énergie

post-Covid, une société sans pétrole ?

L’éditorial du MONDE titre : « Après la crise, sortir de notre addiction au pétrole. » Il s’intéresse au conjoncturel, le contre-choc pétrolier, une baisse du prix du baril manigancé politiquement par la Russie et l’Arabie saoudite. Il s’intéresse à la baisse de la demande qui risque d’être durable confinement oblige, et qui accentuera un cours à la baisse de l’or noir. Pourtant l’éditorial constate que le climat exige une diminution de la consommation de pétrole… mais il ne dit pas que le prix du baril doit augmenter ! Il se contente de miser sur l’UE pour se libérer de la dépendance vis-à-vis des Etats producteurs de pétrole. Et la recette donnée est traditionnelle, un « gigantesque plan de relance » dans les énergies renouvelables. Les commentateurs sur lemonde.fr soulignent la faiblesse de cette analyse :

Rabino : Cet Edito aurait été plus intéressant si le journaliste avait amorcé les pistes pour y parvenir. Comment réduire le transport aérien ? Réduire la vitesse des cargos genre 12 nœuds au lieu de 20 nœuds ? Limiter la vitesse des voitures et des camions sur route et autoroutes. Etc…

Bleck le Rock : Il est fantaisiste d’envisager que l’UE soit une solution d’avenir pour quoique ce soit. L’UE vient de mourir du virus devant nos yeux avant de passer en réanimation, faute à sa gestion uniquement mercantile. Le Job du prochain gouvernement de salut public que nous allons porter au pouvoir dans les plus bref délais, relocalisation de nos industries indispensables, indépendance notamment sur la transition énergétique, fin de notre armée coloniale qui va s’occuper de la protection de notre territoire et de nos outremer, il y du boulot.

Maxt 76 : On ne peut pas se passer de pétrole sans politique radicale de sobriété, mais sobriété veut dire diminution de production donc décroissance donc chômage et baisse du pouvoir d achat…Cce qui va finir par arriver puisque le pic pétrolier est passé ; aucune énergie ne peut replacer charbon + pétrole …. les renouvelables sont très polluantes et coûteuses en extraction. Bref: éditorial irréaliste et abstrait. La seule chose qui peut nous permettre de nous passer de pétrole c’est la prochaine pandémie avec un virus qui décimerait 99 % de la population.

Transition_necessaire : Sortir du pétrole (ou du carbone en général, vu qu’il ne s’agit pas de compenser avec du gaz ou pire avec du charbon), ça veut surtout dire consommer moins d’énergie tout court. Le nucléaire au niveau mondial c’est peanuts. Pour consommer beaucoup moins d’énergie, il faut modérer nos besoins, l’aller-retour week-end en low cost subventionné, c’est criminel. Et les dizaines de km quotidiens en voiture, ça reste très problématique même en milieu rural). La voiture électrique (nucléaire en France?) ne peut pas être la solution ultime.

Sur notre blog biosphere, nous allons beaucoup plus loin en parlant non seulement de taxe carbone, mais encore mieux de carte carbone :

12 février 2019, Yves Cochet : carte carbone mieux que taxe carbone

26 octobre 2018, Fiscalité carbone inepte, carte carbone inéluctable

26 août 2015, carte carbone, des quotas individuels de CO2

27 mars 2013, facture énergétique, bientôt la carte carbone !

9 septembre 2010, Sarkozy a-t-il pensé à la carte carbone ?

13 septembre 2009, après la taxe, la carte carbone

10 avril 2009, carte carbone ou taxe ?

5 janvier 2009, carte carbone

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Les anti-éoliens sont-ils des écologistes ?

Des listes « citoyenne » anti-éolien pour les municipales, il y en a : « Construire des éoliennes devant le Canigou, c’est comme construire des éoliennes devant Notre-Dame de Paris ! »… « Nous partons d’une émotion, la colère, contre ces ventilateurs pourris devant le point culminant emblématique de notre département] ! »… « Notre engagement premier, c’est l’opposition à l’installation des éoliennes »… « concertation, communication, implication ». Les anti-anti-éoliens s’exclament : « Il y a ceux qui ont la lumière et il y a ceux qui ne l’auront pas ! »*. Emmanuel Macron constatait le 14 janvier que le consensus autour de l’éolien est en train de nettement s’affaiblir dans notre pays. La ministre de l’écologie, Elisabeth Borne, déplore récemment « le développement anarchique » de l’éolien. Pas beaucoup de vision d’envergure chez nos dirigeants, heureusement les commentateurs sur lemonde.fr mettent les pieds dans le vent :

Bernard l. : Je sais que ma proposition est caricaturale mais c’est quand même un peu le fond du problème. Au lieu de se prononcer pour ou contre les éoliennes, ces personnes devraient se prononcer pour les éoliennes OU pour une centrale nucléaire OU pour les Pyrénées Orientales premier département à délester quand il y a déficit de production.

VincentB : Des éoliennes ? Oui, mais pas chez moi. L’intérêt individuel prime sur le collectif. Qui imagine que l’arrêt du massacre climatique actuel se fera sans mal ? Accepter la vue de quelques moulins à vent, auxquels on ne fera plus attention dans dix ans, n’est pas le plus gros sacrifice.

D accord : Au final, même l’homme de Cromagnon n’aurait pas grâce à leurs yeux, donc bon au bout d’un moment il faut se faire à l’idée que même quand une marmotte creuse son trou, elle rejette les pierres et la terre à l’extérieur de son terrier. Quant aux néo-ruraux à la recherche d’une carte postale passéiste, faut se faire à l’idée que la campagne n’est plus forcément celle de Pagnol.

Timshel : Avez vous vu, sur la photo du MONDE, le paysage complètement défiguré par les piquets de vignes au premier plan ?

Lorgnette : Habitant de l’Occitanie, moi le spectacle des éoliennes me ravit, et quand au bruit, soyons sérieux : il faut être juste dessous pour les entendre tourner. L’intérêt général contre l’intérêt particulier est plus que jamais au centre de l’actualité dans ce pays. Pendant ce temps, l’Espagne a couvert ses montagnes d’éoliennes et elles produisent une part significative de leur électricité. Erreur en deçà des Pyrénées, vérité au delà ?

Airain : Vivant dans la région où il y a le plus d’éoliennes, je ne trouve pas ça moche, pas plus que les milliers de pylônes HT qui transportent l’électricité issue des centrales nucléaires…

Anti-septique : Bon, c’est pas compliqué, si on construit une éolienne gigantesque près de votre maison, elle ne vaut plus rien. Il vous sera impossible de la revendre. Donc vous êtes contre, sans autre possibilité. Si vous n’êtes pas propriétaire d’une maison à proximité, vous pouvez pensez autrement…

Blaise : Ces crispations autour des éoliennes, c’est un peu comme les gilets jaunes qui se disent écolos. D’un coup les gens se sentent investis d’une mission pour combattre des moulins a vent (ou une hausse du prix de l’essence) mais, si on leur demande, je suis sûr que la majorité veut lutter contre le changement climatique. Juste ils ne veulent pas en payer le prix.

Pm42 : Je croyais que c’était les méchants politiques qui ne font rien pour l’écologie alors que la population elle, est prête à suivre Greta Thunberg dans sa sainte croisade. Mais donc, pas d’énergies fossiles parce que ce n’est pas bon pour le climat, pas de nucléaire parce que Greenpeace n’aime pas, pas d’éoliennes à cause des listes citoyennes, quel futur pour la démocratie ?

Pierre le Petit : Il y a évidemment des arbitrages à faire. Cependant, le principe d’un arbitrage c’est parfois de devoir aller contre certaines opinions. On ne pourra jamais satisfaire tout le monde. Je propose la solution suivante : les territoires qui refuseront obstinément l’installation d’éoliennes pourraient être coupées des centrales nucléaires situées dans les autres régions. A leur charge de construire une centrale sur leur sol :-).

30 mai 2018,Tout savoir sur les anti-éoliens… et même plus

4 avril 2009, éoliennes et paysage

* LE MONDE du 25 janvier 2020, Municipales : l’opposition aux éoliennes, ces « ventilateurs pourris », pousse à faire de la politique dans les Pyrénées-Orientales

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World Energy Outlook, l’avenir énergétique !

World Energy Outlook, rapport annuel de l’Agence internationale de l’énergie (AIE – 13 novembre 2019), rien de nouveau sous le soleil ! On croit encore que les panneaux solaires et les éoliennes permettront de produire des énergies « propres » ; les risques qu’encourent les installations utilisant de l’énergie fossile sont exposées aux attaques terroristes ; une forte variation des températures favorise l’usage de la climatisation (« les décideurs devront anticiper ces aléas grâce aux technologies qui permettent de le faire ») ; les États-Unis continuent d’inonder les marchés mondiaux de gaz de schiste, mais nous serons toujours dépendants de l’approvisionnement en pétrole du Moyen-Orient ; le continent africain va connaître une hausse très importante de ses besoins énergétiques, la croissance démographique alimentera le recours à des appareils énergivores tels que les climatiseurs.

Donc rien dans le WEO sur la nécessaire réduction de nos besoins en énergie, rien sur le fait qu’il faudrait laisser la majorité des ressources fossiles connes sous terre pour lutter contre le réchauffement climatique, rien sur le coût financier et environnemental de la fracturation hydraulique, rien sur l’incapacité de la technologie à faire face aux crises ; rien sur l’imbécillité du recours aux climatiseurs, et bien sûr rien sur l’urgence de réguler la fécondité humaine, et ce pas seulement en Afrique ! On prend pour acquis le prolongement des tendances actuelles, l’action volontariste est complètement absente de ce énième rapport. Nos articles antérieurs sur ce blog biosphere :

World Energy Outlook 2013, Fatih Birol, prévisionniste déjanté d’un infini pétrole

World Energy Outlook 2011, Le quadruplement du prix du baril, une bonne nouvelle

World Energy Outlook 2010, L’AIE, une officine des basses œuvres pétrolières

World Energy Outlook 2007, en panne d’énergie

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EDF et le scénario « 100 % renouvelables »

Octobre 2019 : « Il est clair que la France se prépare à construire de nouvelles centrales nucléaires » (Jean-Bernard Lévy, PDG d’EDF)

10 novembre 2019, « J’invite Jean-Bernard Lévy à intégrer le scénario sur lequel travaille le gouvernement, 100 % renouvelables. L’énergie nucléaire n’émet pas de gaz à effet de serre, c’est un plus mais ça produit des déchets, on en a pour des centaines de milliers d’années, c’est un moins. Il se trouve que la politique énergétique, c’est plutôt le gouvernement et en particulier la ministre en charge de l’énergie que je suis qui doit la définir. » (Elisabeth Borne, ministre de l’écologie)

note interne d’EDF : « L’appropriation du message concernant les intérêts du nucléaire dans un mix électrique décarboné semble progresser dans l’opinion (vu l’urgence climatique). Avec l’objectif d’atteindre la neutralité carbone en 2050, les arguments mettant en avant le nucléaire s’en trouvent renforcés. »

FredM : Pas facile de vendre à l’opinion une énergie sale, dangereuse et désormais de 3 à 4 fois plus chère que les énergies renouvelables (et l’écart va continuer à se creuser rapidement). Nous pouvons faire comprendre à EDF que nous ne voulons plus de ses cocottes minutes infernales : en se désabonnant d’EDF au profit de n’importe quel autre opérateur mais idéalement au profit d’un opérateur d’ENR tels que ceux recommandés par Greenpeace par exemple. Ça se fait en quelques clics et ça fait un bien fou de se dire que l’on ne subventionne plus le dernier lobbyiste de cette énergie du passé.

Orion : Pour calculer les émissions de CO2, la méthode de référence reste l’Analyse de Cycle de Vie (ACV) qui fait l’objet d’un consensus scientifique international. Avec l’hydro-électricité, l’énergie nucléaire fait partie des énergies les moins émettrices en CO2 en moyenne sur l’ensemble de son cycle de vie, si on la compare aux autres filières de production. Selon le GIEC, l’impact carbone de la filière nucléaire au niveau mondial, est en moyenne de 12gCO2/kWh sur l’ensemble de son cycle de vie. Ce qui est très faible. Pour comparer, voici les données de l’impact carbone de différentes énergies : éolien : 10 gCO2/kWh – solaire : 32 gCO2/kWh – gaz : 443 gCO2/kWh – fioul : 778 gCO2/kWh – charbon : 1050 gCO2/kWh (source : Commission nationale du débat public sur la base des données du GIEC)

Biosphere : le problème du débat nucléocrates / anti-nucléaires, c’est qu’on envisage toujours un aspect particulier du débat et pas son ensemble. Pour avoir une vision complète des arguments en présence, consultez le lien ci-dessous tout en se rappelant que la meilleure source d’énergie est celle que nous ne consommons pas (sauf si elle vient de notre propre corps).

BIOSPHERE-INFO, tout savoir sur le nucléaire

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Ecolomaniak pour un retour à la bougie

Je me souviens de ce jour d’octobre où notre vie de famille a basculé : plus de courant électrique et la nuit était déjà là. Comment préparer le dîner alors que toutes les plaques sont électriques. Comment s’éclairer ? Nous avons fait un retour remarquable à la bougie : repas froid sous la pâle lueur des candélabres de fortune. Heureusement nous avions le poêle à bois, nous pouvions encore nous chauffer. Les enfants étaient ravis, cela changeait les habitudes, même s’il a fallu se coucher très tôt. Mais quelle hantise, tous les produits dans le congélateur allaient défunter. Et nous n’avions pas de voiture électrique ! Si la panne de courant perdurait, il aurait fallu ressortir la cuisinière au bois qui dort dans une grange.

(Mal)heureusement nous sommes encore en France dans une société avec de grands moyens ; la panne, locale, d’un transformateur ne nous a coupé des centrales nucléaires que pendant quatre heures. Mais imaginez l’avenir sans électricité ? Nos vies sont de plus en plus électriques alors qu’il faut fabriquer cette énergie, qu’il faut supprimer les centrales à charbon ou à gaz, que le nucléaire est en fin de vie et que les énergies renouvelables ne seront jamais à la hauteur de nos besoins actuels. Alors reste le seul remède, réduire ses besoins, retrouver les recettes d’une société qui ne connaissait pas l’électricité.

C’est pourquoi je suis un écolomaniak, obsédé par les économies d’électricité. Je monte toujours les escaliers alors que l’escalator est à ma disposition. Je râle quand la porte du magasin s’ouvre automatiquement devant moi alors qu’il est si simple d’ouvrir soi-même une porte. Je suis ulcéré par le presse citron électrique qui tourne l’orange à notre place et nous empêche d‘exercer notre poignet. Je regarde avec découragement l’empressement des convives autour des dosettes d’une machine à café à mille lieux électriques de la bouilloire antique, je ne bois plus de café. Je suis effaré par l’inconscience d’une société qui s’acharne à nous faire passer au tout électrique, à la numérisation de la planète. Les grandes pannes d’électricité de l’avenir vont nous laisser désemparés… avec le retour à la bougie !

