pacifisme

Bloquer une autoroute n’est que contre-violence

Le 11 janvier, environ 700 militants ont été arrêtés après le blocage de l’autoroute A12  à La Haye, aux Pays-Bas. Cette manifestation à l’appel du mouvement écologiste Extinction Rebellion (Xr) avait « entraîné des embouteillages et des temps de trajet plus longs pour les ambulances et les autres services d’urgence », dixit la police. La manifestation faisait suite à plusieurs autres organisées l’année dernière par le mouvement écologiste afin de protester contre les subventions du gouvernement néerlandais aux énergies fossiles : « Nous croyons en la vie après le pétrole »

Le point de vue des écologistes contre-violents

Manifestation totalement légitime pour mettre ceux qui détruisent notre planète face à leurs responsabilités. Les terroristes sont bien ceux qui polluent tellement que l’écoanxiété peut s’empare des jeunes quant à leur avenir bien compromis. Mais c’est tellement plus facile d’arrêter quelques militants pour le climat que de s’en prendre aux riches qui détruisent la planète. Quand les agriculteurs défilent en tracteur et bloquent les routes, rien ne se passe. Quand ceux qui veulent vraiment aider les gens, la Vie et la planète défendent en manifestant ce que démontrent les scientifiques, là on sort les canons….

Nos élites ne représentent que la folie d’un capitalisme aveuglé par les profits. Mais les gouvernants réactionnaires peuvent toujours réprimer les lanceurs d’alerte, l’intensification des désastres climatiques ne va pas se limiter aux terrains vagues, elle. L’engrenage est enclenché et va s’accélérer. La chute sera brutale pour tous et particulièrement pour les générations futures. On comprend donc la contre-violence de certains militants.

En savoir plus sur la contre-violence grâce à notre blog biosphere

Définition du concept : La contre-violence est un concept sociopolitique qui désigne l’acte de résistance ou de rébellion d’un individu ou d’un groupe face à une situation d’injustice, d’oppression ou de domination. Elle peut être considérée comme une forme de défense légitime lorsque les moyens pacifiques ont échoué. La contre-violence peut prendre diverses formes : manifestations, grèves, actes de sabotage, voire recours à la force physique. Il est important de souligner que la contre-violence n’est pas synonyme de violence gratuite ou destructrice. Elle vise à rétablir un certain équilibre et à promouvoir la justice sociale.

Contre-violence et rupture radicale

extraits : Il n’y a pas pire violence que celle dont on ne se rend pas compte. La flamme olympique avait débarqué à Marseille le 8 mai 2024 sous les critiques de collectifs militants : « Cet événement imposé vient amplifier les problèmes écologiques, économiques ou sociaux actuels .»L’idée-clé de l’écologie politique, c’est la conscience aiguë que nous avons déjà dépassé les limites de la biosphère. Il faudrait donc opter pour une écologie de rupture.Vu l’aliénation des masses, un tel programme ne peut résulter que par l’action d’une infime minorité d’activistes. Sortir de la soumission volontaire à son groupe d’appartenance commence toujours de façon marginale… Plutôt que de révolution, nous préférons parler de contre-violence par rapport à un système qui a anesthésié la population, qu’elle vive en France ou sous une dictature….

Violence, contre-violence et dissolution

extraits : ll y a plusieurs sortes de violences à ne pas confondre. Il y a la violence du système thermo-industriel qui nous a enfermé dans une impasse, réchauffement climatique, extinction de la biodiversité, stress hydrique, etc. Face aux entreprises destructrices du vivant, il y a la contre-violence de quelques militants qui défendent les générations futures contre cette agression. Et puis il y a la violence d’État qui soutient la violence de ce système croissanciste aveugle….

Urgence écologique de la contre-violence

extraits : En Allemagne, les autorités criminalisent le mouvement écologiste radical Letzte Generation(« dernière génération »). Pourtant le mouvement écologiste est d’essence non-violente. Par contre la violence d’État par justice interposée signifie l’absence de sensibilité écologique d’un gouvernement quand il réprime férocement les militants. C’est le déni gouvernemental de l’urgence écologique qui fait en sorte que la non-violence peut se transformer en contre-violence, par exemple par la destruction de biens nuisibles à la planète. Saboter un pipeline, est-ce de la violence ? L’existence du pipeline n’est-il pas déjà une violence ?….

Contre-violence par destruction de biens

extraits : Ce n’est plus seulement nos guerres imbéciles qui m’interpellent, mais l’extinction des espèces, les chocs pétroliers, les émissions de gaz à effet de serre, la raréfaction halieutique, etc. Comment lutter sur une planète qui brûle ? Comment lutter contre un système techno-industriel qui soutient le capital fossile ? Comment faire réfléchir une population cernée par des moteurs thermiques ? Les manifestations pour le climat se sont essoufflées aussi vite que commencées… Je me demande maintenant si une action contre les biens qui causent notre perte ne serait pas une obligation pour qui le sort des générations futures importe….

Th. Kaczynski, adepte de la contre-violence

extraits : Brillant mathématicien devenu ermite, Theodore Kaczynski s’était lancé dans une croisade contre le progrès et la technologie. En septembre 1995, promettant d’arrêter ses envois de bombes, il obtient du New York Times et du Washington Post qu’ils publient un long manifeste dans lequel il exprime une haine de la technologie et du monde moderne….

Pour en savoir encore plus

Jean-Marie Müller : La violence est un enchaînement. La non-violence veut briser cet engrenage. La contre-violence, en définitive, ne permet pas de combattre le système de la violence parce qu’elle en fait elle-même partie et ne fait que l’entretenir. En toute rigueur, la contre-violence est une violence contraire, mais elle n’est pas le contraire de la violence. Opter pour la non-violence, c’est, face à la violence subie, refuser de réagir en rendant la violence pour la violence, reproduisant ainsi le mal subi. C’est, tout au contraire, décider d’agir librement pour interrompre la chaîne des revanches et des vengeances.

Françoise d’Eaubonne, Contre-violence ou la Résistance à l’État (publié en 1978) : Les théories radicales de l’écrivaine Françoise d’Eaubonne et ses pratiques de sabotages font de sa vision singulière de l’écoféminisme un objet de réflexion pour toute une génération militante qui s’interroge, à l’heure de l’urgence climatique, sur les stratégies à mettre en œuvre, incluant les sabotages et l’action directe spectaculaire dans l’espace public.

Bloquer une autoroute n’est que contre-violence Lire la suite »

Défense militaire versus transition énergétique

Financer la remilitarisation du monde, ou financer la lutte contre le réchauffement climatique, il faudrait choisir, car les nations n’auront pas la capacité financière de faire les deux… ni les moyens géologiques. La déjà très inquiétante pression mondiale en terme de minerais profite bien plus au lobby militaro-industriel qu’à la transition énergétique. Une seule question : Les Écologistes peuvent-ils toujours soutenir la remilitarisation du monde ?…

“la géologie ça sert d’abord à faire la guerre”

Il y a de bonnes raisons de se préoccuper de minerais, minerais stratégiques, minerais de transition. Si l’époque nous oblige à nous intéresser davantage au lithium, au cobalt et au cuivre (plutôt qu’au pétrole ou au gaz), il serait naïf de croire que les enjeux se résument à choisir entre être pour ou contre les SUV électriques. Ben voyons ! La guerre des minerais va nous sauter à la figure car la géologie, çà sert d’abord à faire la guerre, pour reprendre la célèbre formule du géographe Yves Lacoste.

Une étude intitulée Du sang sur le Green Deal’ remet en question ces beaux discours écolos. Elle montre et démontre comment les industriels de l’aéronautique et de l’armement, avec leurs alliés au sein de la Commission européenne, ont fait pression pour s’assurer que de nouvelles mines seraient bientôt à notre disposition… quelle que soit l’acceptabilité sociale des projets. Cette liste officielle des minéraux critiques de l’UE inclut l’aluminium et le titane, deux métaux essentiels aux intérêts du complexe militaro-industriel, mais d’une utilité limitée (surtout le titane) pour la transition énergétique. Nos industriels de la défense sont aussi accros au néodyme, au tantale et au tungstène, au même titre que les secteurs de l’automobile et des éoliennes. Pareil pour le lithium. Tout le monde vous dira que ce lithium renvoie aux batteries des voitures électriques. Mais il est présent dans de nombreux systèmes d’armes comme les drones et sert aussi à la propulsion des sous-marins.

Nul n’a besoin d’être géologue pour comprendre l’intérêt du nickel associé au minerai de fer, il permet de fabriquer des aciers spéciaux…, y compris pour les chars de combat. Certes, le cobalt en provenance des mines de RDC est le métal des technologies de l’information : mémoires magnétiques, piles et électrodes de batteries. Mais il est utilisé à 75 % (de la consommation mondiale) pour produire des aciers spéciaux et des alliages. L’avion de combat américain F-35 de Lockheed-Martin en utilise près d’une demi-tonne. Si l’aluminium et le titane figurent dans la liste officielle des minéraux critiques de l’U.E., ce n’est pas tellement en raison de leur utilité pour la transition énergétique, mais plutôt parce qu’ils sont essentiels (surtout le titane) pour satisfaire les besoins du complexe militaro-industriel.

Article de Ben Cramer

https://athena21.org/polemologie-irenologie/bonjour-leurope/de-la-transition-energetique

Défense militaire versus transition énergétique Lire la suite »

L’industrie des armes prospère sur des cadavres

Où qu’on tourne son regard, on trouve peu de régions du monde épargnées par une guerre ouverte, un conflit gelé ou des tensions inquiétantes. La production d’armement ne s’en est jamais aussi bien portée depuis la guerre froide. Homo demens remplace l’Homo sapiens.

Jean-Michel Bezat : En 2023, le chiffre d’affaires des 100 premiers groupes de défense a progressé de 4,2 % en termes réels pour atteindre 632 milliards de dollars (environ 600 milliards d’euros)41 sociétés établies aux Etats-Unis ont totalisé la moitié de l’activité (317 milliards de dollars). 27 groupes européens retenus affichent 133 milliards de dollars de chiffre d’affaires En Russie, l’activité des deux entreprises du panel a explosé (+ 40 %), pour l’essentiel due au conglomérat public Rostec (+ 39 %), et atteint 25,5 milliards de dollars.La Chine a marqué le pas avec 103 milliards de dollars (+ 0,7 %), réalisés en partie par trois sociétés dans les dix premières mondiales, l’Inde, dont les trois principaux groupes ne totalisent que 6,7 milliards de dollars. L’UE subventionne l’industrie de défense à hauteur de 1,5 milliard de dollars (2025-2027).

source : rapport du Sipri (Institut international de recherche sur la paix de Stockholm )

Le point de vue des écologistes pacifistes

On hallucine. Dans cet article, aucune critique de l’industrie des armes. On dirait que le monde entier se satisfait d’une course aux armements où c’est à celui qui produira le plus possible de moyens de tuer qui arrivera grand gagnant.

Étonnant que cet article du MONDE n’évoque pas un principe alternatif à la vulgate « si tu veux la paix, prépare la guerre ». Nous pourrions pourtant, si nous étions intelligent, favoriser l’idée « si tu veux la paix prépare la paix. » L’application est simple, faire la promotion à tous les niveaux (individuel et gouvernemental) de l’objection de conscience, le refus en toutes circonstances de l’usage collectif des armes. Si la France et l’UE indiquaient aussi qu’on va mettre toutes nos forces armées au service de l’ONU (et pas de l’OTAN), un grand pas vers le transnationalisme et la paix dans le monde serait accompli… et l’industrie des armes ferait faillite.

Rappelons que l’objectif organisationnel du SIPRI (Stockholm International Peace Research Institute) est de mener des recherches scientifiques sur les questions de conflit et de coopération importantes pour la paix et la sécurité internationales, dans le but de contribuer à la compréhension des conditions d’une solution pacifique des conflits internationaux et d’une paix durable. Comptabiliser les armes n’est pas son objectif principal !

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Armée ou défense civile non violente ?

extraits : Non seulement le système de la défense armée classique paraît inapte à protéger le territoire et la population, mais, fait plus grave encore, il accroît les risques de guerre. En effet, pour assurer son indépendance militaire, une nation doit produire, dans la mesure du possible, son propre armement. Or les armes modernes sont extrêmement coûteuses et leur production n’est rentable qu’à condition d’en vendre une grande part à l’étranger, ce qui a pour effet d’accroître la fréquence des conflits, leur violence potentielle et leur durée…

exportation d’armements, inconscience humaine

extraits : Toute vente d’armes à des pays tiers est une erreur stratégique, toute intervention militaire à l’extérieur des frontières est une erreur tactique, toute résolution des conflits par la force armée ne résout d’aucune manière les problèmes de fond : surpopulation, absence d’autonomie alimentaire, inégalités sociales croissantes, extrême dépendance aux ressources fossiles, multiplication des conflits armés sur une planète exsangue… Une des revendications de l’écologie politique devrait être l’arrêt des exportations d’armement, de façon unilatérale pour la France puisqu’il ne faut pas s’attendre à ce que les autres commencent. Nous n’avons pas connaissance d’un seul des programmes de la présidentielle 2017 qui aborde de près ou de loin ce domaine militaro-commercial….

Décroissance, Démilitarisation, Désarmement

extraits : dans un monde où la télécommunication met en présence les individus de tous les pays, à l’heure où des instances internationales sont institutionnalisées et se coordonnent progressivement, un monde de paix et sans armées devient possible. Ce n’est pas la tendance actuelle. Dans notre monde déjà surarmé, on ne parle donc que d’en rajouter, des missiles, des porte-avions, des drones, du nucléaire, etc.…

Notre article le plus ancien sur la question

ils sont fous ces humains (juin 2010)

extraits : Les humains n’arrêtent pas de se bouffer entre eux, on envahit l’Irak sur la foi de mensonges, on asphyxie la bande à Gaza pour sauvegarder un territoire prétendument dévolu par dieu au peuple juif, on s’arme à tout va. Le Sipri (Institut international de recherche pour la paix de Stockholm)  estime dans son dernier rapport annuel de 2010 que la planète de l’homo demens a atteint un nouveau sommet dans les dépenses militaires, 1531 milliards de dollars. La France gaspille à elle seule 63,9 milliards de dollars…pour rien ! Depuis le début du XIXe siècle, l’histoire de la France offre une impressionnante série d’échecs de la défense militaire….

