politique

Stroud, le berceau d’Extinction Rebellion

Avant de théoriser notre nécessaire rébellion contre la société thermo-industrielle, un peu de pratique.

Gail Bradbrook : Le 30 mars 2021, bonnet noir et lunettes de protection, je redouble d’efforts pour faire céder la devanture de l’établissement de la Barclays. J’ai pris soin de placarder une affiche sur la façade : « Cette banque finance le chaos climatique ». Je suis membre du groupe d’activistes écologistes Extinction Rebellion, je participais à l’opération « Money Rebellion » (« rébellion de l’argent »), qui dénonce les investissements des banques dans les énergies fossiles. Les épaisseurs de verre se fragmentent sous mes coups, mais la vitrine ne cède pas. Mise en examen pour « dommages criminels » et « atteinte contre une institution financière », j’encours dix ans de prison ferme. Une première audience de mon procès aura lieu le 11 janvier 2022… j’espère un bon impact médiatique.

Réactions sur lemonde.fr :

animal nyctemeral : exploser une vitrine a coups de marteau….. je ne pense pas avoir la même définition de la non violence….

Rodolphe Leroy : Vous avez raison, elle aurait pu se blesser !

Bob Morane : Travaillant depuis 20 ans sur des sites industriels de production en France et à l’ étranger, je confirme qu’aujourd’hui la crainte d’événements terroristes et donc violents est de plus en plus liée à ce genre de mouvements.

Raphou : Le blocage de la cimenterie Lafarge par Extinction Rébellion était parfaitement pertinent : la fabrication actuelle de ciment et de béton est un désastre en termes d’émissions de CO2, et les alternatives à base d’argile nécessitant beaucoup moins de chaleur existent en France. Donc merci à Extinction Rébellion.

Lire, Urgence écologique, rébellion nécessaire

Quelques repères historiques

Stroud, bourgade du Gloucestershire, a vu naître en 2018 le groupe écologiste Extinction Rebellion. En 1990, la ville avait élu le premier maire écologiste d’Angleterre, John Marjoram. En se référant au modèle établi en 2010 par Rob Hopkins, Stroud devient « en transition » : la municipalité planifie la réduction drastique de son empreinte carbone et le respect des écosystèmes. Les activistes se font la main au sein du groupe de défense du climat Rising Up, né en 2016. Ils ont multiplié les combats : lutte contre la fracturation hydraulique pour extraire le gaz de schiste (que le Royaume-Uni a stoppée en 2019), campagne contre la pollution des grandes villes, occupation d’arbres pour défendre les dernières forêts anciennes du pays… Dès l’automne 2017, une dizaine de militants de diverses origines se réunissent pour déterminer comment faire face à l’urgence écologique. Gail Bradbrook, biophysicienne moléculaire de formation, les accueille dans sa maison de Stroud. Lors d’un week-end d’avril 2018, connu comme « la réunion de Stroud », le groupe se définit à partir de trois grands piliers : la non-violence, la désobéissance civile et l’objectif de mobiliser 3,5 % de la population dans le monde. Un seuil qui entraînerait selon eux un « changement de système ». Le 31 octobre 2018, la dizaine de cofondateurs lit une « Déclaration de rébellion » devant le Parlement, à Londres, et crée ainsi officiellement le mouvement. En novembre, XR occupe cinq ponts au centre de la capitale.

Lire, Tout savoir sur Extinction Rebellion

Aujourd’hui, la pandémie a chamboulé ce mouvement, en train de se scinder en deux camps. Pour ou contre la vaccination. « Ils ne veulent plus se parler », dit Simon Bramwell, bûcheron, cofondateur d’Extinction Rebellion et ancien compagnon de Gail Bradbrook. « Peut-être qu’il faut accepter qu’Extinction Rebellion a rempli sa mission, de nouveaux mouvements surgiront. » Pour Simon, « la seule solution pour s’en sortir, c’est de rester radical ».

Zaza : Il y a quelques mois, une journaliste de Planète -Audrey Garric- suivait pas à pas les actions de ce groupe radical et nous les rapportait avec une complaisance frisant la complicité, mettant notamment très en avant la non-violence de leur démarche. Les exaltés de tous poils ne reculent devant aucune violence car celle-ci se trouve légitimée à leurs yeux par la « justesse » de leur cause. Il ne fait aucun doute qu’une partie des intégristes écolos dérivera vers le terrorisme car ils sont (auto) persuadés qu’il font vraiment œuvre de sauvetage du genre humain. Alors, un jour, on ressortira les articles relatant leurs « débuts ».

Lorange : Pour l’heure le terrorisme le plus violent est celui des réactionnaires qui nient les efforts à faire pour laisser une planète viable à nos petits-enfants. Un jour surtout les tribunaux seront encombrés par ceux qui auront laissé la situation se dégrader sans réagir, au nom de leur liberté et de leur petit confort bourgeois.

Artemis purple : Une vision, une stratégie, des moyens de communications et du courage sur le terrain. Trois activistes d’ Extinction Rebellion qui s’assoient par terre, ce sont des terroristes ? XR est juste en avance.

Stéphane : Pour être tout à fait lucide, je dirais plutôt que XR arrive trop tard…

Lire, Quelle critique faire à Extinction Rebellion ?

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La bouffonnerie de l’humanité, LE film à voir

Aller au cinéma, c’est choisir deux ou trois films qu’il faut avoir vu dans l’année, le reste on peut s’en passer.

« Don’t Look Up. Déni cosmique » : la comète McKay lancée contre la bouffonnerie de l’humanité

Des chercheurs acquièrent la certitude mathématique qu’une comète colossale fonce droit sur la Terre et menace de la détruire sous six mois. A la Maison Blanche, ils se confrontent à une administration incapable de prendre la mesure du désastre. La présidente et son entourage ne sont que des démagogues outrageusement narcissiques, obnubilés par les scandales de mœurs qui bousculent leur parti (républicain) et l’imminence des élections de mi-mandat. Leurs  visées sont uniquement court-termistes et bassement politicardes. Qu’à cela ne tienne : les scientifiques se retournent vers les médias pour alerter l’opinion publique. Le message ne passe pas. Coulé dans le format d’un talk-show aseptisé, noyé dans le brouhaha des réseaux sociaux, la menace avéré se retrouve minoré, folklorisée, tournée en dérision, ce qui fait que l’alerte n’est suivie d’aucun effet, d’aucune prise de conscience. Les nouvelles voies cacophoniques et saturées de l’information ne conduisent pas aux progrès de la raison, mais à la paralysie et à l’obscurantisme généralisé.Info-spectacle avant tout !

à lire, «Effondrement, bientôt une terre inhabitable

Don’t Look Up dresse la satire du système politico-médiatique devenu une machine devenue folle, produisant perte de temps et déni à la pelle… en lieu et place d’un partage de l’intelligence et d’une action collective efficace… Don’t Look Up » étonne par son habileté à faire tenir ensemble le premier et le trente-sixième degré, la fable et la parodie, la vérité et la folie … Remplacez la comète par le réchauffement climatique, et cela devient tout simplement une image saisissante de vérité. Bientôt 27 année de parlottes diplomatiques et la planète s’avance toujours vers la fournaise.

à lire, Le cataclysme est pour bientôt selon le GIEC

L’ironie suprême du film est de montrer que toutes les alertes lancées, toute la contre-propagande ne servent finalement qu’à renforcer le système médiatique en l’alimentant. L’humanité est irréformable, semble nous dire McKay, et aucun effort ne suffira à la faire dévier de sa bouffonnerie congénitale comme de son destin catastrophique. C’est ce que nous constatons chaque jour en commentant l’actualité sur ce blog biosphere. Mieux vaut en rire en allant voir ce film.

À voir à la rigueur, « La Croisade » (quand la famille passe au vert)

Le nouveau film de Louis Garrel esquisse habilement l’utopie écologique des moins de 18 ans. La Croisade confronte d’un côté les engagements des petits et de l’autre les promesses des grands  sous les auspices à la fois anxieuses et désabusées du « Comment osez-vous ? » de Greta Thunberg, en 2019.

à lire, CLIMAT, rejoignez Greta Thunberg

Le fils de famille a vendu en cachette les objets de valeur dont ses parents ne se servaient plus pour étoffer la cagnotte de l’organisation environnementale dont il fait partie s. Son idée ? Financer un projet d’envergure : créer une mer dans le Sahara pour sauver la planète !!! Mais en faisant preuve d’autodérision, Louis Garrel fait ressentir l’urgence des plus jeunes à agir en dépit de l’autorité parentale.

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Nicolas Hulot et la DÉMOCRATIE

Les extraits suivants ont été publiés dans le livre de Michel Sourrouille paru en octobre 2018, « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir ». Mieux vaut rendre la pensée de Nicolas Hulot publique, la libre circulation des idées écolos contribue à la formation de notre intelligence collective…

La démocratie participative est un chemin semé d’embûches. Les référendums locaux donnent un résultat à l’image des citoyens. Il suffit parfois de distribuer des prébendes pour que le projet le plus néfaste obtienne quand même un plébiscite. La Fondation Nicolas Hulot avait lancé pour sa part l’idée d’une sorte de jury composé de citoyens tirés au sort. Plus connu sous le nom de conférence de consensus, cette procédure mérite d’être généralisée. Aujourd’hui les procédures de consultation du public sont purement symbolique. Elles tiennent très rarement compte des prescriptions de la société civile et elles créent une grande frustration. Parfois ce sont de simples habillages pour valider des décisions qui sont prises en amont. Nous avons besoin d’une réglementation pour une transparence totale de l’action de lobbying sur les plans nationaux, européen et international. J’ai suffisamment côtoyé le pouvoir pour savoir que les politiques en exercice ont été dépossédés de leurs prérogatives au fil du temps. C’est un vrai problème de démocratie. Si l’on veut que le monde change, il faut que le citoyen se l’approprie et co-construise la mutation. Il doit y avoir une vraie connexion entre la politique et les individus.

Le jeudi 15 février 2018, les sénateurs ont adopté définitivement le projet de loi ratifiant deux ordonnances visant à « clarifier et simplifier le droit environnemental », le but étant de favoriser l’acceptabilité d’un projet et d’en réduire les délais. En matière de participation, la loi prévoit désormais que la concertation préalable pourra porter sur l’opportunité du projet. Le problème n’est pas tant de savoir comment on va réaliser un projet, mais s’il est utile, si on doit le faire. Mais quand on regarde de près le détail de l’ordonnance, rien n’est dit des garanties sur l’organisation de ce débat, ni sur l’indépendance de l’expertise. Un danger provient d’autres textes législatifs, notamment le projet de loi pour un État au service d’une société de confiance (Essoc), déposé sur le bureau de l’assemblée nationale fin novembre 2017. Son article 33 permet de « simplifier la procédure de participation du public applicable à certains projets soumis aux législations sur l’eau et sur les installations classées pour la protection de l’environnement ». Il prévoit ainsi qu’en cas de procédure d’une concertation en amont d’un projet, on puisse « remplacer en aval l’enquête publique par une participation du public par voie électronique ». Les dispositions prévues par le projet de loi Essoc sont complètement dans la philosophie de « prendre du temps avant pour en gagner après ». Le ministère ne voit pas de contradiction entre la volonté de renforcer la démocratie environnementale et une simplification des procédures.

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Une évolution fatale vers le totalitarisme

Le totalitarisme désigne une dictature totale, s’imposant à chaque conscience, l’inverse de la démocratie qui repose sur la libre délibération des citoyens. Cette mainmise totale de l’État sur la libre expression se généralise dans beaucoup de pays.

Deux exemples récents parmi tant d’autres :

– Vietnam : La journaliste Pham Doan Trang a été condamnée le 14 décembre 2021 à neuf ans de prison pour « crimes d’écriture » et « propagande anti-Etat ».  Ses déclarations seraient « préjudiciables » à la stabilité de la société vietnamienne. Cinq autres journalistes ont été condamnés à de la prison pour « abus de droits démocratiques ». Nous avons affaire à une justice politique, aux ordres du parti au pouvoir, dont le seul but est de punir ceux qui tentent d’informer leurs concitoyens. 

