écologie appliquée

le criminel Bush

Le bilan de l’administration Bush est critiqué par les écologistes de tous les pays (LeMonde du 18-19 janvier). Voici quelques indications complémentaires sur un président américain qui s’est toujours retranchée derrière la voix de dieu pour fuir ses responsabilités personnelles et derrière sa conscience personnelle pour nier les vérités scientifiques.

Bush en 2003 : « Je me suis vu confié une mission, Dieu m’a dit : ”Georges, va combattre ces terroristes en Afghanistan”. Et je l’ai fait. Et puis Dieu m’a dit : ”George, va mettre fin à la tyrannie en Irak”. Et je l’ai fait ». Et comme George Bush était en présence du premier ministre palestinien (en juin 2003), Bush rajoute : « Et de nouveau maintenant je sens le verbe de Dieu venir en moi : ”Va donner aux palestiniens leur Etat et aux Israéliens leur sécurité, et fais la paix au Moyen-Orient”. Et Dieu m’est témoin que je vais le faire ! ». La Maison Blanche s’est refusée à commenter ce qu’elle a présenté comme une conversation privée.

Bush en 2004 : les USA ont augmenté leurs GES de 2 % en 2004, le volume global s’est élevé à 5,9 milliards de tonnes de CO2 sans compter les autres gaz à effet de serre comme le méthane. Ces émissions sont supérieures de 16 % au niveau de 1990 alors que le protocole de Kyoto (refusé par Bush en 2001) demandait aux USA de les diminuer de 7 % en 2012 par rapport à 1990. C’est un lobby pétrolier, l’American Petroleum Institute, qui a entraîné Bush à sortir du protocole de Kyoto sous le fallacieux prétexte que les sciences du climat étaient si incertaines que l’impact de l’activité humaine sur l’effet de serre serait contestable.

Bush en 2005 : Le chef du conseil de la Maison Blanche a modifié substantiellement, pour en amoindrir la portée, des rapports officiels décrivant les recherches scientifiques sur le changement climatique. Depuis quatre ans la politisation du pouvoir américain, il faudrait plutôt dire « les agissements des vendus aux marchands de pétrole « , a eu des conséquences terribles sur les programmes scientifiques, jusqu’à entraîner de l’autocensure. Tout cela a abouti à tromper sciemment des Américains qui ont déjà tendance à se tromper eux-mêmes sur la pérennité de leur niveau de vie. A cause de cet aveuglement américain volontaire, le libéral-capitalisme pille les ressources non renouvelables jusqu’au point de non retour.

Bush en 2006 : Lors de son discours de 2700 mots (sur la loi sur l’énergie), le président Bush a été incapable de simplement mentionner le changement climatique, le réchauffement ou les gaz à effet de serre. Selon G.Bush, le but de la loi sur l’énergie (adoptée en août 2005) est « d’aider chaque américain qui se rend au travail en voiture, chaque famille qui paie une facture d’énergie, et chaque propriétaire de petite entreprise qui souhaite voir son affaire se développer ». Il faut dire que lors d’une rencontre avec Michael Crichton, le trop célèbre auteur de « état d’urgence », Bush avait confié : « Les rapports des scientifiques ne sont pas toujours très solides. Mais comment en convaincre les gens ? ». Bush et Crichton sont beaucoup plus fort que les centaines de scientifiques qui ont participé au GIEC (groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat). La communauté scientifique converge pour annoncer un réchauffement moyen de la planète compris entre 1,5 et 4° d’ici 2100, Crichton se moque : « Si un gouvernement osait publier des projections budgétaires pour le siècle à venir, tout le monde rigolerait ». Crichton sûr de lui :  « Si l’activité humaine n’était responsable que d’un degré de plus, faudrait-il que la planète entière renonce, dès demain au pétrole et au charbon ? ». G.Bush se contente d’ajouter : « Nous sommes d’accord »

Bush en 2007 : Dans son discours de l’Union fin janvier 2007, George Bush avait souligné, pour la première fois depuis le début de sa présidence en 2000, qu’il fallait donner des réponses au « sérieux défi du changement climatique mondial ». Mais Bush se refuse encore à envisager un objectif de diminution de CO2, il ne peut admettre une remise en question du niveau de vie américain. Il se contente donc de croire en la technologie, il déclare faire confiance dans une loi imposant aux constructeurs de produire des véhicules plus économes en carburant ainsi que des voitures hybrides, il souhaiterait développer les carburants de substitution comme l’éthanol ou le charbon propre, il revient au credo d’autrefois qui repose sur le culte de l’énergie nucléaire.

G.Bush a eu une révélation pour son peuple, celle d’être « les gérants responsables de la Terre que le Tout-Puissant nous a confiée ». Dans son allocution du 28 septembre 2007, G.Bush affirmait encore la nécessité de « produire moins d’émissions de gaz à effet de serre ». Attention,  certainement pas en réduisant la consommation d’énergie : « Dans ce nouveau siècle, le besoin d’énergie ne fera que croître ». Car Bush croit au miracle : « En développant de nouvelles technologies à basses émissions, nous pouvons satisfaire la demande croissante d’énergie et, en même temps, réduire la pollution atmosphérique et les émissions de gaz à effet de serre. »

Bush en 2009 : Le 20 janvier, Barack Obama va succéder à Bush. Dans sa dernière allocution, Bush reste fidèle à lui-même, ridicule :  » Le Bien et le mal sont présents en ce monde, et entre les  deux, il ne peut y avoir de compromis (…) La liberté est un cadeau universel de Dieu tout-puissant ». Il est étonnant qu’un tel personnage ait été désigné pour conduire l’Amérique pendant deux mandatures. C’est à désespérer de la démocratie. Les générations futures accuseront Bush de crime contre l’environnement ; Bush plaiderait qu’il n’était que la main de Dieu ! C’est à désespérer de la religion.

le criminel Bush Lire la suite »

postcapitalisme

Hervé Kempf en est persuadé, nous sommes sur le  chemin du postcapitalisme. Son dernier livre « Pour sauver la planète, sortez du capitalisme » en est un témoignage. Le fait nouveau, c’est que des dirigeants politiques commencent à penser la même chose !

