteurs s’ils se montrent incapables de faire face à leur rôle. Même les couples homosexuels réclament le droit à l’enfant, et les couples stériles demandent l’aide de la science. Au point que les prises de position inverse apparaissent comme des anomalies, voire des perversions. Ce sont ceux qui font preuve d’égoïsme qui se retrouvent en position d’attaquant !

* article de 2002, « Souvenons-nous de Malthus : un argument préliminaire pour une réduction significative de la population humaine globale »

extraits du livre de Georges Minois, Le poids du nombre

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On n’échappe pas facilement au dilemme malthusien

A partir des années 1980, le spectre du surpeuplement resurgit avec un nouveau costume, celui de la dégradation inéluctable de l’environnement sous la pression de l’espèce humaine. Métamorphose de Malthus qui réapparaît en écologiste ! Désormais la question de l’équilibre global de l’espèce humaine et de l’écosystème est posé. La notion de population limite a été définie dès 1971 par E.P.Odum comme la limite de croissance d’une population dans un milieu donné. Pour l’homme, cette limite ne tient pas seulement compte de la possibilité de nourriture. La densité optimale est limités par la qualité de l’espace de vie, et non par le nombre de calories disponibles. De plus l’attente d’un développement qui réduirait la fécondité est suicidaire : il signifie une consommation d’énergie et de matières premières colossale, ainsi qu’une augmentation vertigineuse de la pollution. Faire atteindre à des milliards d’humains ne serait-ce que la moité du niveau de vie des pays développés serait insupportable. Alors la mortalité se chargerait de réduire le trop plein, plus besoin de réduire la natalité : on n’échappe pas facilement au dilemme malthusien.

Le grand mérite de William R.Catton est de montrer en 1982 que la croissance démographique excessive est une catastrophique fuite en avant qui n’est possible que par la consommation des biens des génération futures. Aujourd’hui l’humanité est engagée dans une prédation vorace de notre futur.. Le bien-être de nos contemporains est atteint aux dépens de nos descendants. Par le nombre, par l’état de notre développement technologique, nous faisons dépendre la satisfaction de nos aspirations présentes du dépouillement de notre postérité. Nous dépassons largement la capacité de charge (carrying capacity) sans nous en apercevoir, parce que nous dévorons notre capital naturel par anticipation ; nous empiétons sur le futur. Alros arrêtons de rêver : l’alternative au chaos est l’abandon de l’illusion que tout est possible. Nous avons dépassé (overshoot) les limites en hypothéquant le futur. Demain l’humanité va se retrouver dans un monde trop plein, aux terres et aux ressources énergétiques épuisées. Il ne s’agit spa de savoir si cela va se produire, mais quand cela va se produire.

En 1993 ce sont 1670 scientifiques du monde entier qui signent un avertissement solennel : « Les êtres humains et le monde naturel sont sur une trajectoire de collision, les activités humaines infligent des domaines souvent irréversibles à environnement et aux ressources fondamentales.. La terre a des limites. Sa capacité à nourrir un nombre croissant d’habitants a des limites. Et nous approchons rapidement de beaucoup de limites terrestres. La pression résultant d’une démographie sans frein fait peser sur le monde naturel des exigences qui peuvent anéantir les efforts pour assurer un avenir durable… Nous devons stabiliser la population. Cela ne sera possible que si toutes les nations reconnaissent que cela requiert une amélioration des conditions économiques et socilaes, et l’adoption d’un planning familial efficace et volontaire. »

extraits du livre de Georges Minois, Le poids du nombre

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Se multiplier jusqu’à en perdre la raison ?

Multipliez-vous ! Rien de plus louable au premier abord. Ça prouve qu’on n’est pas égoïste. Elle est si belle, cette préoccupation de l’existence des autres, ce besoin de voir la population pulluler, que j’en deviens soupçonneux. Qu’est-ce que les parents en feront, de ces gosses ?

Des soldats ? La guerre n’est-elle pas l’irruption d’un peuple misérable, trop nombreux pour vivre sur ses propres fonds, poussé de force chez un autre afin d’y vivre de ses dépouilles, ce qui satisfait son gouvernement. Mieux vaudrait tuer das l’œuf la misère humain que de l’élever avec sollicitude et de préparer froidement d’avance, avec une tendresse jésuitique, de la future chair à canon ! Des travailleurs ? Choisir cette époque de concurrence acharnée où l’on se dispute son pain comme des chiens, ce moment d’encombrement de tous les emplois, d’engorgement de toutes les places, d’assaut des bureaux aux portes desquels stationnent des queues de sta giaires, choisir cette époque de chômage de bras et de cerveaux inutilisés, choisir ce moment pour prêcher la multitude des hommes !

Ce qui serait utile et humain, si vous étiez logique, ce serait au contraire d’enrayer la procréation : la femme stérile devrait être sacrée, l’homme qui se retient félicité, l’avortement pratiqué officiellement dans les hôpitaux, l’infanticide, dans les quinze jours de la naissance, alors que l’homme n’est qu’un insignifiant fœtus, autorisé !

Texte de Henry Fèvre du 4 juillet 1890

citation extraite du livre de Georges Minois, Le poids du nombre

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John Stuart Mill, Familles nombreuses, je vous hais