– Hongkong : Les Hongkongais sont appelés à voter pour leur Parlement le dimanche 19 décembre 2021. Il sera pour la première fois composé exclusivement de « patriotes », au sens entendu par le Parti communiste chinois. La quasi-totalité des candidats de l’opposition qui avaient prévu de se présenter au scrutin sont actuellement derrière les barreaux, en liberté sous caution, ou en exil. Sur 90 sièges, seulement 20 sont élus au suffrage universel direct ont été réduits à 20. Un comité d’étude de l’éligibilité des candidats a été créé pour vérifier non seulement le patriotisme des candidats mais aussi, sur la base d’un avis émis par la police de Hongkong, qu’ils ne présentent pas de risque pour la « sécurité nationale ». Appeler à l’abstention ou au vote blanc est devenu un délit passible de trois ans de prison. Tous les partis à obédience « localiste » (insistant sur la différence entre Hongkongais et Chinois continentaux) s’étaient dissous par précaution.

Explication : Claude Lefort voit cette mainmise totale de l’État par un désir de fusion dans le groupe qui ferait jusqu’à aimer la tyrannie. Cela n’explique pas le pourquoi du désir de fusion. En fait les humains sont à l’origine un animal de petit groupe, de clan. Une meute. Lorsqu’il s’agit de réfléchir en petit groupe, les participants sont capables d’aboutir à une réflexion commune, un consensus. Mais au niveau national, à plus forte raison au niveau mondial, le consensus n’est plus possible. En d’autres termes, 8 milliards de personnes, cela fait une capacité d’action qui tend vers l’infini. Mais 8 milliard de personnes, cela fait une capacité de réflexion collective qui tend vers zéro. L’humanité a la capacité physique d’aller au désastre, nucléaire à une époque, climatique aujourd’hui. Pourquoi ? Parce qu’elle est dans l’incapacité totale de maîtriser démocratiquement la puissance issue du surnombre d’humains.

Application : Plus il y a de personnes, plus le nombre d’interrelations se multiplie et bloque l’expression d’une intelligence collective ; la surpopulation fait le lit du populisme. La colère de la masse est mauvaise conseillère, elle fait le jeu de quelques leaders qui savent profitent des circonstances à un moment donné. Ce mode de gouvernance n’a pas de contenu programmatique spécifique, il s’agit d’agréger des revendication diverses, pour le pouvoir d’achat et pour l’emploi, contre les immigrés, contre les élites… Le populisme est en fait l’art de se servir des ressentiments du peuple pour prendre le pouvoir, et de manière annexe le lui confisquer. Extrême droite et ultragauche se rejoignent. « Contre la droite du fric, la gauche du fric, je suis la candidate de la France du peuple », affirmait Marine Le Pen lors du lancement de sa campagne présidentielle de 2017. L’affiche électorale de Jean-Luc Mélenchon était du même tonneau : un portrait de lui-même surmonté du slogan « La force du peuple ».

Lire, Pourquoi l’inéluctable montée des populismes ?

Au niveau international, les populistes profitent du malaise socio-économique pour se multiplier, Chavez/Maduro, Trump, Bolsonaro, etc. Or les manipulations des foules ne sont jamais porteurs de bonne nouvelle. Le profil psychologique requis pour devenir dictateur ne laisse guère augurer un comportement soucieux du bien public. La vague populiste ne menace pas seulement nos libertés au sens classique, mais la possibilité même de pouvoir continuer à vivre sur la planète Terre. Des populations désorientées, soumises à des pénuries diverses, seraient probablement susceptibles de succomber à un désir autoritaire. Les « démocraties » les plus peuplées comme l’Inde ou le Brésil sont gouvernées par des leaders qui proclament être la représentation exclusive du peuple, et tous ceux qui ne sont pas d’accord avec eux y sont considérés comme des traîtres. Dans une démocratie de masse où il faut entraîner à sa suite des millions d’électeurs lors d’une présidentielle, il est nécessaire d’avoir un leadership par lequel se faire reconnaître. Il était significatif que trois des quatre mouvements politiques qui sont arrivés en tête à la présidentielle française de 2017 étaient animés par une personnalité charismatique, Emmanuel Macron, Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon. La forme « démocratie » est tellement procédurale et complexe sur le plan des pratiques qu’elle a besoin d’incarnation à un moment donné .

Références historiques :

– Étienne de la Boétie (1576) : « Il y a trois sortes de tyrans. Les uns ont le royaume par élection du peuple ; les autres par la force des armes ; les autres par succession de leur famille. Pour dire la vérité, je vois bien qu’il y a entre eux quelques différences, mais de choix, je n’y en vois point, la façon de régner est toujours quasi-semblable. Celui à qui le peuple a donné l’État devrait être, ce me semble, plus supportable, et le serait n’était que, dès lors qu’il se voit élevé au-dessus des autres, il délibère de n’en bouger point… » Le populisme par exemple est l’art de se servir des sentiments du peuple pour prendre le pouvoir, et de manière annexe le lui confisquer. En effet la colère est mauvaise conseillère, elle fait le jeu de quelques leaders autoproclamés.(Discours de la servitude volontaire)

– Malthus (1798)  :« Le peuple doit s’envisager comme étant lui-même la cause principale de ses souffrances. Tant qu’il sera au pouvoir d’un homme mécontent et doué de quelque pouvoir d’agiter le peuple, de lui persuader que c’est au gouvernement qu’il doit imputer les maux qu’il s’est lui-même attiré, il est manifeste qu’on aura toujours de nouveaux moyens de fomenter le mécontentement et de semer des germes de révolution. Après avoir détruit le gouvernement établi, le peuple, toujours en proie à la misère, tourne son ressentiment sur ceux qui ont succédé à ses premiers maîtres. La multitude qui fait les émeutes est le produit d’une population excédante. Cette multitude égarée est un ennemi redoutable de la liberté, qui fomente la tyrannie ou la fait naître. Si les mécontentements politiques se trouvaient mêlés aux cris de la faim, et qu’une révolution s’opéra par la populace, en proie aux besoins d’être nourrie, il faudrait s’attendre à de perpétuels changements, à des scènes de sang sans cesse renouvelées, à des excès de tout genre qui ne pourraient être contenus que par le despotisme absolu. » (Essai sur le principe de population)

Lire, l’écologie est un anti-totalitarisme

Il est urgent de comprendre que seule l’écologie est un anti-totalitarisme car cette vision du monde accepte la diversité des cultures humaines associée à la diversité des écosystèmes. Il est urgent que l’État, source potentielle de totalitarisme, laisse place à des communautés que puissent déterminer elles-mêmes leur autonomie énergétique et alimentaire.Sinon, ce sera la barbarie d’un fascisme qui se servira de l’urgence écologique pour en faire la justification de l’acharnement contre des boucs émissaires, les juifs, les migrants, les étrangers, et toujours Nous contre EUX

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Nicolas Hulot, MINISTRE de l’écologie

Voici quelques extraits de la pensée de Nicolas Hulot  :

En 2005, j’écrivais que cela n’a jamais fait partie de mes fantasmes d’endosser l’habit ministériel. D’autant plus que ça aurait été un véritable sacrifice par rapport à mon mode de vie. Ma force, elle était à l’extérieur, parce que je pouvais mobiliser l’opinion, parce que je pouvais éventuellement dialoguer avec les politiques et les mettre face à leurs contradictions. Mais si j’avais eu le moindre espoir que ma présence puisse faire bouger la situation utilement, et non symboliquement, je pouvais donner deux ans de ma vie à mon pays, mettre une veste et faire fi de ma vie privées pour habiter Paris. Mais tant qu’on ne lui donne pas une lisibilité politique et économique réelle, un ministre de l’Environnement est condamné à prendre des coups et à mécontenter les écologistes comme les capitalistes. Les politiques me trouvent très sympathique à l’extérieur, mais si je m’aventurais sur leurs terres, les pitbulls seraient immédiatement lâchés.

Ce qui pouvait être la force de ce ministère, à savoir sa transversalité, est devenu sa plus grande faiblesse. Un sujet est rarement de sa compétence exclusive ; il est souvent du ressort de l’Economie, des Finances, de l’industrie, de l’Agriculture, de la Santé, de la Recherche, des Affaires étrangères, etc. J’avais proposé en 2006 le moyen d’éliminer cette infériorisation systématique. J’écartais la voie, séduisante en apparence, d’un grand ministère de l’écologie qui regrouperait l’environnement, l’aménagement du territoire, l’équipement et les transports. Cette solution risquait de diluer encore davantage l’impératif écologique dans un conglomérat d’intérêts contradictoires. Je voulais que soit créé un nouveau poste au plus haut niveau de l’action gouvernementale, celui de vice-Premier ministre responsable de l’impératif écologique dans l’ensemble des politiques de l’Etat. Autrement dit il superviserait la feuille de route de tout ministère dont l’action relève de l’impératif écologique. L’écologie ayant pour objet, par nature, de préparer l’avenir et d’anticiper les défis, l’ensemble des instruments de prospective de l’Etat serait rattaché à ce vice-Premier ministre : le Centre d’analyse stratégique (ex-commissariat général au Plan), la DIACT (Délégation interministérielle à l’aménagement et à la compétitivité des territoires), la MIES (Mission interministérielle de l’effet de serre). Ces trois entités pourraient d’ailleurs être rassemblées au lieu de fonctionner en parallèle. Emmanuel Macron avait bien étudié la possibilité de me nommer vice-premier ministre, mais cette option inédite se heurtait au cadre constitutionnel.

Finalement, j’hérite le 17 mai 2017 d’un « ministère de la transition écologique et solidaire » élargi. M. Macron a conscience que l’environnement est un sujet transversal et décisif pour le XXIe siècle, mais il n’a pas toute la connaissance, c’est pourquoi il a fait appel à moi. C’est l’Elysée qui m’a proposé le rang de ministre d’Etat. Numéro 3 du gouvernement, je garde la politique de l’énergie, notamment le nucléaire et sa sécurité, les transports et leurs infrastructures (aviation civile, ferroviaire, routier, fluvial), la météorologie, la politique d’intermodalité, les risques technologiques. En outre Richard Ferrand, ministre de la cohésion des territoires, partagera ses prérogatives sur « la performance énergétique des bâtiments » avec moi. Le décret sur mes attributions précise qu’« il (Nicolas Hulot) est chargé des relations internationales sur le climat », et qu’il mènera cette politique « en concertation avec le ministre de l’Europe et des affaires étrangères ». Fallait-il m’opposer par avance à des décisions qui ne sont pas encore prises ou agir pour réorienter la politique dans le bon sens ? Ni le président ni le premier ministre Edouard Philippe ne m’ont demandé de renier mes positions ou de renoncer à ma critique des stratégies court-termistes et du modèle productiviste dominant. De mon côté je n’ai pas tenté d’imposer un rapport de force, c’est l’Elysée qui m’a proposé ce rang de ministre d’Etat. La pédagogie que j’ai longtemps déployée dans la société civile, je vais la déployer à l’intérieur du gouvernement… Est-ce que j’arrive dans un milieu sensible à l’écologie ? Il y a un premier ministre ancien lobbyiste d’Areva qui a voté contre toutes les lois environnementales du dernier quinquennat, un ministre de l’économie qui souhaitait supprimer le principe de précaution de la Constitution pour relancer la croissance, un ministre de l’agriculture qui n’a pas voté l’interdiction des pesticides « tueurs d’abeilles » et un ministre de l’action et des comptes publics qui, à l’automne 2016, justifiait les sorties climatosceptiques de son mentor Nicolas Sarkozy.

Dès ma nomination, j’ai déclaré ma volonté d’inscrire ma tâche de ministre dans le temps long : « Le climat sera l’une des priorités de mon nouveau job, qui j’espère ne sera pas simplement un job d’été… Si l’on doit tout piloter dans l’urgence, ce n’est pas de la politique, c’est de la gestion quotidienne, et l’on n’a pas besoin de moi pour ça ». Je pense avoir été compris. En concluant les travaux de la conférence sur « le pacte mondial pour l’environnement » le samedi 24 juin 2017, Emmanuel Macron a affirmé la nécessité « d’une forte volonté politique relayée par l’ensemble du gouvernement … Nous allons décarboner la production d’énergie, soutenir le prix du carbone, développer la finance verte, mobiliser les financements publics et privés, intégrer le changement climatique dans le commerce international et dans nos modes de production, maintenir les énergies fossiles dans le sous-sol... Tout cela, ce sera la feuille de route que la France annoncera avant la fin du mois de juillet pour sa politique nationale et européenne. » J’ai donc remis cette feuille de route au premier ministre le 15 juin 2017. Je voulais que l’écologie aille au-delà de son ministère et devienne une orientation globale pour l’ensemble du gouvernement. Pas moins de dix priorités, de l’énergie à l’économie circulaire, des océans et la biodiversité jusqu’à l’agriculture, sans oublier la finance verte ou l’innovation sociale et solidaire : « viser la neutralité carbone à l’horizon 2050. » ; « l’interdiction de tout nouveau projet d’exploration et d’exploitation des hydrocarbures » ; « planification d’une trajectoire de diminution de la part du nucléaire ambitieuse et pragmatique » ; « atteindre les objectifs internationaux de la Convention sur la diversité biologique (Aichi, 2010) d’ici 2020 » ; « intégrer dans les lois de finances les conséquences des mesures nécessaires à la transition écologique et énergétique » Etc. Notons que les mesures d’interdiction des substances dangereuses (pesticides, perturbateurs endocriniens, nanomatériaux) dépendront de la réglementation européenne.