L’industrie des armes prospère sur des cadavres Lire la suite »

Définir l’ennemi, c’est du suicide organisé

La guerre n’est que le rejet de notre commune humanité. Elle repose sur une invention socio-politique, celle d’un ennemi à abattre. Il s’agit de propager collectivement une distinction artificielle entre NOUS et EUX, les bons Russes contre les méchants Ukrainiens, les Juifs désignés par Dieu et les mécréants musulmans, les Soudanais de Mohamed Hamdan Dogolo opposés aux Soudanais d’Abdel Fattah al-Burhan , etc.

LE MONDE a organisé du 22 au 24 novembre son 36e forum philo sur le thème « Jamais sans mon ennemi ? » Vaste programme ! Mais on va surtout y parler de guerre… jamais de désarmement.

J’aurais aimé faire réfléchir les participations de forum sur ces trois conceptions de l’arme :

– Quand les Portugais ont introduit le mousquet dans le Japon du XVIe siècle, son emploi fut désavoué et il fallut attendre longtemps avant qu’il soit autorisé à remplacer les armes traditionnelles. Son efficacité en tant qu’instrument de guerre n’était pas mise en doute. Mais il ne  correspondait pas à la tradition culturelle japonaise, pour laquelle l’utilisation d’un engin permettant à un gamin de tuer un samouraï chevronné était tout à fait inadmissible.

– En 1947, l’écrivain Georges Bernanos disait l’effroi qui lui inspirait la guerre aérienne. Quand un pilote d’avion peut broyer des milliers de corps sans même apercevoir leurs silhouettes, que devient le métier de soldat ?

– Aujourd’hui la prolifération des drones transforme l’ennemi en gibier visé par un assassin invisible.

Le point de vue des écologistes contre les ennemis de la planète

Guerre à la planète, et le seul ennemi c’est nous-même

extraits : Aujourd’hui nous sommes dans une situation paradoxale. Tous les paramètres biophysiques de la biosphère sont au rouge, il est donc absolument nécessaire d’agir de toute urgence dans un contexte d’épuisement accéléré de toutes les ressources naturelles et de réchauffement climatique inéluctable. Or il n’y a plus d’ennemi clairement désigné, nous faisons la guerre à la planète et nous sommes tous complices. Les riches dilapident les ressources fossiles et les pauvres détériorent souvent le milieu proche qui les faisaient vivre quand ils ne jouent pas à imiter les riches….

Deep Green Resistance, ne nous trompons pas d’ennemi

extraits : Deep Green Resistance est un mouvement écologiste fondé par Derrick Jensen, Aric McBay et Lierre Keith, lors de la conférence Earth at Risk du 13 novembre 2011. Leurs présupposés sont repris dans deux livres qui viennent de paraître, « Écologie en résistance, stratégies pour une Terre en péril » aux éditions Libre. Loin d’ostraciser la non-violence, les auteurs estiment complémentaires les mouvements à visage découvert et les mouvement clandestins. Comme l’exprime Armand Farrachi dans sa préface du tome 2, aucun des auteurs ne propose de résoudre une « crise » (passagère) ou de passer la persillère derrière les ennemis de la terre, tous réfléchissent au moyen d’arrêter le massacre, le plus tôt, le plus radicalement possible, ce que personne ne fait ni dans la presse ni dans les diverses chambres du pouvoir….

Comment lutter contre la pub, ennemie de l’écologie

extraits : La publicité n’est que la partie émergée de la société marchande et sa croissance dévastatrice. La publicité a essentiellement pour effet de propager le consumérisme, ce qui implique le productivisme et exploitation croissante des hommes et des ressources naturelles. C’est un des mérites des actions contre l’affichage que de ne pas avoir été menées afin d’obtenir satisfaction sur des revendications précises. Les actions publicidaires de 2003-2004, arrachages et barbouillages d’affiches, ont renoué avec la tradition luddite du sabotage, consistant à nuire aux dispositifs qui nous nuisent….

Définir l’ennemi, c’est du suicide organisé Lire la suite »

L’économie de guerre, une anomalie imposée

« Nous sommes en guerre, allons à l’essentiel. » Ainsi pouvait se résumer l’intervention télévisée du président de la république française lundi 16 mars 2020. Mais il ne s’agissait que de lutter contre le coronavirus pour une période que Macron estimait temporaire. Aujourd’hui la France est toujours en marche vers l’économie de guerre, mais il s’agit d’une toute autre musique : blindés, missiles, munitions… ça manque, on en veut toujours plus ! Et que les pacifistes aillent se faire voir !

Sylvie Andreau : Emmanuel Macron le 13 juin 2022 : « La France doit passer en économie de guerre. » Le chef des armées s’adressait aux industriels de l’armement et à leurs sous-traitants. La France a beau tenir le rang de deuxième exportateur d’armes au monde, ses soldats, marins, pilotes manquent de munitions et d’équipements parfois basiques. Le budget de la défense en 2025 s’élèvera à 50,5 milliards d’euros de crédit, portant l’effort à 2 % du produit intérieur brut, conformément aux engagements pris au sein de l’OTAN….

Notre commentaire : au début des années 1970, on pouvait faire la promotion de ceux qui refusent de payer la part militaire de leurs impôts… époque bien révolue dans un monde qui n’a toujours pas compris que guerroyer ne sert à rien, ni aux humains, ni à la nature.

Rien dans l’article et même dans les commentaires sur lemonde.fr pour dénoncer cette folie qui nous mène de guerres en guerres et de réarmement en réarmement. Que ce soit du temps de nos rois ou de nos empereurs, que ce soit avec des gouvernements de droite ou des gouvernements de gauche, nous sommes désignés d’office comme des enfants de la patrie qui élèvent nos étendards sanglants contre des personnes qui ne nous ont personnellement rien fait…

Pour ma part l’économie de guerre, je vois cela comme le résultat d’un lobbying forcené de la part des militaires et des industriels spécialisés. A l’heure où les pays africains nous mettent dehors les uns après les autres, ce lobby a “profité” de l’invasion russe en Ukraine pour justifier un pseudo danger pour nos frontières et la nécessité d’investir massivement dans nos forces armées. Foutaises. À l’heure des déficits et des dettes publiques abyssales, c’est l’inverse qu’il faut faire : sabrer massivement dans ces budgets qui ne servent à rien pour le long terme sinon à entretenir une tradition militariste à l’heure présente Quelques précisions :

https://cjf.qc.ca/revue-relations/publication/article/le-refus-detre-complice-de-la-guerre-devrait-signifier-aussi-le-refus-de-payer-limpt-militaire/

Dominique Boisvert (mars 2003) : Le refus d’être complice de la guerre devrait signifier aussi le refus de payer l’impôt militaire. Le président Bush nous prépare depuis des mois à faire la guerre. Beaucoup y sont fortement opposés, mais se sentent impuissants. Pourtant, on peut refuser cette guerre en refusant de la payer ! Les guerres modernes se font beaucoup plus avec de l’argent qu’avec de la chair à canon : les armées ont moins besoin d’hommes que de budgets pour moderniser et développer un équi­pement de plus en plus sophis­­tiqué.

L’objection de cons­cience fiscale est la forme moderne de l’objection de conscience traditionnelle ; elle a été reconnue au Canada. Les objec­teurs de conscience versent leurs im­pôts militaires dans un fonds en fi­ducie en attendant que le gouvernement cana­dien s’engage à ne les utiliser qu’à des fins pacifiques. D’ici là, le gouvernement y ajoute intérêts et pénalités pour des impôts déjà versés, mais qu’il considère néanmoins impayés !

https://fr.wikipedia.org/wiki/R%C3%A9sistance_fiscale

La résistance fiscale a été massivement employée par les féministes suffragistes britanniques au début du XXe siècle. Le terme même de désobéissance civile est par ailleurs né de l’action non-violente de l’écrivain Henry David Thoreau, qui refuse, en 1846, de payer une taxe destinée à financer la guerre contre le Mexique, en guise de protestation contre le conflit américano-mexicain et l’esclavage dans les États du sud. En 1966, Abraham Johannes Muste, déjà pacifiste pendant la Première guerre mondiale, publie une liste de 370 personnes qui refusent de payer leurs impôts pour s’opposer à la guerre du Viêt Nam. Parmi les signataires, la chanteuse Joan Baez, déjà emprisonnée pour avoir manifesté contre la conscription. À partir des premiers essais de la force de frappe nucléaire française à Moruroa, en 1966, s’organise un mouvement de redistribution de 3 % des impôts à des organismes pacifistes.

La résistance à l’impôt est interdite en France. Y inciter est punissable d’une amende de 3 750 euros et de six mois de prison6. Le refus individuel est puni de 25 000 euros d’amende. En Italie, la cour d’appel de Milan juge pourtant que les instigateurs d’une campagne en faveur de l’objection fiscale, poursuivis au pénal pour incitation à la violation des lois fiscales, sont poussés par la volonté de diffuser des « idéaux de paix et de solidarité entre les peuples » et que leur action relève de la simple propagande politique.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Après les fêtes de Noël, l’économie de guerre

extraits : Antonio Guterres, secrétaire général de l’ONU,  à la veille de l’ouverture de la conférence sur les changements climatiques (COP25) à Madrid : « L’espèce humaine est en guerre contre la planète et la planète rend coup pour coup. » Il a présenté la liste effrayante des effets dévastateurs de plus en plus « meurtriers » du réchauffement : hausse du niveau des océans, fonte des calottes polaires, sécheresses… « Le point de non-retour n’est plus loin à l’horizon, il est en vue et se rapproche de nous à toute vitesse », a-t-il souligné. Il a dénoncé les engagements « totalement insuffisants » de la communauté internationale pour réduire les gaz à effet de serre….

Horrible, une société sans armées !!!

extraits : Nous sommes enfermés dans de ridicules espaces territoriaux artificiels qu’on appelle « nation ». Tant, que les Etats-nations voudront se faire la guerre, tant que les citoyens financeront des armées toutes plus nuisibles les unes que les autres, il n’y aura pas d’avenir possible. Devenons tous et toutes objecteurs de conscience, opposés en toutes circonstances à l’usage collectif des armes. En conséquence, il n’y aurait plus d’armée institutionnalisée, il n’y aurait plus de guerres généralisées. John F Kennedy disait : « La guerre existera jusqu’au jour lointain où l’objecteur de conscience jouira de la même réputation et du même prestige que ceux du guerrier aujourd’hui. »….

 

L’économie de guerre, une anomalie imposée Lire la suite »

Morts pour la patrie, morts pour rien

11 novembre 2024, cérémonie commémorative du 106e anniversaire de l’Armistice du 11 novembre 1918. Une cérémonie sans protagonistes, le dernier vétéran survivant, Lazare Ponticelli, est mort depuis mars 2008. C’est un hommage franco-français aux 1 327 000 soldats « Morts pour la France » alors qu’on décompte 20 millions de morts toutes nationalités confondues, civils et militaires. Mais chacun sa patrie, terreau de la guerre. Les différents récits nationaux européens ne sont pas compatibles. Par exemple le 11 novembre 1918 est une victoire pour les Français, mais le début d’un engrenage mortel pour les Allemands.

Il y a trois catégories de pays : ceux où l’enseignement de l’histoire veut conforter le chauvinisme national, et ces pays sont majoritaires. Ensuite, il y a les pays de l’Europe du Nord où il n’existe pas de programme national car cela pourrait être considéré comme une atteinte à la liberté de penser. Et il y a une poignée de pays où l’on vise à renforcer la réconciliation entre les peuples. La moitié des pays européens n’enseigne pas la construction européenne, mais relate guerre fratricide après guerre fratricide…

Combattants, cons battus, un général, des générés, n’hésitons pas à moquer les servants de la guerre. Car comme l’écrivait Albert Einstein,

« La pire des institutions grégaires se nomme l’armée. Je la hais. Si un homme peut éprouver quelques plaisir à défiler en rang au son d’une musique, je méprise cet homme… Il ne mérite pas un cerveau humain puisqu’une moelle épinière le satisfait. Je hais violemment l’héroïsme sur ordre, la violence gratuite et le nationalisme débile. La guerre est la chose la plus méprisable. Je préférerais me laisse assassiner que de participer à cette ignominie.

Je soutiens que le moyen violent du refus du service militaire reste le meilleur moyen. Il est préconisé par des organisations qui, dans divers pays, aident moralement et matériellement les courageux objecteurs de conscience. Dans tous les pays du monde, de groupes industriels puissants fabriquent des armes ; et dans tous les pays du monde, ils  s’opposent au règlement pacifique du moindre litige international. Mais contre eux les gouvernants atteindront l’objectif de la paix entre les nations quand la majorité des électeurs les appuiera énergiquement. » (Comment je vois le monde, Flammarion – 2009)

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Les nationalismes contre l’urgence écologique

extraits : Autrefois des groupes diversifiés se rassemblaient autour d’un lieu et d’une culture spécifique. Après des phases, non encore achevées, de luttes de cultures, ethnies, églises, langues, etc… C’est l’idée de nation qui en est ressortie et a unifié des espaces différents. La nation est devenue, au moins depuis le XIXe siècle, le nouveau paradigme. Elle a permis une unité plus large géographiquement, mais l’expérience montre, deux guerres mondiales à l’appui, son échec. Aujourd’hui encore l’impérialisme russe en Ukraine ou la conquête juive de la Palestine prouve que la nation était une catégorie nécessairement anti-universaliste….

Universalisme et multiculturalisme, l’entente

extraits : Toute société devrait théoriquement favoriser les pensées universalistes ; en pratique le monde se fragmente au contraire en groupes inconciliables, même au foot, même entre banlieues. Pourquoi ? Question de socialisation et de contexte territorial. Il nous faut penser global et agir localement, « glocal » en abrégé, mettre en relation apaisée les échelles locales et mondiales, adapter les idées universalistes aux contextes régionaux. En termes synthétique, concilier universalisme et multiculturalisme.