Angela Merkel, chancelière allemande : «  Les pays industrialisés doivent absolument comprendre que nous avons vécu au-dessus de nos moyens. Nous avons fait un emprunt sur l’avenir sans en avoir produit la contre-valeur dans l’économie réelle, cela ne peut pas ne pas avoir de conséquences graves. » Et elle répète : « Nous avons vécu au-dessus de nos moyens. »

Wouter Bos, ministre des finances des Pays-Bas:  « Nous ne devrions pas penser que nous allons sortir du système seulement en ayant plus de régulation du profit et une meilleure supervision. La société capitaliste a besoin d’une discussion sur un nouvel équilibre entre nous voulons toujours plus et nous avons assez (…) La crise financière n’est pas le plus grave problème auquel fait face le système capitaliste. La crise climatique va progressivement devenir plus importante, et la crise alimentaire persiste. Ces deux crises sont bien plus fondamentales que la durabilité du capitalisme. »

 Ces discours tenus lors d’un colloque de prospective (in LeMonde du 15 janvier, le chemin du postcapitalisme) montrent que même si l’ordre du jour ne comportait pas l’examen d’alternatives au capitalisme, il n’était que temps de s’interroger. Hervé Kempf souffle une solution partielle, établir un RMA (revenu maximal autorisé). Mais ce n’est que lors d’une révolution écologique que les têtes des aristocrates de la finances peuvent se retrouver au sommet d’une pique. Madoff doit sans doute être encore en liberté…

postcapitalisme Lire la suite »

réinventer l’avenir

Je pense depuis plusieurs années que nous allons vers des krachs écologiques. J’essaye avec mes faibles forces d’aider à une prise de conscience. Mon site biosphere.ouvaton.org s’efforce de donner des informations accessibles à la fois aux amoureux de la nature et aux objecteurs de croissance qui mènent le même combat sans en avoir souvent conscience. J’ai ajouté depuis début 2008 une critique quotidienne des informations véhiculées par Le Monde  sur mon blog. Je ne peux qu’être satisfait de trouver dans l’éditorial du Monde du 9 janvier la prise en compte de mes préoccupations :  

« Il est urgent de rebattre les cartes du monde dans le sens de la sauvegarde de notre écosystème naturel et humain… Défenseur du capital naturel, Pavan Sukhdev réfléchit aux moyens de garantir la sécurité écologique en réduisant l’impact de l’activité humaine sur les ressources naturelles et leur pérennité… Conjuguer l’économie et l’écologie, consommer autrement, partager et préserver ; ce sont là les bases d’un nouvel ordre mondial qui reste à établir… Des dizaines, des centaines de milliards de dollars devront être débloqués pour éviter une crise écologique majeure qui dévasterait nos sociétés à coups de sécheresses et d’inondations, de paupérisations urbaines et de migrations dramatiques qui viendraient s’ajouter aux famines, aux épidémies et forcément aux guerres pour le contrôle des ressources… Bien des civilisations n’ont pas survécu à des épisodes écologiques meurtriers… Le respect des forces naturelles, la recherche de l’équilibre entre l’homme et la terre-mère si éloignée de nos valeurs auraient pu être le frein nécessaire au progrès technique occidental ».  

Je retrouve là tous mes thèmes d’inquiétudes, et même ma devise selon laquelle il faut pratiquer la pédagogie de la catastrophe, sinon c’est la catastrophe qui servira de pédagogie: « Si les troubles qui nous vivons conduisaient à une prise de conscience universelle, on pourrait alors estimer que la crise survenue à l’automne aura été bénéfique et, pourquoi pas, salutaire ». Malheureusement une expression vient gâcher mon complet accord avec cet éditorial, « Il reste à imaginer une  croissance… » ! Comme si la croissance que nous avons connue jusqu’à présent n’avait pas mis notre planète au pillage. Comme s’il pouvait exister une croissance vertueuse ! Comme si une évolution « plus économe et plus autonome » comme le voudrait cet éditorial n’était pas l’exact contraire de la croissance économique ! Comme si un article qui ferait l’impasse sur l’idée de  croissance serait une faute contre le bon sens ! Comme si on voulait encore nier que c’est l’imaginaire progressiste qui nous a conduit à l’impasse actuelle !  

Bien entendu, il ne faut pas tomber dans l’opposition stérile croissance/décroissance. Croissance n’est pas un mot tabou, tout dépend de ce qui croît, sur quelle période, et pour quelle finalité. Décroissance n’est pas un mot tabou. C’est pourquoi on peut prôner à la fois la décroissance des inégalités et la croissance du bien-être généralisé, la décroissance de la morosité et l’ouverture vers un avenir durable, la décroissance de nos besoins illimités et l’augmentation de notre humilité, la décroissance de notre impact sur la planète et l’amélioration de nos relations sociales. Nous pouvons à la fois manger moins de viande et acheter plus de produits locaux. Ne soyons pas réducteurs, ne laissons pas les économistes confisquer le mot richesse et l’assimiler au Produit intérieur brut. Le PIB est devenu un mauvais indicateur, il ne doit pas être sacralisé. La volonté de croissance économique doit faire place au sens des limites, il faut réinventer l’avenir en changeant des valeurs soumises à l’emprise de la révolution industrielle. Il faut donner du sens à la réalité de la terre-mère…

réinventer l’avenir Lire la suite »

Jean-Marc Jancovici

Je relaye la dernière analyse du formidable Jean-Marc Jancovici, le seul consultant qui vous offre la Lune sans que vous ayez à la demander… www.manicore.com 

« Pendant 5 secondes, j’y ai cru. Pensez donc : c’est la première fois depuis que je suis né que nous avons à la fois un candidat qui a signé le pacte écologique, un n° 2 du gouvernement en charge de l’environnement, un Grenelle avec Greenpeace embrassant presque le Ministre sur la bouche, et enfin deux prix Nobel (Sen et Stiglitz) chargés de remplacer le PIB par quelque chose de plus djeun’s. 

C’est dire si la guettais, pendant les voeux, la petite phrase du locataire de l’Elysée expliquant que ce qui nous arrivait ressemblait bigrement à une crise de ressources que la relance serait environnementale ou ne serait pas (en plus y avait qu’à copier Obama, même pas la peine que les conseillers de notre présent se creusent la caboche), puisqu’il n’y aura pas plus d’activités économiques sans ressources naturelles que de beurre sans lait.  

