démographie

Macron, un président malthusien, cela se fête

Lors du G20 à Hambourg, pour la première fois un Président de la République a le courage de s’exprimer sur la démographie. En conférence de presse samedi 8 juillet, Emmanuel MACRON a déclaré : « « Y a eu plusieurs enveloppes qui ont été données, ça fait des décennies qu’on vous promet des plans Marshall pour l’Afrique et qu’on les a d’ailleurs décidés et faits, donc si c’était aussi simple, vous l’auriez constaté. Le plan Marshall, c’était un plan de reconstruction matérielle dans des pays qui avaient leurs équilibres, leurs frontières, leur stabilité. Le défi de l’Afrique est différent, il est beaucoup plus profond, aujourd’hui, le défi de l’Afrique, il est civilisationnel aujourd’hui, quels sont les problèmes ? Les États faillis ou les transitions démocratiques complexes, la transition démographique qui est l’un des défis essentiel de l’Afrique » et de poursuivre : « Dans un pays qui compte encore sept à huit enfants par femme, vous pouvez décider d’y dépenser des milliards d’euros, vous ne stabiliserez rien »…

Présentée par certains comme une opportunité, au prétexte que la croissance démographique de l’Afrique serait une chance pour la croissance économique, grâce à un marché de plusieurs milliards de consommateurs, cette hypothèse relève de la pire des absurdités. Avec une moyenne d’âge inférieure à 19 ans, et une population de plus en plus pauvre qui devrait plus que doubler d’ici à 2050, cette démographie galopante, loin d’y participer va même pénaliser le moindre développement du continent.

Au-delà des chiffres et de leur interprétation, une certitude : La persistance du niveau élevé des taux de croissance démographique menacent de saper les progrès sociaux et de développement qui peuvent avoir lieu en Afrique. L’Homme agit comme une plante rampante qui compromet l’espace et le territoire par le nombre

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Prolifération humaine et anéantissement biologique

L’éditorial du MONDE* est populationniste sans le dire. Le titre est incisif, « Alerte rouge sur l’extinction des espèces »*, le cocktail mortifère ainsi développé : « destruction des habitats (sous l’effet de l’agriculture, de l’élevage, de l’exploitation du sous-sol), chasse et braconnage, pollution et réchauffement climatique ». La responsabilité de la fécondité humaine n’existe pas pour ce journal « de référence » dont le prisme populationniste est bien connu. Pourtant l’article de fond dans le journal donnait le point de vue des auteurs d’une étude qui mettait en accusation la prolifération humaine : « Les moteurs ultimes de la sixième extinction de masse sont moins souvent cités, jugent le auteurs. Il s’agit de la surpopulation humaine, liée à une croissance continue de la population et de la surconsommation. » Cette étude a démontré une fois de plus que les espèces de vertébrés reculent de manière massive sur Terre, à la fois en nombre d’animaux et en espace géographique. Au lieu de se focaliser sur les extinction, difficiles à quantifier, elle se recentrait sur l’évolution des différentes populations, et renseigne bien mieux que la liste rouge de l’UICN sur la gravité de la situation. Parmi les actions prioritaires, les scientifiques appellent à réduire la croissance de la population humaine et de la consommation. Notons qu’un des trois auteurs est Paul Ehrlich, ardent dénonciateurs des populationnistes depuis son livre de 1971, « La bombe P ».

Il est vrai que la position anthropocentrique de l’éditorial est explicite : « les milieux naturels (mis en péril) rendent des services aussi nombreux qu’essentiels (pour les humains) » et se termine d’ailleurs par cette dernière phrase : « Il en va de la survie de la biodiversité et du bien-être de l’humanité ». Tant que nous ne donnerons pas une valeur intrinsèque aux différentes formes de vie, l’exploiter avec outrance ira de soi. Les humains ne sont que des passagers parmi d’autres alors qu’ils se veulent les parasites ultimes qui prennent toute la place au détriment de la faune et de la flore. Il ne s’agit plus de déterminer une liste des espèces à protéger et des territoires à sanctuariser, il parait au contraire essentiel de redonner à la planète tout entière la liberté de déterminer de façon la plus libre possible son propre équilibre dynamique. Réintroduire l’ours dans les Pyrénées n’est qu’invention humaine, lui laisser ainsi qu’à toutes les autres espèces son espace vital devient une nécessité morale. Cela présuppose que le poids de l’humanité se fasse de plus en plus léger, ce qui remet en question l’évolution quantitative de la démographie humaine, et pose aussi un problème plus qualitatif, l’empreinte de l’activité humaine sur l’écologie de la planète.

L’évolution démographique exponentielle de l’espèce homo sapiens est une terrible remise en question de la sélection naturelle. La généralisation de l’autoroute et du mode de vie qu’elle représente est une atteinte grave aussi bien à la diversité culturelle des sociétés humaines qu’à la diversité biologique. Il nous faut de la décroissance, décroissance démographique, décroissance du niveau de vie des riches, acceptation d’une société conviviale ou pauvreté ne rime pas avec misère matérielle et morale…

* éditorial du MONDE du 12 juillet 2017,  Alerte rouge sur l’extinction des espèces

** LE MONDE du 12 juillet 2017, l’extinction de masse des animaux s’accélère

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10 milliards d’habitants en 2050, bonjour les dégâts !

La population continue d’augmenter et le scénario moyen de l’ONU* prévoit que nous serons près de 10 milliards en 2050 – 9,77 milliards exactement –, soit une augmentation de près de 30 % par rapport aux 7,55 milliards actuels. Chaque année, la population mondiale croît de 83 millions d’habitants. Il y a les aveugles qui ne s’inquiètent pas du tout comme le démographe Gilles Pison : « La population mondiale augmente mais la croissance décélère. La croissance a atteint son taux maximal, à plus de 2 % par an, il y a cinquante ans, et elle se situe à un peu plus de 1 % aujourd’hui. Mais le véritable défi porte sur la modification du mode de vie plus que sur le nombre d’habitants. On n’arrêtera pas la croissance de la population mondiale tout de suite, mais nous sommes capables de modifier rapidement et durablement nos modes de consommation. » Notons d’abord qu’avec un taux de 1 %, la population double tous les 70 ans, soit 20 milliards d’êtres humains en 2120. Insupportable! N’en déplaise aussi à Gilles Pison, nous sommes absolument incapables de « modifier rapidement et durablement nos modes de consommation » car la quasi totalité des humains actuels ne pense qu’à une chose : toujours plus ! Par contre nous savons comment faire pour limiter la fécondité : la technique la plus efficace et éprouvée partout dans le monde est de donner accès à la contraception aux femmes en leur rendant visite chaque trimestre dans leur village. Le Kenya, le Ghana, le Zimbabwe ou Madagascar ont réussi à le faire.

Il y a aussi les clairvoyants, inquiets comme il paraît logique. Pour l’association Démographie Responsable : « Sachant qu’à 7,6 milliards aujourd’hui : la Terre se réchauffe, la sixième extinction de la biodiversité est en marche forcée et les énergies fossiles en voie d’épuisement, sans même parler de la pénurie d’eau douce en maints endroits de la planète, alors avec plus de 11 milliards en 2100 ! La question n’est même plus de savoir SI l’espèce humaine va devoir faire face à une crise existentielle… mais seulement QUAND. » Sur lemonde.fr, Olivier : « La DÉMOGRAPHIE : C’est LA SEULE ET UNIQUE problématique importante dans le monde. A côté de cela ; économie, délinquance, écologie, médecine, sciences, etc… ne sont d’aucune importance. Tout ce qui ira dans le sens d’une restriction des naissances, même si il faut en payer momentanément le prix, ira dans le bon sens. » Pour Franck Guillaume : « Avec la même croissance démographique que le Nigeria depuis 1900, la France aurait pu compter 2,2 milliards d’habitants en 2100. La démographie galopante de certains pays sera la cause de nombreuses guerres futures. Problème très sérieux mais traité souvent de manière superficielle par les gouvernements de ces pays où la machine s’emballe et qui devrait l’être rapidement envers ces fous égoïstes de la braguette. »

Cette problématique malthusienne pose la question des limites : A quel moment faut-il s’arrêter de consommer, s’arrêter de procréer, s’arrêter de respirer ? Alors que nous ne parvenons pas à freiner l’hystérie consumériste et la détérioration de la planète, certains en arrivent à envisager des positions extrêmes. Il existe par exemple une Eglise d’Euthanasia qui a son siège social à Somerville (USA). Cette mouvance fut reconnue officiellement le 25 mars 1994 dans l’Etat du Delaware, puis, le 22 août 1995, par l’administration fédérale américaine. Sa devise est limpide « économisez la planète, détruisez-vous ». La population humaine serait, selon cette « Eglise », responsable de par sa croissance d’un vrai écocide. Elle menacerait d’extinction toutes les autres espèces végétales et animales. Seul un humanicide pourrait arranger la situation : « Nous avons quelque chose à faire très rapidement et la chose la plus importante que nous puissions faire est de réduire notre population (…) C’est quelque chose que chacun de nous peut faire, elle n’exige pas de formation spéciale et c’est pourquoi chaque membre de l’église d’euthanasia prend le vœu de ne plus jamais procréer ».

* LE MONDE du 24 juin 2017, Près de 10 milliards d’habitants en 2050

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PMA, une horrible histoire de science-fiction

Au début des années 1980, les gynécologues plaisantaient : « Stérilité, on déclenche le plan hors-sexe ! ». Rappelons que c’est de l’INRA (Institut National de la Recherche Agronomique) qu’ont été tirées toutes les méthodes de la fécondation in vitro, un simple transfert de techniques qui  avaient  fait leurs preuves dans l’industrialisation de l’élevage! Déjà, à l’époque, des gynécos écrivaient qu’il fallait arracher les femmes de leur attachement archaïque à la maternité. Quand on a commencé à congeler les embryons, j’ai écrit un texte qui s’appelait « Y a-t-il un froid entre les sexes ? » Il y a perte de la pensée sous le joug de ce qu’on peut nommer « le dieu égalité et le diable discrimination » ! Au nom de ce mode de pensée, les homosexuels hommes vont revendiquer la gestation pour autrui (GPA) au nom de l’égalité de leurs droits avec ceux des femmes. Puis on aura droit à l’ectogenèse pour « libérer » les femmes de la maternité et sortir des embarras liés à la question des mères porteuses. Et nous serons entrés dans la science-fiction, dans la mutation, dans l’horreur, sans même nous en apercevoir ! Cette histoire est un symptôme. Notre génération a rompu avec ses pères par toutes les rationalisations possibles. Dans quel rapport sommes-nous avec notre généalogie pour tenter un tel coup de force sur le lien de filiation, nommé traçabilité dans certains services de Fécondation in vitro ?