NB : si vous voulez nous raconter une histoire d’écolomaniak, envoyez votre prestation à biosphere@ouvaton.org, merci. (environ 2000 caractères)

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Les 8 apocalypses climatiques selon DWW

Le réchauffement climatique menace l’humanité par une série de cataclysmes en cascade, telle est en tout cas la conclusion de la très riche enquête de David Wallace-Wells, du New York Magazine. Dans cet article, le journaliste égrène froidement les faits et les menaces, répertoriés en huit catégories d’apocalypses potentielles.

1. La grande submersion : « La plupart des gens parlent de Miami ou du Bangladesh comme s’ils avaient encore une chance de survivre mais la plupart des scientifiques avec lesquels j’ai échangé assurent que nous perdrons ces régions dans le courant du siècle. Même si on arrête de brûler des combustibles fossiles dans les dix ans à venir. » Première conséquence du réchauffement climatique, la montée des eaux (fonte des glaciers et dilatation thermique des océans), est le premier cataclysme que nous devrons surmonter.

2. Une chaleur mortelle : « Vous avez peur de la montée des eaux mais cela occulte les autres menaces. Fuir les côtes ne suffira pas. » L’auteur explique que la chaleur de l’air sera elle-même extrêmement délétère pour l’être humain.« Au Costa Rica, ou l’humidité est de 90%, se promener dehors par plus de 40°C pourrait déjà être mortel. En quelques heures à peine, le corps humain serait mortellement cuit. »

3. La famine mondiale : Il y a certes des variations suivant les cultures et les climats, mais la règle générale pour les céréales poussant actuellement à leur rendement optimal est que « chaque degré de réchauffement supplémentaire diminue les rendements agricoles de 10 %. Certaines estimations montent à 15 ou 17 %. » Avec un réchauffement de 5°C à la fin du siècle, l’équation cauchemardesque serait donc : comment nourrir une population 50 % plus nombreuse avec 50 % de céréales en moins ?

4. Les pestes climatiques : « Qu’arrivera-t-il quand la peste bubonique congelée sera libérée ? »… « Notre système immunitaire, s’il venait à rencontrer ces pestes préhistoriques, n’aurait absolument aucune idée de comment réagir pour s’en protéger »… « En Alaska, des chercheurs ont déjà trouvé des traces de la grippe espagnole de 1918, qui avait infecté 500 millions de personnes et en avait tué 100 millions, soit 5 % de la population mondiale. »

5. L’air irrespirable : Le CO2 ne se contente pas de réchauffer l’atmosphère, il en change aussi par définition la composition. Or, l’air que nous respirons a un impact sur notre santé, da façon parfois inattendue. Si la teneur en carbone monte à 1 000 ppm en 2100, l’auteur assure qu’« un tel air pourrait baisser les capacités cognitives humaines de 21 % ».

6. La guerre perpétuelle : La sécheresse fait partie des facteurs d’instabilité sociale ayant conduit à la guerre civile en Syrie. Le journaliste américain cite une vaste étude de Marshall Burke et Solomon Hsiang qui relève, au-delà des particularismes et conjonctures locaux, une corrélation entre violence et température : pour chaque demi-degré supplémentaire, les sociétés verraient augmenter de 10 à 20 % la probabilité d’un conflit armé.

7. L’effondrement économique : le journaliste signale que chaque degré de réchauffement pourrait coûter 1,2 point de PIB. Plus généralement, les chercheurs ont calculé comme projection médiane une perte de 23 % des revenus par personne à la fin du siècle, due aux différentes conséquences du changement climatique (agriculture, violences, tempêtes, énergie, mortalité, etc.). David Wallace-Wells suggère que le principe même de croissance est intrinsèquement lié à l’exploitation des énergies fossiles, et voué à s’interrompre avec la fin de celles-ci. « Avant les énergies fossiles, personne ne vivait jamais mieux que ses parents. »

8. Les océans empoisonnés : Plus du tiers du carbone est absorbé par les océans. Les effets secondaires sont terribles : acidification des océans, blanchiment et mort des coraux, qui « supportent le quart de la vie marine et nourrissent directement un demi milliard de personnes ». L’absorption du carbone peut déclencher un cercle vicieux : la sous-oxygénation de l’eau entraîne le grand développement de bactéries qui diminuent encore le taux d’oxygène disponible, faisant grossir les « zones mortes » dans les eaux profondes, puis de plus en plus près de la surface.

Conclusion :

– Optimiste :  « nous avons trouvé une voie pour créer une Apocalypse technologique, nous trouverons une voie pour trouver notre salut technologique », assure David Wallace-Wells.

– Pessimiste : Aucune civilisation dans l’univers n’a jamais réussi à se développer sans dérégler son environnement au point de péricliter avant même de pouvoir s’envoler vers d’autres planètes. C’est pour cela que nous n’avons pas encore rencontré d’extra-terrestres !

Source : https://usbeketrica.com/article/changement-climatique-les-8-apocalypses-a-venir

(Usbek & Rica est le média qui explore le futur. Tous les futurs : ceux qui nous font peur et ceux dont on rêve)

Pour approfondir : Climat : les raisons de s’inquiéter sont innombrables (8 décembre 2015)

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+ 7 °C en 2100 ou krach pétrolier en 2020 ?

On les appelle les jumeaux hydrocarbures, pic pétrolier et rupture climatique. L’un est indissociable de l’autre. Brûler du pétrole réchauffe la planète, mais le pétrole est en voie de raréfaction. Qui gagnera la course à à l’abîme ? Pour le sixième rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC), les scientifiques Français prédisent une augmentation continue de la température moyenne du globe au moins jusqu’en 2040, pour atteindre environ 2 °C, quelle que soit l’évolution des émissions de gaz à effet de serre – en raison de l’inertie du système climatique. Dans le pire des scénarios, celui d’une croissance économique rapide alimentée par des énergies fossiles, le thermomètre grimpera en moyenne de 6,5 °C à 7 °C en 2100. Le thermomètre a pour l’instant grimpé de 1 °C par rapport à l’ère préindustrielle, convoyant déjà un lot de catastrophes (ouragans plus intenses, sécheresses plus longues, etc).

Du côté pétrole, un récent rapport propose de redonner vie à la taxe carbone. Le Conseil des prélèvements obligatoires (CPO) indique que c’est l’instrument le plus à même de lutter contre le réchauffement climatique : « La fiscalité de carbone vise à inciter les agents économiques à adopter de nouveaux comportements de consommation ou de production. Elle accroît ainsi le prix des carburants et des combustibles fossiles (charbon, gaz naturel, pétrole) afin d’en dissuader l’usage ». Mais le gouvernement préfère renvoyer ce dossier sensible (cf. Gilets jaunes) à la discussion de la convention citoyenne : 150 citoyens tirés au sort pour aborder, d’ici au début de 2020, les questions liées à la mise en œuvre de la transition écologique, puis faire des propositions. Autant dire que beaucoup de carbone va encore s’échapper dans l’atmosphère avant que ces propositions deviennent réalité. Heureusement, nous savons qu’un choc pétrolier intense peut éclater à tout moment, il a suffi aujourd’hui de détruire une toute petite partie du complexe pétrolier d’Arabie Saoudit our mettre les marchés en émois. Une crise géopolitique est toujours possible, nous l’espérons. Moins de pétrole veut dire dire moins de réchauffement climatique ! Pour conclure sur la diversité des points de vue sur lemonde.fr :

Toto le Rigolo : Dans 80 ans l’Homme vivra plus longtemps, en meilleure santé et aura plus de loisirs. Nous aurons des sources d’énergie gigantesques et décarbonnées, peut être grâce à la fusion nucléaire. Nous serons plus que jamais les maîtres de la terre et peut-être même du système solaire.

Dominique Greusard : Il était une fois une planète lumineuse et verdoyante. Un jour y apparut un peuple d’homo demens avide, sûrs de son intelligence et dominateurs ; il voulait être le maître du monde et faisait autant d’enfants qu’il pouvait pour cela. Sujet à une boulimie sans frein, il boulottait les végétaux et même les forêts, mangeait de la viande à tous les repas, perforait la terre pour y prendre tous ses trésors et en faire des gadgets. Imbu de sa supériorité, ils régna sans partage, éliminant toute biodiversité par ses monocultures dévastatrices et ses bâtiments qui poussaient bien plus vite que des champignons… Il advint qu’un jour, leur puissance inaltérable s’effondra : en un tournemain, leurs ressources fondirent et cette espèce animale disparut de la création. Cafards et méduses prirent la place laissée vacante. Si on vous dit qu’une météorite venue d’ailleurs les a anéantis, n’en croyez rien : elle n’a donné à leur château de cartes que la pichenette qui le fit écrouler. Les humains ne sont morts que de leur appétit dévorant, de leur arrogance et des méfaits infligés à la planète dont ils es croyaient propriétaires.

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Bientôt le choc pétrolier ultime ?

Le monde est un baril de pétrole qui ne demande qu’à s’enflammer. Qui aurait dit en septembre 1972 que le prix du bail allait quadrupler au cours de l’année 1973, entraînant pour les années suivantes stagnation de l’activité économique et inflation (stagflation) ? Aujourd’hui il suffit d’une attaque de drones contre des installation pétrolière en Arabie saoudite pour que s’envolent les cours. Le cours du brent est monté de 10 % à 66 dollars le baril le lundi 16 septembre 2019. Les attaques de hier ont réduit de plus de la moitié la production saoudienne, qui perd ainsi 5,7 millions de barils par jour – ce qui correspond à environ 5 % de l’offre mondiale. C’est la plus soudaine baisse de production de l’histoire du pétrole, plus encore que lors de la première guerre du Golfe. La crainte d’un conflit plus important au Proche-Orient est omniprésente. « Cette attaque est le “Big One”] », lançait ainsi le Wall Street Journal, en référence au surnom donné à un tremblement de terre dévastateur.

Le premier choc pétrolier de 1974 a été suivi d’un second en 1979, toujours pour des considérations géopolitiques : guerre du Kippour entre Israël et l’Égypte, puis arrivé de Khomeiny au pouvoir en Iran. La découverte de pétrole dans les pays hors OPEP avait entraîne un contre-choc dans les années 1986, aujourd’hui nous n’avons plus d’alternatives possibles. Le marché de l’or noir ne considère que le très court terme, et du moment que l’offre égale la demande, le prix reste faible. Par contre à moyen terme les réserves de combustibles fossiles se feront beaucoup plus réduites, nous approchons du choc pétrolier ultime, le moment où les traders considérerons que le prix de l’essence, du gas-oil, du fuel et du kérosène ne peut qu’augmenter par disparition de la ressource. Notons d’ailleurs que l’augmentation actuelle du baril est insuffisante pour les Américains, dont le coût d’extraction du pétrole de schiste approche les 80 dollars le baril, laissant le secteur lourdement déficitaire.

Le réchauffement climatique a occulté le pic pétrolier, l’actualité nous renvoi brutalement aux fondamentaux. Les importations de pétrole constituent 5 % de nos importations, mais permettent 95 % de notre PIB. Sans énergie, nos systèmes économiques complexes s’effondrent. Rappelons ce qu’écrivait un spécialiste de l’automobile en 1979, JA Grégoire : « L’observateur ne peut manquer d’être angoissé par le contraste entre l’insouciance de l’homme et la gravité des épreuves qui le guette. Comme le gouvernement crie au feu d’une voix rassurante et qu’on n’aperçoit pas d’incendie, personne n’y croit. Jusqu’au jour où la baraque flambera. Comment l’automobiliste pourrait-il admettre la pénurie lorsqu’il voit l’essence couler à flot dans les pompes et lorsqu’il s’agglutine à chaque congé dans des encombrements imbéciles ? Cette situation me paraît beaucoup plus inquiétante encore que celle des Français en 1938. Ceux qui acceptaient de regarder les choses en face apercevaient au-delà des frontières la lueur des torches illuminant les manifestations wagnériennes, ils entendaient les bruits de bottes rythmant les hurlements hystériques du Führer. Tous les autres refusaient de voir et d’entendre. On se souvient de notre réveil en 1940 ! » (Vivre sans pétrole)

Vivre sans pétrole sera le challenge du XXIe siècle, lire notre biosphere-Info :

16 mars 2016, BIOSPHERE-INFO, bientôt la crise pétrolière ultime

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Astrid, l’enfant mort-né du nucléaire

Le projet de réacteur à neutrons rapides (RNR) Astrid est abandonné par son père, le Commissariat à l’énergie atomique (CEA). D’après la Cour des comptes, près de 738 millions d’euros avaient été investis dans ce plan à fin 2017, dont près de 500 millions proviennent du grand emprunt du Programme d’investissements d’avenir. Le réacteur Superphénix de Creys-Malville (Isère), fermé en 1997 sur décision du gouvernement Jospin, s’appuyait déjà sur ce concept. L’objectif de cette « quatrième génération » était d’utiliser l’uranium appauvri et le plutonium comme combustibles, autrement dit de réutiliser les matières radioactives issues de la production d’électricité du parc nucléaire actuel et en grande partie stockées sur le site de la Hague (Manche). Astrid était censé, non seulement transformer en combustible des matières aujourd’hui inutilisées, mais aussi réduire de manière importante la quantité de déchets nucléaires à vie longue.

Astrid, acronyme de l’anglais Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial Demonstration, était un projet de prototype de réacteur rapide qui devait être construit sur le site nucléaire de Marcoule, dans le Gard. Astrid aurait fonctionné avec un cœur à neutrons rapides refroidi au sodium. Pas de quoi tomber amoureux, elle aurait ressemblé tellement à son grand frère de Creys-Malville, Superphénix ! Quel démantèlement pour Superphénix ? Les 5500 tonnes de sodium, dont la majorité est irradiée, sont encore loin d’être traités. Les ateliers nécessaires n’avaient pas été prévus à la construction de la centrale ! Le sodium primaire est donc maintenu à la température de 180 °C pour rester à l’état liquide. Or le sodium liquide s’enflamme au contact de l’air et explose au contact de l’eau. Pour connaître un emballement du cœur d’un tel réacteur, il suffit d’une fuite de sodium peut provoquer la catastrophe. L’explosion atomique dans un surgénérateur porte le nom rassurant d’« excursion nucléaire ». Nous préférons les excursions amoureuses.