 Parmi les plus chauds partisans de Malthus, une place importante revient à John Stuart Mill (1806-1873). Il est d’ailleurs arrêté à 17 ans et passe une nuit en prison pour avoir distribué des tracts en faveur de la contraception. « J‘avoue que je ne suis pas enchanté par un idéal de vie que nous présentent ceux qui croient que cette mêlée où l’on se foule aux pieds, où l’on se coudoie, où l’on s’écrase, et qui est le type de la société actuelle, soit la destinée la plus enviable pour l’humanité », écrit-il dans ses Principes d’économie politique de 1848. « Une population peut être trop nombreuse tout en étant largement pourvu de nourriture et de vêtements. Il n’est pas bon que l’homme soit obligé en permanence d’être en contact avec ses semblables. Un monde qui exclut la solitude est un idéal bien déprimant. La solitude est essentielle à la profondeur de la méditation et du caractère. Et la solitude en présence de la beauté et de la grandeur naturelles est le berceau de pensées et d’aspirations qui ne profite pas seulement à l’individu, mais dont la société ne saurait se passer. Il ne serait pas non plus très satisfaisant de contempler un monde où il ne resterait aucun activité naturelle spontanée, où chaque pouce de terrain capable de produire des aliments pour les hommes serait cultivé, tous les espaces fleuris et les pâturages naturels labourés,… où il n’y aurait plus un endroit où un buisson sauvage ou une fleur puisse pousser sans être arraché comme mauvaise herbe au nom d’une agriculture efficace… Si la terre doit perdre la plus grande partie de sa beauté par une croissance illimitée de la richesse et de la population, dans le simple but d’entretenir une population plus nombreuse mais pas plus heureuse, j’espère pour le bien de la postérité qu’elle se contentera d’être stationnaire avant d’y être forcée par la nécessité. »  « Un état stationnaire du capital et de la population n’implique pas un état stationnaire du progrès humain. Il y aurait toujours autant de place pour la culture, pour le progrès moral et social, pour améliorer l’art de vivre, et beaucoup plus de facilité pour le développer, quand les esprits seraient débarrassés de la préoccupation de la croissance. »

La croissance démographique, voilà l’ennemi. « Il est vain de dire que toute bouche supplémentaire, ce sont aussi deux bras. Les nouvelles bouches ont besoin d’autant de nourriture que les anciennes, et les mains ne produisent pas autant… Si la population continue à augmenter au même rythme il arriverait à un moment où personne n’aurait plus que le nécessaire, et peu après, un moment où personne n’aurait même plus le nécessaire, et la mort se chargerait d’arrêter l’essor de la population… Partout où la population n’est pas limitée, soit par les individus, soit par l’État, elle est limitée par la famine ou les épidémies. » C’est du pur Malthus. Quant aux pauvres, on ne s’est jamais autant lamenté sur leur sort, « avec des expressions telles que « le malthusianisme au cour sec « , comme si ce n’était pas avoir le cœur mille fois plus sec que de dire aux homme qu’ils peuvent donner l’existence à des myriades de créatures qui sont certaines d’être misérables et presque certaines d’être dépravées ». Il faut être logique : si on veut que l’État aide les pauvres, alors il faut aussi que l’État réglemente la reproduction de ces pauvres : « La société peut nourrir les nécessiteux, si elle est chargée de régler leur multiplication… Elle ne peut impunément se charger de les faire vivre et cependant les laisser se multiplier librement. »

«  Le fait de donner l’existence à un être humain est une des actions, dans le cours d’une vie humaine, qui entraînent le plus de responsabilité… Mettre au monde plus qu’un petit nombre d’enfants, ce qui a pour effet de réduire le prix du travail par la concurrence, est un crime sérieux envers tous ceux qui vivent de leur travail. Les lois qui interdisent le mariage, à moins que les parties ne prouvent qu’elles peuvent entretenir une famille, n’outrepassent pas le pouvoir légitime de l’État. On ne peut reprocher à de telles lois d’êtres des violations de la liberté. Par de telles lois, l’État intervient pour empêcher un acte nuisible aux autres, et qui devrait être l’objet de la réprobation et de la flétrissure sociale… On ne peut guère espérer que la moralité fasse des progrès tant qu’on ne considérera pas les familles nombreuses avec le même mépris que l’ivresse ou tout autre excès corporel. »

citations extraites du livre de Georges Minois, Le poids du nombre

(éditions Perrin, 2011, 686 pages pour 26 euros

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démographie et politique, histoire d’incompatibilité

Le démographe s’occupe du long terme, la politique du court terme, en voici une démonstration en matière de retraite :

Perspectives démographiques en 1980 : en réfléchissant aux effets à long terme du vieillissement de la France, les membres du groupe « Prospective personnes âgées du VIIIe Plan », dans leur rapport Vieillir demain (encore appelé Rapport Lion), avaient, entre autres, recommandé : de ne pas généraliser la retraite à 60 ans (« Une telle mesure sacralisant un seuil d’âge serait “l’image de l’irréversible”. Au nom de l’avenir, il faut l’écarter ») ; de substituer à l’âge de la retraite la durée d’activité (susceptible de varier dans le temps et d’être portée à « 40 ans peut-être, ou 42, voire 45 en première étape si on craint on afflux trop grand », cette substitution permettrait de limiter les effets de l’inégalité sociale devant la mort) ; d’instaurer un glissement progressif de l’activité à la retraite ; d’assurer le droit au travail pour les travailleurs âgés.

Programme Mitterrand en 1981 (Proposition 82 sur 110) : Le droit à la retraite à taux plein sera ouvert aux hommes à partir de 60 ans et aux femmes à partir de 55 ans. Les cotisations prélevées par le régime général de la Sécurité sociale sur les retraites seront supprimées… Le 1er avril 1983, l’âge légal de la cessation d’activité professionnelle était ramené à 60 ans pour tous. L’heure était au respect des promesses, on a pu mesurer depuis l’ampleur des difficultés rencontrées pour inverser la donne.

Programme Mélenchon pour 2017 : restaurer le droit à la retraite à 60 ans à taux plein, revaloriser les pensions de retraite au niveau du smic pour une carrière complète, assurer le financement durable des régimes de retraites par la mise à contribution des revenus financier des entreprises, par l’augmentation du nombre de cotisants et de l’assiette des cotisations (créations d’emplois, hausse des salaires, recul de la précarité, hausse de l’activité des femmes, etc,) et de leur taux, la fin des exonérations fiscales pour les régimes de retraite par capitalisation.

Conclusion : « Comprendre trop tard, écrivait Jean-François Revel, c’est comme ne pas comprendre, ou, en tout cas, pas à temps pour agir utilement. Le poncif d’après lequel l’art de gouverner consisterait à savoir attendre n’est que le maquillage de l’irrésolution. Si c’est pour laisser les situations évoluer toutes seules, à quoi sert-il d’avoir des dirigeants ? Trop tardive, la décision n’en est plus une : elle enregistre le fait accompli. La vie est un cimetière de lucidités rétrospectives» La démographie produit de la connaissance « inutile ». Il faut qu’un sujet devienne brûlant pour l’inscrire à son programme — le « coup forcé » comme l’on dit aux échecs.