Extrait de la position du Comité consultatif national d’éthique (CCNE) : « L’ouverture de l’insémination artificielle avec don de sperme à des personnes ne souffrant pas de pathologie responsable de stérilité se concevrait pour pallier une souffrance ressentie du fait d’une infécondité secondaire à des orientations personnelles. Cette souffrance doit être prise en compte (27 mai 2017) ». Il s’agit d’offrir des techniques coûteuses à des femmes non stériles, homosexuelles ou pas, qui pourraient, comme l’ont fait tous les homosexuels dans l’histoire avoir des enfants sans demander la permission à personne. Demain, nous pourrons tous demander l’accès à la procréation médicalement assistée (PMA) au nom de motivations qui caressent l’inconscient dans le sens du poil… Or, il est difficile de fonder une limite dans le langage de l’amour et de la compassion. En refusant l’appui de toute limite extérieure, celles que l’on peut trouver dans la nature, ou dans la tradition, nous aurons à vivre les effets de la généralisation d’un mode de pensée qui nous conduit tout droit à l’utérus artificiel ou au transhumanisme ; le « guérir la vie » des années 70 s’est mué en « indications sociétales ». Je l’annonçais déjà il y a trente ans dans Libé : le marché de la filiation sera libre et la marchandisation se fait avec nos impôts : en pleine période de crise, l’argent public permet d’offrir des PMA à des femmes non-stériles ! On a l’impression que la sexualité est devenue une technique parmi d’autres pour avoir des enfants. La question n’est pas tant est-ce que des femmes homosexuelles peuvent élever des enfants – les homosexuels élèvent des enfants depuis que le monde est monde.

Par l’alliance de la loi et de la technologie, de la science et du désir d’enfants incontrôlé, les parents tendent à être neutralisés. Les mots de père et de mère ont disparu d’un grand nombre de textes de loi. On parle de progéniteur 1 et 2 en Espagne. Les groupes LGBT, une très petite minorité d’homosexuels mais à la pointe de l’idéologie ont proposé la « neutralisation des parents » et soutiennent que l’impossibilité de procréer, cette loi de la nature, est une discrimination ! Au Québec, dans les couples de lesbiennes, on dit que les droits du père sont attribués à « celle des deux mères qui n’a pas donné naissance à l’enfant ». Ça fait délirer les juristes : Elton John a même été nommé mère des enfants qu’il a acquis d’une mère porteuse ! Et, vous verrez, le chantage à l’homophobie sera aussi efficace que le chantage à l’islamophobie… La situation à venir est plutôt compliquée : il n’y a plus de limites naturelles et on ne peut plus interdire puisqu’on vit sous le règne de l’amour ! Mais l’amour est une relation vécue qui donne un sens à la vie, il ne fonde pas la loi ! Nous qui proclamons sans cesse notre intérêt pour la différence, semblons avoir un sérieux problème avec l’altérité. Dans les années 1970, les femmes ont eu à peine le temps de crier « Mon corps est à moi » que dix ans plus tard, leur corps appartenait à la médecine.

Monette Vacquin, psychanalyste

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Les malthusiens se rappellent du courage de Simone Veil

Simone Veil est morte fin juin 2017. Rappelons son combat pour l’avortement. Le MLAC (mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception) était actif depuis avril 1973 et agissait pour changer la loi en pratiquant illégalement des avortements. Pas besoin d’aiguille à tricoter pour avorter, on appliquait la méthode par aspiration. Quelques mois plus tard, le 26 décembre 1974, s’ouvrent à l’Assemblée nationale des débats sur l’IVG (interruption volontaire de grossesse). Simone Veil, ministre de la santé, conduit les débats devant une assemblée d’hommes. Les détracteurs se succèdent : « Une nouvelle religion est née, son dieu s’appelle le Sexe ! Pour Satan, contraception et avortement sont les deux chapitres du même grand livre de la sexualité ! » ; « Le temps n’est pas loin où nous connaîtrons des avortoirs, des abattoirs parfaitement contraires à la mission la plus naturelle et la plus indispensable de la femme : donner la vie et non la mort. » Le Conseil de l’ordre des médecins exhorte à voter contre la loi, heureusement un médecin s’insurge : « Mille avortements clandestins sont pratiqués par jour, et chaque jour une femme en meurt. » La loi sur l’IVG sera adoptée par 277 voix contre 192, donnant aux femmes le droit de disposer de leur corps. Si l’avortement est bien l’échec de la contraception, la faute d’un couple, c’est aussi la responsabilité de la société ; on ne peut être malthusien que dans une société non répressive, ouverte à la contraception et à la réflexion.

Le combat est encore loin d’être terminé. Rappelons la diatribe récente du président de la Turquie : « L’égalité hommes-femmes est contraire à la nature humaine… Notre religion a défini un statut pour les femmes, la maternité… Notre parti AKP reviendra sur le droit à l’avortement et préconisera la mise au monde d’au moins trois enfants par femme. » Le planning familial salue ainsi la mémoire de Simone Veil : « Simone Veil n’a jamais transigé sur ce point fondamental : l’avortement est un choix qui doit appartenir aux femmes, et non aux médecins. (…) Le combat de Simone Veil demeure d’une brûlante actualité. Aujourd’hui encore, une femme meurt toutes les 9 minutes dans le monde des suites d’un avortement clandestin. Pourtant en France et en Europe, les opposants au droit de choisir s’organisent pour attaquer et entraver ce droit fondamental des femmes. » LE MONDE reprend un entretien de 2005* avec Simone Veil. Voici quelques extraits de la libre parole d’une femme admirable :

« Relisez les dispositions relatives à la contraception dans la loi de 1920. Interdiction était faite à quiconque, y compris aux médecins, de donner aux femmes le moindre conseil en matière de contraception, fût-ce sur la fameuse méthode Ogino ou sur la méthode des courbes de température. En Angleterre, en Suisse, aux Etats-Unis, on parlait depuis longtemps déjà des techniques de birth control. La pilule était inventée, l’idée d’une maîtrise et d’une planification des naissances faisait son chemin. Le président Valéry Giscard d’Estaing s’était prononcé clairement pour une libéralisation de l’avortement. Michel Poniatowski, mon prédécesseur au ministère de la santé, m’a parlé ainsi : « Il est urgent de légiférer, sinon vous risquez un beau matin de surprendre un avortement sauvage pratiqué dans votre propre bureau ! » (…) Je n’imaginais pas la haine que j’allais susciter, la monstruosité des propos de certains parlementaires ni leur grossièreté à mon égard. Une grossièreté inimaginable. Un langage de soudards. Il semble qu’en abordant ce type de sujets, et face à une femme, certains hommes usent spontanément d’un discours empreint de machisme et de vulgarité. Le pire, les propos du député Jean-Marie Daillet. Je crois qu’il ne connaissait pas mon histoire, mais le seul fait d’oser faire référence à l’extermination des juifs à propos de l’IVG était scandaleux. Le courrier abondant que je recevais contenait des dessins ignobles, des croix gammées et des propos antisémites. Laissez-les vivre avait organisé une vaste campagne. Et certains mouvements d’extrême droite en ont profité. En définitive, ces excès m’ont servie. Car certains indécis ou opposants modérés ont été horrifiés par l’outrance de plusieurs interventions, odieuses, déplacées, donc totalement contre-productives. Notons que l’argument nataliste était erroné puisque les études montrent une absence de lien entre législation sur l’avortement et natalité. Le taux de natalité en France a été très faible entre les deux guerres alors que la législation était très répressive. A 3 h 40, le texte était voté par 284 voix contre 189. Je suis rentrée chez moi en traversant la place du Palais-Bourbon où des égreneurs de chapelets m’attendaient pour me couvrir d’insultes… » Les malthusiens saluent le courage d’une forte personnalité qui a combattu pour le libre contrôle des naissances par les personnes concernées au premier chef.

* LE MONDE 21 mars 2005, Simone Veil raconte la loi sur l’avortement

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PMA, une fécondité sans père et sans repères

La procréation médicalement assistée (PMA) est aujourd’hui réservée aux couples hétérosexuels dont l’infertilité est médicalement constatée. Dans son avis du 27 juin 2017, le Comité consultatif national d’éthique (CCNE) se prononce en faveur d’une ouverture de la PMA aux couples de femmes et aux femmes seules qui souhaitent procréer sans partenaire masculin grâce à un don de sperme*. « Sans partenaire masculin », le mot est lâché, l’homme n’existe plus, la sexualité comme rapprochement des sexes est bafouée. Le consensus est loin d’être acquis, les deux tiers du Comité se sont prononcés pour mais un tiers ne va pas du tout dans le même sens. Il n’est pas question d’éthique en matière d’attente sociétale, mais d’un simple rapport de forces entre idées contradictoires. En fait le CCNE valorise la mère au détriment des pères : « Cette demande d’une insémination artificielle avec donneur, pour procréer sans partenaire masculin, en dehors de toute infécondité pathologique, s’inscrit dans une revendication de liberté et d’égalité dans l’accès aux techniques [médicales] pour répondre à un désir d’enfant »... « L’analyse du CCNE, s’appuyant sur la reconnaissance de l’autonomie des femmes… Cette ouverture peut se concevoir pour pallier une souffrance induite par une infécondité résultant d’orientations personnelles ».

