Peine de mort, abolition ou tentation ?

Michel Sourrouille, auteur en 2017 du livre « On ne naît pas écolo, on le devient », a décidé avant de mourir de partager sa pensée avec tous les Internautes qui fréquentent ce blog biosphere. La parution se fera chaque jour pendant les mois de juillet-août. Il dédie ce livre aux enfants de ses enfants, sans oublier tous les autres enfants… car nous partageons tous la même maison, la Terre, si belle, si fragile...

Peine de mort, abolie un jour, tentation toujours

Je suis condamné à mort. Comme chacun d’entre nous. Nous sommes tous voués à disparaître, tôt ou tard, sans exception. Après la vie, la mort. C’est inéluctable. Sauf que je ne sais pas dans quelles conditions je vais mourir, grabataire ou saisi à tout moment par une crise cardiaque fatale. Cela peut même arriver dans d’atroces et trop longues souffrances.

C’est pourquoi je ne comprend pas l’attention extrême que portent les abolitionnistes à une peine de mort subie par une personne qui a précédemment pris la vie d’un autre. L’auteur d‘un crime a voté par son acte pour la peine de mort, pourquoi en serait-il exempt ? Je venais d’atteindre trente ans en 1977 quand le dernier condamné à mort fut guillotiné en France. En 1981 cette sanction pénale fut supprimée par le parlement français alors que l’opinion publique y était encore favorable. En mai 2015, on notait même une progression significative de l’opinion favorable au retour de la peine de mort. Dans un sondage 52 % des Français s’y disent favorables, soit 7 points de plus que l’année précédente [Le Monde.fr du 08.05.2015]. En janvier 2017, 79 % des François accepteraient l’exécution ciblée de terroristes. Ainsi fluctuent l’opinion et les gouvernements. Le premier ministre hongrois Viktor Orban a mis mal à l’aise les responsables européens en déclarant le mardi 28 avril 2015 que « la question de la peine de mort [abolie en 1990 en Hongrie] doit être remise à l’ordre du jour ». Selon lui, la législation actuelle ne serait « pas suffisamment dissuasive » . Le débat sur la peine capitale ne sera jamais réglé une fois pour toutes, même si l’abolition est inscrit dans la constitution. Ainsi va le fonctionnement démocratique qui peut changer la loi même dite fondamentale dans un sens ou dans l’autre selon les circonstances : assassinat des journalistes de Charlie hebdo, attentats terroristes, tueur en série, etc.

Moi je n’ai jamais varié. Je sais pertinemment que la peine de mort n’a pas de fonction dissuasive sur de futurs criminels, mais je me situe du côté des victimes de la violence, de toutes les violences physiques. L’humanisme est certes une valeur, mais est-il inhumain de défendre le droit des victimes ? Je n’ai jamais compris pourquoi il y avait autant d’acharnement à se prononcer contre la peine de mort et aussi peu de soutien aux objecteurs de conscience opposés à l’usage collectif des armes pour se faire des guerres inutiles.

Bien entendu le fait que les Américains soient encore majoritairement en faveur de la peine de mort et qu’elle soit en application dans certains États n’est pas un argument, la majorité dans un pays démocratique n’a pas toujours raison et le fait accompli n’est pas un argument. Par contre la condamnation par un jury d’assises permet à un présumé coupable d’être jugé en toute impartialité et d’échapper ainsi au désir de vengeance d’une famille. Je me souviens d’un débat entre amis où ils étaient tous contre la peine de mort… sauf s’il s’agissait de la mort d’un de leurs proches. Ils envisageaient alors sans sourciller faire justice eux-mêmes ! Pour moi, la sanction est toujours légitime quand elle est justement proportionnée ; la mort appelle donc la mort. Notons que certains détenus, s’ils avaient le choix, préféreraient mourir de façon rapide que par mort lente, enfermés à vie dans un cachot. Et l’écologie dans tout ça ? Le point de vue sur la peine de mort va bien au-delà du droit des victimes contre celui des assassins. Il ne fait que constater un fait trivial : l’abolition de la peine de mort est votée dans des sociétés d’abondance qui croient que tout le monde doit être dorloté, y compris les criminels.