Être ministre, c’est la médiation permanente, essayer de concilier des enjeux incompatibles. C’est jongler éperdument entre le court terme et le long terme sur des sujets très complexes, trop techniques, trop politiques. Chaque jour c’était un marathon qui n’en finissait pas. Vous passez une épreuve, vous n’avez pas le temps de souffler, il y en en déjà une autre qui se présente aussitôt. Moi qui ait au cœur le sentiment d’urgence écologique, je suis obligé de faire preuve de patience, tenir compte de l’état actuel du droit et des arcanes législatives. La démocratie, c’est une course d’obstacles, des pouvoirs, des contre-pouvoirs, des pouvoirs occultes, des négociations dans les couloirs. On perd un temps fou, je suis à bout. Désespérant, chaque jour où l’on patine nous rapproche de l’irréversible. C’est chiant du matin au soir d’être ministre, ça n’a d’intérêt que si vous avez le sentiment de faire avancer les choses. C’était mon cri du cœur sur France Inter le 1er décembre 2017. Mais je ne suis plus seul. Le 21 juin 2017 après le second tour des législatives, on m’avait adjoint deux secrétaire d’État, Sébastien Lecornu, plus jeune membre du gouvernement à 31 ans et Brune Poirson. Ce ne sont pas des écologistes, juste des politiques. Manière pour Macron de me contrôler ? Ou de me fournir des moyens humains supplémentaires pour une tâche écrasante ? Sébastien Lecornu militait à l’UMP dès l’âge de 16 ans et en 2005 il était assistant parlementaire. Puis il a enchaîné les postes politiques, en particulier auprès de Bruno Le Maire. Brune Poirson est un symbole de la vague LREM aux législatives. Elue députée du Vaucluse, elle avait aussi débuté sa carrière professionnelle en tant qu’attachée parlementaire et deviendra « chercheuse sur l’innovation sociale et la responsabilité sociale des entreprises ». Elle correspond au niveau « social » de ce ministère à l’écologie « solidaire ». En 2009, elle avait en effet rejoint l’Agence Française de Développement au poste de coordonnatrice de développement à New-Delhi, en Inde, sur un projet de distribution d’eau potable dans les bidonvilles. L’écologie « en marche » va-t-elle dissoudre l’écologique dans le politicien, le social ou l’économique ? La question reste ouverte !

A la veille du premier anniversaire de ma nomination le 16 Mai 2018, je manifeste ma lassitude et veut faire le point cet été. « Ça voulait dire en clair : arrêtez de m’emmerder ! », résume, crûment, l’un de mes proches. Ce qui m’épuise, ce sont les mini-batailles et les réformes minuscules sur lesquelles il faut se battre en interministériel. Je perds quasiment tous mes arbitrages, certains ministres et conseillers ont encore la grille de lecture de l’ancien monde. Et la majorité des problèmes viennent de Bercy. La menace de mon départ a été suffisamment prise au sérieux pour qu’Édouard Philippe demande à me voir en tête-à-tête. D’ici fin juin seront tranchés le plan sur la protection de la biodiversité, celui sur la déforestation et, surtout, le plan pluriannuel qui décidera de la politique énergétique du pays pour les cinq prochaines années, notamment sur le nucléaire. On verra alors ce qu’il en est vraiment des arbitrages. Des noms pour mon remplacement circulent déjà, comme celui de Pascal Canfin.

NB : ces extraits ont été publiés dans le livre de Michel Sourrouille paru en octobre 2018, « Nicolas Hulot, la brûlure du pouvoir ». Mieux vaut rendre la pensée de Nicolas Hulot publique, la libre circulation des idées écolos contribue à la formation de notre intelligence collective… Chaque jour vous aurez un nouvel extrait sur ce blog biosphere jusqu’à parution intégrale d’un livre qui a été écrit en prévision de la démission de Nicolas de son poste de ministre de l’écologie. On ne pouvait avoir durablement un ministre voué à l’urgence écologique dans un gouvernement qui en restait au business as usual…

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HULOT-BASHING, une dure épreuve

Voici quelques extraits de la pensée de Nicolas Hulot  :

On m’a reproché beaucoup de choses, d’avoir conseillé à Jacques Chirac de constitutionnaliser la Charte de l’environnement, d’avoir poussé Nicolas Sarkozy à engager le Grenelle de l’environnement, d’avoir été pendant trois ans l’envoyé spécial de François Hollande pour la planète, d’avoir piloté des émissions grand public tournées vers l’amour de la nature et la considération des sociétés premières, d’avoir tenté de sensibiliser de grandes entreprises à agir pour l’écologie, d’avoir affirmé que l’écologie n’était ni à droite ni à gauche, mais bien au-delà, d’avoir rencontré Bayrou, le pape François… ou Macron. Qui veut tuer son chien l’accuse de la rage ! Je suis sidéré par la violence étalée sans vergogne ; les blogs, les échanges sur Internet en constituent trop souvent la sinistre démonstration. Il semble que ce qui se connecte avec le plus d’aisance, ce sont les mécontentements, les aigreurs et les haines. Est-ce là l’idéal promis naguère par l’instauration d’un village planétaire ? Allons plutôt chercher auprès de l’autre ce qu’il apporte à la collectivité humaine au lieu de nous acharner à faire la liste de ses faiblesses et de ses incohérences. Approcher l’autre demande de l’attention, du respect. C’est à ce prix que l’homme actuel cessera d’être celui qu’Edgar Morin ne qualifie rien moins que d’Homo demens.

Le livre de Claude Allègre en 2007, « Ma vérité sur la planète », était un long plaidoyer contre la « secte verte ». Il utilisait les généralisations les plus abusives contre les écolos et il me prenait à partie : « Je ne souhaite pas que mon pays se retrouve en enfer à partir des bonnes intentions de Nicolas Hulot. Il créerait chaque année plusieurs centaines de milliers de chômeurs supplémentaires, il faudrait mettre en place un régime bureaucratique et policier. » Ce n’est qu’un exemple parmi d’autres de toutes les attaques que j’ai subies. L’animosité du mensuel La Décroissance à mon égard est ancienne. Ce journal avait déjà fomenté en 2007 un « pacte contre Hulot » alors que je venais de sensibiliser les candidats à la présidentielle en leur faisant signer le « pacte écologique » de 2006. Prenons leur numéro de septembre au moment de la primaire EELV où j’avais affronté Eva Joly : «  La défaite de Nicolas Hulot est aussi notre victoire ». Je suis présenté comme le vendeur de shampoing, un bouffon, la caution verte à la fois de Chirac, Sarkozy et Hollande, un renfort de l’orientation néo-libérale de Macron, un produit et agent du système atteint du syndrome du dictateur, un pur produit et agent des grands médias qui empêche l’émergence de toute parole subversive. En juillet-août 2016 dans « Le spectre d’une candidature Hulot », le rédacteur en chef de La Décroissance se permettait d’écrire : « Certains savent parfaitement que l’ex-animateur de TF1 est un attardé au sens clinique du terme… il avait avoué tourner au Solupred, un corticoïde pour malade bipolaire » Arrêtez, la coupe est pleine.

Début janvier 2018, des amis écolos m’invitent à dîner. Je me confie : « Vous savez, ce que j’ai appris, c’est qu’il n’y a vraiment que trois façons de détruire un homme en politique : l’alcool, l’argent et le sexe. » Depuis des mois, je subis toutes sortes d’insinuations, de rumeurs, d’interrogations. Je me suis senti traqué. C’est déjà la crainte de la rumeur qui m’avait poussé à mon renoncement à la présidentielle 2017. Toujours ces attaques qui s’en prennent indirectement à ma famille, à sa stabilité. Mais là, on est passé à un autre registre, on sort l’arme infaillible, celle qui blesse, qui tue. Je m’exprime le 8 février 2018 sur BFM-TV juste avant la parution d’un article d’Ebdo relayant des rumeurs ignominieuses d’agression sexuelle. Il s’agit d’une plainte déposée en 2008, par une jeune femme majeure et concernant des allégations remontant à 1997, classée par la justice « sans suite ». On a franchi une ligne rouge, on touche à mon honneur, à ma famille… Hier, on a fait pleurer mes enfants, je vis un cauchemar. On a eu il y a longtemps des relations de séduction, peut-être que ce qui nous a semblé anodin à une époque ne l’est plus aujourd’hui, le ressenti des femmes s’exprime et c’est très bien. Je n’ai pas peur de la vérité, j’ai peur de la rumeur, car c’est un poison lent qui tue. Cela fait mal quand c’est injuste, quand c’est infondé. Ça fait mal mais je suis debout, je ne pense pas à la démission, seule ma famille guidera ses choix. C’est ma famille qui prime, c’est sa résistance qui prime et c’est cela qui guidera ma décision, mes choix. J’ai été obligé de passer par un communicant de crise, Stéphane Schmatz, avec lequel j’ai parlé très longuement. Il ne fallait pas que je démissionne, ce serait perçu comme un aveu de culpabilité. Par contre la meilleurs stratégie dans un tel cas, c’est le « déstockage ». Il faut raconter ce qui s’est passé, au plus près de la réalité. Si tu montres que tu dis la vérité et que tu n’as rien à cacher, c’est la voie du salut médiatique. Le rôle des contre-pouvoirs n’est certainement pas de chercher à détruire ceux qui exercent le pouvoir.

Macron me soutient officiellement : « On rentrerait dans une drôle de société si les responsables politiques devaient être constamment mis en cause pour des choses déjà jugées. » Le premier ministre m’a adressé un message de soutien dans cette épreuve qui m’affecte, moi et ma famille. De même la secrétaire d’État à l’égalité entre les hommes et les femmes qualifie d’irresponsable cet article du magazine l’Ebdo. Vous êtes coupable parce que je le veux, nous dit une certaine presse. J’ai déposé plainte pour diffamation.

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Rumeurs, il en restera toujours quelque chose

Il y a rumeur et rumeurs !

Cécile Chambraud : Le pape François a accepté la démission de l’archevêque de Paris, Michel Aupetit. « Mais qu’a-t-il fait ? s’est interrogé François. Nous n’en savons rien. »… « Quand les commérages grandissent, grandissent, grandissent et emportent la réputation d’un homme, celui-ci ne peut plus gouverner. Il a perdu sa réputation non pour son péché (…), mais à cause des commérages répandus. Un homme dont la réputation a été atteinte de cette façon publiquement ne peut plus gouverner. Et c’est une injustice. C’est pourquoi j’ai accepté la démission d’Aupetit, non pas sur l’autel de la vérité, mais sur celui de l’hypocrisie », a conclu le pape, se résignant apparemment à donner la victoire aux commérages.

Victimes de Nicolas Hulot et de PPDA : Monsieur le président de la République, nous avons parlé des violences sexuelles que nous ont fait subir Nicolas Hulot et Patrick Poivre d’Arvor. « C’est bien que la parole se libère », avez-vous déclaré après nos témoignages. Vous avez ajouté : « Nous ne voulons pas, non plus, d’une société de l’inquisition. » Quel est le rapport entre nos intimités exposées et l’Inquisition ? Certains nous soupçonnent même de vouloir faire parler de nous, de nous régaler d’un statut victimaire, de contribuer à l’injustice par le biais d’un imaginaire tribunal médiatique ne respectant aucune règle, de bafouer la présomption d’innocence.

Greta Thunberg :  Beaucoup de gens aiment répandre des rumeurs affirmant « qu’il y a des gens derrière moi », que je suis « utilisée » pour faire ce que je fais. Mais la seule personne derrière moi, c’est moi-même ! Mes propres parents étaient tout sauf des activistes du climat jusqu’à ce que je les rende conscients de la catastrophe. Je fais cela de façon bénévole et cela restera comme ça. Je ne connais aucun activiste du climat qui fait cela pour l’argent. Cette insinuation est totalement absurde. Et j’écris mes propres discours. Je demande de l’aide à quelques scientifiques pour ne véhiculer aucune information fausse ou qui pourrait être mal comprise.