Et bien j’en aurai été pour mes frais : rien ! nada ! nib ! peau-de-balle ! bernique ! Pas le moindre atome de carbone dans l’allocution ! Pas la moindre ressource environnementale dans la feuille de route ! Pas la moindre ambition de nous « sortir du fossile » alors que (presque) tout ce que la planète compte de pétroliers et de scientifiques du climat est pendu à la corde du tocsin ! Et à la place d’un plan qui ravirait les quelques millions d’enfants de notre pays, que nous concocte notre président ? Une « relance économique » basée sur ce qui a fonctionné au 20è siècle, en croyant que ça va continuer à fonctionner à l’avenir, avec force vente de voitures et kilomètres d’autoroutes, une pincée d’immobilier en banlieue étalée pour pimenter le tout (car l’étalement urbain est la conséquence concrète des prêts actuels), en nommant même un ministre pour faire le contraire de ce que devrait normalement faire Borloo.  

Y’a pas à dire, la politique c’est un beau métier.

Jean-Marc Jancovici Lire la suite »

l’économie, filiale de l’écologie

Nous sommes en train de nous écarter dangereusement de notre trajectoire de sécurité. Nos émissions de gaz à effet de serre croissent encore plus vite que dans les scénarios les plus pessimistes. Jusqu’à présent, nous avons évolué dans un environnement climatique très stable. Chaque degré compte. Une baisse d’un demi-degré a suffi pour nous faire entrer dans le petit âge glaciaire. Le New Green Deal d’Obama ne fonctionnera pas si l’on se contente par exemple de remplacer des voitures à essence par des voitures qui roulent aux carburants renouvelables. L’économie doit être pensée comme une filiale à 100 % de l’environnement. Le prix que nous donnons aux choses doit être réévalué. Si nous prenions en compte les coûts véritables de l’eau et des carburants nécessaires à la fabrication et au transport des biens, nous constaterions que les déplacer autour du monde comme nous le faisons coûte très cher. En 2009, l’influence des citoyens sera cruciale.

 C’est ainsi que s’exprime Jacqueline McGlade, directrice de l’Agence européenne pour l’environnement qui évalue les politiques publiques pour le compte de l’Union européenne. L’AEE va publier le 9 janvier 2009 un rapport intitulé « Signaux 2009 : les questions environnementales auxquelles l’Europe va devoir faire face ». Le teste ne se limite pas à la question climatique et aborde la destruction de biodiversité, la pertinence de la politique agricole commune, l’échec de la politique des pêches, le débat sur les agrocarburants : « Convertir des forêts, des tourbières, des prairies en biocarburants générerait plus de CO2 que cela n’en économiserait ». (Le Monde du 27 décembre 2008)

l’économie, filiale de l’écologie Lire la suite »

la fabrique des politiques

Sarko a fabriqué Rama Yade, Julien Dray a fabriqué les jeunes socialistes à la pointe du combat. Selon l’UMP Ch. Estrosi, « Rama Yade existe parce que Nicolas Sarkozy l’a fabriquée ! On fait un placement, on le fait fructifier… ».   Une ancienne présidente de la FIDL déclare que « c’est Julien Dray qui, tous les deux ans, nomme les personnes de l’organisation ». (cf. Le Monde du 20 décembre). La gauche comme la droite construisent leurs leaders politiques en puisant dans la minorité visible ou dans les jeunes lycéens. A droite comme à gauche, il faut rechercher les nouveaux talents qui vont donner une image positive de son parti. Mais qui a fabriqué Sarko-Dray? Qui a fabriqué les fabricants ?

Selon Serge Latouche (la mégamachine), la plus puissante machine inventée par le génie humain n’est autre que l’organisation sociale. Quand elle se complexifie pour devenir des organisations de masse, combinant la force militaire, l’efficience économique, la performance technique et le pouvoir politique, l’individu devient alors le rouage d’une mécanique complexe atteignant une puissance quasi-absolue : la méga-machine. Aujourd’hui la méga-machine prend des dimensions planétaires qui transforme tous les humains en rouages à fabriquer des rouages. Les leaders politiques choisissent leurs valets, mais on ne devient leader politique que si on a complètement assimilé les objectifs du système thermo-industriel, consommer à outrance. Sarkozy s’habille d’une montre Rolex Daytona d’une valeur de 10 000 à 15 000 euros, Julien Dray est lui aussi friand de montre, on lui en connaît une qui avait coûté en 1999 la bagatelle de 38 000 euros. Il n’y a  plus de différence entre les dévots du libéralisme économique ou du socialisme, il faut travailler plus pour gagner plus pour que quelques-uns uns se payent des montres hors de prix et puissent nommer des politiques qui vont à leur tour prôner la croissance économique. Que ce soit Obama, Sarkozy ou Martine Aubry, ils sont tous entièrement d’accord, il faut financer l’industrie automobile, il faut relancer l’économie, il faut augmenter le pouvoir d’achat, il faut dépasser toujours plus vite les limites de la planète.

Dans une société riche, chacun est plus ou moins consommateur-usager ; de quelque manière, chacun joue son rôle dans la destruction du milieu. Tout leader politique n’est que le jouet des mécanismes économiques, ceux qui militent pour une véritable écologie politique demeurent à l’état de trace.

la fabrique des politiques Lire la suite »

sépulture écolo

Nous ne nous rendons vraiment pas compte que les problèmes écologiques traversent tous les aspects de notre existence. Cette transversalité rend la recherche de modes de vie acceptables pour la planète des humains et de ses associés vraiment très difficile. Même la crémation est polluante. Les rejets de poussières et de gaz toxiques dans l’atmosphère ne sont pas négligeables. L’émission de mercure contenu dans les amalgames dentaires frise les 280 kg/an en Suisse, soit près d’un tiers du total des émissions de mercure de ce pays (LeMonde du 19 décembre). N’y aurait-il pas de mode funéraire écologique ?