En finir donc avec le nationalisme, le patriotisme, devenir culturellement « cosmopolite », citoyen de l’univers, mais aussi et en même temps rattaché affectivement à son terroir….

le nationalisme à Copenhague (2009)

extraits : Eric Besson estime qu’il faut « réaffirmer la fierté d’être français », Nadine Moreno veut qu’un jeune musulman « se sente français lorsqu’il est français », les racistes  commencent à s’énerver. Ce n’est pas ainsi que nous préparons le monde de demain à l’heure de Copenhague. Parce que les uns se sentent plutôt Français pendant que d’autres se veulent Américains, ou Brésiliens, ou ethnocentrés, nous n’arriverons jamais à conclure quelque conférence internationale que ce soit. Car les quelque 120 chefs d’Etat et de gouvernement ne sont pas au Danemark pour résoudre les problèmes de la planète, ils ont été élus pour  représenter d’abord les intérêts de leur nation particulière. On va donc promettre un peu d’argent, mais surtout ne pas baisser ses propres émissions des gaz à effet de serre car «  maintenir le niveau de vie de nos nationaux est primordial. »….

Morts pour la patrie, morts pour rien Lire la suite »

Israël, génocide et règles internationales

L’article suivant sur Israël ne parle pas directement de la question écologique, mais de pacifisme. Si un État pratique l’apartheid, bafoue les règles internationales et se rend coupable d’un génocide, cet État doit être mis au ban des nations. Sinon accepter cela, c’est empêcher la possibilité d’une entente sous l’égide de l’ONU. Par conséquent la capacité d’établir la paix sur Terre, que ce soit entre les humains ou entre homo sapiens et les autres formes de vie n’existe pas. J’assume d’autant plus ce point de vue que mon père a été en camps de concentration pendant plus de deux ans. Il a vécu en Allemagne ce que les Juifs pratiquent aujourd’hui à Gaza.

Éditorial du MONDE : Les autorités israéliennes s’acharnent depuis des mois contre les Nations unies. Son secrétaire général, Antonio Guterres, a été déclaré persona non grata après une déclaration qui ne correspondait pas à celle que le gouvernement israélien aurait voulu lui dicter. Dans le sud du Liban, les tentatives d’intimidation se sont multipliées contre les soldats de la Force intérimaire des Nations unies au Liban, dont Israël exige le départ. Les députés israéliens ont ajouté massivement, le 28 octobre, leurs voix à cette entreprise de démolition en interdisant sous quatre-vingt-dix jours en Israël les activités de l’UNRWA (l’agence chargée des réfugiés palestiniens).

Amos Goldberg (historien israélien, spécialiste de la Shoah) : « Mon pays a surréagi de manière criminelle aux massacres du 7-Octobre. Une rhétorique génocidaire est apparue et a dominé dans les médias, l’opinion publique et la sphère politique : « Nous devons les supprimer [les Palestiniens], ce sont des animaux humains » [Yoav Gallant, ministre de la défense, le 10 octobre 2023] ; « Nous devrions larguer une bombe nucléaire sur Gaza » [Amichai Eliyahu, ministre du patrimoine, le 5 novembre 2023]… Le génocide n’est pas uniquement constitué des crimes commis, mais aussi des incitations à les commettre. Et c’est clairement le cas. Selon la convention sur le génocide, il s’agit de l’annihilation délibérée d’un groupe ou d’une partie d’un groupe national, ethnique, religieux ou racial. En mars 2024, la rapporteuse spéciale des Nations unies pour les territoires occupés concluait son rapport en indiquant qu’il y avait des fondements raisonnables de penser que le seuil indiquant qu’Israël avait commis un génocide avait été franchi. Ce qui se passe à Gaza est un génocide, car Gaza n’existe plus. »

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Comment en finir avec l’invasion israélienne

extraits : Nous avons institutionnalisé une cohérence politique planétaire avec l’Organisation des Nations Unies (ONU), des conférences internationales sur le climat ou la biodiversité, etc. Pourtant des guerres ont lieu ici et là sur toute la surface du globe. Pourquoi ? En Palestine, au Liban ou en Ukraine à cause du rejet de l’ordre international pas des dirigeants imbus de leur pouvoir personnel. Analysons le conflit en Palestine….

Ukraine et Palestine, des guerres injustifiées

extraits : Benyamin Nétanyahou assure qu’Israël va poursuivre sa « juste guerre pour éliminer le Hamas ». Il ne peut jamais y avoir de guerre juste, encore moins de « juste guerre ». La guerre est injustifiable, que ce soit en Ukraine, en Palestine ou n’importe où ailleurs. C’est l’idée qu’aurait du défendre tous les dirigeants des pays démocratiques : les guerres sont intrinsèquement mauvaises pour être jamais justes. L’exemple de la Seconde Guerre mondiale a été le test suprême. Les nazis étaient des assassins pathologiques. Nous devions les arrêter disait-on et seule la force pouvait y arriver. Mais la Grande-Bretagne et les Etats-Unis ne s’opposaient au fascisme que parce qu’il menaçait leur propre domination sur certaines ressources naturelles et sur certaines populations. Et les ingrédients du fascisme (le militarisme, le racisme, l’impérialisme, la dictature et le nationalisme exacerbé) survécurent sans problème à cette guerre comme aux autres….

Le choc de l’ethnicité en Palestine envahie par des Juifs

extraits : Dans ce monde sans repères, je rappelle mon intime conviction. Nous tous habitants de cette planète, nous avons absolument besoin d’un nouveau sermon sur la Montagne qui édicte de nouvelles règles pour tenter de vivre en bonne entente avec la Terre ; car nos dieux, c’est  le lever du soleil qui apporte l’énergie de la vie aux plantes, l’eau qui ruisselle et étanche la soif de toutes les espèces, l’équilibre des écosystèmes… Alors la bible et le coran nous paraîtront désuets, inadaptés, mensongers.  Alors le conflit israélo-palestinien nous apparaîtra pour ce qu’il est, le témoignage de l’impasse historique où nous a mené un passé ethnicisé. Reste la question actuelle, laïque et non religieuse : si j’ai des blindés à ma porte qui veulent forcer l’entrée, qu’est-ce que je fais ?….

Israël, génocide et règles internationales Lire la suite »

Le natalisme, une constante des dictateurs

Depuis son arrivée au Kremlin en 2000, Vladimir Poutine a affiché comme priorité d’enrayer la crise démographique russe, héritée de l’époque soviétique, mais il n’y est pas encore parvenu. Une proposition de loi émanant des proches de Vladimir Poutine vise à interdire la promotion du mouvement « childfree », soit le choix de la vie sans enfant.

Huffpost avec AFP : C’est une nouvelle étape dans le tournant ultra-conservateur pris par le Kremlin. « Une famille chaleureuse et nombreuse est la base d’un État fort », a martelé un responsable proche de Vladimir Poutine. Cela alors que le pays traverse une crise démographique, amplifiée par le conflit en Ukraine. Les députés russes entament le 24 septembre l’examen d’une loi. « Il est proposé d’interdire la propagande du “sans enfant” : sur Internet, dans les médias, les films et dans les publicités », a indiqué sur Telegram Viatcheslav Volodine, le président de la Douma, la chambre basse du parlement russe, avant l’examen du texte en commission. Il a aussi détaillé la mesure, expliquant qu’une personne physique risquera 400 000 roubles (environ 4 000 euros) d’amende, les fonctionnaires le double, tandis que pour les personnes morales la sanction peut être portée à 5 millions de roubles. Elvira Aïtkoulova, une députée qui a coécrit la proposition, avait assuré le 23 septembre que les idées défendues par les partisans du mouvement « childfree » représentaient « un comportement destructeur » à même de mener au « dépeuplement » de la Russie. « Ce mouvement ne correspond pas aux attentes actuelles des femmes », a affirmé, quant à elle, Valentina Matvienko, la présidente du Conseil de la Fédération, la chambre haute du Parlement. « Je pense qu’il doit être légalement interdit », a-t-elle déclaré.

Le point de vue des écologistes

Poutine veut des enfants pour de futures chair à canon. En attendant qu’ils grandissent, il envoie en première ligne des Coréens du Nord prêtés par l’autre dictateur Kim Jong-un.

Soyons clair, toute personne qui se positionne comme anti-malthusienne fait le jeu des dictature : chair à canon, chair à travail, chair à consommation, chair à plaisir, chair électorale et même chair « révolutionnaire ».

Ce sont les avocats de la natalité qui se retrouvent toujours du côté des anti-humanistes. Difficile au contraire de faire des écologistes malthusiens des fascistes en puissance. Ils veulent seulement que le niveau de population soit en équilibre avec ses ressources, et donc conforme aux possibilités de vie de son éco-milieu.

Le réarmement militaire actuel fait aussi le terreau des conflits. Aucune guerre n’a guéri l’humanité des fléaux que sont le racisme, l’ethnocentrisme, le nationalisme. Au contraire un conflit exacerbe les idéologies identitaires. Comme l’exprime Albert Einstein, la seule solution est la création  d’une organisation qui transcende l’ONU (les nations unies) pour devenir transnationale.

« La voie qui mène à la sécurité internationale impose aux États l’abandon sans condition d’une partie de leur liberté d’action, en d’autres termes, de leur souveraineté, et il est hors de doute qu’on ne saurait trouver d’autre chemin vers cette sécurité. Mais l’appétit de pouvoir que manifeste la classe régnante d’un État contrecarre une limitation de ses droits de souveraineté. » (opuscule « Pourquoi la guerre ? », 1932)

Cela présuppose donc des citoyens éclairés qui aient une mentalité d’objecteurs de conscience, non seulement opposés à l’usage des armes, mais prompt à combattre l’injustice, toutes les injustices.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

No kid, faire des enfants c’est fou à lier

extraits : Diminuer sa consommation de viande, éviter l’avion, renoncer à une voiture… Autant de mesures individuelles fortes pour réduire son empreinte carbone et lutter contre le réchauffement climatique. Mais le changement de comportement le plus efficace, selon des chercheurs de l’université de Lund (Suède) et de l’université de la Colombie-Britannique (Canada), reste encore de faire moins d’enfants….

Le droit d’être Objecteur de Conscience

extraits : La dernière décision de la CEDH (Convention européenne des droits de l’homme) relative à l’objection de conscience au service militaire a été rendue le 15 septembre 2016 (Papavasilakis c/ Grèce ). En l’espèce, un grec, témoin de Jéhovah, avait demandé l’autorisation d’effectuer un service civil au lieu du service militaire obligatoire, au motif qu’il était objecteur de conscience. Cette demande lui ayant été refusée, il a saisi la CEDH. La Cour conclut à la violation de l’article 9 Conv. EDH au motif que sa liberté de conscience et de religion a été méconnue, et à la violation de l’article 6, § 1 garantissant le droit à un procès équitable….

Le natalisme, une constante des dictateurs Lire la suite »

Comment en finir avec l’invasion israélienne

La guerre du temps d’avant la mondialisation était souvent causée par l’expansion de son espace vital ou sa défense contre des envahisseurs. Aujourd’hui en 2024, par la grâce de l’évolution technique et économique, nous sommes en train de devenir des Terriens, une espèce homo sapiens sans différence raciale, pouvant aller rapidement d’un bout à l’autre de la planète, alimentée par des circuits commerciaux transnationaux, gestionnaire collectivement des déplacements de population et soumis aux mêmes contraintes écologiques mondialisées (réchauffement climatique, blocages énergétiques et extinction des espèces…). Nous avons même institutionnalisé une cohérence politique planétaire avec l’Organisation des Nations Unies (ONU), des conférences internationales sur le climat ou la biodiversité, etc. Pourtant des guerres ont lieu ici et là sur toute la surface du globe. Pourquoi ? En Palestine, au Liban ou en Ukraine à cause du rejet de l’ordre international pas des dirigeants imbus de leur pouvoir personnel. Analysons le conflit en Palestine au travers de deux déclarations :

Le président de la république française : « M. Nétanyahou ne doit pas oublier que son pays a été créé par une décision de l’ONU », lance M. Macron lors du conseil des ministres. Une référence à la résolution 181 adoptée en novembre 1947 par l’Assemblée générale des Nations unies, prévoyant le partage de la Palestine en un Etat juif et un Etat arabe. « Et par conséquent, ce n’est pas le moment de s’affranchir des décisions de l’ONU », aurait souligné le président français, en allusion aux tirs israéliens ciblant la mission de l’ONU (Finul) déployée dans le sud du Liban.

Le chef du gouvernement israélien, Benyamin Nétanyahou : « Ce n’est pas la résolution de l’ONU qui a établi l’Etat d’Israël, mais plutôt la victoire obtenue dans la guerre d’indépendance avec le sang de combattants héroïques, dont beaucoup étaient des survivants de l’Holocauste – notamment du régime de Vichy en France »,

Notre commentaire : L’hubris de Netanyahu est manifeste : la création d’Israël doit en effet tout à l’ONU sans laquelle aucun État n’eût été possible, ce n’est pas une faute historique de le rappeler. Pour cet extrémiste juif, tout est fondé sur le rapport de force et rien sur les droits humains ni l’Etat de droit. Il se dit défenseur de l’Occident, mais il nie les valeurs universelles. Pour lui, les Palestiniens n’ont d’autre droit que de subir l’oppression, l’arbitraire et la violence. On ne peut pas argumenter avec un tel type de personnalité dirigeante. Poutine et Netanyahou sont de l’ancien temps, qui se drapent du passé pour se déclarer victimes, à l’inverse d’un monde qui s’ouvre au cosmopolitisme et à la fin des guerres tribales, un ordre international qui va vers le désarmement et la paix entre les peuples.