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La question malthusienne, bon sujet de présidentielle

En 1974 le candidat écolo René Dumont accordait une bonne place à la question malthusienne. En 2017, la question de la maîtrise de la fécondité n’est au programme d’aucun des candidats pour la présidentielle, de l’extrême droite à l’extrême gauche en passant par EELV. Un présidentiable qui préparerait un avenir plus durable dirait pourtant trois choses. D’abord la France doit montrer l’exemple et rejeter toute sa législation actuelle soutenant une politique nataliste. Ensuite l’éducation de tous devrait permettre à chacun de maîtriser des notions comme malthusianisme, population optimum, capacité de charge d’un territoire, choix éclairé du nombre d’enfant à désirer, etc. 1974-2017, nous avons perdu trop d’années alors que l’inertie démographique est un facteur aggravant : les enfants nés aujourd’hui ne feront des enfants que dans 25 ans en moyenne, et feront vieillir la population soixante à soixante dix ans plus tard. Pendant ce temps nous devenons toujours plus nombreux et en conséquence nos divers problèmes socio-économiques et écologiques deviennent de plus en plus insolubles. Voici quelques précisions sur la démographie.

– L’indicateur conjoncturel de fécondité en France s’établit à 1,93 enfants par femme en 2016, soit moins que 2,1 (chiffre synonyme de stabilisation d’une population dans un pays développé). Mais c’est une indicateur prévisionnel qui projette dans l’avenir un nombre d’enfants « si les femmes continuent d’avoir le comportement qu’elles ont par tranches d’âge en 2016 ». Cela ne veut rien dire de l’accroissement naturel (naissance – décès) qui est en 2016 de presque 200 000 personnes en plus, soit à peu près le même chiffre depuis les années 1970 (182 000 en 1976), soit 8 millions de personnes (hors solde migratoire) en plus en quarante ans.

Le sujet démographique ne semble pas prioritaire en France. Mais est-ce à l’opinion publique actuelle de dicter son programme ou un présidentiable doit-il éclairer les citoyens sur les conditions d’un avenir durable ? LE MONDE du 18 janvier portait d’ailleurs un jugement politique : « L’exception française (une fécondité qui reste forte) est une fierté nationale et les politiques s’en emparent. François Fillon reproche à la gauche le matraquage dont ont été victimes les familles nombreuse, « le renouvellement des générations n’est plus assuré. » » Le candidat écolo Yannick Jadot aurait été bien inspiré de s’opposer à cette droite nataliste. Il aurait pu dire que le maintien de la population française à son chiffre actuel, 66,9 millions d’habitants, ne veut rien dire sur ce qu’est une population optimum et la capacité de charge d’un pays. Des indicateurs comme notre taux de chômage ou nos formes de stérilisation des terres montrent sans doute que notre pays est déjà surpeuplé.

– C’est un truc, faire moins d’enfants, pas facile à expliquer dans les médias. Les mass médias fonctionnent sur le mode de la société du spectacle. Or montrer aux citoyens que l’écologie, c’est aussi vouloir un équilibre entre notre démographie et notre sécurité alimentaire, entre notre démographie et le nombre d’emplois à créer, entre notre démographie et l’empreinte écologique… peut marquer les esprits.

– Comment expliquer ce que l’Afrique doit faire sans avoir l’air néo-colonialistes ? Comment justifier des politiques d’aides au développement tournées vers le planning familial ? Le projet présidentiel de René Dumont en 1974 était clair, il faut d’abord que la France montre l’exemple : « Il faut réagir contre la surpopulation. En Inde surpeuplée certes, mais surtout chez les riches : 500 fois plus d’énergie consommée par tête à New York que chez le paysan indien. Ce qui remet en cause toutes les formes d’encouragement à la natalité, chez nous en France. » D’autre part, nous savons comment faire au niveau mondial : la technique la plus efficace et éprouvée partout est de donner accès à la contraception aux femmes en leur rendant visite chaque trimestre dans leur village… Même dans un pays en ruine, dès qu’on s’occupe des femmes, qu’on leur donne le choix, les résultats sont là. Un planning familial passe surtout par la libération de la femme, on est loin du néo-colonialisme. Il nn s’agit pas de « supprimer des gens » volontairement, mais si nous ne maîtrisons pas la fécondité se concrétise le diagnostic de Malthus, guerres, malnutritions et émigration alors que la planète est déjà saturée d’humains et en très mauvais état !

Pour en savoir plus, « Moins nombreux, plus heureux » aux éditions Sang de la Terre

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L’Afrique est une bombe démographique qui va exploser

BOUM ! L’Afrique a 1,2 milliard d’habitants et en 2015 plus de 32 millions ont pris la route pour quitter leur pays d’origine. Ce continent arrivera à 2,5 milliard de personnes en 2050, une toute petite augmentation du pourcentage de projets de départ posera un problème majeur. « L’union européenne ne semble pas avoir vraiment pris la mesure du défi auquel elle pourrait avoir à faire face si la migration africaine continue sur sa lancée actuelle. Les dernières études scientifiques soulignent que le développement d’un pays permet, dans un premier temps, à plus d’individus de disposer des moyens de réaliser leur projet migratoire. »*

BOUM ! Le Sahel est une bombe démographique. La population des six pays francophones devrait être multipliée pas six : 89 millions en 2015, 240 millions en 2050, 540 millions en 2100. A cet horizon, le Niger à lui seul abriterait plus de 200 millions de personnes, contre une quinzaine aujourd’hui. Entre 3 et 5 millions de personnes ont quitté le Sahel depuis les indépendances. Elles seront probablement autour de 40 millions d’ici à la fin du siècle. Aujourd’hui, les frontières se referment partout. Pourtant les dirigeants de ces pays n’ont jamais considéré que maîtriser la croissance de la population était réellement important. Le développement devait permettre de régler tous les problèmes. Pour une fois LE MONDE** donne la parole à un malthusien, Michel Garenne, pour qui la maîtrise de la surpopulation doit devenir une priorité : « Il n’y aura pas assez de place et de ressources pour tout le monde… Dans l’Histoire, la surpopulation a toujours été résolue de la même façon : départs, guerres, famines, épidémies… Mais nous savons comment faire (pour y remédier) : la technique la plus efficace et éprouvée partout dans le monde est de donner accès à la contraception aux femmes en leur rendant visite chaque trimestre dans leur village… Même dans un pays en ruine, dès qu’on s’occupe des femmes, qu’on leur donne le choix, les résultats sont là. »