Lire, Eva Joly, bashing ou chance pour la France ?

Nous sommes une époque où le bashing fait rage. Le bashing (mot qui désigne le fait d’infliger une raclée) est un anglicisme utilisé pour décrire la forme de défoulement qui consiste à dénigrer un individu ou une thématique. Cette confrontation virtuelle est favorisée par l’informatisation de la communication et l’exacerbation des médias avides de sensationnel. Nous sommes submergés par l’avalanche d’attaques médiatique contre des personnes, cela nous empêche de penser vraiment.

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Nicolas Hulot et les INÉGALITÉS

Voici quelques extraits de la pensée de Nicolas Hulot  :

Osons sanctionner ceux qui pillent, saccagent, épuisent, accaparent les richesses du monde. Jamais nos sociétés n’ont atteint de tels niveaux d’inégalité. Bien sûr on peut gagner un peu plus parce qu’il faut de l’incitation, du mérite, de la motivation. Mais pas sans limites. Je pense qu’il faut fixer des limites dans les écarts de revenus, parce que ça n’a pas de sens que quelqu’un gagne cinq cent fois un revenu de base…

Une barbarie, c’est celle qui oppose avec cynisme le monde du Nord à celui du Sud. Une civilisation ne doit pas faire le tri parmi les souffrances humaines. Or un tsunami en 2004 qui secoue la Thaïlande où des Blancs passent leurs vacances bouleverse l’opinion alors que les événements du Darfour, où des enfants meurent quotidiennement, la laisseront indifférente. Essuyer une tornade à Haïti n’est pas la même chose qu’en Californie. Aujourd’hui nous sommes dans une sorte d’apartheid géographique. Selon où l’on naît, on n’a pas la même qualité de vie ni les mêmes perspectives. Nous avons accepté l’idée d’autoriser un pan entier de l’économie mondiale à s’affranchir de la solidarité, à créer de la richesse pour une infime minorité au détriment d’une multitude d’individus. En résumé, 1 % de la population concentre 93 % de la richesse. Quand j’ai commencé à voyager et à découvrir la détresse ici et ailleurs, j’ai culpabilisé. Dans un sens, cette culpabilité a été aussi salvatrice : elle m’a obligé à me débarrasser de cette arrogance que mon milieu social portait en lui. En réalité, l’altruisme génère du bien-être ; nous pourrions même parler d’altruisme égoïste parce que agir pour le bien de tous procure du plaisir. C’est parce que nous n’avons pas organisé le monde sous l’inspiration d’un véritable humanisme que nous avons recours à l’humanitaire comme palliatif de cette grande défaillance.

La crise climatique et la raréfaction des ressources impactent prioritairement les plus démunis. Dit autrement, la crise écologique ajoute de l’injustice à l’injustice, de la vulnérabilité à la vulnérabilité, de la souffrance à la souffrance. Il y a déjà en France des millions de précaires énergétiques. Tant que nous évoluerons dans un modèle qui ne partage pas la richesse et reste basé sur une exploitation sans mesure du substrat de l’économie (qui s’est développée sur exploitation des matières premières), tant que ce système dominera et qu’on l’encouragera à se reproduire partout dans le monde, on sera dans une impasse. Tant que le monde de la finance s’emparera des ressources alimentaires, des matières premières et des terres arables sur lesquelles il spécule, il sera totalement impossible de résoudre la crise écologique. Le paradis de cette poignée d’êtres humains qui ont tiré leur épingle du jeu est pavé de l’enfer des autres. Si le progrès doit avoir une finalité, ce serait de mettre un terme à cela. L’épanouissement doit être partagé et la souffrance chronique, résorbée. Quand on a été épargné de tant de souffrances, cela crée des devoirs.

Aujourd’hui plus personne n’ignore les différences de niveau de vie. Elles sont exposées au regard de tous dans une indécence absolue. Il faut organiser le partage. Je n’ai toujours pas compris pourquoi il n’y avait pas de solution pour améliorer durablement la condition des damnés de la Terre sans pour autant empêcher les riches de fumer un cigare à la fin de leur repas. Il doit bien y avoir un moyen de prélever là où il y a concentration des richesses sans pour autant faire disparaître toute l’industrie de la planète. Dès lors que l’on s’inscrit dans le luxe, comme quand on prend l’avion, il faudrait automatiquement prélever une somme qui soit reversée à un fonds au mécanisme approuvé : l’aide alimentaire, l’accès aux soins, l’éducation… A partir du moment où l’on prétend au voyage, on s’inscrit comme citoyen de la planète et il est alors évident que l’on doit contribuer à un élan de solidarité. Nous devons ramener ce qu’on appelle la shadow finance (les produits dérivés de la finance, l’argent qui sommeille dans les paradis fiscaux et dans les plate-forme off-shore) dans des règles communes. Il faut soumettre à une taxation cette shadow economy. Une priorité pour sortir l’humanité de l’impasse où elle se trouve, c’est une révision profonde du système financier. L’économie était autrefois un moyen au service de l’humain, mais aujourd’hui l’humain est un outil de l’économie, qui elle-même est au service de la finance. Osons dire que ces inégalités dans un monde divisé et tendu peut achever de fracturer l’humanité, la faire basculer dans un fossé de haine et d’incompréhension. Osons dire que le fatalisme des uns provoque le fanatisme des autres. L’intégrisme semble parfois l’issue quand la misère trouve porte close.

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Inégalités : quelle norme pour le suffisant ?

Personnellement, si j’héritais d’un patrimoine de rapport, mettons plus ou moins 1 300 000 euros qui est le seuil pour être redevable de l’IFF (impôt sur la fortune immobilière), je ne saurai pas quoi faire de mon argent si ce n’est le donner à Greenpeace ou équivalent. Mais que font donc les riches de leur richesse, si ce n’est devenir de plus en plus riches ET dépenser en frivolités du type bateau de plaisance et places en palace ?

Lire, explosion des inégalités, délires mégalomanes

Suite aux crises à répétition depuis 2008, l’injection massive de liquidités par les banques centrales a largement profité aux plus gros détenteurs de patrimoine. Le rapport, du Laboratoire sur les inégalités mondiales (World Inequality Lab), publié le7 décembre 2021 en témoigne ; les 10 % les plus riches possèdent désormais les trois quarts du patrimoine mondial quand la moitié la plus pauvre de l’humanité n’en détient que 2 %. L’éditorial du MONDE ose : « Cet écart n’est plus soutenable ». Jusqu’à présent médias et économistes ont constamment célébré la mondialisation financière, flatté la Chine « atelier du monde », congratulé l’immigration… et puis plouf ils constatent le risque d’avalanche et sonnent le tocsin : « L’heure est grave. Très grave ! Faut agir ! » Ils ont chouchouté les causes, et maintenant ils chouinent devant les conséquences. Inégalités à l’échelon planétaire, le coté yakafokon a de quoi faire bien rigoler.

Lire, Les inégalités du point de vue écologiste

Marie Charrel : « C’est le plus grand défi des décennies à venir : comment concilier transition écologique et justice sociale ? Les 10 % des adultes les plus riches de la planète captent 52 % des revenus mondiaux, lorsque les 50 % des plus pauvres s’en partagent 8,5 %. En 2020, les milliardaires ont engrangé un gain de patrimoine de 3 600 milliards de dollars l’équivalent des dépenses annuelles de santé de l’ensemble des Etats du monde »,Or les inégalités ne sont pas une fatalité, elles résultent fondamentalement de choix politiques. La forte hausse des inégalités observées entre 1820 et 1910 s’est atténuée dans les économies avancées jusque dans les années 1980, grâce à la construction des Etats-providence. Des avancées ensuite érodées par la dérégulation du tournant libéral (Thatcher, Reagan et même Mitterrand) des décennies suivantes. Résultat, les disparités entre nations ont baissé, celles au sein même des pays se sont creusées. »

Quant aux inégalités écologiques, c’est pas la joie non plus. Les pays opulents sont historiquement responsables de l’essentiel des émissions de dioxyde de carbone (CO2). Et, au sein de chaque pays, les ménages aisés sont les plus gros pollueurs. Les principaux émetteurs de la planète sont ainsi les 10 % les plus riches aux Etats-Unis, avec 73 tonnes de CO2 par an, contre 9,7 tonnes par an pour les 50 % les plus pauvres. Le fossé est moins grand en Europe (29,2 tonnes contre 5,1 tonnes), et l’Afrique subsaharienne reste la moins émettrice (7,3 tonnes contre 0,5 tonne). Voici pour compléter quelques commentaires sur lemonde.fr :

Maurice Benzaquen : La presque totalité des ménges Français fait partie des 10 % désignés comme profiteurs du système, et à tous points de vue : financier, écologique, sanitaire. A force de moyennes et de généralités, on a peut-être des titres de unes, on a peut-être des slogans, mais on ne saisit rien de la réalité ni du vécu des peuples.

Helga : Bref, pour atteindre la neutralité carbone, il faudrait que la majorité des Occidentaux aient le niveau de vie de la majorité des Africains. Non merci.

Humphrey : Il reste donc à poser LA question qui dérange : « Quel est le niveau optimal d’inégalités pour offrir le meilleur niveau de vie moyen ? » Je ne connais pas les études ou statistiques sur ce sujet pourtant fondamental. Si ces études existaient, j’imagine qu’elles serviraient de référence pour tous les économistes, ministres et autres journalistes.
Alfred K. : Il appartient à quelques économistes de traiter des sujets sociaux les plus fondamentaux, pendant que la plupart des intellectuels regardent ailleurs et que les médias préfèrent exploiter les filons Zemmour et Covid.

RLap : Il y a quelques décennies les communistes nous disaient que seuls les travailleurs manuels créaient de la valeur, puis ils ajoutèrent les intellectuels. Aujourd’hui à peu près tout le monde pense que les chefs d’entreprise qui ont pris le risque financier de faire fabriquer pour les vendre, de nouveaux « objets » sont utiles à la société en créant des emplois et en satisfaisant les besoins ou les envies!

Fëp : Des chefs d’entreprise qui utilisent des ouvrier payés au SMIC pour fabriquer des trucs qu’on revend en se faisant de la marge dessus ? Enlevez les ouvriers, et tous les autres intermédiaires, et dites moi comment il produit de la richesse le patron dans son costard, avec ses petites mains fragiles qui vont pas tenir 5 minutes dans la ferraille sans avoir un bobo à soigner…

Izy : La richesse se crée par le travail., elle devrait donc revenir au travail. Pas à la paresse des spéculateurs, des rentiers, des actionnaires qui s’enrichissent en dormant.

LaVénalitéenMarcHe : Fait avéré depuis le moyen âge, la suite seigneurs, capitaines d’industrie, gros patrons… Trouvez un mot poli pour « féodalisme » ou « exploitation » si ça vous amuse.

Jessv : 80 % de la population en France (et dans les pays comparables) appartient à l’échelle mondiale aux 10 % les plus riches. Elle n’a donc rien à gagner suite à un rééquilibrage des richesses. Ça fait beaucoup de monde à convaincre (encore plus si les 20 % défavorisés votent moins en moyenne que les 80 % de privilégiés..).

Lire, La fin des inégalités, c’est pour demain !

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Nicolas Hulot et la CHASSE

Voici quelques extraits de la pensée de Nicolas Hulot  :

La chasse dans son ensemble me répugne ; la vie observée me comble trop pour que me vienne l’idée de la supprimer. Quand j’étais enfant, une partie de ma famille avait des résidences en Sologne qui, à l’époque, était la Mecque de la chasse. Ma révolte contre la chasse date de cette époque. Trop de regards animaux se sont reflétés dans mes propres yeux pour que je reste étranger à leur sort. Un principe intangible guide ma réflexion, engendre mon dégoût de tuer : le fait d’ôter la vie ne doit jamais être source de plaisir ni de spectacle. Je suis toujours consterné de voir avec quel sang-froid le chasseur détruit l’existence. Je suis inquiet de son accoutumance à la vie qui s’en va. Rien de commun entre le paysan qui, pour améliorer son ordinaire, ira lever quelques perdrix ou faisan, et le chasseur déguisé en Rambo qui confond forêt et fête foraine. Rien de commun entre le trappeur indien rencontré sous les arbres de la taïga canadienne, et l’homme des villes, qui quitte son pays pour venir, en avion de ligne, décrocher son trophée dans les plaines africaines. Rien de commun encore entre le marin-pêcheur courageux qui traîne ses courts filets derrière sa petite unité et l’armada destructrice d’usines flottantes qui dépeuplent nos océans. Les humains sont devenus les premiers prédateurs à ne pas craindre d’autres prédateurs qu’eux-mêmes.