Il est vrai que l’ONU fait preuve d’une impuissance flagrante, la Finul (ses forces armées) au Liban est limitée à un rôle d’observateurs des combats, et en plus on lui tire dessus. Il existe pourtant une solution pour améliorer l’efficacité des troupes de l’ONU. C’est la création de forces permanentes de l’ONU, nombreuses et bien équipées, issues des pays riches principalement et non subsidiairement. À ce moment-là, l’humanité posséderait une sorte de police supranationale qui marquerait l’avènement d’une société pacifiée. Utopie ? Un président d’envergure internationale mettrait toutes les forces armées de son pays à la disposition de l’ONU. Utopie ? Il suffit que la France commence.

Si un pays ne cherche plus à maintenir une défense armée « nationale », si une pays est directement partie prenante d’une instance internationale ayant pour objectif premier le maintien de la paix et de la sécurité dans le monde, alors ce pays assure ainsi d’une façon indirecte sa propre sécurité : pourquoi attaquer un pays qui se veut le garant de la paix universelle ?

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Ukraine et Palestine, des guerres injustifiées

extraits : Benyamin Nétanyahou assure qu’Israël va poursuivre sa « juste guerre pour éliminer le Hamas ». Il ne peut jamais y avoir de guerre juste, encore moins de « juste guerre », que ce soit en Ukraine, en Palestine ou n’importe où ailleurs. C’est l’idée qu’aurait du défendre tous les dirigeants des pays démocratiques : les guerres sont intrinsèquement mauvaises pour être jamais justes. L’exemple de la Seconde Guerre mondiale a été le test suprême. Les nazis étaient des assassins pathologiques. Nous devions les arrêter disait-on et seule la force pouvait y arriver. Les ingrédients du fascisme (le militarisme, le racisme, l’impérialisme, la dictature et le nationalisme exacerbé) survécurent sans problème à cette guerre comme aux autres….

Comment en finir avec l’invasion israélienne Lire la suite »

Universalisme et multiculturalisme, l’entente

Toute société devrait théoriquement favoriser les pensées universalistes ; en pratique le monde se fragmente au contraire en groupes inconciliables, même au foot, même entre banlieues. Pourquoi ? Question de socialisation et de contexte territorial. Il nous faut penser global et agir localement, « glocal » en abrégé, mettre en relation apaisée les échelles locales et mondiales, adapter les idées universalistes aux contextes régionaux. En termes synthétique, concilier universalisme et multiculturalisme.

En finir donc avec le nationalisme, le patriotisme, devenir culturellement comme l’indique Souleymane Bachir Diagne « cosmopolite », citoyen de l’univers, mais aussi et en même temps rattaché affectivement à son terroir.

Séverine Kodjo-Grandvaux : Lessai de Souleymane Bachir Diagne « Universaliser » cherche à maintenir la possibilité de l’universel – et donc d’une humanité commune – malgré les menaces d’impérialisme et les replis identitaires. Faire humanité ensemble, envers et contre tout, tel est le sens du terme bantou ubuntu. Lorsque, dès les années 1950, Nelson Mandela recourt au terme bantu d’ubuntu – que l’on peut traduire par « faire humanité ensemble » , pour penser une Afrique du Sud non raciale, il décide de renoncer à la violence. C’est cela, aller vers l’humanité par des moyens d’humanité : choisir des moyens qui ressemblent à la finalité poursuivie. Pour Jean Jaurès, l’auteur de la formule, cela signifie que chaque différence doit non pas s’enfermer sur elle-même, mais se sentir comme une parcelle de l’humanité à construire. C’est ce qui l’a mené à devenir anticolonial alors qu’il était proche du positionnement colonialiste de Jules Ferry.

La fin de la colonisation ou du colonialisme ne signifie pas nécessairement que la colonialité a disparu ; raison pour laquelle il faut encore décoloniser les esprits. Et ce d’autant qu’il demeure des territoires occupés. La question coloniale se pose toujours, en Palestine comme en Nouvelle-Calédonie. Faire l’humanité ensemble, c’est lutter contre les inégalités, et combattre contre tout ce qui empêche l’égalité. C’est œuvrer pour que la citoyenneté devienne universelle. Quand le philosophe Etienne Balibar insiste sur le cosmopolitisme comme politique de l’espèce humaine, il a mille fois raison. C’est en tant qu’espèce que nous devons réagir à la destruction de notre environnement, aux crises sanitaires, etc. Mais le cosmopolitisme est aussi une utopie absolument vitale du dépassement de la situation coloniale par la généralisation de la citoyenneté à l’échelle mondiale. Si nous considérons qu’être citoyen signifie habiter pleinement la terre qui est la nôtre, alors nous devons étendre la citoyenneté aux animaux.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Horrible, la société idéale non violente ?

extraits : Les policiers n’étaient pas armés. De toute façon il n’étaient plus en uniforme, ils étaient anonymés et n’intervenaient d’ailleurs que rarement. Plutôt secouristes qu’agent de la force publique. Car en ce temps là il n’y avait plus de crimes, de viols, de vols, ou même d’altercations. Plus personne ou presque n’avait l’idée d’agresser quiconque, tout cela était désormais du passé, l’intelligence collective était passée par là. La pensée même d’atteinte à l’intégrité d’une personne était devenue inconcevable grâce à une éducation constante à la non violence. La société des purs (écolos) avait commencé par agir à la racine du mal, les parents, la source première d’une socialisation bienveillante ou défaillante. L’éducation était fondée à la fois sur la libre parole, le respect des autres et le souci de mère nature.

Que retenir de la vie de Nelson Mandela ? L’Ubuntu

extraits : la position de Mandela résulte d’un apprentissage social spécifique. La culture Xhosa à laquelle il appartenait, l’Ubuntu, repose sur le sentiment d’appartenance à une humanité plus vaste qui incite ses membres à respecter autrui, à faire preuve de compassion. Cette philosophie s’oppose aux valeurs des blancs, l’égoïsme et l’individualisme. L’Ubuntu interprète même l’univers comme un tout organique en chemin vers l’harmonie. D’où la nouvelle constitution sud-africaine pour une « nation arc-en-ciel » en 1996. Cela correspond à la réalité de l’interaction spéculaire qui lie l’individu et sa société d’appartenance, « Je suis ce que je suis grâce à ce que nous sommes tous. » Une société n’est viable que si tout le monde y met du sien. C’est pour cela que chacun d’entre nous deviendra un jour écologiste, quand on s’apercevra qu’un accord durable trouvé avec les écosystèmes est finalement la base obligée de l’harmonie sociale. Vouloir atteindre cet objectif par la violence ne fait que retarder l’évolution sociale nécessaire.

JO. Nationalismes contre Universalisme

extraits : L’Angleterre et l’Irlande du Nord sont secouées aujourd’hui par une flambée de violence nationaliste, antimusulmane et xénophobe. Bien sûr il y a l’influence des réseaux sociaux dans ces mouvements de foule, mais il y a aussi un conditionnement généralisé à l’idéologie nationaliste contre l’universalisme. C’est évident, les Jeux Olympiques de Paris cultivent le chauvinisme franco-français, les autres pays font de même pour leurs propres athlètes. Les anneaux entrelacés – symbole de l’union des cinq continents –, ne sont qu’un habillage. Le sport mondialisé était certes une tentative de pacifier les relations internationales, mais il a été dénaturé. Ce qui devrait être des rencontres amicales, ce qu’elles peuvent être dans les relations entre sportifs de toute nationalité, est devenue une vitrine du nationalisme le plus absolu….

Les nationalismes contre l’urgence écologique

extraits : Autrefois des groupes diversifiés se rassemblaient autour d’un lieu et d’une culture spécifique. Après des phases, non encore achevées, de luttes de cultures, ethnies, églises, langues, etc… C’est l’idée de nation qui en est ressortie et a unifié des espaces différents. La nation est devenue, au moins depuis le XIXe siècle, le nouveau paradigme. Elle a permis une unité plus large géographiquement, mais l’expérience montre, deux guerres mondiales à l’appui, son échec. Aujourd’hui encore l’impérialisme russe en Ukraine ou la conquête juive de la Palestine prouve que la nation était une catégorie nécessairement anti-universaliste….

Universalisme et multiculturalisme, l’entente Lire la suite »

Armée ou défense civile non violente ?

De notre correspondant Michel Sourrouille

J’ai chez moi une brochure de 100 pages éditée par « combat non violent » n°59-60 (mars 1975)« Armée ou défense civile non violente ». Avaient participé à la rédaction de cette étude 14 personnes, civils ou militaires, entre autres Jean-François Besson, Jacques de Bollardière, Jean Lasserre, Lanza del Vasto, Jean Toulat… des personnes qui ne sont pas connus aujourd’hui, à notre époque de réarmement militaire et d’abandon des causes justes.

Une version numérique de ce livre a été réalisée dont voici le lien :

https://fr.wikibooks.org/wiki/Arm%C3%A9e_ou_d%C3%A9fense_civile_non-violente_%3F

Quelques extraits issus de ce livre qui devait être connu et commenté lors des journées dite « défense et citoyenneté », obligatoires pour tous les jeunes.

– Non seulement le système de la défense armée classique paraît inapte à protéger le territoire et la population, mais, fait plus grave encore, il accroît les risques de guerre. En effet, pour assurer son indépendance militaire, une nation doit produire, dans la mesure du possible, son propre armement. Or les armes modernes sont extrêmement coûteuses et leur production n’est rentable qu’à condition d’en vendre une grande part à l’étranger, ce qui a pour effet d’accroître la fréquence des conflits, leur violence potentielle et leur durée

– Il serait très dangereux de se laisser aller à un antimilitarisme sommaire. L’antimilitarisme en effet, s’appuie sur des bases trop diverses et trop mouvantes pour pouvoir constituer un programme d’action. Autrement dit, la remise en question de la défense armée ne peut et ne doit pas aller sans la recherche d’une autre forme de défense.

– Lutter contre un système politique (et une armée d’invasion n’est qu’un élément d’un système politique) en utilisant la violence armée, c’est d’abord renforcer ce système qui devient un bloc uni, cimenté par le nationalisme et l’exaltation militariste des uns et par l’instinct de conservation des autres.

– Contrairement à ce qui se passe dans la lutte armée où, bien souvent, « des gens qui ne se connaissent pas se tuent au profit de gens qui se connaissent bien et ne se tuent pas », la lutte non-violente permet à ceux qui, en d’autres circonstances, se seraient entretués, de mieux se connaître et affaiblit le pouvoir de ceux qui auraient bénéficié du carnage.

– L’un des fondements de la non-violence est précisément le refus de collaborer avec l’injustice. Face à une injustice, la première action qui s’impose est de la faire connaître. Ses auteurs se trouveront dans une situation d’autant plus difficile que l’injustice deviendra évidente pour toutes les catégories de l’opinion publique

– Un pouvoir, s’il ne peut subsister sans une couverture d’honorabilité, a besoin également de la collaboration active ou passive d’une large minorité au moins de la population. Il lui faut des fonctionnaires, des contribuables, des travailleurs, des consommateurs actifs, etc. Dès qu’une catégorie importante de la population refuse de coopérer, la situation du pouvoir devient difficile. Elle devient impossible si le refus se généralise. « Je vois bien, disait Gandhi, comment je peux enseigner la non-violence à un violent, mais je ne peux l’enseigner à un lâche »

– Au-delà du refus de coopérer avec les responsables de l’injustice, au-delà également de la résistance à leurs lois, la lutte non-violente doit aller dès les premières phases du combat, jusqu’à la création d’un contre-pouvoir et d’institutions parallèles.

– La prise de conscience dans le sens de la décentralisation, sur le plan économique dans le sens de l’autogestion, sur le plan écologique enfin, dans le sens de la recherche de « techniques légères » ou, selon l’expression d’Ivan Illich, d’outils « conviviaux », se trouve en parfaite convergence avec la recherche d’une défense non-violente.

Une version actualisée de la dissuasion civile existe :

https://www.irnc.org/IRNC/Textes/3103

L’ouvrage « La dissuasion civile » (épuisé) a été rédigé en 1985 par Christian Mellon, Jean-Marie Muller et Jacques Sémelin sur une commande de Charles Hernu, ministre de la Défense et publié par la Fondation pour les Études de Défense Nationale (FEDN)

La défense civile non-violente est une politique de défense contre toute tentative de déstabilisation, de contrôle ou d’occupation de notre société, conjuguant, de manière préparée et organisée, des actions non-violentes collectives de non-coopération et de confrontation avec l’adversaire, en sorte que celui-ci soit mis dans l’incapacité d’atteindre les objectifs de son agression (influence idéologique, domination politique, exploitation économique).

En d’autres termes, il s’agit de rendre la société insaisissable ou « indigérable » par un agresseur : incontrôlable politiquement, « insoumettable » idéologiquement, inexploitable économiquement. Il s’agit aussi de dissuader l’agresseur de s’attaquer à cette société, parce que les coûts qu’il risquerait de subir seraient supérieurs aux gains qu’il pourrait espérer, et parce qu’il prendrait des risques pour son propre pouvoir : c’est la dissuasion civile.

Cette résistance repose sur une bonne articulation entre la résistance des pouvoirs publics et celle de toute la société civile.

Armée ou défense civile non violente ? Lire la suite »

Sébastien Lecornu et la défense civile

La dénomination de ceux qui nous envoient se faire tuer à leur place est significative d’un état d’esprit gouvernemental. En France,  c’était le « ministère de la Défense » de 1946 à 1958, le « ministère des Armées » de 1958 à 1969 (De Gaulle), le « ministère de la Défense » de 1969 à 1973, le « ministère des Armées » de 1973 à 1974 et le « ministère de la Défense » de 1974 à 2017. Donc 43 années sans changement. Le mot « défense nationale est beaucoup plus souple que le terme militarisé, cela laisse un peu de place à plusieurs modalités de défense.