L’éditorial du MONDE** acquiesce. Il voudrait rendre « légitime » l’accès à la procréation médicalement assistée (PMA) pour les couples lesbiens et les femmes célibataires. Il ne s’appuie pas sur des considérations éthiques, mais sur le fait que l’insémination artificielle avec donneur est déjà possible en Belgique, en Espagne ou au Royaume-Uni. Il faudrait selon LE MONDE accepter le lobbying d’un simple groupe de pression dit LGBT (lesbien, gay, bisexuel et transsexuel). Il faudrait s’incliner devant les possibilités techniques de la fécondation in vitro (FIV). Il faudrait correspondre à une certaine forme du féminisme qui déni le droit pour un enfant d’être aussi élevé par un père. LE MONDE ne raisonne pas, il s’incline devant une demande sociétale qui reste en fait ultra-minoritaire. La Biosphère rappelle au MONDE l’énorme responsabilité de donner la vie dans le monde tel qu’il est aujourd’hui. Une femme (un homme) devrait être terrifiée devant la décision de produire un être humain supplémentaire car ce n’est pas l’enfant qui donne un sens à la vie de sa mère ; ce qui compte, c’est la place que cet enfant va pouvoir assumer dans l’équilibre de moins en moins durable des écosystèmes. Nous avons sur ce blog mis l’accent depuis longtemps sur le respect de la nature humaine (la différenciation des sexes) et sur le fait que le désir d’enfant n’est rien face à la réalité de la surpopulation actuelle… Voici quelques liens sur nos articles précédents :

21 mars 2017, Marre de la PMA, marre des marchands d’enfants

11 août 2014, Sexe et PMA, la reproduction artificielle de l’humain

22 décembre 2012, Critiquer la PMA pour respecter les cycles naturels

24 avril 2008, Oui à la nulliparité

* LE MONDE du 28 juin 2017, Le Comité d’éthique déverrouille le débat sur la PMA

** LE MONDE du 29 juin 2017, PMA : la sagesse et les questions du Comité d’éthique

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BIOSPHERE-INFO, la question malthusienne

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numéro juillet 2017

Georges Minois est un historien français qui a écrit beaucoup de livres . Qu’il rejoigne le camp des malthusiens est donc un bon signe de la part d’un fin connaisseur des péripéties historiques ! Pour lui, les temps commencent à changer à partir du milieu du XXe siècle. Le premier cri d’alarme est lancé en 1948 par William Vogt qui écrit dans Road to Survival : « La surface des terres cultivables diminue rapidement à mesure que croît la population, et que le sol est détruit… » Voici quelques extraits recomposés qui ne reflètent qu’une toute petite partie de la richesse de cet ouvrage : Le Poids du nombre (Perrin, 2011)

1/5) Le cas français, une idéologie populationniste

La France se distingue particulièrement par son populationnisme. La loi répressive de 1920, interdisant aussi bien l’avortement que la contraception, a été votée aussi bien par Maurice Barrès (nationaliste) qu’Edouard Herriot (radical-socialiste), Marc Sangnier (chrétien-démocrate) ou Robert Schuman (catholique).

L’Institut national d’études démographiques (INED) a été créé en 1945. Sous des dehors scientifiques, il a des allures de service de propagande nataliste. Un de ses directeurs, Alfred Sauvy, était un populationniste notoire, partisan d’une répression rigoureuse de l’avortement dans un de ses écrits de 1943. Le congrès du parti communiste en 1956 le répète : « Le néomalthusianisme, conception ultra-réactionnaire, remise à la mode par les idéologues de l’impérialisme américain, est une arme aux mains de la bourgeoisie pour détourner les travailleurs de la lutte pour les revendications immédiates, pour le pain, pour le socialisme. » La naissance du 50 millionième français en 1968, est présentée comme un exploit national.  En 1974, Simone Veil fait voter la loi qui légalise la pratique de l’avortement. Le thème du vieillissement par dénatalité devient l’obsession, on ne recule pas devant les excès de langage : Michel Jobert parle d’autogénocide (1976), Pierre Chaunu de peste blanche (1976), Jean Fourastié de suicide collectif (1979). En 1988, l’Ined peut afficher fièrement le palmarès : « L’Irlande mis à part, la France est le pays où la fécondité, bien qu’insuffisant pour assurer le strict remplacement des générations, est la plus élevée. »

Mais face au vieillissement de la population, la pire des solutions est d’encourager la natalité. Les enfants que l’on fait naître aujourd’hui auront la charge d’entretenir les effectifs pléthoriques de leurs parents, grands-parents, et même une bonne partie de leurs arrière-grands-parents, étant donné l’allongement de la longévité. Et cela dans un monde aux ressources raréfiées et à l’environnement saccagé. C’est cela qui est suicidaire. Dans la naissance d’un Français, on voit d’abord que c’est un Français, qui contribue à augmenter l’effectif national. C’est en pleine contraction avec des préoccupations écologiques, puisque le niveau de vie d’un Français a cinq ou dix fois plus d’impact sur l’environnement que celui d’un Chinois ou d’un Nigérien. La dimension globale est prise en compte pour le climat, mais pas pour la population, quand bien même il y a des liens entre les deux.

2/5) Le cas du tiers-monde, la transition ratée

La transition européenne d’un régime à natalité et mortalité élevée vers un régime à faible natalité et mortalité s’est faite très lentement, en fabriquant ses propres moyens : baisse très progressive de la mortalité par les progrès très lents de l’alimentation, de l’hygiène, de la médecine, ce qui laisse le temps aux mentalités de s’adapter, et de se convertir peu à peu au contrôle des naissances, causant une baisse tout aussi lente de la natalité. Tout cela sur environ 150 ans. Le cas du tiers-monde est tout à fait différent. La transition lui est imposée de l’extérieur, avec de puissants moyens immédiatement efficaces : campagnes de vaccination, révolution verte, aide matérielle massive. La baisse de la mortalité est extrêmement brutale : les mentalités ne suivent pas, et ne sont pas prêtes à adopter les moyens de contraception ; la rapidité des changements désorganise tous les systèmes locaux de régulation ; les populations, désorientées, sont accablées par le nombre ; le chaos s’accompagne de guerres civiles, génocides, famines, migrations massives. C’est un crash qui se produit, contrairement à l’Europe qui avait géré elle-même sa transition.

Les tiers-mondistes expliquent que le problème n’est pas le surpeuplement, mais le sous-développement. Il faut aider ces pays à se développer. Or le point de vue « le développement est le meilleur contraceptif » est simpliste. Si, pour ralentir la natalité, il faut d’abord développer l’économie, pour développer l’économie il faut accroître production et consommation dans des proportions telles que les ressources seront bientôt épuisées et l’environnement rendu invivable : le piège  va se refermer.

On commence à prendre conscience que le développement avant le contrôle des naissances est suicidaire : il signifie une consommation d’énergie et de matières premières colossales, ainsi qu’une augmentation vertigineuse de la pollution. Avec la croissance à deux chiffres des mastodontes asiatiques, la pression sur les ressources planétaires approche du point de rupture.

3/5) L’écologie aujourd’hui réhabilite Malthus

La fécondité est partout en baisse, mais comme elle s’applique à des quantités croissantes de parents, le nombre absolu de naissance ne cesse d’augmenter. En 1950, avec une fécondité de 5 enfants par femme pour une population de 3 milliards d’habitants, on comptait 99 millions de naissances annuelles ; en 2007, avec une fécondité de 2,6 pour une population de 6,6 milliards, on en compte 135 millions ! Face à une prolifération chaotique, les Etats sont totalement dépassés. Seule la Chine a globalement réussi à infléchir son évolution démographique, ce qui lui vaut paradoxalement les critiques du monde occidental, qui lui reproche d’avoir violé les droits de l’homme en ce domaine, après lui avoir reproché sa natalité excessive. Dans une humanité qui file tête baissée vers sept milliard d’individus, Malthus est plus que jamais d’actualité. A partir des années 1980, le spectre du surpeuplement resurgit avec un nouveau costume : celui de la dégradation inéluctable de l’environnement sous la pression de l’espèce humaine. Métamorphose de Malthus qui réapparaît en écologiste.

La dégradation de l’environnement planétaire est l’objet de la deuxième conférence mondiale sur le climat à Genève en 1990. Voici que ressurgit, là où l’on ne l’attendait pas – dans l’atmosphère – la grande ombre de Malthus et son incontournable réflexion sur les bornes que le milieu, la nature, la biosphère, finissent par opposer à l’expansion indéfinie de toute espèce vivante. Ce n’est plus seulement la nourriture qui est en jeu, mais les ressources globales de la planète. Ce qui est garanti, c’est la perturbation des équilibres écologiques et de la biodiversité. Dans les dernières décennies, l’augmentation de population s’est accélérée, et le taux de déforestation a atteint des niveaux sans précédent. Sachant que les forêts tropicales contiennent 50 % de ce qui reste de la biodiversité, leur destruction est particulièrement alarmante.

Fondamentalement, les écologistes rationnels ont une saine vision des choses et sont néomalthusiens. L’aspect écologique et environnemental du surpeuplement est aujourd’hui devenu essentiel, et pourtant le lien entre les deux est encore contesté et occulté par beaucoup. Le caractère scientifique des observations et des prévisions des écologistes donne lieu à de nombreux débats : les changements climatiques, en admettant qu’ils soient réels n’ont-ils que des aspects négatifs ? Les réserves naturelles sont-elle vraiment en voie d’épuisement ? Est-ce un tel drame que de voir disparaître certaines espèces animales et végétales ? L’attitude de certains fondamentalistes de l’écologie s’apparente à une mentalité de collectionneur maniaque privilégiant la survie de quelques animaux sur les moyens d’existence de groupes humains. Ce qui n’invalide pas l’idée de base, d’après laquelle, du fait du surpeuplement, la croissance se ralentit de plus en plus nettement à mesure que la population se rapproche de l’effectif maximal que peut supporter le milieu. La résistance du milieu s’accroît avec la densité de population et bloque celle-ci à un niveau limite. Lequel ?