            Depuis 1948 au Japon, la crémation est obligatoire en zone urbaine pour ne pas laisser l’espace de plus en plus rare envahi par les cimetières. De son côté le pouvoir chinois s’emploie depuis longtemps à empêcher les sépultures en pleine terre dans les campagnes : dans un pays habité par le cinquième de la population mondiale, mais où 7 % seulement des terres sont arables, l’éparpillement des tombes pose en effet un problème d’occupation des sols. Les Chinois proposent même des cercueils en papier pour épargner les forêts. Mais le mode de sépulture qui a gagné ma confiance car il va dans le sens du recyclage programmé par la Nature, c’est l’initiative parisienne : la commune fournit une sépulture gratuite pour cinq ans aux personnes décédées sans ressources ni famille. Pour ce faire, des caissons en béton étanche sont équipés d’un système d’introduction de l’air afin que les espèces qui aident au recyclage de l’organisme puissent accéder au festin, que l’oxygène accélère le dessèchement du corps et qu’il y ait une évacuation des gaz de décomposition. Il n’y a aucune pollution et le caveau peut être récupéré à l’infini.

            En général, nous ne nous appuyons pas assez sur les compétences de la nature qui possède depuis des temps immémoriaux un sens pratique très développé en ce qui concerne l’équilibre dynamique et le recyclage performant.

sépulture écolo Lire la suite »

développement ou rupture ?

L’UE s’engage péniblement  vers un accord sur le paquet énergie-climat. De toute façon la facture sera jugée toujours trop lourde par les industriels. Et le consommateur européen ne s’est pas encore rendu compte qu’il va lui falloir changer toutes ses habitudes. Il n’y a que le WWF chinois qui commence à réfléchir : « Les pays riches ont pu se développer dans le passé, émettant ainsi beaucoup de gaz à effet de serre. Mais pouvons-nous consommer autant d’énergie que vous l’avez fait ? Non, parce qu’il n’y a plus assez de place pour davantage de carbone. » Le gouvernement chinois en tire la conclusion que « les pays développés doivent soutenir les pays en développement par des ressources financières et du transfert de technologie » (Le Monde du 13 décembre). La Chine n’a pas encore compris que le développement est un concept nocif et que la technologie est le problème, pas la solution.

Ce qui se commet au nom du développement n’a rien de libérateur. Ce n’est qu’une forme larvée, encore plus perverse que l’ancienne, de colonialisme. Les premiers combattants anticolonialistes brandissaient comme un étendard de libération la bannière du développement pour justifier tous les dispositifs créés par le colonialisme en vue de la déculturation en profondeur des peuples dominés. Pour eux, il était clair qu’un bon développement devait continuer d’étendre ces infrastructures héritées de l’époque coloniale afin de permettre à leur pays de « rattraper », le plus vite possible, leur « retard économique ». Il est important de dire aux Européens  comme le fait un professeur à l’université de Dakar: « Arrêtez de nous développer parce que vous ne pouvez nous développer qu’en pensant que nous sommes sous-développés. Or, nous, nous pensons que vous êtes en voie de sous-développement, avec vos pollutions, vos grandes villes, vos personnes âgées dont personne ne s’occupe, etc. » La chine imite le modèle de développement occidental, il n’a fait qu’importer les maux de la société thermo-industrielle, urbanisation non contrôlée, travail forcé, épuisement des ressources non renouvelables, empoisonnements, effet de serre… (cf. Majid Rahnema, la puissance des pauvres)

La variable déterminante du développement humain après 1800 fut la libération de la vitesse technologique. La révolution industrielle constitue, selon Davis Gregory Clark, la première rupture de l’économie humaine avec l’économie naturelle. Stanley Jevons a analysé la dépendance de l’économie britannique à l’égard d’un charbon bon marché, mais épuisable dans The Coal Question (1865). Il trouve ailleurs que dans la  terre un facteur limitatif de la production. Toutefois ce facteur n’est plus un fonds renouvelable, mais un stock (les ressources minières) dont la perspective de l’épuisement annonce un avenir autrement plus sombre que l’état stationnaire : le déclin ! Jevons formule aussi un paradoxe qui a gardé son nom : l’accroissement de l’efficacité technologique dans l’utilisation d’une ressource naturelle comme le charbon ne réduit pas la demande pour cette ressource, mais l’accroît au contraire. La consommation est déchaînée par l’accélération technologique du fait de la baisse des coûts que celle-ci entraîne : « Le système économique accroît indéfiniment notre richesse et nos moyens de subsistance, et conduit à une extension de notre population, de nos productions, de nos échanges, qui est appréciable dans le présent, mais nous mène nécessairement vers une fin prématurée ». La croyance dans la technologie comme solution ultime à tous nos problèmes peut détourner notre attention du problème réellement fondamental – celui de la croissance dans le cadre d’un système fini – et même nous empêcher de prendre les mesures adéquates pour y porter remède. La loi d’entropie nous rappelle qu’il existe une flèche du temps et que nous laisserons aux générations futures un patrimoine naturel moindre et sans doute moins adapté à leurs besoins que celui que nous avons trouvé à notre naissance (cf. Jean-Paul Fitoussi, la nouvelle écologie politique).

développement ou rupture ? Lire la suite »

décroissance et catastrophe

Les Verts affichent enfin leur unité lors de leur Congrès. Cécile Duflot est réélue secrétaire nationale et la motion commune est votée par 71 % des congressistes (LeMonde du 9 décembre). Quant au contenu, le texte se prononce pour une « décroissance sélective, équitable et solidaire ». Cela est un peu plus incisif que la plate-forme électorale des listes EuropeEcologie qui prône seulement la « décroissance des flux de matière et d’énergie». D’ailleurs dans Libé du 5 décembre, Daniel Cohn-Bendit est beaucoup moins affirmatif : « « Pour moi  la décroissance, c’est un gros mot que personne ne comprend. Comment parler de décroissance à des gens en crise ? » Alors on  vivra autrement, mais sans rien changer : « Cela signifie arrêter de produire des voitures non estampillés développement durable au profit de véhicules qui consomment moins et durent plus longtemps ». Il n’y a là aucune remise en question du véhicule individuel qui structure nos sociétés !

Derrière ces circonvolutions de langage se cachent un débat fondamental, celui de la profondeur de la crise à venir. Sur ce point, le manifeste du conglomérat EuropeEcolgie rassemblé autour de Daniel Cohn-Bendit est assez explicite : « Nous n’avons plus le temps. Tous les indicateurs sont au rouge. Notre modèle de développement est pulvérisé par les faits ! Aveuglé par l’idéologie de la croissance sans limites, dopé par le laisser-faire du libéralisme, le système productiviste fonce tout droit vers la catastrophe, tel un bateau ivre ». « Catastrophe » ? Le gros mot que tout le monde  comprend est lâché. Pourtant au Congrès des Verts, Yves Cochet et Denis Baupin ont été marginalisés sous prétexte qu’ils seraient « catastrophistes ».