Mais en 2017 le tout jeune président Macron fait preuve d’un traditionalisme guerrier en transformant à nouveau le ministère de la défense en « ministère des armées ». Exit toute référence possible à la défense civile dont d’ailleurs il n’a certainement jamais entendu parler. C’est là un non sens en démocratie car on ne suit de façon unilatérale que le seul précepte « si tu veux la paix, prépare la guerre » . Un « ministère de la défense » laissait au moins une (petite) place à la défense civile non-violente et au principe « si tu veux la paix, prépare la paix ». Autant dire que le ministre des armées aujourd’hui, Sébastien Lecornu, ne sait même pas qu’on peut faire autrement que s’entre-tuer.

Sébastien Lecornu a publié « Vers la guerre ? », normal, sa généalogie l’y préparait. Son père était technicien à la Snecma, qui fournit des équipements aux forces armées aériennes, navales, terrestres et spatiales. Sébastien accompagnait son grand-père maternel aux réunions d’anciens combattants. Et il a eu très tôt la passion politique. Plus jeune assistant parlementaire (en 2005, à 19 ans), plus jeune conseiller ministériel (cabinet de Bruno Le Maire en 2008), élu en 2015 plus jeune président du conseil départemental de l’Eure. Il est secrétaire d’État à l’écologie en 2017… pour surveiller Nicolas Hulot. Ministre des Armées depuis le 20 mai 2022, il est aujourd’hui à 38 ans le seul ministre rescapé du précédent gouvernement, toujours aux armées. Lecornu est donc un spécialiste de la politique politicienne, certainement pas de la défense nationale. Trop jeune pour avoir fait son service militaire, il a cependant un grade à la gendarmerie « de réserve ». Cet homme de couloirs, en dehors de la politique et des moulinets militarisés, il ne sait rien faire ! Et il ne sert à rien : nous en sommes encore en 2024 à une guerre des tranchées en Ukraine et à une éradication militarisée d’un peuple en Palestine. Il faut donc penser autrement, changer d’imaginaire, ici et ailleurs.

Le point de vue des écologistes pacifistes

Le pacifisme avait encore de nombreux partisans dans les années 1970 avec la contestation des guerres au Vietnam et en Algérie. Aujourd’hui on ne parle que de réarmement militaire, on oublie complètement les avantages d’une défense civile non-violente. Dans son discours le 8 mars 2024 à l’École Polytechnique, Sébastien Lecornu rejetait toute référence au cosmopolitisme, il en est resté à des références patriotiques alors que nous devrions avoir conscience d’appartenir à l’ensemble de l’humanité et non pas à notre seule terre d’origine. Il manque à Lecornu la référence à Sol Gareth Davis, dit Garry Davis. C’était un pilote américain durant la Seconde Guerre mondiale ; son avion abattu, il se retrouve en Allemagne sous les ruines. Bouleversé par les destructions qu’il rencontre, il rompt symboliquement en 1948 avec sa patrie en rendant formellement son passeport. Il interrompt une séance de l’Assemblée générale des Nations unies afin de demander la création d’un gouvernement mondial. Telle était la voie à suivre.

Il serait cependant dangereux de se laisser aller à un antimilitarisme sommaire : un peuple a le droit et le devoir de se défendre contre une agression extérieure. Autrement dit, la remise en question de la défense armée ne peut aller sans la recherche d’une autre forme de défense.

A la différence de la défense nationale armée, qui a pour seul but la défense du territoire national, la défense civile non violente est la prolongation particulière d’une attitude permanente à l’égard de l’injustice sociale et du pouvoir. Désobéir pour la paix trouve dans cette argumentation une solide base théorique. L’attitude non-violente dépasse en effet le problème de la guerre et de la paix. Il y a continuité entre la lutte intérieure pour une plus grande justice, et l’action contre un envahisseur ; ce sont les mêmes techniques qui sont utilisées dans les deux  cas, dans le même esprit. La défense non-violente porte non pas simplement sur des frontières territoriales, mais sur des frontières morales et politiques ; il s’agit non seulement de défendre la vie de la population, mais aussi ses droits fondamentaux : droit à la liberté de parole et de réunion, droit de presse, de vote, de grève, mode de vie, respect des croyances. Une population habituée à ne pas tolérer les atteintes aux droits des personnes et à réagir immédiatement devient, pour un envahisseur ou un pouvoir dictatorial, un mur  sur lequel sa violence se brise.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Manifeste du pacifisme (Michel Sourrouille, 2010)

extraits : Désobéir pour la paix est à la fois un acte individuel et un acte collectif. La démarche de l’objecteur de conscience, refusant l’armée pour des motifs personnels, ne peut en réalité se concevoir que dans une vision de la société désirable et dans la volonté de faire partager un idéal. Car la recherche de la paix a le mérite de poser publiquement des questions fondamentales :

–          Quel type de société mérite d’être défendu ?

–          Contre qui ?

–          Par quels moyens qui soient à la fois efficace et justes ?….

Pacifisme et / ou défense nationale, le dilemme

Nous n’avons aucune illusion sur la capacité d’une société en surnombre d’arriver à un niveau intelligence collective qui permette politiquement la bonne entente de citoyens éclairés. Mais avec ce blog biosphere nous essayons depuis bientôt 20 ans de donner médiatiquement les moyens de tendre vers cet objectif. Le pacifisme est l’une des 14 entrées de ce blog.

https://biosphere.ouvaton.org/blog/category/pacifisme/

Sébastien Lecornu et la défense civile Lire la suite »

Le prix Nobel de la paix, Nihon Hidankyo

L’an prochain auront lieu les commémorations du 80ᵉ anniversaire des deux premiers bombardements nucléaires qui firent en 1945 quelque 214 000 morts simplement pour que les USA testent leur nouveau joujou. L’organisation japonaise Nihon Hidankyo rassemble les survivants des bombes nucléaires larguées par les Etats-Unis à Hiroshima et Nagasaki. Le prix Nobel de la paix 2024 lui a été attribué le 11 octobre pour son combat contre l’arme atomique.

Selon les vœux d’Alfred Nobel, le prix de la paix récompense « une personnalité ou une communauté ayant œuvré au rapprochement des peuples, à la suppression ou à la réduction des armées permanentes, à la réunion et à la propagation des progrès pour la paix ». Il peut s’agir d’un engagement pour les droits humains, d’actions de désarmement, d’un combat écologique… Le Nobel de la paix est une des récompenses les plus cosmopolites de l’Académie, puisqu’il a été décerné à des personnalités de quarante-cinq nationalités différentes. Notez que si tous les jeunes se déclaraient objecteurs de conscience, il n’y aurait plus de guerre. Mais l’État français interdit de se déclarer opposés à l’usage des armes lors de la journée obligataire pour tous les jeunes dite « défense et citoyenneté ». Notez que la planète comptait 59 conflits armés en 2023. Mais la France est en 2023 le deuxième exportateur mondial d’armes.

La plupart des prix Nobel de la paix sont allées à des résistants à un ordre injuste, ils sont significatifs de personnalités ou d’organisations qui sont symboliques de la marche en avant vers un avenir moins sombre. Les titulaires du prix devraient donc être connus du grand public, ce n’est pas le cas. Prenons le dernier prix Nobel de la paix, attribué en 2023 à la militante iranienne Narges Mohammadi. Qui se rappelle de son nom ? Elle est actuellement emprisonnée « pour son combat contre l’oppression des femmes en Iran et sa lutte pour la promotion des droits humains et la liberté pour tous ». Narges Mohammadi a été arrêtée treize fois et condamnée cinq fois à un total de trente et un ans de prison et 154 coups de fouet. De nouveau incarcérée en 2021, elle n’a pas vu ses enfants depuis huit ans.

Nihon Hidankyo, Narges Mohammadi, des noms difficiles à retenir, et pourtant on devrait célébrer leur action bien mieux que pour des saltimbanques comme Johnny Halliday ou Michel Blanc.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

Prix Nobel de la paix 2020 à l’agriculture

extraits : « La baisse de la fécondité reste le meilleur vaccin contre le chaos ». C’est pourquoi nous décernons la prix Nobel de la paix à toutes les associations qui œuvrent dans le monde pour une réduction maîtrisée de la population humaine. Malheureusement le comité Nobel a une autre conception que ce blog biosphere, « La nourriture reste le meilleur vaccin contre le chaos ». Car en distinguant le Programme alimentaire mondial pour alerter sur l’urgence de la faim dans le monde, on ne fait qu’accroître les problèmes. Il y a une course sans fin, bien analysée par le révérend Malthus, entre population (à croissance exponentielle) et agriculture nourricière (soumise à la loi des rendements décroissants)….

Qui mérite le prix Nobel de la paix ? (2019)

extraits : Qui connaît Denis Mukwege et Nadia Murad ? Ils ont pourtant obtenu le prix Nobel de la paix 2018 pour leurs efforts afin de mettre fin à l’utilisation de la violence sexuelle comme arme de guerre. Qui se rappellera du premier ministre éthiopien Abiy Ahmed ? Il a pourtant obtenu le prix Nobel de la paix au pour avoir tenté de « résoudre le conflit frontalier avec l’Erythrée voisine ». Le mahatma Gandhi n’a jamais eu le Nobel de la paix, mais Barack Obama oui, en 2009, un pacifiste en guerre ! Il est vrai qu’en termes d’idéologie militariste, pour avoir la paix, il faut préparer la guerre. C’est d’ailleurs le seul discours qu’Obama était capable de tenir pour recevoir sa distinction le 10 décembre : « Je suis le commandant en chef d’une nation engagée dans deux guerres. J’ai juré de protéger et de défendre mon pays…

prix Nobel de la paix aux gaz à effet de serre ! (2015)

extraits : Osons le dire : il nous faut une armée aux buts inversés : de destructeur du milieu naturel au rôle de protecteur. En effet la transition dite « écologique », qui constituera probablement un changement radical de civilisation, sera nécessairement l’occasion d’une intervention de l’armée. Car la brutalité de la récession qui s’annonce, provoquée à moyen terme par la raréfaction des ressources fossiles plus que par le réchauffement climatique, va entraîner un tel désordre social que seule l’armée sera en mesure de maintenir la paix. L’armée deviendrait, par la force des choses, la « spécialiste du chaos ». Au lieu de soutenir la volonté de puissance de nos dirigeants au prix d’une détérioration accrue de l’environnement, elle pourrait jouer un rôle de protection de la nature et des humains. Qui voudrait faire la guerre s’il vivait en équilibre avec son écosystème ? Cela impliquerait bien entendu la disparition de l’armée comme entité exclusivement nationale…

Le prix Nobel de la paix, Nihon Hidankyo Lire la suite »

Paul ROBIN (1837-1912), le néomalthusianisme

Peu de personnes méritent d’être mondialement connu et écouté, voici ce qu’apporte Paul Robin à l’intelligence collective.

– Paul Robin naît en 1837 dans une famille bourgeoise, catholique et patriote. Élève de l’École normale supérieure de Paris, il passe ses licences de sciences mathématiques et de sciences physiques ; il devient surtout darwiniste et athée. Il est brièvement professeur de lycée (1861-1865), mais entre en conflit avec son administration sur des questions pédagogiques. En 1865, il part en Belgique où il noue des contacts avec des militants de l’Association internationale des travailleurs (AIT), concourt à la création de la section belge de l’AIT et il est expulsé pour avoir participé au mouvement de soutien à une grève. À Londres, où il fréquente les militants de l’Internationale, il est un temps membre du Conseil général de l’Internationale, mais ses liens intellectuels et son amitié personnelle avec l’anarchiste Bakounine provoquèrent son expulsion de l’AIT par Marx dès 1871. Les Justes sont souvent mis au ban, et parfois même assassiné !

– Robin avait collaboré au Dictionnaire de pédagogie de Ferdinand Buisson, devenu directeur de l’enseignement primaire. Grâce à lui, Paul Robin est placé à la tête en 1880 d’un orphelinat à Cempuis  (Oise). Il met en pratique, auprès d’un nombre important d’enfants, les théories sur l’éducation intégrale qu’il a formulées dès 1869-1870 : « Laissez l’enfant faire lui-même ses découvertes, attendez ses questions, répondez-y sobrement pour que son esprit continue ses propres efforts, gardez-vous par-dessus tout de lui imposer des idées toutes faites, transmises par une routine abrutissante. » Cette éducation, qui veut donner aux enfants des classes défavorisées le moyen d’accéder à la culture, se caractérise, outre son athéisme et son internationalisme, par le souci de développer harmonieusement l’individu dans sa globalité, tant sur le plan physique qu’intellectuel ou moral : « Tout enfant a le droit de devenir en même temps un travailleur des bras et un travailleur de la tête ». Il veut développer un esprit rationnel chez l’enfant, loin des « fantômes » de « l’imposture religieuse ». Donc une éducation sans Dieu et sans Patrie.

– Un autre aspect très novateur de l’œuvre que Robin accomplit à l’orphelinat est la « coéducation des sexes », filles et garçons sont dans la même classe, ce qui est révolutionnaire pour l’époque; les filles ne sont plus instruites dans l’optique d’une fonction sociale dominée. L’éducation physique représente un tiers du temps d’activité sans jamais faire de compétition ni de sport élitiste. Il faisait chanter aux enfants « La Marseillaise de la Paix ». Les méthodes éducatives de Paul Robin, trop avancées pour son époque, lui vaudront des ennuis, On prit prétexte de son « antipatriotisme » pour le révoquer en 1894 à la suite d’une campagne de presse très très virulente menée contre lui.

Paul Robin crée à Paris en 1889 le premier centre d’information et de vente de produits anticonceptionnels. En 1896, il fonde la Ligue pour la régénération humaine. Il introduit en France les principes néo-malthusiens qu’il a découverts en Angleterre et milite inlassablement pour diffuser dans la classe ouvrière les moyens du contrôle des naissances. A ne pas confondre avec une morale qui fait obstacle au plaisir et à l’amour, comme le malthusianisme de Malthus. Il voit dans « la prudence parentale » vis-à-vis de la fécondité un moyen d’émancipation des plus pauvres et particulièrement des femmes. Il publie de très nombreuses brochures de propagande ; le néo-malthusianisme est une arme au service de l’émancipation des femmes. Il fait des conférences, distribue des tracts pour faire connaître « les moyens efficaces et non douloureux [que fournit la science] pour ne mettre d’enfants au monde que quand elles le veulent ». Il crée entre autres une « ligue anti-esclavagiste pour l’affranchissement des filles » et même un syndicat de prostituées.

