Michel Sourrouille, auteur en 2017 du livre « On ne naît pas écolo, on le devient », a décidé avant de mourir de partager sa pensée avec tous les Internautes qui fréquentent ce blog biosphere. La parution se fera chaque jour pendant les mois de juillet-août. Il dédie ce livre aux enfants de ses enfants, sans oublier tous les autres enfants… car nous partageons tous la même maison, la Terre, si belle, si fragile…
Publicité, une agression qui touche à l’acharnement
Le 8 juin 1970 j’écrivais ce qui me semble toujours d’actualité : « Qu’est-ce que la violence quand les affiches publicitaires agressent l’homme qui pense. La publicité, c’est un conditionnement absurde à acheter l’inutile, l’appel au sexe subi, à l’orgueil, à la puissance et à l’envie. C’est nuisible. » En mars 1971, j’étudie La persuasion clandestine de Vance Packard : « Il est impossible d’établir comme postulat que les gens savent ce qu’ils veulent. Il est même dangereux de croire les gens capables d’une conduite rationnelle… Par homme, femme ou enfant d’Amérique, 53 dollars furent dépensés en 1955 pour le ou la persuader d’acheter… Certaines sociétés de produits de beauté se mirent à dépenser en publicité ¼ de ce que rapportaient leurs ventes… La publicité vient de créer le vieillissement psychologique des choses, grâce entre autre au phénomène de mode. Plus est grande la similitude des produits, moins le rôle joué par la raison dans le choix de la marque est important… »
En 2004 Patrick Le Lay (le PDG de TF1) déclarait : « Le métier de TF, c’est d’aider Coca-Cola à vendre son produit. Or pour qu’un message publicitaire soit perçu, il faut que le cerveau du téléspectateur soit disponible. Nos émissions ont pour vocation de le rendre disponible : c’est-à-dire de le divertir, de le détendre pour le préparer entre deux messages. Ce que nous vendons à Coca-Cola, c’est du temps de cerveau humain disponible ».
Cette phrase exprime exactement le mécanisme de l’aliénation, vendre à autrui ce que l’on est soi. Et bien sûr, nous sommes d’autant plus sûrement aliénés que nous croyons n’avoir jamais été aussi libres.
Il y a une incertitude fondamentale concernant l’adéquation entre ce que le producteur fait et ce que le consommateur veut. Dans la théorie libérale du marché, le consommateur est le seul décideur, le roi, votant par ses achats ce qu’il faut produire et distribuer. Mais il existe alors une menace permanente d’insuffisance de la demande qui ne peut être réduite que si le consommateur est incité à suivre constamment la volonté du producteur. En fait il s’agit d’un consommateur manipulé, aliéné, étranger à ce qu’il devrait être. Galbraith parlait de filière inversée. Dans un système de publicité de masse, ce n’est plus le consommateur qui dicte ses choix aux entreprises, ce sont les entreprises qui incitent les gens à « aimer » leurs produits. La société de consommation a commencé le jour où on a décidé de fabriquer une chose non parce que l’utilisateur en avait l’utilité, mais parce que le résultat de la vente pouvait être utile au producteur. Les mass media confortent ce système, elles ont besoin de l’argent de la publicité pour se financer. Alors se crée de toutes pièces un univers illusoire peuplé de mythes aussi dispendieux que nuisibles : encore plus de voitures, plus de parfums, plus de fringues, plus de marques, plus de vitesse, toujours plus de superficiel.
Notre système de production actuel ne s’adresse normalement qu’au revenu solvable ; mais les instruments de notre soumission ont fait en sorte qu’une personne vivant avec le « minimum social » peut aussi s’acheter le téléphone portable et l’écran plat. Même l’enfant est devenu solvable, les parents payent à sa place. Dans l’éducation des enfants, il devient quasi impossible de rivaliser avec les marchands de gadgets. Joel Bakan, auteur d’un livre Nos enfants ne sont pas à vendre, avoue son impuissance dans son propre foyer : « Mes enfants sont ailleurs, je les sens si loin de moi ; ils n’habitent plus leur propre corps ; ils naviguent dans l’éther au gré de leurs pulsions obsessionnelles… Les médias numériques relèguent les parents aux marges de la vie de leurs enfants, engloutis dans des mondes qui sollicitent constamment leur présence. » Comment sortir de cette soumission volontaire généralisée ?