Cet abandon prévisible d’Astrid soulève deux questions capitales pour l’avenir de la filière nucléaire hexagonale*. La première est celle des quantités importantes d’uranium appauvri et de plutonium dont dispose le pays. Jusqu’à présent, elles sont considérées comme des « matières radioactives », puisqu’elles pourraient en théorie être réutilisées dans un réacteur à neutrons rapides. Mais si cette filière était abandonnée, ces matières risqueraient de rentrer dans la catégorie des « déchets », pour lesquels aucune solution n’est prévue. Plus encore, pour le groupe Orano, (ex-Areva) spécialisé dans le recyclage des combustibles usés, ils représentent une manne économique potentielle qui perdrait toute valeur.Le renoncement à Astrid pose aussi un problème plus fondamental pour la filière. La troisième génération, celle de l’EPR, n’a pas encore réellement vu le jour, embourbée dans le chantier cauchemardesque de Flamanville (Manche). Le réacteur ne devrait pas être mis sur le réseau avant fin 2022, au mieux. Sans garantie sur la troisième génération de réacteurs, et sans recherche sur la quatrième, le nucléaire français pourrait voir son avenir s’assombrir encore un peu plus.

Nos articles précédents sur ce blog biosphere :

17 mars 2019, Nucléaire, des risques sans alternative nucléaire

27 avril 2016, Le démantèlement super-compliqué de Superphénix

3 juillet 2012, ASTRID, une belle salope adorée des politiques

16 novembre 2010, Astrid, une belle salope…

* LE MONDE du 30 août 2019, Nucléaire : la France abandonne la quatrième génération de réacteurs

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BIOSPHERE-INFO, tout savoir sur le nucléaire

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sortie du nucléaire, 4 articles sur l’essentiel à savoir

24 mars 2019, Le nucléaire, inacceptable dans un pays démocratique

18 mars 2019, Le nucléaire, on n’en a ni les moyens, ni le besoin

17 mars 2019, Nucléaire, des risques sans alternative nucléaire

16 mars 2019, Le nucléaire a-t-il un avenir ? Certainement pas !

(une analyse du cycle de vie = de la construction aux déchets)

Articles antérieurs sur notre blog biosphere

25 mars 2009, Nucléaire, danger immédiat !

3 février 2019, La crise mondiale des déchets nucléaires

25 novembre 2018, Protéger l’emploi, dans le nucléaire ou l’agriculture ?

14 novembre 2018, Déchets nucléaires : ça commence à cogner à Bure

2 juin 2018, Violer une centrale nucléaire, une très bonne action ?

1er juin 2018, BIOSPHERE-INFO, le débat sur les déchets nucléaires

24 mai 2017, Sortir du nucléaire va demander des efforts aux Suisses

17 avril 2017, Les présidentiables et leur avis sur le nucléaire civil

25 mars 2016, Un impossible démantèlement des centrales nucléaires

12 février 2014, Diminution du nucléaire veut dire pour Hollande maintien !

14 avril 2013, Nucléaire, une nécessité pour éviter des morts ?

29 mars 2013, Nucléaire, scénario catastrophe ou apocalypse vraie ?

8 février 2013, Des déchets nucléaires enfouis à Bure pour l’éternité…

8 décembre 2012, L’EPR et l’électronucléaire n’ont aucun avenir (Philippe Lebreton)

13 novembre 2012, la conférence sur l’énergie, version nucléaire avec Batho

26 juillet 2012, Contradictions du parti socialiste sur le nucléaire (congrès du PS)

15 mai 2012, Pic de l’uranium, la fin du nucléaire

6 janvier 2012, EDF, CGT, ministres…, des menteurs au service du nucléaire

7 décembre 2011, Greenpeace attaque des centrales nucléaires

18 novembre 2011, Sortir du MOX, sortir du nucléaire

15 novembre 2011, HOLLANDE et SARKOZY, main dans la main nucléaire

23 juillet 2011, les socialistes sont pro-nucléaires (René Hamm)

24 juin 2011, pourquoi et comment sortir du nucléaire (Yves Cochet)

18 avril 2011, Nicolas Hulot devient antinucléaire

1er avril 2011, Laurent Samuel et l’information nucléaire

23 mars 2011, CGT, pronucléaire ! L’aliénation syndicale…

20 juin 2010, démocratie nucléaire à la suédoise !

17 décembre 2007, plaisanterie nucléaire (Louis Armand en 1957)

Notre plus vieux numéro de Biosphere-Info sur le nucléaire (24 octobre 2005)

Biosphere-hebdo numéro 8, spécial nucléaire

Les sociétés humaines sont plus ou moins bien adaptées au milieu environnant, la société thermo-industrielle est la moins durable car elle détruit les écosystèmes. Pour un membre de Biosphere (association loi-1901 dont l’objectif est de défendre les intérêts de la Biosphère), il faut donc dénoncer avec force cette société de prédateurs. Voici quelques analyses de ce qu’il paraissait important à dire cette semaine sur les événements du monde des humains et des non-humains : 

23.10.2005 Nobel nucléaire

L’agence Internationale de l’énergie atomique (AIEA) met autant d’ardeur dans sa croisade contre la prolifération des bombes atomiques que de vivacité à vanter les mérites de l’atome « propre ». Pourtant cet organisme a reçu le prix Nobel de la paix 2005 pour récompenser ses « efforts visant à empêcher que l’énergie nucléaire soit utilisée à des fins militaires ». Pourtant tout réacteur civil est une source de dissémination de matériels fissiles, délice des terroristes amateurs. Pourtant la volonté affichée par l’AIEA de ne pas tolérer l’émergence de nouveaux pays nucléaires n’empêche pas les cinq puissances nucléaires officielles de choyer ses armes de destruction massive et les officieux (Israël, Inde et Pakistan) de conserver quelques bombes. L’Iran, sur lequel l’AIEA enquête depuis trois ans, estime de son côté que l’attribution du Nobel est une décision politique dirigée contre son programme nucléaire national (et civil ?) ».

La Biosphère constate que les humains aiment faire joujou avec des jouets de plus en plus dangereux pour tout le monde, humains et non humains, et préfèrent donner des médailles à ceux qui fabriquent, utilisent ou « contrôlent » ces jouets. Pourtant le Nobel aurait été beaucoup plus symbolique s’il avait été décerné aux rescapés des explosions atomiques des 6 et 9 août 1945, il y a maintenant 60 ans.

23.10.2005 Des déchets nucléaires pour les générations futures

Pour F.Loos, ministre délégué à l’industrie, un projet de loi sur les déchets nucléaires sera examiné par le Parlement dès le 2ème trimestre 2006. Selon lui, la faisabilité du stockage réversible en couche géologique profonde est établie et il attend une unanimité parlementaire sur cette question comme lors de la loi Bataille du 30 décembre 1991 : celle-ci prévoyait de ne pas discuter des déchets puisqu’on en reparlerait 15 ans après, en 2006 donc ! Contre cet optimisme béat, il faut noter que l’entreposage de longue durée en surface ne pourra être poursuivi très longtemps d’une part, que séparation et transmutation nécessitent encore quelques décennies de recherche pour un résultat incertain d’autre part. Reste l’enfouissement dans de l’argile à Bure, site dont l’évaluation officielle n’est pas encore terminée… Alors le gouvernement cache son impuissance derrière un prétendu « débat public » qui a débuté en septembre 2005 pour s’achever le 13 janvier 2006. Dans ce contexte défavorable à la poursuite du nucléaire civil, EDF et le gouvernement ont pourtant décidé de la prochaine construction d’un réacteur EPR : le lobbying pro-nucléaire continue d’imposer ses choix « réalistes » qui vont aggraver un niveau de radiation perturbateur de la vie terrestre pendant des siècles et des siècles.

Alors que la question des déchets nucléaires n’est pas encore résolue, la Biosphère juge cette attitude irresponsable.

22.10.2005 La fin du nucléaire militaire ?

Le président iranien M. Ahmadinejad s’exprimait en septembre dernier devant l’Assemblé générale des Etats-Unis. Le fait qu’il soit le premier président laïc depuis un quart de siècle ne l’a pas empêché de dire des énormités du genre « L’énergie nucléaire est un don de Dieu » ou « Notre religion nous interdit d’avoir des armes nucléaires ». Il n’empêche que c’est la première fois qu’on disait aux grandes puissances de ce monde qu’elles exagéraient : « L’ironie de la situation et que ceux qui ont utilisé des armes nucléaires, qui continuent à en produire et à en accumuler, qui ont utilisé des bombes à uranium appauvri contre des centaines de milliers d’Irakiens, que ceux qui n’ont pas signé le traité d’interdiction complète des essais nucléaires et qui ont armé le régime sioniste en armes de destructions massive s’efforcent d’empêcher les autre pays d’acquérir la technologie pour pouvoir produire de l’énergie nucléaire ». Pourtant, même si l’Iran se propose de revendre le combustible nucléaire 30 % moins cher que le prix imposé par les grandes puissances, Dieu n’exprime rien car il n’est que le paravent de la bêtise humaine.

La Biosphère constate que les plus riches veulent imposer leur loi aux autres pays, mais seul un miracle peut combattre cet état de fait quand les pays pauvres désirent la même chose que les pays riches. Pour donner au monde l’envie d’un désarmement nucléaire complet, à la fois militaire et civil, n’y a-t-il que l’attente du miracle, un attentat terroriste de type nucléaire ?

21.10.2005 Relance du nucléaire ?

La groupe français Areva a créé une société commune avec la compagnie d’électricité américaine Constellation dans le but explicite de construire aux USA quatre réacteurs nucléaire EPR. Depuis 1978, aucune tranche n’avait été commandé aux USA. En effet l’opinion publique avait été marquée par l’accident dans la centrale de Three Mile Island (Pennsylvanie) en mars 1979 et par la catastrophe de Tchernobyl en avril 1986. De toute façon le pays possède déjà un parc de 104 réacteur assurant 21 % de sa production électrique, mais G.Bush veut maintenant aller au-delà et plaide : « Plus d’énergie nucléaire rendra notre nation plus sûre et moins polluante. Il est temps pour ce pays de commencer à nouveau à construire des centrales nucléaires (discours du 22 juin 2005) ».

La Biosphère sait qu’il faut des centaines d’années de réajustements itératifs pour trouver un équilibre précaire dans un écosystème, pourtant les humains croient qu’ils peuvent tout faire dans l’immédiat alors qu’ils ont très peu de réserves d’uranium et que le problème des déchets nucléaires n’est pas encore résolu !

20.10.2005 Criirad (commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité)

En France, la dernière mine d’uranium a fermé ses portes en 2001. L’extraction de ce minerai consiste à remonter en surface des millions de tonnes de roche, par exemple 57 millions de tonnes rien que pour le Limousin. Ces roches sont systématiquement triées au compteur Geiger pour les mettre de côté quand la teneur en uranium est faible. Malheureusement la radioactivité de ces « stériles » peut être dix à cent fois plus élevé que celle des sols naturels : en Limousin, 100 fois l’activité moyenne de l’écorce terrestre et 20 fois celle d’un granite. Ces stériles amoncelées en verses posent problème dans la mesure où les eaux de ruissellement se chargent en uranium, à plus forte raison quand elle sont utilisées comme remblais ou même base de loisirs. L’Unscear estimait en 1993 qu’à l’échelle mondiale, l’extraction de l’uranium représentait 47 % de la dose collective de radiations liée à l’ensemble de la filière de production d’énergie électronucléaire.

Ce n’est pas parce qu’on extrait maintenant l’uranium dans des pays éloignés comme le Niger que l’activisme français doit ignorer les risques de l’énergie nucléaire : d’ailleurs dans la Biosphère, il n’y a pas normalement besoin d’électricité !

Courriel : contact@criirad.org

19.10.2005 Sortir du nucléaire (n° 28) fusionnel

Ainsi parlait le physicien et ancien ministre français de l’éducation Cl.Allègre : « Les hommes politiques, fiers, ignorants et naïfs, sont persuadés qu’Iter (International thermonuclear ractor) va leur apporter richesse, prospérité et prestige ! Malheureusement rien de tout cela ne se produira : Iter saignera à blanc les collectivités locales et affaiblira un peu plus le budget de la recherche française. Iter est encore un de ces projets de prestige qui ont, dans le passé, épuisé les finances de notre recherche : ce fut d’abord la télévision haute définition, ensuite la construction du grand accélérateur d’ions lourds, puis les vols habités dans l’espace et enfin, la Station spatiale internationale. Résultats pour la science ? Rien ou presque. Si on sait réaliser la fusion de manière explosive, on ne sait pas la contrôler et, depuis quarante ans, on tourne en rond. Des projets comme Iter, on en a installé à Princeton, puis en Grande-Bretagne, mais on n’a jamais vraiment progressé : Iter n’est qu’un engin destiné à la recherche fondamentale ».

La Biosphère en a marre de toutes ces inventions humaine réalisées ou en projet qui veulent donner aux humains toujours plus de puissance alors qu’ils savent si mal maîtriser celles qu’ils ont déjà libéré !

18.10.2005 Renaissance du nucléaire ?

Depuis la catastrophe de Tchernobyl en avril 1986, on n’avait plus construit de réacteur nucléaire. Aujourd’hui on a oublié l’expérience du passé (l’expérience, une lanterne que les humains ont dans le dos et qui n’éclaire que leur passé), et on croit (la foi, autre caractéristique du cerveau humain), qu’il est absolument indispensable de lutter contre l’effet de serre en construisant de nouvelles centrales. Le premier pays à se lancer dans l’aventure est la Finlande qui a officiellement mis en chantier un EPR (European pressurized reactor) le 12 septembre dernier (mise en service en 2009). Dans trois ans ce sera au tour de la France de commencer à construire un EPR à Flamanville. Pourtant le parlement finlandais avait repoussé en 1993 toute idée d’un cinquième réacteur nucléaire, il ne l’a accepté en 2002 que par 107 voix « pour » et 92 « contre », soit une majorité de 54 % seulement. Pourtant en France, selon le comité des sages issu du débat national sur l’énergie, l’urgence d’une nouvelle construction de réacteur n’était pas clairement démontrée.

La Biosphère sait qu’il faut des centaines d’années de réajustements itératifs pour trouver un équilibre précaire dans un écosystème, les humains croient qu’ils peuvent tout faire dans l’immédiat alors qu’ils ont très peu de réserves d’uranium et que le problème des déchets nucléaires n’est pas encore résolu !

17.10.2005 Con-fusion

Avant que la fusion ne puisse devenir une source industrielle d’énergie, trois problèmes doivent être résolus : stabilité du plasma de deutérium et de tritium ; tenue des matériaux de couverture aux neutrons extrêmement énergétiques produits dans un réacteur de fusion ; production de tritium in situ pour un fonctionnement en continu. En fait ITER n’étudiera que le premier problème, la stabilité du plasma. Or la question des matériaux est cruciale alors que personne ne sait comment le résoudre. Quant au tritium, il n’existe pas dans la nature, il faut le produire en quantités industrielles, ce qui ne pourra être démontré que par le successeur d’Iter (Demo, déjà nommé !), pas avant vingt ou trente ans au minimum.

