Contre la vie chère, pour le réchauffement !?
16 octobre 2022, « marche contre la vie chère et l’inaction climatique » de la Nouvelle Union populaire écologique et sociale (Nupes). On rêve encore au grand soir. Philippe Poutou, a été acclamé. « Il faut inverser le rapport de force. On espère que c’est ce qui est en train de se passer, a lancé le chef de file du Nouveau Parti anticapitaliste. Notre 49.3 à nous, c’est la grève générale. »
Comme d’habitude, l’auto-persuasion et l’éternel refrain : « la convergence des luttes »... les grands mots pour se rassurer, pour se donner une raison d’exister ! Mais défendre le pouvoir d’achat, le logement, la nourriture pas chers, c’est défendre le pétrole, c‘est la course à la démagogie et au populisme, c’est rassembler sur les mêmes thèmes l’extrême droite et l’extrême gauche, c’est lamentable. Dans cette colère qui gronde, la question climatique passe complètement au second plan. Pour une fois le point de vue des écologistes rejoint celui d’un éditorialiste économique au « Monde »
Philippe Escande en octobre 2022 : « Marche contre la vie chère et l’inaction climatique, bel oxymore ! L’action climatique va coûter cher. Tant qu’on n’est pas prêt à accepter cela, on n’avancera pas », Selon l’Agence de l’environnement et de la maîtrise de l’énergie, l’empreinte carbone des Français provient essentiellement de trois sources : le déplacement, pour environ 30 %, le logement, pour 30 %, et la nourriture, pour un peu plus de 20 %. le gouvernement sort son carnet de chèques. Il subventionne les voitures électriques et l’isolation des maisons. il risque de se trouver rapidement à court de munitions face à la remontée des taux d’intérêt, qui alourdit sa dette, déjà considérable.15 octobre, le président du Medef, Geoffroy Roux de Bézieux, qui n’est pas un apôtre de la décroissance, le reconnaissait lui-même : nous allons vers « une croissance plus sobre et plus raisonnée ». Autrement dit, nous achèterons moins de produits, qui seront plus chers.
Philippe Escande en janvier 2022 : « Le réchauffement climatique et la dégradation de la biodiversité, dus en majorité à ces énergies fossiles, ne permettent plus de continuer sur ce rythme. De cela, la plupart des gens en sont désormais convaincus. Mais ils n’ont pas intégré les sacrifices que cela implique : réduire l’utilisation de la voiture, la consommation de viande, les voyages, les achats, sa liberté individuelle… Gérer ce basculement inévitable vers un monde plus cher, car plus économe, mais aussi plus instable, devrait figurer en tête des préoccupations des politiques en ce début 2022. En auront-ils le courage ? »
Ne rien faire ne coûte rien. On ne veut plus de CO2 pour préserver le vivant, le climat et les générations futures ? On ne prend plus sa bagnole et on fait du vélo. On ne construit plus de maison, on vit à plusieurs dans chaque appartement, on fait moins de gosses, etc. Les arbitrages sont simples, mais le déni de Mélenchon (qui devrait expliquer plutôt que revendiquer) est patent et stimule quelques manifestants. Faut arrêter de promettre la lune, et montrer que la situation à venir va conjuguer à la fois inflation et stagnation de l’activité économique (stagflation) qu’on a connu dans les années 1970.
Il est vrai qu’il n’y a pas grand-monde pour accepter de baisser son niveau de vie. L’être humain a une aversion psychologique à la perte. Il est plus facile de refuser ce que l’on n’a pas que de perdre ce que l’on a. Vous allez me dire « c’est une question d’éducation », « il faut montrer l’exemple ». Certes, cela fait 50 ans que les écolos et quelques scientifiques travaillent la société au corps. Mais les résultats ne se font sentir que parce que les effets du réchauffement commencent à être visibles. Autrement dit, ce n’est pas l’éducation qui change les mentalités: c’est le mur pris en pleine face.
Puisque la pédagogie de la catastrophe n’a pas réussi à faire bouger les foules, c’est la catastrophe qui va faire la pédagogie de l’inéluctable. Il y aura nécessairement inflation, on ne peut lutter contre la variation des prix en situation de rareté. Il y aura chômage, une société thermo-industrielle sans carburants fossiles n’a plus rien pour faire tourner son moteur.
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