J‘estime que leur activité donne aux chasseurs plus de devoirs que de droits. En août 2017, j’ai pris des mesures pour mettre un terme définitif au braconnage des ortolans dans les Landes : renforcer toutes les mesures de surveillance, de contrôle et de verbalisation, tant à l’égard des braconniers que des intermédiaires qui se livreraient à un trafic, et de n’accorder aucune tolérance aux pratiquants. Mais c’est dur de contester sur la durée le lobbying des chasseurs. Une directive européenne interdisait de chasser les migrateurs qui reviennent sur leurs lieux de nidification… les chasseurs ont annoncé pour le 27 janvier 2018 une manifestation pour tirer le gibier d’eau après le 31 janvier ! Le président de la Fédération des chasseurs m’avait déjà demandé le 20 décembre 2017 de repousser cette date. J’ai proposé « un deal » aux chasseurs : autoriser la chasse aux oies en février avec la contrepartie de l’interdiction de la chasse au grand tétras dans les Pyrénées, de la remise en cause du classement nuisible du renard et des mustélidés, de l’interdiction de la chasse de certains limicoles, de l’interdiction de la chasse à la tourterelle, et bien sûr de la remise en cause des chasses traditionnelles. La discussion a tourné court. Mais j’avais lancé la réflexion…

Cette année encore, par décision du préfet les 24 juillet 2017 et 27 février 2018, la chasse au grand tétras (ou coq des bruyères) a été autorisée dans les Pyrénées. Le Canard enchaîné m’a fait porter injustement la responsabilité première de cet état de fait. En fait depuis des années les arrêtés préfectoraux sont jugés illégaux, mais les décisions en justice sont confirmés… bien après que la chasse ait eu lieu effectivement. Début mai 2018, le tribunal administratif a annulé l’arrêté… pour la saison 2015 ! Cette décision trop tardive s’ajoutait aux  37 décisions antérieures ! Les associations environnementales m’ont demandé officiellement d’intervenir… La politique est un éternel recommencement. Il y a malheureusement une bonne relation du monde de la chasse avec l’exécutif. Par un arrêté du 2 janvier 2018, les chasseurs sont désormais autorisés à utiliser « un modérateur de son » pour leurs armes à feu. Après une rencontre le 15 février 2018 entre la Fédération nationale des chasseurs et Emmanuel Macron, le président de la République a annoncé la division par deux en juin 2018 du prix du permis national de chasse, la réouverture des chasses présidentielles, la possibilité de chasser sur tout le territoire national et une dérogation qui autorise la chasse aux oies cendrées jusqu’au 28 février 2019 (au lieu du 1er février, comme l’impose la réglementation européenne). Si l’on en croit les mots du chef de l’État, les chasseurs sont les garants de la biodiversité terrestre. Gestion de la biodiversité ? Un tiers des animaux chassés sont issus d’élevage… De plus, le chef de l’État a renouvelé son soutien à la vénerie sous terre et à la chasse à courre.

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Nicolas Hulot et le CETA libre échangiste

Voici quelques extraits de la pensée de Nicolas Hulot  :

J’ai interpellé Emmanuel Macron sur le CETA (Comprehensive Economic and Trade Agreement) quand il était encore candidat. Son point de vue était alors celui-ci : : « Nous ferons de la mise en œuvre de l’accord de Paris sur le climat une des priorités de notre action internationale. Nous devrons prendre des sanctions commerciales au niveau européen contre les pays qui ne respectent pas les clauses environnementales des accords commerciaux conclus avec l’Union européenne. » Cet accord de libre-échange entre le Canada et l’Union européenne tend à niveler les normes environnementales par le bas. Le CETA et le TAFTA (accord de libre-échange entre l’Europe et les Etats-Unis) sont des exemples d’incohérence d’une Europe à l’avant-garde sur les changements climatiques, mais en train de s’accommoder de traités de libre-échange qui vont mettre à mal tous les acquis environnementaux que nous avons érigés dans nos frontières. L’Europe va ouvrir grandes les écluses pour laisser entrer des biens qui n’auront pas respecté nos règles. Adhérer à ces traités est climato-incompatibles, à moins d’un encadrement rigoureux. Mi-septembre 2017 dans Libération, j’exprimais ma déconvenue sur le CETA, incompatible avec le plan climat porté par mon ministère. En l’état, cet accord fait une grande place aux énergies fossiles et limite la capacité des États à prendre les mesures nécessaires à la réduction de nos émissions de gaz à effet de serre. En s’appuyant sur les tribunaux d’arbitrage, le CETA permettra aux entreprises de porter plainte contre un État adoptant une politique publique contraire à ses intérêts privés. Mais une étape cruciale a été franchie avec un plan d’action de la France conçu avec les parlementaires.

En présentant, mercredi 25 octobre 2017, un plan « pour la mise en œuvre du CETA », le gouvernement devait répondre à une double contrainte. D’une part, il lui fallait répondre à mon inquiétude et à celle des ONG, d’autre part rassurer l’UE sur la prochaine ratification du CETA. Il ne saurait être question, avec ce plan d’action dont j’étais partie prenante avec les ministres des affaires étrangères, de l’économie et de l’agriculture de tolérer l’importation de produits qui n’auraient pas respecté les règles environnementales et sanitaires. Pour faire le suivi de ces importations, nous proposions à Bruxelles un renforcement des contrôles au sein de l’UE, notamment la mise en place d’« une force spécialisée antifraude dans le domaine alimentaire ». Le règlement des différends ne doit pas permettre un nivellement par le bas des normes, insistent les concepteurs du plan. Le tribunal arbitral, contesté, serait remplacé par une « cour bilatérale d’investissement », où les juges seront choisis par les parties (UE et Canada) et non plus par les investisseurs privés. La deuxième partie du plan répond aux remarques de la commission d’experts, qui estimait que « le grand absent de cet accord est le climat ». Le gouvernement propose de renforcer les discussions avec le Canada sur la tarification du carbone, en particulier dans les transports maritime et aérien, qui vont s’accroître avec la multiplication des échanges commerciaux. La question des carburants, et de leur éventuelle taxation notamment en fonction de leur empreinte carbone, est posée. La France va proposer à l’UE de distinguer ceux issus des schistes bitumineux, ceux qui proviennent de l’Alberta, et les pétroles issus des productions offshore. Les nouveaux OGM, cibles des ONG, sont aussi dans le collimateur. « Le principe de précaution, qui n’est cependant pas mentionné dans le CETA, permettrait de cibler les produits présumés dangereux, même si ces derniers n’étaient pas mentionnés au moment de la signature de l’accord », affirme une source gouvernementale.

Si ce plan d’action reflète ce que la France peut proposer de mieux dans les circonstances actuelles, sa réussite est liée à ce que l’UE va décider. Si l’Europe ne nous aide pas à faire la démonstration que les outils que nous souhaitons mettre en œuvre vont mieux protéger les citoyens européens, il ne faudra pas s’étonner que des pays renâclent à ratifier ce traité. Ce serait injurieux pour nos députés de penser qu’ils vont voter en faisant l’économie du nécessaire débat. Nous avons engagé des discussions avec le Canada et la Commission qui doivent se poursuivre. Si elles n’aboutissent pas, chacun en tirera les leçons. Je n’ai pas changé d’avis sur les risques du CETA. Je ne fustige pas l’ensemble du traité mais certains risques, notamment environnementaux et sanitaires, que j’avais pointés du doigt. Mais il y a des choses que l’on peut faire, et d’autres non, ne serait-ce que du point de vue juridique. Le CETA nous alerte sur les futurs traités commerciaux entre l’UE et ses partenaires : nous serons beaucoup plus exigeants à l’avenir. De nombreuses ONG, dont la Fondation pour la nature et l’homme, que j’ai créé et présidé, critiquent ce plan de suivi. Mais il faut faire attention à ne pas tomber dans les jeux de rôle. Les ONG doivent évidemment garder leurs exigences, mais il faut aussi être un peu objectif pour ne pas décourager tout le monde.

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Nicolas Hulot et le CAPITALISME

Voici quelques extraits de la pensée de Nicolas Hulot  :

Je n’hésite pas à faire une critique sans concession du capitalisme. On ne peut déplorer les conséquences mais continuer d’adorer les causes. Il faut dénoncer son culte de la croissance. Osons dire que la violence capitaliste a colonisé tous les cercles de pouvoir. Une grande partie du capitalisme reste excessif, prédateur, concentrateur, spéculateur et résiste au changement. Le plus petit dénominateur de tous les maux que nous traversons, c’est l’excès et cette incapacité à nous fixer des limites. Il en est des hommes comme des enfants, s’ils n’ont plus de limites sur lesquelles s’appuyer, ils basculent dans le vide. Le capitalisme a réussi à imposer son modèle individualiste de représentation et de comportement, d’où cette rivalité mimétique : soumis à ses désirs matériels, l’homme accepte que soit étouffé en lui le citoyen responsable au profit du consommateur aveuglé par les mirages de la publicité. Dans le film que j’ai réalisé avec Jean-Albert Lièvre, Le Syndrome du Titanic, 90 % des images sont tournées en ville. Notre addiction à la consommation s’y étale avec indécence. Par exemple, nos équipes de tournage se trouvaient à Tokyo et à Los Angeles le jour de la sortie du iPhone. Elles ont filmé les longues files d’attente des clients avant l’ouverture des points de vente. Le montage alterne ces files avec celles où, à New York, des pauvres patientent durant des heures, ticket à la main, pour pouvoir manger. La barbarie s’étale partout, sous toutes ses formes.

Derrière l’ambitieux programme invitant l’homme à la maîtrise et à la possession de la nature se dissimule une réalité bien plus triviale : un infini pouvoir de destruction sur tout ce qui l’entoure. Je ne rejette pas le capitalisme dans son intégralité, je rejette un capitalisme qui ne se fixe pas de limites. Quand il ne restera plus de pétrole ni de gaz, comment fera-t-on ? On sait depuis 1972, quand le rapport du Club de Rome est sorti (« Halte à la croissance » de Dennis et Donella Meadows) que les choses ont une fin. Comme l’ont bien montré les économistes Kenneth Boulding et Nicholas Georgescu-Roegen, la Terre est un système fermé, qui ne peut consommer plus qu’elle reçoit du Soleil.

Le problème n’est donc pas de savoir si nous sommes capitalistes ou pas, cela n’a plus de sens dans ce contexte ! Gardons au contraire à l’esprit qu’aucune démocratie, qu’aucun système économique ou social, ne pourra résister à la combinaison de la pauvreté, de l’effondrement des ressources naturelles et des conséquences du changement climatique. Heureusement, face au capitalisme se développe un tissu d’économie sociale et solidaire qui est en train de se connecter, de se relier. Edgar Morin, disait que « L’histoire a montré que l’improbable est possible quand la contrainte est imparable ». Et mon ami Théodore Monod que « L’utopie n’est pas ce qui est irréalisable, mais ce qui n’a pas encore été réalisé ».

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La question sexuelle chez les écologistes

Il est bien oublié le temps de la libération sexuelle d’après mai 1968. Le rapprochement physique homme/femme voulu par dame-nature devient aujourd’hui un chemin de croix avec déclaration de consentement en trois exemplaires. Pour des faits que remonteraient trente ans en arrière et même plus, on s’en prend à Nicolas Hulot, une des figures emblématique de l’écologisme en acte.

lire, Nicolas Hulot, accusé d’agressions sexuelle

Nous n’aurions rien à en dire de plus si cette affaire ne relevait sans doute d’un magouillage politique à l’instigation de certains membres du parti écologiste nommé EELV. Matthieu Orphelin, porte-parole de Yannick Jadot et proche de Nicolas Hulot, est mis à l’écart de la campagne pour la présidentielle 2022. Cette décision est un coup dur pour Yannick Jadot. Le directeur de campagne EELV : « Il a été décidé de mettre Matthieu Orphelin en retrait de ses responsabilités de porte-parole. La sérénité nécessaire à l’exercice de ses fonctions n’est plus possible suite aux révélations d’Envoyé spécial ». Matthieu Orphelin, député de Maine-et-Loire, a été informé par Yannick Jadot de sa « mise en retrait d’office » seulement une heure avant que l’information soit rendue publique. Matthieu Orphelin a pris acte « du motif utilisé » et ajouté : « Je ne suis pas dupe ». Concernant Nicolas Hulot, Matthieu Orphelin insiste : « Je redis que je n’ai jamais couvert le moindre agissement répréhensible et que mon soutien est entier pour ses victimes. »  Dans le sillage des accusations d’agressions sexuelles visant le député écologiste Denis Baupin en 2016, le parti EELV s’était doté d’une instance pour recueillir la parole des femmes et d’une cellule d’enquête. Est-ce que ces instances ont nourri « Envoyé spécial » ?