« Entretenir une population en prison, c’est utiliser de la nourriture, des ressources et de l’énergie pour le bénéfice d’improductifs mis au ban de la société. Jusqu’à une époque somme toutes assez récente, on ne s’encombrait pas de ces bouches à nourrir : le sort commun de l’assassin était la mort dans des délais assez rapides. Il est évident que, en univers énergétiquement contraint, ces mauvais souvenirs risquent de redevenir d’actualité. » [Changer le monde, tout un programme ! de Jean-Marc Jancovici  (Calmann-Lévy, 2011)]

Les contextes ainsi que la raison et déraison humaine font qu’aucune loi n’est définitive dans une société démocratique. Hier la peine de mort, aujourd’hui son abolition, demain peut-être son rétablissement. A la société de faire ses choix, moi je ne fais que présenter mon propre point de vue même s’il est souvent iconoclaste. Remarquons pour conclure provisoirement que dans la Nature les non-humains ne s’embarrassent pas de « morale » et d’humanisme, et pourtant les autres animaux que nous-mêmes tuent seulement pour manger et pour vivre, non pour faire mourir au nom d’une pulsion criminelle (ou d’une volonté guerrière).

(à suivre… demain sur ce blog biosphere)

Déjà paru :

On ne naît pas écolo, on le devient, introduction

Abécédaire, la façon la plus simple pour s’y retrouver

Abeille, qui ne pique que si on l’embête

Abondance, s’éloigne dès qu’on lui court après

Absolu, un mot à relativiser, un mot indispensable

Acteurs absents, dont on a eu tort d’ignorer l’existence

Adolescence, moment de révolte ou de soumission ?

Alcool, dur pour un écolo de refuser de trinquer !

Amour, une construction sociale trop orientée

Animal, une facette de notre humanité trop ignorée

Austérité, mot qui fait peur et pourtant source de bonheur

Barbe, un attribut des hommes qu’on voulait faire disparaître

Cannabis, une dépénalisation qui créerait l’usage

Chasse, activité dénaturée par des chasseurs motorisés

Compétition, système inhumain au service d’une société inhumaine

Croissance, l’objectif économique le plus débile que je connaisse

Démographie, le problème central qui est systématiquement ignoré

Devoir, la contre-partie nécessaire de nos droits

Doryphore, symbole d’une agriculture post-moderne

École obligatoire et gratuite, une entreprise de déculturation

Écologiste en devenir, notre avenir commun

Électricité, les inconvénients d’un avantage

Ethnologie, la leçon primordiale des aborigènes

Eugénisme, engendrer de bonne façon est-il condamnable ?

Euthanasie, mourir de belle manière comme heureuse conclusion

Féminisme, on ne naît pas femme, on le devient

Futur, il sera à l’image de notre passé !

Génériques, l’achat au meilleur rapport qualité/prix

Homoparentalité, la stérilité n’est pas une damnation

Interaction spéculaire, je fais ainsi parce que tu fais de même

IVG, une mauvaise expérience par manque d’expérience

Logement, une maison à la mesure de nos besoins réels

Loisirs, plutôt les échecs que le match de foot à la télé

Mariage pour tous, l’oubli du sens des limites

Militantisme, une construction de soi qui ne va pas de soi

Mobilité, aller moins loin est bien plus rapide

Musée, pas besoin du passé pour être un vrai artiste

Objecteur de conscience j’ai été, je suis, je serai

Pêche, une activité artisanale devenue un massacre de masse

 

16 réflexions sur “Peine de mort, abolition ou tentation ?”

  1. Esprit critique

    Michel Sourrouille accumule ici les contradictions. Déjà avec ces deux sujets antinomiques ce même jour, je l’ai déjà dit et développé, mais dans ce qu’il raconte là :
    – « Moi je n’ai jamais varié. Je sais pertinemment que la peine de mort n’a pas de fonction dissuasive sur de futurs criminels, mais je me situe du côté des victimes de la violence, de toutes les violences physiques. [etc.] Je n’ai jamais compris pourquoi il y avait autant d’acharnement à se prononcer contre la peine de mort et aussi peu de soutien aux objecteurs de conscience opposés à l’usage collectif des armes pour se faire des guerres inutiles. »

    Michel Sourrouille sait que la peine de mort ne sert à rien, si ce n’est à donner du plaisir à certains… mais ça ne fait rien, lui, le pacifiste, l’objecteur de conscience… eh ben il ne comprend pas que et patati et patata. (à suivre)