La fission nucléaire a été découverte en 1938 et en décembre 1942, le premier réacteur divergeait déjà, mais en 2005 les Français ne savent toujours pas quoi faire de leurs déchets radioactifs. Maintenant les humains se précipitent vers des univers encore plus fantasmagoriques. L’idée de fusion nucléaire est là depuis cinquante et la maîtrise des problèmes de la fusion ne pourra pas être résolue avant au moins cinquante autres années, s’il l’est un jour ! Mais dans cette perspective imaginaire savamment entretenue, nul besoin pour les citoyens de faire des économies d’énergie, la seule issue qui vaille…

17.10.2005 L’origine de la bombe

Le physicien américain Robert Oppenheimer (1904-1967) peut être considéré comme le père de la bombe atomique puisqu’il a dirigé le projet Manhattan qui a conduit à la première explosion le 16 juillet 1945 au Nouveau-Mexique et, grandeur nature, sur Hiroshima le 6 août suivant. Mais on ne peut accuser Robert de nationalisme, il a flirté dans les années 1930 avec les idéaux communistes ; mais la situation de guerre emporte la plupart des idéaux sur son passage. Ce n’est qu’à la fin de la seconde guerre mondiale que Robert a pu approfondir sa réflexion au sein d’une nouvelle structure, l’Atomic Energy Commission, et à s’interroger sur la course aux armements nucléaires et son contrôle. Très vite il s’oppose alors au développement de la bombe H, ce qui lui vaut l’hostilité de certains scientifiques et des politiques qui l’accusent dorénavant d’être un danger pour la sécurité nationale. En 1953, Robert est suspendu de ses fonctions par le président Eisenhower et sommé de s’expliquer.

Les humains marchent sur la tête, ce sont les militaires et les politiques qui les soutiennent qui auraient du être sommé d’abandonner des recherches non seulement dangereuses pour l’équilibre de la Biosphère mais aussi illusoires quant à la protection des équilibres socio-politiques : les Américains auraient du mettre plus d’ardeur à défendre les interventions pacifiantes de l’ONU plutôt que d’envisager de nourrir tous les conflits qui jalonnent le monde de morts et les écosystèmes de cicatrices.

BIOSPHERE-INFO, tout savoir sur le nucléaire Lire la suite »

En 2005, voici ce qu’on disait du nucléaire

Notre numéro de Biosphere-Info paru en octobre 2005 était daté n° 8. Nous faisions l’introduction suivante qui nous semble toujours pertinente en 2019 : Les sociétés humaines sont plus ou moins bien adaptées au milieu environnant, la société thermo-industrielle est la moins durable car elle détruit les écosystèmes. Pour un membre de Biosphere (association loi-1901 dont l’objectif est de défendre les intérêts de la Biosphère), il faut donc dénoncer avec force cette société de prédateurs. Voici quelques analyses de ce qu’il paraissait important à dire cette semaine sur les événements du monde des humains et des non-humains. Cette semaine la question nucléaire : 

Nobel nucléaire. L’agence Internationale de l’énergie atomique (AIEA) met autant d’ardeur dans sa croisade contre la prolifération des bombes atomiques que de vivacité à vanter les mérites de l’atome « propre ». Pourtant cet organisme a reçu le prix Nobel de la paix 2005 pour récompenser ses « efforts visant à empêcher que l’énergie nucléaire soit utilisée à des fins militaires ». Pourtant tout réacteur civil est une source de dissémination de matériels fissiles, délice des terroristes amateurs. Pourtant la volonté affichée par l’AIEA de ne pas tolérer l’émergence de nouveaux pays nucléaires n’empêche pas les cinq puissances nucléaires officielles de choyer ses armes de destruction massive et les officieux (Israël, Inde et Pakistan) de conserver quelques bombes. L’Iran, sur lequel l’AIEA enquête depuis trois ans, estime de son côté que l’attribution du Nobel est une décision politique dirigée contre son programme nucléaire national (et civil ?) ».

La Biosphère constate que les humains aiment faire joujou avec des jouets de plus en plus dangereux pour tout le monde, humains et non humains, et préfèrent donner des médailles à ceux qui fabriquent, utilisent ou « contrôlent » ces jouets. Pourtant le Nobel aurait été beaucoup plus symbolique s’il avait été décerné aux rescapés des explosions atomiques des 6 et 9 août 1945, il y a maintenant 60 ans.

Des déchets nucléaires pour les générations futures. Pour F.Loos, ministre délégué à l’industrie, un projet de loi sur les déchets nucléaires sera examiné par le Parlement dès le 2ème trimestre 2006. Selon lui, la faisabilité du stockage réversible en couche géologique profonde est établie et il attend une unanimité parlementaire sur cette question comme lors de la loi Bataille du 30 décembre 1991 : celle-ci prévoyait de ne pas discuter des déchets puisqu’on en reparlerait 15 ans après, en 2006 donc ! Contre cet optimisme béat, il faut noter que l’entreposage de longue durée en surface ne pourra être poursuivi très longtemps d’une part, que séparation et transmutation nécessitent encore quelques décennies de recherche pour un résultat incertain d’autre part. Reste l’enfouissement dans de l’argile à Bure, site dont l’évaluation officielle n’est pas encore terminée… Alors le gouvernement cache son impuissance derrière un prétendu « débat public » qui a débuté en septembre 2005 pour s’achever le 13 janvier 2006. Dans ce contexte défavorable à la poursuite du nucléaire civil, EDF et le gouvernement ont pourtant décidé de la prochaine construction d’un réacteur EPR : le lobbying pro-nucléaire continue d’imposer ses choix « réalistes » qui vont aggraver un niveau de radiation perturbateur de la vie terrestre pendant des siècles et des siècles.

Alors que la question des déchets nucléaires n’est pas encore résolue, la Biosphère juge cette attitude irresponsable.

La fin du nucléaire militaire ? Le président iranien M. Ahmadinejad s’exprimait en septembre dernier devant l’Assemblé générale des Etats-Unis. Le fait qu’il soit le premier président laïc depuis un quart de siècle ne l’a pas empêché de dire des énormités du genre « L’énergie nucléaire est un don de Dieu » ou « Notre religion nous interdit d’avoir des armes nucléaires ». Il n’empêche que c’est la première fois qu’on disait aux grandes puissances de ce monde qu’elles exagéraient : « L’ironie de la situation et que ceux qui ont utilisé des armes nucléaires, qui continuent à en produire et à en accumuler, qui ont utilisé des bombes à uranium appauvri contre des centaines de milliers d’Irakiens, que ceux qui n’ont pas signé le traité d’interdiction complète des essais nucléaires et qui ont armé le régime sioniste en armes de destructions massive s’efforcent d’empêcher les autre pays d’acquérir la technologie pour pouvoir produire de l’énergie nucléaire ». Pourtant, même si l’Iran se propose de revendre le combustible nucléaire 30 % moins cher que le prix imposé par les grandes puissances, Dieu n’exprime rien car il n’est que le paravent de la bêtise humaine.

La Biosphère constate que les plus riches veulent imposer leur loi aux autres pays, mais seul un miracle peut combattre cet état de fait quand les pays pauvres désirent la même chose que les pays riches. Pour donner au monde l’envie d’un désarmement nucléaire complet, à la fois militaire et civil, n’y a-t-il que l’attente du miracle, un attentat terroriste de type nucléaire ?

Relance du nucléaire ? Le groupe français Areva a créé une société commune avec la compagnie d’électricité américaine Constellation dans le but explicite de construire aux USA quatre réacteurs nucléaire EPR. Depuis 1978, aucune tranche n’avait été commandé aux USA. En effet l’opinion publique avait été marquée par l’accident dans la centrale de Three Mile Island (Pennsylvanie) en mars 1979 et par la catastrophe de Tchernobyl en avril 1986. De toute façon le pays possède déjà un parc de 104 réacteur assurant 21 % de sa production électrique, mais G.Bush veut maintenant aller au-delà et plaide : « Plus d’énergie nucléaire rendra notre nation plus sûre et moins polluante. Il est temps pour ce pays de commencer à nouveau à construire des centrales nucléaires (discours du 22 juin 2005) ».

La Biosphère sait qu’il faut des centaines d’années de réajustements itératifs pour trouver un équilibre précaire dans un écosystème, pourtant les humains croient qu’ils peuvent tout faire dans l’immédiat alors qu’ils ont très peu de réserves d’uranium et que le problème des déchets nucléaires n’est pas encore résolu !

Criirad (commission de recherche et d’information indépendantes sur la radioactivité) En France, la dernière mine d’uranium a fermé ses portes en 2001. L’extraction de ce minerai consiste à remonter en surface des millions de tonnes de roche, par exemple 57 millions de tonnes rien que pour le Limousin. Ces roches sont systématiquement triées au compteur Geiger pour les mettre de côté quand la teneur en uranium est faible. Malheureusement la radioactivité de ces « stériles » peut être dix à cent fois plus élevé que celle des sols naturels : en Limousin, 100 fois l’activité moyenne de l’écorce terrestre et 20 fois celle d’un granite. Ces stériles amoncelées en verses posent problème dans la mesure où les eaux de ruissellement se chargent en uranium, à plus forte raison quand elle sont utilisées comme remblais ou même base de loisirs. L’Unscear estimait en 1993 qu’à l’échelle mondiale, l’extraction de l’uranium représentait 47 % de la dose collective de radiations liée à l’ensemble de la filière de production d’énergie électronucléaire.

Ce n’est pas parce qu’on extrait maintenant l’uranium dans des pays éloignés comme le Niger que l’activisme français doit ignorer les risques de l’énergie nucléaire : d’ailleurs dans la Biosphère, il n’y a pas normalement besoin d’électricité !

Courriel : contact@criirad.org

Sortir du nucléaire (n° 28) fusionnel. Ainsi parlait le physicien et ancien ministre français de l’éducation Cl.Allègre : « Les hommes politiques, fiers, ignorants et naïfs, sont persuadés qu’Iter (International thermonuclear ractor) va leur apporter richesse, prospérité et prestige ! Malheureusement rien de tout cela ne se produira : Iter saignera à blanc les collectivités locales et affaiblira un peu plus le budget de la recherche française. Iter est encore un de ces projets de prestige qui ont, dans le passé, épuisé les finances de notre recherche : ce fut d’abord la télévision haute définition, ensuite la construction du grand accélérateur d’ions lourds, puis les vols habités dans l’espace et enfin, la Station spatiale internationale. Résultats pour la science ? Rien ou presque. Si on sait réaliser la fusion de manière explosive, on ne sait pas la contrôler et, depuis quarante ans, on tourne en rond. Des projets comme Iter, on en a installé à Princeton, puis en Grande-Bretagne, mais on n’a jamais vraiment progressé : Iter n’est qu’un engin destiné à la recherche fondamentale ».

La Biosphère en a marre de toutes ces inventions humaine réalisées ou en projet qui veulent donner aux humains toujours plus de puissance alors qu’ils savent si mal maîtriser celles qu’ils ont déjà libéré !

Renaissance du nucléaire ? Depuis la catastrophe de Tchernobyl en avril 1986, on n’avait plus construit de réacteur nucléaire. Aujourd’hui on a oublié l’expérience du passé (l’expérience, une lanterne que les humains ont dans le dos et qui n’éclaire que leur passé), et on croit (la foi, autre caractéristique du cerveau humain), qu’il est absolument indispensable de lutter contre l’effet de serre en construisant de nouvelles centrales. Le premier pays à se lancer dans l’aventure est la Finlande qui a officiellement mis en chantier un EPR (European pressurized reactor) le 12 septembre dernier (mise en service en 2009). Dans trois ans ce sera au tour de la France de commencer à construire un EPR à Flamanville. Pourtant le parlement finlandais avait repoussé en 1993 toute idée d’un cinquième réacteur nucléaire, il ne l’a accepté en 2002 que par 107 voix « pour » et 92 « contre », soit une majorité de 54 % seulement. Pourtant en France, selon le comité des sages issu du débat national sur l’énergie, l’urgence d’une nouvelle construction de réacteur n’était pas clairement démontrée.

La Biosphère sait qu’il faut des centaines d’années de réajustements itératifs pour trouver un équilibre précaire dans un écosystème, les humains croient qu’ils peuvent tout faire dans l’immédiat alors qu’ils ont très peu de réserves d’uranium et que le problème des déchets nucléaires n’est pas encore résolu !

Con-fusion. Avant que la fusion ne puisse devenir une source industrielle d’énergie, trois problèmes doivent être résolus : stabilité du plasma de deutérium et de tritium ; tenue des matériaux de couverture aux neutrons extrêmement énergétiques produits dans un réacteur de fusion ; production de tritium in situ pour un fonctionnement en continu. En fait ITER n’étudiera que le premier problème, la stabilité du plasma. Or la question des matériaux est cruciale alors que personne ne sait comment le résoudre. Quant au tritium, il n’existe pas dans la nature, il faut le produire en quantités industrielles, ce qui ne pourra être démontré que par le successeur d’Iter (Demo, déjà nommé !), pas avant vingt ou trente ans au minimum.

La fission nucléaire a été découverte en 1938 et en décembre 1942, le premier réacteur divergeait déjà, mais en 2005 les Français ne savent toujours pas quoi faire de leurs déchets radioactifs. Maintenant les humains se précipitent vers des univers encore plus fantasmagoriques. L’idée de fusion nucléaire est là depuis cinquante et la maîtrise des problèmes de la fusion ne pourra pas être résolue avant au moins cinquante autres années, s’il l’est un jour ! Mais dans cette perspective imaginaire savamment entretenue, nul besoin pour les citoyens de faire des économies d’énergie, la seule issue qui vaille…

L’origine de la bombe. Le physicien américain Robert Oppenheimer (1904-1967) peut être considéré comme le père de la bombe atomique puisqu’il a dirigé le projet Manhattan qui a conduit à la première explosion le 16 juillet 1945 au Nouveau-Mexique et, grandeur nature, sur Hiroshima le 6 août suivant. Mais on ne peut accuser Robert de nationalisme, il a flirté dans les années 1930 avec les idéaux communistes ; mais la situation de guerre emporte la plupart des idéaux sur son passage. Ce n’est qu’à la fin de la seconde guerre mondiale que Robert a pu approfondir sa réflexion au sein d’une nouvelle structure, l’Atomic Energy Commission, et à s’interroger sur la course aux armements nucléaires et son contrôle. Très vite il s’oppose alors au développement de la bombe H, ce qui lui vaut l’hostilité de certains scientifiques et des politiques qui l’accusent dorénavant d’être un danger pour la sécurité nationale. En 1953, Robert est suspendu de ses fonctions par le président Eisenhower et sommé de s’expliquer.

Les humains marchent sur la tête, ce sont les militaires et les politiques qui les soutiennent qui auraient du être sommé d’abandonner des recherches non seulement dangereuses pour l’équilibre de la Biosphère mais aussi illusoires quant à la protection des équilibres socio-politiques : les Américains auraient du mettre plus d’ardeur à défendre les interventions pacifiantes de l’ONU plutôt que d’envisager de nourrir tous les conflits qui jalonnent le monde de morts et les écosystèmes de cicatrices.