Les dirigeants occidentaux et la France en particulier, font comme si le sujet démographique n’existait pas. La question de la maîtrise de la fécondité n’est au programme d’aucun des candidats pour la présidentielle, de l’extrême droite à l’extrême gauche en passant par EELV. Un présidentiable qui préparerait un avenir plus durable dirait trois choses. D’abord la France doit montrer l’exemple et rejeter toute sa législation soutenant une politique nataliste. Ensuite l’éducation de tous devrait permettre à chacun de maîtriser des notions comme malthusianisme, population optimum, capacité de charge d’un territoire, choix éclairé du nombre d’enfant à désirer, etc. Enfin l’aide publique au développement devrait comporter une part importante consacrée au planning familial. Mais il est déjà trop tard, la démographie a un facteur d’inertie encore plus important que la politique. La bombe démographique africaine va éclater et toute l’Europe va recevoir des éclats. Le problème migratoire a déjà commencé, il ne peut que s’amplifier.

* LE MONDE du 17 janvier 2017, Migrations africaines, le défi de demain

** LE MONDE du 17 janvier 2017, « Le Sahel est une bombe démographique »

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Quelle agriculture en France, quel niveau de population ?

La situation actuelle est que la planète est déjà surpeuplée, même la France, pourtant « bénie des dieux ». Nous marchons sur la tête, car nous sommes dans une fuite en avant, entre ceux qui ne voient aucun problème tant qu’il ne leur explose pas à la gueule, ceux qui pensent qu’une bonne catastrophe est salutaire car ils pensent bien s’en sortir, ceux qui pensent que « Dieu y pourvoira » et qu’il faut laisser faire le destin et enfin ceux qui croient que Sainte Techno-Science nous tirera d’affaire « comme elle l’a toujours fait ».

Jusqu’à la Première guerre mondiale  38 millions d’habitants  se nourrissaient avec 70% de paysans et 60% de la surface du pays cultivée soit 33 millions d »hectares (8500 M2 par personne) et laissaient un excédent exportable d’environ 10 à 20%. L’élevage des chevaux et bœufs  servait pour les gros travaux des champs, les transports à faible distance, pour la fumure des champs et enfin pour le lait et la viande. La plupart des exploitations étaient autosuffisantes grâce au petit élevage. Les forêts fournissaient du bois de chauffe et du bois d’œuvre mais aussi de la nourriture et de la venaison. Les sols étaient riches car régulièrement fumés et amendés, et soumis à l’assolement triennal ou à la jachère. Sans produits chimiques, la densité en humus était élevée, ainsi que la richesse en matière vivante. A partir des guerres mondiales, l’industrie mécanique et chimique, les banques et les sociétés pétrolières, ont imposé l’agriculture industrielle. Aujourd’hui, la SAU (superficie agricole utile) française a diminué (29 Millions d’ha), la production a parfois augmenté (céréales, cultures industrielles) mais aussi diminué (vergers, maraîchage urbain et périurbain). Nous sommes maintenant dépendants des importations pour notre nourriture. Une partie des sols agricoles a été stérilisée par l’extension urbaine et l’artificialisation des sols  (routes, parkings, zones industrielles). Mais surtout la production agricole n’a augmenté qu’à coup de pétrole (machinisme à outrance), de fertilisants et de pesticides  représentent plus d’énergie fossile que la valeur de la production consommable ! Les sols s’épuisent et ils perdent leur capacité de rétention d’eau ce qui est ballot alors que le réchauffement climatique dérègle le climat avec des sécheresses et des fortes pluies plus intenses !

Dans la perspective de la déplétion pétrolière, l’agriculture devrait produire prioritairement l’énergie du machinisme grâce aux biocarburants. Il est en effet douteux que nous revenions totalement à la traction animale car il faut de la superficie pour nourrir ces bêtes. Il faudra aussi manger moins de viande pour diminuer le gros bétail et réintroduire les bêtes au champ. De plus les ceintures maraîchères devront être reconstituées tout autour des villes et les circuits courts valorisés. Et nous n’avons parlé que d’agriculture, un secteur où la France est favorisée. il n’en est pas de même pour l’industrie où notre sol est dramatiquement dépourvu des matières premières nécessaires à satisfaire nos besoins nationaux. Dans ces circonstances, quelle est la population que le territoire de la France peut « supporter durablement » ? L’empreinte écologique du français moyen étant de deux planètes, il faudrait donc diminuer sensiblement notre population et réduire fortement notre consommation. Pourtant la maîtrise de la fécondité reste un tabou pour tous nos présidentiables et on s’exprime encore en termes de croissance économique ! La « norme » devrait être un enfant vivant par femme. Qui pendant la présidentielle tient ce discours de vérité sur la réalité ? Pour François Fillon, « notre dynamisme démographique est une clé de notre vitalité. Par ailleurs, l’impact de ce facteur sur l’environnement est mineur en France. Pour réduire notre empreinte je préfère agir sur notre mode de consommation plutôt que sur le nombre de consommateurs… » Bruno Le Maire se félicite de la vigueur démographique de la France : « Une nation qui croit en l’avenir de ses enfants est une nation fière, pleine d’audace et d’espoir ! Ce n’est pas en faisant moins d’enfants que nous réglerons les problèmes d’environnement et de développement durable. L’impact d’une politique anti-nataliste serait catastrophique pour les perspectives de la France à long terme… » COCORICO !

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7,44 milliards de parasites au 1er janvier 2017 !

En 2016, nous avons ajouté sur cette planète un peu plus de 80 millions d’humains. Avec une population humaine de 7,44 milliards en ce début d’année 2017, le rythme de croissance d’un milliard tous les 12 ans est donc maintenu, soit entre 1,1 et 1,2 % d’augmentation annuelle. Cette poursuite d’un rythme élevé de progression de nos effectifs contredit certaines déclarations « optimistes » de nombre de démographes assurant la prochaine stabilisation de nos effectifs. Elle valide par contre les réajustements à la hausse régulièrement réalisés depuis quelques années par des organismes dignes de confiance tels l’INED ou l’ONU (voir ici article sur l’évolution récente des projections) . 