4/5) La question de la capacité de charge

Comment croire à une menace de surpeuplement quand les rayons de supermarché débordent de produits toujours plus diversifiés, toujours moins chers ? Avec la mondialisation, la circulation sans limite des biens et des personnes, il devient impossible de décider où commence le surpeuplement. En 1964, Georg Borgstrom, dans The Hungry Planet montre que si plusieurs pays réussissent à nourrir une population excessive, c’est uniquement parce qu’ils tirent une part croissante de leur alimentation de terres « invisibles », par l’importation et par l’exploitation des mers. A la question : combien d’hommes la terre peut-elle porter ? l’écologiste François Ramade répond : 2 milliards, si on veut qu’ils vivent bien et sans mettre en danger l’avenir, et Colin Clark : 150 milliards, si chacun se contente de peu avec une agriculture hyper performante !

La notion de « population limite » est définie en 1971 par EP Odum (in Fundamentals of Ecology) comme la limite de croissance d’une population dans un milieu donné. Cette limite ne tient pas seulement compte de la possibilité de nourriture : « Il devient de plus en plus évident que la densité optimale de population pour l’homme doit être limitée par la qualité de l’espace de vie et non par le nombre de calories disponibles. » Dans Overshoot : The Ecological Basis or Revolutionary Change (1982), William Catton montre que la croissance excessive de notre époque est une catastrophique fuite en avant qui n’est possible que par la consommation des biens des générations futures : « La technologie moderne est devenue si puissante qu’elle semble avoir écarté tous les obstacles, en les repoussant par une surconsommation des ressources qui hypothèque celles de nos descendants. » La technologie nous a fait perdre le sens des limites, nous dépassons largement la population limite, la capacité de charge, parce que nous dévorons notre capital naturel par anticipation. Les plus fous envisagent même, quant la terre sera saturée, une colonisation des autres planètes.

Garrett Hardin, dans Living Within Limits, écrit en 1993 : « Les gens sont toujours surpris de constater que la construction de nouvelles routes ne fait qu’augmenter les embouteillages. Et ils sont tout aussi surpris de voir que plus on nourrit d’affamés aujourd’hui, plus on augmente leur nombre pour le futur. » Comme les routes créent le trafic, l’aide alimentaire augmente la famine. En fin de compte, combien d’habitants la terre peut-elle entretenir ? Joel Cohen répond en 1995 : « La population limite (human carrying capacity) dépendra de toute évidence du niveau matériel auquel les gens choisiront de vivre. » Ou plutôt, du niveau de vie qui leur sera imposé ! Une chose est certaine : « le nombre d’hommes sur terre a atteint ou atteindra dans le prochain demi-siècle le niveau maximum que la terre peut supporter en fonction du type d’existence que nous, nos enfants et petits-enfants  avons choisi. »

Pourtant, en dépit de l’importance vitale de l’enjeu et de l’indiscutable compétence des intervenants, ces avertissements ne produisent pas l’écho auquel on aurait pu s’attendre dans l’opinion publique. La géographe Sylvie Brunel nous rassure : « La Terre peut nourrir 12 milliards d’hommes. » Ceux qui aiment les phénomènes de masse, le tourisme de masse, le sport de masse, les manifestations de masse, les loisirs de masse, ceux qui adorent faire la queue, s’entasser dans les transports, se bousculer sur les plages et dans les discothèques, être bloqués sur les périphériques et figurer en bas d’interminables listes d’attente estiment sans doute que la fourmilière n’a pas encore fait le plein. Mais dans les hangars des élevages industriels, les poules élevées en batterie mangent toutes à leur faim, ce qui ne rend pas leur sort enviable. Si les 12 milliards d’hommes sont destinés à vivre dans des cages à lapins, ce sera toujours du surpeuplement.

5/5) Conclusion

La philosophie générale de Malthus, qui consiste à responsabiliser la procréation dans le but d’assurer une plus grande qualité de vie à chaque génération, garde toute sa pertinence. Paul et Anne Ehrlich mettent le doigt sur l’illusion la plus dommageable des antimalthusiens : « si » la distribution des ressources était organisée de façon équitable, « si » les habitants des pays riches acceptaient de réduire leur niveau de vie et de modifier leur alimentation, il y aurait largement de quoi assurer une vie décente à toute la population mondiale. Mais il est aussi irréaliste de penser que nous allons soudain devenir des saints végétariens que de penser que nous allons soudain troquer nos voitures pour des vélos ou aller nous coucher au crépuscule pour économiser l’énergie.

D’autre part, dans les démocraties occidentales, le « droit à l’enfant » a toujours été reconnu comme un droit relevant de la liberté de chacun. Même les couples homosexuels réclament le droit à l’enfant, et les couples stériles demandent l’aide de la science. Au point même que les prises de position inverses apparaissent comme des anomalies, voire des perversions. Le fait d’avoir ou de ne pas avoir d’enfants est considéré comme une affaire strictement privée, dans laquelle les décisions sont prises sans aucune considération des conséquences collectives. Alors même que la plupart des autres activités requièrent l’obtention d’un permis ou la présentation d’un certain nombre de garanties. Le contraste est frappant avec certains autres domaines, comme par exemple l’écologie : alors que progresse la prise de conscience des individus de l’impact de leur comportement quotidien sur l’environnement global, rien de tel n’existe dans le domaine de la procréation. Pourtant, si on savait pourquoi on fait des enfants, on ne les ferait pas !

Il existe cependant des mouvements militants faisant campagne dans les pays développés pour une réduction des naissances, tels que l’Optimum Population Trust, le Worldwatch Intitute, l’Association for Voluntary Sterilization, ou encore le mouvement No Kids. L’OPT milite pour une stabilisation de la population. Ses objectifs sont de favoriser l’accès de tous au planning familial, d’encourager les familles à se contenter de deux enfants, d’équilibrer émigration et immigration, de réduire les cas de grossesses de mineures. Selon son président, « il n’y a pas un seul problème qui ne pourrait être plus facilement résolu avec moins de monde ».

NDLR : en France vous pouvez contacter l’association « Démographe Responsable »

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politique de santé reproductive, crime contre l’humanité

Stanislas de Larminat vitupère contre « les contrevérités de l’écologisme* ». Il voudrait la création d’une « agence de vigilance » chargée d’observer les actions politiques des Etats ou agences internationales et de dénoncer « ceux qui seraient soupçonnés d’associer l’aide internationale à l’adoption de politique de « santé reproductive ». Incitation des pays (qui seraient victimes de tels chantages) à effectuer, auprès de cette agence, des déclarations de soupçon de crime contre l’humanité (p.306) ». Il faut dire que pour cet écrivain d’obédience chrétienne, la question démographique n’a rien à faire dans un ouvrage traitant d’écologie. Pour lui l’idéologie de la décroissance démographique est l’annonce d’une véritable apocalypse à faire peur avec la dialectique « infernale » suivante : « Au train où va la démographie, on ne pourrait pas nourrir la planète, sauf à la polluer gravement avec une agriculture intensive… La famine serait au rendez-vous ! ( p.94) ». Pour démontrer le contraire, Stanislas critique le rapport au club de Rome de 1972. Son raisonnement porte sur l’hypothèse dans ce rapport d’une évolution linéaire de la technologie : « Cela ne pouvait que conduire à une interprétation catastrophique du futur » (p.95). Pour Salvator, la technique et la terre ont des ressources insoupçonnées : technologies d’intensification écologique, l’aquaculture, la mobilisation de surfaces supplémentaires pour l’agriculture, la lutte contre le gaspillage alimentaire. Sur le problème de l’agriculture intensive, Salvator pense à une agriculture moderne « intensivement écologique ». Rien n’est précisé, tout est article de foi.

Stanislas de Larminat va beaucoup plus loin dans son chapitre « la procréation : une pollution et un délit pour les gnostiques » (p.253). Pour lui les liens entre l’écologisme et l’antinatalisme se retrouve dans le gnosticisme des premiers siècles ! « La matière est mauvaise dans son essence, les gnostiques se refusaient à l’entretenir et donc proscrivaient la procréation. La mariage charnel est assimilé à la prostitution. Le refus de la procréation est un élément prégnant du caractère antisocial du gnosticisme ». D’où une suite d’élucubrations dont voici l’essentiel : « L’ écologie, comme toute gnose, se présente comme une religion de l’universel… On retrouve cette dérive gnostique dans l’écologisme qui insiste sur la notion d’empreinte écologique de l’homme et qui plaide pour une réduction de la population planétaire à cette fin. Sous de beaux discours de «santé reproductive», la fédération internationale du Planning familial est une formidable relais des mouvements écologistes. » Pour lui la culture de mort est bien encadrée : les hommes polluent, ils seraient trop nombreux, il faudra donc réduire la population.

Malheureusement l’encyclique Laudato Si‘ du pape François repose sur le même discours anti-malthusien : « Au lieu de résoudre les problèmes des pauvres et de penser à un monde différent, certains se contentent seulement de proposer une réduction de la natalité. Les pressions internationales sur les pays en développement ne manquent pas, conditionnant des aides économiques à certaines politiques de « santé reproductive »… Accuser l’augmentation de la population et non le consumérisme extrême et sélectif de certains est une façon de ne pas affronter les problèmes… Puisque tout est lié, la défense de la nature n’est pas compatible non plus avec la justification de l’avortement…Si la sensibilité personnelle et sociale à l’accueil d’une nouvelle vie se perd, alors d’autres formes d’accueil utiles à la vie sociale se dessèchent. »

* Stanislas de Larminat, les contrevérités de l’écologisme (éditions Salvator 2011)

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Une vision malthusienne par-delà droite et gauche

Un nouveau modèle est à inventer, mais il faut préalablement se défaire de la recherche obsessionnelle de croissance pour libérer le champ du possible. Cette obsession n’est pourtant rien à côté de ce sujet délicat entre tous qu’est l’évocation d’une possible surpopulation. Il y a pourtant une sorte d’évidence mathématique dans la prise en compte de la démographie, que résume l’équation de Holdren et Ehrlich, I = PAT. L’empreinte humaine sur la planète (I, Impact) se mesure en multipliant le niveau de consommation du Terrien moyen (A pour Abondance) par le nombre de Terriens (P pour Population) et la Technologie utilisée. Sans la recherche d’une stabilisation rapide de la population mondiale, il est illusoire de stabiliser, a fortiori de réduire, le poids de l’Humanité sur les ressources et les écosystèmes terrestres. En effet, pour stabiliser l’empreinte humaine, compenser la croissance de la population mondiale et celle, plus forte encore, des changements de mode de vie en Chine et en Inde, les Occidentaux devraient réduire leur consommation dans une proportion de trois à quatre, ce qui, politiquement, est difficilement soutenable. 200 000 humains nets (naissances – décès) s’ajoutent chaque jour à l’effectif planétaire. On voit mal comment une telle évolution pourrait se poursuivre sans une inversion plus ou moins brutale de la courbe.