– Sentant ses forces et ses facultés décliner, Paul Robin met fin volontairement à ses jours en 1912 ; positiviste jusqu’au bout, il étudie les progrès de l’effet du poison sur lui-même. Par ailleurs membre de la Société d’autopsie, il souhaitait qu’après son décès son corps fût utilisé comme engrais ; mais il est finalement incinéré au cimetière du Père-Lachaise.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

L’histoire du natalisme

extraits : En s’inquiétant d’une faiblesse de la démographie, Emmanuel Macron fait écho à une longue tradition historique. Les discours natalistes naissent au lendemain de la défaite face à la Prusse, en 1870. l’Alliance nationale pour l’accroissement de la population française est créée en 1896 par le statisticien Jacques Bertillon. En 1896, la même année que Bertillon, le néo-malthusien Paul Robin avait fondé la Ligue de la régénération humaine dont la devise sera « bonne naissance-éducation intégrale ». Mais une loi en 1920 qui assimile la contraception à l’avortement. Toute propagande anticonceptionnelle est interdite. Le crime d’avortement est passible de la cour d’Assises. Le néo-malthusianisme de Paul Robin devient hors la loi….

Paul Robin (1837-1912)

extraits : Un texte de 1896 de Paul Robin : Femmes, sœurs bien-aimées ! « Si vous jugez que votre santé, votre situation matérielle ou les circonstances ne vous permettent pas d’avoir un enfant dans de bonnes conditions, de lui donner les soins de toute nature et l’éducation attentive dont il aurait besoin, vous avez le droit et le devoir de vous abstenir d’être mères. Si vous avez déjà des enfants, vous pourrez mieux les nourrir et les élever qu’en ajoutant imprudemment à leur nombre. Si vous n’en avez pas encore, choisissez sagement le temps où vous et votre conjoint, vous vous trouverez dans des conditions favorables de santé, de bien-être et de sécurité. Cela dépend de vous, vous êtes absolument maîtresses de votre destinée. Il ne faut pas que vous ignoriez, ni vous ni vos compagnes de souffrance, que la science vous a émancipées de l’épouvantable fatalité d’être mères contre votre volonté. »

Le néo-malthusianisme prépare donc l’émergence du féminisme. Le Planning familial, le Mouvement de libération des femmes  (MLF) et le Mouvement pour la liberté de l’avortement et de la contraception (MLAC) doivent beaucoup à Paul Robin. La Biosphère aussi !….

En savoir encore plus

Entraves aux théories et aux activités du mouvement pour le contrôle des naissances en France et aux États-Unis (1873-1940)

Paul ROBIN (1837-1912), le néomalthusianisme Lire la suite »

L’arme nucléaire sera utilisée, ou éliminée !

Invité de la rencontre pour la paix de Sant’Egidio à Paris pour un débat autour de l’arme nucléaire, Jean-Marie Collin revient dans La Croix sur les menaces nucléaires successives qui ont marqué ces dernières décennies. Pour l’auteur, la France devrait s’engager en faveur d’une interdiction des armes nucléaires.

L’arme nucléaire prendra fin,

soit par son utilisation, soit par son élimination

Jean-Marie Collin : Chaque génération serait-elle condamnée à jouer à la roulette nucléaire ? Après Cuba, la crise des euromissiles et la crise du Kargil, c’est la Russie qui aujourd’hui multiplie les menaces nucléaires. La possession de cette arme de destruction massive ne garantit ni la sécurité de la population, ni l’inviolabilité des frontières. Face à cette réalité, les parlementaires doivent engager une véritable réflexion sur le rôle de la dissuasion nucléaire comme clef de voûte du système de défense.

Cette stratégie implique pour le chef d’État une attitude rationnelle, pour montrer à son adversaire sa volonté « d’appuyer sur le bouton », tout en étant prêt à réaliser un geste irrationnel qui entraînerait un effondrement de toute vie sur terre. Cette stratégie repose donc sur le pari et l’espoir que l’autre reculera face à ce chantage…

Pas de gagnant dans une guerre nucléaire

D’autant qu’il n’y aura pas de gagnant dans une guerre nucléaire, même limitée. Les populations et leurs États subiront des conséquences humanitaires catastrophiques, des perturbations fortes du climat, des vagues de réfugiés et une crise économique sans précédent.

Or, nous vivons une époque encore bien plus dangereuse que celle de la Guerre froide. Les dirigeants politiques ne cessent de banaliser l’arme nucléaire, les menaces fusent sans tabou. Et ce n’est pas que de la rhétorique, les arsenaux se modernisent et augmentent. La Russie a transféré des armes nucléaires en Biélorussie.La France a ouvert un peu plus la porte à une européanisation de sa dissuasion nucléaire. Les États-Unis installent en Allemagne de nouvelles bombes nucléaires tactiques (comme en Belgique, en Italie, aux Pays-Bas, en Turquie). La Chine augmente son arsenal, comme le Royaume-Uni.

La dissuasion ne connaît pas la crise

En raison d’un calendrier assez similaire de renouvellement des arsenaux, les États augmentent massivement leur budget atomique. Selon le dernier rapport de notre campagne ICAN, plus de 82 milliards d’euros ont été dépensés en 2023 par les États-Unis, la Chine, la Russie, le Royaume-Uni, la France, l’Inde, Israël, le Pakistan et la Corée du Nord pour les armes nucléaires.

En France, la loi de programmation militaire (LPM) 2024-2030 va y consacrer en moyenne annuelle 7,67 milliards, un chiffre à comparer aux deux précédentes LPM qui étaient alors de 5,02 milliards (2019-2023) et de 4,66 milliards (2014-2018) en moyenne. L’objectif est — si le Président décidait, d’utiliser les 300 armes nucléaires — « de réduire en poussière l’équivalent de la superficie française en Russie » (amiral Vandier, L’Express, 06/09/2024). Ce qui ne signifierait rien d’autre qu’une population française réduite aussi en poussière.

Le profit des industriels de l’armement

Ces investissements massifs, qui bénéficient aux industriels de l’armement et aux secteurs financiers, sont confrontés à une réalité : la dissuasion a perdu sa crédibilité. Elle est battue en brèche si l’on observe les très nombreuses attaques de l’Ukraine sur des sites stratégiques russes, la présence de milliers de soldats de Kiev en territoire adverse ou encore les 300 drones et missiles iraniens qui ont frappé Israël.

L’histoire nous a déjà montré nombre d’exemples d’attaques directes mettant en échec la dissuasion (1982, l’Argentine envahit les îles britanniques Falkland ; 1991, Israël est visé par des missiles irakiens.) De même, la peur d’un adversaire nucléaire n’a pas empêché la Chine de rallier la Corée du Nord (1950) en guerre contre les États-Unis, ni l’Inde et le Pakistan (en 1999) de s’affronter dans la crise du Kargil qui a emmené le monde au bord du gouffre nucléaire. Enfin, il faut souligner les incohérences, telle l’annonce par la France de vouloir se jeter dans la course à un bouclier antimissile, confirmant ainsi que la dissuasion doit être doublée d’une nouvelle « assurance-vie ».

Le Parlement doit agir

Poursuivre ce système de défense en balayant d’un revers de la main ces faits, met en danger la population française et plus largement européenne. Les deux nouvelles commissions de la défense et des affaires étrangères doivent organiser un cycle sur le « nucléaire militaire » en séance publique, avec une parité des experts interrogés. Il faut souligner que depuis 1964, date de mise en service des Forces aériennes stratégiques, seuls 2 cycles « dissuasion » (dont un à huis clos) ont eu lieu. Les crédits de renouvellement des systèmes liés à la dissuasion devraient être eux gelés, en attendant les conclusions de ce cycle.

Ce processus doit s’accompagner d’une participation de la France comme État observateur à la troisième réunion des États parties au Traité sur l’interdiction des armes nucléaires qui se tiendra en mars 2025 au siège des Nations unies. Cette présence, aux côtés de nos partenaires notamment allemand, montrera une démarche responsable d’une puissance nucléaire.

Une seule certitude : la problématique de l’arme nucléaire prendra fin, soit par son utilisation, soit par son élimination. Il nous reste à déterminer collectivement quelle fin nous souhaitons.

L’arme nucléaire sera utilisée, ou éliminée ! Lire la suite »

la dissuasion nucléaire, une illusion mortifère

Nombreux sont les militaires qui, n’étant plus en activité, ont exprimé leur conviction selon laquelle la dissuasion nucléaire est désormais inutile et dangereuse. La capacité d’exterminer des millions de civils innocents sur décision d’un seul homme, assurerait la sécurité de notre pays ? C’est oublier qu’elle repose sur un pari, celui de la rationalité d’un agresseur éventuel. Une frappe nucléaire de notre part entraînerait une escalade aboutissant à la destruction de la France. Invoquer la course aux armements pour justifier que notre pays s’y joigne équivaut à souhaiter l’abolition du code pénal au motif qu’il existe des criminels. En proclamant que la dissuasion nucléaire constitue sa garantie ultime de sécurité, la France tient un discours proliférant qui ne peut qu’inciter d’autres pays à se doter de l’arme nucléaire. L’hypothèse de l’échec de la dissuasion nucléaire doit nécessairement être prise en compte.

Bruno Tertrais : « Le débat sur la dissuasion et son éthique commence dès 1942, au sein de l’équipe de Robert Oppenheimer [physicien américain considéré comme l’inventeur de la bombe atomique], lorsque l’arme nucléaire n’était encore qu’un projet. 

Est-il moral d’envisager des destructions apocalyptiques pour éviter une guerre ?

Doit-on menacer des populations civiles à cette fin ?

On peut débattre à l’infini de la compatibilité de la dissuasion avec les principes du droit international humanitaire, comme la proportionnalité de la riposte ou sa nécessité. Nous en sommes aujourd’hui à quatre-vingts ans de non-emploi. Celui qui se risquerait à rompre avec cette tradition prendrait une responsabilité immense devant l’histoire. Mais l’hypothèse de l’échec de la dissuasion nucléaire doit nécessairement être prise en compte. Dans son dernier discours à la Chambre des communes en 1955, Winston Churchill [le premier ministre britannique d’alors] s’inquiétait déjà des limites de la dissuasion en disant qu’« elle ne fonctionne pas avec Hitler dans son bunker ». Vladimir Poutine est « déraisonnable » au regard de notre vision du monde, mais pas « irrationnel » au regard de la sienne… »

Le point de vue des écologistes pacifistes

CotCotCot : 1) Première règle de la guerre nucléaire : la guerre nucléaire n’a pas de règles. Encore moins de lois. 2) Tous les wargames de guerre nucléaire se sont terminés avec la vie biologique sur la planète quasi annihilée en 45 minutes. 3) Quand la dissuasion échoue, aucun wargames n’a réussi à la rétablir. Tout se passe trop vite.

Castanea : Aucune confiance en la dissuasion à long terme. On est passés très près de l’utilisation de l’arme nucléaire lors de la guerre de Corée et lors de la crise des missiles de Cuba.

Abilene : Parier sur ce que des dirigeants feront ou ne feront pas est dangereux. Leur gestion, en général catastrophique des crises, montrent que la plupart sont arrivés à leur plus haut niveau d’incompétence combinée à une forme de psychopathologie narcissique.

Sudam : Le risque le plus important vient d’Israël si son existence vital était menacée. Elle n’hésiterait pas alors à sacrifier la planète, certaine de rejoindre « son créateur » après la mort. Le principal danger vient de là.

Khee Nok : Comme le disait McNamara, « la combinaison des armes atomiques et de la faillibilité humaine détruira des nations ». Il n’est pas raisonnable de stocker des armes nucléaires, en tout cas dans des quantités permettant la destruction de l’humanité (et de bien d’autres formes de vie).On peut aussi lire « The Doomsday Machine: Confessions of a Nuclear War Planner ». Annie Jacobsen détaille un scenario de conflit . La conclusion ? Dès qu’une première bombe explose, un enchaînement inexorable conduit à un échange de missiles global et apocalyptique.

Denis Monod-Broca : « la bombe » est notre divinité. Toute-puissante, elle nous protège. Sur elle repose la paix du monde. Cette croyance n’a rien de rationnel : soit la bombe est utilisée et elle aura été un échec, soit elle ne l’est pas, perd son pouvoir, et donc risque à tout moment d’être utilisée. Il n’y a qu’une façon de renoncer à la violence : y renoncer.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

les chiens de garde de la dissuasion nucléaire

extraits : Défendre le nucléaire militaire ne devrait pas entrer dans la logique d’un écologiste. Pourtant c’est ce que font tous les présidentiables, et 2022 n’échappera pas à la règle. Le propre d’une institution, c’est de vouloir sauvegarder son existence sans s’interroger sur le bien fondé de sa pérennité. Ainsi la dissuasion nucléaire qui a ses chiens de garde, rassemblés au sein de la commission des forces armées de l’Assemblée nationale. Fabien Gouttefarde, député LRM : « Oui, la dissuasion nucléaire a encore un sens. La dissuasion, c’est une industrie et des emplois. C’est une capacité, nos 4 sous-marins nucléaires portent des charges dont chacune équivaut à vingt fois celle de la bombe d’Hiroshima. C’est œuvrer pour la survie du peuple français face à un ennemi qui voudrait l’annihiler….

Dissuasion nucléaire à l’échelle européenne ?

extraits : Discours de Macron en février 2020 sur la dissuasion nucléaire prononcé à l’École de guerre : « Je souhaite que se développe un dialogue stratégique avec nos partenaires européens qui y sont prêts sur le rôle de la dissuasion nucléaire française dans notre sécurité collective ». Le chef de l’Etat propose à ses partenaires européens d’être « associés aux exercices des forces françaises de dissuasion »*. Sur la force de frappe française, le président s’inscrit dans la continuité doctrinale de ses prédécesseurs.