Les commentateurs sur lemonde.fr se posent les bonnes questions :

BenLaurent : On se demandait à qui était destinée cette torpille Hulot. On commence à avoir une idée.

Faidherbe : Encore un coup de billard à trois bandes pour attaquer Jadot. je me demandais aussi pourquoi sortir cette histoire à la mord moi le n… maintenant.

Le Navigateur : Soit les membres de EELV ne croient pas à la présomption d’innocence, et alors franchement çà fait peur. Soit les membres de EELV étaient parfaitement informés et convaincus de la réalités des faits allégués, n’ont non rien dit jusqu’ici, et se ruent soudainement sur les micros, Mme Rousseau en tête, dès lors que l’affaire est rendue publique par les média. Et alors cela soulève d’autres questions, non moins gênantes.

jamin Valberg : Les purges staliniennes, Rousseau à la manœuvre.

Verothi : Je n’ai aucune sympathie pour M. Nicolas Hulot. Je suis cependant abasourdi par la dérive que prennent nos médias vers un tribunal permanent sans aucun droit à la présomption d’innocence. Il suffit donc d’être l’ami de quelqu’un qui est soupçonné d’un délit pour être soi-même mis au ban…Ça peut aller très loin. Quelle est la prochaine étape ? La famille, les amis de lycée ?

Reuga : J’ai connu quelqu’un qui connaissait Matthieu Orphelin. Est ce que je dois m’isoler pendant 14 jours ?

MarxDarwin : Maintenant je comprends mieux ce qu’est l’écoféminisme…

Brutus : On peut dire que le parti vert est orphelin de deux de ses plus grandes personnalités.

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Nicolas Hulot, un écolo sincère et engagé

Nicolas Hulot a été beaucoup attaqué par une certaine frange de personnes qui se contentent d’une approche superficielle , « l’hélicologiste vendeur de shampoing ». Nous sommes une époque où le bashing fait rage. Le bashing (mot qui désigne le fait d’infliger une raclée) est un anglicisme utilisé pour décrire la forme de défoulement qui consiste à dénigrer collectivement un individu ou une thématique. Cette confrontation virtuelle est favorisée par l’informatisation de la communication et l’exacerbation des médias avides de sensationnel.

Lire, Nicolas Hulot, accusé d’agressions sexuelle

Or chercher toujours la faille d’une personne est contre-productif, chacun de nous a ses défauts et ses qualités. C’est trop facile aujourd’hui de critiquer une personne en étant assis confortablement devant son clavier d’ordinateur. Ce qui est difficile, c’est de la regarder avec bienveillance, sans la condamner a priori sous tel ou tel prétexte. Ce qui est difficile, c’est de faire l’effort de comprendre autrui au plus profond de ses actes. Je veux mettre en lumière ce qui élève l’homme. Nicolas a été confronté à la brûlure du pouvoir, la tension permanente qui existe entre des idées généreuses au niveau écologique et des actes englués dans les rapports de force socio-politiques. Mais il a quand même essayé de faire passer ses idées en actes.

Nicolas Hulot a si souvent martelé ses convictions devant des journalistes à grand renfort de moulinets de bras persuasifs qu’il n’est pas trop difficile de connaître presque tout ce qu’il pense. Il s’exprime directement ou il est analysé publiquement ou dans les autres médias. Tout ce que vous allez lire est déjà de notoriété publique, ses pensées et ses actes se trouvent exposé dans les médias, les rayons des librairies ou les archives de la télévision. Pour essayer d’éviter la catastrophe, Nicolas Hulot a fait tout au cours de sa vie le maximum de ce qu’il était possible de faire dans différentes instances, la télévision avec Ushuaïa, la Fondation pour la nature et l’homme (FNH), les élections où il est intervenu directement ou indirectement, et maintenant un poste de ministre d’État pendant plus d’un an à l’heure où j’écris ces lignes. Jamais un écologiste n’a été aussi loin que lui pour politiser les écologistes et écologiser les politiques, y compris au plus haut niveau de l’Etat. Il a conseillé les présidents de la république Chirac, Sarkozy, Hollande. Son choix de toujours était cornélien : faut-il s’opposer par avance à des décisions qui ne sont pas encore prises ou agir pour réorienter la politique dans le bon sens ? Sa réponse constante est sans ambiguïté, il s’est même engagé directement au niveau politique. Lors de la présidentielle 2007, il a fait signer par tous les principaux candidats la « Charte de l’écologie ». Candidat à la présidentielle de 2012, il a échoué au sein de la primaire d’EELV à cause de l’imbécillité gauchisante des partisans de l’écologie institutionnalisée. Mais il est devenu envoyé spécial pour la planète de François Hollande. Lors de la présidentielle 2017, Nicolas Hulot a mesuré personnellement le vertige du pouvoir, dans un contexte où l’éclatement des partis traditionnels avait donné leurs chances à des candidats nouveaux sur la scène politique. Il pouvait peut-être parvenir au second tour devant le FN de Marine Le Pen et les Insoumis de Mélenchon s’il était resté candidat. Il a renoncé au dernier moment, il pensait avoir trop à perdre, lui et sa famille, dans la lutte pour le pouvoir. Il a obtenu avec Emmanuel Macron le titre de ministre de la transition écologique et solidaire. Devenir ministre pour un écologiste est un passage périlleux qui met en déséquilibre ses idées théoriques et idéaliste face à une pratique qui oblige à des compromis incessants. La volonté de mettre en place une écologie de rupture avec le système dominant se heurte à des résistances de toutes sortes. Il a démissionné.

Lire, Nicolas Hulot, amertume et impuissance

Nicolas pose clairement le problème : « Quel compromis peut-on trouver entre notre idéal et le monde tel qu’il est, avec son inertie, sa résistance et sa dynamique fulgurante. Si notre combat était partagé par le plus grand nombre, nous l’aurions déjà mis en chantier. » Les difficultés d’une transition sont socio-politiques et tiennent à la question de l’acceptation par l’opinion des fortes contraintes que nécessite l’urgence écologique. Nicolas précisait : « Je ne prends pas l’opinion pour plus bête et égoïste qu’elle ne l’est, mais je n’ai pas non plus une vision angélique, surtout quand la psychologie des hordes se substitue à la psychologie individuelle. D’où le rôle des leaders d’opinion. Mais où sont passés nos intellectuels, nos artistes ou nos leaders religieux dans le discours écologique ? Le jour où les artistes, les intellectuels et les hommes politiques de tous bords se bougeront à l’unisson, alors la société civile pourra se faire entendre. Qu’ils nous incitent à passer d’une société épicurienne à une société plus raisonnable, à comprendre que notre plaisir et notre enchantement ne résident pas dans la possession. » L’opinion doit accepter des freins opposées à ses désirs (de déplacements sans limites, de puissance sans limites, de consommation sans limites). Comme l’exprime Nicolas Hulot, « il n’y aura pas de sortie de la myopie démocratique si les citoyens ne sont pas eux-mêmes les défenseurs d’une conscience élargie du monde dans le temps et dans l’espace. » Nous sommes tous co-responsables face à l’urgence écologique.

Michel SOURROUILLE

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L’écologie au pays de Xi Jinping

Vu l’incapacité flagrante des systèmes démocratiques pour faire face à l’urgence écologique, certains peuvent se dire : pourquoi pas un pouvoir fort aux mains d’un grand guide éclairé par les lumières de la Terre-mère ?

Lire, Le piège démocratique empêche les mesures écologiques

Laffaire Peng Shuai montre qu’un régime dictatorial protège ses affidés à n’importe quel prix. Toute référence à l’ex-championne de tennis a été soigneusement expurgée du Web depuis qu’elle a accusé publiquement l’ancien numéro sept chinois Zhang Gaoli de l’avoir violée. Où est maintenant Peng Shuai ? On n’en sait rien. Pas question de s’attaquer à un dirigeant chinois de haut rang, ex-membre du comité permanent du bureau politique du Parti communiste, la plus haute sphère du pouvoir. En Chine, les informations non officielles sur les hauts dirigeants sont interdites, et un nombre incalculable de personnes a été envoyé en prison pour les avoir critiqués. Ce n’est pas la transparence et la justice qui l’emporte, mais le pouvoir pour le pouvoir. Un régime politique ne peut agir pour le bien commun s’il n’agit pas en toute transparence, et ce dans tous les domaines.

L’affaire de l’EPR de Taishan est directement significative d’un système politique qui veut ignorer les normes de sécurité en matière nucléaire. Dans le sud de la Chine, EDF exploite avec China General Nuclear Power Corporation le réacteur de Taishan1, premier EPR de conception française, mis en service en décembre 2018. Après « un incident », l’autorité de sûreté nucléaire chinoise a relevé le seuil autorisé de concentration des gaz rares dans le circuit primaire à 324 gigabecquerels par tonne d’eau (GBt/t) pour éviter l’arrêt du réacteur…  alors que la norme est de 150 GBt/t en France ! Le « partenaire » chinois de la France attendra longtemps pour annoncer la fermeture du réacteur ; Taishan 1 est depuis toujours à l’arrêt. La culture du secret du régime communiste l’emporte sur des conséquences qui peuvent être désastreuses.

Certes nous sommes sortis de la guerre froide, mais les dérives d’un grand timonier à la sauce Mao sont toujours très présentes en Chine et ailleurs. Xi Jinping est un autocrate nationaliste qui rêve de faire des Chinois un peuple d’ingénieurs et de scientifiques et n’hésite pas à imposer aux membres du Bureau politique des séances de formation sur la physique quantique. De plus son but explicite de la « prospérité commune » est de permettre à chacun de s’enrichir. Technoscience, pouvoir d’achat et start-up, tous les ingrédients d’un système thermo-industriel qui est en train de faire faillite sont présents. Le guide suprême mène le peuple à partir de ses fantasmes personnels sur le croissancisme, pas par rapport à la nécessaire réduction des émissions de gaz à effet de serre. D’un côté Big Brother est plus présent que jamais dans la vie des Chinois, de l’autre on leur donne l’illusion de la liberté en leur laissant choisir leur mode de vie, y compris en voyageant à l’étranger comme de bons touristes. Certes il y a toujours rivalité entre les deux premières puissances mondiales, mais ce n’est plus la guerre froide, c’est la compétition au niveau technologique, économique et culturel. Or, que ce soit Xi Jinping ou Joe Biden, ils ont exactement le même logiciel, perpétuer la croissance économique au détriment des possibilités durables de la planète.

En fait le système démocratique reste le plus mauvais des systèmes à l’exception de tous les autres, à commencer par les pouvoirs sans contre-pouvoirs. En démocratie véritable, c’est trop long pour prendre une décision d’urgence, mais les débats vont cahin-caha dans la bonne direction. Si le leader vénéré se trompe, il envoie tout le monde en enfer, Hitler et Staline sont de bon exemples. Si Xi Jinping se trompe, la Chine prendra comme un seul homme la mauvaises direction. Tous les ingrédients sont présents. La toute-puissance de Xi Jinping se révèle sans contestation possible. La « nouvelle ère » lancée par Xi Jinping lors de son accession au pouvoir en 2012 repose comme sous Mao sur la coercition : Le « mouvement d’éducation idéologique marxiste donne des résultats remarquables ». Or tout « mouvement de rectification » repose sur l’isolement des individus, la terreur des excommunications, la soumission qui ne peut être que volontaire ! Xi Jinping le dit : « Pour que le pays soit gouverné comme il se doit, il est impératif de commencer par diriger le parti d’une main de fer… Si l’on ne veut pas toucher à des centaines, voire à des milliers d’éléments corrompus, ce sont 1,4 milliard de Chinois qui seront affectés. (…) Nous sommes résolus à réprimer aussi bien les “tigres” que les “mouches” et les “renards” ». La purge à la Mao est donc toujours présente, et le leader maximo peut se révéler à la fois tigre, mouche et renard. On ne peut rejeter la démocratie comme le fait Xi Jinping : « Il faut rester vigilant et se prémunir contre les effets corrosifs des courants idéologiques occidentaux tels que le soi-disant “régime constitutionnel”, l’alternance politique et la “division des trois pouvoirs” ». On ne peut à la fois « maintenir la direction du parti », et « sauvegarder la primauté du peuple », c’est un oxymore. Pour Xi Jinping, le partage du pouvoir est un oxymore.