Les écologistes adoptent ici un point de vue d’écologues. Les biologistes qui étudient la dynamique des populations savent que la stabilité des écosystèmes est garantie par une régulation spontanée de la démographie des populations. Lorsque l’équilibre est rompu, la crise qui accompagne la surexploitation des ressources se traduit par un effondrement des populations concernées. C’est ce qu’il est convenu d’appeler une « régulation par catastrophe ». Vouloir prévenir l’humanité d’une régulation naturelle par manque de ressources devrait apparaître comme un objectif raisonnable, louable et « humaniste ». Pourtant les écologistes qui se risquent à aborder le sujet se voient opposer des arguments de mauvaise foi : « la démographie mondiale va se stabiliser d’elle-même », « c’est un faux problème car la Terre peut nourrir beaucoup plus d’humains qu’actuellement », « il est monstrueux et potentiellement criminel d’évoquer un tel sujet »… L’idée d’une régulation volontaire de la natalité suscite des réactions de tous les bords politiques, pour des raison religieuses, culturelles, économiques et idéologiques. La pensée occidentale fait de la natalité une mesure de la santé d’une société, les nations une mesure de leur puissance, les chrétiens comme les musulmans une réponse à une injonction divine, les économistes une source de croissance. Les opposants politiques les plus agressifs voient dans la position antinataliste une adhésion aux thèses de l’économiste britannique Thomas Malthus, en faisant l’amalgame entre la formule mathématique et les positions sociales de ce dernier. Pourtant son grand apport reste d’avoir montré qu’aucune augmentation des ressources ne pouvait à terme suivre la courbe exponentielle de l’accroissement démographique si la natalité n’était pas régulée de manière préventive.

Le natalisme est contre-productif en termes de progrès humain. La liberté de chacun diminue lorsque la densité humaine augmente sur un territoire : code de la route, règles d’urbanisme, réglementation des nuisances… orchestrent les conflits d’usage et de voisinage avec toujours plus de précision et de sévérité. L’individu disparaît derrière la foule. Et, lorsque les ressources se font rares, la compétition entre groupes humains comme entre individus génère des conflits. L’humanité a connu à plusieurs reprises au cours de son histoire une régulation par guerres, épidémies et famines. Les écologistes plaident pour une régulation volontaire, raisonnée, et refusent le triptyque des catastrophes malthusiennes.

Antoine Waechter et Fabien Niezgoda, Le sens de l’écologie politique (aux éditons Sang de la Terre, 104 pages pour 15 euros)

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une synthèse sur l’urgence démographique

I/ Constat : La population mondiale va passer le cap de 7,5 milliards d’habitants en 2017, alors qu’elle était de 6 milliards en l’an 2000 et seulement de 2,5 milliards en 1950. Elle devrait atteindre 10 milliards d’habitants entre 2050 et 2060, et dépasser 11 milliards à la fin du siècle ! Certes, l’Europe est entrée dans une phase de stabilisation de sa population, tandis que l’Amérique du Sud et l’Asie, qui est déjà très peuplée, parviennent peu à peu à réduire leurs taux de fécondité. Mais la situation est gravement préoccupante en Afrique, en particulier au sud du Sahara, avec des risques de famines et de migrations massives des populations concernées.

II/ Conséquences sur la planète : D’ores et déjà, l’explosion démographique a eu sur l’environnement des effets désastreux, qu’il s’agisse du réchauffement climatique, causé par l’accroissement des émissions de gaz à effet de serre, de l’érosion des terres arables, liée à la déforestation et à l’abus d’engrais, ou de l’effondrement dramatique de la biodiversité. Au cours des cinquante dernières années, tandis que la population humaine doublait, 40 à 50 % des espèces animales terrestres et marines ont disparu, ainsi que 72 % de celles vivant dans les fleuves, les lacs et les rivières. Depuis un demi-siècle, l’homme est devenu la cause majeure de l’extinction des espèces animales. Si la terre elle-même n’est pas menacée en tant que planète, à moins de deux générations de nous, les conditions physiques qui ont rendu possibles le développement de l’humanité et l’essor des civilisations risquent de disparaître.

III/ Solutions : La première des urgences est de faire baisser la natalité dans les pays où elle reste la plus forte et, pour cela, de développer massivement les programmes de soutien à la contraception, de type planning familial, ciblés sur la formation culturelle et sanitaire des jeunes filles, qui sont souvent dans ces pays écartées du système éducatif. Cet effort prioritaire en direction du Sud ne nous dispense pas, dans les pays riches, de nous interroger sur l’opportunité des politiques natalistes appliquées au lendemain de la guerre et toujours en vigueur. Sans que soit remise en cause la liberté de procréation, on peut se demander s’il est encore justifié qu’au-delà de trois, voire de deux enfants, l’Etat encourage financièrement les familles à s’agrandir. Certains font observer, en réponse, que le problème des pays riches réside moins dans la taille de leur population que dans leur niveau de consommation. On ne doit pas sous-estimer cependant la difficulté d’une limitation volontaire de la consommation dans une société démocratique. Si l’on se place sur ce terrain, la réduction de l’alimentation carnée serait sans doute l’un des moyens les plus efficaces de diminuer l’empreinte écologique par habitant à l’intérieur d’un territoire comme le nôtre, sachant toutefois que cette empreinte est en France supérieure de 90 % à la moyenne mondiale. Pour réduire de manière significative l’empreinte globale de notre pays, il faut agir sur les deux leviers et la composante démographique ne peut être négligée.

Nous ne sommes plus à l’époque où la puissance d’une nation se mesurait au nombre des soldats qu’elle pouvait rassembler sur un champ de bataille. Nous ne devons pas non plus espérer résoudre le problème du financement des retraites par l’arrivée sur le marché du travail d’un grand nombre de jeunes précarisés : c’est une politique de fuite en avant, porteuse de fractures sociales et générationnelles. Il faut désormais réfléchir en termes de capacité de charge, ce que les écologistes anglophones appellent carrying capacity et qui correspond à la taille maximale de population qu’un territoire donné peut supporter sans destruction de ses écosystèmes. Cette taille est aujourd’hui largement atteinte pour la France.

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Les présidentiables et le droit de mourir dans la dignité

Pour François Fillon, « Légaliser l’aide médicale à mourir, c’est ouvrir une voie incertaine ; et le risque, c’est que nous pouvons glisser d’une euthanasie demandée par le patient vers une euthanasie d’opportunité ou une euthanasie économique… Nous nous opposerons à toute loi de légalisation. » C’est ce qu’on appelle une fin de non recevoir, typique d’un fervent catholique.

Nathalie Arthaud « place la dignité de l’Homme au cœur de l’ensemble du projet de Lutte Ouvrière ; nous voulons un monde dans lequel la dignité humaine soit respectée du début jusqu’à la fin de vie, individuelle ou collectivement. » C’est ce qu’on appelle la langue de bois dont raffole le trotskysme.

Emmanuel Macron « considère qu’il n’est pas opportun de légiférer dans la précipitation et la polémique, mais qu’il faut entraîner la population et leurs représentants vers les avancées que nous tous souhaitons avec un peu de conviction et de progressivité… Il importera dans un délai assez bref que cette question soit posée puisque nous serons soumis très prochainement à la révision des lois de bioéthique où la question de fin de vie ne peut pas manquer d’être traitée. » C’est le sens de la nuance et de la précision digne d’un technocrate habile.

Benoît Hamon « souhaite une clarification et appelle de ses vœux une évolution de notre droit pour une véritable aide à mourir pour toutes les personnes atteintes d’une maladie incurable, au moment où elle le souhaitent, et non plus seulement lorsque le pronostic vital est engagé à court terme. » C’est le socialisme à petits pas, en marche prudente vers le suicide assisté.

Jean-Luc Mélenchon : « Je milite pour que l’on constitutionnalise les libertés fondamentales de la personne humaine. Je pense à l’interruption volontaire de grossesse, mais aussi au suicide assisté dont je suis partisan pour qu’il soit inscrit comme un droit constitutionnel. Il y a quelque chose de plus grand que nous-mêmes, c’est l’idée que nous restons maître de nous mêmes, en toute circonstance et jusqu’au bout… Le droit de mourir dans la dignité, ce n’est en aucun cas le droit au laisser mourir dans l’indignité tel qu’aujourd’hui la loi Leonetti l’organise. » C’est bien là le représentant de l’insoumission à l’ordre établi tel qu’on pouvait l’imaginer.

« Ils l’ont dit au Cirque d’hiver », citations tirées du journal de l’ADMD n ° 140, mars 2017

PS : sur une planète saturée d’humains, l’écologie s’intéresse forcément à la démographie, qui porte autant sur le nombre des naissances que sur notre façon de mourir, autant sur l’entrée des immigrés que sur le départ des migrants.