PS : Aujourd’hui Biosphere-Info est devenu un mensuel. Il paraît tous les 1er de chaque mois sur ce blog biosphere.

Pour le recevoir gratuitement par mail, il suffit d’en faire la demande à biosphere@ouvaton.org

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Nucléaire, danger immédiat !

Quelques éléments clés du livre* « Nucléaire, danger immédiat » :

– Le nucléaire civil est la fille du nucléaire militaire. La France s’est lancé dans l’opération qui sépare l’uranium des radionucléides comme le plutonium. Il fallait trouver dans les années 1950 un moyen de fabriquer du plutonium qui n’existe pas à l’état naturel ; c’est un produit de l’irradiation de l’uranium. En 1953, pour rendre le nucléaire acceptable par la population, le général Eisenhower résume en une phrase : « Atom for peace ». Les applications du nucléaire sont bonnes pour tout le monde…

– En 1973 le gouvernement Messmer définit le grand plan d’équipement en centrales nucléaires civiles. Début décembre 1973, le secrétaire général à l’énergie téléphone à Marcel Boiteux (patron d’EDF de 1967 à 1987) : « Il est neuf heures du matin, j’ai besoin de savoir avant midi quel est le nombre maximum de tranches nucléaires qu’EDF s’estime capable d’engager chaque année. » A midi Marcel Boiteux rappelait Couture et bluffait : « pas plus de six ou 7 tranches par an… quatre sans doute ». Les 51 réacteurs sous licence Westinghouse ont été construits en treize ans, de 1971 à 1984. La France prenait des décisions structurantes sans se préoccuper ni de leurs coûts, ni de leur utilité économique. Le parc nucléaire s’est trouvé surdimensionné dès l’origine. Le raisonnement était simpliste, on croyait que la consommation d’électricité allait doubler tous les dix ans ! Pour justifier l’obésité atomique, la solution fut de développer le chauffage électrique de manière massive.

– Le choix des sites des centrales n’a pas été réalisé en fonction de l’analyse des risques potentiels, mais en fonction des facilités d’expropriation.

– Fessenheim a fêté ses quarante ans en 2018. D’ici 2028, 48 réacteurs sur 58 atteindront la limite des quarante ans d’exploitation, limite déterminée par Framatome (devenue Areva) lors de la fabrication des éléments essentiels.

– Dix cuves (510 tonnes, 11 m de hauteur) de nos centrales sont fragilisées par des fissures et 3 atteignent déjà les limites de sûreté. L’accident devient probable.

– L’ASN étudie la question de la prolongation au-delà de quarante ans : elle ne cesse de repousser la décision, attendue maintenant pour 2021.

– Quelques accidents nucléaires graves : en 1979, Three Mile Island aux États-Unis : en 1986, Tchernobyl en URSS ; en 2011, Fukushima au Japon. La centrale française de Saint-Laurent-des Eaux a déjà connu un incident inquiétant en 1980, il faudra trois ans pour remettre le réacteur en état. En décembre 1999, la centrale du Blayais a échappé de peu à un accident nucléaire majeur lors d’une tempête cyclonique qui avait commencé à noyer les installations.

– La radioactivité étant inodore et invisible, il est facile pour les pronucléaires d’exposer faussement qu’il n’y a aucun risque pour la santé. Entre le moment où vous êtes exposés à la radioactivité et le moment où vous pouvez développer un cancer, il peut se passer plus d’une dizaine d’années. D’ailleurs Tchernobyl n’a pas fait de victimes directes. Mais parmi les liquidateurs il y a eu une cinquantaine de morts dans les jours qui ont suivi.

– Lors de son entrée sur le marché en 2005 , le cours de l’action EDF était de 32 euros. En novembre 2017, il est tombé à 10 euros.

– Fin 2014, le groupe AREVA est contraint d’appeler l’État à l’aide. Sa perte nette atteint plus de 4 milliards pour un chiffre d’affaires de 8,3 milliards. Sa dette financière s’élève déjà à 6,8 milliards. Une entreprise privée aurait alors déposé le bilan.

– C’est à partir de 2008 qu’EDF est obligé de s’endetter en permanence pour payer ses factures. Fin juin 2017, l’endettement financier d’EDF s’élevait à 61 milliards d’euros. L’État aide cette entreprise au moment même où le gouvernement coupait dans les dépenses publiques pour respecter le fameux 3 % maximum de déficit budgétaire.

– Pour concrétiser la filière à dite à neutron rapide qui peut utiliser du plutonium, on construit le surgénérateur Superphénix à la fin des années 1970. Cette technologie n’a jamais été maîtrisée en France et on a frôlé la catastrophe en 1986 ; plusieurs tonnes de sodium, produit extrêmement inflammable, se sont renversées dans le bâtiment. Creys-Malville a été définitivement fermé en 1998, il est toujours en cours de démantèlement.

– Le contrat signé avec l’électricien finlandais TVO est léonin. Les délais de construction de l’EPR sont impossibles à tenir : alors que le contrat est signé en décembre 2003, il est prévu que le réacteur soit livré en 2009. Six ans, beaucoup trop court alors qu’il s’agit d’une tête de série. (ndlr : en 2018, la mise en service est repoussée à fin 2019)

– L’EPR en construction à Flamanville était annoncé pour 3,5 milliards lors du lancement du chantier en 2007, en 2018 la facture s’élevait déjà à 10,5 milliard.

– EDF n’a jamais montré de compétences particulières pour démanteler ses anciennes installation, ni pour gérer se propres déchets. Dasn le cas de Brennilis (une petite centrale de 70 MW), trente-deux ans après son arrêt le démantèlement du bâtiment réacteur reste un cauchemar. Pour les six réacteurs UNGG (uranium naturel graphite gaz), l’opération de démantèlement est reportée entre 2050 et 2100 ! Pour l’ensemble du parc REP (réacteur à eau pressurisée) français, le démantèlement pourrait atteindre une facture de 72,5 milliards.

– La facture du projet de site d’enfouissement en grande profondeur (Cigéo à Bure) est passé de 14 milliards d’euros en 2010 à 40 milliards en 2016 selon le calcul de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire). Ségolène Royal a fait chiffrer à seulement 24 milliards, il faut bien que le provisionnement de ce coût soit politiquement acceptable !

– L’entreprise EDF est si intrinsèquement pronucléaire que chacun au sein du groupe a intériorisé cette matrice organique comme allant de soi. Pour eux les énergies renouvelables ne sont que des « énergies intermittentes subventionnées ».

– Le 19 septembre 2017, lors d’un séminaire réservé à la presse au siège social d’EDF, Antoine Cahuzac, le patron d’EDF énergies nouvelles, mit en pièce la ligne pronucléaire de la maison : l’éolien et le photovoltaïque sont aussi compétitifs que le parc nucléaire en exploitation et bien moins chers que l’EPR.

– Pourquoi faut-il toujours que des projets d’installation d’énergies renouvelables soient attaqués par des particuliers ou des associations « anti » ?

* « Nucléaire, danger immédiat », un livre de Thierry Gadault et Hugues Demeude (Flammarion 2018, 21 euros)

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Le nucléaire, inacceptable dans un pays démocratique

Dès l’origine, le nucléaire civil étant l’enfant reconnu du nucléaire militaire, la construction de réacteurs relevait d’un système dirigiste et non d’un système démocratique. En 2007, juste après la première intrusion de Greenpeace dans une centrale, le gouvernement avait mis en place deux premières unités du PSPG (Peloton spécialisé de protection de la gendarmerie nationale). Nous aurions aujourd’hui 20 unités soit 740 militaire. Dès le 18 octobre 1945, Charles de Gaulle crée le Commissariat à l’Energie Atomique (CEA). Cet organisme est destiné à poursuivre des « recherches scientifiques et techniques en vue de l’utilisation de l’énergie nucléaire dans les domaines de la science, de l’industrie et de la défense nationale ». La France s’est lancé dans l’opération qui sépare l’uranium des radionucléides comme le plutonium. Il fallait trouver dans les années 1950 un moyen de fabriquer du plutonium qui n’existe pas à l’état naturel ; c’est un produit de l’irradiation de l’uranium. En 1953, pour rendre le nucléaire acceptable par la population, le général Eisenhower résume en une phrase : « Atom for peace ». Les applications du nucléaire sont bonnes pour tout le monde… L’annonce de la conférence de Stockholm (1er sommet de la Terre) en juin 1972 a laissé le président Pompidou de marbre ; la veille de la conférence, une campagne d’essais de la bombe H française avait été lancée sur un atoll polynésien.

En 1973, EDF propose de construire des réacteurs en série. En proie à des douleurs crucifiantes, le président Pompidou laisse Messmer conduire l’affaire. Début décembre 1973, le secrétaire général à l’énergie téléphone à Marcel Boiteux (patron d’EDF de 1967 à 1987) : « Il est neuf heures du matin, j’ai besoin de savoir avant midi quel est le nombre maximum de tranches nucléaires qu’EDF s’estime capable d’engager chaque année. » A midi Marcel Boiteux rappelait Couture et bluffait : « pas plus de six ou 7 tranches par an… quatre sans doute ». Les 51 réacteurs sous licence Westinghouse ont été construits en treize ans, de 1971 à 1984. La France prenait des décisions structurantes sans se préoccuper ni de leurs coûts, ni de leur utilité économique. Le parc nucléaire s’est trouvé surdimensionné dès l’origine. Le raisonnement était simpliste, on croyait que la consommation d’électricité allait doubler tous les dix ans ! Pour justifier l’obésité atomique, la solution fut de développer le chauffage électrique de manière massive. Le choix des sites des centrales n’a pas été réalisé en fonction de l’analyse des risques potentiels, mais en fonction des facilités d’expropriation. Le Conseil des ministres avalise une première tranche de 13 réacteurs. C’est le « plan Messmer ». L’Assemblée nationale n’est même pas consultée. Dès le mois de juin 1975, un conseil des ministres de Valéry Giscard d’Estaing programme, pour les quatre années suivantes, le lancement de 29 réacteurs supplémentaires. Pourtant Giscard n’a jamais vu une centrale nucléaire, il ira à Gravelines seulement en octobre 1979. Ces monstres de puissance sont pilotés par une poignée de techniciens auxquels on fait confiance aveugle. Les électeurs n’ont jamais été appelés à se prononcer pour ou contre le nucléaire en France. On évite la question nucléaire dans les débats nationaux. Dans les années 1970, la tâche des journalistes spécialisés en nature et environnement qui souhaitaient informer sur le nucléaire civil était à la fois simple et redoutablement difficile : face au black-out quasi-total de l’information, il leur fallait d’abord dénicher des données critiques, souvent apportées par des associations comme l’APRI (Association pour la protection contre les rayonnements ionisants). En 1986, le Pr Pellerin avait tenté de nous faire croire que le nuage de Tchernobyl avait contourné la France !

Droite et gauche vont la main dans la main, toujours pro-nucléaire (et anti-écolo). Dans les 110 propositions pour la France de 1981, François Mitterrand promettait : « Le programme nucléaire sera limité aux centrales en cours de construction en attendant que le pays puisse se prononcer par référendum. » Nous attendons toujours le référendum…Au cours de ces deux septennats, Mitterrand va inaugurer 38 réacteurs sur les 58 en fonctionnement aujourd’hui. Au fond de lui-même, Mitterrand assimile la technologie nucléaire au progrès. Jacques Chirac entre à l’Élysée le 17 mai 1995. Cette même année, Chirac donnait l’ordre de reprendre les essais nucléaires dans le Pacifique ! En 2004, la construction d’un EPR à Flamanville est annoncée. Elle apparaît dans la loi sur l’énergie de juillet 2005. Ce n’est qu’après, que le débat public obligatoire est organisé ! Quant à l’enquête publique, elle est réalisée en plein été 2006. Les mouvements de protestation ont beau se multiplier, le décret autorisant EDF à construire l’EPR est publié juste avant la présidentielle de 2007. Quelques mois plus tard, Nicolas Sarkozy lance le Grenelle de l’Environnement et exclut d’office des débats la question du nucléaire. En janvier 2009, il annonce la création d’un deuxième EPR (à Penly, près de Dieppe) sans aucune concertation non plus. La décision a été prise à l’Elysée par le chef de l’Etat lui-même…après discussion avec les représentants du lobby nucléaire. Nicolas Sarkozy a mis le nucléaire « hors-Grenelle de l’environnement ». Sarkozy poursuit la politique de ses prédécesseurs, glorification des centrales nucléaires « civiles » et soutien inconditionnel à « l’assurance-vie » d’une nation que constituerait la dissuasion nucléaire.

Instaurée par la loi de transition énergétique d’août 2015, la Programmation pluriannuelle de l’énergie (PPE) vise à définir une feuille de route plaçant le pays sur la bonne trajectoire pour atteindre ses objectifs à long terme. Fin juin 2018, 100 parlementaires LRM signaient une tribune dans Le Monde pour demander que la PPE soit examinée à l’Assemblée. Le gouvernement y a opposé une fin de non-recevoir. Les citoyens ont été mis devant le fait accompli. Comment défendre un projet nucléaire qui n’a aucune assise démocratique ?

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Le nucléaire, on n’en a ni les moyens, ni le besoin

1) la problématique financière

Le cœur du problème nucléaire est financier, les investissements privés ne misent pas sur le nucléaire. Un réacteur nucléaire coûte une dizaine de milliards d’euros et prend une dizaine d’années à construire. Pendant ce temps-là, les investisseurs prennent de gros risques – retard de construction, surcoûts… – et ne touchent pas un centime en retour. Il faut donc soit d’énormes fonds propres, soit d’énormes subventions pour accepter de construire une centrale nucléaire : en 2018 9 centrales couplées au réseau, 7 chinoises et 2 russes). Le nucléaire n’est à l’aise qu’en système dictatorial !

Financement en France

Lors de son entrée sur le marché en 2005 , le cours de l’action EDF était de 32 euros. En novembre 2017, il est tombé à 10 euros. C’est à partir de 2008 qu’EDF est obligé de s’endetter en permanence pour payer ses factures. « Au 1er janvier 2010, l’endettement d’EDF s’élevait à 42,5 milliards d’€ (= 280 milliards de F, séquelle du premier programme), pour un résultat brut d’exploitation de 17,5 milliards d’€ », (Nouvel Observateur, 2 juin 2011), soit un taux d’endettement de 243 %, à comparer à celui de la France, égal à « seulement » 90 %, tous deux d’ailleurs à la charge du consommateur et/ou du contribuable. Fin juin 2017, l’endettement financier d’EDF s’élevait à 61 milliards d’euros. L’État aide cette entreprise au moment même où le gouvernement coupait dans les dépenses publiques pour respecter le fameux 3 % maximum de déficit budgétaire. Où trouver le financement d’une deuxième génération électro-nucléaire fondée sur des EPR dont les prix ne cessent de dériver à la hausse, si ce n’est par l’augmentation de 30 % (dans un premier temps) du prix du kWh ? Fin 2014, le groupe AREVA est contraint d’appeler l’État à l’aide. Sa perte nette atteint plus de 4 milliards pour un chiffre d’affaires de 8,3 milliards. Sa dette financière s’élève déjà à 6,8 milliards. Une entreprise privée aurait alors déposé le bilan. L’EPR en construction à Flamanville était annoncé pour 3,5 milliards lors du lancement du chantier en 2007, en 2018 la facture s’élevait déjà à 10,5 milliard.