    1. D’ailleurs c’est à deux reprises qu’il dit ne pas comprendre :
      – « C’est pourquoi je ne comprend pas l’attention extrême que portent les abolitionnistes […] Je n’ai jamais compris pourquoi il y avait autant d’acharnement […] »
      Moi aussi je pourrais dire que je ne comprends pas etc. etc. Et faux-cul comme je suis, je pense même l’avoir déjà dit. Seulement la ficelle est connue.
      On dit ça juste pour dire qu’il n’y a rien à comprendre. Tout connement parce que ce sont là des points de vue et/ou des raisonnements d’imbéciles. Autrement dit, que c’est tellement con qu’il ne faut même pas chercher à comprendre. Vous comprenez ?
      Donc, cette fois je ne le dirais pas comme ça. 🙂

  2. Qui sont les pires salopards ?

    Les gauchos, les gauchistes et les «gauchiasses», les «muzz» et les «zafromuzz», les politicards, les journalopes et les «journaputes» et Jean Passe. La liste des salopards est très longue, chez certains. Et voilà donc en plus les pyromanes. ( MARCEL DUTERTE 11 AOÛT 2022 À 11:06 )
    Et avec certains le métier de bourreau a un bel avenir.
    Certes les pyromanes sont de grands malades. Jubiler (comme il dit), prendre son pied, au spectacle ou à l’idée d’une forêt en flammes, ça relève de la psychiatrie. La juste place des pyromanes n’est donc pas sur l’échafaud, mais en hôpital psychiatrique.
    Mais que dire alors de ces autres grands malades qui prennent un malin plaisir à attiser, à surchauffer et enflammer les esprits (le climat) comme s’il n’était pas déjà assez chaud comme ça ? Ces grands malades qui n’hésitent même pas à raconter leur jouissance à la vue de tel ou tel spectacle. Misère misère ! Pour moi, il faut appeler un chat un chat.

    1.  » Misère misère ! Pour moi, il faut appeler un chat un chat. »
      Vraiment ? Moi je dis chiche ! S’il faut appeler un chat un chat, alors cela veut dire qu’il =
      1/ Il faut appeler un fainéant un fainéant = personne refusant de travailler pour amener sa contribution à la société dont pourtant il tire profit, ou personne faisant semblant de travailler par des postes de complaisance d’aucune utilité dans le réel.
      2/ Il faut appeler un esclavagiste un esclavagiste = personne qui perçoit des revenus sans contre-partie de travail, personne qui ponctionne le revenu des autres pour constituer le sien (allocations, subventions, rsa, postes de complaisance, etc). Seules les personnes non valides (personnes handicapées, âgées, etc) sont exclus de cette définition.

    2. 3/ il faut appeler un criminel un criminel, personne civile qui tue, en l’occurrence un criminel applique la peine de mort à son profit.
      4/ il faut appeler un voleur un voleur, personne qui s’accapare les biens d’autrui tant matériels que monétaires contre le gré de leurs propriétaires.

  3. Parti d'en rire

    – « Des pires, misérables, n’en parlons même pas… » ( MICHEL C 11 AOÛT 2022 À 12:12 )

    Comme tout le monde peut voir… ils s’en chargent très bien eux-mêmes. Misère misère !

    1. Et la Modération… où qu’elle est encore, hein ? En vacances ou quoi ?
      Peut-être elle est morte… Si des des fois elle bouge encore, je serais encore curieux de savoir ce qu’elle en dit de ce misérable méga-giga n’importe quoi.

  4. Les assassins, les violeurs… bien sûr… ensuite les voleurs, les pyromanes… et puis les traitres, les dissidents, les opposants, les différents, les mal foutus, les vieux et j’en passe.
    Des pires, misérables, n’en parlons même pas… mais parfois, ou souvent, Janco ferait mieux de se taire. Comme là au sujet des assassins. Ou quand il parle des vieux, qui coûtent très cher eux aussi… en terme d’énergie. C’est juste pour ça que le pauvre Janco verrait d’un bon oeil que ceux là aussi on les laisse crever. Crever à petit feu… en les privant des soins médicaux nécessaires. Faut oser quand même, non ? Et c’est d’ailleurs à ça qu’on les reconnait.
    De là à abréger leurs souffrances, pour économiser l’énergie… et/ou parce que nous manquons de place, et de bouffe… il n’y a qu’un pas. Misère misère !