La circulaire française de juillet 2004 qui gère l’EDD (éducation au développement durable), indique : « La prise de conscience des questions environnementales, économiques, socioculturelles doit, sans catastrophisme mais avec lucidité, aider les élèves à mieux percevoir l’interdépendance des sociétés humaines avec l’ensemble du système planétaire ». Mais ce n’est pas faire du catastrophisme (termes du texte officiel) que de montrer aux jeunes que nous éduquons une réalité catastrophique, épuisement des ressources fossiles, choc climatique, stress hydrique, perte de biodiversité… La réalité est désormais surdéterminée par les krachs écologiques qui s’annoncent et qui rétrospectivement feront du tsunami financier actuel une petite vague sans conséquence. Comme l’exprime un livre d’Yves Cochet, nous allons vers la « pétrole apocalypse ».Je suis personnellement un partisan de la pédagogie de la catastrophe, mais uniquement pour que ce ne soit pas la catastrophe qui serve de pédagogie quand il sera trop tard pour  réagir.

décroissance et catastrophe Lire la suite »

le futur du PS

Martine Aubry est la nouvelle « premier secrétaire » du Parti socialiste français à quelques voix près. Espérons qu’elle sera plus présente rue Solferino qu’elle ne l’était en tant que secrétaire nationale à l’emploi ! Espérons quelle arrêtera de vouloir flinguer Delanoë ou Ségolène ou tout ce qui lui porte ombrage !! De toute façon elle devra gérer l’absence de ligne politique du PS. L’éditorial du Monde (27 novembre) glose sur les deux PS et ses deux lignes antagonistes. Mais mon quotidien préféré est bien en peine de préciser un contenu idéologique dans un parti fragmenté en clans qui s’opposent sur les personnes et jamais sur les idées. L’ancrage à gauche volera en éclat à l’approche des prochaines présidentielles, et de toute façon la question demeure : Quelle gauche ?

En fait le PS a loupé son tournant idéologique en ne donnant que 1,58 % des voix à la motion « pour un Parti socialiste résolument écologique ». Les militants ont cru arbitrer la querelle des ego, ils se sont plantés. De toute façon cette gauche-là reste résolument productiviste alors qu’il faudrait dorénavant penser autrement. Face à la crise écologique globale qui marque la défaite du capitalisme, le socialisme pourrait manier de nouvelles armes : il n’y a pas d’opposition entre socialisme et écologie. Analysons :

Les niveaux de productivité atteints aujourd’hui sont extrêmement élevés. Pourtant les gains en productivité ne se traduisent pas spontanément en réduction du temps de travail. Prenons un exemple. Supposons qu’à la suite de l’introduction d’une nouvelle technique, il soit possible de produire un bien donné, disons une voiture, en deux fois moins de temps, toutes autres choses égales par ailleurs. La recherche de la valeur fera que l’on produira deux fois plus de voitures dans un temps resté inchangé plutôt que de réduire par deux la durée du travail dans cette industrie. Les gains de productivité sont attribués de préférence à l’accroissement de la production et non à la réduction du temps de travail. On comprend tout de suite pourquoi ce type de croissance a un impact négatif sur l’environnement. En effet chaque gain en productivité sera utilisé à produire plus et donc demandera plus de matières premières pour la production, ce qui produira plus de pollution.            

Martine Aubry a été le maître d’œuvre des lois de 1997 et 1999 sur les trente cinq heures. Elle devrait désormais revendiquer la semaine de 25 heures pour chaque partenaire d’un couple. Contre la doctrine sarkoziste du « travailler plus pour gagner plus », un non-sens dans le contexte de destruction des ressources de la planète provoquée par la croissance capitaliste, Martine Aubry pourrait suivre la seule ligne politique qui vaille, limiter toujours plus le temps de travail, limiter toujours plus les inégalités, limiter toujours plus les besoins, lier social et écologie.

le futur du PS Lire la suite »

l’avenir du PS

Le socialiste est un intellectuel qui ne pense pas. Le dossier du Monde (15 novembre) sur le Congrès du Parti socialiste enfonce le clou : « Un PS fracturé par le référendum européen de 2005 (…) Un PS gazeux, sans armature idéologique forte, ni base sociale marquée, ni socle militant puissant (…) Faute d’un affrontement sur les idées, on assiste à un affrontement hystérique sur les personnes (…) Un PS en panne d’idées parce qu’il est en panne d’une compréhension du monde. » J’en passe et des meilleures. Mais l’atonie du Parti socialiste est-elle due au fait que les intellectuels sont écoutés par les dirigeants du parti, mais pas entendus, ou l’atonie cérébrale vient-elle des intellectuels eux-mêmes, à commencer par les experts omnipotents qu’on nomme économistes ?

Prenons un exemple. La posture plus-à-gauche dans le parti socialiste (motion C de Benoît Hamon) est un regard vers notre passé, pas vers notre avenir. Ainsi l’indépendance de la banque centrale européenne (BCE) est critiquée. Cette gauche-là voudrait pouvoir relancer l’économie avec une baisse des taux d’intérêt. Non seulement une telle politique perpétue la vie à crédit (politique keynésienne de la Fed) qui a entraîné pour grande partie le tsunami financier, mais cela risque aussi de relancer l’inflation, donc de diminuer le pouvoir d’achat. Plus fondamentalement, toute politique de relance est artificielle et soutient un système économique qui vit déjà au-dessus des possibilités de la planète. C’est donc une erreur fondamentale car il n’y a pas là de vision d’avenir, seulement une gestion du système financier qui ne se démarque pas de celle de Sarkozy, cette droite adepte de la  relance économique et opposée à l’autonomie de la BCE. 