Dissuasion nucléaire, une ligne Maginot !

extraits : Dissuasion nucléaire à l’échelle européenne ? La position de Macron est osée, qui va décider d’appuyer sur le bouton… quand l’Europe n’arrive pas à s’entendre sur des sujets moins belliqueux. La dissuasion nucléaire est une erreur militaire tragique, c’est accepter des bombes qui vont tuer en masse des civils. Sans être croyant, on ne peut qu’’être en accord avec la position du pape François : « On ne construit pas la paix sur la peur que l’on crée en montrant sa force. Or, avoir des armes nucléaires, c’est menacer de s’en servir. On ne peut donc se contenter de mettre en cause la dissuasion. Il faut aussi mettre en cause leur possession »

Sur ce blog biosphere, nous sommes depuis toujours pour l’abolition des armes nucléaires

25 septembre 2019, Pour un désarmement nucléaire

24 mars 2019, Le nucléaire, inacceptable dans un pays démocratique

23 janvier 2018, NI dissuasion nucléaire, NI service national universel

10 octobre 2017, La folie du feu nucléaire entretenue par un journaliste

30 mars 2017, Les présidentiables face au feu nucléaire

21 février 2015, François Hollande fait joujou avec la bombe nucléaire

16 juillet 2014, L’art de ne pas répondre… sur le nucléaire militaire

21 mars 2014, Un gouvernement français de tout temps pro-nucléaire

27 juin 2012, supprimer la dissuasion nucléaire, alléger le budget !

23 juillet 2011, les socialistes sont pro-nucléaires

19 juillet 2011, la dissuasion nucléaire, un débat pour 2012

la dissuasion nucléaire, une illusion mortifère Lire la suite »

SNU macronien et objection de conscience

Lors de la Journée Défense et Citoyenneté (JDC, anciennement JAPD), il nous semble conforme à la logique démocratique qu’un jeune homme ou une jeune femme puisse déclarer :

« Je désire manifester dès maintenant mon refus d’un service militaire armé pour motif de conscience et je demande à bénéficier d’un tel droit reconnu internationalement. Mes convictions, basées sur la recherche de la bonne entente collective, me conduisent à d’autres formes d’engagement pour la nation et les peuples que l’usage des armes ».

Pouvoir devenir objecteur de conscience nous semble d’autant plus indispensable qu’un SNU sous égide militariste voudrait se mettre en place pour un « réarmement militariste » ! Dans un rapport diffusé le 13 septembre 2024, la Cour des comptes dresse un bilan sévère des premières sessions du Service national universel (SNU), qui existe depuis 2019. Peu lisible, mal piloté et sans horizon clair, le dispositif devra faire l’objet d’une « clarification » rapide, insiste la juridiction.

Violaine Morin : Emmanuel Macron avait affirmé sa volonté de généraliser le SNU « dès 2026 ». Tous les jeunes de 15 à 17 ans devaient pouvoir y participer : le service national universel (SNU), mis en place à partir de 2019, devait permettre à la jeunesse de réaliser un « séjour de cohésion », qui brasserait des élèves de tous les milieux et de toutes les régions, autour des valeurs de la citoyenneté et de l’engagement, avant de réaliser une mission d’intérêt général – souvent au sein d’un corps en uniforme ou dans une association. Mais le gouvernement ne voulait pas d’une gestion avec les associations d’éducation populaire, le projet devant rester « régalien », sous double tutelle de l’éducation nationale et de l’armée Le projet n’a jamais été débattu au Parlement, « ni dans ses principes ni dans ses modalités ». En 2019, le Conseil d’Etat avait précisé : « En premier lieu, il convient de savoir si le SNU relève des “sujétions imposées par la défense nationale aux citoyens”, selon les termes de la Constitution. En second lieu, se pose la possibilité d’imposer une sujétion aux mineurs : la loi ne permet a priori d’imposer des sujétions qu’aux citoyens, statut dont ne relèvent pas les jeunes de 15 à 17 ans, placés sous l’autorité de leurs parents. 

En 2024, la Cour des comptes relève « l’absence d’horizon clair » et « l’insuffisante planification des moyens nécessaires à sa montée en charge ».

Le point de vue des écologistes objecteurs de conscience

Khee Nok : Le coût est de 2000 Euros par personne, sur 12 jours. Par comparaison une année complète de scolarité coûte environ 10000 Euros…

palladio : Contenu du SNU : rien à part apprendre à se lever tôt pour assister à un lever de drapeau, tout ça sur un fond de « apprendre les valeurs de la république » sous encadrement militaire. Le seul but est donc de faire adhérer les ados à l’idéologie néolibérale : croire que dans la vraie vie, le plus important, ce n’est pas de réfléchir mais d’être quelqu’un de soumis. Cela sert aussi à dénigrer l’école à laquelle il est reproché de ne pas préparer à la vraie vie (où l’essentiel serait d’obéir et de consentir), de ne pas apprendre les vraies valeurs (discipline et soumission). Le SNU sert aussi à saboter l’école en la désorganisant : bouleverser les emplois du temps pour permettre à tout le monde d’aller au SNU tout au long de l’année et pas en même temps. Cas de figure non prévu : des ados qui critiquent le SNU une fois celui-ci obligatoire (quelle sanction : la prison ?)

Corto maltese : On se demande l’utilité du « Service National ». Personnellement, les jeunes de ma génération connaissaient le « service militaire » sensé préparer la jeunesse à la défense du pays en cas de conflit armé… J’ai donc passé 18 mois à Fréjus, dans la « coloniale »… (fin année 60, fin de la guerre d’Algérie). 18 mois à ne rien faire…. (Quand je dis rien…. C’est « RIEN » !) Au niveau de la défense du pays, j’ai eu l’occasion de tirer trois balles de fusil, avec un « Mas 36 » (fusil à un coup, chargement manuel, de 1936) !
Quand on se retrouve dans la vie civile, on se demande l’intérêt de ce séjour inutile !

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

SNU, service national universel, un échec

extraits : Jeunes Français, attention le SNU n’est pas fait pour vous. Le service national universel, c’est une marotte de Jupiter Macron qui se croit revenu aux temps de la conscription obligatoire. Le SNU est en réalité devenu un véritable serpent de mer qu’on voit de temps en temps et qui disparaît tout le temps. Promesse de campagne du candidat Emmanuel Macron lors de l’élection présidentielle de 2017, le service national universel a été confirmé en tant que chantier du mandat présidentiel à l’occasion des vœux du président de la République aux armées le 23 janvier 2018. C’est dès lors un programme virtuel mis en place par le Premier ministre français Édouard Philippe à partir de 2019….

Les jeunes et le service civique écologique

extraits : Attention de ne pas confondre le Service national universel qui faisait l’objet de notre précédent article et le service civique. Le SNU est une tentative propre à Emmanuel Macron depuis qu’il a accédé à la présidence de la France ; il s’agit d’enrégimenter les jeunes au nom d’un patriotisme désuet. Le SNU n’est qu’une annexe du ministère des armées ! Le service civique est beaucoup plus ancien ; sous des dénominations diverses, son rôle historique est de diminuer artificiellement le taux de chômage des jeunes. Le service civique existe depuis 2010. Il faisait suite du « service civil volontaire » qui avait été mis en place en 2006….

SNU macronien et objection de conscience Lire la suite »

L’origine des guerres, la spoliation des paysans

Chez les peuples de chasseurs-cueilleurs, les conflits étaient brefs et peu sanglants ; ils cessaient souvent lorsqu’un homme était tué, voire seulement blessé. Le chef, dans ces sociétés premières, n’est pas celui qui tape ou crie le plus fort, mais celui qui organise le partage. La bifurcation décisive a eu lieu durant le néolithique, marqué par l’apparition de l’agriculture, de la sédentarisation, des villes et des premiers États. Il existe en particulier une corrélation directe ancienne entre la culture des céréales et les hiérarchies. Une partie du travail des paysans est accaparé par une élite autoproclamée sous forme d’impôts et redistribué à des soldats qui protègent les intérêts de cette élite. Une explication complémentaire découle de la densité humaine. Alors que les petits groupes peuvent pratiquer une certaine démocratie directe, la concentration des humains demande la centralisation du pouvoir. Ce système militaro-politique implique l’usage de la force non seulement au niveau interne du groupe, mais aussi vis-à-vis de l’extérieur. Les premières batailles de masse remontent à longtemps.

Vers -2700 à -2600, des pyramides à degré en Égypte étaient déjà érigées en l’honneur d’un seul humain pour rendre visible leur pouvoir… même après leur mort. Une armée bien équipée était au service de Pharaon. La plus grande bataille de chars de l’Histoire a opposé Égyptiens et Hittites en 1275 avant J.-C.

En Europe, la bataille de la rivière Tollense est survenue durant l’Âge du bronze vers 1300 avant J.-C.  Crânes perforés, pointes de flèches en bronze, hache, on savait déjà s’entre-tuer et on prenait les moyens pour. Près de 4 000 combattants auraient été impliqués, 750 d’entre eux auraient été tués ; à une époque où la densité de population était seulement d’environ 5 personnes par km², cela fait beaucoup. La présence de cavaliers et de porteurs d’épées jette une lumière nouvelle sur la composition sociale des combattants à Tollense : ce ne sont pas des hordes d’agriculteurs qui se rencontrent dans une bagarre sauvage, mais des armées organisées dont la hiérarchie laisse suggérer des sociétés structurées.

Ces animaux qui se disent intelligents et qu’on appelle les humains deviennent en groupe des hordes sauvages qui tuent des gens qu’ils ne connaissent pas au profit de gens qui gardent leurs privilèges. La notoriété et les connaissance d’Einstein et de Freud n’ont rien pu faire contre la soumission volontaires des peuples. L’opuscule « Pourquoi la guerre ? (Warum Krieg?) » rassemble un échange épistolaire de 1932, entre Albert Einstein et Sigmund Freud. Ils le font à la demande de la Commission internationale de coopération intellectuelle.1

La publication de l’échange voit le jour en 1933 à Paris puis en Allemagne, deux semaines après l’accession d’Adolf Hitler au poste de chancelier ; elle y fut tout de suite interdite. Le 10 mai 1933, les nazis organisent des autodafés où les livres inscrits sur une liste noire, notamment les ouvrages de Freud et Einstein, sont brûlés publiquement.

Voici un résumé de l’échange entre Einstein et Freud

Albert Einstein (Potsdam, le 30 juillet 1932) : Existe-t-il un moyen d’affranchir les hommes de la menace de la guerre ? On s’entend aujourd’hui à reconnaître que les progrès de la technique ont rendu pareille question proprement vitale pour l’humanité civilisée, et cependant les ardents efforts consacrés à la solution de ce problème ont jusqu’ici échoué dans d’effrayantes proportions. Pour moi qui suis un être affranchi de préjugés nationaux, la face extérieure du problème en l’espèce, l’élément d’organisation m’apparaît simple : les États créent une autorité législative et judiciaire pour l’apaisement de tous les conflits pouvant surgir entre eux. Mais nous sommes actuellement fort loin de détenir une organisation supra-étatiste qui soit capable de conférer à son tribunal une autorité inattaquable et de garantir la soumission absolue à l’exécution de ses sentences. Et voici donc le premier principe qui s’impose : la voie qui mène à la sécurité internationale impose aux États l’abandon sans condition d’une partie de leur liberté d’action, en d’autres termes, de leur souveraineté, et il est hors de doute qu’on ne saurait trouver d’autre chemin vers cette sécurité. L’appétit de pouvoir que manifeste la classe régnante d’un État contrecarre une limitation de ses droits de souveraineté. Cet « appétit politique de puissance » trouve souvent un aliment dans les prétentions d’une autre catégorie dont l’effort économique se manifeste de façon toute matérielle. Je songe particulièrement ici à ce groupe que l’on trouve au sein de chaque peuple et qui, peu nombreux mais décidé, se compose d’individus pour qui la guerre, la fabrication et le trafic des armes ne représentent rien d’autre qu’une occasion de retirer des avantages particuliers, d’élargir le champ de leur pouvoir personnel.

Cette simple constatation n’est toutefois qu’un premier pas dans la connaissance des conjonctures. Une question se pose aussitôt : Comment se fait-il que cette minorité-là puisse asservir à ses appétits la grande masse du peuple qui ne retire d’une guerre que souffrance et appauvrissement ? Voici la première réponse qui s’impose : cette minorité des dirigeants a dans la main l’école, la presse et presque toujours les organisations religieuses. C’est par ces moyens qu’elle domine et dirige les sentiments de la grande masse dont elle fait son instrument aveugle.

L’homme a en lui un besoin de haine et de destruction. En temps ordinaire, cette disposition existe à l’état latent et ne se manifeste qu’en période anormale ; mais elle peut être éveillée avec une certaine facilité et dégénérer en psychose collective. Existe-t-il une possibilité de diriger le développement psychique de l’homme de manière à le rendre mieux armé contre les psychoses de haine et de destruction ?

Freud répond que la Société des nations est susceptible de représenter une prévention contre la guerre, mais qu’elle « demeure impuissante, sinon sur le plan des idées ». Quant à la pulsion de haine évoquée par Albert Einstein, elle rejoint sa théorie de la pulsion de mort : « La pulsion de mort devient pulsion de destruction en se tournant, au moyen d’organes spécifiques, vers l’extérieur, contre les objets. L’être vivant préserve pour ainsi dire sa propre vie en détruisant celle d’autrui ». Mais il ajoute que « nous sommes formés par le long processus de l’évolution de la culture ». En attendant que tous les hommes « deviennent pacifistes », il est permis de penser que « tout ce qui promeut le développement culturel œuvre du même coup contre la guerre ».

Actualisation

Depuis les années 1930, l’état de guerre perdure. Aujourd’hui encore, en 2024, les images de mort et de destruction en Palestine ou en Ukraine sont instrumentalisées par chaque camp pour continuer à alimenter la guerre. Or ces guerres ne mettent pas en jeu des individus, mais des États. Comme l’exprime Rousseau, « La guerre n’est point une relation d’homme à homme, mais une relation d’État à État »2.