Notre espace vital va être de plus en plus restreint, d’où des conséquences que nous laissons à chacun le soin de deviner…

Source statistique :

http://economiedurable.over-blog.com/2019/01/ined-7-285-7-367-82-soit-1-1-us-census-bureau-7-215-7-296-81-soit-1-1-population-ref-bureau-7-282-7-368-86-soit-1-2-poodwaddle-7-183

 

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Féminisme, sensibilité écologique et refus de maternité

En cette période de festivités artificielles, voici un petit moment de réflexion ! «Si tu aimes tes enfants, ne les mets pas au monde, ce monde est une poubelle». C’est le slogan des GINKs – pour «Green Inclinations, No Kids» (Sensibilité écologique, pas d’enfants) ! Lisa Hymas, journaliste américaine spécialiste de l’environnement et pionnière du mouvement, joue les Cassandre sur son site Grist. org: «L’avenir promet des désastres sans précédent. Ces pensées ne sont pas paranoïaques. Selon les prévisions, tout enfant né maintenant pourrait, à la moitié de sa vie, voir New York noyée par les ouragans, les champs de blé transformés en poussière, la Californie frappée par des décennies de sécheresse. En 2050, il pourrait assister à des guerres mondiales menées pour la nourriture, l’eau, l’espace…» Dans son livre «Eco-Sex: Go green between the sheets and make your love life sustainable» (Soyez écolo sous vos draps et rendez votre vie amoureuse durable), Stefanie Iris Weiss, autre GINK américaine, explique ainsi les raisons de son choix: «J’ai grandi avec l’idée que je serais enceinte un jour […] Mais en faisant des recherches, j’ai découvert que, même si je passais ma vie à trier mes déchets, faire du compost et lutter contre le nucléaire, j’émettrais, via mon bébé, suffisamment de gaz carbonique pour réduire tout cela à néant.»

Certaines Ginks, pas totalement réfractaires à la maternité, préconisent l’adoption, comme Émilie : «J’adore les enfants, mais nous sommes déjà trop, et si je veux vraiment sauter le pas, j’adopterai : autant s’occuper d’enfants qui existent déjà. Hélas, mon refus de maternité est souvent mal jugé.» Car évidemment, ce parti pris suscite des débats houleux. «Penser à ne pas se reproduire, c’est suicider ses ancêtres» vitupère un anonyme sur un forum dédié au réchauffement climatique. «Je ne peux pas être GINK car j’ai déjà un enfant, mais malgré la pression de tous pour que j’en fasse un deuxième, le fait d’avoir jeté autant de couches Pampers pendant deux ans m’a fait vomir, rétorque une autre. Un jour, nos enfants nous demanderont quelle mouche nous a piquées de promouvoir cette natalité à outrance». C’est aussi l’exacerbation de l’idéal maternel que combattent les GINKs au nom de l’écologie: «Nous sommes actuellement dans un modèle de maternité très naturaliste, qui accompagne la montée d’élans conservateurs. La mère vantée est celle qui fait des petits pots maisons, et pourquoi n’arrêterait-elle pas de travailler, pour faire des économies d’énergie?», ironise-t-elle. «Face à ce courant, certaines revendiquent la réappropriation de leur corps, en y ajoutant une dose de nihilisme: le monde est trop moche…»

Dans toute l’Europe, de nouvelles associations «dénatalistes» préconisent des familles à deux, voire un seul enfant: «Population Matters» en Angleterre, «Rientrodolce» en Italie (dont le slogan est: «Pour un retour doux à deux milliards d’individus»), ou encore «Démographie Responsable» en France, dont le président Denis Garnier, père de deux enfants, confie: «On ne juge pas les familles nombreuses, et nous avons même une adhérente mère de huit enfants. Notre but est simplement d’encourager à penser à l’avenir, en sachant qu’au-delà de deux enfants, cela peut poser problème.» Surtout dans les pays industrialisés, comme l’explique la militante GINK Lisa Hymas: «En tant qu’Américaine aisée, mon empreinte écologique est 200 fois plus grande que celle d’un Ethiopien, 12 fois plus grande qu’un Indien, et deux fois plus grande qu’un Britannique… La meilleure contribution que je puisse faire est de ne pas concevoir de mini-moi.» Comme le constate aussi la psychologue Édith Vallée : «Je pense que les GINKs sont comme les autres «childfree»: elles n’ont pas envie d’être mères. Et même si cela n’enlève rien à la justesse de leur propos, brandir l’écologie est sans doute plus présentable socialement que le non-désir d’enfant…»

pour lire l’article complet : https://www.letemps.ch/societe/2016/12/13/femmes-ne-denfant-lecologie

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Féminisme et maîtrise de la fécondité sont inséparables

Voici un rappel historique sur un néomalthusien inoubliable, Paul Robin.

En 1871, la France se retrouve au quatrième rang démographique en Europe alors que l’Allemagne continuait de voir sa population croître. Le repopulateur Jacques Bertillon fonde l’Alliance nationale pour l’accroissement de la population française en 1896. Parallèlement, le néo-malthusien Paul Robin fonde en 1896 la Ligue de la régénération humaine dont la devise sera « bonne naissance-éducation intégrale ». Elle se propose de « répandre les notions exactes de science physiologique et sociale permettant aux parents d’apprécier les cas où ils devront se montrer prudents quant au nombre de leurs enfants, et assurant, sous ce rapport, leur liberté et surtout celle de la femme ». Paul Robin est aussi connu comme l’un des fondateurs de la pédagogie moderne. La nouveauté réside dans la coéducation des sexes, avec mixité et enseignement identique aux filles et aux garçons. Il va montrer qu’il y a une réelle convergence entre l’éducation et l’émancipation sociale des plus défavorisés, en particulier les femmes. Cela passe obligatoirement par le contrôle de la natalité, car seul un enfant désiré et élevé dans des conditions matérielles et morales suffisantes peut devenir un homme libre et responsable. Pour Paul Robin, parler de sexualité devient impératif dès la puberté des enfants afin de les préserver des grossesses non désirées et des maladies. Il introduit aussi la notion de plaisir féminin, la sexualité ne devant plus demeurer une jouissance uniquement masculine.