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Le natalisme à l’épreuve de la contrainte écologique

En 1974, Simone Veil fait voter la loi qui légalise la pratique de l’avortement, et elle subit les plus odieuses insultes de la part des populationnistes à l’Assemblée nationale. « L’Europe a un cancer, et ce cancer, c’est le refus de la vie », écrit en 1979 Gérard-François Dumont en introduction à La France ridée. A la tête de l’État, et quelle que soit la couleur politique, on réclame toujours plus d’enfants. Présidents, premiers ministres, responsables de tous bords ses lamentent sur le thème : La France se vide, qu’allons-nous devenir ? En 1979, François Mitterrand dit redouter que « l’évolution n‘aggrave le vieillissement et, à terme, condamne la population à disparaître ». Jacques Chirac dans une interview de 1984 : « Démographiquement l’Europe est en train de disparaître. Dans vingt ou trente ans, notre pays sera vide, et quelle que soit notre avance technologique, nous ne pourrons pas l’utiliser. » En 1986 la plate-forme électorale de la droite parle d’un « hiver démographique sans précédent ». Michel Jobert parle d’auto-génocide, Pierre Chaunu de grande conspiration contre la vie, Jean Fourastié de suicide collectif. Lorsqu’en 1991 Hervé Le Bras réagit contre ces grotesques jérémiades, dans « Marianne et les lapins, l’obsession démographique », il s’attire de violentes réactions. Il ridiculise cette obsession de la dépopulation dans un pays dont la population ne cesse de croître. Il y montre aussi les dangers et dérives des incitations financières à la procréation, comme la prime au troisième enfant : « Rien ne prouve que ce troisième enfant obtenu à coups de subventions, ne naisse pas dans une famille à risques, attirée par la prime plutôt que par l’enfant, si bien que quelques années plus tard, on retrouverait le rejeton dans une classe d’adaptation. Il coûterait plus à terme que ce qu’il était censé rapporter. »

Mais Hervé Le Bras veut aussi montrer la complexité des débats. En 1994, dans Les limites de la planète, il a essayé de montrer comment, de part et d’autres, on colporte des mythes, que l’on présente comme des vérités acquises, pour accréditer ou discréditer l’idée de surpeuplement. Pour lui, le schéma malthusien est une abstraction qui ne tient pas compte de la flexibilité biologique et sociale des groupes humains.« Chez Malthus, la croissance de la population doit se plier à celle des subsistances. Au schéma de la fatalité malthusienne s’oppose le schéma boserupien, du nom d’Ester Boserup qui a montré comment la croissance (la pression) démographique entraînait une réorganisation de la collecte et de la production de vivres. Il ne faut pas oublier que Malthus raisonnait dans un monde plein où les engrais artificiels étaient encore inconnus, et Boserup dans un monde ouvert en boom industriel, à la veille de la révolution verte. Avec Malthus, on reste prisonnier d’une nature contraignante et peu susceptible de changements ; avec Boserup, on est entièrement dans les interfaces entre l’environnement et la société. Le présent ouvrage est boserupien, en ce sens qu’il insiste sur le passage de la nature à l’homme, sur cette interface où environnement et société sont les véritables régulateurs et fixent les véritables contraintes de la population. »

Plus récemment Hervé Le Bras s’est ouvert à la problématique environnementale et il devient plus nuancé dans ses propos  : « Autrefois l’une des limites imposées aux villes était la taille de la zone agricole nécessaire à leur approvisionnement. Avec l’extension des transports, cette limite a quasiment disparu, mais on ne tient pas compte des coûts environnementaux de ce transport… Si la planète entière adoptait le régime alimentaire des Français, elle ne pourrait nourrir que 3,4 milliards de personnes, soit la moitié de la population actuelle. En outre les ruminants émettent du méthane, puissant gaz à effet de serre… Avec la préoccupation environnementale qui s’impose (enfin !) dans le débat public, comment mener le débat sur la taille de la population sans sombrer dans une futile guerre des chiffres ? Si les pays ne parviennent pas à se mettre d’accord pour limiter l’émission de gaz à effet de serre, je crains qu’ils soient incapables d’un accord sur « l’émission de naissances »… » (Trois questions à Hervé le Bras – Entropia n° 8, printemps 2010)

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Les pontifes, l’extinction biologique et la démographie

Les Académies pontificales des sciences et des sciences sociales viennent de présenter les résultats d’un colloque controversé sur le thème de l’« extinction biologique ». Parmi les participants à ce colloque figuraient plusieurs chercheurs critiqués par les organisations pro-vie pour leurs positions antinatalistes et le fait qu’ils prônent l’avortement et la limitation des naissances pour lutter contre la surpopulation, une cause importante de la perte de biodiversité.

Bien entendu le colloque n’a pas retenu l’idée que l’extinction massive d’espèces à laquelle nous assistons est due à l’augmentation de la population humaine en tant que telle, mais à l’« énorme augmentation de l’activité économique fondée sur le seul profit et sur l’usage de combustibles fossiles qui mettent en péril le fonctionnement durable de la terre »… « La question n’est pas le nombre mais la qualité de vie, c’est-à-dire qu’il ne faut pas se focaliser sur le nombre de personnes que la terre peut accueillir mais sur leur degré de développement et leur niveau de vie », insiste un membre de l’Académie pontificale des sciences sociales. La déclaration finale du colloque souligne que « Les riches sont majoritairement responsables par leur utilisation d’énergies fossiles de l’augmentation du réchauffement climatique global et de la diminution de la biodiversité qui en résulte. Les plus pauvres sont indirectement responsables de la déforestation et d’une part de la destruction de la biodiversité étant donné que leurs actions se développent à l’intérieur d’un système économique mondial basé sur les besoins des plus riches. Une condition indispensable pour le développement durable de la biodiversité est la redistribution de la richesse parce que, partout dans le monde, les hauts niveaux de consommation ont un impact sur la dégradation du fonctionnement de la terre et la destruction de la biodiversité. »*

En fait ces pontifes veulent ignorer l’interdépendance entre population, niveau de vie et chute de la biodiversité pourtant bien démontrée par l’équation IPAT. L’impact négatif de notre espèce sur les mécanismes régulateurs de la biosphère peut être symbolisé par l’équation I = P.A.T. Dans cette équation, la taille de la population (P) est multipliée par la consommation moyenne de ressources par individu (A pour « affluence »), elle-même multipliée par une unité de mesure de la technologie (T) qui actionne et entretient la consommation. Le produit de P, A et T est l’impact (I), une estimation du niveau de dégradation, par les hommes, des services écosystémiques dont ils dépendent, y compris la biodiversité. Chaque habitant qui vient aujourd’hui s’ajouter à la population provoque en moyenne plus de dégâts que la personne précédente sur les fragiles mécanismes de régulation de la biosphère et restreint l’espace vital des autres espèces. Et, cerise sur le gâteau, il y a la fâcheuse propension à la consommation même dans les pays pauvres. Il faudrait que des chercheurs mettent au point des préservatifs anti-consommation ou encore une pilule du lendemain post-frénésie de soldes. Car la régulation de la consommation est bien plus complexe que celle de la démographie ; en conséquence il est nettement plus difficile de trouver des solutions humaines et équitables aux conflits entre l’espèce humaine et les autres êtres vivants. Les pontifes croient encore au miracle de la croissance économique, l’Église catholique préfère laisser aux guerres, aux famines et aux épidémies la tâche de lutter contre la surpopulation humaine. Paul Ehrlich serait de son côté favorable à la stérilisation forcée des femmes pour limiter la population et enrayer la 6ème extinction des espèces : solution plus rapide et plus efficace pour éviter les infanticides différés (guerres, épidémies et famines) et nous permettre de vivre un peu mieux la cohabitation avec les non humains.

* http://www.la-croix.com/Urbi-et-Orbi/Vatican/Les-academies-pontificales-planche-extinction-biologique-2017-03-02-1200828888

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Sédation profonde ou droit de mourir dans la dignité ?

Nous avons le droit, si notre douleur ne peut être soulagée, de « dormir avant de mourir » grâce à une « sédation profonde et continue » jusqu’au décès. C’est l’objectif de la loi sur la fin de vie promulguée le 2 février 2016. Seuls ceux atteints d’une « affection grave et incurable », dont le « pronostic vital est engagé à court terme » et présentant une « souffrance réfractaire aux traitements » sont autorisés par la loi à bénéficier d’une sédation profonde. Les résistances sont vives : « La sédation profonde et continue jusqu’au décès est quelque chose qui se fait de manière exceptionnelle. Le danger, ce serait de la banaliser », souligne la présidente de la Société française d’accompagnement et de soins palliatifs (SFAP). D’autres veulent une réécriture de la loi. Jean-Luc Mélenchon ou Benoît Hamon promettent la mise en place d’une aide active à mourir.* Est-ce écolo que de mourir plut tôt, sans acharnement thérapeutique ? Voici quelques réactions sur lemonde.fr :

Mac Aria : Pour ceux qui n’ont pas accès aux informations pertinentes, il existe une association courageuse en France qui s’appelle « Ultime liberté ». On ne peut en dire plus ici sans tomber sous le coup de la loi contre l’incitation au suicide (45000 euros et 3 ans d’emprisonnement) votée sous le lobbying de la très puissante et très catholique ADIS (association de défense contre l’incitation au suicide).

Garance : je suis personnellement favorable au suicide assisté mais je crains les effets pervers de ce droit (personnes âgées se sentant un poids pour leurs proches). Et le suicide assisté ne peut être mis en œuvre que pour les gens conscients, le cas du jeune homme dans le coma n’en sera pas résolu.

Claustaire : Voila bien le vrai défi : tant qu’il faudra d’abord être en phase quasi finale d’agonie pour bénéficier de la « sédation » autorisée par l’actuelle loi, chaque années des centaines d’humains en souffrance seront livrés à eux-mêmes, à moins de recourir à des formes sauvages de suicide.

Astapovo : La sédation ( réglementée ), comme l’ euthanasie ( interdite ), laisse la décision et son application à un tiers, à savoir, un médecin ….( dont on ignore les idées et préjugés ) ….. Seul , le suicide médicalement assisté laisse l’individu libre de choisir la date de sa mort ..… la loi Léonetti 2 n’ a donc rien résolue….encore une lâcheté de François Hollande, le roi du compromis mou !!!!

Claustaire : Vous êtes au cœur du sujet. En l’occurrence, sur cette question, Hollande a carrément renié son engagement. Et lorsque la droite sera revenue au pouvoir, surtout si c’est la droite catho de Fillon, il faudra de nouveau attendre au moins dix ans avant que la question de l’assistance médicale au suicide soit de nouveau posée.

Jean Paul Villette : je suis bien de cet avis : que l’équipe Hollande nous pourrisse la vie avec la loi travail , les milliards donnés aux grands patrons sans contrepartie…mais qu’au moins il me laisse mourir tranquille : quand je veux, comme je veux!