Aller vers l’idéal, comprendre le réel ? Il ne suffit pas de comprendre le monde tel qu’il fonctionne aujourd’hui, il faut porter un grand récit pour un avenir positif de l’humanité. Seuls les partisans d’une décroissance positive, alliant écologie et social, esquissent actuellement cette société durable. Ce n’est pas parce que le social-écolo René Dumont a obtenu seulement 1,32 % des voix en 1974 et le pôle écologique du PS pas beaucoup plus (1,58 % aujourd’hui pour la motion B), que l’utopie ne peut pas devenir une réalité : la planète œuvre aux côtés des objecteurs de croissance car les forces de la Biosphère s’épuisent et rendent obsolète chaque jour d’avantage l’idéologie croissanciste.

l’avenir du PS Lire la suite »

saumons socialistes

Six motions sont en concurrence pour le vote préparatoire au Congrès du Parti socialiste ce soir 6 novembre. Trois motions n’ont aucune cohérence idéologique, elles sont portées par un leader rejoint par quelques saumons qui ont sauté de courant en courant pour chercher à frayer au mieux. La motion Delanoë a été en effet rejointe par Hollande, la motion Ségolène s’appuie dorénavant sur Collomb, la motion Aubry est liée à Fabius. Julien Dray était avec Hollande, il est passé chez Ségolène, Moscovici a cherché jusqu’au dernier moment son ultime frayère. Un militant bien constitué ne va donc pas voter pour ce sac de poissons plus ou moins gros, il s’agit d’un Congrès d’orientation, le vote pour le premier secrétaire n’aura lieu que le 20 novembre. Le militant va donc plutôt déterminer un objectif  pour son parti, la motion B du pôle écologique, la motion C plus-à-gauche ou la motion F pour un socialisme utopique. Mais la démocratie socialiste est ainsi faite que les motions des poissons vont accueillir le plus gros des votes, disons à vu de nez 80 %.

             Il est vrai que la présentation médiatique de ce vote d’orientation est biaisé. LeMonde du 6 novembre accorde les 9 dixièmes de son analyse au trio Delanoë, Ségolène, Aubry,  et quelques lignes à la motion C qui est portée par la vague du tsunami financier. Rien pour l’écologie et l’utopie. LeMonde n’a pas d’idées, il se contente de relater une guerre de leadership, il conforte la tendance des militants à se cacher derrière un représentant illustre. Le dessin joint à l’article donne la conclusion : la fusée socialiste zigzag et une voix sort du cockpit : « J’ai peur que ça devienne ingouvernable ». Les médias font tout pour que le PS devienne ingouvernable, pour que la France devienne ingouvernable, pour que le monde devienne ingouvernable. Car un média pédagogue ne parlerait pas des hommes, il parlerait des idées…

saumons socialistes Lire la suite »

plus-à-gauche ?

La gauche du PS espère tirer parti de la conjoncture (LeMonde du 1er novembre). Porté par le tsunami financier, Benoît Hamon se sent des ailes car beaucoup soutiennent sa ligne politique, la motion C. Mais si on regarde attentivement son programme, il nous faut déchanter. C’est un programme keynésien classique de relance de la demande. Cette gauche-là pense toujours que la croissance économique grâce aux dépenses étatiques va résoudre tous les problèmes de notre société. Mais si Benoît Hamon faisait face à un baril à 200 dollars, quelle serait sa réaction ? Nous en avons un avant-goût car sa motion réclame «  l’accès de tous à une énergie à prix modéré » et compte d’abord sur les trois piliers d’un pôle public de l’énergie : électro-gazier, nucléaire et pétrolier. Il s’agit donc d’un gauche traditionnelle, productiviste et centrée sur la croissance des besoins.

 Si on rentre dans le détail de cette motion « plus-à-gauche », nous trouvons juste après son premier point « Sortir du libre-échange généralisé », la thématique « Répondre à l’urgence écologique ». C’est uniquement un leurre, du greenwashing ! La contribution générale (texte antérieur à la motion) Hamon-Emmanuelli ne donnait absolument aucune place à l’écologie, si ce n’est quelques phrases dans le sous-sous chapitre de « Imaginer de nouvelles socialisations et développer les services publics ». Il n’y a donc pas de discours durable de Benoît sur l’écologie. Si on rentre dans le détail de sa motion, l’erreur suivante est significative de la fragilité des analyses d’une gauche qui ignore encore la complexité du monde actuel : « Il faut changer notre évaluation du développement en adoptant l’indice de développement humain ». Signalons aux camarades plus-à-gauche que l’IDH est déjà calculé, c’est un indicateur de l’ONU (PNUED) qui agglomère PIB par habitant, santé et éducation. Mais dans les pays riches, nous sommes au score maximum possible, l’IDH en France n’a donc aucun intérêt. De plus cet indicateur ignore complètement la relation entre social et écologie. Il faudrait plutôt parler d’IDD (indicateurs de développement durable) qui sont actuellement en construction au niveau européen et mondial. Benoît va faire sans doute un gros score au vote socialiste du 6 novembre, mais il ne nous prépare nullement aux krachs écologiques dont on entend les craquements sinistres dans les banquises.

plus-à-gauche ? Lire la suite »

corporatisme irresponsable

Mon quotidien préféré n’est pas paru le 29 octobre à cause d’une « action sauvage » perpétrée par une « fraction des ouvriers du livre CGT » qui conteste « la modernisation des messageries (les NMPP) ». Comme l’indique aussi LeMonde (édition du 31 octobre), il s’agirait d’actions irresponsables et sans avenir sous couvert de vieux réflexes corporatistes. Voyons plus généralement ce qu’on peut penser de l’histoire des corporations syndicales.

Le décret d’Allarde de 1791 en France a supprimé les corporations, le droit de s’associer. En vertu du double principe de l’absolutisme de la propriété et de la liberté des contrats qui est par ailleurs affirmé, l’employeur  est dorénavant en mesure d’imposer les conditions les plus dures aux salariés, et ceux-ci n’ont même pas la possibilité de se regrouper pour faire entendre leur voix. La révolution industrielle peut alors s’affirmer contre des artisans collectivement organisé mais indépendant grâce à un travail effectué en dehors de toute manufacture. Après cette révolution liberticide de la libre organisation des travailleurs, fini le travail autonome, place au salariat contraint et exploité car regroupé dans des usines sans aucune liberté d’expression ; il faut attendre 1884 pour que la liberté syndicale soit enfin proclamée. Mais il faut constater que le droit des salariés n’est apparu qu’à partir du moment où, l’accumulation du capital étant suffisante, le niveau de vie des travailleurs était acceptable ; alors il ne s’agit plus pour les ouvriers de combattre le système techno-industriel comme aux temps du luddisme, mais d’exiger une part plus grande de la valeur ajoutée. En apparence la classe ouvrière a dorénavant la possibilité de s’organiser et de lutter contre le patronat, en réalité apparaît une classe globale qui comprend à la fois prolétaires embourgeoisés et actionnaires triomphants, une fraction privilégiée de la population mondiale qui se satisfait de se partager les fruits de la croissance au prix de la détérioration de la Biosphère.