Paul Robin, isolé et sans moyens, entame une œuvre de propagande qui rencontre le plus souvent l’indifférence, voire railleries et injures. Même les théoriciens anarchistes de l’époque ont condamné et combattu sa doctrine, seuls les pédagogues libertaires sympathisent. Paul sème inlassablement les ferments du néo-malthusianisme dans les milieux les plus divers, socialistes, féministes, francs-maçons, etc. En 1902, sa rencontre avec Eugène et Jeanne Humbert, qui prennent en main l’organisation matérielle de la Ligue, apporte une impulsion nouvelle à son militantisme : une équipe d’orateurs brillants et populaires multiplie les conférences publiques. Mais la rupture survient entre Robin et Humbert en 1908  qui fonde son propre groupe, « Génération consciente ». Paul Robin saborde alors la Ligue de la régénération humaine, puis choisit en 1912 de se suicider : une fin digne d’un anarchiste en avance sur son temps, qui avait même tenté de créer un syndicat de prostituées et une agence d’union libre.

En définitive, plus portés par des individus que par des forces sociales, les néo-malthusiens ont été peu entendus. L’absence d’unité du mouvement le rend fragile face à une opposition des milieux conservateurs et cléricaux plus solide et moins divisée. L’arrivée de la première guerre mondiale met le mouvement en veilleuse. La propagande antinataliste est alors considérée comme une trahison. Les néo-malthusiens avaient plus de chances d’être suivis sur la notion d’éducation sexuelle. Le néo-malthusianisme prépare donc l’émergence du féminisme. Le Planning familial, le Mouvement de libération des femmes  (MLF) et le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC) doivent beaucoup à Paul Robin.

source : http://biosphere.ouvaton.org/auteurs/1887-paul

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Le point de vue de « Démographie Responsable »

Pierre Blanc : Dans ce magazine Nature et Environnement, nous allons aborder une question un peu difficile, la démographie mondiale. A ce micro j’ai invité aujourd’hui le porte-parole de l’association Démographie Responsable, Didier Barthès.

Didier Barthès : J’anime aussi un blog sur le sujet, Economie Durable. La démographie est un facteur clef pour la protection de l’environnement mais c’est malheureusement le facteur négligé.

PB : Est-ce qu’il existe un lien entre la croissance très forte de de la population mondiale dont nous sommes témoins et la dégradation de l’environnement ?

DB : La démographie est un facteur qui agit sur tous les autres. Pourtant l’essentiel du militantisme écologique porte sur la façon de vivre. Nous ne pouvons pas dire « Consommez moins » à cette partie de la planète encore pauvre. Donc nous disons : « Si nous voulons avoir un peu plus pour chacun, faisons un effort pour ne pas être trop nombreux ». Autrement dit, nous ne serons pas à la fois riches et nombreux.

PB : Quel que soit le lieu sur la planète ?

DB : Quel que soit le niveau de développement, la présence des hommes exclut de fait la présence d’un certain nombre d’animaux. La consommation d’espace par l’humanité, c’est une source de destruction des différents biotopes sur la planète. Les humains doivent apprendre à partager la planète, mais c’est un message difficile à faire comprendre.

PB : Vous ne pensez pas que la planète a de quoi nourrir tout le monde ?

DB : On pourrait sans doute nourrir tout le monde, mais l’idée d’une planète où tout le monde soit gentil et partageur, je ne sais pas si cela arrivera. D’autre part le jour où il n’y aura plus de pétrole, il risque d’y avoir une très forte baisse de la productivité agricole. Enfin, est-ce que moralement on a le droit d’éliminer tout ce qui vit sur la planète ? Pour moi la réponse est non, tout simplement.

PB : Nous allons maintenant aborder la question du tabou, c’est courageux de l’aborder et notre radio le fait aujourd’hui. Pourquoi ce tabou ?

DB : Vous savez combien cet adjectif de malthusien a pris un côté péjoratif. Si vous prenez aujourd’hui le monde politique, presque tout le monde est nataliste. Il y a de rares exceptions, le leader du Mouvement Ecologiste Indépendant Antoine Waechter, l’ancien ministre de l’environnement Yves Cochet et plus récemment Nicolas Sarkozy. Or si vous discutez avec les gens dans la rue, une partie très importante d’entre eux vous disent : « Oui la question se pose ». Bien souvent les politiques autoritaires, que Démographie Responsable ne soutient pas, naissent d’une situation qui devient impossible. Essayons d’être raisonnables aujourd’hui pour éviter les catastrophes demain.

PB : Vous êtes en train de nous dire que si rien n’est fait, on risque d’arriver à des solutions impossibles et terribles.

DB : Oui parce que les projections sont actuellement dramatiques. Depuis quelques années et contrairement à ce que nous ont dit longtemps les démographes, le taux de croissance de la population ne baisse plus. Dans un certain nombre de pays la fécondité a même remonté. Le Nigeria, qui fait le dixième de la surface des États-Unis, aura entre 800 millions et un milliard d’habitants en 2100 au lieu de 200 millions aujourd’hui.

PB : On est tous d’ailleurs responsables. Comment s’y prendre pour éviter qu’il y ait une cassure brutale ?

DB : Il faut-être conscient que la démographie est une affaire qui présente beaucoup inertie. Quoiqu’on fasse, on aura les 9 milliards et demi à 10 milliards et demi en 2050, c’est quasiment acquis. Mais les situations sont contrastées. On ne va pas faire la même chose dans des pays riches et dans des pays pauvres. En France, nous avons un système d’incitation forte à la fécondité avec son système d’allocations familiales et son système d’aides fiscales. Démographie Responsable a proposé que les allocations familiales ne soient plus progressives avec le nombre d’enfants : « Au-delà de deux vous n’aurez pas plus que pour deux. » Pour les pays en voie de développement, nous pourrions imaginer que 25 % de l’aide au développement soit consacrée à ce que l’on appelle le planning familial.

PB : En quoi ces démarches sont-elles respectueuses de l’Homme, de la vie, d’une démarche humaniste ?

DB : Un monde dans lequel on ne puisse pas vivre, ça ce serait l’anti-humanisme par excellence. Le combat malthusien est un combat pour que le futur soit plus heureux.

PB : Je vous laisse conclure.