Un État moderne, qu’est-ce que c’est ? Les murs d’un Parlement, une batterie de fonctionnaires, un territoire délimité artificiellement par des frontières, un nationalisme. Par la guerre toutes ces dimensions éparses sont réunies en un seul faisceau, mobilisées par une seule tension : la défense ou l’affirmation de soi contre un ennemi intérieur ou extérieur. L’affirmation pure de sa supériorité sur ses voisins ont été, pendant la longue histoire des États, une motivation essentielle des dirigeants quand ils déclaraient la guerre. Quel dictateur, de Ramsès II à Poutine, n’a pas voulu construire sa légende par les conquêtes militaires ?

On en revient au début de cet article, une élite dirigeante s’accapare du pouvoir en spoliant les paysans pour trouver les  moyens de conforter leur pouvoir au moyen d’une armée dont la vocation est la guerre. En termes actuels, la part des impôts consacrés à la défense militaire permet notre assujettissement au pouvoir en place. Refuser ce paiement serait être un droit dans un système qui se voudrait démocratique.

En savoir plus grâce à notre blog biosphere

La guerre, recherche de l’espace vital

extraits : L’augmentation de la densité démographique, les tensions sur les ressources et la constitution d’élites et d’esclaves sont reliées à une augmentation des violences collectives. C’est en particulier vers le Ve millénaire avant notre ère qu’une hausse de la violence létale est relevée, attribuée à des communautés humaines en forte expansion pour le partage des ressources. L’explosion démographique décuple mécaniquement les conflits violents, organisés par des structures territorialisées. Apparu vers le IIIe millénaire avant notre ère, l’Etat s’est épanoui durant les cinq derniers siècles, au point de devenir la forme de souveraineté politique de presque toutes les sociétés humaines. L’Etat moderne prétend à une souveraineté absolue exercée sur une population et un territoire donnés, sa population devient de la chair à canon au service d’un dirigeante, qu’il soit roi dictateur ou même élu. Les gouvernements instaurent un système concentrationnaire d’enrégimentement que sont la caserne, l’école et l’usine. Les innovations techniques rendent les conflits plus meurtriers….

Le coût écologique exorbitant des guerres

extraits : Tour à tour enjeu stratégique ou victime collatérale, l’environnement n’a jamais été épargné dans la longue histoire des peuples et de leurs affrontements. Des batailles menées par Darius contre les Scythes en – 513 av. J.-C. jusqu’aux puits de pétrole incendiés au Koweït par l’armée de Saddam Hussein en 1990, la stratégie de la terre brûlée s’est de tout temps révélée une arme redoutable. Dans cette histoire de feu et de sang, les conflits de masse du XXe siècle ont franchi un palier. Les guerres industrielles, capables d’anéantir les populations, dévastent aussi durablement les écosystèmes. Sans compter l’arsenal atomique qui fait peser une menace écologique sans précédent dans l’histoire de l’humanité…..

1 https://fr.wikipedia.org/wiki/Pourquoi_la_guerre_%3F

2 Du contrat social, I, IV

L’origine des guerres, la spoliation des paysans Lire la suite »

Vivre dans un pays sans armée… en Russie ?

Le 24 février 2022, la Fédération de Russie a envahi son voisin ukrainien. La contre-offensive de Kiev en territoire russe, lancée le 6 août 2024, ne change pas fondamentalement la donne : 150 000 soldats russes au moins sont déjà morts « pour rien » et beaucoup trop de soldats ukrainiens… sans compter les pertes civiles.

Pourtant la  Russie n’est pas prête à des négociations, le conflit s’enlise car Poutine n’est qu’un dictateur qui veut toujours avoir raison. Toute forme de dissuasion, militaire ou non-violente, ne joue qu’à la condition que l’adversaire soit relativement raisonnable. Des chefs d’État peuvent se lancer dans des entreprises parfaitement démentielles, un peuple peut mener contre un autre une guerre d’extermination, réaliser un génocide, déporter en masse… Ce qu’il reste des peuples autochtones d’Amérique en est un témoignage bouleversant.

Mais que ce soit clair. Une société œuvrant pour la paix et non pour la guerre n’aurait pas besoin d’armée. Avec des citoyens profondément objecteurs de conscience, la Russie n’aurait pas suivi les fantasmes de gloire de Poutine, elle n’aurait pas envoyé des supplétifs se faire tuer en Ukraine. La Russie aurait été un pays déterminant au niveau international pour éliminer toutes les armées et construire une paix durable. Mais pour cela, il faudrait que les élites russes acceptent d’éduquer les consciences individuelles de chacun. Le budget des armées serait amplement suffisant pour financer l’apprentissage généralisé à la résistance à l’injustice. Le pays ferait même des économies, et Poutine n’aurait jamais conservé son trône….

à lire sur ce blog,

Manifeste du pacifisme (Michel Sourrouille, 2010)

Synthèse de ce livre de cent pages : Il serait dangereux de se laisser aller à un antimilitarisme sommaire : un peuple a le droit et le devoir de se défendre contre une agression extérieure. Autrement dit, la remise en question de la défense armée ne peut aller sans la recherche d’une autre forme de défense. Certains préconisent un système de défense qui consiste à armer la population et à fonder la résistance sur des milices populaires. Mais à la différence de la défense nationale armée, qui a pour seul but la défense du territoire national, la défense civile non violente est la prolongation particulière d’une attitude permanente à l’égard de l’injustice sociale et du pouvoir. L’attitude non-violente dépasse le problème de la guerre et de la paix. Il y a continuité entre la lutte à l’intérieur d’un pays pour une plus grande justice, et l’action contre un envahisseur ; ce sont les mêmes techniques qui sont utilisées dans les deux cas, dans le même esprit. Une population habituée à ne pas tolérer les atteintes aux droits des personnes et à réagir immédiatement devient, pour un envahisseur ou un pouvoir dictatorial, un mur sur lequel sa violence se brise. Contrairement à ce qui se passe dans la lutte armée où des gens qui ne se connaissent pas se tuent au profit de gens qui se connaissent bien et ne se tuent pas, la lutte non-violente permet à ceux qui, en d’autres circonstances, se seraient entre-tués, de mieux se connaître et affaiblit le pouvoir de ceux qui auraient bénéficié du carnage. Tout pouvoir a besoin de la collaboration active d’une partie de la population. La stratégie non-violente s’appuie sur une série de techniques de non coopération : grève sous toutes ses formes (partielle, générale, tournante, grève du zèle) de la part des travailleurs, boycott des consommateurs, refus de l’impôt des contribuables, démission ou résistance des notables, etc. Ajoutons qu’en cas de péril extrême, la défense non-violente ne s’interdirait pas de recourir à des actes de sabotage non meurtrier.

Toutes ces méthodes nécessitent de l’imagination et du courage. Gandhi disait : « Je vois bien comment je peux enseigner la non-violence à un violent, mais je ne peux pas l’enseigner à un lâche. » Dès qu’une part importante de la population refuse de coopérer, la situation du pouvoir devient difficile. Elle devient impossible si le refus se généralise.

La résistance non-violente présent trois avantages immédiats par rapport à une résistance armée. Tout d’abord, l’absence de résistance armée rendrait vraisemblablement la période d’invasion beaucoup moins meurtrières. Chacun serait bien conscient que même si la résistance non-violente devait coûter des vies humaines, toute forme de résistance violente en coûterait bien davantage. Second avantage, toute la population résisterait en restant sur place. On éviterait ainsi l’affaiblissement considérable qui résulte d’une mobilisation militaire : rupture des familles et ralentissement de l’activité économique. Troisième avantage, une attaque de l’adversaire n’est nullement ressentie comme un échec, mais comme une imprudence de sa part. L’armée adverse est rentrée dans un piège quand l’action non-violente est bien préparée. La tactique non-violente consiste à affaiblir la liaison entre l’Etat agresseur et les individus qui composent ses forces armées. On fait prendre conscience aux agresseurs qu’ils ne courent aucun risque en tant que personnes, mais qu’on leur opposera systématiquement le plus ferme des refus d’obéissance aussi souvent que nécessaire. La tactique à adopter durant la première phase du conflit est d’éviter les affrontements avec les troupes d’occupation et de faire connaissance quand les troupes s’installent.

Ainsi, lors de l’invasion de la Tchécoslovaquie, les États du pacte de Varsovie ont dû rapatrier des troupes complètement démoralisées par la résistance non-violente à laquelle elles s’étaient heurtées. Si les six jours de résistance non-violente en Tchécoslovaquie ont suffi à mettre en difficulté l’Etat soviétique, on peut imaginer l’efficacité que pourrait avoir une résistance non-violente dûment préparée pendant des années par une population maîtresse d’elle-même et consciente de ce qu’elle veut défendre.

Contrairement à la lutte armée qui peut servir à défendre n’importe quelle cause y compris et de préférence les pires, la lutte non-violente n’est adaptée qu’à la défense des causes réellement justes. Et de toute façon toute forme de dissuasion, militaire ou non-violente ne joue qu’à la condition que l’adversaire soit relativement raisonnable. Des chefs d’Etat peuvent se lancer dans des entreprises parfaitement démentielles, un peuple peut mener contre un autre une guerre d’extermination, réaliser un génocide, déporter en masse. Ce qu’il reste des peuples indiens d’Amérique en est un témoignage bouleversant.

Application à l’Ukraine d’une défense civile non violente,

Ukraine, éviter l’invasion était possible

extraits : Le principe le plus fiable est celui des objecteurs de conscience : «  Si tu veux la paix, prépare la paix. » Si les Ukrainiens avaient laissé les chars russes arriver à Kiev sans intervenir, un gouvernement pro-Poutine aurait été mis en place, mais il n’y aurait eu aucun morts. Certes une dictature peut perdurer, mais tant que les citoyens feront preuve de soumission volontaire. Aucune dictature n’est éternelle, d’autant plus qu’elle repose le plus souvent sur une seule personne. Hitler, Staline ou Poutine n’ont que leur temps, ils ne maîtrisent pas l’avenir. Le problème n’est donc pas l’absence temporaire de démocratie, mais l’inertie des peuples. Les militaires ont le pouvoir parce qu’ils sont institutionnalisés, on paye des impôts pour les équiper et les nourrir.

Une population d’objecteurs de conscience ne se laisserait pas faire, elle aurait la capacité de résister à toute situation imposée à mauvais escient. Une armée composée d’individus qui déterminent par eux-mêmes pour quoi et pour qui il faut se battre ne pourrait être utilisée par aucun pouvoir politique.

Vivre dans un pays sans armée… en Russie ? Lire la suite »

Alban Liechti, refuznik de la guerre d’Algérie

Alban Liechti est le premier militaire à refuser ouvertement de tirer sur des Algériens. Durant son service militaire obligatoire, son régiment s’apprête en 1956 à être envoyé à Alger. Alors il écrit au président René Coty son refus de prendre les armes : « La guerre que font nos gouvernants au peuple algérien n’est pas une guerre défensive. Dans cette guerre, ce sont les Algériens qui défendent leurs femmes, leurs familles, la paix et la justice. C’est l’amitié entre Français et Algériens que je veux défendre. » Envoyé malgré tout en Algérie, le militant communiste tente de convaincre les autres jeunes appelés. « Je disais tout ce que je pensais de la guerre d’Algérie, qu’on n’avait rien à faire là et qu’on employait des méthodes comme la torture. J’étais contre tout cela. J’étais bien vu de tous les gars, sauf des gradés », se rappelait Alban Liechti en 2021 sur France Culture

Alban Liechti ne connaissait pas encore les risques qu’il encourt, il est le premier opposant à la guerre d’Algérie. Ce sera la prison pendant les quatre années suivantes. Incarcéré par l’armée française à Tizi Ouzou, puis à Alger… Il tarde à être soutenu par son parti, le PCF mais son action finit par faire des émules raconte l’historien Tramor Quemeneur, spécialiste de l’Algérie : « Environ un an après son refus, une campagne a commencé, portée par le Secours Populaire Français, et qui a conduit à ce qu’une quarantaine de jeunes communistes refusent de participer à la guerre d’Algérie. Cela a amené à ce que la question du refus de la guerre, de la désobéissance dans la guerre d’Algérie se pose publiquement. De ce point de vue-là, son parcours est important »On est alors arrivé à ce qu’il y ait une opposition de plus en plus forte au sein de la société française.

Libéré de ses obligations militaires dix jours avant les accords d’Evian du 18 mars 1962, il restera privé de son droit de vote jusqu’à la loi d’amnistie de 1966« C’est un héros ! Pendant longtemps, il était plutôt considéré comme un traître », estime son fils, Vincent Liechti. Il évoque également un manque de reconnaissance : « À son décès, on a eu un message du président de la République algérienne mais pas du président français, donc la reconnaissance n’est pas encore tout à fait pleine et entière ».

Il vient de mourir à l’âge de 89 ans. Ses obsèques ont eu lieu le 4 septembre 2024.

Agathe Mahuet (Radio France)

Le point de vue des écologistes pacifistes

La France en Algérie n’a pas fait autrement que la Russie de Poutine en Ukraine avec son invasion appelée « opération spéciale ». Le terme employé à l’époque par la France était « événements d’Algérie » ou « Opérations de maintien de l’ordre en Algérie ». L’expression « Guerre d’Algérie » n’a été officiellement adoptée en France qu’en 1999. Rappelons qu’entre 1954 et 1962, 1 101 580 appelés ou rappelés et 317 545 militaires d’active ont été envoyés en Algérie. On estime qu’environ 250 000 Algériens ont été tués dans cette guerre (dont plus de 140 000 combattants, ou membres du FLN). Près de 25 600 militaires français sont morts et 65 000 ont été blessés.

Tant que les humains se battront dans des guerres fratricides les armes à la main, il n’y aura pas de possibilité de chercher l’équilibre entre population et ressources à l’intérieur d’un territoire quelconque. En effet il y aura toujours la possibilité d’être envahi, exploité, rançonné… si ce n’est génocidé.

Alban Liechti, refuznik de la guerre d’Algérie Lire la suite »