Financement à l’étranger

EDF avait signé un contrat hors normes avec l’Etat britannique pour construire la centrale d’Hinkley Point C, dans le Somerset. L’électricien français prend tous les risques de construction. En échange, l’Etat lui garantit pendant trente-cinq ans un prix de vente de son électricité pour plus du double du prix du marché actuel. Le prix de vente négocié avec le gouvernement britannique dépasse 100 euros. Un tel deal ne peut être reconduit. Le contrat signé avec l’électricien finlandais TVO est léonin. Les délais de construction de l’EPR sont impossibles à tenir : alors que le contrat est signé en décembre 2003, il est prévu que le réacteur soit livré en 2009. Six ans, beaucoup trop court alors qu’il s’agit d’une tête de série. (ndlr : en 2018, la mise en service est repoussée à fin 2019). Les derniers appels d’offres ont fait chuter les prix entre 50 et 60 euros le mégawattheure (MWh) pour le solaire photovoltaïque, et à 65 euros pour l’éolien terrestre. Soit des niveaux comparables à ceux de l’électricité sur le marché de gros. Le prix de l’électricité qui proviendra de l’EPR de Flamanville a été chiffré en 2012 par la Cour des comptes « entre 70 et 90 euros le MWh ».

2) le niveau des besoins

Le seul élément fiable de la PPE mais non mis en évidence, c’est l’idée d’une « diminution de la consommation d’énergie », c’est-à-dire le passage d’une politique d’offre d’énergie à une politique de la demande. C’est le sens du mot négaWatt, l’énergie qu’il nous faut ne pas consommer. La démarche négaWatt se décline en trois temps : sobriété, efficacité, renouvelables. La notion de sobriété nous invite à nous interroger personnellement sur nos besoins, sur leur importance réelle ou supposée, ainsi que sur les priorités que nous pouvons établir entre eux. Nous pouvons définir une hiérarchie qui passe des besoins vitaux aux essentiels, puis indispensables, utiles, convenables, accessoires, futiles, extravagants et inacceptables. Chacun peut se livrer à l’exercice pour lui-même, en famille ou au travail, de façon à prendre conscience de l’impact de tel ou tel achat ou comportement. Rien ne sera possible sans une adhésion pleine et entière de tous nos concitoyens. Il s’agit de faire jouer à plein ce qui est la contre-partie indissociable de notre liberté : notre responsabilité ! Prenons l’exemple de nos besoins de mobilité individuelle. Ai-je vraiment besoin de me déplacer ? Quels sont les déplacements de loisirs et les déplacement contraints ? Le principe de sobriété nous incite à les réduire en essayant de nous rapprocher de notre lieu de travail. Nous pouvons aussi recourir à un mode doux de déplacement, marche, vélo, rollers, trottinette… La sobriété dimensionnelle nous incite à éviter toute surpuissance inutile dans le choix d’un véhicule. La sobriété coopérative repose sur la mise en commun pour réduire les besoins : mutualisation des équipements, autopartage, co-voiturage, auto-stop. La sobriété d’usage consiste à limiter le niveau et la durée d’utilisation d’un appareil, conduite douce par exemple.

Lors d’une votation (référendum) qui s’est tenue le 21 mai 2017, les Suisses se sont prononcés à 58,2 % pour une sortie progressive du nucléaire. Il ne s’agissait plus de sortir du nucléaire comme par enchantement, il s’agissait de faire des efforts, de réduire les besoins en électricité : « S’agissant de la consommation énergétique moyenne par personne et par année, il convient de viser, par rapport au niveau de l’an 2000, une réduction de 16 % d’ici à 2020, et de 43 % d’ici à 2035. »

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Nucléaire, des risques sans alternative nucléaire

1) la probabilité de risques majeurs (aucune compagnie d’assurance ne couvre le risque nucléaire)

– La radioactivité étant inodore et invisible, il est facile pour les pronucléaires d’exposer faussement qu’il n’y a aucun risque pour la santé. Entre le moment où vous êtes exposés à la radioactivité et le moment où vous pouvez développer un cancer, il peut se passer plus d’une dizaine d’années. D’ailleurs Tchernobyl n’a pas fait de victimes directes. Mais parmi les liquidateurs il y a eu une cinquantaine de morts dans les jours qui ont suivi. Le charbon tue beaucoup plus de gens que le nucléaire, dit-on ! Mais si le nucléaire connaît très peu d’accidents de personnes comparés par exemple aux mines de charbon, l’irradiation d’une zone par dysfonctionnement d’une centrale oblige à un déplacement forcé de population.

– Les autorités chargées de contrôler le nucléaire ont jusqu’à présent adopté des raisonnements de type probabiliste. Quand un événement avait peu de chances de se produire, on ne le prenait pas en compte sur le plan des contraintes de sécurité. Pourtant quatre accidents majeurs de réacteurs se sont produits au cours des 30 dernières années sur un parc mondial de 450 réacteurs. Le calcul des probabilités officiel n’en imaginait que 0,014 sur la même période ! Même Henri Proglio (EDF) a décidé d’écarter la notion de probabilité et d’intégrer l’improbable dans les scénarios. Tchernobyl et Fukushima ont démontré définitivement que le risque zéro n’existe pas car les circonstances sont rarement celles auxquelles on pense. Faire passer la durée de vie des centrales de 40 ans à 50 ans, voire 60 ans, c’est accroître les risques d’accident dans un pays où les centrales nucléaires sont toujours à proximité de bassins de vie très peuplés. Greenpeace par intrusion dans des centrales nucléaires a apporté plusieurs fois la preuve de leur vulnérabilité. Ce sont des « stress tests » gratuits pour le gouvernement !

– Quelques accidents nucléaires graves : en 1979, Three Mile Island aux États-Unis : en 1986, Tchernobyl en URSS ; en 2011, Fukushima au Japon. La centrale française de Saint-Laurent-des Eaux a déjà connu un incident inquiétant en 1980, il faudra trois ans pour remettre le réacteur en état. En décembre 1999, la centrale du Blayais a échappé de peu à un accident nucléaire majeur lors d’une tempête cyclonique qui avait commencé à noyer les installations. Le nucléaire est à la limite des possibilités d’une société riche et bien policée, inaccessibles pour presque tous les pays.

En 2013, l ’Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire avait estimé la facture d’un éventuel accident nucléaire majeur pour la France à plus de 400 milliards d’euros.

2) Un nucléaire alternatif impossible

Pour concrétiser la filière dite à neutron rapide (qui peut utiliser du plutonium), on avait construit le surgénérateur Superphénix à la fin des années 1970. Cette technologie n’a jamais été maîtrisée en France et on a frôlé la catastrophe en 1986 ; plusieurs tonnes de sodium, produit extrêmement inflammable, se sont renversées dans le bâtiment. Creys-Malville a été définitivement fermé en 1998, il est toujours en cours de démantèlement et c’est pas simple !

En France on misait sur ASTRID, Advanced Sodium Technological Reactor for Industrial Demonstration. Le groupe nucléaire Areva et le Commissariat à l’énergie atomique (CEA) avaient signé un accord de collaboration portant sur les premières études de conception du prototype de ce réacteur de 4ème génération. Il serait construit à Marcoule à partir de 2017. ITER (International Thermonuclear Experimental Reactor) est un réacteur de recherche civil à fusion (et non à fission comme les réacteurs actuels) dont l’objectif est de combiner des noyaux lourds, ce qui libère une énergie similaire à celle produite par notre Soleil. Chantier pharaonique en cours à Cadarache, on oublie volontiers de dire que la vocation d’ITER n’est pas de produire de l’électricité, mais d’établir la faisabilité scientifique et technique de la fusion thermonucléaire. La technoscience veut nous faire croire qu’il n’y a pas d’inquiétude à avoir pour notre avenir énergétique, demain l’innovation va trouver : la preuve, elle cherche !! Le « premier plasma » n’est plus attendu qu’en 2025 au lieu de 2020, et les expérience à pleine puissance en 2035 au lieu de 2023. De plus l’investissement nécessaire sera à la mesure de notre démesure. Le budget du projet passé de 5 à 19 milliards d’euros… pour un réacteur de recherche pure. Les négociation européenne discutent un moratoire/arrêt  concernant les surgénérateurs de la 4ème génération (fin du projet ASTRID) et l’arrêt du projet de réacteur thermonucléaire expérimental ITER sur la fusion nucléaire.

3) Le potentiel des énergies renouvelables

La filière nucléaire n’est pas neutre en carbone. Si l’on considère l’ensemble de son cycle de vie, elle génère en moyenne 66 grammes. Si le bilan carbone du KWH nucléaire est très largement inférieur à celui du charbon (820 grammes) et du gaz (490 grammes), il est plus élevé que le solaire photovoltaïque (45 grammes), l’hydroélectricité (24 grammes), et l’éolien terrestre ou offshore (11 à 12 grammes). Pourtant l’entreprise EDF est si intrinsèquement pronucléaire que chacun au sein du groupe, à commencer par le syndicat CGT, a intériorisé cette matrice organique comme allant de soi. Pour eux les énergies renouvelables ne sont que des « énergies intermittentes subventionnées ». Le 19 septembre 2017, lors d’un séminaire réservé à la presse au siège social d’EDF, Antoine Cahuzac, le patron d’EDF énergies nouvelles, mit en pièce la ligne pronucléaire de la maison : l’éolien et le photovoltaïque sont aussi compétitifs que le parc nucléaire en exploitation et bien moins chers que l’EPR.

La principale condition pour la réussite du plan gouvernemental (50 % de la part du nucléaire dans la production de l’électricité au lieu de 75%) est que la croissance des énergies renouvelables soit à la hauteur des enjeux ; l’argent économisé dans le programme électro-nucléaire doit donc être entièrement basculé vers les énergies renouvelables. Mais pourquoi faut-il toujours que des projets d’installation d’énergies renouvelables soient attaqués par des particuliers ou des associations « anti » ? Le lobby pro-nucléaire agit en sous-main…

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Le nucléaire a-t-il un avenir ? Certainement pas !

Nous avons le choix entre la fermeture des centrales au bout de 40 ans, allongement de la durée de vie des centrales existantes ou la construction de nouvelles centrales EPR. Je vais montrer que la sortie du nucléaire doit se faire le plus rapidement possible. Au niveau national, l’électricité représente en énergie finale (= chez l’utilisateur), 22 % de l’énergie totale consommée, dont 75 % d’origine nucléaire ; consécutivement, la part de l’électronucléaire dans le bilan énergétique français, égale au produit des deux termes, vaut moins de 17 %, au demeurant record mondial. Au niveau international, les 453 réacteurs nucléaires en fonctionnement dans trente pays ne fournissent qu’un peu plus de 2 % de la consommation d’énergie finale de l’humanité. Rapportée à la seule production d’électricité, leur part ne dépasse pas 10 %. Doubler d’ici 2050 l’électro-nucléarisation de la planète n’amènerait qu’à moins de 5 % sa part dans le budget énergétique mondial, tout en nécessitant la mise en chantier de deux réacteurs par semaine.

La question nucléaire souffre trop souvent d’une simplification, on ne met en avant qu’un des aspects mais pas l’ensemble. Ainsi certains parlent du nucléaire comme non émetteur de CO2, d’autres du problème des déchets à Bure, d’autres de Fukushima, etc. Pour avoir une vue globale, mieux vaut analyser d’abord tout le cycle de vie du produit (ACV). Pour réduire l’impact sur l’environnement du nucléaire, il faut considérer non seulement l’extraction de l’uranium, construction mais aussi durée de vie des centrales, le processus de démantèlement et la gestion des déchets radioactifs.

1) extraction de l’uranium et matières fissiles

Il ne sort plus un seul kilo d’uranium du sol français. Depuis 1989, la consommation mondiale d’uranium est supérieure à la production. La consommation d’uranium est de 67.000 tonnes par an, la production est de 42.000 tonnes. La différence de 25.000 tonnes provient des stocks civils et militaires qui seront épuisés en 2015. Selon d’autres sources, les réserves prouvées d’uranium sont de 2,5 millions de tonnes, la production annuelle de 54 000 tonnes, nous aurions donc pour 46 ans seulement de réserves. Comme certains prévoient un doublement des capacités électronucléaires, le délai de pénurie se raccourcit d’autant ; les ressources seront entièrement consommées d’ici à 2035. Aucune découverte récente n’a été réalisée en dehors de l’extension de gisements déjà connus ; comme les teneurs en uranium sont de plus en plus faible, il faut de l’énergie, beaucoup d’énergie pour en produire. Or le pic pétrolier est dépassé, l’énergie sera un autre facteur limitant.

Dépendant des importations d’uranium, il faudrait aussi parler des conditions de production dans les pays pauvres ! Le Niger, un peuple pillé, une région menacée. Le sort des quatre employés d’AREVA capturés au Niger par AQMI en 2011 ne plaide pas en faveur de la sécurité de nos approvisionnements.

2) construction mais aussi durée de vie des centrales

En combien de temps une centrale nucléaire « rembourse-t-elle » ce qu’elle a coûté en énergie pour sa construction? En matière d’énergie grise le photovoltaïque ou l’éolien consomment 0,11 kWh pour mettre à disposition 1 kWh, alors que le nucléaire consomme 4 kWh, soit 36 fois plus !

Les travaux pour l’EPR (réacteur pressurisé européen) de Flamanville, seul projet en cours en France, ont débuté en 2007, pas achevés en 2018. Les EPR ne sont que des réacteurs Westinghouse sophistiqués. Leur mise en œuvre sur divers chantiers s’est montrée plus que laborieuse, accumulant arrêts et retards, aussi bien en Finlande qu’en France. Où trouver le financement d’une deuxième génération électro-nucléaire fondée sur des EPR dont les prix ne cessent de dériver à la hausse, si ce n’est par l’augmentation du prix du kWh ?

La barrière des 40 ans est la durée de vie prévue des centrales anciennes lors de leur construction. Fessenheim a fêté ses quarante ans en 2018. D’ici 2028, 48 réacteurs sur 58 atteindront la limite des quarante ans d’exploitation, limite déterminée par Framatome (devenue Areva) lors de la fabrication des éléments essentiels. Dans un avis de novembre 2011, l’IRSN (Institut de radioprotection et de sûreté nucléaire) estimait qu’« il n’est pas possible d’évaluer avec un degré de confiance suffisant » la robustesse des réacteurs pour des niveaux d’aléas supérieurs à ceux pris en compte lors de leur conception. Dix cuves (510 tonnes, 11 m de hauteur) de nos centrales sont fragilisées par des fissures et 3 atteignent déjà les limites de sûreté. L’accident devient probable. L’ASN étudie la question de la prolongation au-delà de quarante ans : elle ne cesse de repousser la décision, attendue maintenant pour 2021.