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Qu’est-ce qu’une avancée civilisationnelle ?

Emmanuel Macron a célébré le 9 octobre 2021 les 40 ans de l’abolition de la peine de mort, à son avis « une avancée civilisationnelle majeure ». Il serait temps de faire des progrès ! Car apparememnt l’espèce humaine n’a pas véritablement progressé. Depuis que la « civilisation » existe, c’est-à-dire l’institutionnalisation des grands groupes, homo dit sapiens n’arrive pas à dépasser les conflits récurrents de pouvoir, la multiplication de guerres de toutes sortes, les entités territoriales plus ou moins éphémères, qu’on appelle cela empires, nations ou régions. Il n’y a pas de progrès véritable quand la montée de l’idée démocratique au XIXe siècle a abouti à deux guerres mondiales. Nous n’avons rien appris de notre passé, nous continuons à accumuler les cadavres, à cultiver des ambitions démesurées, vouloir faire la conquête de Mars tout en préparant un hiver nucléaires sur Terre, réchauffer les domiciles tout en réchauffant le climat, faire circuler plus de un milliard de véhicules à quatre roues pour bientôt 8 milliards de bipèdes. L’avènement de l’agriculture n’était pas une avancée civilisationnelle majeure, mais l’abandon du paradis terrestre offert gratuitement aux chasseurs-cueilleurs sans l’aide du marché de l’offre et de la demande et l’intermédiaire de la monnaie. L’invention du monothéisme n’était pas une avancée civilisationnelle majeure, mais le ferment des guerres de religion. L’utilisation des ressources fossiles n’était pas une avancée civilisationnelle majeure, mais l’instrument du pillage de la planète par notre espèce. Les 35 heures de travail par semaine n’était pas une avancée civilisationnelle majeure, mais une compensation mineure du rythme effrée de l’exploitation de l’homme par l’homme. Homo demens ? Où est l’intelligence humaine quand notre espèce détériore son propre nid, dorénavant à l’échelle de la planète toute entière ?

Alors, dans ce contexte mortifère, le débat « pour ou contre la peine de mort » relève de la futilité absolue, de l’arrogance mentale. Mettre des mots comme « changement de civilisation » à une péripétie infime, un mort plus tôt par décapitation ou un mort plus tard après enfermement, où est l’avancée civilisationnelle majeure ? Il est vrai qu’avec un jeune président de la république qui rend un hommage national à Johnny Halliday et à Jean-Paul Belmondo, on ne peut attendre les prémices d’un changement civilisationnel majeur ! Alors, où se situe l’espoir d’un changement radical ? Pour une première ébauche de réponses, nous pouvons relever cinq motifs d’espérance en une avancée civilisationnelle.

1) D’abord la démocratisation du pouvoir politique, le plus mauvais des systèmes à l’exception de tous les autres. La démocratie est un lieu vide, sans références stables, puisqu’il s’agit de délibérer en groupe pour arriver à prendre une décision qui peut aller dans un sens ou en sens contraire selon les circonstances. Mais c’est mieux que l’autre procédure décisionnelle qui repose uniquement sur des arguments d’autorité formulés par une religion ou un leader plus ou moins charismatique (pharaon, roi, dictateur, etc.). Cependant l’écologie apporte une nouvelle dimension en remplissant ce lieu vide des découvertes de l’écologie scientifique.

Lire aussi, Quelle démocratie en période d’urgence écologique ?

2) Ensuite la consiration ontologique de la valeur intrinsèque de toutes les formes du vivant. Contre le racisme dominant, la biologie a démontré la ressemblance fondamentale entre toutes les variantes de l’homo sapiens et conforté (de manière indirecte) la fin de l’esclavage. Contre le machisme dominant, on a posé le principe du féminisme, l’égalité entre l’homme et la femme, et démontré l’égale capacité cérébrale de l’un et l’autre sexe.. Contre l’anthropocentrisme dominant et un spécisme avéré, on en arrive à envisager le respect de toutes les formes du vivant, posant les jalons du biocentrisme et de l’éco-centrisme.

Lire aussi, Écologie, ne pas confondre antispécisme et écocentrisme

3) Ajoutons l’idéal de non-violence contre l’idéologie de la concurrence, de la compétition et de la compétitivité. Que ce soit dans les rapports de couple ou les relations entre peuples, l’écoute de la différence et la recherche du consensus est une meilleure méthode que l’affrontement et l’illusoire victoire sur un adversaire. Si tous les citoyens étaient objecteurs de conscience, opposés en toutes circonstances à l’usage collectif des armes, il n’y aurait plus de guerres. Si on savait aimer vraiment, il n’y aurait pas autant de divorces.

Lire aussi, non-violence, toujours

4) L’aptitude à envisager un futur viable, vivable et durable constituerait une autre avancée majeure de notre intelligence collective. On y arrive en donnant la parole aux acteurs absents, les générations futures et le non-humains. Il nous faut protéger la biodiversité qui favorise la résilience à l’heure où l’espèce humaine éradique à rythme accéléré les autres espèces. Il nous faut changer de comportement pour favoriser le sort des générations futures, vivre aujourd’hui comme si on pouvait faire de même dans les siècles à venir.

Lire aussi, Penser l’avenir au nom des acteurs absents

5) Enfin dans le monde tel qu’il est devenu, la capacité à définir nos limites devrait devenir une exigence de notre pensée individuelle et collective. Maîtriser notre fécondité pour la rendre compatible avec les ressources naturelles devrait être notre préoccupation première avant de choisir d’enfanter. Pratiquer la sobriété partagée pour mettre un terme à l’idée fantaisiste de besoins illimités véhiculée par la publicité et la société consumériste. Réduire à rien les inégalités sociales, empêcher toue accumulation de richesses au profit de particuliers. Délimiter l’innovation technologique à ce qui est juste nécessaire pour améliorer durablement le mode de vie.

Lire aussi, MALTHUS, le prophète du sens des limites

Dans l’espoir que des commentaires sur ce blog nous ouvrent d’autres perspectives ou complètent notre point de vue…

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Peine de mort abolie, une avancée majeure ?

Emmanuel Macron a célébré le 9 octobre 2021 les 40 ans de l’abolition de la peine de mort, à son avis « une avancée civilisationnelle majeure ». Que veut dire une telle présomption ? Un chef d’État est-il doté de l’infaillibilité pontificale ? Notons d’un point de vue démocratique qu’en 2020 encore, 55 % des personnes interrogées dans un sondage Ipsos se disaient favorables au retour de la peine de mort. Macron et Badinter sont-ils plus pertinents que le point de vue du peuple ? Voici les argumentations d’un côté et de l’autre.

Robert Badinter : « Je veux vous dire ma conviction absolue, la peine de mort est vouée à disparaître de ce monde, parce qu’elle est une honte pour l’humanité. Jamais, nulle part, elle n’a fait reculer la criminalité sanglante … En vérité, la peine de mort ne défend pas la société des femmes et des hommes libres, elle la déshonore…  L’abolition est devenue un pilier de la civilisation européenne… Vive l’abolition universelle ! » 

Déplaisant, alors que le sujet méritait plus de raison que de passion. Notons la faiblesse de l’argumentation de Badinter qui repose sur un acte de foi personnel au nom d’un sentiment de « honte » que 55 % des Français n’éprouvent pas. Nous nous souvenons parfaitement du discours de Robert Badinter en 1981, surchargé de pathos à l’excès, dégoulinant de grandeur d’âme envers les criminels et oubliant complètement le sort funeste des victimes d’assassinats. En termes d’universalisme, on en est loin, très loin. Pour notre part, nous proposons comme avancée de l’intelligence collective l’avènement du système démocratique en lieu et place des arguments d’autorité, au peuple de décider le registre légal des sanctions punitives, sachant que ce qui se décide aujourd’hui peut être modifié demain. De toute façon, priver quelqu’un de liberté pour le reste de sa vie est tout aussi cruel, si ce n’est plus cruel encore qu’une mort douce.

Emmanuel Macron, le Jupiter français : « En 1981, la France a été le 35e État à abolir la peine de mort. A ce jour,  106 États ont emprunté la voie abolitionniste quand 50 autres respectent un moratoire de droit ou de fait sur les exécutions… 483 exécutions , un nombre certainement sous-évalué, ont été perpétrées dans le monde en 2020 par des régimes politiques qui ont pour la plupart en commun un goût partagé pour le despotisme, le rejet de l’universalité des droits de l’homme… partout où la peine de mort est prodiguée, la barbarie domine, partout où la peine de mort est rare la civilisation règne. »

Notons que ce que font d’autres pays n’est jamais un argument en soi pour faire de même. Notons aussi que la démocratique France d’avant 1981 assumait la peine de mort, et que des pays jugés démocratiques comme certains États américains, le Japon ou l’Inde l’appliquent toujours. Décernons un point Godwin à Macron qui voit de la barbarie dans ce qui est seulement discussion sur le système pénal. Soyons véritablement démocratique, demandons l’avis du peuple sur ce type de question : souhaitez vous le rétablissement de la peine de mort pour les assassins récidivistes et les terroristes ? Nous sommes sûr du résultat. L’État prend en charge le traitement judiciaire d’un meurtre pour éviter l’usage de la vengeance privées. Encore faudrait-il éviter ses ingérences dans le registre des sanctions à la libre disposition des décisions du jury d’Assises. La légitime défense existe, on pourrait arguer que la peine de mort n’est jamais qu’une légitime défense de la victime par l’intermédiaire de la société. Soulignons enfin qu’envoyer à la guerre (au Mali ou ailleurs), c’est décider d’envoyer à la mort des soldats dans des guerres inutiles. Etait-il vraiment justifié d’accompagner les USA dans leur expédition punitive en Afghanistan. 150 000 morts pour rien dont 50 000 civils parfaitement innocents. Remarquons d’ailleurs que le chef d’État se permet de décider des assassinats dans le cadre des opérations Homo, une élimination de personnes menée par le service Action de la DGSE.

Emmanuel Macron, leader des pays civilisés : « La France va relancer le combat pour l’abolition universelle de la peine de mort…  Je vais saisir l’occasion de la présidence française de l’Union européenne, qui débute en janvier 2022, pour organiser à Paris une rencontre « au plus haut niveau » avec les sociétés civiles des États appliquant encore la peine de mort. La France, avec ses partenaires de l’Union européenne, présentera à la prochaine session des Nations unies un projet de résolution pour que chaque année, les États n’ayant pas aboli la peine de mort communiquent à l’ONU le nombre de condamnations prononcées et le nombre d’exécutions… »

Donc la France veut expliquer au monde entier ce qui est la bonne norme. A quel titre ?  Les ingérences ne sont jamais bonnes en soi, aller bombarder l’Afghanistan au nom de « la lutte pour la démocratie », aller frapper le Rwanda au nom « des droits de l’homme », faire la guerre au Tchad au nom « des valeurs de la France »… et maintenant vouloir l’abolition universelle de la peine de mort ! Macron avait dit que la colonisation était un crime contre l’humanité, la volonté d’imposer ses propres critères gouvernementaux à un autre peuple fait aussi partie de cette catégorie. Nous sommes très très loin dans les propos de Macron d’un changement civilisationnel majeur !

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Penser l’avenir au nom des acteurs absents

La diffusion du concept d’acteurs absents nous paraît cruciale. Une démocratie ne peut véritablement fonctionner que si les électeurs font preuve d’ouverture d’esprit. La considération des générations futures ainsi que des non-humains est un des éléments de cette aptitude… LE MONDE a publié une contribution de Michel Sourrouille, nous relayons cet article. La lecture de cette opinion est en libre accès sur Internet, mais les commentaires ne sont ouverts qu’aux abonnée du journal LE MONDE. Vous pouvez par contre réagir ici, sur notre blog biosphere.