 Le syndicalisme de l’avenir ne peut durablement revendiquer de meilleures conditions de travail et un pouvoir d’achat plus élevé. Il doit plutôt s’interroger sur la finalité sociale de ce qui est produit et sur les conséquences écologiques que le fait de produire implique. Les syndicats des travailleurs pourrait alors devenir un rassemblement d’éco-citoyens et les travailleurs du livre se mettre au service d’une information non orientée par le système thermo-industriel. La presse d’information est un service public qui ne devrait pas être interrompu quand « la réorganisation s’effectue sans aucun licenciement sec », il devrait l’être quand un journal fait l’apologie de ce qui détruit la planète.

corporatisme irresponsable Lire la suite »

décroissance positive

La Grande Bretagne s’affole, c’est le premier pays du G7 à connaître une croissance négative (LeMonde du 26-27 octobre 2008). Après 16 ans de croissance ininterrompue, la baisse du PIB s’établit à 0,3 % sur les douze derniers mois. Pendant des mois, Gordon Brown a refusé d’évoquer une récession, il a été obligé d’employer ce terme le 22 octobre. Mais pourquoi diantre mon quotidien de référence parle-t-il maintenant de croissance négative alors que la décroissance est si jolie ! Car la décroissance positive, qu’est-ce que c’est ?

C’est la décroissance des inégalités et la croissance du bien-être généralisé. C’est la décroissance de la morosité et l’ouverture vers un avenir durable. C’est la décroissance de notre impact sur la planète et l’amélioration de nos relations sociales. La décroissance positive consiste par exemple à manger moins de viande et à acheter beaucoup plus de produits locaux. Il faut aussi économiser l’énergie, réduire nos gaspillages, recycler autant que faire se peut, arrêter d’imiter le modèle de consommation dominant en diminuant les revenus des riches. Il nous faudra bien un jour égaliser la consommation de carbone par habitant, l’ère du 4×4 appartient définitivement à notre passé. La décroissance positive, c’est quelque chose de complexe et de formidable à la fois. Ce n’est certainement pas la décroissance d’un PIB auquel plus personne ne  devrait faire confiance. 

Car la décroissance positive, c’est aussi l’inverse du libéralisme économique qui conjugue la loi du profit à court terme et la destruction de notre environnement. Le libéralisme économique, ce sont les externalités négatives, les déchets que notre planète ne peut plus recycler, les pollutions qui détériorent la santé humaine. Le libéralisme économique, c’est la dilapidation de notre capital naturel pour l’avantage principal de quelques nantis. La décroissance positive, c’est au contraire la protection des travailleurs exploités, la protection de la nature sur-exploitée, la protection des besoins du présent sans oublier les besoins de nos générations futures. C’est l’action de l’Etat et le principe du pollueur-payeur, c’est le principe de précaution et la réalité de l’action. C’est le récit du futur que nous allons construire ensemble. C’est la conscience des limites, tout n’est pas possible à n’importe quel prix.

décroissance positive Lire la suite »

L’écologie par en bas

L’irrésistible Nathalie Kosciusko-Morizet a encore frappé. Dans LeMonde du 24 octobre, elle révèle sa raison de vivre : « Ecologie-économie, même combat ». Pour la secrétaire d’Etat à l’écologie, le Grenelle ajoute (une toute autre dimension) en additionnant économie et écologie. NKM fait le pari d’une économie nouvelle qui sait que « l’environnement est un investissement ».

Non Nathalie, tu te trompes, l’écologie n’est pas le supplétif de l’écologie. Tout au contraire l’économie n’est qu’une sous-partie de l’écologie, mais cette récente « science » ne le sait pas encore. Non Nathalie, l’environnement n’est pas un investissement, c’est la nature qui a investi pour nous et qui nous dit qu’il ne faut pas trop dilapider le capital naturel qu’elle met à notre disposition.

 Les premiers penseurs de l’écologie politique demandaient une remise en cause fondamentale de nos modes de vie, en appelaient aux valeurs d’autonomie, d’autogestion, de décentralisation. Les tenants de l’éco-économie, comme NKM, parlent de « développement durable ». Ils se contentent de prôner une réorientation de l’économie afin de préserver le système existant. En définitive NKM prône l’écologie par en haut, centralisation, expertise, technique. La Biosphère en appelle à une écologie par en bas (cf.. l’excellent petit livre Les deux âmes de l’écologie de Romain Felli, éd. l’Harmattan)

L’écologie par en bas Lire la suite »

un Nobel inutile

Dans LeMonde du 11 octobre, deux pages pour le Nobel de littérature, une seule page pour la Grenelle I de l’environnement qui passe à l‘assemblée nationale française. Pourquoi attacher tant d’importance à un romancier ? Le jury parle de « l’aventure poétique et de l’extase sensuelle » portée par le Clézio, de « cet explorateur d’une humanité au-delà et en dessous de la civilisation régnante ». N’importe quoi ! C’est d’ailleurs trahir la volonté d’Alfred Nobel pour qui son prix devait récompenser une « inspiration idéaliste »,

Gustave Le Clézio, le jour où il avait réfléchi, s’est exclamé : « L’univers de l’écrivain ne naît pas de l’illusion de la réalité, mais de la réalité de la fiction ». Mais le roman, support du rêve, n’est que l’instrument d’une fausse liberté !  Si vous aviez la patience de lire l’intégrale de Le Clézio, vous êtes sûr de finir aussi ignorants des réalités que lorsque vous avez commencé. L’écrivain projette le lecteur dans un monde fictif qui n’a pour principaux acteurs que des hommes centrés sur leur nombril. Sauf trop rares exceptions, c’est un point de vue anthropocentré qui s’exprime, nullement l’apprentissage des relations de l’homme et de la Nature, l’apprentissage de la convivialité sociale. Le « partage d’humanité » par le roman (selon  une expression célèbre du Monde des livres) permet au lecteur de se replier dans une petite bulle confortable où il ne prête nulle attention aux malheurs de notre planète.