Garance : Jean Paul, qui vous empêche de mettre fin à vos jours ? A un moment, il faut aussi assumer ses choix et ne pas se reposer sur la collectivité (quand je veux et comme je veux); n’oubliez pas que derrière votre demande, il y a des soignants qui vont porter cette responsabilité d’avoir donné la mort. Enfin, ne vous illusionnez pas sur la mort douce, consultez le site Dignitas pour connaitre les détails de fin de vie (ils sont clairs).

JJDR : @garance : Dignitas c’est au minimum 8000 euros et des semaines d’attente pour l’examen du dossier, de plus il faut se rendre en Suisse. Ça pourrait être quelques arguments qui répondent à votre question « Jean Paul: qui vous empêche de mettre fin à vos jours? ».

* LE MONDE du 21 février 2017, Fin de vie : la loi entre timidement en vigueur

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Un « droit à l’enfant » sous contrainte écologique

Dans l’affrontement entre les optimistes de l’abondance (cornucopian optimists) et les pessimistes néo-malthusiens, écrit Kenneth Smail*, la charge de la preuve incombe aux optimistes : qu’ils nous expliquent quelle preuve ils ont que la terre peut supporter, sans dommages irréparables, pendant deux siècles ou plus, une croissance démographique avec une consommation par tête qui dépasse déjà la capacité de charge optimale. Car, comme toujours, si ce sont les optimistes qui se trompent, on ne peut que s’en réjouir, mais si ce sont les optimistes, nous allons à la catastrophe irréversible. Soit l’homme prend sérieusement en mains la tâche de réduire sa fécondité ; soit il attend que la nature se charge de faucher ce trop plein : c’est la redécouverte de Malthus après deux siècles de tergiversations.

Dans quelle mesure ce débat atteint-il l’opinion publique dans les pays développés ? D’une façon générale, les couples se sentent peu concernés dans leur comportement procréatif par le problème planétaire de surpeuplement. Dans ce domaine plus que dans aucun autre prévaut une sorte de schizophrénie : le fait d’avoir ou de ne pas avoir des enfants est considéré comme une affaire strictement privée, dans laquelle les décisions sont prises sans aucune considération des conséquences collectives. Le contraste est frappant avec certains autres domaines, comme par exemple l’écologie : alors que progresse la prise de conscience des individus de l’impact de leur comportement quotidien sur environnement global, rien de tel n’existe dans le domaine de la procréation. Dans ses achats, le citoyen prend de plus en plus en compte sa consommation d’énergie, le rejet de CO2, l’impact sur la pollution. Par contre, dans la décision d’avoir un enfant, il ne considère pas le fait qu’il contribue par là à peser sur la démographie mondiale. On continue à raisonner en termes nationaux ; dans la naissance d’un bébé, les médias voient d’abord ce qu’il apporte à la « vitalité » de la fécondité française. Et ceci en pleine contradiction avec les préoccupations écologiques, puisque le niveau de vie d’un Français a cinq ou dix fois plus d’impact sur l’environnement que celui d’un Chinois ou d’un Nigérian. La dimension globale est prise en compte pour le climat, pas pour la population, quand bien même il y a des liens entre les deux.

D’autre part, dans les démocraties occidentale, le « droit à l’enfant » a toujours été reconnu comme un droit fondamental de tout individu, relevant de la liberté de chacun. Alors même que la plupart des autres activités requièrent l’obtention d’un permis et la présentation de certaines garanties, le fait de procréer est laissé à la discrétion de chacun, quitte à enlever plus tard l’enfant à ses géniteurs s’ils se montrent incapables de faire face à leur rôle. Même les couples homosexuels réclament le droit à l’enfant, et les couples stériles demandent l’aide de la science. Au point que les prises de position inverse apparaissent comme des anomalies, voire des perversions. Ce sont ceux qui font preuve d’égoïsme qui se retrouvent en position d’attaquant !

* article de 2002, « Souvenons-nous de Malthus : un argument préliminaire pour une réduction significative de la population humaine globale »

extraits du livre de Georges Minois, Le poids du nombre

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On n’échappe pas facilement au dilemme malthusien

A partir des années 1980, le spectre du surpeuplement resurgit avec un nouveau costume, celui de la dégradation inéluctable de l’environnement sous la pression de l’espèce humaine. Métamorphose de Malthus qui réapparaît en écologiste ! Désormais la question de l’équilibre global de l’espèce humaine et de l’écosystème est posé. La notion de population limite a été définie dès 1971 par E.P.Odum comme la limite de croissance d’une population dans un milieu donné. Pour l’homme, cette limite ne tient pas seulement compte de la possibilité de nourriture. La densité optimale est limités par la qualité de l’espace de vie, et non par le nombre de calories disponibles. De plus l’attente d’un développement qui réduirait la fécondité est suicidaire : il signifie une consommation d’énergie et de matières premières colossale, ainsi qu’une augmentation vertigineuse de la pollution. Faire atteindre à des milliards d’humains ne serait-ce que la moité du niveau de vie des pays développés serait insupportable. Alors la mortalité se chargerait de réduire le trop plein, plus besoin de réduire la natalité : on n’échappe pas facilement au dilemme malthusien.

Le grand mérite de William R.Catton est de montrer en 1982 que la croissance démographique excessive est une catastrophique fuite en avant qui n’est possible que par la consommation des biens des génération futures. Aujourd’hui l’humanité est engagée dans une prédation vorace de notre futur.. Le bien-être de nos contemporains est atteint aux dépens de nos descendants. Par le nombre, par l’état de notre développement technologique, nous faisons dépendre la satisfaction de nos aspirations présentes du dépouillement de notre postérité. Nous dépassons largement la capacité de charge (carrying capacity) sans nous en apercevoir, parce que nous dévorons notre capital naturel par anticipation ; nous empiétons sur le futur. Alros arrêtons de rêver : l’alternative au chaos est l’abandon de l’illusion que tout est possible. Nous avons dépassé (overshoot) les limites en hypothéquant le futur. Demain l’humanité va se retrouver dans un monde trop plein, aux terres et aux ressources énergétiques épuisées. Il ne s’agit spa de savoir si cela va se produire, mais quand cela va se produire.

En 1993 ce sont 1670 scientifiques du monde entier qui signent un avertissement solennel : « Les êtres humains et le monde naturel sont sur une trajectoire de collision, les activités humaines infligent des domaines souvent irréversibles à environnement et aux ressources fondamentales.. La terre a des limites. Sa capacité à nourrir un nombre croissant d’habitants a des limites. Et nous approchons rapidement de beaucoup de limites terrestres. La pression résultant d’une démographie sans frein fait peser sur le monde naturel des exigences qui peuvent anéantir les efforts pour assurer un avenir durable… Nous devons stabiliser la population. Cela ne sera possible que si toutes les nations reconnaissent que cela requiert une amélioration des conditions économiques et socilaes, et l’adoption d’un planning familial efficace et volontaire. »

extraits du livre de Georges Minois, Le poids du nombre

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Se multiplier jusqu’à en perdre la raison ?

Multipliez-vous ! Rien de plus louable au premier abord. Ça prouve qu’on n’est pas égoïste. Elle est si belle, cette préoccupation de l’existence des autres, ce besoin de voir la population pulluler, que j’en deviens soupçonneux. Qu’est-ce que les parents en feront, de ces gosses ?

Des soldats ? La guerre n’est-elle pas l’irruption d’un peuple misérable, trop nombreux pour vivre sur ses propres fonds, poussé de force chez un autre afin d’y vivre de ses dépouilles, ce qui satisfait son gouvernement. Mieux vaudrait tuer das l’œuf la misère humain que de l’élever avec sollicitude et de préparer froidement d’avance, avec une tendresse jésuitique, de la future chair à canon ! Des travailleurs ? Choisir cette époque de concurrence acharnée où l’on se dispute son pain comme des chiens, ce moment d’encombrement de tous les emplois, d’engorgement de toutes les places, d’assaut des bureaux aux portes desquels stationnent des queues de sta giaires, choisir cette époque de chômage de bras et de cerveaux inutilisés, choisir ce moment pour prêcher la multitude des hommes !

Ce qui serait utile et humain, si vous étiez logique, ce serait au contraire d’enrayer la procréation : la femme stérile devrait être sacrée, l’homme qui se retient félicité, l’avortement pratiqué officiellement dans les hôpitaux, l’infanticide, dans les quinze jours de la naissance, alors que l’homme n’est qu’un insignifiant fœtus, autorisé !

Texte de Henry Fèvre du 4 juillet 1890

citation extraite du livre de Georges Minois, Le poids du nombre

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John Stuart Mill, Familles nombreuses, je vous hais

 Parmi les plus chauds partisans de Malthus, une place importante revient à John Stuart Mill (1806-1873). Il est d’ailleurs arrêté à 17 ans et passe une nuit en prison pour avoir distribué des tracts en faveur de la contraception. « J‘avoue que je ne suis pas enchanté par un idéal de vie que nous présentent ceux qui croient que cette mêlée où l’on se foule aux pieds, où l’on se coudoie, où l’on s’écrase, et qui est le type de la société actuelle, soit la destinée la plus enviable pour l’humanité », écrit-il dans ses Principes d’économie politique de 1848. « Une population peut être trop nombreuse tout en étant largement pourvu de nourriture et de vêtements. Il n’est pas bon que l’homme soit obligé en permanence d’être en contact avec ses semblables. Un monde qui exclut la solitude est un idéal bien déprimant. La solitude est essentielle à la profondeur de la méditation et du caractère. Et la solitude en présence de la beauté et de la grandeur naturelles est le berceau de pensées et d’aspirations qui ne profite pas seulement à l’individu, mais dont la société ne saurait se passer. Il ne serait pas non plus très satisfaisant de contempler un monde où il ne resterait aucun activité naturelle spontanée, où chaque pouce de terrain capable de produire des aliments pour les hommes serait cultivé, tous les espaces fleuris et les pâturages naturels labourés,… où il n’y aurait plus un endroit où un buisson sauvage ou une fleur puisse pousser sans être arraché comme mauvaise herbe au nom d’une agriculture efficace… Si la terre doit perdre la plus grande partie de sa beauté par une croissance illimitée de la richesse et de la population, dans le simple but d’entretenir une population plus nombreuse mais pas plus heureuse, j’espère pour le bien de la postérité qu’elle se contentera d’être stationnaire avant d’y être forcée par la nécessité. »  « Un état stationnaire du capital et de la population n’implique pas un état stationnaire du progrès humain. Il y aurait toujours autant de place pour la culture, pour le progrès moral et social, pour améliorer l’art de vivre, et beaucoup plus de facilité pour le développer, quand les esprits seraient débarrassés de la préoccupation de la croissance. »