La première mesure que devrait promouvoir un politique responsable ? Pour l’envoi de toute publicité, recueillir le consentement préalable des individus. L’application d’une telle mesure remettrait la filière inversé à l’endroit ; ce n’est pas au consommateur de subir sans l’avoir demandé les annonceurs dans les rues, dans les journaux et sur les écrans. Sur les boîtes aux lettres, plus besoin de mettre STOP pub, aux addicts de mettre s’ils le souhaitent OUI pub. Les journaux devraient proposer un exemplaire au choix, avec pub ou sans pub, etc. Remettons l’information à sa place, personne ne devrait être obligé de payer une publicité pour les autres.
Un programme politique écologiquement cohérent devrait annoncer la suppression totale de la publicité pour en revenir à la réalité de nos besoins.
(à suivre… demain sur ce blog biosphere)
Déjà paru :
On ne naît pas écolo, on le devient, introduction
Abécédaire, la façon la plus simple pour s’y retrouver
Abeille, qui ne pique que si on l’embête
Abondance, s’éloigne dès qu’on lui court après
Absolu, un mot à relativiser, un mot indispensable
Acteurs absents, dont on a eu tort d’ignorer l’existence
Adolescence, moment de révolte ou de soumission ?
Alcool, dur pour un écolo de refuser de trinquer !
Amour, une construction sociale trop orientée
Animal, une facette de notre humanité trop ignorée
Austérité, mot qui fait peur et pourtant source de bonheur
Barbe, un attribut des hommes qu’on voulait faire disparaître
Cannabis, une dépénalisation qui créerait l’usage
Chasse, activité dénaturée par des chasseurs motorisés
Compétition, système inhumain au service d’une société inhumaine
Croissance, l’objectif économique le plus débile que je connaisse
Démographie, le problème central qui est systématiquement ignoré
Devoir, la contre-partie nécessaire de nos droits
Doryphore, symbole d’une agriculture post-moderne
École obligatoire et gratuite, une entreprise de déculturation
Écologiste en devenir, notre avenir commun
Électricité, les inconvénients d’un avantage
Ethnologie, la leçon primordiale des aborigènes
Eugénisme, engendrer de bonne façon est-il condamnable ?
Euthanasie, mourir de belle manière comme heureuse conclusion
Féminisme, on ne naît pas femme, on le devient
Futur, il sera à l’image de notre passé !
Génériques, l’achat au meilleur rapport qualité/prix
Homoparentalité, la stérilité n’est pas une damnation
Interaction spéculaire, je fais ainsi parce que tu fais de même
IVG, une mauvaise expérience par manque d’expérience
Logement, une maison à la mesure de nos besoins réels
Loisirs, plutôt les échecs que le match de foot à la télé
Mariage pour tous, l’oubli du sens des limites
Militantisme, une construction de soi qui ne va pas de soi
Mobilité, aller moins loin est bien plus rapide
Musée, pas besoin du passé pour être un vrai artiste
Objecteur de conscience j’ai été, je suis, je serai
Pêche, une activité artisanale devenue un massacre de masse
Peine de mort, abolie un jour, tentation toujours
En tout cas, j’ai toujours considéré la publicité comme du racket ! C’est pour moi un impôt privé puisque ce sont les clients qui les payent ces publicités !! Il faut savoir que ça peut représenter jusqu’à 60% (voir plus encore) du prix d’un produit ! Les gens râlent contre la TVA alors que la TVA permet de financer les services essentiels pour toute la population (écoles, hôpitaux, police, routes, trottoirs, etc) alors que la Publicité ne va que dans les poches d’une minorité d’individus, même pas 0,0001% de la population ! Sur les produits on paye plus de Pub que de Tva ! Par exemple, si une chaîne de télé facture 30 secondes de pub 20 fois par jour pendant 3 mois pour le prix d’1 million d’euros. Et ben ce 1 million d’euros ne va pas se répercuter dans les même proportions sur le prix final pour un tube de dentifrice qu’une voiture.