Ce n’est pas ainsi qu’on éduque les hommes ! On connaît la puissance du langage, la force de persuasion des mots et la magie des phrases. Encore faut-il que cela puisse ouvrir véritablement les yeux au monde. Des citoyens conscients ne liraient pas le Clézio, ils se passionneraient pour les débats autour du Grenelle de l’environnement…

un Nobel inutile Lire la suite »

McDo, écolo !

Dans les pages « (notre) Planète » de mon quotidien préféré, on trouve de tout, même l’improbable.  A côté d’un article sérieux sur les émissions de CO2 « qui excèdent largement les prévisions », une pub sur fond vert :

McDo Ecolo : Effet de mode ou Vision d’Avenir ?

On nous appelle à venir en discuter avec le PDG de McDonald’s France sur le site de mcdonalds. McDo a même recruté pour l’occasion Corinne Lepage, ancienne ministre de l’environnement, et Pascal Husting, directeur de Greenpeace France. Le « greenwashing » ou verdissement des mauvaise pratiques environnementales par un effet d’annonce, a encore frappé.

Les publicitaires mélangent développement durable et amour de la nature avec délectation. Au point que l’Alliance pour la planète, une coalition des principales associations françaises de défense de l’environnement, lançait début décembre 2006 une campagne intitulée «  la publicité peut nuire gravement à l’environnement ». Ainsi elle avait mis en ligne sur son site (http://www.lalliance.fr/) trente exemples de publicité pratiquant le blanchiment écologique. Mais qu’est-ce qu’une telle action contre la puissance financière de McDo et consorts ?

 Une seule solution, interdire la publicité, et pas seulement sur les chaînes publiques !

McDo, écolo ! Lire la suite »

social-écologisme contre social-libéralisme

Je n’aime pas l’intitulé  de la nouvelle rubrique « Planète » du Monde ; encore une fois nous mettons de la distance avec ce qui nous fait vivre, la Biosphère. Il me semblerait 1000 fois préférable de dire « notre Planète », mais enfin ne nous plaignons pas trop, mon quotidien préféré progresse, bientôt ce sera un journal écolo. Dans le numéro du 26 septembre, un rapport de l’OIT (organisation internationale du travail) nous promet 20 millions d’emplois supplémentaires d’ici à 2030 dans le secteur des énergies renouvelables. La croissance verte, ou plutôt selon le titre du rapport « un travail décent dans un monde durable à faible émissions de carbone » ne serait donc pas ennemi de l’emploi. Nous aurions tout à gagner en traitant les maux de notre planète.

 

            Malheureusement à une autre page du Monde, les droites européennes sont à l’offensive contre le paquet climat de Borloo qui voudrait logiquement, selon les engagements des chefs d’Etat et de gouvernement, réduire de 20 % les émissions de CO2 d’ici à 2020. Il faudrait prendre en compte le contexte économique et éviter les délocalisation des entreprises les plus  consommatrices en énergie. De même, en France, le patronat estime que la croissance verte n’est pas la réponse appropriée à la crise que traverse l’économie. C’est donc clair, l’écologie n’est pas de droite, elle est à gauche. Le libéralisme économique est un système qui dilapide nos ressources naturelles dans la frénésie d’un profit sans limites. Le libéralisme est une doctrine qui repose sur le désengagement de l’Etat, la responsabilité des chefs d’entreprise, la loi du marché et les inégalités.

 L’enjeu écologique nécessite une vision du long terme qui est complètement ignorée par les mécanismes de marché. L’enjeu écologique nécessite une forte intervention de l’Etat et sans doute une planification écologique. L’enjeu écologique nécessite la participation de tous aux efforts nécessaire après débat démocratique. Le fondement idéologique des socialistes, basé sur le rôle de l’Etat, la solidarité collective et un projet de société sans classes, nous prépare mieux que la droite à affronter les différentes crises écologiques et sociales qui émergent aujourd’hui. Contre le social-libéralisme, le social-écologisme pourrait nous ouvrir un avenir durable, plus égalitaire, plus sobre, plus convivial.

social-écologisme contre social-libéralisme Lire la suite »

une farce tragique

L’éditorial du Monde (24 septembre) nous souhaite « Bienvenue sur notre Planète » en guise de lancement de l’espace « Planète » qui « répond à une nécessité : les grands phénomènes globaux donnent la couleur et le visage du monde de demain ». Très bien ! Mon quotidien préféré va « rendre compte des catastrophes planétaires et des solutions aux défis naturels de ce troisième millénaire ». Très bien, très bien !! Mais c’est pour conclure aussitôt que la réponse n’est pas forcément le malheur puisque « historiquement les phases de réchauffement ont toujours été porteuses de progrès ». Là le doute m’assaille, cette nouvelle rubrique va-t-elle être à la hauteur des enjeux ?

En fait nous retrouvons l’ancienne rubrique « Environnement & Sciences » et le même type d’articles : « La Chine se rue sur le  caoutchouc au Laos », « La consommation de cocaïne nuit à l’environnement », «  Le scandale du lait chinois contaminé prend de l’ampleur »…  Selon Yann Arthus-Bertrand en page centrale, « Il est trop tard pour être pessimiste ». Mais son discours invalide le titre. Extraits : « Aucune société, aussi « avancée » soit-elle, ne survit à l’effondrement de l’écosystème sur lequel elle s’appuie. Nous savons, mais nous ne voulons pas y croire. A tel point que lorsque des scientifiques nous annoncent rien de moins que la sixième grande extinction des espèces, la nouvelle nous touche moins que le résultat du match de la veille ! Les Nations unies répètent que 800 millions d’êtres humains ne mangent pas à leur faim tandis que pour près de 1,3 milliards, l’hypertension liée à une nourriture trop riche est devenue la cause principale de surmortalité. Le monde marche sur la tête. On ne sait même plus par quel bout s’attaquer à cette farce tragique. Alors, on ne change rien. »

 Dans ce contexte, je souhaite au Monde beaucoup de courage pour nous présenter de véritables solutions !

une farce tragique Lire la suite »