DB : Certains proposent que l’on aille voir les autres planètes et que l’on s’installe dessus. Eh bien non, ce qui nous manque, c’est de respecter la Terre ici-bas. C’est sur cette terre que les problèmes se posent, c’est là où nous devons trouver des solutions.

(Interview RCF Isère, le 14 novembre 2016 à Grenoble)

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200 000 ans d’explosion démographique en six minutes

Pour se rendre compte de l’incroyable croissance humaine, le musée américain d’histoire naturelle a publié une vidéo sur YouTube, où l’on peut voir les êtres humains coloniser petit à petit la terre entière, à partir de l’Afrique, il y a 200 000 ans. On y voit leur nombre augmenter lentement, pendant des millénaires, et puis tout cela change en 10 000 avant Jésus-Christ, avec le début de l’agriculture. « Il a fallu 2000 siècles pour que notre population atteigne un milliard, et seulement deux siècles pour qu’elle atteigne les 7 milliards », conclut la vidéo. Alors forcément, cela fait réfléchir.

Pourtant rare sont les livres qui abordent de front la prolématique malthusienne, c’est-à-dire la maîtrise de la fécondité humaine. Marie-Pierre Hage* a ce courage : « Après les années de guerre, les différents gouvernements en France ont incité les femmes à enfanter, c’était légitime. Mais depuis les années 1980 et l’augmentation du chômage, il aurait fallu faire le contraire : encourager les familles avec un ou deux enfants en augmentant les prestations, et régresser pour les suivants, quitte à ne plus rien accorder au-delà du troisième. Donnons du travail aux millions de chômeurs avant de penser à nos futures retraites. Stabiliser notre démographie est un acte d’écologie pure. Un accroissement de la natalité sur Terre, et les espèces sauvages, faune comme flore, reculent, c’est mathématique. Il n’y a pas de vie humaine à zéro effet. Si le développement économique et démographique n’est pas remis en cause, nous aurons beau colmater ici et là une brèche, cent autres s’ouvriront ailleurs. Le nombre d’habitants compte énormément sur l’impact écologique.

Le Fonds des Nations unies (FNUAP) a dit que « le moins sera le mieux » en conseillant vivement le contrôle de la natalité et un maximum de deux enfants par famille. Il est temps que nos têtes dirigeantes le disent publiquement. Il n’est plus question de se faire accuser de malthusianisme ou d’autoritarisme. Mais les politiques, ou même certaines organisations comme Greenpeace, ne veulent pas soulever le problème de la surnatalité. Au sommet de Copenhague sur le climat en 2009, le sujet était tabou ! On parle de montée des eaux, de réfugiés climatiques, peut-être 150 millions dans un premier temps, sans savoir quels pays les accueilleront. Mais jamais on ne parle de dénatalité ! C’est pourtant la première règle à adopter. La surpopulation humaine est incompatible avec la survie de la nature sauvage et de notre propre espèce, à très court terme !

* L’urgence écologique (avant qu’il ne soit trop tard) aux éditions Libre&Solidaire, 158 pages pour 14 euros

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Quelques propositions pour réduire la fécondité humaine

En France

– Les allocations familiales devraient ne pas être progressives et même s’arrêter à deux enfants. Ceci sans effet rétroactif pour ne pas mettre les familles actuelles dans l’embarras. Au-delà de deux enfants les allocations versées seraient de même montant que pour deux. Ainsi chacun pourrait reproduire sa famille à l’identique sans pour autant augmenter le nombre d’humains et sans que de trop forts prélèvements ne soient imposés à ceux qui n’ont pas d’enfant ou n’en ont qu’un seul (rappelons que toute allocation est aussi un prélèvement).

– Certaines allocations sont proportionnelles aux nombre d’enfants ce qui constituent une incitation à la fécondité. Il faudrait au moins réduire cette proportionnalité. Là aussi, sans effet rétroactif (les droits acquis le resteraient) mais il faut que ces règles cessent d’être incitatives.

– Rendre la taxe d’habitation partiellement proportionnelle aux nombre de personnes d’un foyer puisque les dépenses de la commune dépendent pour une large part du nombre d’habitants. Actuellement les personnes seules ou ayant peu d’enfants payent pour les autres. C’est aller vers la vérité des coûts.

– Permettre aux maires de refuser des permis de construire au-delà d’un certain chiffre de population ou de densité dans leur commune, cela permettrait aussi de faire prendre conscience du problème et éviteraient le développement d’immenses zones urbaines avec tous les problèmes que cela génère.

Au niveau international

– Mettre la démographie à l’ordre du jour des COP (Conférences sur le climat) et de manière générale de toutes les réunions internationales consacrées à l’environnement.

– Organiser des conférences internationales sur la démographie comme il y en a sur le climat. Réunions qui auraient aussi pour objet de demander aux Etats de s’engager en faveur d’une certaine modération démographique comme ils s’engagent à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre. D’ailleurs le nombre des hommes est lui-même un facteur déterminant du volume des émissions de GES.

– Demander que 25 % de l’aide au développement fournie par les grands organismes internationaux (notamment autour de l’ONU via le Fond des Nations Unies pour la Population ou en France par l’Agence Française de Développement soient consacrés à la planification familiale. Une partie de cette aide pourraient également être conditionnées à l’engagement par ces pays à agir en la matière. La gratuité et la facilité de l’accès à la contraception doivent constituer des priorités : 30 % des femmes des pays en voie de développement sont en attente insatisfaite de contraception, entre autre pour des raisons économiques. Il y a là une possibilité d’agir concrètement.

Didier Barthès, porte-parole de l’association « Démographie responsable »

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Les mamans aux mains des marchands, la GPA

La gestation pour autrui ou GPA se pratique sur tous les continents, mais reste très marginale. Compliquée, coûteuse, elle reste réservée à des couples hétérosexuels dont la femme ne peut porter d’enfant ou à des couples d’hommes. Qu’en penser ?

1/2) Quelques commentaires sur lemonde.fr :

– Le titre de l’article du MONDE est révélateur : « La GPA un «  »marché » » mondial » ! La GPA est le dernier avatar de l’esclavagisme, dans lequel des femmes – et maintenant des hommes homosexuels – exigeant leur « droit à l’enfant » louent le ventre d’une autre femme généralement dans un pays pauvre pour lui faire fabriquer « leur » enfant. En se moquant bien des sentiments que la « mère porteuse » pourra(it ?) avoir à l’égard du bébé qu’elle aura porté pendant neuf mois.