Paroles de lecteurs » – Penser l’avenir au nom des « acteurs absents

Ce qu’on ne nomme pas n’existe pas. Nommer permet de représenter, de pouvoir en discuter, d’y croire jusqu’à pouvoir en faire un statut social. C’est pourquoi l’expression « acteurs absents » mérite considération. Selon la définition du Dictionnaire du développement durable, il s’agit des générations futures et des non-humains, absents de nos délibérations actuelles. Une expression nouvelle permet de rendre visible l’invisible. C’est possible, les religions du livre en témoignent : elles font célébrer un dieu abstrait dont l’existence ne pourra jamais être prouvée. Par contre, les enfants de nos enfants et la biodiversité dans la nature sont une réalité tangible dont l’avenir est compromis.

L’origine de l’expression « acteurs absents » découle de la gestion des territoires. La question posée était la suivante : comment conforter les activités de nos sociétés modernes tout en reconnaissant un droit d’existence au vivant biologique, au milieu naturel et, par voie de conséquence, le droit des générations futures à en jouir ? Autrement dit, comment humaniser la conservation de la nature ? L’objectif est d’atteindre une négociation environnementale portée par un médiateur qui puisse mettre en lumière les intérêts des faibles et des absents.

C’est une base de travail pour l’organisation d’une démarche de gestion intégrée et participative des ressources naturelles. La démocratie représentative serait bien plus perspicace si les décideurs, au-delà des figures traditionnelles du pouvoir, intégraient dans leur vision du monde les acteurs absents ou, selon la politologue Robyn Eckersley, les « affectés », d’après Gilbert Rist les « collectifs muets » et selon Léna Balaud et Antoine Chopot les « acteurs fantômes ».

Comme l’exprimaient ces derniers dans les colonnes du Monde : « Les plantes, les animaux et les forces de la nature sont mis au travail pour maintenir l’économie de croissance. Or, après cinq siècles de dégradation radicale de pratiquement tous les milieux de vie, la Terre s’épuise : nous sommes définitivement sortis d’une ère où le productivisme pouvait compter sur des écosystèmes appropriables gratuitement […] L’écologie est porteuse d’une charge révolutionnaire car elle exige de prendre en considération comme acteurs des luttes les « acteurs fantômes » […] L’enjeu devient celui de lutter avec les non-humains, de nouer des alliances terrestres. »

Mais comment faire s’exprimer ces acteurs fantômes, par définition absents de notre présent ? On peut développer cette proposition de Sarah Vanuxem : « Derrière la personnification d’éléments de la nature, il y a la possibilité de les faire bénéficier d’un porte-parole humain. » En 1972, Christopher D. Stone, dans Les arbres doivent-ils pouvoir ester en justice ?, montrait déjà qu’il suffisait que des avocats prennent la parole à la place des affectés comme le fait un tuteur représentant une personne incapable. Mieux, si chaque politicien, chef d’entreprise ou même consommateur prenait en considération les conséquences prévisibles pour les « collectifs muets » de ses décisions courantes, alors les générations futures et les non-humains pourraient devenir des participants incontournables du fonctionnement social.

Nous avons tous un système de pensée qui nous incite à devenir personnellement le représentant de causes les plus diverses : notre propre intérêt, les intérêts de notre entreprise, les intérêts des Français, les intérêts des exclus, les intérêts des grands singes, les intérêts de la Terre-Mère, etc. Un avocat représente un client, absent ou non. Un député vote au nom d’une nation, entité artificielle. Des chefs d’État réunis pour traiter du réchauffement climatique ou de l’extinction des espèces ont pour rôle de penser à la place des générations futures et des non-humains.

Représenter, c’est toujours donner à un individu ou à une entité la tâche d’incarner le collectif. L’urgence écologique pousse aujourd’hui à une institutionnalisation de l’expression publique des acteurs absents : ainsi les propositions de Parlement des choses de Bruno Latour, d’Académie du Futur de Pierre Rosanvallon, d’Assemblée du Long Terme de Dominique Bourg, d’Assemblée de la nature et des vivants de Corine Pelluchon ou encore de Comité du Vivant d’Aymeric Caron. Il s’agit pour ainsi dire de considérer le Terrestre comme un nouvel acteur politique.

La société thermo-industrielle conçoit le système socio-économique comme totalement hors sol, réduisant la Nature à un simple décor de l’activité humaine. Gilbert Rist (La tragédie de la croissance, Presses de Sciences Po, 2018) soulignait que cet anthropocentrisme exclusif est le signe d’une profonde ignorance. Il est à l’origine de l’inversion théorique qui, au lieu de considérer la société comme un sous-système du système écologique global (la biosphère) a fait croire que la science économique pouvait à elle seule organiser la vie sociale.

Cette vision est devenue suicidaire, comme l’exprime avec force le dernier rapport du GIEC (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat) qui nous montre que nos émissions de gaz à effet de serre nous mènent au désastre de telle manière que les générations futures seront fortement impactées, et ce pendant longtemps. Cette vision est devenue suicidaire, comme l’expriment avec clarté les attendus du congrès de l’UICN (Union internationale pour la conservation de la nature) à Marseille quant à la chute de la biodiversité et à l’extinction des espèces. Il nous faut désormais penser au nom des acteurs absents et pondérer notre préférence actuelle pour le court terme par une considération plus grande du long terme.

Michel Sourrouille, Nonac (Charente)

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Autriche, une écologie à droite toute ?

En Autriche, un écologiste adepte de l’économie de subsistance peut refuser le téléphone portable, l’ordinateur, la voiture, le vaccin et faire cinq enfants car il est aussi contre l’avortement. Ce paysan bio, Kaspanaze Simma, est un des cofondateurs du parti écologiste. Il estime que l’immigration n’est pas souhaitable et qu’une coalition avec l’extrême droite est une bonne chose : « Depuis des décennies, on amène en permanence de la main-d’œuvre pour faire notre travail. On ne peut plus s’occuper de nos anciens sans recourir à ces gens qui rêvent d’une meilleure vie. Mais ils quittent leurs pays d’origine, qui se vident de leurs forces vives : ce n’est pas une solution durable. On doit apprendre à parler de frontières. »

Soit on gouverne avec qui a le pouvoir, soit on ne gouverne pas du tout. Les écologistes ont un devoir politique à accomplir : combattre la crise climatique. Ce serait irresponsable de ne pas tout faire pour y arriver. Pour les Verts autrichiens, c’est l’écologie avant tout. C’est pourquoi, grâce aux possibilités d’alliance transpartisanes, les Verts autrichiens constituent le mouvement le plus puissant d’Europe. Depuis 2017, un écologiste, Alexander Van der Bellen, est le premier président fédéral Vert de l’histoire le poste de vice-chancelier est occupé, depuis 2020, par un autre Vert auxquels s’ajoutent quatre ministres écologistes.

le sceptique : L’écologisme (ou les…) est compatible avec quasiment tout le spectre politique, comme en témoignent les alliances nouées à travers l’Europe. C’est le système français qui a un problème grave avec l’alignement à gauche. Chez nous, c’est la prime au sectarisme et au narcissisme des petites différences. Sur le fond, l’écologisme a une longue tradition de positions compatibles avec des droites réactionnaires et conservatrices : nostalgie du monde d’avant qui était mieux, méfiance voire haine vis-à-vis de la modernité industrielle, massive, quantitative, volonté de conserver (trait de base du conservateur !) nature, terroir, paysage, goût des petites communautés fermées qui changent peu (éloge des ethnies qui gardent leur identité depuis des millénaires), etc.

Biosphere : Il faudrait ajouter que l’écologisme bien compris est au delà de la droite et de la gauche, au-delà des « révolutionnaires » et des conservateurs. C’est un courant issu de l’écologie scientifique qui s’essaye au grand écart entre les données biophysiques de la planète et une nouvelle mythologie en phase avec ce qu’ils peuvent appeler la Terre-mère. Dépasser la religion du progrès pour adopter une spiritualité laïque ne va pas être facile. Dans ce contexte, chercher des alliances politiques avec les uns et les autres est de peu d’importance, ce qui compte c’est de faire avancer l’intelligence collective au-delà des dogmatismes de droite ou de gauche. Faisons de la politique-fiction. L’écologie politique et le néo-populisme seront les deux seuls candidats pour remplacer droite et gauche, les systèmes partisans issus du XIXe siècle. La ligne directrice d’un classement politique correspondra de plus en plus à un nouveau bipartisme. D’un côté les conservateurs, ceux qui sont adeptes de la religion de la croissance ; d’autre part les progressistes, qui veulent réconcilier l’homme et la nature. Il y a ceux qui continueront d’être obsédés d’économisme techno-scientifique et les autres, qui considèrent les contraintes de l’écologie. Il y a ceux qui soutiendront la démesure de l’homme (autant la droite et son extrême que la gauche et son extrême) et ceux qui ont le sens des limites (les écologistes radicaux, ceux qui veulent prendre les problèmes à leurs racines).

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CNDP, le débat public en lambeaux

Ministre ou présidente de la Commission nationale du débat public (CNDP), Chantal Jouanno se bat contre la politique des compromis, tâche de Sisyphe !

Chantal Jouanno, secrétaire d’Etat chargée de l’écologie (janvier 2009 – novembre 2010) : « Quand on a des convictions, qu’on est ministre, mais que le gouvernement prend une décision avec laquelle on n’est pas d’accord, que faire ? On m’a fait venir au gouvernement en me disant « on veut une écolo moderne ». En fait, ils voulaient l’image, mais pas le son. Et moi, j’ai produit du son ! J’étais en désaccord avec le premier ministre François Fillon sur la construction du circuit de formule 1 dans les Yvelines, ou la taxe carbone, je l’ai dit. On me l’a reproché. « Maintenant que tu es ministre, tu n’es plus une militante, mais une politique » m’a dit François Fillon. Sous-entendu : tu dois savoir taire tes convictions. C’est castrateur d’être au gouvernement. on a le choix entre se taire, pour espérer faire avancer ses dossiers, ou dire ce qu’on pense et abandonner l’idée de peser dans l’action gouvernementale. » (Télérama – 7 août 2013)

Chantal Jouanno, présidente de la CNDP (septembre 2021) : « Notre vie démocratique ne se résume pas au temps de l’élection Depuis les années 1990, les citoyennes et citoyens doivent être associés aux décisions liées à leur environnement proche, comme la création de parcs éoliens, d’autoroutes, d’usines de traitement des déchets… Ce droit est inscrit dans notre Constitution à l’article 7 de la Charte de l’environnement. La Commission nationale du débat public (CNDP), institution indépendante de l’État, est chargée de le mettre en œuvre… avec de plus en plus de difficultés. Un décret publié cet été divise par deux le délai pendant lequel le public peut demander qu’une concertation soit organisée. A cela s’ajoute le recul du droit à l’information du public. Ces reculs sont profondément méprisants à l’égard de nos concitoyens et concitoyennes. »

Un exemple, CIGEO, un débat public pour rien (en 2013) : Cigéo (Centre industriel de stockage géologique) est le projet français de centre de stockage profond de déchets radioactifs à Stocamine. FNE a refusé de participer à ce débat public :

« France Nature Environnement apprécie le travail de la CNDP. L’intérêt des débats publics est d’abord leur durée et leur continuité (quatre mois) qui permet de faire grandir progressivement l’intérêt du public. De plus, il se situe suffisamment en amont du projet pour que l’opportunité même du projet soit abordé. Et pourtant… Les débats concernant l’énergie nucléaire ont un point commun : les décisions sont prises à l’avance et il n’est pas question de discuter de l’opportunité du projet. Pour le cas de Stocamine, l’enfouissement est décidé depuis 2006 ! Rappelons que la loi avait prévu trois laboratoires afin de retenir le meilleur site. Les trois laboratoires sont devenus un seul et unique site qui est donc parfait « par définition » puisqu’il n’y en a pas d’autres. De plus, le débat public de 2005 sur la gestion ultime des déchets nucléaires avait conclu vers un entreposage réversible de longue durée. Mais les tenants de l’enfouissement voulaient « leur trou ». Alors ils ont fini par convaincre les parlementaires de voter ce projet d’enfouissement en le qualifiant de « réversible », ce qui laisse un peu rêveur au regard de ce qui se passe dans la mine de sel de Asse en Allemagne (déchets nucléaires enfouis en 1967 et qui baignent dans l’eau) ou à en France (incendie à 500 m sous terre dans des déchets chimiques hyper toxiques). Du coup, il serait très utile de préciser le caractère de cette réversibilité ! Pas de chance ! Ce sera pour plus tard ! »

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