La croissance démographique, voilà l’ennemi. « Il est vain de dire que toute bouche supplémentaire, ce sont aussi deux bras. Les nouvelles bouches ont besoin d’autant de nourriture que les anciennes, et les mains ne produisent pas autant… Si la population continue à augmenter au même rythme il arriverait à un moment où personne n’aurait plus que le nécessaire, et peu après, un moment où personne n’aurait même plus le nécessaire, et la mort se chargerait d’arrêter l’essor de la population… Partout où la population n’est pas limitée, soit par les individus, soit par l’État, elle est limitée par la famine ou les épidémies. » C’est du pur Malthus. Quant aux pauvres, on ne s’est jamais autant lamenté sur leur sort, « avec des expressions telles que « le malthusianisme au cour sec « , comme si ce n’était pas avoir le cœur mille fois plus sec que de dire aux homme qu’ils peuvent donner l’existence à des myriades de créatures qui sont certaines d’être misérables et presque certaines d’être dépravées ». Il faut être logique : si on veut que l’État aide les pauvres, alors il faut aussi que l’État réglemente la reproduction de ces pauvres : « La société peut nourrir les nécessiteux, si elle est chargée de régler leur multiplication… Elle ne peut impunément se charger de les faire vivre et cependant les laisser se multiplier librement. »

«  Le fait de donner l’existence à un être humain est une des actions, dans le cours d’une vie humaine, qui entraînent le plus de responsabilité… Mettre au monde plus qu’un petit nombre d’enfants, ce qui a pour effet de réduire le prix du travail par la concurrence, est un crime sérieux envers tous ceux qui vivent de leur travail. Les lois qui interdisent le mariage, à moins que les parties ne prouvent qu’elles peuvent entretenir une famille, n’outrepassent pas le pouvoir légitime de l’État. On ne peut reprocher à de telles lois d’êtres des violations de la liberté. Par de telles lois, l’État intervient pour empêcher un acte nuisible aux autres, et qui devrait être l’objet de la réprobation et de la flétrissure sociale… On ne peut guère espérer que la moralité fasse des progrès tant qu’on ne considérera pas les familles nombreuses avec le même mépris que l’ivresse ou tout autre excès corporel. »

citations extraites du livre de Georges Minois, Le poids du nombre

(éditions Perrin, 2011, 686 pages pour 26 euros

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démographie et politique, histoire d’incompatibilité

Le démographe s’occupe du long terme, la politique du court terme, en voici une démonstration en matière de retraite :

Perspectives démographiques en 1980 : en réfléchissant aux effets à long terme du vieillissement de la France, les membres du groupe « Prospective personnes âgées du VIIIe Plan », dans leur rapport Vieillir demain (encore appelé Rapport Lion), avaient, entre autres, recommandé : de ne pas généraliser la retraite à 60 ans (« Une telle mesure sacralisant un seuil d’âge serait “l’image de l’irréversible”. Au nom de l’avenir, il faut l’écarter ») ; de substituer à l’âge de la retraite la durée d’activité (susceptible de varier dans le temps et d’être portée à « 40 ans peut-être, ou 42, voire 45 en première étape si on craint on afflux trop grand », cette substitution permettrait de limiter les effets de l’inégalité sociale devant la mort) ; d’instaurer un glissement progressif de l’activité à la retraite ; d’assurer le droit au travail pour les travailleurs âgés.

Programme Mitterrand en 1981 (Proposition 82 sur 110) : Le droit à la retraite à taux plein sera ouvert aux hommes à partir de 60 ans et aux femmes à partir de 55 ans. Les cotisations prélevées par le régime général de la Sécurité sociale sur les retraites seront supprimées… Le 1er avril 1983, l’âge légal de la cessation d’activité professionnelle était ramené à 60 ans pour tous. L’heure était au respect des promesses, on a pu mesurer depuis l’ampleur des difficultés rencontrées pour inverser la donne.

Programme Mélenchon pour 2017 : restaurer le droit à la retraite à 60 ans à taux plein, revaloriser les pensions de retraite au niveau du smic pour une carrière complète, assurer le financement durable des régimes de retraites par la mise à contribution des revenus financier des entreprises, par l’augmentation du nombre de cotisants et de l’assiette des cotisations (créations d’emplois, hausse des salaires, recul de la précarité, hausse de l’activité des femmes, etc,) et de leur taux, la fin des exonérations fiscales pour les régimes de retraite par capitalisation.

Conclusion : « Comprendre trop tard, écrivait Jean-François Revel, c’est comme ne pas comprendre, ou, en tout cas, pas à temps pour agir utilement. Le poncif d’après lequel l’art de gouverner consisterait à savoir attendre n’est que le maquillage de l’irrésolution. Si c’est pour laisser les situations évoluer toutes seules, à quoi sert-il d’avoir des dirigeants ? Trop tardive, la décision n’en est plus une : elle enregistre le fait accompli. La vie est un cimetière de lucidités rétrospectives» La démographie produit de la connaissance « inutile ». Il faut qu’un sujet devienne brûlant pour l’inscrire à son programme — le « coup forcé » comme l’on dit aux échecs.

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La question malthusienne, bon sujet de présidentielle

En 1974 le candidat écolo René Dumont accordait une bonne place à la question malthusienne. En 2017, la question de la maîtrise de la fécondité n’est au programme d’aucun des candidats pour la présidentielle, de l’extrême droite à l’extrême gauche en passant par EELV. Un présidentiable qui préparerait un avenir plus durable dirait pourtant trois choses. D’abord la France doit montrer l’exemple et rejeter toute sa législation actuelle soutenant une politique nataliste. Ensuite l’éducation de tous devrait permettre à chacun de maîtriser des notions comme malthusianisme, population optimum, capacité de charge d’un territoire, choix éclairé du nombre d’enfant à désirer, etc. 1974-2017, nous avons perdu trop d’années alors que l’inertie démographique est un facteur aggravant : les enfants nés aujourd’hui ne feront des enfants que dans 25 ans en moyenne, et feront vieillir la population soixante à soixante dix ans plus tard. Pendant ce temps nous devenons toujours plus nombreux et en conséquence nos divers problèmes socio-économiques et écologiques deviennent de plus en plus insolubles. Voici quelques précisions sur la démographie.

– L’indicateur conjoncturel de fécondité en France s’établit à 1,93 enfants par femme en 2016, soit moins que 2,1 (chiffre synonyme de stabilisation d’une population dans un pays développé). Mais c’est une indicateur prévisionnel qui projette dans l’avenir un nombre d’enfants « si les femmes continuent d’avoir le comportement qu’elles ont par tranches d’âge en 2016 ». Cela ne veut rien dire de l’accroissement naturel (naissance – décès) qui est en 2016 de presque 200 000 personnes en plus, soit à peu près le même chiffre depuis les années 1970 (182 000 en 1976), soit 8 millions de personnes (hors solde migratoire) en plus en quarante ans.

Le sujet démographique ne semble pas prioritaire en France. Mais est-ce à l’opinion publique actuelle de dicter son programme ou un présidentiable doit-il éclairer les citoyens sur les conditions d’un avenir durable ? LE MONDE du 18 janvier portait d’ailleurs un jugement politique : « L’exception française (une fécondité qui reste forte) est une fierté nationale et les politiques s’en emparent. François Fillon reproche à la gauche le matraquage dont ont été victimes les familles nombreuse, « le renouvellement des générations n’est plus assuré. » » Le candidat écolo Yannick Jadot aurait été bien inspiré de s’opposer à cette droite nataliste. Il aurait pu dire que le maintien de la population française à son chiffre actuel, 66,9 millions d’habitants, ne veut rien dire sur ce qu’est une population optimum et la capacité de charge d’un pays. Des indicateurs comme notre taux de chômage ou nos formes de stérilisation des terres montrent sans doute que notre pays est déjà surpeuplé.

– C’est un truc, faire moins d’enfants, pas facile à expliquer dans les médias. Les mass médias fonctionnent sur le mode de la société du spectacle. Or montrer aux citoyens que l’écologie, c’est aussi vouloir un équilibre entre notre démographie et notre sécurité alimentaire, entre notre démographie et le nombre d’emplois à créer, entre notre démographie et l’empreinte écologique… peut marquer les esprits.

– Comment expliquer ce que l’Afrique doit faire sans avoir l’air néo-colonialistes ? Comment justifier des politiques d’aides au développement tournées vers le planning familial ? Le projet présidentiel de René Dumont en 1974 était clair, il faut d’abord que la France montre l’exemple : « Il faut réagir contre la surpopulation. En Inde surpeuplée certes, mais surtout chez les riches : 500 fois plus d’énergie consommée par tête à New York que chez le paysan indien. Ce qui remet en cause toutes les formes d’encouragement à la natalité, chez nous en France. » D’autre part, nous savons comment faire au niveau mondial : la technique la plus efficace et éprouvée partout est de donner accès à la contraception aux femmes en leur rendant visite chaque trimestre dans leur village… Même dans un pays en ruine, dès qu’on s’occupe des femmes, qu’on leur donne le choix, les résultats sont là. Un planning familial passe surtout par la libération de la femme, on est loin du néo-colonialisme. Il nn s’agit pas de « supprimer des gens » volontairement, mais si nous ne maîtrisons pas la fécondité se concrétise le diagnostic de Malthus, guerres, malnutritions et émigration alors que la planète est déjà saturée d’humains et en très mauvais état !

Pour en savoir plus, « Moins nombreux, plus heureux » aux éditions Sang de la Terre

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