    1. « Janco ferait mieux de se taire » Tiens vos relents gauchistes reviennent au galop ? Comme tous les gauchistes qui se prétendent être les plus grands et meilleurs démocrates du monde mais qui en réalité veulent bâillonner, sanctionner, emprisonner, voir tuer tous ceux qui pensent autrement que leurs idéologies ! Bah oui, ça on le sait que les gauchistes veulent faire taire tous ceux qui pensent autrement qu’eux, et qui sont prêts à tout pour faire taire !

      1. Marcel Duterte

        Remarque aussi son expression méprisante « le pauvre Janco » : le Janco est un ingénieur reconnu et il se fait traiter ainsi par un petit kapo gauchiste qui
        enfle comme la grenouille de la fable jusqu’ à éclater .
        Gonflé de suffisance et de morgue , il doit avoir du mal à passer les portes .

    2. Mais pour en revenir à Janco, oui il parle de ces sujets dans ces conférences, mais il dit que tous ces sujets sociétaux vont être remis en cause suite aux déplétions des ressources naturelles, lorsqu’on aura moins d’énergie le sort des criminels sera remis en question, car on n’aura plus les moyens d’emprisonner (en vérité, Jancovici se trompe sur 1 point ce n’est pas dans l’avenir que les problèmes vont se poser, mais c’est déjà factuel au présent qu’on ne puisse pas faire purger les peines jusqu’au bout, et qu’on a déjà trop de prisonniers) Parce bon pour aller en prison il faut avoir un casier judiciaire bien chargé ! Ce sont essentiellement des multirécidivistes qui vont en prison ! Les bandits ont obtenu beaucoup beaucoup plus qu’une 2 ème chance, ils en sont au moins à la 30 ème chance avant de finir en prison !

      1. Bien sûr, j’ai parfaitement compris que Janco, comme Michel Sourrouille, dit seulement (je te cite) que tous ces sujets sociétaux vont être remis en cause suite aux déplétions des ressources naturelles etc.
        Seulement ça commence toujours comme ça, on prépare les esprits. Quand je dis qu’il faut décoloniser les imaginaires (Serge Latouche) ce n’est certainement pas dans ce sens que j’invite à gratter. Et je trouve quand même curieux… que parallèlement, ou et en même temps, on s’applique autant à démolir cette solution, cet espoir (appelle ça comme tu voudras, en tous cas pas miracle) que représente cette plante, l’ensète.

  5. Je suis contre

    Là on peut dire que c’est le sujet qui tue. Et on voit que c’est bien parti. Bravo Biosphère !
    D’un côté on bousille un arbre de vie, de l’autre on réhabilite la peine de mort.
    Misère misère !

  6. Un argument majeur de l’abolition de la peine de mort, étant qu’il existait un risque d’erreur de se tromper sur le coupable et la possibilité d’envoyer un innocent à la place ! OR cet argument n’est plus valable depuis les tests génétiques !! Les risques d’erreur sont quasi-nulles aujourd’hui, et on n’est plus à époque où on se contentait d’empreintes sur les lieux. Mais oui l’auteur d’un crime a voté par son acte pour la peine de mort, en l’occurrence je ne vois aucune raison à ce qu’il y échappe ! Surtout avec une France surendettée et bientôt à la diète énergétique, suite aux déplétions des ressources naturelles, alors il est évident qu’on ne pourra plus se permettre d’entretenir des bouches criminelles en trop en prison ! Surtout que ça coute vraiment très cher que de détenir quelqu’un en détention.

    1. Certes la peine de mort n’empêchera pas l’apparition de nouveaux criminels, mais ça dissuadera quand même, on aura moins de criminels que sans peine de mort. En revanche la peine de mort empêchera un criminel de récidiver, comme le meurtrier en série Nordahl Lelandais. Bref, je suis favorable à la peine de mort.

      1. Marcel Duterte

        Moi de même .
        Je la propose aussi pour les pyromanes (ravageurs de forêts et sites exceptionnels) ,ces salopards . (peine prévue dans le code Napoléon)
        Beaucoup sont opposés à la peine capitale tant qu’ ils ne sont pas affectés personnellement mais à partir du moment où l’ un des leurs est tué , ils changent radicalement d’ avis

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