– Ce n’est pas parce que « les gens l’utiliseront de toute façon » qu’il faut le légaliser. Sinon, on autorise tout ! Drogue ? De toute façon il y a des drogués. Meurtre ? De toute façon il y a des assassins…

– A l’heure où on loue son appartement, sa voiture, ses outils sur Airbnb et consort, je propose de louer mes enfants pour quelques temps aux parents en manque d’enfant.

– Notre époque formidablement friquée pour des trucs inutiles connaît une obstination déraisonnable aux deux extrémités de notre ligne de vie : notre venue au monde et notre trépas. D’un côté, il y a acharnement thérapeutique en fin de vie. De l’autre, le désir d’enfant qui passe par la GPA. Pourquoi ces obsessions anti-nature ? Parce que notre système libéral veut nous faire croire que tout est possible, il suffit de vouloir, même contre la loi ou des décisions judiciaires.

– Il n’y a d’activités humaines complexes qu’au prix d’une ponction supplémentaire sur les ressources naturelles limitées de la planète. Ce qui est utilisé pour les uns l’est donc obligatoirement au détriment des autres. Pourquoi refuserions-nous de penser les limites dans la procréation et dans le même temps insisterions-nous sur la nécessité de prendre en compte les limites de la planète pour tout le reste ? PMA et GPA, des techniques de trop.

– Le brevet GPA avait été pris par Sara, épouse âgée d’Abraham, qui avait fait porter par sa servante Agar son fils Ismaël. La Bible (Genèse 16) nous raconte que cela s’était mal passé, la mère porteuse ayant voulu prendre la place de l’épouse dans la famille.

2/2) Article concerné dans LE MONDE du 25 novembre 2016, La gestation pour autrui, un marché mondial. En résumé :

En France, la GPA est un sujet tabou. Tous les responsables politiques affichent leur hostilité à cette pratique interdite. Les chercheurs ont livré des points de vue contradictoires. Ils décrivent la réalité d’un marché mondial de la procréation sur lequel les États ont bien du mal à avoir prise. « C’est une anomalie culturelle, relève Elly Teman, maîtresse de conférence en anthropologie. Elle ne correspond pas aux représentations connues de ce qu’est une famille, une mère, un corps. » D’autant que, le plus souvent, de l’argent est échangé, sous forme de rétribution ou de « compensation ». Pour répondre à la demande, l’Asie du Sud-Est et le Mexique ont développé une GPA commerciale à bas prix. La GPA se joue des frontières. Face à des scandales de femmes exploitées ou de bébés abandonnés, de nombreux pays tentent d’interdire le recours à la GPA aux couples étrangers. Mais un « marché noir » perdure.« L’abolition internationale n’est pas une option réaliste, estime Elly Teman. La technologie est disponible, les gens l’utiliseront de toute façon. »

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Le pape François devient réaliste sur les flux migratoires

Pour certaines personnes, il n’existerait aucun limite à mettre aux flux migratoires : vive l’ouverture internationaliste, faisons preuve d’empathie, accueillons toute la misère du monde. Mais sur un planète close et saturée, à la limite de l’indigestion face à nos diverses pollutions, propice à tous les populismes qui ont même triomphé aux Etats-Unis avec Trump, la qualité première d’un écologiste, c’est de faire preuve d’un sens argumenté des limites… Nous ne pouvons donc que féliciter le pape qui a changé de discours sur l’immigration.Jusqu’à présent le pape François exhortait l’Europe à ne pas se retrancher derrière des « murs ». Il avait appelé les catholiques à montrer l’exemple en demandant à chaque paroisse européenne d’accueillir une famille de migrants. Aujourd’hui le pape revient à plus de réalisme. Pour la première fois, il a affirmé le 1er novembre qu’il était du devoir des gouvernants d’observer une certaine « prudence » . Il a aussi établi une distinction entre deux situations : « Le migrant doit être traité avec certaines règles parce que migrer est un droit mais un droit très encadré. A l’inverse, être réfugié est dû à une situation de guerre, d’angoisse, de faim, une situation terrible, et le statut de réfugié nécessite plus d’attention, plus de travail. »

Le pape François a aussi mis l’accent sur la nécessité pour les États de s’assurer de leur capacité d’intégration. Il a explicitement reconnu que les États pouvaient être confrontés à des limites dans leur capacité d’absorption de migrants. « Je crois qu’en théorie, on ne peut fermer son cœur à un réfugié, mais il faut aussi la prudence des gouvernants, a-t-il développé. Ils doivent être très ouverts à les recevoir, mais aussi calculer comment les accueillir. Car un réfugié, on ne doit pas seulement le recevoir, on doit l’intégrer. » Et si un gouvernement commet une « imprudence dans ses calculs et reçoit davantage [de migrants] qu’il ne peut en intégrer », alors il peut le « payer politiquement », a-t-il insisté. Notamment parce que dans ce cas, des ghettos se forment, ce qui est « dangereux », car cela introduit la juxtaposition de cultures différentes, a affirmé le pape François. Mais aussi parce que des forces politiques hostiles à la venue de migrants peuvent trouver un puissant moteur dans cette absence de maîtrise. Mais cela, bien sûr, est resté implicite dans la bouche du pape François. (cf. LE MONDE du 10 novembre 2016, L’inflexion du pape François sur les migrants)

Il nous faut sortir de l’optimisme béat appelant à la libre circulation et installation des hommes à l’échelle mondiale. Le discours des écologistes est cohérent quand il prône la démondialisation des marchandises, la nécessité de protéger les marchés locaux, de favoriser les circuits courts. L’homme n’est certes pas une marchandise, mais les flux de population servent un marché de l’emploi qui met en concurrence tous les habitants de la planète. Cela devient insupportable et nous comprenons pour partie le vote pour Donald Trump qui se présentait comme protectionniste pour se protéger d’une mondialisation aveugle. Il faut surtout distinguer entre le racisme qui rejette la différence et la nécessaire maîtrise des flux migratoires pour raison écologique : un territoire ne peut raisonnablement dépasser sa capacité de charge. Le pape en est maintenant conscient.

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