3) processus de démantèlement

Sur le démantèlement règne le « secret d’Etat », l’absence de transparence. La déconstruction complète du réacteur de Brennilis (mis en service en 1967, arrêté en 1985) n’a été envisagée qu’à partir de 2013. Des incertitudes subsistent encore quant à la marche à suivre. Aucune solution pérenne pour le cœur du réacteur ne serait mise en place avant…2025. Un réacteur fonctionne donc beaucoup moins d’années qu’il n’en faut pour essayer de le démolir ! Notons qu’il s’agit seulement d’une petite unité de 70 MW. Pour les six réacteurs UNGG (uranium naturel graphite gaz), l’opération de démantèlement est reportée entre 2050 et 2100 ! Pour l’ensemble du parc REP (réacteur à eau pressurisée) français, le démantèlement pourrait atteindre une facture de 72,5 milliards. La mise à l’arrêt définitif de Superphénix a été prononcée par décret du 30 décembre 1998. Aujourd’hui, en 2010,  les 5500 tonnes de sodium, dont la majorité est irradiée, ne sont pas encore traitées. Les ateliers nécessaires n’avaient pas été prévus à la construction de la centrale ! Le sodium primaire est donc maintenu depuis douze ans à la température de 180 °C pour rester à l’état liquide. Or le sodium liquide s’enflamme au contact de l’air et explose au contact de l’eau.

Les coûts du démantèlement sont sous-évalués et qui paiera quand EDF n’aura plus ses recettes du nucléaire pour y pourvoir ? Pour Philippe Bihouix, on ne démantèlera pas les centrales nucléaires : « Même si le « provisionnement », l’argent mis de côté pour le démantèlement de nos centrales nucléaires, est correct – ce qui fait largement débat -, cela n’a pas de réalité matérielle. Ce n’est qu’un droit de tirage sur les ressources matérielles et humaines futures. Je fais donc le pari que nous ne démantèlerons rien du tout. Tout au plus bricolerons-nous quelque peu les premières années, puis, avec la paupérisation en ressources de notre société, les centrales seront finalement laissées en place, devenant de futurs territoires tabous. »

4) gestion des déchets radioactifs

C’est en 1973 qu’un Conseil des ministres avalisera la construction d’une première tranche de 13 réacteurs nucléaires sans savoir ce qu’on ferait des déchets nucléaires. Chaque année, un Français produit, en volume de déchets radioactifs, l’équivalent d’une demi-brique de lait. Sur cette quantité, une cuillerée à café est composée de produits de haute activité ou à vie longue. Mais les images ont peu à voir avec la préparation d’un café au lait. Fin 2016, la France était à la tête d’un stock de 1,54 million de mètres cubes de déchets radioactifs, soit 85 000 m3 de plus que fin 2015. Au terme du fonctionnement et du démantèlement du parc actuel, le volume des déchets radioactifs aura été multiplié par trois ou par quatre.

Après la flambée des prix du carburant en octobre 1973, le gouvernement Messmer avait décidé unilatéralement la mise en route d’une filière électronucléaire. Mais on n’a commencé à s’intéresser aux déchets qu’en 1991 (loi Bataille). On devait tester trois axes, la transmutation, l’entreposage de longue durée en sub-surface et le stockage en profondeur. La transmutation reste du domaine des utopies technologiques. La loi du 28 juin 2006 « relative à la gestion durable des matières et déchets radioactifs » considère que le stockage réversible en couche géologique profonde est la panacée, les autres solutions reposant sur des prouesses technologiques incertaines. Au début de l’année 2006, le président de l’Andra (agence nationale pour la gestion des déchets radioactifs) avait envoyé aux députés français le « dossier 2005 Argile » (qui traite du centre d’enfouissement à Bure) en reconnaissant qu’il n’a pas été produit de seconde version du « dossier 2005 Granite » (centre de stockage dans le granite, projet qui a été abandonné). Il faut attendre juin 2008 pour que le ministère de l’écologie lance un appel à candidatures « afin d’identifier les sites volontaires » pour accueillir un centre de stockage de déchets radioactifs

Le centre industriel de stockage géologique (Cigeo à Bure) sera un gigantesque cimetière nucléaire de 15 km2 de galeries et d’alvéole. La facture du projet est passé de 14 milliards d’euros en 2010 à 40 milliards en 2016 selon le calcul de l’ASN (Autorité de sûreté nucléaire). Ségolène Royal a fait chiffrer à seulement 24 milliards, il faut bien que le provisionnement de ce coût soit politiquement acceptable ! Les déchets les plus radioactifs (HA) sont incorporés dans une matrice de verre qui piège les radioéléments, puis enfermés dans des conteneurs en acier spécial, eux-mêmes placés dans des surconteneurs, lesquels sont disposés dans des ouvrages de protection scellés (alvéoles), creusés dans la roche et revêtus d’un chemisage métallique. Un stockage en profondeur, complique infiniment toute forme d’intrusion humaine. C’est là un avantage décisif par rapport à l’entreposage en subsurface qui impose un engagement permanent de nos descendants pour la surveillance et la maintenance des installations abritant les déchets reçus en « héritage ». Les déchets resteront létaux pendant des centaines de milliers d’années. La radioactivité du neptumium 237 diminue de moitié au bout de deux millions d’années. En 2030, le volume des déchets à haute activité atteindra 5300 m3.

On sait que les sociétés humaines sont essentiellement fragiles sur le long terme. En un siècle passé, qu’a déjà connu la France ? Deux guerres mondiales, plusieurs chocs pétroliers, des crises financières… Comment répondre de la sécurité du Cigéo dans le siècle qui vient ? En permettant de ne pas intégrer dans le coût du nucléaire cette incertitude sur l’avenir, on crée une distorsion insupportable avec le coût des énergies renouvelables, lesquelles coûtent cher à l’investissement mais quasiment rien en fin de vie.

Conclusions

Notre volonté de confier notre destin à la fée électricité sans penser en termes d’économie circulaire (zéro déchets du berceau à la tombe) est le signe évident de l’impuissance française à nous mener sur les voies d’un futur acceptable… Il faudrait faire en sorte que la PPE (Programmation pluriannuelle de l’énergie) soit non seulement discuté en Assemblée nationale (ce qui ne sera pas le cas), mais fasse l’objet de plusieurs émissions de télévision à des heures de grande écoute.

Le problème de fond, c’est que la génération actuelle a toujours vécu dans un contexte d’abondance énergétique. Toutes les sources d’énergies possibles (nucléaire, charbon, gaz, hydraulique, éolien, etc.) se cumulent actuellement : un mix énergétique de rêve ! Cette génération n’est donc pas préparée à envisager, encore moins à subir un choc énergétique. Si elle était écolo-compatible, elle demanderait par exemple l’arrêt des voyages en avion et de la fabrication de bagnoles individuelles… C’est dans un tel contexte social, énergétiquement boulimique, que Nicolas Hulot avait été amené à parler de fin du moteur thermique pour les voitures, ce qui veut dire pour les citoyens passage aux automobiles électriques… et construction de nouvelles centrale nucléaires ! C’est dans ce contexte que les « gilets jaunes » on pu largement occuper le créneau médiatique.

Restons simple, on peut sortir du nucléaire, il suffit de consommer moins d’électricité…

Le nucléaire a-t-il un avenir ? Certainement pas ! Lire la suite »

Fermeture des centrales à charbon et effondrement

« S’ils ferment la centrale de Gardanne, on va mettre le département à feu et à sang ». Ce discours inacceptable a été tenu par Nicolas Casoni, délégué CGT, et relayé par un article du MONDE*. Le président de la république française s’est engagé à fermer les quatre dernières centrales à charbon en 2022. On rappelle ministère de la transition écologique et solidaire que ces quatre centrales émettent en CO2 l’équivalent annuel de 4 millions de voitures. Mais la CGT réclame toujours un « moratoire » sur la fermeture des centrales. En misant sur l’incapacité du gouvernement à mettre en œuvre la promesse d’Emmanel Macron**. Le refus à Gardanne de la descente énergétique est très soutenu au niveau local. « Ici, le charbon fait partie de notre identité depuis toujours », résume Roger Meï, le maire communiste de Gardanne, 83 ans, élu depuis 1977. C’est faux, le charbon n’aura été qu’une parenthèse historique. La centrale thermique de Provence, construite dans les années 1950 par les Charbonnages de France, doit en effet fermer ses portes un jour ou l’autre. On sait que le charbon doit rester sous terre pour limiter le réchauffement climatique. Le discours de Nicolas Casoni n’est que forfanterie : « On ne laissera pas faire ça,  on ne peut que gagner. » Il n’y a pas de solution alternative, convertir une tranche charbon en unité biomasse veut dire importer du bois d’autres pays. Et le nucléaire n’est ni une énergie renouvelable, ni un choix sensé. Quand au pétrole, son surnom de merde du diable est bien trouvé.

Le constat est sans appel. Nos sources d’énergie se tarissent, inéluctablement. Les collapsologues le disent, nous connaîtrons l’effondrement. Pour savoir comment cela se passe, il suffit d’aller au Venezuela** ces jours-ci. Le pays affronte depuis le 7 mars la plus grande panne d’électricité de son histoire. Sans avions, ni pompes à essence, ni banques, ni écoles, le pays reste largement paralysé. Il faut jeter tout ce qu’il y a dans les congélateurs, des centaines de tonnes d’aliments vont pourrir.Le gouvernement a décrété la fermeture des établissements éducatifs et des administrations publiques. Les hôpitaux ont vécu des heures dramatiques. Les bébés en couveuses sont maintenus en vie par des respirateurs manuels. Plusieurs hôpitaux ont été contraints de fermer les portes de leur service d’urgences. De plus en plus de personnes meurent devant la porte de l’hôpital.  Le métro a cessé de fonctionner et l’immense majorité des bus sont restés au garage. A Caracas, les rues sont vides. Les gens restent terrés chez eux par peur des voleurs et des pilleurs. Faute de connexion à Internet, les distributeurs automatiques ne délivraient plus de liquide et les transactions électroniques ont été suspendues. Or dans un pays où l’inflation dépasse 3,5 % par jour, personne ne conservait chez soi d’argent liquide. Sans télévision, ni Internet, ni téléphone portable, les Vénézuéliens ne savent plus quoi faire. Ils ont gaspillé avec Chavez la manne pétrolière, on croyait qu’on pouvait gagner de l’argent sans travailler et que cela serait durable.

La maison brûle et nous regardons ailleurs ! Notre planète va être à feu et à sang, et cela Nicolas Casoni ne sait pas encore ce que cela signifie. A force de croire que demain sera comme aujourd’hui, avec une abondance énergétique extraordinaire mais non renouvelable, nos lendemains seront terribles car nous ne sommes pas préparés collectivement à affronter la descente énergétique. Pour mieux comprendre ce que nous voulons dire, lisez sur ce blog biosphere l’article qui suit « Il ne faut plus se mentir ».

* LE MONDE des 10-11 mars 2019, A Gardanne : « S’ils arrêtent le charbon, on met le feu au département »

** LE MONDE des 10-11 mars 2019, Charbon : pourquoi Macron ne pourra pas tenir sa promesse

*** LE MONDE du 10 mars 2019, Victime d’une panne électrique historique, la situation du Venezuela s’assombrit encore

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La crise mondiale des déchets nucléaires

Déchets nucléaires, « leur toxicité est de loin supérieure à celle de n’importe quel matériau industriel. » Greenpeace a mis cette expression en exergue d’un rapport présenté mercredi 30 janvier à l’échelle internationale*. On passe en revue les politiques menées dans sept pays (Belgique, États-Unis, Finlande, France, Japon, Royaume-Uni et Suède) en matière de gestion des déchets radioactifs. Le stock mondial des combustibles usés, hautement radioactifs et à vie longue, est aujourd’hui estimé à 250 000 tonnes : « aucune solution, nulle part », n’a été trouvée pour la gestion à long terme de ces déchets. On envisage de les enfouir dans le sous-sol, à plusieurs centaines de mètres de profondeur, mais aucun pays n’a encore mis en œuvre cette solution. Aux Etats-Unis, le projet de stockage de Yucca Mountain (Nevada) a été stoppé. En Allemagne, l’idée de les confiner dans un dôme de sel souterrain à Gorleben a été abandonnée. Au Royaume-Uni, le gouvernement est en quête d’un site d’enfouissement à l’horizon 2040 seulement. Les pays les plus avancés sont la Finlande (avec un projet de stockage souterrain dans le granite à Olkiluoto) et la Suède (sur le site d’Osthammar). En France le stockage géologique à Bure (projet Cigéo, centre industriel de stockage géologique) « ne peut que conduire à une impasse ». Le rapport préconise, au lieu de l’enfouissement, l’entreposage de longue durée des déchets les plus radioactifs, avec l’espoir que les scientifiques trouvent un jour une solution plus satisfaisante ! De plus la gestion des déchets à haute activité s’accompagne d’une « escalade des coûts  » – 25 milliards d’euros pour Cigéo –. Reste que les déchets radioactifs sont déjà là !! Sur ce blog biosphere, nous avons déjà fait une synthèse du débat sur la gestion des déchets :

http://biosphere.blog.lemonde.fr/2018/06/01/biosphere-info-le-debat-sur-les-dechets-nucleaires/

Pour le démantèlement dont il faudra aussi gérer les déchets, Bernard Doroszczuk est un nom à connaître. A la tête de l’Autorité de sûreté nucléaire (ASN), il estime qu’il y a « trop de retards et de changements [dans le traitement] de déchets anciens et le démantèlement d’installations. » EDF a ainsi décidé de changer de méthode pour démanteler les six réacteurs de la première génération du parc français, à uranium naturel graphite-gaz : de ce fait, la fin de leur démantèlement a été repoussée au début du siècle prochain. C’est loin ! Tapez « Brennilis » sur votre moteur de recherche. Vous verrez comment EDF démantèle: On enlève tout ce qui n’est pas nucléaire (les bureaux, en gros). On laisse le cœur en attendant que la radioactivité diminue. Cela fait déjà 20 ou 30 ans qu’il n’a pas bougé… Du coup, que des avantages: 1) y a pas à s’en occuper. 2) si on voulait faire, de toute manière on saurait peut-être pas. 3) ça coûte rien, de toutes manières y a déjà trop de dettes chez EDF…

En 2014, nous reproduisions sur ce blog un texte de Philippe Bihouix qui peut aussi bien concerner le démantèlement que la gestions des déchets à vie longue : « Même si le « provisionnement » (l’argent mis de côté) est correct – ce qui fait largement débat -, cela n’a pas de réalité matérielle. Il s’agit de chiffres comptables et d’octets sur un disque dur. Ce n’est qu’un droit de tirage sur les ressources matérielles et humaines futures. S’il n’est pas utilisé immédiatement, et il ne le sera pas puisque tel n’est pas son but, il reste donc virtuel. Il faudra, au moment où l’on aura effectivement besoin pour réaliser les travaux de démantèlement, que la société tout entière ait les moyens matériels de les réaliser : en ressources (métaux, ciment, énergie abondante), en technologie (robotique, moyens de transports et de déplacements), en travailleurs motivés pour recevoir quelques radiations, si possible dans les limites dûment autorisées. Il faudra que l’ensemble du macro-système se soit maintenu, à l’horizon de plusieurs décennies, voire de siècles. Rien n’est moins sûr. Je fais donc le pari (facile, vous ne viendrez pas me chercher) que nous ne démantèlerons rien du tout. Tout au plus bricolerons-nous quelque peu les premières années, puis, au fur et à mesure de la paupérisation en ressources de notre société, des mesures plus simples, d’abord « provisoires », seront prises, puis les centrales seront finalement laissées en place, devenant de futurs territoires tabous. »*** Notre société thermo-industrielle s’occupe uniquement de son taux de croissance dans le présent, pas du tout de ce qu’on laissera aux générations futures : une planète dévastée et ingérable. Et il y a encore des irresponsables qui préconisent un développement du nucléaire !!!