Pour une voiture ce sera autour de 8% tandis qu’un dentifrice 60% puisque la quantité d’unités de produits à vendre n’est pas le même pour amortir les frais de publicité. Alors sur tous les produits d’hygiène et alimentaire les prix des publicités sont très élevés ! On paye plus de frais de publicités que la Tva ou même plus de frais de publicité que le produit en lui-même ! Par exemple sur une boîte de biscuits, vous payez plus de publicité que le contenu de la boîte !
De toute façon, les pubs sont des marchands qui s’introduisent à votre domicile sans votre consentement ! Ça serait des démarcheurs à votre porte, vous n’ouvrirez pas forcément, voir demanderez de ne plus être harcelés, alors qu’à la télé ils s’introduisent chez vous pour vous forcer à écouter ce qu’ils veulent vous dire. La pub à la télé c’est comme un appel téléphonique d’un marchand sauf que vous ne pouvez pas répondre !
Quand j’achète un produit je sais combien je paye de TVA. Dans certains cas je sais aussi ce que je paye pour l’écotaxe (environ 6 € pour un frigo). Jusque là, c’est clair. Ensuite ça l’est moins. Déjà pour savoir la marge que se fait le vendeur, manière d’avoir une idée de ce que touche le producteur ou le fabriquant.
Quant à savoir ce que je paye pour la Pub…. alors là !?
Une chose est certaine, c’est bien le consommateur qui paie la Pub.
Mais combien réellement… pour une bouteille de Coca… pour une Bagnole etc. ?
Toi tu dis … “que ça peut représenter jusqu’à 60% (voir plus encore) du prix d’un produit ! […] Pour une voiture ce sera autour de 8% tandis qu’un dentifrice 60% .“
Seulement je crois que tu mélanges un peu tout. Le coût de production, le coût des transports et de livraisons, le coût de la Pub, le coût de revient, le prix de vente, le bénéfice, le profit etc. etc.
Non non, la publicité peut représenter beaucoup en % de ce que ça représente sur le produit ! Par exemple, pour passer un spot de 30 secondes 20 fois par jour pendant 3 mois, Un chaîne de télé va proposer exactement le même tarif pour 30 secondes aussi bien envers Renault pour des voitures que des paquets de biscuits Breton !!! Celui qui produit et vend la publicité ne fait pas des tarifs différents en fonction du produit vendu, mais en fonction de la fréquence de la publicité dans la journée, de l’audimat, des plages horaires (par exemple pour les jouets, les publicités seront plus fréquentes au moment où les enfants regardent la télé, la journée, tandis que pour des parfums elles seront surtout diffusées le soir et la nuit là où les parents ont plus le temps de regarder).. MAIS oui, les publicités peuvent représenter 60 % du prix d’un produit (surtout produits à bas coûts, dentifrice, biscuits, etc)
De tout façon tu peux faire tes recherches, tu verras ! Tu tapes combien représente pub sur le prix sur un moteur de recherche et tu trouveras plein de sites qui le confirment
Après pourquoi ça peut monter jusqu’à 80 % ? C’est très simple parce qu’on peut payer plusieurs fois la pub sur 1 produit !!! Par exemple, prenons Kinder pour ses biscuits au chocolat, l’usine va passer de la publicité à la télé, donc des frais de publicités seront répercutés directement sur le produit, ensuite Kinder vend ses biscuits au supermarché Carrefour. MAIS Carrefour va repayer de la publicité à la télé en plus des prospectus !!!! Donc d’autres frais publicitaires vont encore se répercuter sur les biscuits Kinder ! De toute façon Carrefour ne va pas s’embêter et va répercuter ses frais publicitaires sur l’ensemble de tous ses produits (même ceux qui ne passent pas à la télé ou ne sont pas publiés en prospectus)… Bref, la publicité c’est comme la CSG, on peut payer des taxes sur des taxes mais aussi des frais publicitaires sur d’autres frais publicitaires !