* LE MONDE du 31 janvier 2019, Greenpeace alerte sur la « crise mondiale » des déchets nucléaires

** LE MONDE du 30 janvier 2019, « L’état des installations nucléaires est un vrai sujet de préoccupation », selon le président de l’Autorité de sûreté nucléaire

*** L’âge des low tech (éditions du Seuil 2014, collection anthropocène, 338 pages, 19.50 euros)

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Climat : les journaux doivent montrer l’exemple

Politiken, le grand journal de gauche danois, a annoncé une série de mesures destinées à réduire son empreinte carbone : suppression des vols intérieurs pour les journalistes, compensation de l’empreinte carbone pour chaque vol international et refonte de ses pages « voyage ». Le quotidien ne pouvait rester inactif face à la crise climatique. Le cahier « voyage » du week-end sera supprimé « pour ne pas donner l’impression d’inciter les lecteurs à sauter dans un avion le vendredi soir pour quelques jours à l’étranger ». Priorité sera donnée aux pays nordiques, avec un seul article par semaine sur une destination lointaine.*

Belle et saine initiative ! Le Monde est-il prêt à suivre cet exemple ? La promotion dans les pages du Monde des city-break inenvisageables en un week-end sans l’avion est déplorable. Ce type d’articles est une extension des pubs des compagnies lowcost déconnectées des problèmes environnementaux. Le quotidien français de référence doit se montrer responsable sur ce type de sujet. Il faudrait obliger chaque structure économique ou sociale à présenter un plan de réduction de son impact écologique. Je prends le pari : dans 15 ans on regardera celui qui prend l’avion 4 fois par an comme on regarde un ennemi du bien public.

Plus globalement cet article pose le problème de l’exemplarité. Gandhi n’a cessé de le répéter, « soyez le changement que vous voulez voir dans le monde ». Un discours climatique n’a de portée que s’il s’appuie sur des réalisations concrètes. Il ne faut pas dire aux autres de faire et ne pas faire ce qu’on dit. La grave détérioration actuelle de la planète ne laisse pas le choix, il nous faut changer de mode de vie et sorti d’une civilisation des énergies fossiles. Cela demandera bien des efforts de la part des institutions, médias trop dépendants de la publicité, entreprises qui vivent du carbone, etc. Cela demandera bien des efforts à chacun de nous, des efforts pour échapper à la pression du confort. L’idée-clé de l’écologie politique, c’est la conscience aiguë que nous avons déjà dépassé les limites de la biosphère.

Il ne faut pas attendre d’en haut ce qu’on peut déjà faire par soi-même. Arne Naess écrivait dans Ecologie, communauté et style de vie : « En définitive, toutes nos actions et toutes nos pensées, même les plus privées, ont une importance politique. Si j’utilise une feuille de thé, un peu de sucre et de l’eau bouillante, puis que j’en bois le produit, je soutiens le prix du thé et du sucre et, plus indirectement, j’interfère dans les conditions de travail au sein des plantations de sucre et de thé dans les pays en voie de développement. Pour chauffer l’eau, j’ai probablement utilisé du bois ou de l’électricité ou un autre type d’énergie, et ce faisant, je prends part à la grande controverse concernant l’utilisation de l’énergie. J’utilise de l’eau et prends aussi part à une myriade de problèmes politiquement brûlants qui concernent les réserves d’eau. J’ai donc une influence politique quotidienne. Je peux par exemple penser que les pays en voie de développement ne doivent pas exporter le thé, mais plutôt produire plus de nourriture… » Et à ceux qui lui demandaient comment sortir de la crise, l’écologiste Teddy Goldsmith répondait en souriant : « Faire l’exact contraire de ce que nous faisons aujourd’hui, et ce en tous les domaines. »

* LE MONDE du 17 janvier 2019, Pour lutter contre le réchauffement climatique, les journalistes de « Politiken » prendront moins l’avion

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Biosphere-Info, les « gilets jaunes » au scalpel

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Biosphere-Info retrace en ce début d’année 2019 les différentes analyses de ce blog biosphere sur le mouvement des « gilets »jaunes ». Notons que la notoriété des gilets jaunes ne tient pas à la profondeur de leurs discours, mais à l’exubérance des réseaux sociaux et au climat médiatique qui a relayé complaisamment les faits et gestes d’individualités. Il n’y plus de profondeur dans l’analyse par le « quatrième pouvoir » des événements, il y a la dictature des faits divers et du buzz pour faire audience…

Mais puisqu’on n’accepte pas socialement les contraintes nécessaires pour traiter l’urgence écologique, à commencer par la taxe carbone, la planète brûlera ! A chacun de prendre ses responsabilités, le climat est aussi notre affaire à tous.

13 novembre 2018, Manifester le 17 novembre, une hérésie anti-climat

…Le blocage national du 17 novembre approche à grand pas. A moins de quelques jours des manifestations « spontanées », les « gilets jaunes » maintiennent plus que jamais leur colère face à l’augmentation du carburant. Des marches pour le climat, démarches pour presque rien. Mais quand l’écologie devient punitive, touche le porte-feuille, le « peuple » se soulève en masse…

15 novembre 2017, Yannick JADOT : « La taxe carbone est utile SI… »

…La taxe carbone est utile si elle sert à des politiques écologiques. Aujourd’hui, seulement 19 % de la fiscalité carbone est destinée à financer la transition énergétique. C’est du vol pur et simple. De plus la sauvegarde du climat est un impératif catégorique qui ne peut être poursuivi que dans la justice sociale. C’est encore les plus pauvres qui seront les plus touchés par la pénurie énergétique à venir…

16 novembre 2018, Ne prenez pas la bagnole le 17 novembre, ça va chauffer

…Des centaines de collectifs ont appelé à une journée de blocage des routes pour protester contre la hausse du prix des carburants. La manifestation a reçu le soutien de Marine Le Pen, Laurent Wauquiez, Nicolas Dupont-Aignan et même Jean-Luc Mélenchon. D’un côté c’est réjouissant que la base dite silencieuse et apolitique s’exprime dans le mouvement des gilets jaunes. De l’autre, nous sommes effarés du sujet choisi : l’augmentation des taxes sur les carburants…

25 novembre 2018, Le saccage des Champs-Élysées, aveuglement passéiste

…Les gilets jaunes qui s’accrochent de façon aveugle à la bagnole dans une période de réchauffement climatique et d’épuisement des nappes pétrolières. Ils n’ont aucun argument de fond mais saccagent les Champs-Élysées (créer un contexte où on arrive à ce résultat, c’est déjà être complice)…

29 novembre 2018, Les gilets jaunes commandent le président Macron

…Lors de sa prestation sur la PPE (Programmation pluri-annuelle sur l’énergie), Macron a semblé obsédé par quelques rond-points qui ont été épisodiquement peints en jaune : « Une grande concertation de terrain sur la transition écologique et sociale associerales représentants des gilets jaunes… Fin du monde et fin du mois, nous allons traiter les deux et nous devons traiter les deux… »…

4 décembre 2018, Moratoire sur la taxe carbone, une grave régression

…Le Premier ministre vient d’annoncer un moratoire sur la fiscalité sur les carburants dans l’espoir d’apaiser les gilets jaunes. Pour France Nature Environnement, le Gouvernement commet une grave erreur : il abdique le combat pour sauver la planète, sans pour autant répondre de manière pertinente à la colère exprimée…

5 décembre 2018, Malheur, les Gilets jaunes enterrent la taxe carbone

…Matignon annonce un moratoire sur la hausse de la taxe sur les carburants. Comme si céder à quelques agités disséminés en France allait calmer les esprits ! Nous sommes sur le Titanic et nous voulons aller encore plus vite…

6 décembre 2018, Les gilets jaunes dans les lycées, c’est n’importe quoi

…La « recherche de l’indéfinissable » par lequel on peut résumer le mouvement des « gilets jaunes » fait écho chez les lycéens. Plusieurs dizaines de lycées ont été perturbés. Manifester aujourd’hui à l’école contre la taxe carbone alors que le réchauffement climatique et la pénurie de ressources va impacter nos enfants tout au cours de leur existence future montre qu’il n’y a plus de repères. Greta Thunberg montre la voie du salut…

7 décembre 2018, Victoire des gilets jaunes, la taxe carbone est morte

…Pour lutter contre le réchauffement climatique nous sommes passés du marché à la taxe carbone, demain nous aurons la carte carbone. Les résistances des gilets jaunes à quelques centimes de plus sur le carburant montre que nous sommes collectivement dans un cul-de-sac quant à la taxation. D’où une rationnement inéluctable par la carte carbone qui doit sa mauvaise réputation à son association à l’idée de pénurie… alors qu’elle est une réponse à la pénurie, et non sa cause…

7 décembre 2018, Gilets jaunes, vecteurs d’un totalitarisme en marche

…Nous sommes déjà entrés dans une dynamique d’effondrement de la civilisation thermo-industrielle dont les actions des casseurs au milieu des gilets jaunes sont les prémices. Dans ce contexte qui a mené autrefois Hitler au pouvoir, l’extrême droite et la recherche d’un leader progressent aujourd’hui dans tous les pays : la dictature est en marche. Pourquoi ce schéma de l’autoritarisme au pouvoir a-t-il une très forte probabilité d’advenir ? Parce qu’il y a une forte propension du peuple à préférer le présent et à sauver ce qui restera du « pouvoir d’achat »…

8 décembre 2018, Incompatibilités entre « gilets jaunes » et écolos

…Notre blog biosphere n’a pas appelé à la marche pour le climat ce samedi 8 décembre car on n’y voit aucune complémentarité avec les manifestations des Gilets jaunes le même jour. L’origine est similaire, mouvements horizontaux nés sur Facebook, mais les objectifs sont complètement contradictoires. Leur promiscuité va entretenir la confusion dans les esprits…

8 décembre 2018, Peuple et dirigeants ont un problème avec l’écologie

…La population n’a pas du tout la fibre écologiste, surtout quand il s’agit du prix de l’essence. Ainsi du mouvement des gilets jaunes qui a dégénéré au nom de la « démocratie ». Marine Le Pen caresse le peuple dans le sens du poil : « Il faut immédiatement que Macron annonce la suppression de l’augmentation des taxes sur l’essence, la baisse des prix de l’électricité et du gaz, l’augmentation des salaires minimum et retraites minimum. » Mais les politiques peuvent bien dire ce qu’ils veulent : les contraintes naturelles détermineront notre futur, pas eux…

10 décembre 2018, Ni Ruffin, ni Leclerc ! A bas le pouvoir d’achat !

…« Trop de taxes », « trop de pauvres », « trop de riches », « rendez l’argent »… sur les gilets jaunes et les banderoles, les slogans de ces dernières semaines tournent tous, lancinants, autour de la question du pouvoir d’achat… Emmanuel Macron a fait le pari de libéraliser l’économie française pour favoriser le retour de la croissance sur le long terme. Mais sans répondre à l’impatience d’une France qui ne croit plus aux promesses. Pour préserver le pouvoir d’achat, le gouvernement Macron en est même arrivé à supprimer la taxe carbone… qui aurait pu modifier nos comportements et éviter le krach climatique…

14 décembre 2018, Fin du pétrole, les gilets jaunes n’en savaient rien

…Que dire aujourd’hui de l’imminence du pic pétrolier, c’est-à-dire d’une possible cure de sevrage forcée de notre première source d’énergie ? Sans le shale oil (pétrole de schiste), et sans la résurgence du pétrole en Irak (au terme de près de quarante ans de guerres, la production mondiale de brut aurait effectivement atteint depuis 2005 un pic, ou plus exactement un plateau ondulant. Cette stagnation de la somme des extractions des principaux pays pétroliers mondiaux se produit en dépit du fait que les dépenses d’investissement (les « Capex ») dans le développement de la production d’hydrocarbures ont plus que doublé entre-temps…

15 décembre 2018, Les décroissants contre les « gilets jaunes »

…Quant au mode d’action adopté pour exprimer la révolte des gilets jaunes, il a de quoi réjouir les vélorutionnaires que nous sommes : bloquer des ronds-points, des rocades, des autoroutes, des accès aux centre commerciaux, mais aussi des dépôts pétroliers, ça a tout de même plus d’impact que les habituelles manifs-balade. Mais si les gilets jaunes posent des questions essentielles, il n’en reste pas moins que la défense de l’automobile et du style de vie consumériste qui va avec est au cœur de leur lutte. C’est leur intraveineuse de pétrole que les dépendants du volant réclament au meilleur marché. Malgré l’hypocrisie de la taxe carbone, nous soutenons, à l’opposé des gilets jaunes, que les carburants ne sont pas assez chers, vu les ravage qu’ils provoquent…

20 décembre 2018, Les « gilets jaunes », conséquence de la vie à crédit

Nous avions déjà suggéré sur ce blog, avant les reniements de l’Etat macroniste, le virement des recettes de la taxe carbone au remboursement de la dette publique. Mais la logique financière n’existe plus dans les pays riches où l’endettement sert d’exutoire aux colères sociales…

21 décembre 2018, Le président Macron s’aplatit devant Priscillia Ludosky

Près de deux mois après la création d’une pétition « Pour une baisse des prix du carburant à la pompe ! », le président Emmanuel Macron s’est résolu jeudi 20 décembre à répondre aux plus de 1,15 million de signataires : « Vous avez subi de plein fouet la hausse des prix du carburant, votre message, je l’ai entendu. Je vous réponds directement : vous avez raison »…

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