Comme je ne cherche qu’à savoir, je vais regarder ça de plus près .
En attendant, merci pour ces infos.
Publicité = une des pires plaies de notre époque .
Impossible de visionner un film sans être interrompu par ces m…es de pub : heureusement , il est loisible d’ enregistrer les films et ainsi de passer en force à travers les pubs 😎
Sans me vanter , la pub ne m’ influence pas pas plus que les vils racontars des journalopes
de TF1-LCIA .
Désolé pour les vilaines manières
N’allez surtout pas croire que vous seriez totalement étanche à la Pub, qu’elle ne vous influencerait en rien. La preuve… si on vous demande de nommer 10 marques de bagnoles, 3 de lessives, ou de shampoings… vous verrez que vous allez vite y arriver. Par contre 10 noms de philosophes, 3 noms de sociologues, ou de biologistes… là je parie que ça sera plus difficile.
heidegger , nietzsche, spinoza, schopenhauer, platon , socrate, sénèque,
kierkegaard,kant , descartes, pareto , weber, durkheim , pasteur, darwin , von linné , voilà 😁
Oui mais… il vous aura presque fallu 2 heures. Bon, à moi maintenant :
Audi, Alpha-Roméo, Austin, BMW, Bick, Bugatti, Cadillac, Chevrolet, Citroën, Datsun, Dodge, Euh… Fiat, Ford… Pigeot, Rino …
STOOOOP ! C’est bon, j’en ai plus qu’il en faut. Même pas 1 minute !
Ce n’est pas parce qu’on retient plus facilement la marque d’un produit qu’on l’achète pour autant ! Personnellement la Pub n’influence pas mes achats. Je regarde avant tout le rapport qualité/prix ‘au kilo), les ingrédients pour tout ce qui est alimentaire. Ensuite je regarde les performances qualité/prix pour tout ce qui est appareil. Mais tout ce que je peux faire par moi-même je le fais moi-même ! Y compris poser une fenêtre !
Toi c’est pareil, ne va surtout pas croire que tu serais au dessus du Lot.
Face au “choix“ entre deux produits d’un rapport qualité/prix identiques… en considérant que tu puisses vraiment évaluer la qualité… eh bien comme tout le monde tu seras tenté de prendre celui que tu connais.
Ne serait-ce que celui dont tu as entendu parler. En bien, bien évidemment ! On n’a jamais vu une pub raconter que son produit c’est de la merde.
L’autre, produit… celui dont tu n’as jamais entendu parler, ni en en bien ni en mal … eh bien c’est tout simplement l’inconnu. Et comme tu sais, l’autre… l’inconnu, l’étranger, le pas clair… eh bien on préfère tout connement l’éviter.
Vous savez tous, sur ce blog, ce que je pense de la Pub.
La Pub c’est moche, ça pue et ça rend con ! Et à ce titre, je dis que la Pub est une de ces saloperies qu’on devrait interdire.
Je voudrais juste commenter ici cette déclaration de Patrick Le Lay en 2004.
Je la trouve minable, scandaleuse. Elle aurait dû provoquer un tollé, une révolution…
Du moins elle aurait dû marquer la fin de TF1. Hélas… même pas !
Des déclarations de ce genre il y en a d’autres. ( à suivre )
Je pense de suite à celle de Séguéla en 2009 : «Si à 50 ans on n’a pas une Rolex, on a quand même raté sa vie». Et bien sûr aussi à celle de notre petit président, début de cette année : «les non-vaccinés, j’ai très envie de les emmerder… jusqu’au bout».
On se souvient que par la suite ces misérables ont essayé de se justifier, d’arrondir les angles, et blablabla. Trop tard ! Le mal est fait.
Personnellement je ne pourrais jamais oublier ce qu’ils ont dit, le mal qu’ils m’ont fait… qu’ils nous ont fait ! Pour moi ces déclarations, historiques, marquent clairement la dérive. De plus, elles sonnent comme des blasphèmes. Et ça rejoint donc l’autre sujet du jour, sur l’affaire Rushdie.